[Quête] Sous le parc

[Chandara]

Beaucoup de gens ignorent que Luménis est parcourue, sous terre, par de multiples tunnels qui relient différents quartiers et bâtiments, parfois jusqu'à la mer. Certains servent d'égouts, d'autres, simplement, invitent aux rendez-vous mystérieux et aux explorations étranges...

***

Quête : Un autre appel

Chandara fronça les sourcils en regardant par l'ouverture qui s'était dégagée. Toute cette poussière ne lui disait rien qui vaille mais, plus que le risque de se salir, c'était bien l'idée de s'enfoncer sous terre qui la mettait mal à l'aise.

Mais elle avait suivi Arthur en des lieux bien plus intimidants et il s'agissait toujours de le retrouver. Et avec lui la solution aux mystères entourant cette étrange soirée. Ce jeu de piste commençait en tous cas à fortement l'intriguer et à piquer sa curiosité.

Prise d'une inspiration, elle rebroussa chemin pour aller récupérer la torche devant la serre avant de s'engager prudemment dans l'escalier, éprouvant tout d'abord la solidité de la première marche du bout de sa chaussure : elle n'avait pas l'intention de perdre toute dignité en s'affalant sur un obstacle. Qui pouvait trouver amusant de se terrer dans pareil endroit ?!

[Galathée]

Le début du parcours était particulièrement dégoutant : la poussière se soulevait sous les pas de la jeune femme, et des toiles d'araignée — ordinaires, heureusement — lui barraient le passage. Grâce à la torche qu'elle avait eu la bonne idée d'emporter et son marteau, elle parvenait néanmoins à se tracer un chemin sans trop souffrir de l'environnement.
L'escalier ne descendit que d'une vingtaine de marches avant de déboucher dans un couloir. Il était tout aussi sale et encombré, parfois de vieux pots en terre brisés, de bois vermoulu, de tissus en décomposition. Mais rapidement, Chandara vit de la lumière, et elle déboucha dans une petite pièce circulaire, illuminée de torches aux flammes rosées, au centre de laquelle se trouvait un bassin d'eau claire, surélevé sur un pied. Trois couloirs partaient de l'autre côté.

[Chandara]

La jeune-femme ne manqua pas de se demander quelle fonction pouvait bien avoir eu ce souterrain - car il lui avait paru évident, de prime abord, qu'il n'était plus vraiment utilisé. Mais elle avait malgré tout progressé d'un bon pas en n'adressant guère plus qu'un regard aux débris qui jonchaient le sol.

Se laissant guidée par la lumière rassurante, elle avait accéléré son allure jusqu'à la petite salle circulaire. La couleur des flammes ne manqua pas de l'intriguer et elle s'en approcha pour tenter de comprendre ce qui pouvait être à l'origine du phénomène. C'était malgré tout le bassin qui attira bien vite son attention : l'eau y semblait si pure qu'elle s'y pencha pour essayer d'apercevoir son reflet et peut être un indice sur la voie à suivre.

[Galathée]

La jeune femme y vit effectivement son reflet, presque comme dans un miroir. Elle vit les traits un peu tirés de son visage, des toiles d'araignée dans ses cheveux dérangés, ses épaules nues, très blanches, dans cette petite salle sombre et silencieuse, mais étonnamment propre.
Par contre, il n'y avait rien lui indiquant le chemin à suivre désormais, juste cette image d'une jeune femme désemparée dans un lieu inconnu...

[Chandara]

Un peu catastrophée par son apparence, la jeune-femme s'attarda quelques minutes pour se débarrasser des fils qui parsemaient sa chevelure mais elle renonça à réarranger le chignon qui avait bien trop souffert. Au lieu de cela, elle choisit de faire d'une pierre deux coups en laissant libre ses cheveux pour qu'ils recouvrent - au moins en partie - ses épaules ne voyant pas assez le soleil.

Plus ou moins satisfaite du résultat, elle esquissa un sourire malgré son reste d'inquiétude. Elle songea à ses retrouvailles avec son aimé et sentit que son expression devenait plus naturelle, plus affirmée tandis qu'elle s'approchait des trois chemins qui s'offraient à elle.

Elle chercha des signes ou des symboles qui pourraient les différencier sinon elle devrait se fier à leurs états respectifs.

