[Quête] A travers la vallée...

[Galathée]

" Oh, il vous sentira, il sentira que je vous ai parlé... Il traversera la rivière. Je dois vous faire disparaître."
Il soupira.
" Disparaître, disparaître."
Il se mit à caracoler dans les feuilles mortes.
" Ou je peux vous retenir le temps qu'il arrive. Alors il me récompensera."
Il sembla alors à Taliesin qu'un bruissement émanait des sous-bois qui entouraient leur clairière, et il vit les buissons s'agiter, peut-être pousser...

[Taliesin]

Ah mais quel ignoble personnage !
Bon, il allait essayer de mettre cela sur le compte de la panique...
-Nous vous avons payé tribut, rappela-t-il sans en dire davantage - les implications du fait qu'ils aient respecté les règles lui semblaient évidentes. Et il doit bien y avoir un moyen pour qu'il ne nous sente plus...

[Galathée]

" Oh si, il sent. Il sait. Il voit. Dans les hêtres et les limaces, les russules et les lérots, les daims et les crapauds. Il voit, il sent, il dévore."
Le faune recula encore. Les buissons s'agitaient, grossissaient, entralaçant des ronces les unes aux autres, en un mur qui pourrait rapidement devenir infranchissable.
" Il se passe quoi ?" demanda Cordélia, peu rassurée.
Minuit hennit et le hurlement lui répondit en écho... plus proche, indéniablement.

[Taliesin]

Fuir semblait malheureusement déjà impossible... Sans compter que même si, par miracle, ils y parvenaient... Ils seraient poursuivis.
-Dommage : s'il nous dévore, je ne pourrai jamais rejouer ni le morceau que vous m'avez appris, ni aucun autre.
Conscient que la terreur du faune était trop grande pour qu'il soit possible de le raisonner, il se tourna vers ses compagnons.
-Le véritable maître des lieux arrive et... il n'a pas l'air commode. Restez bien dans le cercle de pierres : j'essaierai de négocier et si ça échoue, et bien... J'ai un certain nombre de sortilèges à ma disposition.
Et un pipeau.

[Galathée]

" Attrapons cette bique, déjà, dit Cordélia. A quatre, on devrait le maîtriser aisément..."
Elle chercha sa corde à quatre pattes.
" Tu ne peux pas nous faire de la lumière... Comme ça, on est quand même fort limités..."

[Taliesin]

-Je crains que le faune ne soit trop rapide pour nous. Sans compter qu'il a des pouvoirs à sa disposition : il contrôle la végétation, peut provoquer une pluie de glands, un assaut de moustiques et, à l'en croire, une invasion de cloportes dévoreurs de vêtements. De surcroit, mes sorts de lumière durent très peu de temps. Enfin... Si nous nous montrons hostiles envers cette créature, le maître des lieux risque de l'être encore davantage à notre égard.

[Galathée]

" C'est un otage de choix, pourtant ! Une fois qu'on l'aura attrapé, il devra bien arrêter avec ses insectes. Franchement, des glands, des moustiques... Qu'est-ce qui viendra après ? Des écureuils ? Une armada de limaces ?"
Elle se tourna vers Victor et Baptiste.
" On peut lui envoyer un gamin. Je suis sûre que Victor peut avoir l'air gentil puis l'assommer en un tournemain.
— A fond !"

[Taliesin]

A son humble avis, les solutions violentes étaient rarement les meilleures, surtout quand on risquait d'être opposé à un adversaire beaucoup plus puissant que soi, ce qui devait être le cas du maître des lieux.
-J'imagine qu'il peut déjà essayer... de l'apitoyer, dit-il, hésitant. A la base, le faune voulait l'un des garçons, comme tribut, parce qu'il avait entendu dire que les enfants sont amusants...

[Galathée]

" Alors apitoie-le pendant qu'on prépare le plan B, dit Cordélia. Si tu le distrais suffisamment, ce sera encore plus facile de l'attraper... Je vais me servir de mon hamac comme d'un filet, je pense..."
Elle eut un sourire désarmant.
" Essaie de le faire approcher des pierres... Et si tu me fais signe, je te promets de ne pas l'attraper. Mais je pense que nous perdons du temps."

[Taliesin]

-Peut-être. Mais je n'aime pas recourir aux solutions violentes quand j'espère pouvoir l'éviter...
Il soupira.
-Bon, mais donc... En piste, Victor. On va voir si tu es capable d'attendrir un faune...
Il n'aimait pas l'idée de l'exposer ainsi mais le serait-il beaucoup plus que dans leur abri illusoire ?

