Quête : Les caprices de Fortune - à Melandis : coeur de pierre

[Lothringen]

Le mage mit donc son projet à exécution, invoquant un adorable petit... lapin blanc, qu'il envoya monter l'escalier devant eux. L'animal sauta prestement de marche en marche, jusqu'à l'étage, où ils l'entendirent glapir avec la conviction d'un être tout à fait vivant quoique guère rassuré. Apaisé sur ses chances d'échapper à un sort d'éclair ravageur dans un passage étroit, le mage le suivit, bientôt imité du reste de la troupe. Il y avait encore moins de jour qu'au rez-de-chaussée, et c'est à la faible lueur de la torche de Losha qu'ils purent explorer la salle. On avait là encore affaire à une salle circulaire, vide, à l'exception d'un autel de pierre central. Les parois comportaient des ouvertures allongées sur lesquelles étaient couchés des squelettes sur le point de retourner à la poussière. Les linceuls avaient manifestement été dérangés et les corps délestés de leurs effets de valeur, ce qui expliquait sans doute qu'il n'y ait plus de pièges à déclencher.

Le lapin blanc terrorisé dans les mains, le mage renifla.

"Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais l'endroit me semble de moins en moins correspondre à ce que nous cherchons. Je suis d'avis d'aller voir ailleurs sans même poursuivre sur les derniers étages."

[Mornagest]

Mornagest regarda le petit lagomorphe s'égayer dans les escaliers tout en se demandant s'ils ne déclencheraient pas un piège que le lapin, lui, aurait évité d'activer du fait de sa petite taille et de son poids négligeable. Mais le mage décida que si la bestiole n'avait pas provoqué de catastrophe, ils pouvaient y aller franchement...

Le résultat fut décevant, et lorsque le magicien proposa d'aller voir dans un autre mausolée, Mornagest fut tenté d'accepter ; il semblait peu probable que cet endroit fût celui où Lothringen avait combattu jadis. Il finit donc par acquiescer de la tête sans mot dire.

Allaient-ils tourner encore longtemps en rond ? Chaque mausolée ainsi fouillé sans résultats avait une influence très néfaste sur le moral du guerrier, qu'il avait déjà plus bas que terre...

"Essayons le mausolée avec la statue d'Orcus..." souffla-t-il une fois au dehors.

[Lothringen]

Ils se mirent donc en colonne pour se rendre vers cette dernière destination - enfin, dernière, ils l'espéraient. Outre la chaleur montante, le cimetière semblait de plus en plus fréquenté à présent que la matinée avançait et malgré tous leurs efforts de discrétion un groupe comme le leur risquait de ne pas passer très longtemps inaperçu. Les mages, effrayés par le vacarme des armures, durent cependant remballer leurs soupirs - ils étaient trop nombreux pour pouvoir envisager une zone de silence ou une invisibilité de groupe.

Ils progressèrent donc encore un peu dans le labyrinthe des tombes basses et des allées de gravier, puis la mésaventure redoutée arriva - ils tombèrent nez à nez avec un couple entre deux âges qui surgissait de derrière une petite chapelle. L'homme et la femme, à leur tour stupéfaits, écarquillèrent les yeux devant ce groupe suspect, mais surtout lourdement armé.

[Mornagest]

Ils perdaient beaucoup de temps, tout cela à cause de mauvais choix... pourquoi le mausolée d'Orcus aurait-il été plus adéquat pour une rencontre avec les sbires de Dorson ? Mornagest n'était pas du tout certain de trouver la statue là. Cela signifierait donc qu'il faudrait fouiller d'autres mausolées, plus éloignés de la cabane... leur faudrait-il revenir de nuit pour éviter les rencontres de citoyens mélandiens ?

Trop tard, pour cette fois : la rencontre venait de se produire, et au vu des regards inquiets de la part des deux mélandiens, leur groupe ne devait pas inspirer confiance...

Mornagest prit les devants, espérant donner le change.

"Excusez-nous pour le désordre. Nous avons été mandés pour détruire une créature morte-vivante qui rôde dans le cimetière à la nuit tombée, et nous essayons d'en trouver les traces pendant qu'elle reste inactive en journée."

Sa capacité de persuasion n'était pas infinie, il ne restait plus qu'à espérer qu'ils goberaient ce gros mensonge sans se poser de questions.

[Lothringen]

Qu'ils l'aient cru ou pas, les deux visiteurs sautèrent sur l'occasion qui leur étaient offerte et protestèrent de leur indifférence à qui mieux mieux.

"Euh... oui, oui, bien sûr, cela ne nous regarde pas."
"Bonne chasse", renchérit la femme, tout en attrapant le bras de son homme pour entamer une prudente retraite.

Quand ils furent hors de portée d'oreilles, Mornagest entendit sire Rowan commenter à voix basse.

"Ils sont revenus sur leurs pas..."
"Ils ne vous ont vraisemblablement pas cru, opina le mage au lapin blanc. Le tout est de savoir s'ils vont garder leurs mauvaises impressions pour eux afin d'éviter les ennuis, ou courir avertir des autorités aux capes moins blanches..."
Certains des gardes avaient en effet continué de porter leur équipement coutumier sans se poser de questions, et cela risquait de leur coûter cher.