[Galathée]

Il n'y avait ni signes, ni symboles. Les trois couloirs partaient en éventail, sans descendre ni remonter. Au bout de quelques mètres, bien sûr, on n'y voyait plus rien. Il n'y avait aucun bruit, non plus. L'épaisseur de terre et de pierre au-dessus de sa tête étouffait tout son provenant de l'extérieur. Par contre, il y avait des odeurs. Le premier couloir sentait les fleurs. Peut-être la rose, ou le lilas, difficile de dire quand on n'était pas expert en ces matières. Le second couloir sentait la mer : vent salé, poisson étendu les étals, algues restées sur la plage. Le dernier couloir sentait le cheval et la paille sèche.

[Chandara]

Chandara se sentit légèrement déstabilisée que les odeurs soient aussi nettes et aussi différentes les unes des autres. Elle doutait qu’il puisse s’agir d’un phénomène purement naturel mais elle n’en était pas non plus à sa première surprise de la soirée. Elle devait donc aborder ce phénomène comme une nouvelle énigme…

Elle se détourna instinctivement du couloir central : non pas que l’odeur la rebute vraiment mais elle ne se sentait pas non plus attirée par celle-ci : la mer correspondait certainement à Luménis mais pas à elle-même.

En revanche, elle hésita longuement entre les deux autres voies. Car si elle se sentait spontanément plus attirée par le couloir de gauche et ses senteurs envoûtantes, elle se souvint qu’elle était à la recherche d’Arthur et que c’est cette odeur qui l’attirerait sans aucun doute le plus. Du reste, de par sa profession antérieure, elle partageait sa passion pour les chevaux et c’était bien là un endroit où ils pouvaient se retrouver. Symboliquement.

Alors qu’elle s’engouffrait dans le passage de droite, elle se sentit sourire en se souvenant de la chaste étreinte qu’ils avaient partagée lorsqu’elle avait demandé à revoir Filu et se mit même à rosir en songeant que se rouler dans la paille ne la gênerait pas vraiment si tant est que ce soit avec son paladin.

[Galathée]

La paladine avança donc, armée de sa torche et de son marteau, dans le conduit qui sentait le cheval. L'odeur ne s'intensifia pas, demeurant comme un parfum imprégnant l'atmosphère, sans que sa source n'apparaisse au détour du tunnel. Elle eut cependant bientôt la confirmation qu'elle avait choisi la bonne voie : un morceau de parchemin, suspendu au mur, disait simplement :

Bien joué !

Le couloir semblait interminable, sinueux, et de temps en temps des portes s'ouvraient dans ses parois, toutes verrouillées, de chêne épais, sans la moindre marqué. L'odeur de cheval finit par s'atténuer et disparaître comme elle atteignait un escalier qui remontait. Il était terminé par une trappe close.

[Chandara]

Sa curiosité piquée et remotivée par ce succès, la jeune-femme n'avait pas manqué de tester toutes les portes pour tenter de les ouvrir mais avait continué sans se décourager malgré les échecs. Cet endroit était décidément de plus en plus étrange et elle se demanda plus d'une fois qu'elle était sa fonction première.

Mais puisqu'il n'existait aucune alternative, elle gravit l'escalier sans arrière-pensée, estimant que la trappe devait mener au niveau du sol. En tous cas à l'endroit où elle l'avait quitté dans le parc. Elle posa un instant son marteau pour peser sur la trappe tout en s'éclairant de sa torche, se demandant si cette dernière serait elle aussi verrouillée.

[Galathée]

Mais la trappe n'était pas verrouillée et elle déboucha dans une petite pièce octogonale, aux murs de marbre clair. Il y avait un banc contre un mur, et en face, une porte. Celle-ci était close. On avait déposé un pichet d'eau claire et quelques fruits dans un plateau sur le banc.
Il y avait du bruit, aussi. De lutte. On n'entendait pas très clairement, mais cela venait sans conteste de la pièce voisine, des chocs métalliques, épée contre épée, peut-être. Difficile de savoir.

[Chandara]

Visiblement, on – qui que ça puisse être – s’attendait à ce qu’elle patiente. Et elle devait bien reconnaître qu’on avait tout mis en œuvre pour qu’elle se sente à son aise et ne manque de rien. Le banc, les fruits et cette eau était une charmante attention et elle ne voulait pas se montrer ingrate après tout.

