[Quête] A travers la vallée...

[Galathée]

Elle rit joyeusement.
" Tu vas oser leur confier des pioches ? Tu n'as pas peur qu'ils te réduisent tes précieux vestiges en miettes ? Moi, vu l'énergie de Victor, j'aurais peur... Mais peut-être que Victor peut creuser et Baptiste surveiller..."
Elle sourit.
" Ecoute, nous verrons bien à quelle heure nous arrivons à Vauxgrisants... Si j'ai bien vu sur la carte, les trois villages sont assez proches les uns des autres, donc... on avisera."

[Taliesin]

-Très bien, faisons ainsi.
Il entreprit de bourrer sa pipe de tabac.
-Mais n'aies pas trop d'illusions concernant les ruines. Plus le temps passe, plus il me paraît probable qu'il ne s'agisse que de quelque chose de très modeste. Après tout, on cherchait vraiment un prétexte pour me relancer sur la route... Mais même s'il n'y a rien d'extraordinaire là-bas, j'aurai malgré tout à y faire, puisque je dois reconduire Titus auprès de ses semblables.

[Galathée]

" Ah oui... La Lorien... Je t'accompagnerais bien, pour ce genre d'aventure, mais je crains que mes oreilles rondes ne soient un tel désavantage que je ruine tes chances de réussite."
Elle sourit.
" Je devrais apprendre davantage de langues, je m'en rends bien compte. Après toutes mes années sur la route... Je suis juste douée pour prendre les accents."

[Taliesin]

-C'est déjà pas mal et ça peut avoir son utilité.
Il sourit.
-Quant à ses histoires d'oreilles... Mes garçons non plus ne les ont pas pointues, et cela ne m'empêchera pourtant pas de les mener dans la Lorien. Victor m'y a déjà accompagné, d'ailleurs, et ça ne s'est pas du tout mal passé. Même si c'était plus au nord, là où les rancœurs sont moins exacerbées.

[Galathée]

Cordélia sourit.
" Tu y vas toujours au culot ou au principe, je vois... Mais ça ne m'étonne pas que ça te réussisse. Les elfes du soleil peuvent se permettre des choses que le commun des mortels ne peut pas, j'en suis persuadée. Surtout certains."
Elle lui fit un clin d'oeil.
" Au pire, je veillerai sur Baptiste et Victor pendant que tu cherches la famille de Titus."

[Taliesin]

Diables, pourquoi tenait-elle à ce qu'il se sépare constamment des garçons plutôt que de les impliquer dans les tâches à accomplir ?
-Tu sais, je respecte les règles des endroits où je me rends, des hôtes qui m'accueillent : je n'essaie pas de leur imposer mes principes. Cependant, comme j'ai entrepris ce voyage avec mes enfants, je n'ai pas envie qu'ils se sentent écartés, exclus : par conséquent, s'il y a un lieu où ils ne sont pas les bienvenus, je n'irai pas non plus, ou alors brièvement si je n'ai pas le choix.

[Galathée]

" Je comprends bien. Dans le même temps, il est assez ordinaire pour un adulte de laisser ses enfants quand il effectue des tâches trop dangereuses ou ennuyeuses. Ou personnelles, d'ailleurs. Ou même tardives. Je veux dire... Les gamins ont besoin de plus de sommeil que nous, non ? Enfin, encore plus que toi..."
Elle sourit.
" Après, je disais ça juste parce que les faunes sont des créatures timides, selon la légende... Bon, après, tu entends peut-être juste envoyer Titus en forêt tout seul. Il pourrait se débrouiller, je suppose."

[Taliesin]

Il faillit lui répondre que s'il avait voulu faire des choses sans ses fils, il les aurait tout bonnement laissés à la maison. Mais ils avaient déjà eu cette discussion et... Il savait qu'elle ne comprendrait pas.
-Non, je pense qu'il vaut mieux le ramener auprès des siens : la Lorien est vaste, dangereuse... Peut-être s'en tirerait-il très bien tout seul mais... Je serai plus rassuré si je si je le laisse alors qu'il a déjà ses semblables à ses côtés pour le guider.

[Galathée]

" Dans ce cas, j'espère pour toi qu'il y en a près de la lisière... Enfin, j'imagine que les gens du coin pourront te renseigner."
Elle regarda le ciel.
" Bon, mais je pense que je vais aller me coucher. Je sais que nous sommes censés arriver demain mais comme nous avons dévié de notre route originelle... On ne sait jamais que la route soit loooongue et ardue."

