[Lieu] Aubépine

[Kasumi]

Le rôdeur lui aurait bien répondu qu'il était capable de lancer quelques sortilèges mais il valait mieux ne même pas le mentionner tant ils paraissaient anecdotiques en comparaison avec ce dont était capable un druide. Il ne ressentait pour autant aucune jalousie à cet égard, lui qui avait choisi une voie qui lui correspondait bien mieux tant pour son caractère que pour ses aptitudes naturelles. Il rejoignit Mylène pour voir comment elle se débrouillait puis envisagerait de couvrir un autre secteur quand les choses se seraient mises en route. II ne manqua pas de lui préciser que même des branches brûlées pourrait leur être utiles.

[Voyageuse]

La "montagne" de cendre -ainsi surnommée par Mylène- était de taille imposante : ils auraient beau accumuler des branchages, ils n'en viendraient pas à bout aisément. Et Thanaën, observant le ciel, prévoyait un vent modéré pour la fin de la nuit et de la pluie au petit matin.
" On devrait faire comme pour les meules de foin, suggéra Mylène. Abriter en priorité le sommet pour limiter les infiltrations. Même si ça n'est pas du foin, ça ne peut pas faire de mal... Enfin, j'en sais rien..."
Mais atteindre le sommet, à plusieurs toises de hauteur, nécessitait de patauger dans la cendre, ou de se bricoler un chemin jusque-là.

[Kasumi]

C'était loin d'être une mauvaise idée et Kasumi salua son pragmatisme et son bon sens. La méthode fut aussitôt adoptée même s'il faudrait certainement lier les branches et par une corde pour éviter que le tout ne se délite. En tous cas, en protégeant le sommet, ils limiteraient les dispersions et compacteraient en outre le massif pour le rendre plus solide. Restait à se répartir le travail entre collecte et confection...

[Voyageuse]

A deux, ils parvinrent à fabriquer une sorte de "chapeau" dont ils pourraient coiffer le monticule. Il leur fallut ensuite utiliser des branchages en guise de marches d'escalier pour atteindre le sommet. Ce fut Mylène qui grimpa, arguant qu'elle était la plus légère. Il put noter qu'elle ne manquait pas de force dans les bras : elle parvint à hisser le chapeau et à le mettre en place sans trop de difficulté.
Thanaën, après les avoir aidé pendant quelques temps à ramasser des branches, s'était éloigné, peut-être pour se reposer en vue de la nuit. Ils n'étaient donc que deux à s'activer, et la tâche était rude. Mylène finit par suggérer une pause. Elle avait amené des provisions en quantité : Martha et Sylvia avaient pris soin de lui choisir pâtés, jambons, pain, fromage et légumes. Il ne manquerait de rien dans les jours à venir.
" Une fois qu'on aura protégé les cendres... c'est quoi le programme des jours à venir ? Il y a d'autres choses pour lesquelles je peux aider ?", questionna la jeune femme avec curiosité.

[Kasumi]

Mylène était volontaire et efficace et cela réchauffait le cœur ! Malgré cela, la pause était effectivement la bienvenue et Kasumi découvrit avec grand plaisir ce que Martha et Sylvia avait concocté pour eux. En revanche, répondre à la question de la villageoise fut quelque peu délicat : sans doute s'ennuierait-elle pendant les cérémonies s'il lui proposait d'y assister. Et il n'était pas certain que Thanaën approuve par dessus le marché...

- Je ne sais pas si vous aviez l'intention de passer la nuit ici... Il ne va pas se passer grand chose : je devrais veiller sur la transe de Thanaën et un peu d'aide ne serait évidemment pas de refus mais je ne veux rien vous imposer. Pour le reste, je pense que nous nous rendrons à l'ancien camp des Malarites demain après-midi ou plus probablement le lendemain.