Mais Chandara n’était pas connue pour sa patience et elle se sentait un peu inquiète de ces bruits de lutte qui lui parvenait de derrière la porte. Cela pouvait très bien n’être qu’un entraînement tardif mais peut-être était-ce autre chose : l’image d’Arthur combattant seul s’imposa à elle et elle se sentit dès lors obligée d’agir, de faire quelque-chose ne serait-ce que pour tromper son angoisse.

C’est pourquoi, moins d’une minute après son arrivée dans la petite salle, elle s’avança jusqu’à la porte pour y frapper à plusieurs reprises avant de se pencher pour s’exprimer à travers le panneau de bois d’une voix où perçait une ironie certaine :

- Hé ho là-dedans ! C’est vraiment très gentil de m’accueillir chez vous mais j'ai apporté mon marteau et, tant qu'à faire, il ne me sert à rien ici avec ces fruits !

Elle tenterait ensuite d’ouvrir la porte pour vérifier si cette dernière était verrouillée ou non mais ne tenterait pas de la forcer. Pour l’instant en tous cas…

[Galathée]

Plus près de la porte, la jeune femme entendit les bruits du combat plus clairement. Il n'y avait manifestement que deux adversaires, leurs lames s'entrechoquaient sans relâche, sans pause, sans qu'ils prononcent le moindre mot. Ils ne répondirent pas non plus à la jeune femme qui constata, malheureusement, que la porte était verrouillée.
Il y eut une pause dans l'affrontement. Quelqu'un dit quelque chose d'inaudible, que Chandara put cependant identifier, au ton, comme une question. La réponse vint presque aussitôt : un NON ! retentissant qui, elle en aurait mis sa main à couper, émanait d'Arthur.
Et le combat reprit.

[Chandara]

C’en était trop ! Il s’agissait d’Arthur – elle aurait reconnu sa voix entre mille - et il semblait en difficulté. Car quoique lui ait demandé son adversaire, la question semblait l’avoir scandalisé. Bien évidemment, avec un peu de recul, elle aurait pu interpréter que le paladin s’opposait à ce qu’elle entre et qu’Arthur avait sans doute les moyens – et même le besoin - de s’en sortir seul.

Mais c’était loin d’être la première pensée qui lui ait traversé l’esprit : son instinct la poussait à venir épauler son compagnon et la situation confuse qu’elle vivait depuis le début de soirée n’allait pas démentir cette impulsion. Elle frappa à nouveau contre la porte du plat de la main pour attirer l’attention des bretteurs et s’époumona au travers du panneau en bois :

- FINI DE JOUER MAINTENANT : PERSONNE N’A LE DROIT DE S’EN PRENDRE A ARTHUR ! OUVREZ-MOI CETTE PORTE BIEN GENTIMENT SINON JE M’EN OCCUPE MOI-MÊME !

Elle empoigna aussitôt son marteau à deux mains - après avoir repris son souffle - pour mettre sa menace à exécution si elle n’obtenait pas de réponse. Après tout, il lui faudrait certainement moins d’une minute et quelques coups pour réduire en charpie le bois entourant la serrure avec son marteau de guerre. D’autant qu’il lui démangeait de plus en plus d’en faire un usage fracassant. Et tant pis si elle devait ensuite dédommager le propriétaire ou présenter ses excuses.

[Galathée]

Mais c'était une belle porte. Ancienne. Avec de jolies fresques gravées dans le bois, finement, des bas reliefs représentant des gens au bord d'un lac, bavardant, buvant un verre, pêchant à la ligne. Plus haut, des entrelacs végétaux révélaient ici un visage, là un oiseau, plus loin une fleur épanouie. C'était vraiment une très belle porte. Qui se pulvériserait sans nul doute si elle y donnait un coup de marteau, mais ce serait peut-être un beau gâchis...
Cela dit, personne ne lui répondit et seul le fracas du métal continua à lui parvenir.

[Chandara]

Chandara suspendit son geste en remarquant tous ces détails frappants. Comment avaient-il pu lui échapper ? Sans doute un effet de sa fureur et de l'urgence de la situation.

