[Lieu] Une cité perdue

[Galathée]

" On commence par rejoindre les escaliers, dit Albérich. Les démons sont la priorité, mais s'il faut écarter des Ithiliens, ainsi soit-il. Une fois que l'accès aux caves est nettoyé, nous ferons le point. Maintenant dépêchons-nous."

[Taliesin]

-Pas de souci, on se dépêche !
Et les deux paladins filèrent droit devant eux en direction des escaliers.
Sans les attendre, évidemment.
Giovanni soupira. Thibault lui tapa à nouveau sur l'épaule et ils progressèrent

***

De son côté, Hubert vit débouler ses deux jeunes confrères.
-Les autres arrivent, annonça Letho.
-On descend en éclaireurs ? fit Luther.

[Hubert de Maleval]

En vérité, Hubert s'était attendu à devoir batailler ferme pour atteindre ces escaliers, pas à trouver la pièce... complètement vide. A présent, il était debout devant la première marche, aux aguets, scrutant la pénombre plus bas de son regard perçant.
" Non, on les attend. Et on empêche de monter ce qui voudrait monter."

[Taliesin]

Les Lathandrites soupirèrent de concert mais ne protestèrent pas et firent donc le guet.
Mais rien rie semblait vouloir monter l'escalier dans l'immédiat.
Bientôt, ils furent rejoints par les autres, ce qui permit à Hubert de constater qu'ils disposaient désormais d'un groupe conséquent : cinq paladins, deux clercs, un barde et six soldats.

[Galathée]

Mais Hubert ne desserra pas les lèvres. Il demeura figé, fermé, à la place qu'il occupait jusque là. Attendant les ordres, Albérich le savait.
" Bon... Hum. Je proposerais que deux d'entre nous restent ici pour garder l'escalier. Il faut éviter que d'autres démons ne montent... J'imagine qu'il y en a encore dans les couloirs mais nous devons faire confiance à nos alliés pour les gérer. Et le reste descend."

[Taliesin]

Tout le monde s'entreregarda.
Et personne ne pipa mot.
S'il était clair que certains, les paladins en particulier, verraient d'un très mauvais œil qu'on les cantonne à un rôle de guetteurs demeurant à l'arrière-garde, même les autres semblaient fort peu désireux de jouer ce rôle.
Il allait donc falloir que le Luménien tranche.

[Galathée]

Albérich faillit rire, mais se contenta d'un sourire entendu.
" Je m'en doutais. Bon, je reste en haut, alors. Allez donc poursuivre du démon dans les caves."
Il vit une lueur d'hésitation passer dans le regard d'Hubert.
" Oui, toi aussi. Je m'en sortirai tout seul. Bonne chasse. Ne faites pas n'importe quoi. La vie de chacun d'entre vous compte."

[Taliesin]

Giovanni soupira puis fit un pas en avant.
-Non, Albérich, tu seras beaucoup plus utile en bas. Je vais donc monter la garde ici.
Il s'arracha un sourire, agita son bourdon.
-Ce bout de bois a fait ses preuves contre les demons, je devrais donc m'en tirer. Mais si je vois des renforts passer, promis, je les réquisitionne.

[Galathée]

Albérich hésita. Il ne savait pas s'il serait plus utile que Giovanni et qui, en réalité, était le plus exposé. Les démons pourraient certainement atteindre l'escalier sans qu'ils puissent le contrôler : les caves étaient vastes.
" Si tu trouves des renforts... Envoie-nous une partie mais demande aux autres de patrouiller le palais : nous devons être certains qu'il ne reste pas d'ennemis en maraude... Ni démons... ni Ithiliens. Mais si ces derniers veulent se rendre... Qu'ils n'hésitent pas."
Puis, sur un sourire, il fit signe au reste du groupe de s'ébranler.

