[Lieu] Une cité perdue

[Taliesin]

-Le problème, c'est que ta question repose elle aussi sur les assertions de ce minable. Dans l'absolu, si c'est vraiment la zizanie là-bas, on peut effectivement imaginer s'infiltrer par les passages secrets et attraper un ou deux Ithiliens passant à proximité. Mais s'il demeure ne serait-ce qu'un semblant d'ordre, et s'ils ont découvert les passages secrets depuis votre dernière incursion... L'opération aura des allures de missions suicide, je le crains...

[Galathée]

" Je pensais davantage à tenter d'attraper un groupe errant dans les rues, tentant de gagner les Landes... En réalité, nous disposons d'une seconde source d'informations : Guillermo, le chef des mercenaires, est toujours en maraude en ville. Lui aussi nous a dit qu'il y avait des soldats désoeuvrés hors de la forteresse. Louis n'a donc pas menti sur ce point..."

[Taliesin]

Elle acquiesça.
-A cette source-là au moins, on peut faire confiance. Et je ne peux que regretter qu'il n'ait pas voulu revenir parmi nous : c'est quelqu'un de très efficace. Enfin bref.
Elle fronça les sourcils, concentrée.
-S'il y a des groupes éparpillés dans la cité... Une petite escouade d'éclaireurs ne devrait pas avoir de difficultés à pister et à capturer l'un d'entre eux.

[Galathée]

Albérich était bien conscient qu'Hubert était de l'avis de Frida : le retour de Guillermo aurait rasséréné le paladin sans commune mesure. Mais il avait fait un choix, il avait décidé de mener sa propre croisade. Ils l'avaient rencontré plus tôt et il n'avait eu aucune demande les concernant. C'était lui qui avait choisi de faire cavalier seul, il ne fallait rien regretter. C'était l'heure où la seule chose qui importait, c'était la communauté : le mercenaire n'avait signé aucun contrat.
" Je vais en parler avec Hubert. Je ne suis pas certain qu'il soit très emballé à l'idée de prendre des prisonniers... Il faudra que nous voyons si nous avons un endroit pour les... enfermer, aussi."
Il sourit à la rôdeuse.
" Mais merci. Nous en reparlerons avant la nuit. Je te laisse travailler, à présent."
De son côté, il irait d'abord voir Freya, avant de retrouver le paladin.

[Taliesin]

-Explique lui qu'en faisant des prisonniers et en les ramenant ici, nous les préservons de la catastrophe : il s'agit donc presque d'un acte charitable ! lui glissa la rôdeuse avant de retourner à son travail.
Freya se trouvait à nouveau auprès des siens. Et à nouveau, elle vint vers lui sitôt qu'elle l'aperçut et lui proposa de marcher. Bien sûr, les jardins furent leur destination.

[Galathée]

" L'évacuation se précise, lui annonça Albérich. Mais j'aimerais être certain que nous avons bien la même chose en tête... J'ai l'intention de faire évacuer tous les enfants, et la plupart des adultes non combattants. Mais peut-être une partie restera-t-elle ici, je ne sais pas encore comment les choses vont se décider en assemblée. Etes-vous toujours d'accord de les accueillir ? Et si, oui, pensez-vous emporter les chariots et les chevaux ? Vous aviez dit que ce serait peut-être difficile, vu les chemins à emprunter..."

[Taliesin]

-Il était alors question de les amener rapidement en lieu sûr, et j'ai pensé que, par "lieu sûr", vous entendiez hors des Landes : pour y parvenir le plus vite possible, il faudrait effectivement emprunter des chemins de traverse inadaptés à une colonne en bonne et due forme. Mais il est désormais question de mener les vôtres aux Dents Grises : il sera possible de suivre la route du nord la plupart du temps, et les chemins de traverses ne seront utilisés que deux ou trois jours, ce qui rend l'opération jouable. Enfin, nous sommes prêts à accueillir ceux que vous souhaitez mettre à l'abri : il faut juste qu'ils emportent des vivres car notre peuple n'a malheureusement pas les moyens de nourir tant de personnes.