Non, elle ne pouvait pas se décider à briser une porte qui était une œuvre d'art en elle-même. Et pas seulement parce qu'elle n'aurait sans doute pas assez d'or dans tout ce qu'elle avait emporté pour réparer les dégâts. C'est comme si elle ressentait soudain un blocage à l'idée de nuire à une si belle chose. Une chose qui devait la rassurer sur l'endroit où elle se trouvait.

Mais pour autant, elle savait Arthur derrière cette porte. Et peut-être en danger. Une porte qu'elle devrait se résoudre à abîmer. Mais seulement en dernier recours. Alors elle frappa à nouveau du plat de la main et chercha à interpeler directement son ami :

- Arthur ! Arthur, réponds-moi ! As-tu besoin d'aide ?

Et de coller son oreille à l'huis en espérant en surprendre davantage pour se faire une meilleure idée de la situation.

[Galathée]

" Ne t'en fais pas, on ne va pas te l'abimer, dit une voix de l'autre côté de l'huis. Il ne se défend pas trop mal, de surcroît."
C'était une femme, sa voix paraissait familière, mais le bois la transformait sans doute un rien.
" C'est une porte magique, cela dit. Si tu lui parles gentiment, et que tu lui fais une déclaration qui la convainc, elle pourrait peut-être s'ouvrir."

[Chandara]

D'abord dubitative, Chandara fronça légèrement les sourcils, ne remettant pas la voix qui lui avait répondu. Mais l’essentiel était bel et bien qu’elle ait obtenu une réponse. De surcroît, cette réponse l’avait en partie rassurée même si elle était consciente que bien des éléments lui échappaient encore…

L’idée de parler à une porte lui paraissait en tous cas étrange mais peut-être pas autant que tout ce qui lui était déjà arrivé pendant la soirée. L’idée fit en tous cas rapidement son chemin. Après tout, elle pouvait assimiler cette expérience à une prière…Bien, songea-t-elle S’il faut être gentille, j’ai plutôt intérêt à me rattraper vu mon entrée en matière… Elle chercha un instant ses mots, posa une paume contre la porte comme si cela pouvait insuffler davantage de force à ses paroles puis déclara à voix haute :

- S’il vous plait, ouvrez cette porte ! Parce que l’être que je chéris le plus au monde se trouve de l’autre côté. Parce que j’ai affronté mes peurs et mes doutes pour le suivre et le retrouver. Parce que j’affronterai bien d’autres épreuves s’il le faut pour me trouver avec lui. Parce que c’est à ses côtés que je me sens le mieux. Parce que ma place est là où je pourrais le soutenir, l’encourager et me réchauffer de sa présence. Parce qu’il est contre-nature et cruel de nous séparer, que ce soit par un océan ou par un simple panneau de bois. S’il vous plait, ouvrez cette porte parce que j’aime Arthur.

Une fois la difficulté de se lancer passée, les mots avaient découlé naturellement, sincères et venant du cœur, ne s’adressant plus à une simple porte de bois, fut-elle magique. Sa voix s’était faite en partie implorante et Chandara sentit une larme d’émotion couler le long de sa joue alors que le silence reprenait ses droits.

[Galathée]

Et la porte s'ouvrit.
Pas par magie, cependant. Chandara entendit qu'on la déverrouillait de l'extérieur et qu'on la lui ouvrait.
Elle se retrouva aussitôt dans une vaste salle éclairée de torches magiques, dans laquelle se trouvaient trois personnes à première vue. Juste à côté de la porte, à droite, se tenait une jeune femme en justaucorps vert tendre. Elle avait les cheveux roux, tressés puis relevés sur la tête, et un regard vert comme le sien. Sans lui ressembler franchement, elle était elle aussi semblable aux descriptions humaines de Sunie. Plus loin dans la pièce se trouvaient Arthur, bien sûr, l'épée au poing et la sueur au front, et Sire Séverin, le paladin de la Rose Rubis que Chandara connaissait désormais bien. Il décocha un sourire tranquille à la jeune femme, tout en restant sur ses gardes. Mais Arthur rompit l'affrontement et courut vers la Dorrandine.
" Ça va ? Ils ne t'ont pas fait de mal ?" demanda-t-il en arrivant jusqu'à elle.
Il pila avant de la toucher. Elle vit dans ses yeux qu'il était absolument stupéfait — et probablement franchement émoustillé — par la tenue dans laquelle il la trouvait.

