[Lieu] Edhoras

[Voyageuse]

Astrée avait appris à faire totalement confiance aux hommes de la Trouée pour ce qui était de savoir s'occuper d'un cheval. Prince serait choyé, à n'en pas douter. Elle l'accompagna cependant, un peu par curiosité, un peu pour lui dire au revoir et lui demander de ne pas se transformer pour ne pas inquiéter les palefreniers. Cela dit, si la stalle était suffisamment loin des regards, il pourrait la rejoindre au milieu de la nuit d'il le souhaitait, à condition d'être de retour à l'aube. Hum... c'était un peu trop complexe, aussi préféra-t-elle s'en tenir à la consigne de rester sous forme équine. Et tant pis si elle se sentait seule sans son écureuil préféré...

Il lui restait un peu de temps avant de dîner, et elle n'avait pas envie de le passer enfermée dans une chambre à risquer de broyer du noir. Elle y laissa simplement l'essentiel de ses affaires et ressortit peu après pour flâner dans les rues, dans l'idée de trouver si possible un parc tranquille où lézarder. Et puis, elle pouvait aussi songer à ramener un petit cadeau pour Isudë, si d'aventure quelque chose lui attirait l'oeil. Quoique, en-dehors de ses chères plantes, elle ne savait pas vraiment ce qui serait susceptible de lui plaire... Mais chercher une idée était une occupation qui en valait une autre, en attendant l'heure de revenir à l'auberge.

[Galathée]

Le concept de "parc tranquille" ne semblait pas avoir atteint Edhoras où tout l'espace était utilisé de manière très fonctionnel. Elle nota aussi que sortir sans son cheval était une activité étrange, salissante et très risquée : il lui fallut abandonner l'idée de cheminer dans les rues les plus larges et se cantonner aux petites artères, où elle devait demeurer vigilante sous peine d'être piétinée.
Les boutiques semblaient surtout vendre des articles utiles : bottes, sellerie, armes ou outils. Cependant, si Astrée avait des envies plus précises, il était peut-être possible d'interroger un marchand ou un autre pour dénicher la perle rare.

[Voyageuse]

Astrée n'avait pas d'idée précise, se contentant de regarder ce qui se trouvait dans les boutiques, au cas où quelque chose retienne son attention. Mais Isudë n'était pas spécialement férue d'équitation, et visiblement, tout ici tournait autour des chevaux. D'ailleurs, elle regrettait déjà d'avoir laissé le sien à l'écurie, mais il lui avait semblé qu'après toutes ces journées à avancer, il avait mérité un peu de repos.

A la réflexion, deux choses semblaient pouvoir convenir à Isudë : une sacoche de cuir avec des compartiments, qu'elle pourrait utiliser pour partir en cueillette, ou un bouquin un peu pointu présentant des plantes rares ou donnant des recettes de baumes. La seconde idée était risquée : Isudë possédait déjà la plupart des livres traitant du sujet, et il était peu probable qu'elle trouve un ouvrage exceptionnel ici. La première idée... Et bien, elle pouvait certainement trouver cela, oui. En espérant que l'elfe n'ait pas déjà une sacoche toute neuve.

Il ne lui restait plus qu'à trouver une boutique vendant des articles de cuir -ce qui ne manquait certainement pas dans ce genre de ville-, et à espérer trouver quelque chose pas trop cher, fonctionnel et solide. Si elle ne trouvait rien à son goût, elle renoncerait sans regret. Après tout, rien ne l'obligeait à ramener quelque chose à l'elfe, elle n'y avait d'ailleurs jamais songé avant aujourd'hui. En temps ordinaire, elle aurait simplement rapporté quelque chose à son compagnon, ou à sa famille... qu'elle n'avait plus. Et c'était certainement ce qui la poussait à faire ce cadeau. Mieux valait ne pas s'appesantir là-dessus, ne pas y penser. juste acheter le cadeau si elle le trouvait, puis rentrer à l'auberge... et, tiens, prendre un bain avant le dîner. Ça, c'était une excellente idée... s'il y avait le nécessaire dans une si petite auberge. Sinon, un bon décrassage à l'eau chaude serait déjà bien agréable.