[Voyageuse]

" Hum... Pour ce qui est des nuits... alors en fait, j'ai négocié avec ma mère... oui parce que j'ai beau être adulte, tant que je vis sous son toit elle me considère apparemment comme une gamine... bref. Elle ne veut pas que je passe la nuit en forêt, ça l'angoisse trop, donc j'ai promis de rentrer ce soir. Mais peut-être que si elle voit que tout se passe bien, au bout de deux ou trois jours elle m'autorisera à rester la nuit... au moins une... Comme ça je pourrai vous aider à protéger les lieux !"
Elle sourit, joyeuse, manifestement guère consciente des dangers que recelait la forêt la nuit, ou en tout cas bien décidée à les braver.
" Et pourquoi vous n'allez au camp des malarites que demain après-midi ? Si on veut y transporter les cendres, il faudrait y aller à l'aube, non ?"

[Kasumi]

Kasumi esquissa un sourire en entendant la réponse de Mylène : il était plutôt soulagé qu'elle ne passe pas les nuits dans les parages avant que les lieux soient plus sûrs et qu'il ait pu voir comment elle se débrouillait avec son arc. Il lui répondit néanmoins sans rechigner :

- Votre mère n'a pas tout à fait tort, j'en ai peur. Thanaën doit présider la cérémonie pour purifier la résurgence et cela durera jusqu'à midi. En y réfléchissant, il ne sera sans doute pas en état de se rendre à la colline avant après-demain... Mais si vous voulez venir demain après-midi, je vous montrerai quelques bottes : je vous dois bien ça, après tout !

[Voyageuse]

Mais Mylène était têtue.
" Je viendrai, bien sûr, c'est plus passionnant que repriser des chaussettes. Mais... On peut pas y aller sans lui, au campement malarite ? L'après-midi ? Vous y êtes bien allé tout seul après tout... On pourrait commencer à y emmener des cendres, non? Ou vous croyez qu'il y a du danger là-bas ? Vous disiez qu'ils étaient partis..."
Elle semblait fortement désireuse de se frotter à un peu de danger. Ou de supposé danger.

[Kasumi]

Mais en l'occurrence, Kasumi préférait être impopulaire que de la mettre sciemment en danger alors que la situation ne l'y obligeait en rien.

- Même s'ils sont partis, ils ont pu laisser des pièges par exemple. Et je préfère ne pas laisser Thanaën se reposer seul : il risque d'être complètement épuisé. Bon, il ne risque pas grand chose en journée ici mais ce ne serait pas très convenable je trouve.

[Voyageuse]

" Oh..."
Le prétexte de devoir protéger Thanaën parut lui faire une certaine impression.
" Bon... mais alors, c'est comme vous préférez. Je peux venir seulement après-demain, ou bien demain après-midi si vous avez besoin de moi..."
Son visage s'éclaira.
" Ah, mais je peux vous trouver de grands sacs de jute, si vous voulez, et les apporter demain ! Comme ça, on protégera mieux le tas de cendres, et ça nous aidera à les transporter sans que tout s'envole à chaque soubresaut. Il faudra une deuxième brouette aussi... Bon, mais donc il faut que je vienne, au moins pour apporter tout ça !", conclut-elle d'un ton triomphant.

[Kasumi]

L'idée était effectivement bonne : il avait songé au sacs mais pas à une deuxième brouette qui leur éviterait la moitié des voyages. Il répliqua donc avec enthousiasme :

- Et nous pourrons peut-être nous entraîner un peu à l'arc avant que vous ne repartiez si vous êtes d'accord. Pour chercher un peu de gibier par exemple...

A quoi bon se priver d'une saine activité de plein air pour se détendre un peu et surtout jauger un peu mieux les capacités de la jeune-femme ?

