[Lieu] Une cité perdue

[Hubert de Maleval]

" Ah, je n'ai même pas pensé à ce genre de choses... Je devrais peut-être... mais non."
Il sourit.
" Je ne sais pas écrire. Et je ne mourrai pas. Je demanderai à Etienne de reprendre Alban sous son aile. Quant à Ruth... Ah, Ruth. Je voudrais aussi qu'elle trouve quelqu'un à sa mesure, mais la chevalerie traditionnelle est tellement... rétrograde, à cet égard. Je lui trouverai quelqu'un. Si elle est encore prête à ce que je m'immisce dans sa vie."

[Taliesin]

-Bah, tu verras ça quand tu seras revenu des enfers et quand la Communauté sera enfin réunie. Ca n'irait pas à un Lathandrite, d'envisager le pire. Ce serait même très inquiétant.
Il sourit.
-Pour le reste, je ne me prononcerai pas sur la chevalerie en général, mais celle d'Antelucas, peut-être grâce à l'influence sunite, est assez progressiste : il y a quelques dames pour embrasser la profession de chevalier, et les jeunes filles ne sont pas inexistantes parmi les écuyers. Bon, elles restent des exceptions mais... Il y en a.

[Hubert de Maleval]

" Mais je ne peux pas demander à Etienne de prendre Alban et Ruth en même temps. Et l'écuyer de Gaspard est encore très jeune. De surcroît, je ne suis pas sûr que le métier de chevalier convienne à Ruth. Elle ferait une meilleure... aventurière, je crois. Je devrais plutôt demander à Guillermo de la prendre sous son aile... mais il a déjà les trois Paludiers... Non, sans doute Edgar pourrait-il faire un bon maître, s'il prenait conscience de ses qualités..."
Il songea qu'il aurait dû essayer de rapprocher le sergent et la couturière. Ils étaient issus de la même région, Ingrid était encore jeune et Edgar n'avait aucune chance avec l'institutrice de son coeur. Mais c'était trop tard : la communauté s'était disloquée.
" Je pourrais aller parler avec Etienne... mais j'ai l'impression qu'il joue l'anguille avec moi. Je ne lui ai pas reparlé depuis que je l'ai assommé..."

[Taliesin]

-Bah, il fait ça avec un peu tout le monde. Et ce n'est pas vraiment qu'il nous évite : il... reprend pied à son rythme, on va dire. Quoique j'aie l'impression que ce soit davantage pour être prêt à se battre s'il le faut que parce qu'il reprend le dessus.
Il soupira.
-En tout cas, je ne suis pas certain que tu auras beaucoup de succès si tu viens lui parler d'écuyers maintenant.

[Hubert de Maleval]

" Tu es certainement meilleur juge de caractère que moi... et je m'en tiendrai donc à ton conseil, dit le paladin. Cela dit, j'avais l'intention de lui demander de reprendre le leadership des forces armées en mon absence, avec Guillermo comme second officieux... J'espère qu'il dira oui. Je ne vois pas bien à qui je pourrais demander d'autre et... même si les chances que le palais soit attaqué sont faibles, il faut qu'il y ait une figure d'autorité à laquelle se fier en cas de crise."

[Taliesin]

-Frida me paraît déjà très bien, en matière de figure d'autorité. Mais si tu juges qu'il faut quelqu'un d'autre, je te crois : je n'y connais rien, dans ce domaine. Bon, spontanément, j'aurais plutôt pensé que tu refilerais le poste à un membre de ton état-major, mais si c'est pour Étienne que tu optes...
Il haussa les épaules.
-Bon courage.