[Taliesin]

Ils descendirent donc les escaliers.
Et découvrirent des caves plongées dans une profonde obscurité.
Les torches magiques qui y brûlaient d'ordinaire s'étaient éteintes et même celles qu'ils transportaient avec eux semblaient peiner à repousser les ténèbres, des ténèbres épaisses et malsaines.
L'air était immobile, le silence absolu.
Tout juste entendait-on, de temps à autre, un choc métallique lointain, assourdi.

[Galathée]

Albérich prit une profonde inspiration. Il fallait qu'ils décident ce qu'ils allaient faire. Repousser les démons, sans doute... mais comment fermer les portes, ensuite ? Sans doute en cherchant une solution dans la salle aux gemmes. Mais Hubert refuserait d'y aller tant qu'il n'aurait pas bouté les démons hors du sous-sol. Il fallait donc d'abord rejoindre la sortie et nettoyer le passage jusque là. Ensuite, tenir la position pendant que le paladin trouvait un moyen de boucler l'accès définitivement. Si cela existait. Mais cela devait exister, c'était leur seule option.
" Bon. Allons fermer ses portes, voulez-vous ?"

[Taliesin]

Ils reprirent leur progression.
L'obscurité ne paraissait s'écarter devant eux qu'à contrecœur et se refermait derrière eux avec ce qui ressemblait presque à de l'empressement.
Leur petit groupe occupait un îlot de lumière mouvant.
Au-delà, rien de visible.
Et il leur semblait parfois percevoir des bruits à la limite de l'audible.
Des souffles, des murmures...
Ils franchirent un premier croisement. Un second.
Puis devant eux, comme surgissant du néant, apparurent six démons leur barrant le passage.

[Galathée]

Hubert se porta en avant, en garde, tandis qu'Albérich s'arrêtait. Sans doute les autres paladins et Thibault agiraient-ils de même : guerriers au contact, clercs en soutien. Leur marge de manoeuvre était réduite par la largeur du couloir, cependant, mais c'était aussi le cas pour leurs adversaires.
Le Luménien essaya de se détendre tout en prenant position. Il n'avait qu'une idée très floue de ce dont il était capable, ce qui l'insécurisait fortement. Pourtant, il avait la sensation qu'il fallait faire au mieux jusqu'à épuisement des possibles. Aussi se mit-il à incanter.

Albérich -> Renvoi -> un démon de la première ligne

[Taliesin]

Son sortilège comme celui de Thibault et les rangs adverses, aussitôt, en furent réduits d'un tiers.
De moitié, même, car la charge d'Hubert fut couronnée de succès : son épée, luisante dans les ténèbres, renvoya un démon dans le ténébreux royaume qu'il n'aurait jamais dû quitter.
Avec Roland sur sa droite, Luther sur sa gauche, ils étaient désormais à trois contre trois.
Rien d'insurmontable, sans doute.
Les clercs pouvaient aussi choisir d'accélérer le mouvement : Albérich pensait qu'il était encore capable de lancer au moins un sort de Renvoi. Mais ses réserves n'étaient pas infinies, il le savait bien.

[Galathée]

Il préféra voir comment tournait l'affrontement. Il ne lui restait malheureusement rien en mémoire d'utile, pas même une bénédiction ou une aide divine propre à renforcer ses alliés. Mais l'aura d'Hubert devait soutenir ses collègues, qui eux-mêmes ne manquaient pas de dons contre ce type d'engeance. L'un dans l'autre, ils prendraient peut-être le dessus... Il se sentit cependant coupable d'avoir accepté la proposition de Giovanni : ce dernier aurait sans doute été bien plus efficace avec son bourdon...

[Taliesin]

C'est Hubert qui, le premier, triompha de son adversaire. Il put alors aider Luther qui peinait face au sien.
Le temps de régler le problème - ce ne fut pas très long -, et Roland s'était défait de son démon.
La voie était libre, désormais.
Ils avaient peut-être accompli un tiers du trajet, voire un peu plus.
Ils perçurent alors un nouveau son métallique.
Il semblait provenir de l'endroit où se trouvait la salle des gemmes.