"Le mieux à faire est de déguerpir au plus vite du point où nous les avons croisés. Reprenons !" répartit le capitaine.

Ils parvinrent rapidement au dernier mausolée, et, tout pressés qu'ils étaient de se mettre hors de vue, n'accordèrent qu'un regard rapide à l'Orcus visible sur l'arrière du bâtiment. Apparemment, il y avait eu quatre statues de ce type à l'origine, chacune à un coin du mausolée, mais celle-là seule restait debout, n'inspirant guère confiance.

Ils remontèrent une courte allée de graviers noirs. Les portes, à moitié branlantes, se laissèrent ouvrir avec un grincement sinistre. Ils pénétrèrent alors dans une première salle, rectangulaire, où un gisant représentant une femme à la longue tresse était encadré par quatre statues de guerriers placées dans les coins. La mère et ses fils, peut-être... Deux couloirs partaient du fond de la salle, vers de probables chambres funéraires secondaires pour l'heure indiscernables. Le gisant était descellé et le sol parsemé de petits éclats de pierre, qui paraissaient provenir d'une voûte en très mauvais état.

[Mornagest]

L'alerte risquait d'être donnée rapidement. Et leur groupe ne passait pas inaperçu : une description, même vague, suffirait à les confondre, dans ces lieux uniquement fréquentés par des civils ou des créatures de l'au-delà. Sans compter que lui-même pourrait être reconnu par un garde impérial. Le guerrier déglutit. Sa situation n'était guère brillante, tout comme celle de ses compagnons...

Le temps pressait, désormais, mais ils ne pouvaient pas se permettre de déclencher quelque piège, ou faire s'effondrer une colonnade ou la voûte sur leur tête. Ils devraient donc rester prudents... ce qui demandait du temps.

Mornagest ne vit rien qui pouvait correspondre à la magicienne drow, mais les recoins sombres semblaient nombreux dans ce mausolée. Et si la chance se mettait de leur côté, cette fois ? Il interrogea du regard le magicien qui tenait toujours son lapin près de lui. La pauvre bête allait encore servir pour explorer les lieux...

"Ne tardons plus. Si nous ne trouvons pas la statue ici, il faudra quitter les lieux pour se faire oublier... et changer de tenue", ajouta-t-il après une seconde de réflexion.

[Lothringen]

Le mage hocha la tête, avant de déposer au sol le petit animal auquel il donna mentalement l'injonction de contourner le catafalque avant d'explore le couloir de gauche. Le lapin progressa sans encombres, sautant légèrement au milieu des gravats, s'arrêtant quelques secondes dans les endroits dont le mage se défiait - mais rien. Soit les pièges avaient tous été déclenchés, soit ils avaient été désamorcés depuis longtemps, ce qui n'était pas vraiment étonnant au vu de l'antiquité du bâtiment. Le fond du couloir était muré, mais une grande porte était visible sur la gauche. Elle avait dû être elle aussi murée, jadis, mais quelqu'un avait découvert comment débloquer le passage secret. Peut-être en descellant le couvercle de la tombe de l'entrée, commenta le mage qui leur décrivait l'opération en temps réel : le procédé était assez courant.

"...Il y a bien une autre salle sur la gauche du couloir. Elle paraît assez vaste. Néanmoins je ne peux rien dire de plus : elle est complètement aveugle, et mon éclaireur aussi."

[Mornagest]

Toujours ce sentiment de tourner en rond et de ne jamais pouvoir trouver le bon mausolée... c'était frustrant, et l'inquiétude croissait à chaque minute passée sans parvenir à leur but.

"Losha, avez-vous toujours votre torche ?" fit Mornagest. Ils n'étaient pas suffisamment équipés pour une longue escapade dans l'obscurité totale, mais ils pouvaient au moins prendre le temps d'éclairer quelques minutes la salle aveugle.

Néanmoins, l'idée du passage secret plaisait assez à Mornagest. Il aurait bien imaginé les sbires de Dorson donner rendez-vous à Lothringen et Seina dans un endroit des plus discrets... quoi de mieux qu'un passage vers les entrailles de la terre, là où les drows, en sus, bénéficieraient d'un avantage avec leur vision nyctalope ?

"Je ne sais pas s'il ne vaut pas mieux chercher le moyen d'ouvrir le passage secret. Pour une confrontation à l'écart des oreilles indiscrètes, j'aurais choisi cela plutôt qu'un mausolée ouvert à tous vents."

[Lothringen]

Personne ne répondit aux hypothèses de Mornagest : les manostiens en savaient encore moins que lui sur les circonstances de cette confrontation. Losha alluma sa torche et ils progressèrent, d'abord méfiants, puis plus rassurés à mesure que les pas s'enchaînaient sans incident, jusqu'au fond du couloir, rejoignant l'animal. Le fond du couloir était muré, barré par une énorme dalle de pierre de même format que l'ouverture ménagée sur la gauche. Là, une dalle de forme identique avait manifestement disparu dans l'épaisseur du mur.

