[Lieu] Une cité perdue

[Galathée]

Albérich se rapprocha de son cadet, sans se soucier des insectes qu'il écrasait au passage, puis se remit à incanter.

Albérich -> Cercle contre le Mal -> Marcus (et 3 mètres de rayon autour de lui).

Ces créatures devaient fatalement être convoquées, et elles ne franchiraient donc pas la barrière... Sauf si elles étaient de nature bonne, ce dont le clerc doutait.

[Taliesin]

Elles ne l'étaient pas, en effet, et elles furent instantanément repoussées hors du cercle, ce qui n'en fit que davantage sur les malheureux situés hors de sa protection.
La cérémonie se poursuivit, certains se concentrant pour y joindre leur foi, d'autre s'efforçant de lutter contre les ignobles créatures qui rampait sur leur peau sans trop la déranger...
L'ambiance était tendue, c'était le moins que l'on puisse dire.
Et nul n'aurait su dire combien de temps encore il faudrait tenir.

[Galathée]

C'était presque ridicule : ils étaient envahis par le sang et les insectes, sans savoir quoi faire, sinon tenir le coup jusqu'à l'ouverture des yeux de cette statue. Depuis combien de temps cela durait-il, déjà ? Les autres cérémonies avaient duré moins d'une demi-heure, mais vu l'état de la chapelle, il était difficile d'anticiper sur ce qui serait nécessaire cette fois.
Albérich sentait la frustration l'envahir, mais il était obligé, comme chacun, de prendre son mal en patience. Attendre, espérer, prier, demeurer vigilant en cas de surenchère...

[Taliesin]

Quelques minutes supplémentaires passèrent tandis que la plupart des personnes présentes luttaient toujours contre les créatures qui, éllègrement, usaient de leur dard pu de leurs mandibules pour meurtrir les chairs.
Puis, subitement, un vant glacial et méphitique balaya la pièce, soufflant tous les cierges, toutes les torches, plongeant l'endroit dans la plus absolue des obscurités.
Seul Hubert y voyait encore et, dans l'immédiat du moins, il ne distingua rien de particulier.

[Galathée]

Ça, c'était dans les cordes d'Albérich. Il toucha le premier pilier, le premier banc, la première surface à sa disposition, et incanta.

Albérich -> Lumière

Tout en murmurant les mots de son sortilège, il vit qu'Hubert, de son côté, en avait fait de même en touchant la statue d'ange.

[Taliesin]

D'autre les avaient imité et la lumière ne tarda pas à revenir.
Les insectes semblaient s'être dispersés.
Ne restaient que leurs compagnons, tâchés du sang tombé un peu plus tôt du plafond.
Leurs compagnons et...
Des silhouettes sombres et translucides en train de se matérialiser.

[Galathée]

Albérich serra le manche de sa masse mais chercha aussi la compagnie d'un des jeunes paladins lathandrites, le plus proche de lui. Hubert avait raison : il avait besoin d'un protecteur en cas d'incantation. Il supposa que Thibault en ferait de même avec ses deux co-réligionnaires. Hubert, de son côté, s'était positionné auprès de Marcus, en garde. Hormis l'intendant, plus personne ne pouvait se permettre de prier.
" Préparez-vous !" lança Albérich d'une voix forte.
Vu que les agresseurs avaient réussi à éviter la porte et son glyphe, il faudrait les recevoir de front.

[Taliesin]

L'on tira les armes - hormis Marcus qui, après une hésitation, reprit son chant.
L'on s'écarta des silhouettes.
Silhouette qui se précisaient peu à peu et dont la substance semblait émaner du sol.
Elles ne prirent cependant pas l'apparence distincte et reconnaissable de fantôme.
Non, elles demeurèrent des silhouettes.
Et ils furent plusieurs, de par leur profession, à comprendre de quoi il s'agissait.
Des âmes en peine.

[Galathée]

Albérich sentit son sang se glacer et sa résolution se raffermir de concert. Des morts-vivants. L'abjecte pantomime de la non-vie. La mission première des servants de Lathandre.
Il n'y avait pas d'hésitation à avoir. Il saisit son symbole divin, le leva et y canalisa l'énergie de Lathandre.