[Galathée]

Victor sortit de son refuge et marcha dans le noir, à tâtons, dans la direction approximative où devait se trouvait le faune.
" Monsieur le faune... ?" demanda le gosse, d'une petite voix, en commun.
La créature s'arrêta et se tourna vers Victor, l'observant, un peu hésitant.
" Oui, oui, si je les garde, il me le donnera, juste pour moi. Pour ma récompense."
Le faune eut un sourire un peu retors.

[Taliesin]

Oh mais quelle petite ordure !
-Qu'il vive en votre compagnie serait réconfortant, quelque part... dit-il d'un ton désolé. Mais le maître des lieux le dévorera, comme il nous dévorera tous. Et si vous réclamez quoi que ce soit, il vous rabrouera, vous reprochera sans doute de n'avoir décidé de nous livrer... que quand vous n'avez plus eu le choix. Alors profitez bien de ces quelques instants : ensuite, vous ne le verrez plus. Et vous n'en verrez probablement plus jamais aucun autre.

[Galathée]

Le faune parut hésitant.
" Tu ne connais pas le maître ! s'exclama-t-il avec véhémence en le fixant de ses yeux jaunes. Il me récompensera ! Il me donnera le garçon !
— On perd du temps, répéta Cordélia aux pieds de Taliesin.
— Mais il ne me laissera peut-être pas choisir."
Il regarda à nouveau le barde.
" Je veux voir l'autre ! L'autre enfant !"
Baptiste n'en menait pas large, de son côté, mais il ne pouvait pas avoir compris les paroles de la créature des bois.

[Taliesin]

Concentré sur le faune, il secoua la tête.
-L'autre est encore mieux. Mais vous ne le verrez jamais. Non seulement parce qu'il n'a pas envie de voir un hôte prêt à livrer des invitzs qui lui ont pourtant payé tribut mais également parce que le maître des lieux le dévorera. Comme il dévorera celui-là et nous avec : il en faudrait plus pous satisfaire son insatiable appétit.
Il se tourna vers Victor et lui dit :
-Reviens, maintenant.
Puis, à nouveau au faune et en sylvestre :
-J'espère que vous avez bien profité de ces instants. Ils sont terminés. Vous auriez pu voir les deux, passer une journée avec eux... Mais vous devrez vous contenter d'en avoir aperçu un seul et seulement durant une brève minute.

[Galathée]

Mais le faune n'entendait pas se laisser ravir l'enfant qu'on lui avait fait miroiter. Alors que Victor faisait volte-face, la petite créature bondit et l'agrippa, lui arrachant un cri de surprise.
" NON ! Je le garde ! C'est le mien !"
Le gamin essaya de se défaire de la créature, mais le faune était plus costaud qu'il n'y paraissait et d'un coup de sabot bien placé, il fit tomber Victor dans les feuilles mortes.
N'y tenant plus, Baptiste détala alors comme un lapin, droit dans les buissons touffus qui avaient poussé autour de la clairière.
" Merde ! s'exclama Cordélia. Quoi maintenant ?"

[Taliesin]

Comme si la situation n'était déjà pas assez compliquée comme cela...
-Le moment est venu de balancer ton hamac sur cette pourriture, lâcha-t-il.
Puis il lança, d'une voix forte mais calme - du moins l'espérait-il :
-Baptiste, reviens, tu vas t'empêtrer dans les buissons !

[Galathée]

Cordélia sourit avec une petite lueur folle dans les prunelles et sauta sur le faune. Victor en profita lui aussi, tandis que Baptiste, haletant, continuait à s'agiter dans les buissons, peut-être coincé dans les ronces. Un bruit de déchirure renforça cette hypothèse. Le renard, discret jusque là, passa à l'attaque, se jetant dans les pieds de Cordélia et la mordant violemment à la cheville — elle avait évidemment enlevé ses bottes pour dormir. Le faune se débattait encore dans la toile et la jeune femme se retourna pour essayer de se défaire de la bestiole agrippée à sa jambe.

[Taliesin]

-Baptiste, ne bouge plus ! lança-t-il plus fort et d'un ton autoritaire, cette fois. On a capturé le faune : on l'assomme puis je viens te chercher.
Et de se ruer en direction de la créature. Une fois celle-ci hors d'état de nuire, ils y verraient déjà plus clair.

[Galathée]

Ce ne fut pas nécessaire. Cordélia décocha un violent coup de pied au renard, qui sonna l'animal, et le faune se fit moins combattif. Il leur suffit alors de le saucissonner dans le hamac pour qu'il ne puisse plus faire grand chose. La jeune femme constata les dégâts à sa cheville tandis que Victor dégageait la tête de la petite créature de sa prison de toile.
" Je le savais ! Viles créatures ! Puants monstres !" glapit le faune.
Victor lui tapota la tête.
" Je comprends rien de ce que tu dis, mais ça a pas l'air sympa."

