[Lieu] Lameroy - cité naine ouverte

[Alchem]

« On a probablement avorté une vague de chaos. Maintenant, on doit juste faire face aux vaguelettes. »
Le repas terminé, Alchem dévoilà avec un petit sourire le légume restant, puis se replongea dans ses draps. Du repos, une entrevue avec sa mère, peut-être une avec le Conseil, une troisième avec le svirfnebelin qui occupait le post de patrouilleur en chef, voilà le programme. Il en aurait probablement pour deux ou trois jours. Après ces détails réglés, il devrait pouvoir rentrer à Lumenis.

[Kasumi]

Alchem eut le plaisir de voir se dessiner une expression scandalisée sur le visage de la gnome quand il lui révéla le dernier légume non consommé. Elle conserva toutefois un ton calme et sérieux pour lui répondre :

- Oui, nous sommes parvenu à contenir la catastrophe. Grâce à cela, les nains devraient s'en sortir sans devoir à nouveau faire appel aux services d'un héros. Vous savez que j'ai entendu par hasard des rumeurs pour réclamer qu'une nouvelle statue soit dressée dans le grand hall : une statue de svirfneblin ! Vous imaginez ?

Son sourire se fit mutin comme si Dotha savourait cette petite vengeance d'avoir gardé jusqu'au bout une telle carte dans sa manche.

[Alchem]

Alchem eut un petit rire amusé.
« Une nouvelle statue, vraiment ? Une statue svirfnebeline dans le grand hall nain ? Je ne suis pas persuadé que le Conseil soit prêt à un tel écart sur les traditions. Qui plus est, je ne vois vraiment pas quel svirfnebelin mériterait cet honneur. Ma mère peut-être. C’est elle qui a sauvé la situation. Elle seule le pouvait. Figurez-vous que j’ignore la plupart de ses hauts faits. Elle n’a jamais voulu me les raconter, à moi ou à mes frères. Je me demande pourquoi d’ailleurs. M’enfin... »
Il sombra dans le silence. À la base, il avait juste fait en sorte de ne pas mordre à l’hameçon tendu par Dotha, mais il avait en fin de compte réussi à se plonger dans ses réflexions. Puis, subitement, il devint très sérieux.
« Dotha, je pense que vous devriez vous éloigner de moi. Sinon, un jour ou l’autre, vous vivrez des heures tragiques. Et je ne veux pas que ça vous arrive. »

[Kasumi]

Dotha se fit sérieuse à son tour, arborant aussitôt un air déterminé pour lui répondre :

- Ne soyez pas ridicule Alchem : je ne suis pas en sucre. Et de toute façon, même si je cesse d’être sur votre dos pendant que vous allez sauver le monde, vous aurez toujours mon amitié quand vous vous rendrez à Luménis.

[Alchem]

Alchem demeura silencieux quelques instant. Si Dotha ne s’amusait pas à le suivre sur les sentiers périlleux de la lutte contre le mal, ce serait déjà cela. Son amitié, il était loin de cracher dessus. Il était bien placé pour connaître la valeur des amis.

« Quand j’aurai réglé mes affaires ici, ce qui devrait prendre quelques jours, on repartira pour Lumenis. D’ici là, tâchez d’un peu profiter de Lameroy. »

[Kasumi]

- Cela, j’y compte bien : Lameroy est une cité tout à fait étonnante ! Sans compter qu’elle est une des portes d’entrée vers un tout autre monde. Bon, j’imagine qu’il n’a plus rien de mystérieux pour vous mais c’est une vraie découverte pour moi. Une façon de confronter les légendes et les préjugés à la réalité.