[Galathée]

" Bien sûr. Nous garderons le strict minimum ici, et le reste repartira avec les gens... Si c'est possible pour vous, le départ se ferait demain soir ou après-demain matin, en fonction de l'heure qui vous parait la plus adaptée... Mais pour l'heure, je ne sais pas si nous parlons de cent personnes ou de trois cent cinquante..."
Il haussa les épaules, songea malgré lui à ceux qui partiraient : Marthe et les instituteurs, trop dégoutés par la tournure qu'avaient pris les événements, le preux Gabriel et sa marmaille, Ruth et Alban, bien sûr, devenus invisibles depuis qu'ils s'étaient séparés d'Hubert... Tous ces gens déçus, fatigués, désormais menacés... Albérich n'en ressentait que de l'affliction. Comment avait-il fait pour se retrouver dans pareille situation, lui qui ne rêvait de rien ? Cheminer avec Hubert sur la route, sans responsabilités, sans pression, sans tensions, réapprendre à vivre de rien... Où s'étaient-ils fourvoyés, pour être à la fois les fossoyeurs et les sauveurs de ces gens qu'ils connaissaient à peine ?
" Et une partie du groupe sera probablement d'humeur grise. Si pas tous. J'aime autant que vous le sachiez. Certains vous demanderont peut-être s'il est possible de quitter les Dents Grises pour regagner une ville côtière, aussi."

[Taliesin]

-Cela ne poserait pas problème : nous avons des liens réguliers avec l'extérieur. Pour le reste...
Elle haussa les épaules.
-Nous sommes habitués aux humeurs grises : ceux que nous devons mettre à l'abri quand le besoin s'en fait sentir sont furieux. Et puis ça leur passe. Les Landes ne sont pas un endroit où on peut céder aux humeurs de toute le monde, aussi compréhensibles soient-elles. Quant au moment du départ, peu importe, du moment que c'est tôt le matin : ainsi l'expédition pourra-t-elle profiter d'emblée d'une journée complète de voyage.

[Galathée]

" Après demain matin, alors... Le plus tôt sera le mieux, sinon ça n'aura plus aucun sens... Merci Freya. Je vous dirai combien de personnes vous accompagnent dans la journée de demain. Nous devons encore annoncer la nouvelle et... je sens que cela ne se fera pas sans mal."
Il sourit.
" Bonne fin de journée."
Il ne lui restait plus qu'à aller voir comment Hubert gérait ses lectures... avant de le renvoyer vers Frida pour organiser cet enlèvement d'Ithiliens désoeuvré. Sans doute devrait-il lui parler de Louis, aussi, par acquis de conscience. Mais il décida alors de faire un détour par la chambre d'Etienne...

[Taliesin]

Lorsqu'il toqua au battant, il récolta un soupir spectaculaire.
-Pauvre porte, elle va finir par s'effondrer, à force d'être continuellement martelée... grommela le chevalier. Enfin, elle a eu presque une demi-heure de répit, c'est déjà pas mal, j'imagine.
Nouveau soupir.
-Allez, entre : céder est moins fatigant que résister en vain.

[Galathée]

" Désolé, dit Albérich en rentrant. Je ne savais pas que tu avais déjà reçu de la visite aujourd'hui..."
Il chercha un endroit où s'asseoir. Ce qu'il avait à dire à Etienne n'était pas très agréable et il craignait que le jeune homme ne s'emporte.
" J'ai deux choses importantes dont je voudrais te parler. Je vais essayer de faire court. La première concerne l'assemblée de ce soir... Nous avons décidé... de faire évacuer une partie de la communauté vers les Dents Grises, un village paludier..."