[Galathée]

Il y avait effectivement beaucoup d'articles en cuir, de vache, de mouton, de cheval, et Astrée trouva des dizaines de modèles de besaces différents. Elle put donc faire un choix informé, sélectionné la gibecière qu'elle trouvait la plus belle et fonctionnelle, avant de regagner son auberge. Là, elle commanda un bain chaud — chose commune dans ces lieux où on était souvent couvert de boue, et le tenancier lui fit rapidement monter le nécessaire. Elle avait le temps de se délasser un bon moment avant de descendre souper, même si les effluves du repas se faufilaient déjà au travers des lattes du plancher.

[Voyageuse]

Il lui semblait qu'elle n'avait pas pris de bain chaud depuis une éternité. C'était, à son humble avis, le seul avantage qu'il y avait à dormir dans une auberge. Elle s'y délassa donc longuement, jusqu'à ce que l'eau devienne vraiment trop froide pour pouvoir y rester dans risquer un refroidissement, en profita pour se laver les cheveux et savoura le plaisir de se sentir parfaitement propre dans des vêtements propres. Elle avait même profité d'un peu d'eau chaude pour faire une lessive rapide qui sécherait pendant la nuit.
Puis, l'appétit aiguisé par les effluves montant des cuisines, elle redescendit dans la salle commune. Elle espérait se trouver une table tranquille, dans un angle, là où personne ne la remarquerait, et prendre le temps d'un bon repas avant de remonter se coucher. Il était peu probable qu'il y ait la moindre animation organisée dans un si petit établissement -c'était bien pour cela qu'elle l'avait choisi-, et même si par hasard il y en avait, elle ne comptait pas y participer. Ou peut-être, à la rigueur, écouter un moment un conteur ou de la musique. Mais elle voulait quitter la ville de bonne heure le lendemain et donc se coucher tôt.

[Galathée]

Effectivement, l'établissement était modeste, et rien ne s'y produisit de particulier. La carte comptait deux plats, tout deux à base de gibier des alentours, en sauce, avec des légumes de saison. L'un était une volaille, l'autre un quadrupède. Ce n'était pas très fin mais ce n'était pas mauvais pour autant, et on avait pour son argent. Avec ça, on lui servit un cidre relevé, qui pétillait sur la langue. La salle accueillit bientôt une petite compagnie de locaux et de voyageurs, personne n'importuna la jeune femme même si elle attira quelques regards, sans doute car elle voyageait seule. Quand elle décida de se retirer, le bruit était ténu, et elle put s'endormir sans difficultés. Dans la rue, des cavaliers continuaient à passer de temps en temps : Edhoras était équine de jour comme de nuit.
Au petit matin, elle se réveilla reposée... et prête à repartir.

[Voyageuse]

Elle garderait d'Edhoras l'image d'une ville banale et fonctionnelle, une simple étape de voyage sans caractère. Rien d'inoubliable, rien qui sorte de l'ordinaire. Mais les gens d'ici aimaient les chevaux et savaient s'en occuper, c'était déjà ça : elle savait que Prince avait été choyé et qu'il repartait tout aussi frais et dispos qu'elle.
Pour sa part, se retrouver seule dans une chambre d'auberge l'avait inévitablement amené à songer à Reynald, bien malgré elle. C'était prévisible, bien sûr, elle aurait dû s'y attendre : trop de souvenirs, une rupture trop récente et trop douloureuse, elle n'échappait pas à ce genre de réminiscence. Mais la fatigue avait rapidement pris le dessus et elle avait bien dormi, heureuse de retrouver le confort d'un matelas.

Elle déjeuna de bonne heure et reprit la route aussitôt, pressée de s'éloigner de la ville pour retrouver les grands espaces. La prochaine ville importante serait Rohan, et elle n'était pas sûre de vouloir s'y arrêter : c'était là-bas qu'elle avait rencontré le Sorlyn. Mais c'était encore loin, et elle avait le temps d'évoluer d'ici là. Pour l'heure, dans les jours à venir, elle comptait reprendre son rythme habituel : dormir souvent à la belle étoile, loin des routes, si les lieux et le climat le permettaient, et parfois dans une ferme accueillante où elle ferait un peu de troc. Prendre le temps d'un peu de chasse et de cueillette lorsque la nature s'avérerait prodigue, et prendre le temps de se reposer, aussi.