[Galathée]

Hubert et Albérich échangèrent un regard.
" Il faut aller voir."
Le paladin acquiesça.
" Thibault, reste ici avec Roland, Renaud, et le reste des soldats. Letho et Luther, vous venez avec nous."
Ils ne pouvaient pas laisser leurs précieuses gemmes tomber entre des mains diaboliques... même si Albérich avait du mal à croire que les démons aient pu en avoir besoin.

[Taliesin]

Les Sunites, évidemment, lâchèrent soupirs et grommellements.
Mais ils obéirent, pour autant.
La petite escouade désormais uniquement composée de Lathandrite prit alors la direction de la fameuse salle à laquelle seul le pouvoir d'Hubert permettait d'accéder.
A laquelle les démons entendaient bien accéder malgré tout, que ce soit pour les gemmes qu'elle renfermait ou pour les possibilités qu'elle offrait.
Ils en découvrirent une demi-douzaine manipulant une manière de petit bélier métallique dont la pointe avait la forme de quelque tête infernale. Ils manquaient de place pour pouvoir le manipuler au mieux mais tentaient de pallier ce défaut en frappant fort...
A leur côté se tenaient quatre de leurs congénères ainsi qu'un cinquième qui différait des précédents.
Plus grand, plus massif, revêtu d'une armure tout aussi noire mais bien davantage ornementée.
Celui-là se tourna immédiatement dans leur direction et braqua sur eux son regard de flammes.

[Galathée]

Onze contre quatre, ils étaient en nette infériorité. Et la chemise de mailles qu'Hubert portait sur le dos parut subitement bien fragile au Luménien. Le paladin lui-même semblait prendre la mesure de l'adversaire. Albérich l'entendit à incanter à mi-voix, les paroles d'un sort de bénédiction, qui les engloba aussitôt tous les quatre d'un halo bienfaisant. Il enchaîna sur une Protection contre le Mal, un sortilège qui garderait les coups infernaux à distance, mais Albérich vit qu'il en gratifiait son voisin, Letho. Le Luménien, lui, se prépara à lancer son ultime sort de Renvoi. Il visa le démon en chef, espérant avoir suffisamment de puissance pour le renvoyer dans son plan...

[Taliesin]

Le sortilège frappa la créature.
Dont l'image se troubla, se raffermit...
Puis ce fut l'habituelle nuée de flamme, les quelques cendres sur le dallage.
Tout en voyant les dix autres démons qui, ayant renoncé à toute autre activité, les chargeaient désormais, Albérich réalisa que, sans l'aube et les autres ornements dont il était revêtu, son sortilège aurait probablement échoué.

[Galathée]

Il se félicita, malgré lui, de l'usage de cette aube jaune, puis revint rapidement dans l'instant présent.
Dix contre trois.
Il ne voyait pas quoi faire contre l'ennemi, pour aider ses coréligionnaires.
Mais Hubert, lui, leva une main, et prononça quelques mots dans cette langue étrange qui était désormais part de sa nature.

Hubert -> Parole Sacrée

[Taliesin]

Pour les compagnons d'Hubert, ce fut l'occasion d'assister à un phénomène dont seuls, jusqu'ici, Ruth et Giovanni avaient été témoins.
Il y eut une vive lueur, des voix aussi belles et touchantes que puissantes et intimidantes retentirent.
Lorsque les voix se turent, lorsque la lumière disparu...
Plus la moindre trace d'aucun des démons.

[Galathée]

" Et bien..." murmura Albérich, stupéfait.
Hubert avait l'air à la fois ravi et embarrassé.
" J'aurais peut-être dû garder ça pour plus tard...
— Non, c'était à point nommé. "
Il hésita.
" Hubert, entrons dans cette salle. Regarde si tu peux trouver une niche pour forcer la fermeture des portes.
— Je ne comprends rien à ces symboles. J'ai déjà essayé.
— C'était avant que tu n'aies pris le pli de tes visions... Il faut tenter le coup."
Le paladin parut songeur puis acquiesça et posa les mains sur la porte de métal.
" Vous deux... Couvrez-nous."