[Alchem]

« Oui... une porte, Lameroy est une porte. Les lieux tel que celui-ci, à la frontière entre deux mondes, sont toujours très particulier. Si nous avions eut plus de temps et si les gobelins ne se montraient pas aussi agressif, j’aurai pu vous faire visiter le comptoir de Belroc, à mi chemin entre Lameroy et Ornegemme. En tout cas, profitez de votre séjour, inutile de rester à mon chevet. Je vais me remettre et régler mes affaires, il n’y aura rien de passionnant. »

[Kasumi]

Dotha lui adressa un sourire attendri, sans doute sincèrement touchée que le svirfneblin ait envisagé de lui servir de cicérone. Elle ne tarda toutefois pas à lui répondre de son ton tranquille :

- Dans ce cas, je m’en vais faire un petit tour en ville. Je pense que nous nous reverrons ce soir au dîner ? Je vous laisse entre de bonnes mains en tous cas : l’aubergiste semble beaucoup se soucier d’assurer votre bien être…

Sur ces dernières paroles, la gnome prit congé, laissant Alchem tout loisir de vaquer à ses occupations. D’autant plus que le repas l’avait en grande partie requinqué et qu’il se sentait désormais d’attaque pour se lever.

[Alchem]

Il se leva donc, s’habilla et descendit pour se rendre dans la salle commune de l’auberge. Là, il comptait déjà rassurer le tavernier sur son état. Puis il t’entrait de glaner un maximum d’informations sur la situation. Non qu’il ne fasse pas confiance à Dotha, au contraire, mais il aimait bénéficier de plusieurs sources et profiter d’une précision maximale. Dans son état, il ne ferait guère plus que discuter. Ce n’était pas la première fois qu’il se remettait d’expériences éprouvantes. Il avait apprit les bienfaits d’un départ en douceur qui, au final, permettait de retrouver plus vite son plein potentiel.

[Kasumi]

Son ami nain fut ravi de le voir debout et, plutôt que de s’enquérir directement de son état, lui demanda s’il avait apprécié son repas. Après ces politesses d’usage, le svirfneblin put compter sur un interlocuteur pleinement coopératif qui lui confirma les grandes lignes du rapport qu’avait fait Dotha tout en lui apportant de plus amples précisions sur les situations marchandes et surtout minières. Les convois envoyés à l’extérieur étaient encore sporadiques et bien loin d’avoir retrouvé leur rythme habituel. Quant aux mines, il y avait bien deux mines sécurisées mais la situation restait préoccupante dans la plus ancienne malgré l’envoi des golems pour tenter de juguler et de débusquer les groupes de gobelins qui l’infestait encore.

[Alchem]

Une situation plutôt bonne en somme, compte tenu de la menace initiale. La vieille mine devait être nettoyée mais cela ne faisait pas partie des prérogatives svirfnebelines. Les mines naines étaient gérées par les nains. Les mines gnomes étaient gérées par les gnomes. Alchem tenta d’obtenir de la part de son ami les détails au sujet de la route commerciale souterraine reliant Lameroy à Ornegemme. Il savait néanmoins qu’il lui faudrait parler à un patrouilleur svirfnebelin pour pleinement satisfaire sa curiosité. Y evait-il dans les parages ? Et où se trouvait sa mère actuellement ?

[Kasumi]

Aucune information concernant la route des profondeurs n’était parvenue jusqu’à l’aubergiste et c’était là un élément quelque peu troublant pour ce dernier : d’ordinaire, il était informé parfois même avant les autorités de l’arrivée de la prochaine patrouille mais il n’en avait pas vue depuis le début celle qu’avait rencontré Alchem et ne connaissait pas la date de l’arrivée de la suivante. Quant à la mère du svirfneblin, il se murmurait parmi les cercles bien informés qu’elle avait prévu de repartir le lendemain mais qu’elle devait s’entretenir une nouvelle fois avec le Grand Conseil avant cela. Probablement dans la journée.