[Galathée]

Elle parvint à Rohan en trois jours à peine. Le printemps était désormais moins humide, les températures plus agréables, et les routes plus fréquentées. Il n'était pas toujours évident de trouver un coin tranquille pour camper mais elle put s'installer non loin de caravanes ou de nomades, conservant un peu d'intimité tout en profitant de la sécurité dans le nombre. Prince était volontaire, la prairie vaste, rien ne freinait sa progression... Jusqu'au jour où les remparts de la dernière cité cavalière parut, et qu'elle dut décider de la route à emprunter...

[Voyageuse]

Astrée avait trop de souvenirs rattachés à Rohan. Elle s'y était arrêtée avec Kasumi, par deux fois. Et surtout, plus récemment, elle y avait rencontré Reynald. Autant de raison qui faisaient qu'elle n'avait pas spécialement envie de s'y arrêter.
En même temps, Rohan marquait la fin de la Trouée, et, malgré tous les souvenirs qui la ramenaient à Reynald et à la douleur de la rupture, elle aimait cette région. En temps ordinaire, elle se serait arrêtée dans la ville pour cette seule raison. Elle savait qu'elle aurait plaisir à revenir galoper dans la Trouée, quand tout cela serait derrière elle, que les plaies auraient cicatrisé, et que -peut-être- elle aurait revu un jour Reynald pour une réconciliation, une relation plus apaisée. Mais il ne l'avait jamais recontactée, ne le ferait peut-être jamais, et elle en souffrait. Elle n'était pas sûre d'avoir, de son côté, le courage d'aller le rejoindre cet hiver à Erhedun. Elle ne parvenait pas à déterminer s'il valait mieux mieux laisser cicatriser les choses ainsi, douloureusement, ou tenter de le revoir, ce qui pouvait apaiser les choses mais aussi les empirer.
Mais en réalité, elle n'avait pas envie d'y songer trop. C'était trop tôt.

Quoiqu'il en soit, elle n'allait tout de même pas faire un détour exprès pour fuir les souvenirs : ce serait bien pire une fois à Luménis où elle devrait affronter encore davantage de réminiscences. Elle mit donc le cap sur les murs de la cité. Tout ce qui comptait, c'était de ne pas dormir dans l'auberge où elle s'était arrêtée avec Kasumi, et d'éviter de passer devant celle où elle avait retrouvé Reynald et Tybert. Elle n'était d'ailleurs même pas obligée de dormir en ville : cette cité était plus petite qu'Edhoras et serait vite traversée. Elle aviserait en fonction de l'heure qu'il serait. Dormir ici ou ailleurs n'avait guère d'importance.

[Galathée]

Quête : Le Berceau

Le coche quitta la route humide et se glissa dans les rues d'Edhoras en passant sous l'arche de l'enceinte en bois qui ceignait la cité. La ville était toujours aussi morne et brune, comme dans le souvenir du barde, avec ses artères boueuses, crevassées par le passage de mille sabots. Leur véhicule cahota un moment sur la terre inégale, mais ils ne s'enfoncèrent pas profondément dans le bourg, bifurquant rapidement dans une des routes courbes qui enserraient la butte ducale. Quelques bâtisses plus loin, ils se glissèrent dans une cour abritée d'une simple palissade.
" Bienvenue à l'Auberge du Passage, leur dit Fédor le cocher au moment où ils descendirent du véhicule. C'est l'auberge la moins edhoranne d'Edhoras, je le crains. Si vous voulez un goût de terroir, il y a une taverne à trois maisons sur la droite. Mais ici... Vous ne trouverez aucun cavalier de la Trouée."
Six autres coches s'alignaient dans la cour. C'était manifestement l'auberge réservée aux voyageurs de la Compagnie.

[Taliesin]

Et cela conviendrait parfaitement.
Non qu'il ait quoi que ce soit contre les habitant de Trouée en général ou de la cité en particulier. Simplement, il se voyait mal emmener les enfants dans une taverne et tout ce qu'il demandait pour l'heure à leur hostellerie, c'était un bon repas pour apaiser sa faim et un bon matelas sur lequel dormir. Or, il ne doutait pas de trouver ici tant l'un que l'autre.