[Voyageuse]

Le jeune femme était enthousiaste.
" Vous m'autorisez à ramener une partie du gibier à la maison ? J'vous promet d'vous ramener une partie des pâtés que ma mère en fera ! Et... Aaaah !"
Mylène bondit sur ses jambes, l'air prête à fuir illico.
" N'ayez pas peur, c'est Altaïr, un ami."
Thanaën s'approchait d'eux, accompagné de son tigre.
" Il ne vous fera aucun mal."
Il jeta un coup d'oeil appréciateur à leur ouvrage.
" Vous avez bien avancé. Dommage qu'il faille détruire tant de branches pour ça... , fit-il remarquer. Mais je ne vois pas ce que vous auriez pu faire d'autre pour préserver les sols. Bon, je peux même vous aider un moment, si vous voulez. Mais ensuite, il faudra que je m'occupe du rituel à la résurgence...
- Est-ce que je pourrai y assister ?
- Sincèrement, je préfère que non. C'est le genre de cérémonie qui est réservée aux servants des dieux de la Nature.
- Un truc de druide, quoi..."

[Kasumi]

Décidément, Mylène était pleine de vie ce qui la rendait parfois difficile à suivre tant elle semblait prompte à sauter d’une idée à une autre. Le rôdeur n’avait pour autant pas oublié sa première question et entreprit d’y répondre d’un ton paisible :

- Et aussi un truc de rôdeur ! Et bien sûr que vous pourrez emporter le gibier que nous chasserons : je ne garderai que ce qui m’est nécessaire. A moi et à Thanaën, peut-être ?

La question s’adressait bien entendu au druide… Devaient-ils chasser en prenant en compte qu’il mangerait lui aussi de la viande ?

[Voyageuse]

Le druide haussa les épaules.
" Comme vous voulez. Je mange peu de viande, et je me débrouille généralement par moi-même, mais je ne refuserai pas d'en prendre si vous en avez pour deux. Enfin... tant que vous demeurez raisonnable sur les prélèvements que vous faites ainsi sur la faune locale. Essayez de privilégier les animaux les plus faibles ou âgés, mais je ne doute pas que vous le faites déjà. Ça aussi, c'est un truc de druide, ajouta-t-il d'un ton badin à l'adresse de la jeune fille, laquelle haussa les épaules d'un air blasé.
Puis, sans attendre davantage, il se mit à rassembler des branches -de préférence brûlées ou mortes- pour achever d'en couvrir les cendres. Le ciel commençait à se couvrir, et il devait leur rester trois ou quatre heures de travail avant que Mylène ne reparte. De quoi bien avancer.

[Kasumi]

La pause lui avait été profitable et les détails pour la soirée et le lendemain étant réglé, le rôdeur reprit son travail avec enthousiasme et sans arrière-pensée. Même si le druide n'aidait pas très longtemps - ce qu'on ne pouvait pas lui reprocher - Mylène et lui auraient certainement fini de couvrir les cendres de manière efficace avant qu'elle ne doive repartir. II faudrait ensuite laisser le cumulus pendant plus d'une journée avant d'effectuer les premiers voyages vers le tertre mais il était confiant quant à la solidité de la construction provisoire.

[Voyageuse]

L'après-midi, bien rempli, fila rapidement, et Mylène ne s'éternisa pas : elle avait presque quatre heures de marche pour rentrer chez elle, et même si le soleil se couchait tard en cette saison, elle préférait être prévoyante.
Kasumi put ensuite rejoindre le druide, qui, comme il l'avait annoncé, terminait ses préparatifs pour la cérémonie. Comme au petit matin, il avait installé des bâtonnets d'encens en cercle autour de la résurgence, en sept points cette fois-ci, et les aspergeait de gouttes d'huiles. Angélique, eucalyptus et lavande, comme au petit matin, mais également mirrhe, magnolia, argan, et jasmin. Sept huiles pour sept bâtonnets d'encens qui brûleraient toute la nuit.
A nouveau, le druide mit Kasumi à contribution, le chargeant d'aller chercher de l'eau à la source bénie et d'en asperger, à nouveau, les alentours de la résurgence. Il effeuilla à nouveau quelques herbes sèches, à la fois dans l'eau et sur tout le pourtour du cercle délimité par les bâtonnets d'encens. Puis Kasumi le vit boire une partie de la décoction d'herbe qu'il avait préparée au petit matin.
" Tout est prêt, finit-il par annoncer. Je vais maintenant prier les divinités de la Nature, et entrer en transe. Vous pouvez vous joindre à moi si vous le souhaitez, mais vous n'y êtes bien sûr pas obligé. Je pense cependant que ce serait mieux, au moins pendant les heures qui précèdent le crépuscule... par contre, je compte sur vous pour veiller pendant la nuit."