[Alchem]

Alchem fut forcément intrigué par cette absence de nouvelle de la route commerciale souterraine. Conjugué à une nouvelle audience de sa mère au Conseil nain, il redoutait instinctivement quelques complications. Les remous chaotiques dans l’Outreterre pouvaient parfois provoquer de fâcheuses réactions en chaîne. Mais ce n’était là que pur spéculation. Le fils Murmure se résolut donc de s’entretenir avec sa génitrice afin d’en avoir le cœur net et puis, tout simplement, pour la rassurer sur son état de santé. Trouver la Grande Mystificatrice n’allait pas être difficile. Il était même possible que ce soit elle qui le trouve.

[Kasumi]

L'aubergiste lui apporta un verre de bière naine pour le faire patienter dans la salle commune du Filon Aurifère. En tous cas, si Théâya avait prévu de lui rendre visite, ce ne serait pas pour tout de suite. Se pouvait-il que la discussion avec le conseil de la ville ne s'éternise. Ce n'était pas forcément bon signe...

[Alchem]

Alchem ne manquait pas de patience. Certes, alors qu’il attendait, il ne pouvait s’empécher d’échafauder mille scénarios catastrophiques, mais ce n’était pas comme si cela sortait de l’ordinaire. Dalius ne manqua pas de le distraire par ses pitreries. Le gnome était peut-être encore un peu fatigué. Le rat, lui était par contre en pleine forme et il le montra en randant le sourire à son maître.

[Kasumi]

Une nouvelle heure passa - peut-être deux - pendant laquelle Dalius poursuivit inlassablement ses pitreries pour amuser son maître. Puis la porte de la salle commune du Filon Aurifère s'ouvrit. Deux nains entrèrent - des gardes de la ville - et se dirigèrent aussitôt vers la table d'Alchem :

- Maître Murmure, votre présence est sollicitée à la salle du conseil. Nous sommes là pour vous y escorter.

[Alchem]

Et bien, peut-être allait-il savoir ce qui se tramait exactement. Ou pas. Après tout, il n’avait pu faire son rapport des événements au Conseil alors qu’il était responsable des opérations concernant les émanations magiques. Le Conseil désirait peut-être l’entendre afin de simplement respecter la procédure. Quoi qu’il en soit, le gnome se leva.

« Je vous suis. »

Dalius lui sauta dans la poche et déclara :

« À ton avis, il reste quoi du Conseil après deux confrontations avec ta mère ? »

[Kasumi]

En arrivant dans le couloir menant à la salle du conseil, on ne fit pas patienter Alchem sur l’un des bancs de marbre qui s’alignaient le long des murs. Peut-être cette légère entorse au règlement était-elle due à son rang ou à l’impatience d’entendre son rapport mais le svirfneblin put en tous cas juger que la dernière remarque de Dalius n’était pas dénuée de sens. En effet, les échos d’éclats de voix se faisaient entendre au travers des lourdes portes de pierre qui barraient l’accès à la salle du conseil.

Les deux gardes parurent embarrassés mais ouvrirent néanmoins les portes comme ils en avaient certainement reçu l’ordre. Alchem put ainsi entendre la fin d’une phrase prononcée d’une voix tonitruante par l’un des chefs nains :

- … n’appartient pas aux nains d’intervenir dans les Tréfonds !

Il s’interrompit à l’entrée d’Alchem et un silence pesant s’imposa. Alchem nota aussitôt que sa mère, derrière le pupitre des requérants, fulminait et parvenait à regarder l’ensemble du conseil de haut. Un exploit étant donné sa petite taille et l’agencement des lieux.

[Alchem]

Alchem se garda bien d’interpréter une bribe de phrase, même si celle-ci était de nature à alimenter ses soupçons. Il considéra un instant l’ensemble des protagonistes puis s’inclina respectueusement. Au contraire de sa mère, il respectait les coutumes locales. Mais en même temps sa mère était une exception en bien des choses alors que lui collait d’avantage au svirfnebelin typique. Et puis il était fatigué, se reposer sur les conventions, les automatismes, c’était pratique. Dans le silence qui s’était fait, il s’exprima d’une voix un rien plus monotone que d’habitude.