Albérich -> Renvoi des Morts-Vivants

[Taliesin]

Face à cinq paladins, à un clerc de la puissance de Thibault et surtout face à Albérich, les créatures, aussi puissantes soient-elles, n'eurent aucune chance.
Mais avant de disparaître totalement, elles eurent le temps de distribuer quelques blessures, de-ci, de-là.
Et surtout de murmurer.
"Vous nous avez abandonnés..."
"Lâches... Traîtres..."
"Nous étions trop insignifiants pour que vous daigniez venir à notre aide..."
"Insignifiants... Dispensables..."
"Comme ceux que vous avez envoyés à la mort dans les Landes..."
"...qui sont déjà tombés mais qui se relèveront, comme nous..."
"...pour se venger..."
"...se venger..."
Le mot résonna encore quelques instants même après que la dernière créature se soit volatilisée.

[Galathée]

Albérich ne se laissa pas atteindre par cette litanie de récriminations spectrales et se tourna vers Marcus, joignant sa ferveur à celle de l'intendant, à celle de ceux qui avaient encore l'énergie de les imiter. Il y avait des blessés, il le savait, mais d'autres pouvaient se charger d'eux. Les blessures infligées par les âmes en peine étaient cruelles, et pouvaient durablement diminuer un homme, mais il n'avait pas le temps d'y songer. Il devait aider Marcus à éveiller la statue, absolument, avant que l'ombre ne leur envoie d'autres servants...
Les accusations des créatures le poursuivirent, cependant. Etait-il possible qu'elles soient vraiment issues des colons qui avaient été torturés dans ces lieux ? Il comprenait leur désarroi, leur souffrance, leur déception, même leur esprit revanchard... Mais ce qu'ils avaient dit sur la colonne l'inquiétait. Dès que la cérémonie serait terminée, il contacterait Rebecca.

[Taliesin]

Le rituel se poursuivi, avec une assistance plus restreinte que jamais... mais plus dévote que jamais.
Malheureusement, Guillermo donna bientôt l'alerte.
On entendait du bruit, au dehors.
Des pas dans la neige.
Le battement d'ailes dans le ciel.
Nombreux, dans un cas comme dans l'autre.

[Galathée]

Albérich interrompit ses prières pour reculer vers la porte. Hubert hésita, le clerc le vit. Il se porta à hauteur de l'un des paladins lathandrites.
" Va défendre Marcus."
C'était un preux de l'Aster, c'était sa mission. Même s'il avait envie de combattre des démons, il devait avoir cette vocation en lui, du moins Albérich l'espérait-il. La puissance d'Hubert était nécessaire à l'endroit où se ferait le choc. Tout en reportant son attention sur l'extérieur, le Luménien songea que cette chapelle devait être drôlement importante pour qu'on essaie à ce point de les en déloger. C'était une satisfaction, quelque part... pour autant qu'ils parviennent à retenir l'assaut à venir.

[Taliesin]

Le paladin s'était exécuté mais... de très mauvaise grâce.
On avait beau tourner la chose comme on voulait, on en revenait au même point : s'éloigner du lieu de l'action pour aller se planter aux côtés d'un clerc tandis que tout le monde se rassemblait pour livrer bataille, c'était juste... horrible, pour quelqu'un de sa profession.
Tandis qu'il s'éloignait en traînant des pieds et en grommelant copieusement, ses compagnons prenaient pour la plupart la direction inverse.
Les sons se précisaient.
L'ennemi était nombreux.
Désagréablement nombreux.
Mais subitement, quelqu'un poussa un cri, derrière Albérich.
Avant même de se retourner, il savait ce qu'il allait découvrir.
Car il se sentait bien. Apaisé. En sécurité.
Les yeux de la statue s'étaient illuminés.

[Galathée]

Albérich ne relâcha pas sa vigilance pour autant : il voulait être certain que cela suffirait. Et peut-être voulait-il en voir les effets, également... Une victoire de la lumière, après toutes ces morts. Mais Marcus devait être épuisé, aussi irait-il le soutenir s'il devait s'avérer qu'ils étaient désormais parfaitement en sécurité...

