[Lieu] Commanderie de l'Ordre de la Rose Rubis d'Antelucas

[Kasumi]

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La commanderie des paladins d’Antelucas est la seule qui soit consacrée à Sunie sur Helonna et, plus largement, dans les continents de l’ouest de Toril. A ce titre, elle regroupe sous son toit tous les preux de l’Ordre de la Rose Rubis ou qui aspirent à le devenir.

Bien que les paladins confirmés de Sunie soient amenés à sillonner toute l’île pour en protéger les sanctuaires ou accomplir des quêtes pour la gloire de la Dame aux Cheveux de Feu, c’est ici qu’ils ont tous été formé et où ils se rassemblent au moins une fois par an pour de Grandes Agapes et pour resserrer leurs liens fraternels.

La commanderie - dans sa configuration actuelle - est conçue pour loger une cinquantaine de personnes entre novices, instructeurs et membres de l’Ordre en visite. Elle dispose également de grandes écuries, d’une lice et d’une salle d’entraînement pour les besoins inhérents à la vocation de paladin.

Bâtie sur une hauteur à l’extérieur de la ville, les bâtiments de la commanderie ont été érigés en portant davantage de considération à leur aspect esthétique qu’à un quelconque objectif défensif. Entourés de jardins fleuris et disposant de nombreux bassins et de certaines des plus belles réalisations Sunites de l’île, les trois bâtiments principaux ont été bâtis en grès et en marbre roses importés à grand frais des Montagnes de Fer.

Les Sunites n’aimant pas vivre cloîtrés, des exhibitions de cavalerie et d’escrime sont régulièrement organisées pour susciter de nouvelles vocations et attirer de nouveaux mécènes en démontrant les prouesses que savent déployer les membres de l’Ordre. Y participer est un grand honneur réservés aux plus talentueux des paladins sur le point de terminer leur formation.

***

Bien que le culte de Sunie soit incontestablement l’un des plus populaires – et des plus aimés - sur Toril, les exigences que réclame la formation pour intégrer l’Ordre de la Rose Rubis dissuadent bien des vocations. Si beaucoup de fils et filles de bonnes familles locales sont un jour passés par la commanderie pour y suivre une partie de l’entraînement dispensé par les maîtres d’armes sunites, celle-ci ne compte actuellement qu’une vingtaine de novices à des stades plus ou moins avancés de préparation.

Maître en cavalerie : Sire Imlerith, demi-elfe de la lune, la trentaine, cheveux noirs. S'exprime en yellow.
Maître en escrime et entraînement physique : Syrio Ferolle, humain, la quarantaine. S'exprime en red.
Maître en culture et rites : Dame Priscilla, jeune humaine blonde. S'exprime en salmon.

[Chandara]

Chandara s’était attirée plusieurs regards curieux en partant seule sur la route après avoir quitté le port d’Antelucas. Elle avait suivi le chemin qui escaladait la petite colline à l’extérieur de la ville avec toute la dignité dont elle était capable en portant ses lourds bagages sous le soleil de plomb de ce milieu d’été.

Fort heureusement, il y avait tout de même quelques arbres en bordure du chemin - qui répandaient une ombre bienvenue – et le trajet jusqu’à sa destination ne semblait pas non plus très long. Elle arriva donc, une vingtaine de minutes plus tard environ, en vue du mur blanc et du portail qu’elle avait vu dans ses derniers rêves.

Elle resta quelques instants à admirer la grille ouvragée en se demandant si elle devait entrer sans même se faire annoncer puis se décida à la pousser pour s’engager sur le chemin de gravier au-delà : après tout, s’il y avait un garde, elle ne l’avait pas vu et elle ne manquerait pas de se signaler quand ce serait le cas.

Mais, une fois engagée sur cette voie, elle sut qu’il lui serait bien difficile de trouver la résolution de faire demi-tour. Car le spectacle qu’offraient les lieux lui coupait tout simplement le souffle : l’allée de gravier était entourée de nombre de buissons fleuris et de pelouses impeccablement entretenues. C’était un mélange subtil entre le Parc Verdoyant de Luménis et les jardins du temple de Sunie.

A intervalle régulier, des statues de marbre – toutes plus magnifiques les unes que les autres – semblaient l’observer et l’inviter à avancer malgré les risques. Au bout d’une centaine de toises, la vue se dégagea à la faveur d’un détour du chemin et elle découvrit au loin les bâtiments qui formaient les quartiers d’habitation de la Commanderie d’Antelucas. Et entre elle et ces derniers se trouvaient d’autres jardins en terrasse munis de bassins et de fontaines mais aussi de larges espaces dégagés qui devaient servir de terrains d’exercices et de manœuvres.