« Grand Conseil, vous m’avez convoqué. Alors me voici. Je dois toutefois vous avertir que je n’ai eu jusqu’à présent qu’un rapport très succin sur les derniers évènements et j’ignore tout de ce qui se trame dans les profondeurs. Je ne me suis réveillé que depuis quelques heures. »

S’ils voulaient son avis sur des décisions à prendre, il faudrait d’abord le mettre au courant.

[Kasumi]

Le nain qui venait de s'énerver jeta un regard plein de reproches en direction de Théâya comme pour lui signifier qu'elle venait de recevoir un parfait exemple de l'attitude à adopter. Mais ce fut un autre nain qui désamorça cette situation potentiellement explosive :

- Le conseil vous remercie de votre diligence, maître Murmure. Nous avons eu connaissance de votre état de santé et nous ne vous aurions pas convoqué si la situation ne revêtait une certaine gravité...

Théâya s'emporta et l'interrompit :

- C'est ce que j'appelle un euphémisme ! Des drows assiègent peut-être Ornegemme à l'heure qu'il est et vous évoquez cela de la même façon que si votre mémé avait un peu trop cuit son gâteau !

Nouveau regard meurtrier du premier nain tandis que le second reprenait avec un calme étonnant :

- Le rapport ne parle que d'éclaireurs : il n'y a pas de quoi s'alarmer à ce stade.

[Alchem]

Des Drow ? Des Drow ! Le mot percuta la conscience d’Alchem au point de l’ébranler. L’état de faiblesse du gnome put alors clairement se voir car il faillit tout simplement perdre l’équilibre sous l’effet d’un vertige. Il arriva à se reprendre malgré tout. Lorsqu’il répondit, ce fut d’une voix anxieuse.

« Des éclaireurs Drow vous dites... Bon sang, il ne manquait que ça... Ces chiens ont probablement eu vent des troubles qui nous ont frappés. Je prie pour que ce ne soit pas les prémices d’une nouvelle guerre. Le Despote était un adversaire puissant, mais seul et on l’a stoppé avant qu’il ne puisse mettre à l’œuvre ses projets. Si les Drow déferlent, ce sera une autre histoire. »

Il se tourna vers la Grande Mystificatrice.

« Vous devez... nous devons rentrer à Ornegemme dans les plus brefs délais. On doit se préparer au pire. »

Il refit face au Conseil.

« Avons-nous d’autres éléments ? Si ce n’est pas le cas, je conseille au moins d’envoyer plus de soldats au comptoir commercial de Belroc. Celui-ci relie nos deux villes. Il ne doit pas pouvoir tomber à cause d’une attaque éclair des elfes noirs. On ne doit pas être isolé. »

[Kasumi]

Les nains s’entre-regardèrent, manifestement gênés, avant que l’un d’eux ne reprenne la parole en leur nom :

- C’est également ce que nous a demandé dame votre mère… Nous ne disposons malheureusement pas de plus de soldats. La guerre avait déjà mobilisé un lourd contingent qui ne reviendra pas avant au moins deux mois. De plus, nous avons subi de nombreuses pertes lors des événements récents. Enfin, la reconquête n’est pas totalement achevée : libérer notre mine réclame beaucoup d’effectifs dont nous ne disposons plus. Envoyer un contingent à Belroc se ferait au détriment de la sécurité de Lameroy et de ses routes. Or, qui sait si ce n’est pas ce que nos ennemis attendent…

Un autre nain prit la suite, déclarant d’une voix conciliante :

- Comprenez-nous bien : le Conseil est très attaché à honorer les accords de défense qu’il entretient avec votre peuple. Mais nous ne pouvons pas agir sur la base d’un simple rapport de patrouille qui a pu tomber sur un groupe isolé : vous allez devoir enquêter sur l’ampleur de la menace avant toute chose.

