[Lieu] Une cité perdue

[Hubert de Maleval]

" Je suis un paladin, Guillermo, j'annonce la couleur tout de suite ! Comme ça, je peux t'affronter sans traîtrise, tu sais exactement à quoi t'en tenir, répondit-il, guilleret. Malheureusement, la bataille n'est pas pour tout de suite... Je vais fourbir mes armes les mois qui viennent et je verrai où les choses en sont quand je reviens !"

[Taliesin]

-Et moi, je vais poster des guetteurs tout autour de la cité et maintenir apprêté en permanence un rapide coursier : ainsi, quand on m'annoncera ton retour, je pourrai filer en quatrième vitesse. Je ne suis pas paladin mais mercenaire, ce genre de solution m'est donc permis.
Il sourit.
-Bon voyage, en tout cas.

[Hubert de Maleval]

" Bon courage à toi. Et merci."
Il lui serra la main, hésita à déclarer autre chose, mais c'était un au revoir, pas un adieu, et il ne voulait pas rendre les choses encore plus lourdes qu'elles ne l'étaient déjà. Il prit donc congé du mercenaire, et chercha Edgar et Frida, les deux autres personnes qu'il tenait à saluer avant de partir. Ils avaient prévu, avec Albérich, de dormir à la forteresse et de partir avant l'aube, afin de rallier l'extérieur de la ville pour le lever du soleil. Ils prieraient dans la campagne, puis enfourcheraient leurs montures, et partiraient... Le paladin avait du mal à croire que pour la seconde fois en moins d'un an, il allait tout abandonner derrière...

[Taliesin]

Ce fut Edgar qu'il dénicha en premier. L'ancien sergent n'en menait pas large, quoi qu'il s'efforçât de le cacher.
-Vous allez nous manquer, mon général, dit-il, embarrassé. A moi et... à tout le monde. Ce sera vraiment plus pareil, sans vous, et même si Guillermo est un bon commandant, ben... c'est pas vous. Alors voilà, prenez le temps de faire tout ce que vous avez à faire mais... essayez quand même de pas trop vous attarder. On vous attendra.

[Hubert de Maleval]

L'émotion du sergent embarrassa le paladin, bien qu'il ne fut pas réellement surpris.
" Tout ira bien. Vous allez avoir tellement de choses à faire que vous ne verrez pas le temps passer, et je serai de retour. En mon absence... soyez gentils avec Guillermo, et sages, surtout."
Tout en disant cela, Hubert n'était pas du tout certain qu'il aurait la possibilité de reprendre les rênes de l'armée à son retour. Ou même qu'il en aurait l'envie. Les choses allaient bouger pendant qu'il était au loin... Il faudrait qu'il se retrouve une place.

[Taliesin]

-Sages et gentils, on l'est toujours, se défendit Edgar. Enfin, sauf quand on nous demande de nous replier en plein combat, d'accord. Mais admettez que vous aussi, vous râleriez si on vous donnait un ordre pareil...
Il s'arracha un sourire vaillant.
-Je vous souhaite un bon voyage et un prompt retour, mon général. Portez-vous bien jusqu'à nos retrouvailles.

[Hubert de Maleval]

" Je ne suis pas général... mais toi aussi, Edgar. Porte-toi bien."
Il abrégea le malaise du capitaine en repartant à la recherche de Frida. Ensuite, il irait attendre Albérich au téléporteur. Il devenait plus tendu à chaque poignée de main, à chaque salut. Quelle misère. Il n'aurait imaginé avoir tant de mal à partir...

[Taliesin]

La rôdeuse semblait beaucoup moins ébranlée que la plupart des gens. Mais il faut dire, aussi, qu'elle n'avait pas pour habitude de montrer ses émotions.
-S'il ne vous fallait pas prendre le bateau et passer par de grandes villes, je vous envierai : un long, long voyage, ça me ferait du bien. Mais je pense que les excursions que j'ai prévues dans les Landes feront l'affaire.
Elle lui sourit.
-On se revoit donc à l'automne ?

[Hubert de Maleval]

" Je préférerais chevaucher moi aussi, mais Albérich n'aime pas trop, et le bateau devrait nous faire gagner pas mal de temps, si les vents sont propices. Donc oui, à l'automne. J'espère avant. Mais il vaut mieux compter large..."
Il sourit.
" Bon travail, alors... et bonne chasse aux morts-vivants. Vous pouvez m'en laisser un ou deux... Non, j'imagine que non."

[Taliesin]

-Et tu imagines bien. Quand tu reviendras, non seulement il n'y aura plus le moindre mort-vivant en ville mais, de surcroit, il n'y aura plus le moindre tumulus hanté dans toutes les Landes. Et plus un Ithilien à Ithilion, aussi. Bref : à ton retour, il n'y aura tellement plus rien à faire que tu nous supplieras de rouvrir le sceau pour avoir quelques adversaires à ta mesure.
Elle se fit plus sérieuse.
-Bon voyage. Puisse le climat vous être favorable.