La jeune-femme laissa tomber ses bagages sur le chemin et écarquilla les yeux en découvrant tout cet espace grandiose. Elle aperçut plusieurs cavaliers sur de magnifiques chevaux sur sa droite et aussi un groupe de jeunes gens occupés à quelque leçon d’escrime dans une petite arène ombragée sur sa gauche.

Et il sembla qu’on l’ait aperçue car un des cavaliers rompit son exercice et s’éloigna des autres pour venir au trot dans sa direction.

[Chandara]

L’homme – ou plutôt le demi-elfe – donnait l’impression d’avoir une trentaine d’années mais on ne pouvait jamais être sûr de ses estimations avec les sang-mêlé. En tous cas, se longs cheveux soigneusement tressés ne comportaient pas la moindre trace de gris ou de blanc.

Il stoppa sa monture d’un noir de jais à seulement deux mètres de Chandara sans que celle-ci fasse le moindre mouvement, bien trop obnubilée qu’elle était par ses observations. Il esquissa un sourire amusé et un signe de tête en direction des bagages avant de déclarer d’un ton plutôt chaleureux et en tous cas toujours amusé :

- Bonjour ! Les visiteuses sont rares, mademoiselle, mais on vous aura mal renseigné : la Commanderie n’est pas une auberge, même pour ceux touchés par la grâce de la Dame.

La jeune-femme rougit, se sentant prise en faute et déplorant déjà l’image qu’elle donnait en ayant décidé de s’introduire jusqu’ici sans la moindre autorisation. Elle recouvra néanmoins bien vite sa verve, rassérénée de se voir confirmer qu’elle avait trouvé sa destination. Esquissant un salut gracieux, elle répondit avec entrain :

- J’aurais dû me faire annoncer et je suis désolée d’arriver à l’improviste mais c’est bien la grâce de Sunie qui m’a guidée jusqu’à vous. J’ai entendu son Appel et j’aspire à entrer à son service.

Le sourire du demi-elfe s’élargit et il l’observa un long moment avant de répondre du même ton que précédemment :

- Alors, c’est très différent... Je me nomme Imlerith. Veuillez me suivre, Dame ?
- Chandara, répondit-elle avec le sourire alors qu’il déposait pied à terre pour l’aider avec ses bagages.

[Chandara]

Le paladin la conduisit vers le bâtiment central après avoir fait un détour pour confier sa monture à un jeune-homme d'une vingtaine d'années qui avait lui aussi mis pied à terre pour se diriger dans leur direction. Le regard que ce dernier adressa en direction de Chandara exprimait beaucoup de curiosité mais Imlerith emmena la jeune-femme avant qu'il ne puisse lui poser de questions.

Quelques minutes plus tard, la Dorrandine était invitée à s'asseoir dans un petit salon cossu jouxtant un magnifique hall vaste et superbement décoré. Imlerith leur fit amener des rafraichissements avant de tourner son regard gris acier vers elle et demander avec bienveillance :

- J'ai plusieurs questions à vous poser. Et tout d'abord, je tiens à me présenter : je suis paladin depuis quinze ans et je suis le maître de cavalerie de cette commanderie. Mais ne vous en faites pas : il s'agit surtout de faire connaissance avec vous. Vous dîtes que vous avez reçu un Appel : pouvez-vous m'en dire plus ? Ce que vous entendez exactement par là ? Dans quelles circonstances ?

Chandara gouta le jus de fruits frais qu'on lui avait servi pour s'humecter la gorge avant de répondre en essayant d'être la plus précise possible. Elle évoqua ses origines, la perte de son ancien lien, le voyage vers Luménis qu'elle avait effectué. Sa découverte du temple et sa rencontre avec les autres paladins. Ses prières à Sunie. Les signes qu'elle en avait obtenu en retour. Elle ne cacha rien à cet inconnu qui l'écoutait avec une attention grandissante, qui posait de temps à autres quelques questions pour mieux comprendre ou aiguillonner les détails livrés par la jeune-femme.

[Chandara]

Le temps passa sans que Chandara s'en rende vraiment compte : la lumière de l'après-midi avait même commencé à se muer en pénombre sans que l'entretien ne semble lasser Imlerith. Mais, alors que la jeune-femme concluait son récit par son arrivée dans le parc de la commanderie, ce fut le demi-elfe qui conclut leur discussion d'un ton amical et accueillant :

- Vous avez fait un bien long chemin - à tous les niveaux - pour nous rejoindre. Vous devez pressentir que la route est encore longue. Vous avez d'autant plus de mérite d'après moi et je suis heureux d'être le premier à vous souhaiter la bienvenue parmi nous, Chandara. Venez, je vais vous présenter aux autres.