Sur la gauche, donc, la salle était ouverte, mais plus petite qu'ils ne l'avaient d'abord cru. Trop petite, en tout cas, pour un combat. La torche révélait la présence d'un petit autel de pierre contre le mur, sur une courte estrade. Au-dessus de l'autel, une toute petite ouverture rectangulaire, ouvrant sur la nuit. La pièce était vide de tout ameublement, à l'exception de chandeliers sans valeur, ainsi que d'une nappe d'autel jadis pourpre qui s'effilochait, et semblait devoir tomber en poussière au moindre contact.

"La pièce semble avoir été pillée", commenta Haldir.

Sylas hocha la tête.

"Elle n'a sans doute jamais contenu grand chose. Des offrandes votives, des messages d'adieux, un peu de vaisselle, peut-être. C'est typiquement la pièce laissée accessible aux visiteurs, pour qu'ils puissent converser avec les morts sans pour autant pénétrer dans le sépulcre même."
"Ce qui signifie que cette petite ouverture, là, sur l'autel, donne directement dans la chambre funéraire ?" intervint le capitaine.
"Oui. Peut-être se méfiait-on des retours à la vie intempestifs..."
"Alors cela nous confirme qu'un passage secret doit pouvoir s'ouvrir au fond de ce couloir. Reste à en trouver le mécanisme... Si quelqu'un l'a déjà trouvé jadis, il l'a remis en place."

[Mornagest]

Ils allaient devoir fouiller minutieusement, et cela prendrait du temps. Misère...

"Est-ce qu'il y a des endroits plus évidents que d'autres à examiner en priorité pour trouver ce mécanisme ? Une coutume qui dicterait la manière de bâtir le mausolée, par exemple ?"

En apparence, rien ne ressemblait plus à une pierre qu'à une autre pierre dotée d'un creux recelant un bouton ou un anneau à tirer. Or, des pierres, ils en étaient entourés. On pouvait aussi imaginer qu'il fallût à nouveau déplacer le couvercle du tombeau de l'entrée, mais cela semblait trop évident pour être crédible. Enfin, il fallait espérer qu'il n'existait pas de mot de passe vocal pour déclencher l'ouverture du passage secret. Mornagest savait que certains mages usaient du procédé pour se prémunir de voleurs trop audacieux ou chanceux pour être arrêtés par des pièges mortels. Pourquoi pas ici ?

Et pourquoi, par les Enfers, n'arrivait-il pas à mieux se remémorer ce que Lothringen lui avait dit de cette confrontation ? Lui avait-il seulement fourni des détails là-dessus, autre que l'essentiel à savoir quant à ses motivations d'alors et les conséquences que cela aurait pu avoir ? Le guerrier fit une grimace amère en pensant à ces conséquences, qu'il subissait de plein fouet. Quant à Lothringen...

"Ne traînons plus", dit-il une fois encore.

[Lothringen]

Le guerrier tenta une énième fois de se remémorer ce que Lothringen lui avait dit du lieu de ce combat, mais son compagnon avait simplement mentionné "un mausolée du cimetière", sans donner l'impression d'avoir dû chercher très longtemps. Ah oui, c'était le fossoyeur qui le lui avait indiqué. En racontant l'épisode, le semi-drow avait plutôt parlé de ses adversaires drows, de l'instabilité mentale de Seina, de son état d'esprit à lui alors qu'il venait de se faire attaquer par le cadavre animé de son compagnon d'esclavage - de sa colère, de sa peine, de sa peur, et enfin de ce déchaînement entropique au cours duquel la prêtresse drow avait été pétrifiée par l'issue plutôt inattendue d'un de ses propres sorts. ç'avait été un récit particulièrement sinistre, celui d'un combat où il avait vaincu, mais au prix d'une alliance douteuse et d'une plongée dans la folie...

Rien de tout cela ne l'aidait pour l'instant. A ses côtés, Sylas tentait vainement de trouver une réponse évidente à ses questions.

"Hum... le mausolée est très ancien, manifestement plus ancien que l'actuelle Melandis ; si ancien même que je crois reconnaître un symbole de Jergal sur ces lambeaux de tissu... Si c'est un système mécanique, il doit être assez basique. Si c'est un système magique avec mot de pouvoir, en revanche, il faudrait déjà commencer par retrouver la langue d'origine, et là, je ne donne pas cher de nos chances..."
"Concentrons-nous sur le côté mécanique, alors..."
"On devrait déjà voir comment fonctionne le premier passage. Hadlis, si vous alliez bouger le couvercle du gisant ?"

Hadlis revint sur ses pas sans se faire prier. Ils entendirent grincer la pierre contre la pierre, et l'énorme dalle de la salle de gauche sortit du mur, se déplaça latéralement, et vint se loger exactement dans le mur opposé. Piégés près de l'autel, Losha et Haldir protestèrent. Hadlis s'autorisa un petit rire et rouvrit la salle. Les deux mages semblaient satisfaits.