[Hubert de Maleval]

" Merci. A bientôt."
Il ne lui dit pas qu'il avait bien l'intention de vider quelques tumulus le long de la route entre Clairétoile et Grand-Estuaire : elle aurait poussé de hauts cris. Il se rendit directement au téléporteur, histoire d'attendre Albérich.

De son côté, le clerc avait salué les instituteurs, les clercs, Gabriel en particulier, Gustave, et les autres personnes qu'il avait connues de près ou de loin pendant les trois mois qui venaient de s'écouler. Il lui restait Marthe et Marcus, auxquels il entendait consacrer un peu plus de temps, avant de boucler son sac et partir pour la forteresse avec Hubert.

[Taliesin]

Il trouva la magistrate dans son bureau, en plein travail. Il faut dire qu'elle n'en manquait pas : c'était-à-elle qu'incombait de retranscrire les débats des assemblées et plus encore de les synthétiser, d'en faire le bilan...
-Je trouve ça terriblement injuste, dit-elle d'un ton léger. Hubert et toi, vous êtes à ce point adulés que même si votre départ est douloureux pour tout le monde, on comprend vos raisons et on vous laisse partir. Tandis que moi, qui avais pourtant envie de terres lointaines, on me force à rester.

[Galathée]

Albérich s'assit en face d'elle.
" C'est temporaire. Et au fond de toi, tu sais que tu aurais pu refuser."
Il sourit doucement.
" Je ne voulais pas devenir conseiller, moi non plus. On m'y a contraint. Tu auras ta chance de partir, bientôt, j'en suis sûr. Peut-être à ce moment-là, la communauté aura-t-elle réussi à te reprendre dans ses rets, cependant. Je le souhaite, mais je ne plaiderai pas."

[Taliesin]

-C'est amusant de t'entendre dire que j'avais le choix. Tu répètes souvent que tu n'a jamais voulu être ni aubemestre, ni conseiller de Luménis, ni Conseiller de la Communauté... et pourtant, tu l'as été. Donc soit, au fond, tu es un homme d’État et ces tâches ne te déplaisent pas autant que tu l'affirmes, soit... tu dois admettre qu'il est des choses qu'on ne peut pas refuser.
Elle sourit doucement.
-En ce qui me concerne... Pour l'instant, je fais mon devoir. Mais oui, viendra un moment où je pourrai... penser à moi et faire dont j'ai envie, comme toi et Hubert en avez à présent l'oportuntié. Quant à savoir ce que ce sera... Seul l'avenir le dira.

[Galathée]

" C'est vrai. Je suis d'accord qu'on ne peut pas toujours refuser. Mais je vois ce coup du sort comme l'ultime révolte de la communauté qui ne veut pas te perdre ! Il ne reste pratiquement personne du groupe fondateur. Frida et Etienne ont reculé... Les autres sont morts. Ta présence est critique... et irremplaçable, pour l'heure."
Il sourit.
" Mais je voulais être prosaïque, aussi. Je vais aller à Luménis. Est-il des choses... que je pourrais faire pour nous servir, tant que j'y suis ?"

[Taliesin]

-Déjà, Albérich... ne raconte pas des salades. Les figures de proue du Conseil initial, c'était Étienne et Robert, dans une moindre mesure. C'est Hubert et toi qui les avez remplacés, qui nous avez conduits dans les heures sombres, qui avez su prendre les bonnes décisions et qui avez accompli le miracle. Je ne devrais pas dire ça, parce que je ne veux pas vous faire culpabiliser mais... soyons honnêtes : si une présence est critique et irremplaçable, c'est bien la vôtre, pas la mienne. Souviens-toi que j'ai démissionné au pire moment parce que j'étais incapable de me résoudre à faire ce qui devait être fait, incapable de mettre de côté mes opinions personnelles pour le bien commun.
Elle soupira, sourit à nouveau.
-Mais donc, Luménis... Non, je ne crois pas qu'il y a là-bas de démarche cruciale à effectuer. Profites-en plutôt pour prendre du temps pour toi.

[Galathée]

Le Luménien décida de ne pas revenir sur ce qu'elle venait de dire. Elle devait savoir, pourtant, que l'aura gagnée en situation de crise était dangereuse, car basée sur l'émotion, qu'un bon général ne faisait pas forcément un bon dirigeant. Ne critiquaient-ils pas tous le général Maelwedd ? Or il aurait sûrement mené Clairétoile à la victoire, lui aussi. Ce qui ne signifiait pas qu'il devait siéger au conseil...
" Je n'ai pas grand chose à y faire. Nous reviendrons vite." dit-il.
Mais voyait-elle juste, serait-il contraint de reprendre un poste de conseiller à son retour ? Il voulait se consacrer à Lathandre, pourtant, qui les avait sauvés, et qui méritait à présent ses prières jusqu'à la fin de sa vie. Comment pourrait-il concilier la gestion d'une ville avec son devoir envers son dieu ? N'était-ce pas cela qui l'avait perdu la première fois ?
Il devait espérer que Clairétoile réaliserait qu'elle n'avait pas besoin de lui...