[Taliesin]

Et parsemée d'imprévus.
-Tu as raison : mieux vaut être prévoyant. Je vais y aller aussi.
Et de la suivre à l'intérieur. Il jetterait un coup d’œil aux lieux, pour savoir ce qu'ils auraient à ranger ou à nettoyer le lendemain matin, puis se coucherait, en ne doutant pas que son sommeil serait paisible et réparateur : ici, rien ne pouvait leur arriver.

[Galathée]

Et rien ne leur arriva. Au petit matin, il n'y avait pas grand chose à ranger : Baptiste avait pris grand soin de nettoyer la cuisine et ils durent simplement replier et ranger les fourrures. Titus passa un moment dans sa petite chambre avant d'en émerger, le visage tendu. Ensuite, ils gagnèrent l'extérieur, retrouvèrent Minuit, et leur périple reprit. Il faisait beau, le soleil brillait au travers des frondaisons des arbres, les oiseaux chantaient avec entrain sur leur passage. Victor ouvrait la marche avec le cheval, suivi par Cordélia, ensuite venait Baptiste, puis Titus qui trottait dans les bois avec son renard, s'éloignant de leur trajectoire puis y revenant, fébrile. Taliesin était en queue de groupe, comme de coutume.
Il avait eu le temps de repérer l'itinéraire avec Baptiste au cours du petit déjeuner, et ils mirent le cap sur la rivière, qu'il leur fallait retraverser.

[Taliesin]

Il se mit à songer aux hommes patibulaires qu'ils avaient croisés l'avant-veille, au village en ruines. Si ceux-ci avaient eu l'intention de les suivre et de leur réserver quelque embuscade, ils avaient certainement perdu leur trace grâce à leur séjour chez Ainhoa. Et plutôt que de s'attarder sur une pensée pénible, il préféra saisir la première occasion pour échanger quelques mots avec Titus, lui dire qu'ils pouvaient ralentir s'il voulait prendre le temps de dire au-revoir à ces lieux et que lui-même veillerait à ce qu'il puisse prendre des points de repère afin qu'un jour, s'il le souhaitait, il puisse revenir.

[Galathée]

Mais Titus n'avait pas particulièrement envie de s'attarder. Comme il connaissait bien le bois, il prit finalement la tête de leur petite colonne et les guida jusqu'à un gué où ils purent retraverser la rivière sans trop se mouiller. Si les maraudeurs qu'ils avaient croisés l'avant-veille les avaient cherchés, ils n'en surent jamais rien : ils reprirent leur route vers la Vallée Fertile, suivant les indications de Baptiste, toujours confirmées par Taliesin.
A la mi-journée, il leur fallut gravir une colline boisée relativement pentue que seul Titus parut négocier avec aisance, ses petits sabots de bouc s'agripant sans mal sur les rochers et dans l'humus. Quand ils parvinrent au sommet, les bois s'écartèrent et ils découvrirent devant eux un panorama de champs et de prairies. Quelques fermes cossues émaillaient la campagne, la Lorien se dressait, mur sombre, à l'est, et ils notèrent trois hameaux. Le premier se trouvait sur leur droite, un ensemble d'une cinquantaine de maisons entourées de haies et de petits bois. Le seconde était plus à l'est et plus éloigné. Le dernier s'organisait autour d'une colline centrale au sommet de laquelle se dressait tout un ensemble de bâtiments qui paraissaient, à cette distance, fortifié. Ils avaient atteint l'objectif de leur périple.

[Taliesin]

-Charmant endroit, commenta-t-il.
Puis il se tourna vers Titus : le moment était venu d'aborder un certain détail...
-A partir de maintenant, nous allons croiser beaucoup d'humains et... tu risques d'attirer leur attention. Bien sûr, sois en certain, nous ne laisserons personne t'embêter. Mais nous nous sommes dit que, pour passer inaperçu, tu pourrais peut-être enfiler une tenue de Victor : ainsi serais-tu plus tranquille... Ce n'est qu'une proposition, cependant : tu n'es obligé à rien.

[Galathée]

Le faune parut tout à fait surpris.
" Je... Heu... Je ne sais pas... Est-ce que ça serre ? Ça fait mal ?"
Il avait l'air de le craindre sérieusement.

[Taliesin]

Il secoua la tête.
-Non non, ça ne fait pas du tout mal, et on fera attention à ce que ça ne te serre pas trop.
Il sourit.
-Le mieux serait d'essayer, non ? Je pense que ça te fera bizarre, au début, et qu'il te faudra un peu de temps pour t'habituer. Mais je le répète : ça n'est pas du tout douloureux.