[Alchem]

Alchem observa un temps de silence. Il tentait de chasser l’angoisse qui venait de s’emparer de lui afin de réfléchir la situation. Une situation mauvaise, inutile de se voiler la face. Mais il n’y avait encore rien de catastrophique. Le pire pouvait peut-être encore être évité.

« Je comprends, Grand Conseil, vos impératifs. Nous nous retrouvons pris dans une tourmente face à laquelle nos moyens sont limités. Ceci dit, il serait préférable d’éviter que les Drow puisse prendre la pleine mesure de ce fait. Affichez le maximum de soldats sur vos défenses, même s’il faut pour cela réduire les temps de repos ou enrôler des volontaires. Montrez-vous solide et cela pourrait dissuader les elfes noirs de tenter quelques choses. Concernant Belroc, si vous ne pouvez vous permettre d’envoyer pour l’instant des forces, partez du principe qu’elles seront peut-être nécessaire sous peu. D’ici là, il devient impératif de sécuriser vos mines. Ce sera toujours cela de moins à gérer. Ornegemme a moins souffert que vous. Si les Drow ne sont pas encore en marche sur nous, il devrait être possible de vous envoyer quelques commandos. »

[Kasumi]

Seul Alchem sans doute, de par sa notoriété et sa réputation de chef éclaireur, pouvait se permettre de donner si ouvertement des conseils aux dirigeants de Lameroy. Aucun d’entre eux ne sembla d’ailleurs s’en formaliser mais l’un d’eux répondit d’un air grave :

- Par la grâce de Moradin, les elfes noirs n’ont jamais atteint les portes de Lameroy depuis sa fondation. Nos forces se tiendront prêtes à vous aider si les informations que vous nous transmettraient confirment vos difficultés. Nous vous remercions pour votre propre d’assistance mais nous sommes obligés de la refuser. La situation politique est délicate : nous ne pouvons pas nous permettre d’afficher notre faiblesse, comme vous l’avez fait remarquer. Et cela vaut tout autant sinon plus vis-à-vis de nos alliés. Lameroy se doit d’afficher sa capacité à rester autonome. Sans quoi Luménis ou Asgaroth pourrait nous imposer des troupes qu’ils ont toujours voulu installer en nos murs. Comprenez que nous ne pouvons nous permettre de créer un tel précédent.

[Alchem]

Alchem garda à nouveau le silence durant quelques secondes. Il aurait été certain que s’il avait pu imposer ses idées, Lameroy aurait été gérée différemment. Cela dit, le gnome manquait lui-même d’informations pour être certain de la marche à suivre. Le temps lui tardait désormais d’avoir entre ses mains les rapports concernant les fameux éclaireurs Drow. Il lui faudrait encore quelques jours pour pleinement se remettre des épreuves impsées par le Despote, cependant il savait désormais que ces jours, il les passerait à Ornegemme, en tant que patrouilleur en chef.. Il ne pouvait se tenir à distance lors d’un tel événements. Pauvre Dotha, elle rentrerait seule à Lumenis. Mais c’était sans doute mieux ainsi. Il s’inclina.

« Je pense que tout a été dit. Faisons en sorte de nous tenir informé et d’agir de concert lorsque cela sera nécessaire. Pour l’heure, c’est d’informations dont nous avons besoin. Puis-je me retirer ? »

Il jeta un coup d’œil vers sa mère. Il comptait bien lui parler seul à seul. Théâya pouvait rentrer à Ornegemme en un clin d’œil via un sortilège de rappel. Il partirait avec elle et sa garde sitôt les derniers détails réglés ici.

[Kasumi]

Sa mère semblait fort mécontente de la tournure des discussions mais, malgré son caractère désormais célèbre, elle savait quand ne pas trop pousser le bouchon au risque de créer un incident diplomatique.