"La bonne nouvelle, c'est que c'est bien mécanique, et que le mécanisme est en excellent état... poulies, roues dentées, contrepoids, c'est impeccable..."
"ça nous apprend aussi qu'il court sous les pavés du couloir puis occupe le mur de gauche. Donc pour ouvrir cette porte-ci, je dirais que le déclencheur doit être soit tout proche du fond du couloir, soit dans l'épaisseur du mur de droite..."

"Je, hum... je pense qu'il ne doit pas être trop bien caché. Je veux dire, ce genre de mausolée doit servir durant plusieurs générations, non ? Plusieurs siècles ? Donc plusieurs générations de prêtres doivent pouvoir ouvrir la porte, et même retrouver le déclencheur sans forcément s'être murmuré le secret à l'oreille..."
"C'est bien pour cela que nous comptions un peu sur votre aide pour nous faire une liste des endroits les plus probables", grinça le second mage.
"Hum... Un endroit où seul un prêtre penserait à regarder ? Eh bien... La cache sous l'autel, là où on range le linge et le service rituel... elle a sûrement été fouillée mais les voleurs cherchaient autre chose... Les statues ? Qui songe à les nettoyer de la poussière ?"
"Trop évident, non ?"
"A tenter", trancha sire Rowan. "Autre chose ?"
Sylas semblait à court d'idées.

[Mornagest]

Comme il aurait voulu passer davantage de temps avec Lothringen... ils auraient eu tout le loisir de raconter des détails sur tant de choses qu'ils avaient vécues, l'un loin de l'autre, voire avant qu'ils se rencontrent. En admettant, évidemment, que le semi-drow eût accepté de lui raconter par le menu ses escapades plus ou moins clandestines, dont il n'était pas forcément toujours fier. De son côté, Mornagest avait lui-même beaucoup de choses de son passé qui lui faisaient honte.

Songeant à cela, il ressentit un malaise, comme une boule dans l'estomac. Pourquoi ? Il ne comprit pas. Il avait l'impression de repenser à quelque chose qu'il avait commis avant, un crime atroce ou une décision mortelle qu'il aurait prise. Mais il ne parvenait pas à s'en souvenir... la sensation désagréable perdura quelques instants, et il eut l'impression d'avoir la nausée. Peut-être l'air vicié du mausolée ?

Lentement, le malaise se résorba et disparut de façon aussi inexplicable qu'il était arrivé. Il cligna quelques fois des yeux, respira lentement, et regardait le mur du passage secret reprendre sa position initiale tandis que Hadlis manipulait le gisant une seconde fois.

Le mécanisme était remarquablement conservé en regard de son ancienneté, si Sylas ne se trompait pas sur l'estimation de l'âge du mausolée. Avec un peu de chance, l'autre passage pourrait être révélé aussi facilement... mais comment ? L'autel et les statues paraissaient des supports assez évidents, mais il y avait éventuellement une autre piste.

"Et si le gisant devait simplement être manipulé dans l'autre sens pour ouvrir le passage de droite ? Rien ne dit qu'il ne peut pivoter que sur un côté..."

Cela semblait trop simple pour être la solution, mais... pourquoi ne pas tenter ?

[Lothringen]

Entendant la suggestion, Hadlis s'empressa de la suivre et on l'entendit quelques instants se débattre avec le couvercle du gisant.

"ça vient..." commenta sobrement le garde tandis que la pierre frottait sur la pierre. Un bruit de roulement semblable à celui qu'ils avaient entendu lors de l'ouverture de la porte résonna dans le couloir trop vide, puis plus rien. Devant eux, la porte était toujours close, mais celle de gauche s'était refermée.

"On dirait que ça a a ouvert une autre salle, dans le couloir de droite", annonça Hadlis. "Je vais voir..."
On entendit le guerrier tirer l'épée et s'avancer de l'autre côté du mausolée.
"Attend..." lança un mage, se rappelant soudain qu'ils n'avaient pas vérifié l'absence de pièges dans cette zone.

Trop tard - on entendit un bruit de déflagration, semblable à un sort d'éclair, ainsi qu'un cri sonore d'Hadlis. Quand ils revinrent en courant sur leurs pas et parvinrent dans le hall d'entrée, en vue du couloir de droite, ils virent à la lueur de la torche de Losha qu'Hadlis gisait par terre, recroquevillé sur lui-même. Son armure était encore agitée de décharges bleuâtres. Il en fallait plus pour le tuer, mais il semblait mal en point. Derrière lui, on devinait vaguement qu'une petite salle venait de s'ouvrir au fond du couloir, sur la droite. Le manostien gisait au beau milieu de l'entrée.

[Mornagest]

Il soupira doucement de soulagement : ils allaient enfin pouvoir explorer les lieux. Et l'espoir revenait timidement : trouver la statue, la ramener à la vie, la faire coopérer... hum, les étapes risquaient d'être difficiles.

Lorsqu'Hadlis cria, Mornagest se "réveilla" de son songe un peu plus optimiste qu'à l'accoutumée. Le répit n'était jamais long... tous coururent et purent voir le garde affalé au sol, le corps traversé de soubresauts légers mais impressionnants. Le piège électrique semblait avoir bien fonctionné... Mornagest regarda vers Sylas et le héla.