[Galathée]

" D'accord." dit-il avec une expression décidée, comme s'il allait affronter une grande épreuve.
Taliesin put trouver des vêtements dans les fontes de Minuit. Titus avait les hanches plus larges que les enfants humains et les pattes pliées à l'envers, aussi le résultat fut-il assez hasardeux.
" On devrait peut-être lui mettre le pantalon à l'envers, dit Cordélia.
— On voit la bosse de la queue."
Victor avait prêté son chapeau au faune, dissimulant ses oreilles pointues et ses petites cornes.

[Taliesin]

L'elfe soupira.
-C'est tellement peu probant qu'il risque d'attirer encore plus l'attention avec ces vêtements que sans. Bon, le chapeau est une bonne idée, par contre, mais il faudrait quelque chose de très ample et de très couvrant pour aller avec, comme un grand manteau... Et quand bien même aurions-nous le nécessaire : ça n'est pas exactement la saison pour ce genre de frusques...
Sans doute faudrait-il éviter les humains au cours du trajet, en réalité. Ou rendre Titus invisible à certains moments.

[Galathée]

" Je continua à penser que sur Minuit, ce sera beaucoup mois évident. Une chemise ou une tunique longue, et personne ne se rendra compte de rien."
Elle se tourna vers Taliesin.
" Qu'imaginais-tu ? Le prendre à loger avec vous, à Vauxgrisants ? Ou l'emmener directement en Lorien ?"

[Taliesin]

Il secoua la tête.
-Je doute qu'il y ait des faunes en bordure de la forêt et s'enfoncer dans ses profondeurs réclame un minimum de préparation, à commencer par l'achat de vivres... Je pensais donc plutôt jauger notre hôtesse, pour voir si elle peut accepter la présence de Titus sans trop l'ébruiter... Mais c'est sûr que le ramener auprès des siens passera sans doute avant l'exploration des ruines.

[Galathée]

" Bah, hormis qu'il baragouine dans un langage incompréhensible du commun des mortels, il est moins terrible que ce que je craignais."
Elle se tourna vers le faune qui avait enfilé une chemise de Victor.
" Bon, on le déshabille ou on le perche sur Minuit ? Je ne suis pas certaine que le cacher va être trop possible... Elle habite en dehors du village, ta Pomone ?"

[Taliesin]

-Alors là... Je sais juste que je dois me rendre chez la veuve Pomone, également appelée Mona. Pour le reste, aucune idée.
Son regard alla du faune au cheval, du cheval au faune.
-Et pour répondre à ton autre question... Il faut déjà que Titus accepte de monter sur Minuit, ce qui n'est pas gagné. Ensuite, ne crains-tu pas qu'il soit l'objet de tous les regards, juché sur sa monture tandis que nous marchons à ses côtés, chargés de tout notre paquetage ?

[Galathée]

HRP : C'est Pomone, la veuve, pas Pomme !

" C'est vrai qu'il attirera les regards, tandis qu'une bande de gosses accompagnant un elfe du soleil resplendissant... On n'y prêtera sans doute guère attention. Si en plus Victor se donne en spectacle...
— Oh ! Scandale !
— Tu as raison. Qu'il marche. Le chapeau lui va bien."

[Taliesin]

-Très bien, faisons comme ça.
Il s'adressa ensuite à Titus :
-Quoi qu'il advienne, reste avec nous : c'est le meilleur moyen pour toi de passer inaperçu. Et garde à l'esprit que nous ne laisserons personne t'ennuyer. Je pense que tu ne risques rien hormis susciter la curiosité mais... Voilà, nous veillons au grain.

[Galathée]

L'affaire réglée, ils se remirent en route, descendant à flanc de colline vers l'est et Vauxgrisants. Victor repéra rapidement un sentier parmi les hautes herbes et les fleurs. Des abeilles butinaient en nombre et des lapins s'enfuirent sur leur passage. Puis l'herbe devint plus verte, moins haute, et ils parvinrent dans des pâturages. Sur leur gauche, un troupeau de moutons broutait, tranquille, protégé par trois grands chiens bruns. L'un d'entre eux s'approcha du petit groupe mais demeura à quelques mètres, attentif, sans agressivité, s'assurant qu'ils n'avaient pas l'intention de courser les brebis. Un peu plus bas, des vignes poussaient en lignes. En cette saison, les grappes étaient encore vertes et menues, mais les ceps paraissaient robustes et les fruits déjà nombreux. Petit à petit, ils pénétraient dans la Vallée Fertile.