[Taliesin]

Étienne grimaça mais finit par acquiescer.
-Bien. Cependant, à mon humble avis, vous feriez mieux de les ramener sur la côte en leur permettant d'emporter des objets précieux : ainsi auront-ils l'opportunité de débuter une nouvelle vie ailleurs. Ici, ce n'est de toute façon pas possible : Clairétoile n'est rien d'autre qu'un vaste mausolée, qu'un immense tombeau ; c'est un lieu de mort et de fin, non de vie et de nouveau départ.

[Galathée]

" Je comptais effectivement donner la possibilité à ceux qui le désirent de se dégager du contrat qu'ils ont signé. Malheureusement, le trésor est resté dans la forteresse que nous avons perdue. Je ne sais pas si nous trouverons un équivalent ici... et cet endroit a survécu aux siècles... Je ne suis pas pour le piller comme s'il s'agissait d'une ruine abandonnée. Je compte aussi donner la possibilité à ceux qui croient encore au projet de rester aux Dents Grises jusqu'à la fin des hostilités. Ce que Clairétoile deviendra... ni toi, ni moi n'avons le droit d'en juger à la place des autres. Je comprends que tu sois déçu, comme tant d'autres, mais je reste persuadé que nous avons l'opportunité de construire quelque chose ici."
Il n'avait pas envie d'entrer en matière sur cette question, cependant. Il était venu demander à Etienne ce qu'il avait l'intention de faire mais il avait eu sa réponse : baisser les bras et fuir, incapable de concéder. Comment le blâmer : les plus extrêmes sont toujours les plus fragiles. Les roseaux tiennent et les chênes s'effondrent.
" Mais soit, je suis fatigué de ces conversations, et j'ai promis de faire court. Je voulais aussi te parler de Louis. Toi seul a une idée de ce qui se passe dans sa tête, et de s'il est encore un peu fiable, ou pas du tout."

[Taliesin]

La réaction du chevalier fut spectaculaire.
Apathique et sans force l'instant d'avant, il était désormais debout, poings serrés, le regard luisant de colère.
-Ne me parle plus jamais de lui, Albérich. Plus jamais, tu entends ?
Il n'avait pas crié. Mais cela aurait peut-être été moins impressionnant que ce ton bas, rauque, vibrant de fureur dont il avait usé.

[Galathée]

Il s'y était attendu, en même temps. Il ne bougea pas d'un pouce.
" Excuse-moi."
S'il n'y avait pas eu la vie d'un groupe de colons en jeu, il n'aurait même pas pensé à mentionner son nom en présence du chevalier. Et il ne le pousserait pas. C'était inutile et cruel. Au moins, maintenant, il savait à quoi s'en tenir.
" Je vais te laisser. Je suis désolé de t'avoir importuné."
Hubert, à présent. En espérant qu'il n'ait pas eu une vision critique en solitaire...

[Taliesin]

Mais Étienne ne le laissa pas partir sans ajouter un mot.
-Sache quand même que cet imbécile prétend que cela ne devait pas se passer comme ça et qu'il souhaitait bien faire, qu'il était persuadé que la seule manière pour la Communauté d'être pérenne, c'était d'obrenir l'aval d'Ithilion et de mettre en place un gouvernement non plus composé d'idéalistes déconnectés de la réalité mais de gens plus pragmatique. Déduis-en ce que tu veux de son état d'esprit actuel, de son éventuelle fiabilité : personnellement, je ne peux juste pas y réfléchir.

[Galathée]

En quittant la pièce, Albérich songea au fait que Louis avait obtenu exactement ce qu'il voulait : la communauté était désormais aux mains de personnes plus pragmatiques et les idéalistes allaient sous peu abandonner le navire. Il aurait aimé que parmi ceux-ci, certains réalisent qu'ils pouvaient encore vaincre, qu'ils devaient prouver à Louis qu'il avait eu tort, que même en minorité, ils obligeaient tout le monde à se poser des questions, à réfléchir aux actes, aux futures lois, aux manières de faire... S'ils partaient... mille objections ne seraient jamais soulevées.
Mais la tension que générait en lui la responsabilité qui était désormais la sienne était déjà difficile à supporter. Alors affronter des gens aigris, virulents, critiques... des gens qu'il avait imaginés devenir ses amis, de surcroît... Ce n'était pas sage. Il devait conserver son énergie pour lutter contre la catastrophe, il ne pouvait pas la risquer dans des querelles stériles, qui l'affecteraient douloureusement.
Il mit le cap sur la salle du trésor et une promesse d'un peu de réconfort dans la tourmente...