"Vous avez de quoi le soigner ?", demanda-t-il, un peu de panique dans la voix. La tension était remontée d'un cran de façon très rapide...

[Lothringen]

"Oui, gardez votre calme..." répondit Sylas en se précipitant. Il lança un soin des blessures moyennes sur le garde qui se rassit par terre, sonné.
"C'est stupide... c'est de ma faute..." marmonna Hadlis tout en se massant les membres.
"ça va aller ?" lança Haldir. Plus alarmé que les autres, le guerrier s'était accroupi auprès de son jumeau et lui tenait les épaules.
"Un peu de repos et il n'y paraîtra plus."

De leur côté, Losha et sire Rowan étaient partis explorer, à la faveur de la torche, la petite salle sur la droite. C'était l'exacte réplique de la petite salle latérale du couloir de gauche : un autel, des chandeliers, une petite ouverture...

"Bon, les choses deviennent plus claires. Je parierais qu'il y a quelque chose à activer dans chacune de ces deux salles, et que ça ouvrira le fond du couloir. Il nous faudra une personne pour manipuler le gisant, et... ah... j'allais oublier ! Mornagest, allez faire le guet à l'entrée pendant que nous cherchons !"

Cela faisait un moment maintenant qu'ils hantaient ce mausolée et si le couple avait donné l'alarme, ils n'avaient plus beaucoup de temps devant eux.

[Mornagest]

Haldir et Mornagest aidèrent le frère à se remettre debout. Il restait sonné, mais les symptômes disparaîtraient vite et il n'en garderait qu'un mauvais souvenir. Plus de peur que de mal...

Pendant ce temps, l'exploration se poursuivait, car le temps pressait. Sire Rowan donna un ordre à Mornagest, qu'il mit un instant avant de comprendre, avant de s'exécuter spontanément, comme si son rôle n'avait guère changé malgré les événements récents.

Le guerrier se posta donc à l'entrée du mausolée, les sens aux aguets. Plus question de commettre d'autres erreurs et de risquer d'attirer l'attention avec un vacarme épouvantable. D'autant qu'il ignorait sur qui ils allaient tomber si des gardes étaient envoyés. Peut-être des gardes qui le reconnaîtraient... il frémit à cette pensée. La réaction serait implacable, et toute une troupe serait envoyée à leurs trousses. Ou du moins, aux siennes.

[Lothringen]

Alors qu'il tentait de vérifier les allées et venues extérieures sans se rendre repérable, Mornagest sentit la tension monter derrière lui. Ses compagnons fouillaient la nouvelle pièce avec empressement, tentant diverses choses – faire pression sur les pierres les plus accessibles, renverser les chandeliers, soulever la pierre de l'autel ; il entendit même l'un d'eux se démener dans son dos, auprès des statues. Enfin, le groupe revint dans le hall d'entrée et sire Rowan lui apprit qu'ils avaient trouvé un mécanisme à pression, comme Sylas l'avait suggéré, dans la cache de l'autel. Haldir s'affairait à présent à manipuler à nouveau le gisant, afin de réitérer l'opération dans la petite salle du couloir de gauche.

De son côté, Mornagest entendit distinctement grandir un roulement de bottes sur les graviers au bout de l'allée. C'était le bruit de pas d'une troupe compacte, allant bon train : certainement pas des visiteurs. Le vacarme s'amplifiait rapidement ; la patrouille n'allait pas tarder à passer l'angle.

[Mornagest]

Il lui semblait que les autres fouillaient à une allure d'escargots. Comment trouveraient-ils ce fichu mécanisme en traînant autant ?

Soudain, le cœur de Mornagest manqua un battement. Il venait d'entendre des bruits de pas, au-dehors. Des bruits qui n'annonçaient rien de bon : ils se rapprochaient, et semblaient nombreux. Sûrement pas une procession funéraire, vu le rythme... Le guerrier fit signe à ses compagnons les plus proches, osant à peine ouvrir la bouche.

"On vient... et vite !"souffla-t-il, la voix étranglée. Ils n'avaient même pas établi un plan pour tenir une position en cas d'attaque... il leur faudrait tenir l'escalier et le couloir en rang serré pour espérer repousser un assaut, car les gardes devaient sûrement être nombreux pour se défaire de leur troupe signalée par les deux promeneurs de tantôt.

[Lothringen]

Et c'est à ce moment précis qu'Haldir réussit à déclencher le mécanisme du gisant, fermant la petite pièce latérale du couloir de droite, rouvrant celle du couloir de gauche. Le mécanisme était certes en excellent état, mais n'en était pas moins bruyant et clairement audible depuis l'allée : rien de tel pour attirer les gardes qui les cherchaient.

"Repli dans le couloir de gauche", marmonna sire Rowan, tendu. "Les mages devront se débrouiller seuls pour la statue. Hadlis, donnez-leur un parchemin."