[Galathée]

Interquête : Home Sweet Home

Quittant la Vallée Fertile, le convoi de chariots partit vers le nord, sur une route de terre relativement large, heureusement sèche à cette saison. Baptiste s'en inquiéta — ils étaient censés aller vers le sud, après tout — mais Kelvim lui expliqua qu'ils devaient rejoindre la route d'Anarion pour progresser plus rapidement : il était impossible de traverser la Vallée sans suivre de route avec un groupe de chariots. Autour d'eux s'étendaient des collines, des bosquets, dans un joli paysage bocager où émergeaient ça et là des ensembles de rochers ou des buttes plus escarpées. Il n'y avait aucune trace de bâtiments récents ou habités, pas de vaches ou de moutons, de champs ou de potagers. La nature paraissait à la fois sauvage et tranquille.
Vu le rythme auquel avançaient les boeufs, il s'avéra rapidement qu'il était parfaitement possible d'aller marcher sur les bas côtés sans se laisser distancer et, avec la permission du barde, c'est ce que firent Titus et Baptiste. Victor dormait toujours, Marius avait disparu. Le soleil était haut, déjà, mais apparemment, ce n'était pas encore le moment de la pause...

[Taliesin]

Sans doute finirait-il par descendre du chariot, à un moment ou à un autre. Pour se dégourdir les jambes et pour garder un œil sur les enfants.
Et, hormis la pause de midi, il s'efforcerait de leur en ménager une autre en fin de journée : peut-être croiseraient-ils un lieu intéressant où ils pourraient se défouler sans risque avant de rejoindre le bivouac à pied.
Cela permettrait qu'ils soient plus calmes une fois parvenu à destination. Cela permettrait, aussi, de conserver un petit côté exploration à leur périple.

[Galathée]

Victor émergea enfin, comme un prince parmi la montagne de coussins et de couvertures, et décocha un regard trouble au barde avant de s'enquérir du petit déjeuner. Quelques minutes plus tard, cependant, le convoi s'immobilisait pour la pause de la mi-journée, destinée davantage aux boeufs qu'aux humains, qui auraient facilement pu manger leur casse-croûte en selle. Taliesin put alors sortir et rejoindre Baptiste et Titus à l'ombre des arbres — le soleil tapait fort et ils avaient choisi un bosquet de hêtres espacés pour se reposer. Marius avait fait le trajet sur le banc de la conductrice du chariot et grimpa dans le premier arbre qu'il trouva, une fois à terre.
Les caravaniers, un peu moins d'une quinzaine, se distribuèrent aussitôt leur pitance. Ils ne se montrèrent pas hostiles mais pas non plus très intéressés par leurs passagers. Il y avait quatre femmes, dont la demi-orque qui les transportait, et Taliesin reconnut, outre Kelvim, le chef de caravane, un homme d'une cinquantaine d'années qui avait la forme physique d'un gars trente ans plus jeune, et qui les mènerait à bon port.

[Taliesin]

Si Taliesin se montra cordial avec leurs convoyeurs, il ne chercha pas à leur imposer de conversation : il entendait plutôt faire en sorte que leur présence soit le moins gênante possible pour eux, ce qui impliquait en premier lieu de bien cadrer les enfants. Aussi encouragea-t-il ces derniers, sitôt leur repas terminé, à se dépenser sans compter : cela leur rendrait peut-être moins pénible l'oisiveté contrainte de l'après-midi - peut-être même auraient-ils envie de faire la sieste, à un moment donné...

[Galathée]

Victor et Marius se dépensèrent sans qu'on doive vraiment les y pousser. Titus déambula, comme de coutume, et Taliesin vit que, sans être hostile, les caravaniers l'observaient, un peu interdits, échangeant à mi-voix des commentaires inaudibles. Baptiste ne voyait pas l'intérêt de dépenser son énergie en choses futiles et fut le premier à regagner le chariot, avant même que le chef de caravane ne donne le signal du départ. Marius et Victor prirent place aux côtés de la demi-orque qui les conduisait, cette fois, un de chaque côté, tandis que Titus regagnait l'intérieur du chariot, peut-être conscient, soudain, d'attirer le regard.
Avant qu'ils ne repartent, Kelvim vint s'entretenir avec le barde pour le prévenir qu'il n'y avait pas encore d'auberge au menu de la soirée, mais qu'ils auraient atteint la route d'Anarion, et donc la civilisation, dès le lendemain soir.