[Chandara]

Chandara s'était précipitée pour passer la porte enfin ouverte puis avait regardé autour d'elle pour prendre la mesure de l'endroit où elle se trouvait. Ce devait forcément être au temple de Sunie puisque Sire Séverin se trouvait présent. Elle aurait dû s'y attendre puisqu'une petite voix le lui soufflait depuis un certain temps. Une petite voix qu'avait étouffé son inquiétude pour le sort qu'on réservait à son cher et tendre ami.

Mais dès qu'elle vit ce dernier se précipiter vers elle, toutes ses questions s'envolèrent tant elles semblaient déplacées et sans importance. Elle le vit hésiter, comprit que ça avait certainement un rapport avec la tenue plus que provocante qu'elle portait.

Alors elle prit les devants comme si elle craignait soudain qu'il puisse s'échapper : elle laissa tomber son marteau sans cérémonie et se jeta littéralement dans ses bras. Après toutes ces émotions, elle avait besoin de le sentir contre elle, contre sa peau.

- Je vais bien, s'entendit-elle déclarer autant en réponse à la question du paladin que pour souligner la sensation qui l'envahissait entre soulagement de le retrouver sain et sauf et fierté de le sentir si positivement troublé.

[Galathée]

Arthur lui rendit son étreinte, tout en s'empourprant.
" J'étais fou d'inquiétude, murmura-t-il. Ils refusaient de me dire où tu étais..."
Il sourit, embarrassé.
" Mais tu es saine et sauve."
Il pinça les lèvres, rougissant encore davantage.
" T'ont-ils... forcée à t'habiller comme ça ?"

[Chandara]

La jeune-femme prenait la mesure de l'inquiétude que son compagnon avait du éprouver. Une inquiétude qui était le pendant de la sienne mais dont elle était en grande partie responsable : c'est elle qui avait raté l'heure de leur rendez-vous après tout !

Elle releva la tête qu'elle avait enfouie contre sa poitrine et lui rendit son sourire, devinant son embarras autant à la façon dont il l'avait étreinte qu'à la couleur de son visage. C'était vrai qu'on lui avait un peu forcé la main mais elle devait avouer qu'elle s'était prise au jeu et que l'effet que cela occasionnait lui plaisait. Même si elle aurait soudain eu envie qu'ils se retrouvent seuls.

Pour n'être entendue que de lui, elle se hissa sur la pointe des pieds et lui répondit dans un murmure ingénu :

- Cette tenue ne te plait pas ? Je peux l'enlever si c'est le cas !

Puis elle écrasa une bise sur sa joue pour montrer qu'elle plaisantait. Ou peut-être pas...

[Galathée]

En se redressant pour embrasser le paladin sur la joue, Chandara jeta un oeil par-dessus son épaule et constata que son voeu avait été réalisé : profitant de leurs embrassades, les deux Sunites s'étaient retirés, les laissant seuls dans la pièce. Il y avait une porte à gauche, par laquelle ils étaient vraisemblablement sortis, et une seconde à gauche, qui menait les dieux seuls savaient où.
Arthur s'était légèrement détaché d'elle, mais sans pour autant la repousser.
" Que s'est-il passé ? Ils n'ont rien voulu me dire... Juste que tu étais en mission."

[Chandara]

Elle se sentit à la fois soulagée et excitée de se retrouver seule avec son compagnon. Car après le flot d'émotions de la soirée, elle devait bien reconnaître qu'elle se sentait grisée d'avoir enfin retrouvé Arthur et de se retrouver dans cette situation inédite avec lui.

Mais elle sentait aussi qu'Arthur n'était pas dans les mêmes dispositions d'esprit, qu'il avait besoin de réponses. Elle réunit - un peu difficilement - ses pensées tout en cherchant un endroit où ils pourraient éventuellement s'asseoir. Peut-être par cette autre porte ?

- Oui, je l'étais en quelque sorte. Juste avant l'heure où je prévoyais de rentrer, j'ai rencontré une personne qui avait besoin de conseils. Il avait subi une peine de cœur et j'ai voulu l'aider. J'ai tenté de te prévenir mais les événements se sont un peu enchaînés... Bref, quand je suis enfin rentré à la Commanderie, tu étais déjà parti depuis bien longtemps. Et donc tu étais venu me chercher ? Ici ?