L'ordre fut rapidement exécuté. Rowan, Haldir, Losha et Mornagest se placèrent en ligne, tenant ainsi la largeur du passage, cependant que Sylas et Hadlis à l'arbalète se plaçaient derrière eux, avec un mage. Le second mage - celui au lapin blanc - allait devoir déclencher le mécanisme à pression dans la petite salle, explorer seul la chambre funéraire, et y dépétrifier la statue, s'il la trouvait. Mais il y avait fort à parier qu'ils n'auraient pas de rapport sur ses tentatives avant un moment, vu ce qui s'approchait.

Le bruit de bottes allait grandissant. On montait désormais les escaliers du mausolée. Les états d'esprit étaient divers. Alors que Mornagest redoutait d'être reconnu, Haldir tentait en vain d'estimer le nombre des assaillants, sire Rowan de trouver une position qui lui permette de ne pas gêner les mouvements de ses voisins, et Losha de positionner son bouclier et ses pieds de manière à parer au mieux une charge massive.

Enfin ils entrèrent, ouvrant en grand la porte branlante. Ils n'en virent d'abord que cinq ou six, mais d'autres attendaient dehors. A leur tête, un officier de la garde de Melandis qui les embrassa du regard d'un air peu amène.

"Des pilleurs de tombes ? Vous avez dix secondes pour déposer les armes."

[Mornagest]

Mornagest retint son souffle. Il ne connaissait pas le chef de l'escouade, mais c'était prévisible : à l'époque, il y avait beaucoup de gardes en ville, et les troupes avaient aussi probablement changé depuis la prise de pouvoir de l'empereur, le début de la guerre, les désertions, les arrestations... peut-être tous ceux-là ne l'avaient-ils jamais vu non plus, et le risque d'être reconnu en serait d'autant amoindri.

Déposer les armes ? C'était mal le connaître, lui. Il avait changé, mais pas au point de perdre son opiniâtreté... cependant, il n'était pas seul, et la survie de ses camarades dépendait en partie de la réponse qu'ils allaient donner à l'invective. Et, bien sûr, du combat qui allait immanquablement suivre, car aucun d'entre eux ne souhaitait se rendre, c'était sûr. Néanmoins, le guerrier se contenta de regarder sire Rowan. C'était lui qui devrait prendre la décision. Il restait leur capitaine, malgré la fin de la Garde Blanche.

En attendant, Mornagest tenait fermement la garde de son épée. Il était tendu à l'extrême.

[Lothringen]

Évidemment, du côté des manostiens, l'idée d'une reddition avait peu de succès. Encore moins face à des mélandiens, sur leur sol, en pleine guerre, et alors qu'on pourrait leur soutirer par torture ou par magie des informations secrètes et capitales sur le devenir récent des deux conseillers. Car le rôle des pillards surpris ne tiendrait pas longtemps face à un regard un tant soit peu observateur...

Habitué à commander, sire Rowan endossa sans rechigner le rôle du porte-parole.

« Je ne crois pas » prononça-t-il d'un ton amusé. Comme s'il n'attendait que ce signal, Sylas se mit à incanter, bientôt imité par un mage.

De leur côté, les gardes pénétraient dans le hall les uns après les autres. Il y en avait au moins une quinzaine – en apprenant leur nombre, les mélandiens n'avaient pas lésiné. Leur officier avisa la situation : quatre hommes seulement leur faisaient barrage en première ligne ; si bons combattants qu'ils soient, pouvaient-ils espérer tenir le coup face à la simple force du nombre ?

« Tant pis pour vous. Chargez ! »

Ses hommes se mirent à courir en leur direction, en rangs serrés, bouclier levé. Sire Rowan plaça son écu en travers, devant Mornagest qui n'en avait pas, lui saisit le bras, et s'arc-bouta en avant, une jambe devant, une jambe derrière, pour soutenir le choc. Qui fut à couper le souffle, et les fit reculer d'au moins trois pas...

[Mornagest]

L'assaut était inévitable. Sire Rowan n'aurait pas abandonné le combat face à quelques mélandiens, alors qu'il avait vécu tant de batailles à l'issue bien plus incertaine. La dernière en date était celle face au démon et à ses alliés dans la mine abandonnée...

Les gardes chargèrent, et le capitaine s'interposa avec son bouclier pour recevoir la charge. Lui et Mornagest durent reculer pour éviter de basculer en arrière, mais ils tinrent bon, et la bataille put alors commencer sans avoir souffert ce désavantage certain. Mornagest s'assura tout de même que les gardes qui suivaient ne tentaient pas de forcer le passage de cette façon ; il pourrait les accueillir avec la lame de son épée pour essayer d'en embrocher l'un ou l'autre.

Néanmoins, il n'aurait sans doute pas ce luxe : un des gardes le prenait déjà à partie, et avec un peu de malchance, un second, voire un troisième, viendrait se joindre au premier. Heureusement, le guerrier avait suffisamment de place pour manier son épée sans trop d'encombres, mais il se sentait tout de même moins à l'aise qu'au-dehors, dans une rue obscure de la Melandis qu'il avait jadis si bien connue.