[Galathée]

L'auberge était simple et propre, peut-être un peu impersonnelle. Elle venait manifestement d'être rénovée, tout était pimpant, la peinture sur les murs, l'état du mobilier, les draps de lit, les portes qui ne grinçaient même pas sur leurs gonds. Les voyageurs furent accueillis par un jeune couple à l'accent tout à fait différent de celui des nomades et au teint bien trop clair pour être originaires de la Trouée. Le jeune homme accompagna Taliesin et les enfants jusqu'à leur chambre, tandis que son épouse leur dressait une table. Il était tard et la plupart des personnes encore présentes dans la salle principale sirotaient une infusion ou un alcool fort, mais la cuisine était ouverte pour les retardataires.
Comme dans la plupart des auberges qu'ils avaient occupées jusque là, Taliesin, Victor et Baptiste partageaient une chambre à trois lits. Le tenancier, qui s'appelait Vincenzo, leur proposa de leur préparer des bains le lendemain matin. Ils auraient largement le temps de se laver avant de reprendre le coche qui montait vers Togoria et plus loin Haradhar.
Ils purent ensuite aller manger. La tenancière leur proposa une omelette garnie dont la liste des ingrédients était plutôt alléchante. Leur abandonnant du pain, elle les laissa ensuite se poser pendant qu'elle allait, manifestement elle-même, leur préparer le repas.
" En fait, j'aimerais bien, si on a le temps demain matin, essayer de trouver un endroit où il y a de l'encre... et un autre carnet... parce que je suis presque au bout, là." intervint soudain Baptiste, alors qu'ils mangeaient.

[Taliesin]

Il lui sourit.
-Aucun souci : on aura largement le temps, répondit-il. Et on se renseignera auprès de nos hôtes pour être sûrs de trouver.
Et sans doute faudrait-il sortir avant de se laver, sous peine de perdre tout le bénéfice du bain dans les rues boueuses de la vaste cité... Mais ils pourraient aisément tout caser au cours de la matinée : il suffirait de se lever tôt pour ne pas avoir à courir.

[Galathée]

Ils mangèrent ensuite tranquillement. Il était déjà tard mais ni Victor, ni Baptiste ne semblaient particulièrement fatigués, et ils soutirèrent une partie de cartes au barde avant de monter se coucher. Peu avant qu'ils ne se retirent, un grand homme à la mine sévère, sec comme un bâton, vint se présenter. C'était leur cocher pour la dernière partie du voyage, Humphrey. Il les prévint qu'ils auraient deux autres compagnons de route, deux marchands, l'un originaire de Togoria, l'autre de Bortheias, et s'y rendant pour affaires. Il leur demanda d'être ponctuels, leur souhaita la bonne nuit, et se retira.
" On dirait un squelette, celui-là." remarqua Victor, une fois qu'il ait disparu, ce qui fit pouffer Baptiste.

[Taliesin]

Il songea à dire que c'en était peut-être un, voir même une liche, et qu'il cherchait, déguisé en humain, à piéger les voyageurs. Mais ils avaient déjà eu leur lot de douloureuses mésaventures en coche et il ne se sentait pas de plaisanter à ce sujet.
-Je ne manquerai pas de lui faire part de ton compliment, dit-il plutôt, d'un ton dégagé.
Évidemment, il n'en ferait rien...

[Galathée]

Ils ne tardèrent pas à monter se coucher. L'auberge était calme et s'il y avait un peu d'animation dans la rue, plus loin, elle ne les empêcha pas de s'endormir. Au petit matin, l'aubergiste leur indiqua un endroit proche où ils pourraient se procurer du papier et de l'encre, mais il leur déconseilla de s'y rendre à pied. Il avait noté qu'ils possédaient un cheval, et il aurait fallu être fou... ou étranger... pour se passer de ses bons services, même pour aller à deux blocs de là.
" Est-ce que je peux y aller moi ? demanda Victor en se détournant un instant de son petit déjeuner. Je monte bien, je fais juste l'aller-retour ?"
Il était clair que Baptiste n'avait pas l'intention de lui disputer l'honneur.

[Taliesin]

Il eut une moue embarrassée.
-Je sais que tu sais bien monter, bonhomme. Mais là, tu seras dans des rues très fréquentées, pleines de cavaliers avançant à toute allure... Minuit n'est pas forcément habitué à ça, il pourrait paniquer et échapper à ton contrôle...
Il aurait aimé faire plaisir à Victor mais se demandait si c'était très prudent.