[Kasumi]

Le demi-elfe tâcha de se montrer rassurant sur ces points : il était enthousiaste à l'idée de joindre sa dévotion et ses prières à cette grande cause et aussi parfaitement conscient que le druide serait vulnérable après la tombée de la nuit : il avait l'intention de se montrer vigilant et s'attendait à moitié à une attaque en force de la part des mort-vivants environnants.

C'est pour cela qu'il avait déjà préparé ses armes et demanda au druide de lui confier ses dernières flèches spéciales. Il en userait avec parcimonie et en dernier recours mais mieux valait ne rien laisser au hasard : la cérémonie ne pouvait pas être interrompue.

[Voyageuse]

Le druide lui confia l'intégralité de ses flèches spéciales, soit une petite dizaine à peine.
" Vous pourrez à nouveau vous joindre à mes prières demain matin, si vous voulez, conclut-il. Ça devrait durer jusqu'à midi. D'ici là, il faut que je parvienne à rester totalement concentré. Altaïr veillera lui aussi, il vous secondera. Il est bien dommage qu'on n'ait plus l'aide d'Akuburanar, mais il faudra nous en passer."
Il sourit.
" Mais je suis sûr que vous vous en tirerez bien... Ah, et si vous priez, placez-vous à l'intérieur du cercle, vos prières porteront mieux..."

Puis il se mit pied nus et déposa ses affaires à quelque distance, ne gardant sur lui qu'une tunique de lin, ses chausses, et une amulette qu'il portait en pendentif. Il alluma l'un après l'autre les sept bâtonnets d'encens, traçant entre chacun d'étranges signes dans les airs, tout en psalmodiant dans une langue inconnue de Kasumi. Enfin, il entra dans l'eau croupie pour se placer exactement au centre du cercle formé par les sept bâtonnets d'encens, leva les bras et le visage vers le ciel, et commença à prier, dans une langue où Kasumi reconnut quelques phrases en elfique, mais où la plupart des mots, des intonations même, lui étaient inconnus.

[Kasumi]

Kasumi s'était senti nerveux, l'espace d'un instant, alors qu'il prenait la mesure de la responsabilité qui allait lui incomber : veiller à ce que rien ne franchisse le cercle de bougies pour s'en prendre au druide. Il était tout de même heureux de bénéficier de l'imposant soutien du compagnon animal de l'elfe et aurait aimé que Première Neige et Sylvia puissent elles aussi être là à ses côtés.

Mais dès que le druide eut entamé ses psalmodies, le rôdeur sentit la pression lui quitter les épaules : l'action avait toujours eu cet effet sur lui et pouvoir participer au travers de ses prières balaya ces pensées parasites. Il ne pouvait cependant pas s'abandonner complètement, restant aux aguets au cas où un mort-vivant ne se montre avant le crépuscule mais prier lui était devenu naturel. Bien plus que jamais auparavant.

[Voyageuse]

Comme lors de la cérémonie du petit matin, il eut la sensation que le vent, les branches, la végétation, la forêt entière même, se joignaient à leurs prières. Le vent semblait murmurer des mots inconnus, les branches rythmer de leurs mouvements la psalmodie, et il avait la sensation d'une puissance incommensurable toute proche, nimbant les lieux comme l'aurait fait une brume, pénétrant les âmes et les coeurs. Il avait la certitude d'être écouté, entendu, aimé et protégé aussi. Et la sensation était si exaltante qu'il n'avait qu'une envie, s'y perdre indéfiniment de toute son âme. Il était quasi impossible, dans ces conditions, de rester attentif à ce qui l'entourait, mais heureusement Altaïr veillait.
Il émergea de cette sorte de transe au moment où le soleil se couchait, alerté sans doute par la baisse de luminosité ou peut-être par un courant d'air qui le fit frissonner. Le ciel était couvert, le vent se levait, annonciateur de pluie. Et la température avait baissé de quelques degrés sans doute. Le druide, lui, était toujours plongé dans sa transe, sourd et aveugle à ce qui passait autour de lui. Et nul danger n'était perceptible, pour l'instant du moins.