[Taliesin]

Sauf que le réconfort, c'est peut-être lui qui devrait le dispenser.
Les premières visions d'Hubert avait eu trait à des cérémonies. Certaines dans le temple du soleil, d'autres dans les chapelles.
Mais la dernière...
Il avait revu l'armée démoniaque.
Cette fois, cependant, elle ne s'était pas contentée de surgir de la faille : elle était passée à l'action. Pendant ce qui lui avait semblé être une éternité, il avait été témoin de son effroyable déferlante constituée de massacres, d'abominations sans nombre et sans nom...
Sous ses yeux, c'était tout un monde qui avait souffert, agonisé, péri.
Cela s'était-il déjà produit ? S'agissait-il plutôt d'une mise en garde concernant ce qui se produirait si on échouait à vaincre le mal ?
Il n'aurait su dire.
Tout ce qu'il savait, c'est qu'il venait juste de retrouver ses esprits... et qu'il était plus qu'éprouvé.

[Hubert de Maleval]

Hubert fit quelques pas et vomit le restant de son repas dans un coin de la salle, l'empuantissant durablement. Il s'assit ensuite contre un mur et pressa les poings sur ses yeux, sans effets : les images du massacre demeuraient, spectaculaires, comme un cauchemar trop réaliste auquel il aurait voulu ne jamais avoir assisté. Il ne savait pas qui avait imbu ces livres de ces visions, mais être projeté contre son gré dans de telles scènes lui paraissait inhumain.
Il se souvint alors qu'il était le seul à pouvoir les lire, et il était demi-céleste. Quel sens cela pouvait-il bien avoir ? Qui avait prévu qu'un jour, quelqu'un de ce sang viendrait dans la cité ?
Mais il devait avoir la force de continuer...
Une main se posa sur son épaule.
" Ça va ? Tu as eu une mauvaise vision ?"
Il leva les yeux et sourit au clerc, tant bien que mal.
" On peut dire ça, oui. Je n'ai pas envie de raconter... ça va... ranimer tout ça..."
Albérich s'assit et grimaça, flairant son malaise préalable.
" La catastrophe ?
— Oui."
Le Lathandrite hocha la tête, soucieux, puis passa un bras autour de ses épaules. Hubert se sentit mieux, posa la tête contre le Luménien, soupira longuement. Albérich lui caressa les cheveux, collés par la sueur de son angoisse illusoire. Pendant un moment, ils restèrent silencieux.
" J'ai parlé à Louis. Il dit que les Ithiliens continuent à creuser, que le Duc est comme fou... Il a parlé de défections, lui aussi. J'aimerais que tu autorises Frida à monter un petit groupe pour aller capturer des déserteurs. Ils représenteraient une source d'information formidable... sans compter que nous les mettrions en sécurité."
Hubert se redressa.
" Prendre des prisonniers...
— Tu sais qu'ils seront bien traités, Hubert.
— S'ils refusent de parler...
— Est-ce vraiment une question ?"
Le paladin se redressa.
" D'accord. Je donnerai l'autorisation à Frida."
Albérich relâcha sa respiration.
" Sinon Louis m'a dit qu'il avait mis des gens en sécurité... Je lui ai donné un point de rendez-vous. Frida dit que c'est un piège, que Louis n'est pas fiable. Je sais qu'il n'est pas fiable. Mais je ne sais pas quoi en penser...
— C'est extrêmement risqué, a minima.
— Je pensais... qu'avec les téléporteurs, c'était jouable.
— Ça l'est sans doute."
Albérich hocha la tête, bras croisés.
" Nous en reparlerons. Qu'en est-il de tes visions ?
— J'ai vu d'autres cérémonies. Mais rien sur l'usage des yeux lumineux des statues... Juste des cérémonies et des cérémonies."
Le Lathandrite soupira.
" Nous n'avançons pas."
Il nicha son visage entre ses paumes.
" Mais chaque chose en son temps. Evacuer les civils, d'abord. Ensuite, nous verrons ce que nous pouvons faire. Si les Ithiliens sont vraiment diminués, les attaquer aux mines deviendra peut-être une possibilité."
Hubert acquiesça.
" Je vais aller réunir l'état-major. Les prévenir du contenu de l'assemblée de ce soir. Et voir avec Frida, pour cette histoire de déserteurs.
— Merci."
Le paladin se leva, le clerc l'imita, et ils s'étreignirent un moment, s'embrassant au passage. Puis ils se séparèrent dans le couloir.