[Galathée]

Victor fit la moue.
" C'est un cheval super calme ! Il va jamais me désarçonner ! Et il est encore super tôt..."
Baptiste observait leur échange, le nez dans son bol.
" C'est peut-être mieux que Taliesin y aille, remarqua-t-il. Ne fut-ce que... pour choisir le papier ?
— Bah, dans ce cas, on n'a qu'à y aller tous les deux ! Minuit peut bien nous porter, il porte bien Guillhem !"

[Taliesin]

Cela, il pouvait l'accepter sans hésitation.
-Si on avait eu deux chevaux, je t'aurais sans souci laissé en monter un, fit-il. Mais comme nous n'en avons qu'un seul... Y aller tout les deux est une bonne solution.
Il sourit.
-Tu monteras devant moi. Et tu tiendras les rênes.

[Galathée]

Leur chevauchée fut effectivement moins simple que ce qu'avait imaginé Victor, mais il ne se laissa à aucun moment impressionner par la foule de cavaliers et de bovidés qui croisaient dans les rues, et les mena à bon port. Ils se récoltèrent pas mal d'invectives et de grommellements au passage : les règles de circulation en vogue à Edhoras resteraient mystérieuses, mais ils en avaient manifestement enfreint plus d'une.
La boutique renseignée par l'aubergiste était modeste et sombre, ne disposant que d'un très maigre assortiment, mais elle avait le mérite d'être très proche de leur point de chute ce qui, vu la complexité des déplacements, était bienvenu. Taliesin put acheter deux petits carnets et un pot d'encre avant de réenfourcher Minuit pour regagner leurs pénates. Là, Baptiste avait pris les devants et terminait de s'habiller après un bon bain. Il remercia les deux courageux qui avaient bravé la foule et les attendit en écrivant dans la salle commune. Victor passa ensuite et se décrassa avec félicité. La couleur de l'eau renseigna Taliesin sur la nécessité d'être un peu plus vigilant quant au rythme de leurs ablutions. Il en profita le dernier et, une fois prêt, rejoignit ses deux enfants.
Le tenancier leur distribua des petits sachets repas pour leur pause de midi, expliquant qu'il était probable que vu le départ tardif, ils n'aient pas le temps de se confectionner quelque chose en cours de route. Les réserves de Baptiste étaient de toute façon épuisées, et il fallait espérer que le village où ils feraient escale pourrait les dépanner pour la suite.
Vers onze heures du matin, leur cocher les rassembla et les mena dans la cour. Comme annoncé, ils étaient accompagné de deux hommes, des marchands, qui manifestement ne se connaissaient pas. Le premier avait la mine sèche des habitants du cru, le second une peau plus pale, des traits plus fins, sans doute le résultat d'une très lointaine ascendance elfique, fruit des mélanges raciaux des frontières de la Lorien.
Ils embarquèrent et le voyage reprit.

[Taliesin]

Cette fois, il sortit son livre : ses observations célestes de l'avant-veille avaient réveillé sa curiosité. Mais au final, il ne lut guère : le texte était décidément très complexe, réclamant un calme absolu pour avoir une chance d'en saisir les implications. Il passa le plus clair de son temps à regarder le paysage qui défilait, à deviser avec les enfants - à mi-voix, pour ne pas déranger les autres voyageurs - et, à l'occasion, à disputer quelques parties de cartes avec eux.

[Galathée]

Se faufilant avec peine dans la foule équine qui se massait dans les rues edhorannes, le coche mit près d'une demi-heure à quitter la ville, alors même que l'auberge était dans la périphérie. Une fois qu'il fut sur la route, il ne put pas pour autant reprendre de la vitesse, car ils étaient loin d'être seuls à monter vers le nord. Ils firent leur pause repas une petite heure après le départ, alors qu'Edhoras était encore visible, plus bas dans la plaine. Le marchand togorian expliqua à Victor, qui s'étonnait du monde autour d'eux, que c'était la route du nord était un des tronçons les plus encombrés de l'île, car il reliait tout l'est de l'île avec la Vallée. Les gens de l'ouest passaient plus généralement par Eredhun, mais les cités naines des montagnes de fer, ainsi que les gens de Lunaros, Correliah et même Ithilion, préféraient passer par ici, pour éviter la Lorien, où on ne trouvait aucune route digne de ce nom, et des elfes — sans vouloir vexer votre père — parfois ombrageux.
Victor se désintéressa rapidement de la conversation, mais Baptiste prit le relais un moment.
Ils repartirent ensuite, toujours vers le nord...