[Taliesin]

Au dehors, le silence s'était subitement fait.
Il perdura de longes secondes.
Puis les bruits de pas, le son des ailes battant l'air se refirent entendre.
Mais ils s'éloignaient, désormais.

[Galathée]

Ils avaient réussi. Albérich ne s'était pas permis d'imaginer les retombées pour le groupe resté au palais dans le cas contraire, mais il ressentit un profond soulagement, couplé à une fatigue tout aussi profonde, mais aussi un peu d'exaltation. Il percevait, autour de lui, les gens se détendre. Une fois convaincu que la menace avait renoncé, Hubert pourrait leur rouvrir le passage, et ils rentreraient. Mais d'abord féliciter Marcus pour sa résilience...

[Taliesin]

Le clerc s'était adossé à un mur. Il avait l'air à moitié sonné, ce qui ne l'empêcha pas de secouer vivement la tête quand Albérich lui adressa ses félicitations.
-Honnêtement, c'est moi qui avais la tâche la plus facile, répondit-il. Il me suffisait de faire ce que j'ai eu maintes occasions de faire depuis des années, sans me poser de questions. Vous, en revanche, vous deviez affronter tout ça...
Il sourit.
-Cela restera malgré tout la cérémonie la plus... animée à laquelle il m'ait été donné de participer.

[Galathée]

" Je crois qu'Hubert va rouvrir le passage... Certains ont pris des mauvais coups des âmes en peine... Il faudra sans doute préparer les sorts nécessaires pour demain."
Il soupira.
" Diable, j'ai même perdu toute notion du temps..."
Il se retourna vers les portes.
" Je pense que je vais dire un mot pour les gens qui ont été tués ici. Mais je vais attendre que tout le monde soit repassé de l'autre côté. Je pense que les gens ont eu leur dose de cérémonie lathandrite."

[Taliesin]

-Comment peut-on avoir sa dose de cérémonies lathandrites ? C'est exactement ce dont nous avons besoin, en ces circonstances...
Il sourit.
-Mais d'accord. De toute façon, de mon côté, je dois procéder à quelques vérifications dans nos inventaires.
Autour d'eux, la plupart de leurs compagnons s'abandonnaient au soulagement. Hormis Guillermo et quelques autres qui continuaient à surveiller les portes.

[Galathée]

Hubert était reparti vers le téléporteur qu'il venait d'actionner. Albérich alla jusqu'aux portes et rejoignit Guillermo.
" Vous pensez qu'ils vont revenir ? S'ils sont capables de forcer cette chapelle malgré son réveil, alors ils peuvent tout aussi bien être allés saccager les autres..."
Il lorgna vers l'extérieur.
" Il faudrait brûler les corps, encore..."
Il se tourna vers Thibault.
" Est-ce que tu sais enflammer le tas qui se trouve là-bas ? Je ne sais pas s'il te reste une colonne de feu ou quelque chose du genre... Ne le fais pas maintenant, cependant, si c'est possible. Je voudrais faire une courte cérémonie."

[Taliesin]

-J'ai ce qu'il faut en réserve et j'attends ton signale, dit simplement le Sunite.
Guillermo, lui, ne quittait pas l'extérieur des yeux.
-Je ne crois pas qu'ils vont revenir. Mais je serai plus tranquille quand les corps auront été incinérés. Non qu'ils vous poseraient problème s'ils se relevaient mais... Ils ne méritent pas d'être souillés par une magie néfaste.

[Galathée]

" Alors vous allez devoir supporter une cérémonie lathandrite de plus." dit le Luménien avec un léger sourire, avant de retourner vers le téléporteur où Hubert faisait partir ceux qui le pouvaient désormais.
Albérich chercha alors Giovanni des yeux. Il savait que le barde était quelque part dans la chapelle, mais il n'avait pas vraiment surveillé l'endroit où il se trouvait pendant la pluie de sang et d'insectes.