Avec la permission des chefs nain et une nouvelle assurance qu'ils se tiendraient prêts dans l'éventualité d'une invasion drow, les deux svirfneblins purent quitter la salle du conseil. Théâya n'attendit même pas qu'ils se soient éloignés pour exprimer son agacement en des termes fleuris : leur immobilisme et leur lenteur d'action l'avaient mis hors d'elle.

[Alchem]

Comme d’habitude, lors de ce genre de situation, Alchem pondéra les propos de sa mère, affirmant que les nains faisaient toujours le nécessaire, même s’il leur fallait du temps pour cela. Et du temps, il en avait quand même devant eux. Ornegemme était loin d’être directement menacée. Les Drow, lors de la première guerre, n’avaient jamais réussi à en déterminer la position exacte. De surcroît, les gnomes des profondeurs ne baissaient jamais leur garde. Une bonne partie des défenses construites à l’occasion du conflit était toujours entretenues. Il faudrait toutefois organiser une foule de choses. Le fils Murmure comptait bien ne pas fuir ses responsabilités. Tous les svirfnebelins allaient sous peu quitter Lameroy afin de gagner leur cité grâce à la magie. Ne resterait sur place qu’un messager ou deux, qui pourraient réceptionner les communications télépathiques et donc tenir informé les nains.

« Je retourne à l’auberge du Filon Aurifère. Il ne me faudra pas longtemps pour boucler mes affaires. Je dois aussi informer Dotha. On se retrouve vers les portes intérieures. »

[Kasumi]

Mais il ne put pas aller plus loin. Car l’intéressée surgit à ce moment précis dans le couloir menant à la salle du conseil. La gnome avait l’air furieuse et c’est à grands pas qu’elle se dirigea vers Alchem et sa mère, invectivant aussitôt le fils :

- Je vous laisse vous reposer à l’auberge et qu’est-ce que j’apprends ? Que vous l’aviez quitté bille en tête à peine avais-je le dos tourné et en plus pour aller travailler !? Vous avez besoin de repos, Alchem ! Je suis sûr que vous connaissez ce mot ou son équivalent dans votre langue étrange !

Théâya – étrangement – ne pipa mot mais son expression arborait des signes qui ne trompaient pas : la situation avait l’air de beaucoup l’amuser.

[Alchem]

Alchem fut contant de tomber si vite sur Dotha. En revanche, il n’avait pas du tout l’esprit à la plaisanterie. Cela se vit clairement car les paroles de la gnomesse semblèrent glisser sur lui comme s’il n’avait rien entendu.

« Dotha, il y a un imprévu. Des éclaireurs Drow ont été vu. Peut-être n’est-ce rien. Peut-être est-ce au contraire les prémices d’une nouvelle guerre. Je retourne à Ornegemme dans l’heure avec ma mère et la délégation svirfnebeline. Vous, vous rentrez à Lumenis. »

Ton sans réplique. Il s’égissait clairement d’un ordre.

[Kasumi]

Dotha sembla à peine surprise par cette nouvelle et elle fit mine de n'avoir rien entendu - en particulier l'ordre la renvoyant à Luménis - en se tournant vers la mère du svirfneblin :

- Grande Mystificatrice, mon église m'a assigné la mission d'enquêter sur le cristal et aussi d'étudier la magie sous toutes ses formes. Vous êtes assurément une érudite en la matière et je sollicite solennellement une audience à Ornegemme.

Le sourire de Théâya s'élargit et elle prit son fils à partie :

- Tu vois, parfois demander poliment t'obtient plus efficacement ce que tu souhaites. Dotha, c'est avec grand plaisir que j'accepte de vous inviter. Et il se trouve justement que j'organise notre départ pour Ornegemme dans l'heure : il y a parfois de ces coïncidences !

La gnome ne demanda pas son reste et répondit qu'elle allait de ce pas chercher ses bagages. Déjà prêts de surcroît.