[Taliesin]

Ils pénétrèrent dans la salle.
Le paladin fixa les symboles, se concentra.
Sans même en avoir conscience, il s'avança vers l'un d'eux - Albérich put mémoriser lequel - et retira la gemme placée dans la niche juste en dessous.
Dans le lointain, ils entendirent un grondement, un claquement...
Plus rien.

[Galathée]

Albérich faillit l'embrasser mais se contenta de l'attraper par les épaules.
" Tu as réussi !" s'exclama-t-il, brusquement incroyablement soulagé.
Il le prit ensuite par le bras.
" Viens, il faut rejoindre les autres et terminer de nettoyer les caves et les couloirs."
Un nombre conséquent d'Ithiliens devaient être désormais prisonniers du palais... Il allait falloir composer avec eux, immanquablement... en dépit de la destruction qu'ils avaient causée, et du tort qu'ils avaient fait à leurs amis.

[Taliesin]

Il n'y avait nul besoin de nettoyer les caves : les torches s'étaient remises à briller, l'obscurité surnaturelle qui y avait régné s'était dissipée...
Il n''y avait nul besoin, aussi, d'expliquer la situation aux Sunites : ils avaient parfaitement compris que la situation avait été réglée sans eux et ils en étaient... ravis.
En se rendant près des portes, ils se rendirent compte que celles-ci s'étaient refermées en écrasant divers objets grâce auquel on avait maintenu le passage ouvert.
Bref, les sous-sol étaient parfaitement sûrs. Ne restait plus qu'à remonter au rez-de-chaussée et à finir le nettoyage.

[Galathée]

Albérich était complètement aveugle à la déception des combattants qui auraient aimé s'auréoler de gloire et en découdre. Pour lui, une seule chose comptait : ils avaient réussi à repousser l'envahisseur. C'était inespéré, formidable, merveilleux, même si, en remontant vers le rez de chaussée, il songea aux nombreux morts qui étaient tombés et son humeur s'assombrit. Ils avaient vaincu, oui... mais à quel prix... Il allait à présent falloir faire le compte des pertes... soigner les blessés... et gérer le capharnaüm persistant dans leurs murs.

[Taliesin]

Leur petit groupe se dispersa sitôt au rez-de-chaussée.
En compagnie d'Albérich, Hubert parcourut les couloirs et inscrivit deux démons supplémentaires à son tableau de chasse - le troisième, car ils semblaient tous s'être déplacés par trios, ayant dû être abattu par quelqu'un d'autre.
Le reste de leur forces armées acheva d'éliminer les derniers noyaux de résistance ithiliens.
Tous sauf un, comme Frida ne tarda pas à le leur annoncer.
Une bonne vingtaine de soldats ennemis, sans compter un clerc et un mage, s'étaient retranchés dans une salle d'où il serait difficile de les déloger.
Comme leurs concitoyens, ils refusaient obstinément de se rendre.

[Galathée]

Ces Ithiliens étaient des têtes de mule, Albérich n'en avait jamais douté.
" Bon, et bien... Je suppose que nous allons devoir les laisser là. Combien d'issues a cette salle ?"

[Taliesin]

-Deux, qu'ils ont solidement barricadés.
La rôdeuse, manifestement épuisée, poussa un profond soupir.
-Nos hommes ont besoin de repos mais il va quand même falloir en mobiliser quelques-uns pour garder ces issues. Et il faudra prévoir un assaut, tôt ou tard : avec leur clerc, ils peuvent tenir des semaines, des mois, et nous ne pouvons nous permettre de continuer avec des ennemis dans nos propres murs, prêts à nous frapper dans le dos...