[Kasumi]

Peinant à revenir à la réalité du moment et surtout à s'arracher pleinement à la transe délicieuse qu'il avait vécue, le rôdeur mit quelques instants à quitter le cercle de lumière pour débuter sa garde. Ses réflexes et son instinct de combattant des bois reprirent peu à peu le dessus et il chercha un endroit où s'embusquer, un endroit où il pourrait voir sans être vu, où il gagnerait l'avantage sur d'éventuelles menaces voulant interrompre le rituel du druide. Il prépara son arc et une flèche normale, prêt à défendre la zone en cas d'intrusion hostile.

[Voyageuse]

Trouver un endroit où s'embusquer lui prit un moment : la végétation avait brûlé au nord, et ce qui restait, au sud, était surtout constitué de buis et de chênes verts, en une végétation relativement peu dense. Il pouvait cependant s'y dissimuler assez aisément, et même se constituer une véritable cachette dans une haie de buis toute proche de la résurgence, à condition de privilégier la position accroupie. Il y avait aussi quelques grands arbres majestueux qui pouvaient lui offrir leurs branches s'il souhaitait être en hauteur, une position certes stratégique mais plus éloignée de la résurgence. Il la verrait parfaitement, mais ne pourrait intervenir de façon immédiate qu'à distance.
Le tigre, lui, restait en-dehors du cercle et s'était simplement allongé au pied d'une haie de buis, à quelques toises, parfaitement immobile, semblant dormir, mais en réalité certainement aux aguets.

[Kasumi]

Le rôdeur préféra se dissimuler derrière les haies pour ne pas risquer de se laisser déborder ou prendre de vitesse. Ce serait certes moins confortable, surtout qu'il devait veiller des heures, mais il y était habitué et il ferait régulièrement quelques rondes pour se dégourdir s'il ne percevait pas de danger. Il se concentra sur les bruits de la forêt pour essayer de percevoir quelque chose d'anormal, de capter les signes de l'approche éventuelle d'un groupe de mort-vivants. Il jetait aussi de fréquents regards en direction du tigre, sachant que ses sens plus développés et son instinct animal étaient la plus fiable des alarmes.

[Voyageuse]

Le soir tomba, l'obscurité vint, sans que rien ne se produise. le druide, toujours debout dans l'eau, continuait de psalmodier, à voix basse, sans paraître sentir la morsure du froid. Celui-ci devenait pourtant piquant, et une brume légère nimbait peu à peu le paysage, humide et glacée. Elle s'épaissit lentement, jusqu'à ce que Kasumi distingue à peine la silhouette de druide et de son fauve. Elle était froide, chargée d'humidité, mais aussi d'autre chose, lui semblait-il. Quelque chose de néfaste, comme une émanation de la forêt elle-même dans toute sa malfaisance. Mais ça restait une impression diffuse...
Impression ou pas, cette brume réduisait drastiquement la visibilité. Et sans les sens acérés du tigre, Kasumi n'aurait rien perçu. Mais l'animal se dressa subitement, la tête tournée vers l'est. Kasumi n'y voyait rien... mais le fauve bondit à l'attaque d'une cible invisible. Aux bruits, le rôdeur devina que leurs adversaires étaient plusieurs et se trouvaient à une vingtaine ou une trentaine de toises.