[Taliesin]

Le paladin se mit donc en quête de ses officiers, lesquels ne furent pas difficiles à trouver : il savait exactement où chacun d'entre eux s'était installé pour accomplir la tâche qui lui avait été assignée ou pour vaquer à ses occupations habituelles. Dès lors, moins d'un quart d'heure plus tard, tout le monde était rassemblé dans leur habituelle salle de réunion, qu'il s'agisse des membres les plus anciens ou des recrues récentes. L'on commença par un bilan des dossiers en cours, lesquels avaient presque tous été menés à bien.

[Hubert de Maleval]

" Bien. Merci à vous tous pour la diligence avec laquelle vous avez accompli vos tâches respectives. Je dois vous parler de deux choses, à présent. Tout d'abord, et ceci est confidentiel... Nous allons évoquer l'évacuation des civils, ce soir, en assemblée. La forme qu'elle prendra dépendra de ce que la communauté décide... mais il est probable que le groupe se défasse dans les jours qui viennent. Comme ça, vous le savez. Cela se répercutera dans les plans de défense et d'évacuation, mais nous en parlerons en temps opportuns."
Il se tourna vers Frida.
" La seconde chose, c'est la capture d'un groupe de déserteurs... Si je comprends bien, tu en as déjà parlé avec Albérich..."

[Taliesin]

Cependant, avant que la rôdeuse n'ait pu répondre, Edgar se racla la gorge.
-Si vous permettez, mon général...
Il s'était empourpré.
-Je comprends qu'il ne nous appartienne pas de discuter plus avant de l'évacuation mais, juste, par curiosité, pour comprendre... Cet endroit nous a été présenté comme une arche, un lieu spécifiquement conçu pour résister à... à la catastrophe. Alors, est-ce qu'au final, ce n'est pas plus risqué de lancer tous les civils... en dehors, à travers les Landes ?

[Hubert de Maleval]

" Non, Edgar, tu as raison d'en parler. Je pense que l'idée c'est... que nous allons peut-être devoir prendre des risques, dans les jours qui viennent... que même si cet endroit est protégé contre les démons, il ne l'est pas contre les Ithiliens... Si nous devions l'évacuer parce que nous sommes pris d'assaut, le fort ne constituera peut-être plus un lieu de repli, dans les jours qui viennent..."
Il se tourna vers Frida, quêtant de l'aide. Le sergent n'avait peut-être pas tort : pourquoi voulaient-ils écarter les civils, après tout ?

[Taliesin]

Frida soupira.
-Dans l'état actuel des choses, nous sommes sans doute en mesure de repousser un assaut ithilien. Mais combattre la menace qui va bientôt surgir des profondeurs pourrait nous amener, comme dit Hubert, à préndre des risques, à organiser une attaque massive... Les civils resteraient dès lors sans protection. De surcroit, même si cet endroit a été très bien pensé, qui sait si ses défenses seront réellement suffisantes ? Éloigner les civils apparaît donc comme une mesure de protection : nous pourrons agir sans passer notre temps à nous inquiéter pour eux.