[Hubert de Maleval]

" Je ne sais pas. Je voulais refiler le poste à Guillermo, c'est lui, de loin, le plus compétent d'entre nous tous. Il est probablement plus compétent que ne l'était Robert... Mais évidemment, il ne veut pas, il dit que les hommes ne lui seront pas loyaux, et je ne veux pas prendre de risques. Gaspard est trop jeune et trop en retrait, Edgar ne voudra jamais en entendre parler et son manque de confiance en lui est trop apparent... Frida n'est pas un militaire. Même si elle saura gérer le groupe en notre absence, je ne la vois pas en chef de guerre... Il reste Rachel et Sofia, mais elles sont arrivées trop récemment. Les quatre paladins sont trop... extrêmes et trop jeunes, aussi. Etienne est le chef naturel de l'expédition. Mais tu as raison de dire qu'il va se rebiffer et que son parcours va peut-être susciter le doute. Hum. Oui. Frida avec Guillermo en second, c'est le plus solide, je suppose. Je ne peux pas me permettre de filer sans rien prévoir, de toute façon."

[Taliesin]

-En même temps, on a vu que les choses pouvaient très bien s'organiser d'elles-mêmes...
Il sourit.
-Enfin, je comprends que tu aies besoin d'organiser un peu tout ça afin de partir l'esprit relativement tranquille... Mais sonde quand même Étienne : ça ne fonctionnera pas forcément mais peut-être que la démarche en elle-même produira des effets bénéfiques plus tard.

[Hubert de Maleval]

" Tu as raison. Merci pour tes conseils. Je n'y aurais pas songé comme ça."
Il sourit, regarda un instant le barde droit dans les yeux.
" Rédige tout ça si ça te permet à toi, d'avoir l'esprit tranquille. Mais n'oublie pas que nous allons rentrer, et que tu devras en faire un feu de joie, d'accord ?"

[Taliesin]

Cette fois, Giovanni soupira.
-Je ne peux rien te promettre, Hubert, car ce serait te mentir : d'une part je ne suis pas Lathandrite et d'autre part, objectivement, un peinte hédoniste n'ayant connu que luxe et volupté n'est pas exactement la personne la mieux taillée pour descendre aux abysses pour affronter des démons. Mais je vais essayer de puiser de la confiance dans la tienne, de l'optimisme dans le tien.

[Hubert de Maleval]

" Fais-le." dit le paladin.
Il pinça les lèvres.
" Est-ce que tu penses... quand tu auras terminé... que tu accepterais de descendre dans la salle d'entraînement ? J'aimerais que nous nous entraînions à quatre, spécifiquement... Mais ça peut attendre que tu sois paré."

[Taliesin]

Le barde sembla sceptique.
-Dans l'absolu, on pourrait y aller tout de suite : j'ai beaucoup de mal à trouver mes mots, de toute façon. Mais je me demande bien ce que tu espères tirer de moi : je suis un bretteur d'opérette, je suis le seul à user d'une arme à distance... et je suis particulièrement indiscipliné. Bref, je ne sais pas trop ce que tu espères me voir faire ou apprendre..

[Hubert de Maleval]

" Je ne sais pas trop non plus. Mais peut-être simplement nous aider à développer une certaine synergie... Voir comment tu te comportes face au danger... T'aider à te positionner, aviser du rôle de chacun en fonction des étapes de notre parcours... De ce que j'ai vu, toi et moi serons surtout sollicités une fois dans les abysses... Cela veut dire qu'Albérich et Thibault seront en première ligne jusque là, pour que nous conservions nos forces de frappe... Dans le même temps, tu as eu le bâton de mage en main... Que t'a-t-il donné comme impression ? Dois-tu le ménager sous peine d'épuiser un nombre de charges ? Ou bien peut-il fonctionner sans discontinuer ?"

[Taliesin]

-Alors là, n'étant pas du tout un spécialiste de ce genre d'artefacts, je ne saurais te répondre avec précision.
Il se concentra.
-Le... le sort ou le projectile de base, on va dire, j'ai le sentiment que s'il y a une limite, il faut un bon moment avant de l'atteindre. Quant aux autres sorts, dont je ne suis pas certain de la nature... Eux sont utilisables beaucoup mions souvent, cela me parait certain.