[Kasumi]

Mais c'était bien trop loin pour qu'il intervienne, surtout avec cette visibilité réduite : le rôdeur connaissait ses priorités : il savait qu'il devait défendre le druide avant tout et rejoindre le tigre pour lui porter assistance l'en éloignerait trop. Et comme son arc ne lui serait d'aucune utilité dans cette brume, il préféra dégainer ses épées et activer le pouvoir d'Etincelle : la lumière détournerait peut-être une partie des ennemis du compagnon de Thanaën et lui permettrait surtout de mieux distinguer ce qui passerait près de lui. En attendant, il ne pouvait que prier pour que le tigre s'en sorte et ne présume pas de ses forces. Il espérait qu'il saurait revenir vers lui s'il faisait face à une trop forte opposition.

[Voyageuse]

Le combat faisait rage, à en juger par les bruits. Il reconnut le grognement des goules et des blêmes, comme d'habitude, et il lui sembla que leur puanteur arrivait jusqu'à lui. Le druide, quant à lui, demeurait sourd à ce qui se passait, plongé dans sa transe.
Il fallut quelques minutes encore pour que la lumière de son épée ait l'effet escompté : deux squelettes se détachèrent bientôt de la brume, se dirigeant droit vers lui.

[Kasumi]

Kasumi espérait que le tigre s'en sortait toujours et fut presque soulagé quand il fut attaqué alors que les bruits de combat de l'animal se faisaient encore entendre. Tout de même méfiant face à ces adversaires apparemment largement à sa portée, le rôdeur recula rapidement pour les forcer à se séparer : dès que ce serait le cas, il attaquerait le plus proche en espérant le détruire avant de devoir se défendre contre le second.

[Voyageuse]

Sa manœuvre porta ses fruits : les squelettes se séparèrent, et il put attaquer le premier d'entre eux, d'un geste vif et précis, et blesser grièvement son adversaire... mais juste à ce moment-là, il ressentit une vive douleur à la cheville droite : la morsure d'une créature de petite taille qui disparut immédiatement dans les buis. Exactement comme la nuit précédente. La morsure n'était pas très grave, mais elle était douloureuse.
Cependant, il n'eut guère de temps de s'y appesantir : le squelette arrivait au contact, frappant de son épée, et il devait se concentrer sur le combat en cours. Derrière lui venait un autre squelette, puis deux autres à peine visibles pour le moment.

[Kasumi]

Comme il craignait à nouveau d'être débordé et qu'il était aussi menacé par la créature qu'il arrivait à peine à distinguer quand elle l'attaquait, le demi-elfe se résolut à prendre davantage de risques : il ne fallait plus perdre de temps pour éliminer les premiers adversaires qui se présentaient car de nombreux autres risquaient à tout moment de débouler et de s'en prendre au druide.

Heureusement, les squelettes étaient des monstres lents, malhabiles et quasiment dépourvus d'intelligence : ce n'est qu'en groupe qu'ils devenaient dangereux pour un combattant expérimenté. Le rôdeur chercha donc à profiter de sa plus grande mobilité pour effectuer une série de frappes éclairs et de replis, ne cherchant pas forcément à détruire en un coup mais plutôt à briser des jambes osseuses ou des bras tenant les armes.

[Voyageuse]

Sa stratégie était efficace, mettant assez rapidement hors de combat ses adversaires. Il vint ainsi à bout de quatre squelettes sans récolter la moindre blessure, excepté cette morsure douloureuse à la cheville.
Il aperçut le tigre, qui avait reculé face à ses adversaires et était maintenant à portée de vue. L'animal semblait affaibli, et faisait face avec quelques difficultés à trois morts-vivants dont il ne put déterminer s'il s'agissait de blêmes ou de goules, ou peut-être d'autres encore.
La brume avait encore épaissi, d'une façon qui semblait anormale, presque surnaturelle. Elle semblait cependant moins dense autour du druide... et heureusement car elle lui permit de deviner, tapie en son sein, une ombre à peine perceptible qui s'approchait dangereusement de la résurgence.