Quête : Les caprices de Fortune - à Melandis : coeur de pierre

[Lothringen]

Face à un adversaire en surnombre, les trois gardes ne tinrent pas longtemps. Après quelques échanges à peine, Losha taillada bientôt la cotte du premier d'un coup de bûcheron en pleine poitrine, qui le fit tomber sur les genoux, puis à terre, sans un bruit. Sire Rowan décapita le second quelques instants plus tard, profitant d'une erreur de parade de ce dernier, qui regardait tomber son camarade. Ils se rabattirent sur le troisième, en proie à la panique. C'est un coup de Mornagest en plein flanc qui le fit tomber – l'homme était grièvement blessé, mais pas encore mort. La main inutilement crispée sur sa plaie dont le sang coulait abondamment, il leva vers le guerrier un regard qui fibrait de peur. Haldir l'acheva en lui tranchant la gorge.

Quand il se retourna, le cœur encore battant, Mornagest put voir que les mages avaient pendant ce temps-là utilisé le parchemin de dépétrification sur la statue, qui s'était métamorphosée en drow. Elle avait les traits fins, plutôt gracieux. Même pour sa race, elle semblait de petite taille et menue, presque gracile. Tremblante, désorientée, apparemment très affaiblie, la femme était effondrée dans les bras de Sylas, sans lesquels elle n'aurait pu tenir débout. Aucun risque qu'elle ne lance un sort pour le moment...
Le prêtre grogna à la cantonade :
« Débarrassez-moi, si vous voulez que je l'aide... On ne peut pas la téléporter dans cet état. »

[Mornagest]

Le combat achevé, Mornagest prit quelques profondes inspirations pour ramener un semblant de calme en lui. Combattre des mélandiens avait été plus difficile qu'il ne l'aurait cru, encore plus en sachant que ceux-ci l'avaient probablement reconnu, sinon physiquement, au moins sur la base de son nom. Les anciens démons du passé ressurgissaient, et ce n'était pas agréable pour un sou... la tête lui tournait presque, et il s'efforça du mieux qu'il le put de se focaliser sur la situation présente, avec la magicienne drow revenue à la vie. Et qui venait de manquer s'évanouir dans les bras de Sylas.

Losha et Mornagest s'approchèrent donc d'elle pour la soutenir et la déposer au sol. Son poids très léger était étonnant, même au regard de son gabarit. Elle détonnait parmi tous ces grands guerriers en armures lourdes... Elle semblait exténuée ; le passage à l'état de statue devait être extrêmement éprouvant, et c'était déjà une chance qu'elle fût encore en vie après ce choc. Restait à espérer que la suite se déroulerait bien. Ou mieux que jusqu'à présent, en tout cas.

"Allez. La chance va peut-être nous sourire, cette fois", marmonna-t-il pour lui-même.

[Lothringen]

Sylas lança quelques sorts inidentifiés, au terme desquels la drow parut un peu plus apaisée ; les tremblements avaient cessé, et elle regarda autour d'elle en plissant les yeux avec effort, allant d'un visage à l'autre, sans comprendre. Ses souvenirs étaient confus, et il n'y avait là que des inconnus. Des surfacins.

vel'uss ph'dos ? vel'bol xun dos ssinssrin dal uns'aa ? murmura-t-elle enfin, encore choquée, tout en s'efforçant de se redresser sur les avant-bras. Etait-ce qu'elle ne parlait que le drow ?

Erwan lança un sort, avant de pester contre la résistance des drows à la magie. Son collègue réitéra la tentative : elle s'effondra à nouveau, endormie.