Il y avait une bonne dose de curiosité dans cette simple question et aussi de l'effarement alors qu'elle réalisait combien cela avait dû coûter au paladin.

- Ils ne t'ont pas malmené au moins ?

[Galathée]

Arthur avait l'air de peiner à comprendre ce que lui racontait Chandara.
" Une mission... pour une peine de coeur ?"
Cela lui paraissait probablement tout à fait incongru.
" Non, ils ne m'ont pas... Mais je suis... un peu fatigué, je dois dire..."
Le jeune paladin était couvert de sueur : sans doute la joute que Chandara avait interrompue durait-elle depuis un certain temps.
" Je me doutais que tu étais venue ici. Tu tournes autour de cet endroit depuis que tu es arrivée à Luménis."

[Chandara]

L'incompréhension d'Arthur quant à l'importance de sa mission ne lui avait pas échappé mais la jeune-femme n'avait pas l'intention d'insister : c'était une chose que de raconter à Moïra les péripéties qui avaient émaillées sa journée mais elle ne voulait pour autant pas paraître inconséquente ou même franchement ridicule devant son amoureux.

- Tu as eu raison : les Sunites m'ont prévenu à leur manière bien particulière que je pouvais te retrouver ici...

Elle marqua une pause et le dévisagea un instant avant de reprendre d'un ton plein de doute :

- Vous ne vous battiez pas vraiment, Sire Séverin et toi, rassure-moi !

[Galathée]

Arthur la dévisagea avec une grimace.
" Et bien... Si." fit-il.
Il haussa les épaules.
" Avec ma lame sur la gorge, il aurait bien été obligé de me dire où tu étais !"

[Chandara]

En réponse, elle écarquilla les yeux de surprise et même de stupeur : ça ne ressemblait pas du tout à Arthur de perdre ainsi son sang-froid, signe qu'il avait été à bout de nerfs. C'était touchant quelque part mais ils n'étaient pas passé très loin de la catastrophe :

- Misère, l'un de vous aurait pu être blessé !

Elle fut incapable d'en dire davantage... Elle était mal placée pour donner des leçons, elle qui avait voulu défoncer une porte à coups de marteaux et n'avait de toutes façons pas envie d'en rajouter : Arthur semblait avoir été bouleversé par cette expérience et elle risquait de s'avérer traumatisante, surtout si elle continuait à passer beaucoup de temps un temple pour lequel il n'avait aucune confiance.

[Galathée]

Mais le jeune homme avait détourné les yeux en secouant la tête, et il se détacha une seconde de la jeune femme, ne gardant que sa main dans la sienne.
" Non, il n'y avait pas vraiment de risques, murmura-t-il. Vu la différence de niveau... Il aurait pu me désarmer quand il le voulait. Je crois qu'il a simplement... consenti à l'exercice."
Il soupira, l'observa à nouveau, d'un regard plus pénétrant.
" Est-ce... est-ce vraiment ce que tu veux ? Cet endroit ? Ces valeurs ? Dis-moi la vérité. Je dois l'entendre."

[Chandara]

Elle plongea son regard dans ses beaux yeux gris bleus, serra un peu plus la main qui se trouvait dans la sienne comme si elle avait peur que sa réponse puisse le faire fuir puis répondit honnêtement à la question :

- Oui, c'est ce que je veux : il y a quelque-chose pour moi ici. J'admets que je suis en colère et même un peu bouleversée contre leurs façons de ce soir mais nous n'avons jamais été en danger... Et c'est bien ce que je veux. Ce dont j'ai besoin.

Elle se tut, le regard interrogatif et un peu anxieux de ce que serait la réaction d'Arthur.

[Galathée]

Il pinça les lèvres, et elle vit une pointe de déception traverser son regard, puis il acquiesça.
" D'accord."
Un sourire timide revint sur ses lèvres.
" Si tu le sens en toi, alors c'est important."
Il rougit.
" J'aurais préféré, évidemment, que tu te sentes appelée par Lathandre mais... j'en reviendrai vite, tu ne dois pas t'en faire. Le principal, c'est que tu... aies perçu quelque chose."