[Hubert de Maleval]

" Je devrais demander à un de nos mages de l'examiner. Certains d'entre eux ont des sortilèges qui permettent de comprendre la nature exacte des artefacts magiques, je pense... pour autant que ces objets célestes acceptent de se laisser appréhender. Je devrais peut-être même faire examiner l'ensemble des objets... Si nous savions exactement ce qui est en notre pouvoir, nous serions bien plus efficaces..."

[Taliesin]

-C'est toi le maître d’œuvre, Hubert. Moi, je ne peux que t'encourage à faire ce que tu penses nécessaire.
Il baissa les yeux sur les lettres et autres documents qui encombraient le bureau.
-Bon, j'imagine que ça t'arrange si nous allons nous entraîner dès à présent... De toute façon, j'avais une panne de plume.

[Hubert de Maleval]

" C'est comme tu veux, dit le paladin en se levant. On peut aussi se retrouver en bas plus tard... Mais l'entraînement pourrait te redonner de l'inspiration..."
Ou la confiance en la victoire.
" Mais Giovanni... Albérich a raison : tu peux ne pas venir."

[Taliesin]

-Pour ensuite porter toute ma vie durant la honte et la culpabilité de m'être défilé en cette heure cruciale où mon aide est requise ?
Il secoua la tête.
-Hubert, je suis mort de trouille et convaincu d'y laisser ma peau. Mais malgré tout ça... J'ai quand même un certain sens du devoir, tu sais.

[Hubert de Maleval]

" De ça, je ne doute pas." dit le paladin, sobrement.
Il lui sourit doucement.
" Mais tu en réchapperas."
J'y veillerai, songea-t-il à nouveau, sans oser le dire.
" J'ai bien l'intention que quelqu'un immortalise mes fesses célestes pour la postérité."

[Taliesin]

-Malheureusement, si j'étais toi, je me chercherais un autre artiste. Je crains que si je reviens de cette expédition, il me soit à jamais impossible de peindre de belles choses, d'être éternellement condamner à reproduire des paysage de cauchemars et les abominables entités qui les hantent... Remarque, ça me donnera une nouvelle réputation, celle d'un artiste maudit, tourmenté, aux limites de la folie... Il paraît que ça a un certain charme...
Il s'était levé et se tenait prêt à le suivre.

[Hubert de Maleval]

Hubert ne s'était pas attendu à parvenir à dérider le barde : après tout, même Thibault avait échoué à ce petit jeu. Il espérait juste qu'il ne serait pas aussi marqué par l'aventure qu'il ne semblait le craindre. Il risquait de l'être, pourtant : le paladin avait contemplé l'horreur dans ses visions et sans son entraînement à affronter le mal, il aurait peut-être été nettement plus affecté. Pendant une seconde, alors qu'ils descendaient vers le rez de chaussée, il eut envie de se retourner vers Giovanni pour lui défendre de les accompagner. Mais c'était trop tard : il aurait fallu ne jamais le lui proposer. Il se sentit coupable de l'avoir blessé irrémédiablement avant même qu'ils n'aient quitté le palais.
Mais sans doute qu'in fine, aucun d'entre eux ne pourrait sortir indemne de ce qui s'était produit, déjà, jusque là. Et qui sait, la victoire aiderait-elle peut-être l'Antelucien à reprendre du poil de la bête...
Il gagna donc la salle d'entraînement en proie à des pensées contradictoires, et chercha les deux clercs du regard.

[Taliesin]

Le Luménien, lui aussi, avait éprouvé quelques difficultés à trouver son collègue. Et pour cause : celui-ci déambulait de-ci, de-là dans le palais, observant les décorations, les objets exposés... Au total, ce fut une chance qu'ils se croisent après seulement vingt minutes de recherches.
-Albérich, tu as besoin de moi pour quelque chose ?

[Galathée]

" Diable, j'ai cru que j'allais devoir faire trois fois le tour de cet endroit..." grommela le Luménien.
Mais il ne voyait pas bien comment expliquer à Thibault que vu les circonstances, il serait peut-être indiqué qu'on puisse aisément le localiser. Cette simple mention mettrait assurément le Sunite de mauvaise humeur. Il se contenta donc d'un sourire contrit.
" Hubert veut nous faire travailler tous ensemble."