« Bon ! On peut l'emmener maintenant, elle devrait supporter le voyage. » conclut Sylas, pragmatique.
Losha pour sa part ne cacha pas son impatience d'en finir avec Melandis et ses soldats qui continuaient de s'agiter derrière la porte, et finiraient par trouver moyen de la rouvrir.
« Alors rassemblons-nous et téléportez-nous rapidement. Je n'ai pas envie de moisir ici davantage »
« Minute ! reprit Erwan. Vous oubliez que nous serons à notre tour en piètre état à l'arrivée : il faut l'entraver. Et puis, quelle destination devons-nous choisir ? »

[Mornagest]

La voilà qui était prête pour subir la téléportation. Il ne fallait plus traîner, car les renforts allaient arriver côté mélandien, et il ne serait plus question d'user de ruse pour s'en sortir, cette fois...

Tandis que chacun s'affairait pour trouver de quoi ligoter la magicienne, Mornagest appliqua soigneusement un bâillon sur sa bouche. Il avait appris quelques rudiments de connaissances sur la magie grâce à Lothringen, et il n'avait pas oublié que certains sortilèges pouvaient être jetés uniquement en prononçant les bonnes paroles...

Restait la question de la destination. Un lieu sûr... il aurait juré n'en connaître plus aucun, désormais. Mais pourquoi ne pas revenir à Cojum, au temple de Tymora ? Il s'adressa à Sylas.

"Pourrions-nous trouver refuge auprès de vos collègues à Cojum ? Il faudra du temps pour préparer le voyage vers Féérune, et de quoi maintenir la magicienne hors d'état de nuire..."

[Lothringen]

Sylas réfléchit quelques instants, hésitant.

« Hé bien, je suppose que oui... Le grand-prêtre s'est plutôt montré coopératif,et je crois qu'il a vu d'un bon œil que je vous accompagne... Oui, nous serons bien accueillis. »

Les mages étaient plus perplexes.

« Nous ne connaissons pas les quartiers des prêtres, et nous ne pouvons nous téléporter en plein temple ou sur le parvis sans attirer beaucoup trop d'attention... S'il faisait nuit, ce serait envisageable, mais au beau milieu de la journée... »

« Je préfèrerais ne pas me rappeler au bon souvenir du gouverneur de Cojum », intervint Sire Rowan. « Quant aux moyens de coercition, vous êtes bien placé pour savoir que nous en avons quelques uns, Mornagest... »
« Et notre destination ? » reprit Erwan. « Le temps presse... »

[Mornagest]

Les avis étaient partagés, et il fallait trancher au plus vite.

"N'importe quel endroit que vous connaissiez suffisamment pour ne pas se retrouver dans un autre plan, dans ce cas. En pleine nature s'il le faut, cela n'a pas d'importance, du moment que nous quittions ces lieux sur-le-champ !"Sa voix était teintée d'agacement. Pourquoi n'avaient-ils pas décidé de cela avant de commencer le périple ? C'était idiot... il fallait agir, maintenant.

[Lothringen]

Un silence un peu gêné plana quelques instants après cette sortie. Dans son énervement, Mornagest avait repris un ton de commandement que ses camarades ne lui connaissaient pas. Une voix de chancelier défunt, pour mieux dire... Il vit Haldir détourner aussitôt les yeux et se mordre les lèvres pour retenir un commentaire que son capitaine n'aurait pas toléré. Faisant mine de ne rien remarquer, ce dernier trancha.

"Renvoyez-nous à la prairie où nous avons retrouvé Hugues attaché à son arbre."

Les mages hochèrent la tête ; ils avaient suffisamment exploré la zone pour bien l'avoir mémorisée l'un et l'autre. Ils commencèrent aussitôt l'incantation, tandis qu'on achevait de ligoter la drow et que tous se rassemblaient autour des deux lanceurs de sorts. Sylas reprit le corps inanimé dans ses bras. De l'autre côté de la porte, le vacarme ne faiblissait pas : ils distinguèrent même le roulement caractéristique du mécanisme de l'autel, tandis qu'une autre porte, tout près, s'ouvrait et se fermait. Puis retentit le cri de victoire du soldat heureux d'avoir trouvé la solution. La suite disparut dans le maelström de sensations désagréables propre aux téléportations...

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