[Taliesin]

Le barde, pâle et défait, esquissa néanmoins un sourire en l'apercevant.
-Avant de me dire que je n'aurais pas dû venir, sache néanmoins que j'ai éliminé vingt-trois mouches, quinze vers et neuf araignées. Si si, j'ai compté. Hum, et j'ai aussi essayé de prier. N'étant ni prêtre ni paladin, je pense que la Dame ne m'en voudra pas de cette petite infidélité. D'autant qu'il est de coutume de prier les dieux dans les situations qui les concernent plus particulièrement... Or, nous avions besoin d'espoir, pas vrai ?

[Galathée]

" Je n'avais pas l'intention de te dire quoi que ce soit de ce genre, dit Albérich doucement. Je voulais juste m'assurer... que tout allait bien."
Il lui sourit et lui pressa l'épaule.
" Mais nous avons besoin d'espoir, oui. Et la victoire d'aujourd'hui doit servir à cela : le nourrir même quand il a du mal à briller dans la nuit."

[Taliesin]

Il sourit à nouveau.
-En tout cas, sache que tout va bien. D'accord, je n'aimais déjà pas beaucoup les insectes avant ça et je crois que je vais désormais développer une phobie virulente mais en dehors de ça... ça roule. J'ai même eu l'impression, un moment, de me retrouver dans l'atelier de l'lun de ses peintres expérimentaux... Comment appellent-ils leur mouvement, déjà ? Ah oui : l'Art contemporain. Si j'ai bien compris, ça consiste à faire n'importe quoi, comme balancer de la peinture de partout, puis à trouver à postériori un discours savant pour expliquer le résultat. Ben là, quand le sang s'est mis à gicler de partout, ça y ressemblait un peu.

[Galathée]

Pendant une seconde, Albérich se demanda si Giovanni allait si bien... s'il n'avait pas perdu l'esprit. Vu le spectacle horrifique que les démons avaient mis en scène pour les déstabiliser, ça n'aurait pas été impossible. Mais non... Il avait simplement trouvé sa parade personnelle.
" Très... intéressant." dit-il finalement.
Il désigna ensuite le téléporteur.
" Si tu veux, tu peux rentrer... Sinon, je vais faire une dernière petite cérémonie en l'honneur des colons qui ont perdu la vie..."

[Taliesin]

-A combien de cérémonies par jour en sommes nous ? Dix ? Vingt ? Certaines personnes, que je ne nommerai pas, verraient là les prémisses d'une théocratie à venir...
Il se fit plus grave.
-Mais je vais rester. Une cérémonie de temps à autre, ça me va largement mais ayant travaillé dans des temples, je suis habitué à en voir beaucoup, beaucoup plus. Et puis... J'ai voyagé avec les défunts depuis des mois... Je leur dois bien ça.

[Galathée]

Il était sans doute temps d'officier. Albérich attendit que les dernières personnes présentes le soient de leur plein gré et commença. Il ne fit pas très long, demanda pardon aux suppliciés pour n'avoir pu les sauver, recommanda leurs âmes tourmentées à Lathandre, leur promit la lumière et le souvenir, de vaincre l'ombre en leur nom, leur honneur. Il déroula ensuite la liturgie habituelle des enterrements, termina par deux cantiques, puis pria Lathandre pour clôturer la cérémonie. Il fit ensuite signe à Thibault. Les Lathandrites ne brûlaient pas leurs morts, mais c'était une nécessité, aujourd'hui. Personne ne méritait de revenir au monde sous forme de mort-vivant.

[Taliesin]

Thibault s'approcha juste assez du charnier pour pouvoir incanter. Et sitôt que sa colonne de feu se fut abattue sur les corps, il se détourna, ne cherchant pas à voir si ce serait suffisant : le spectacle était peut-être par trop rude pour lui et il laissa à ceux qui en avait la force de l'observer.
Le sortilège, puissant, n'avait pas laissé grand chose des dépouilles : aucun risque, dès lors, pour qu'elles se métamorphosent en zombies ou pour qu'elles attirent des goules.