[Taliesin]

-Nous faire... ?
Il sourit.
-Manifestement, la raclée que nous lui avons mise lors de notre dernier entraînement commun ne lui a pas suffi. Alors soit, faisons lui de nouveau sentir le goût de la défaite !
Il se fit plus sérieux.
-Avant que tu ne dises quoi que ce soit... Oui, je sais que nous ne nous battrons pas les uns contre les autres et oui, je sais que c'est du sérieux. Je m'efforcerai donc d'être un élève sage, appliqué, concentré... et peut-être silencieux même si, en ce domaine, je ne peux rien garantir.

[Galathée]

" Effectivement, il ne vaut mieux pas, dit le Luménien avec le sourire. Mais je sais que tu combats l'angoisse de cette manière, je te connais."
Il reprit la direction du rez de chaussée.
" Je te demande juste d'user de ta grande sagesse pour essayer de ne pas te mettre Hubert à dos avant même le départ..."

[Taliesin]

-Alby, mon cher ami, tu vas finir par me vexer. Personnellement, je me trouve invariablement adorable avec Hubert.
Il lui avait emboîté le pas.
-Ceci dit, me le mettre à dos serait sans doute une excellente idée. Ainsi se concentrerait-il davantage sur la protection de Giovanni, sur la tienne... et sur la sienne.

[Galathée]

" Je pense que même s'il te haïssait, il veillerait sur toi, dit Albérich. Ne fut-ce que parce qu'il pense que c'est ce que je voudrais."
Il songea au fait qu'Hubert se sentait coupable, aussi, de leur situation sentimentale. Il n'avait pas oublié la manière dont il avait ramené le cadavre du Sunite, défait, bouleversé, incapable d'imaginer autre chose qu'une nécessaire résurrection.
" Mais il t'a vu à l'oeuvre, aussi, et il sait que tu es capable de te défendre. Il risque de veiller surtout sur Giovanni, dans un premier temps. Ton amour-propre devrait donc rester intact."

[Taliesin]

-Ah, mon amour propre... Le pauvre n'est vraiment plus ce qu'il était. Jadis, il m'aurait poussé à balayer avec désinvolture cette histoire d'entraînement, à arguer que je suis déjà au maximum de mes capacités et que je serai à la hauteur quoi qu'il advienne... Aujourd'hui, il me fait juste me fendre d'une petite boutade sans m'empêcher de t'emboîter docilement le pas...
Ils s'étaient engagés dans l'escalier, en direction du rez-de-chaussée.

[Galathée]

" Vu les circonstances, c'est une chance que tu n'aies plus vingt ans." dit le Luménien avec le sourire.
Il était soulagé que le Sunite et le paladin ne s'entendent pas trop mal. Il était bien conscient que cela devait demander un effort considérable à Thibault, même s'il ne pouvait pas imaginer que le clerc reste longtemps épris de lui. Il ne voyait pas bien ce qu'il avait pour lui plaire, tant ils étaient dissemblables, et de manière générale, Albérich avait du mal à imaginer qu'il puisse constituer un objet de désir pour quiconque.
Quand ils atteignirent la salle d'entraînement, Hubert et Giovanni y étaient déjà. Le paladin paraissait plongé dans ses pensées et son regard s'éclaira à leur arrivée.
" Enfin, dit-il, avec une légère impatience. Thibault, toi qui as l'oeil pour ça, est-ce qu'il y a moyen de mettre une cotte de mailles ou de cuir sous les aubes ? Aisément ?"

[Taliesin]

Thibault fit la moue.
-Hum... Ce ne serait pas très esthétique, déjà : ce serait un peu comme porter une armure sous une tenue de soirée. Sans compter que l'étoffe des aubes pourrait s'accrocher aux anneaux, avec pour conséquences de jolis accrocs. Mais à part ça, ça me paraît globalement faisable, oui.