Démarra alors une succession de passes, de feintes, d'attaques furieuses et d'esquives au dernier moment. Les gardes avaient des boucliers, ce qui les rendaient moins mobiles. Et viendrait rapidement se poser le problème de l'encombrement des lieux, avec toute cette escouade. La mêlée complète n'était pas loin...

[Lothringen]

Si la charge violente des mélandiens n'avait mis personne par terre, du moins avait-elle obtenu un autre des effets souhaités : elle avait brisé la ligne. Côte à côte, Mornagest et sire Rowan se battaient un ou deux pas en avant de leurs camarades, ce qui facilitait peut-être le maniement des armes, mais laissa aussi toute latitude à l'adversaire de s'engouffrer dans la brèche. Bien qu'il ne fût pas vraiment en forme, loin de là, après le piège qu'il s'était pris, Hadlis n'eut d'autre choix que de les rejoindre, afin d'empêcher l'ennemi de les prendre à revers. Sylas en fit bientôt autant, après avoir fini un sort qui semblait les aider un peu – un cantique, ou une prière, sans doute. Derrière eux, ils entendaient vaguement les incantations d'un mage. Malheureusement, l'escouade qui menait l'assaut avait elle aussi ses lanceurs de sorts.

La mêlée était d'une confusion extrême et ne leur laissait de toute façon pas le loisir de prendre une pause, si infime fût-elle, pour considérer la situation. Ils se battaient à un contre deux, parfois plus, et devaient se concentrer sur les lames qui virevoltaient à proximité de leurs bras, de leurs gorges, de leurs yeux... sous peine de mort. Très vite survinrent les premières estafilades, mais dans l'exaltation du combat, ils ne les sentirent pas. Un ou deux corps de soldats tombèrent à terre, encombrant le passage : ils ne s'étaient pas assez défiés du niveau des « pillards. » Mornagest reçut une blessure à l'arcade sourcilière – peut-être en avait-il d'autres, à vrai dire, mais celle-là le gênait particulièrement, parce que le sang l'aveuglait.

[Mornagest]

Le combat avait rapidement viré à la mêlée indescriptible. C'était prévisible, mais cela n'en enlevait pas le caractère difficile à suivre. Quant à évaluer la situation, c'était impensable. La faible clarté et la confusion rendait la chose impossible, et, de toute façon, inutile : ils étaient peu nombreux, et s'il ne restait plus qu'un ou deux survivants, ils s'en rendraient alors vite compte, hélas.

Blessé au-dessus de l’œil, Mornagest devait fréquemment s'éponger le front du revers de la main gauche, ce qui lui faisait perdre un temps précieux et baisser son attention à chaque fois. Pourquoi n'avait-il pas de casque ? Cela lui aurait ôté cette gêne qui pouvait s'avérer mortelle. Tout cela pour une simple égratignure...

Les moulinets se poursuivaient, les incantations également, et les grognements des efforts des protagonistes résonnaient par-dessus tout cela dans le mausolée resté si calme pendant de longues années. Avec tout cela, la Garde n'avait même pas pu apprendre s'ils touchaient au but... Mourraient-ils sans savoir ?

[Lothringen]

Un sortilège l'affecta : sortilège lancé par un prêtre ennemi, douloureux mais bref. Une sainte punition ? Mauvais signe, ils avaient identifié la supercherie. Un autre répondit, venu de derrière celui-là : un sort de lenteur, qui affecta les gestes de la première ligne des soldats mélandiens. Deux d'entre eux tombèrent alors, Haldir et Rowan ayant su aussitôt mettre à profit l'avantage. Cela faisait encore plus de corps par terre, encore plus de gêne pour manœuvrer. Gêne qui était du côté de l'adversaire, pour l'instant, mais pouvait se retourner contre eux au premier instant d'inattention. Ils étaient meilleurs guerriers, certes, mais de là à tenir longtemps face à des adversaires en surnombre, qui avaient peut-être déjà envoyé chercher des renforts ?

Un cri fusa de l'arrière, mais Mornagest ne comprit pas ce qui était dit.
C'était à peine audible par dessus le fracas des épées. On aurait dit que c'était l'un des mages.
Sir Rowan, défiant - on pouvait fort bien créer des illusions auditives pour désorganiser l'ennemi - demanda d'une voix plus forte : « Qui parle ? »
Son interlocuteur força la sienne.
« Erwan ! Lapin ! Repli ! »
Apparemment convaincu, le capitaine relaya l'ordre.
« Repli dans la salle ! Resserrez le rang ! »

[Mornagest]

La confusion grandissait encore. Les sortilèges s'échangeaient entre magiciens et prêtres, et les bénéfices des uns contraient les maléfices des autres... toutefois, Mornagest put voir qu'Haldir et Rowan venaient de mettre au tapis deux de leurs adversaires. De quoi souffler un instant, mais combien étaient-ils en tout ?

Soudain, l'ordre fusa, et le guerrier ne comprit pas tout de suite ce qu'il se passait autour de lui. Un repli ? Pourquoi faire ? Ils n'étaient pas plus mal positionnés ici qu'enfermés dans une salle où il serait facile d'envoyer des sortilèges permettant de les brûler vif. Y avait-il un maléfice dans l'air, une fois encore ?