[Galathée]

Hubert acquiesça.
" Je crois que Frida a bien résumé les enjeux, dit-il. Mais je ne suis pas insensible à tes arguments non plus... Je pense que... c'est bien pour ça que nous organisons une assemblée ce soir. Ce palais est magnifique mais... la vie dans un village, avec un accès à l'extérieur, même enneigé... Je pense que ça ferait du bien à beaucoup de gens. Même à moi, à vrai dire, et je suis sans doute un de ceux qui sortent le plus. L'ambiance ici est déjà tendue... et les choses ne vont pas s'améliorer..."

[Taliesin]

L'ancien sergent soupira.
-Je trouve pas l'ambiance particulièrement tendue. Je trouve même que tout le monde arrive assez bien à garder le moral. Mais ceux qui devront partir l'auront plus, c'est certain : personne aime être écarté, surtout quand on s'est joint à un projet dont l'idée... un peu naïve sans doute... c'était de faire face ensemble quoi qu'il arrive. Je me demande même s'il restera encore quelqu'un à ramener quand on aura réussi à vaincre tout ce à quoi on est confrontés...
Il secoua la tête.
-Enfin, l'important, c'est de faire ce qui doit être fait. Je vous suis et je pense que l'Assemblée le fera aussi, même si elle en a gros sur la patate.

[Hubert de Maleval]

" Le problème, c'est que nous sommes forcés de gagner cette guerre. Et si les gens ont signé pour la communauté et le futur dans la cité idéale... Ils n'ont peut-être pas signé pour la destruction et la mort."
Il secoua la tête.
" Mais j'entends bien ce que tu dis... et je ne veux forcer la main à personne... C'est juste que... en tant que militaire... Je trouve que la place des civils n'est pas au front. Si j'avais été partie prenante de ce projet depuis sa genèse, j'aurais insisté pour qu'il y ait une reconnaissance préalable des lieux par une force... d'exploration armée. Désormais... ma formation... mes voeux... toute ma carrière de capitaine de garde... m'enjoignent à mettre la sécurité des gens avant tout. Et j'ai l'impression que cette sécurité... serait mieux servie si les civils étaient... en sécurité, loin de toute cette... bouse."

[Galathée]

" Le problème, c'est que nous sommes forcés de gagner cette guerre. Et si les gens ont signé pour la communauté et le futur dans la cité idéale... Ils n'ont peut-être pas signé pour la destruction et la mort."
Il secoua la tête.
" Mais j'entends bien ce que tu dis... et je ne veux forcer la main à personne... C'est juste que... en tant que militaire... Je trouve que la place des civils n'est pas au front. Si j'avais été partie prenante de ce projet depuis sa genèse, j'aurais insisté pour qu'il y ait une reconnaissance préalable des lieux par une force... d'exploration armée. Désormais... ma formation... mes voeux... toute ma carrière de capitaine de garde... m'enjoignent à mettre la sécurité des gens avant tout. Et j'ai l'impression que cette sécurité... serait mieux servie si les civils étaient... en sécurité, loin de toute cette... bouse."

[Taliesin]

-Sauf votre respect... Si vous aviez prôné cela au tout début du projet, soit celui-ci ne se serait jamais fait, soit vous n'auriez pas été entendu. Car il n'était pas possible, pour tout un tas de raison, de procéder comme vous le suggérez. Et c'est bien dommage.
Il soupira.
-Bref, je m'en remets à votre avis, tout cela me dépasse. Je suis triste parce que j'ai l'impression que ça va sceller la mort de la Communauté. Mais rien n'empêchera d'en bâtir une autre. Et de totue façon, le plus important, c'est de sauver les vies. Du moment qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.