[Taliesin]

Il darda un regard furieux sur la créature et répondit d'un ton glacial.
[color=#FFFFF66]-C'est toi, le monstre puant. Je n'ai fait de mal ni à toi, ni au renard, alors même que tu t'acharnais. Ensuite, j'ai payé le tribut que tu demandais pour avoir le droit de passer la nuit ici. Et face à toute cette bonne volonté, tu nous livres au maître des lieux, tout ça parce que tu es trop lâche pour protéger tes invités. Je n'ai rien voulu de tout cela : j'étais même heureux à l'idée que mes enfants puissent te voir. Non, tu es le seul et unique responsable, et sache bien que s'il nous arrive malheur à cause de ta méchanceté et de ta couardise, tu n'y survivras pas.[/color]
Il se tourna vers ses compagnons.
-Essayez de le ramener dans l'abri. De mon côté, je vais chercher Baptiste.

[Galathée]

Victor et Cordélia purent ramener le faune sans difficultés entre les roches tandis que Taliesin se portait au secours de Baptiste. Celui-ci était coincé dans un épais mur de ronces et le détacher ne fut possible qu'à grands coups d'épée. Il sanglotait et se confondit en excuses.
" Je suis désolé, je... j'ai... je ne sais pas ce qui m'a pris..."
Le hurlement, discret jusque là, reprit. Il n'était pas encore juste à côté d'eux, mais il n'était plus très loin.

[Taliesin]

Il le serra un instant contre lui.
-Ne sois pas désolé. Tu n'as rien fait de mal.
Il avait paniqué, simplement, ce qui était on ne peut plus compréhensible.
-Viens, ajouta-t-il en lui prenant la main. Nous retournons à l'abri. Le maître des lieux va arriver mais... Nous avons des arguments à lui opposer.

[Galathée]

Le faune, lui aussi, avait succombé à la panique.
" Il faut fuir !" glapissait-il tandis que Cordélia soignait sa cheville et que Victor lui touchait la tête, comme pour se faire une idée des traits qu'il ne pouvait voir.
Baptiste refusa de l'approcher, encore tremblant. Minuit tirait désormais sur sa longe.
" S'il nous trouve, il nous mangera tous !"

[Taliesin]

Il n'hésita guère.
-Indique nous où fuir, où nous réfugier, et nous nous y rendrons tous ensemble, toi y compris.
Le faune, aussi retors soit-il, ne pouvait ignorer que leurs destins étaient liés, désormais...

[Galathée]

" Il faut aller à la caverne. Elle nous aidera peut-être. Si on est gentil. Mais c'est loin. Le maître va nous suivre. Il va nous trouver."
Le faune se mit à trembler et à pleurnicher comme un enfant.
" Il a l'air d'avoir drôlement peur." dit Victor, sans comprendre ses paroles.

[Taliesin]

Et il ne pouvait s'en prendre qu'à lui : s'il n'avait pas essayé de les piéger, ils n'en seraient pas arrivés là.
-Il connaît un endroit sûr et pourra nous servir de guide : il faudra juste s'assurer qu'il ne nous échappe pas.
Puis, au faune :
-Nous allons essayer de rallier rapidement cette grotte. Tous ensemble.

[Galathée]

Le faune se contenta d'acquiescer, les yeux agrandis de frayeur.
" Je vais le sortir du hamac et lui lier les mains, dit Cordélia. Mais si tu pouvais m'aider d'un petit sortilège, ce serait formidable, sinon je vais vous retarder en boitant toute la nuit."
Baptiste grimpa sur le rocher, Victor était allé prendre les rênes de Minuit.
" Tu crois qu'il dit la vérité ? Qu'il connait vraiment un endroit ? Il pourrait nous envoyer droit dans la gueule du monstre."

[Taliesin]

Taliesin avait déjà incanté. Et lorsqu'ils auraient fini d'entraver le faune, il userait du pipeau pour obtenir une source de lumière permanente.
-Il m'a l'air trop apeuré pour mentir. Mais même s'il nous berne... De toute façon, il restera notre otage et nous aurons donc toujours un moyen de pression face au maître des lieux.
Mais il était temps de se mettre en route...

[Galathée]

" Si le maître des lieux estime qu'il a la moindre valeur, fit Cordélia. Ah... merci ! Ça fait du bien. J'espère que cette bestiole n'avait pas la rage, merde."
Baptiste s'était levé.
" On devrait l'emmener, le renard. Si c'est son familier, ou quoi. Sinon... ce serait triste.
— Tu parles de la bestiole qui m'a mordue ?
— Elle ne faisait que défendre son maître."

[Taliesin]

Il acquiesça.
-C'est vrai : on l'embarque donc aussi. Mais à présent, hâtons-nous.
Il était peut-être déjà trop tard pour rallier la caverne avant que l'être inconnu lancé à leurs trousses ne les rattrape.
Néanmoins... Il fallait tenter le coup.