Néanmoins, son instinct lui fit obéir aussitôt, et Mornagest assura ses arrières tout en reculant vers la position donnée par sire Rowan. Les magiciens manostiens avaient peut-être un plan pour prendre les gardes mélandiens en embuscade...

[Lothringen]

Un nouveau cri à peine audible vint du fond, leur précisant qu'on parlait de la chambre funéraire, et non de la petite salle latérale comme Mornagest l'avait d'abord cru. Elle était donc ouverte ? Après tout, le mage n'avait eu qu'à actionner la commande dans la petite salle, et il avait eu largement le temps de le faire depuis le début du combat... Il n'aurait sans doute pas entendu le bruit du mécanisme dans le chaos des affrontements. N'ayant pas le loisir de détourner la tête pour vérifier, le guerrier ne put que suivre le mouvement, se rapprochant de ses camarades qui tentaient de se rejoindre, en dépit des mélandiens imbriqués entre eux. Ils reculèrent en effet jusqu'à ce qui avait été le fond du couloir, et constituait désormais un simple seuil. Encore un pas en arrière, trois mélandiens avec eux, et... la porte retomba lourdement sur deux de leurs poursuivants. L'un d'eux faillit rester coincé dessous mais fut secouru par les siens qui le tirèrent de l'autre côté. Restaient les trois hommes entrés avec eux, qui ne tiendraient pas longtemps face à ce retournement de situation*: les jumeaux et sire Rowan étaient déjà sur eux.

De son côté, Mornagest bénéficia d'un rare moment de répit, et en profita pour reprendre son souffle. La pièce était éclairée : un simple sort de lumière. Le mage au lapin blanc – Erwan, donc – se tenait près de la porte et venait de manœuvrer un levier. Sylas s'approchait d'une statue de petite taille, très réaliste, représentant une femme elfe portant armure, un bras levé devant son visage comme pour tenter de se protéger. Un sarcophage, en fond de salle, était brisé ; il y avait des os sur le sol, deux squelettes complets, ainsi que quelques débris d'armes et d'armures. Un violent combat avait eu lieu ici.

De l'autre côté de la porte de pierre, des appels, des cris.

[Mornagest]

La partie avait failli vraiment mal se terminer, mais heureusement, Mornagest s'est suffisamment rapidement rendu compte de son erreur avant de prendre la direction de la chambre funéraire. S'il avait été coincé seul au beau milieu de ces gardes... Il ne put retenir un frisson, malgré la chaleur ambiante due au combat. Combat qui allait s'achever rapidement, que les mélandiens se rendissent ou non... Il souffla.

Son regard tomba aussitôt sur la statue qu'examinait Sylas. Une femme elfe... la coïncidence n'était pas de mise, ici. C'était plus que probablement la sœur de Dorson, dont ils ignoraient jusqu'au nom, et dont la coopération future était plus qu'improbable...

Se posait aussi la question de savoir comment il faudrait la traiter. Elle risquait de se montrer désorientée, puis furieuse de se voir "libérée" par des gens qui ne voulaient que lui soutirer des informations. Et le problème de leur retour pouvait se poser s'ils n'arrivaient pas à la convaincre de les accompagner. À moins qu'il ne fût possible de l'attacher pour effectuer le voyage et argumenter plus tard.

Bref, les questions ne manquaient pas, contrairement au temps. Mornagest se tourna à nouveau vers les belligérants.

[Lothringen]

Ses trois compagnons semblaient gérer la situation, d'autant que Losha venait de relayer Hadlis à bout de forces. Sire Rowan lui fit signe de les rejoindre :

« Mornagest, venez nous aider ! Autant en finir le plus tôt possible... »
« N'ayez crainte, nous nous chargeons de la dépétrifier. Après, il ne nous restera plus qu'à lancer la téléportation », jeta l'un des mages.

Voyant la situation tourner très mal pour eux, les trois mélandiens s'étaient adossés à un mur et se battaient avec l'énergie du désespoir. Les manostiens ne semblaient pas d'humeur à faire de quartiers. Restait à savoir si le guerrier le souhaitait, lui. Il lui semblait bien que deux d'entre eux avaient tiqué quand le capitaine, sans y prendre garde, l'avait appelé par son nom.

[Mornagest]

Une seconde d'inattention pouvait changer bien des choses. S'être fait appelé par son nom véritable ne pouvait que donner l'alerte. Il ne restait donc plus que le choix de les tuer pour éviter qu'ils ne parlent, ou de les emmener avec eux, ce qui semblait complexe au vu du nombre limité de "places" pour la téléportation...

Remisant ses scrupules, Mornagest dégaina à nouveau son arme et se mit à combattre les gardes acculés, qui n'en auraient plus pour très longtemps avant de succomber sous les assauts.

Cependant, il serait bien resté auprès des mages. Que diraient-ils à la drow lorsqu'elle serait revenue à elle ? Comment allaient-ils l'empêcher de lancer des sortilèges ? Il ne pouvait pas tout faire à la fois. Son ardeur redoubla donc pour se débarrasser des gardes au plus tôt.