[Taliesin]

-Vite, alors que vous allez emprunter des moyens de transport aussi hasardeux que le bateau, que vous alez devoir parcourir une bonne moitié d'Helonna et qu'on te voudra pour chef dans toutes les cités où tu passeras ?
Elle lui adressa un clin d’œil.
-Prends plutôt ton temps, profites-en plutôt pour penser à toi. C'est le genre de chose qu'il vaut mieux faire tant qu'on en a l'occasion.

[Galathée]

" Je pense déjà assez à moi comme ça, dit-il. C'est une sorte de... voyage d'adieu au monde."
Il sourit.
" Mais j'ai l'âge où ces choses se font. Mettre le passé en ordre avant d'entrer dans une autre phase..."

[Taliesin]

-Entendez-le parler de son âge, celui-là... fit Marthe d'un ton outré. Je suis plus vieille que toi, j'ai davantage de cheveux blancs et je n'en fais pas tout un flan !
Elle reprit un air sérieux.
-Mais je vois ce que tu veux dire. Je te souhaite bon voyage, dès lors : puisse-t-il t'apporter ce que tu souhaites.

[Galathée]

" Merci. Je pense que je serai un meilleur... je ne sais pas quoi encore... pour la communauté quand je reviendrai."
Il pensait à Hubert, aussi, qui avait besoin d'éclaircir sa lignée.
" D'ici là... Courage et porte-toi bien. Pour le reste, je sais que tu t'en tireras superbement bien."

[Taliesin]

Elle rit.
-C'est gentil mais... sans aucun fondement. Tu ne m'as que très peu vu à l'oeuvre, en réalité.
Elle secoua la tête.
-Allez, file ! Tu dois te reposer en vue de ta longue chevauchée. Et moi, j'ai encore du boulot... jusqu'à l'aube, je pense.

[Galathée]

" Il faut pouvoir croire sans voir. A bientôt." dit le Luménien avec un clin d'oeil, avant de s'éclipser.
Il remonta les couloirs jusqu'à l'intendance. Marcus devait — évidemment — s'y trouver, devant une liste au hasard, à la place de prendre du bon temps avec ses pairs. Le Luménien s'en voulait un peu de l'avoir transformé en souris des réserves, toujours empressé.

[Taliesin]

De fait, à l'instar de Marthe, Marcus était en plein travail. Et ce n'était pas qu'une posture : avec le retour des civils, avec la multiplication des opérations, la gestion de l'intendance pour la globalité de la Communauté prenait beaucoup de temps. Beaucoup plus que ne l'avait jamait fait celle pourtant déjà complète d'un temple...
Cela ne l'empêcha pourtant pas, comme de coutume, d'accueillir chaleureusement son supérieur.
-Alors, paré pour les grandes vacances ?

[Galathée]

Le Luménien s'assit près de lui et poussa un long soupir.
" Encore une fois je m'en vais et je t'abandonne. Mais j'espère que tu m'attendras, cette fois. Je te promets de revenir."

[Taliesin]

Marcus leva les yeux au ciel.
-Sauf que cette fois, tu as bien préparé ton coup : je suis pieds et poings liés, impossible de m'en aller même si je le voulais...
Il haussa les épaules.
-Mais je vais me venger, sois-en certain. Je mettrai à profit ton absence pour préparer ton élection en tant que conseiller à vie. Et tu l'auras bien cherché;

[Galathée]

" Conseiller à vie, ce ne serait pas très démocratique." dit le Luménien en riant.
Il sourit.
" Je ne t'ai pas piégé, cependant. Tu t'es joint à cette entreprise tout à fait volontairement. J'aurais pu, bientôt, tenter de te recruter... mais Lathandre a voulu que nous soyons réunis plus rapidement. J'en suis heureux. Pour la communauté, et pour moi."

[Taliesin]

-Tu es tellement content que nous soyons réunis que tu te carapates pour des mois et des mois. Et ce, pile au moment ou le plus dur commence et ou je vais littéralement crouler sous le boulot... Et évidemment, tu t'arrangeras pour revenir pile quand le plus dur sera achevé, que tout le travail, y compris le réaménagement du temple, sera terminé...
Il sourit.
-C'est très, très bien joué.

[Galathée]

" Argh, tu es cruel ! Mais avoue que ce temple est magnifique... J'espère que la route pour y accéder sera ouverte rapidement... On entend déjà la future congrégation qui y vivra quand on marche dans ses couloirs..."
Il sourit.
" Laisse-moi m'occuper du vin, d'accord. Je te laisse tout le reste."

[Taliesin]

-Je te reconnais bien là : aux autres les tâches pénibles, à toi le plus amusant... Non, Albérich, je gérerai tout, du début à la fin et en particulier le vin. Enfin, pour toi : tu ne boiras que ce que j'aurai choisi. Les autres feront leur propre choix.
Son sourire se fana légèrement.
-Ah, c'est dommage que tu ne puisses pas rester : nous aurions pu commencer à réfléchir au temple, à ce que nous y ferons... Mais cela peut attendre. Cela doit attendre, même, vu que rien n'est envisageable sans toi. Alors oui, d'ici ton retour, on veillera à sécuriser les accès et les environs.