Chandara avait retenu son souffle tout au long de la tirade, craignant de pouvoir être rejetée. Mais c'était tout le contraire et le soulagement était à l'avenant de sa crainte. Elle eut bien du mal à contenir sa joie et c'est avec un sourire extatique qu'elle suivit son aîné vers le réfectoire.

[Chandara]

Chandara garderait sans doute à jamais le souvenir de cette soirée mémorable. Après avoir laissé ses affaires dans le petit salon, Imlerith l’avait conduit dans le réfectoire où mangeaient tous les paladins de l’ordre, y compris les novices.

En tous, cela représentait une cinquantaine de personnes réparties entre une demi-douzaine de grandes tables. L’ambiance y était au moins aussi chaleureuse qu’à la commanderie de l’ordre de l’Aster et les conversations tournèrent évidemment autour d’elle et des questions dont ses nouveaux compagnons la pressèrent.

Si elle avait nourri quelque crainte d’être considérée comme une étrangère et d’être mise à l’écart – au moins pour les premiers jours – celles-ci furent dissipées dès les premiers échanges. On se montra en effet curieux et attentionné à son égard. Et certains entreprirent même de plaisanter et de la chahuter gaiement après qu’elle leur ait révélé ses origines dorrandines et helmites.

Mais c’est dans une excellente humeur que se déroulèrent le repas et la veillée qui suivit. Elle fut invitée à prendre une boisson chaude dans les jardins où la fraîcheur représentait un bienheureux contraste avec la chaleur étouffante de la journée.

Puis, une adolescente elle-même novice, l’accompagna jusqu’à la chambre individuelle qu’on lui avait réservé. Il n’y avait pas de dortoir commun comme elle s’y était attendue plus ou moins et sa chambre, quoique petite, était meublée avec beaucoup de goût et disposait d’une grande fenêtre donnant sur l’est. La novice lui signala qu’on viendrait la prévenir le lendemain matin pour la prière collective.

[Chandara]

Chandara avait été trop agitée émotionnellement pour passer une bonne nuit et elle s’était réveillée avant l’aube en ne pouvant pas se rendormir. Quand on vint frapper à sa porte, elle était déjà habillée et apprêtée et elle ouvrit immédiatement pour découvrir la même novice que la veille au soir. Plusieurs paladins discutaient déjà dans le couloir et les retardataires rejoignirent progressivement la troupe joyeuse qui se dirigeait vers les thermes de la commanderie.

Les installations évoquèrent immédiatement celles que la jeune-femme avait expérimentées au temple de Luménis. A quelques différences près cependant : elles étaient un peu moins vastes et un dôme translucide permettait d’illuminer l’endroit tout en lui donnant des reflets fantasmagoriques que n’aurait pas reniés son amie Amélie.

Lorsque Chandara se dévêtit, elle surprit plusieurs regards - d’abord curieux puis appréciateurs à son endroit - qui la firent rougir. Elle rejoignit cependant les autres dans l’eau sans tarder pour assister à sa première cérémonie Sunite.

Cette dernière était présidée par une superbe jeune-femme blonde à la voix suave qui entama une prière que tous reprirent en cœur, elle y compris. La cérémonie se poursuivit par plusieurs chants à la gloire de Sunie puis par une bénédiction collective.

Après cela, un certain nombre de paladins et de novices se hâtèrent de se laver avant de quitter les bains et Chandara n’eut pas le temps de se demander si elle devait ou non les suivre que la maîtresse de cérémonie approchait pour l’aborder en privé et se présenter sous le nom de Priscilla :

- C’est une bonne chose que vous vous soyez jointe à nous dès le premier matin. Est-ce que votre installation s’est bien passée ? Vous ne manquez de rien ?

Après que Chandara l’ait évidemment rassurée sur ce point, la jeune-femme lui expliqua quelle aurait droit à un programme adapté, pour les premiers jours de son intégration, avec les trois principaux enseignants de la commanderie et qu’elle aurait le plaisir de passer la première matinée en sa compagnie.

[Chandara]

La matinée de la paladine fut consacrée à un long entretien avec Priscilla pour que cette dernière apprenne à la connaître à son tour puis à de premières leçons et conseils de maintien et de beauté. Priscilla en profita pour faire rencontrer Chandara à plusieurs autres paladins et instructeurs de la commanderie et à la mettre au fait de certaines de ses coutumes et traditions.

Elle apprit à cette occasion que les novices étaient en général regroupés par groupes de niveaux lorsque l’enseignement nécessitait des ateliers spécifiques. Ainsi, tout serait fait pour que la jeune-femme se sente à l’aise avec son nouveau statut et progresse au plus vite sur les aspects qui lui étaient le plus étranger.

Priscilla conclut leur entrevue par une petite promenade dans les jardins et le reste du complexe et lui signala qu’une petite soirée serait donnée le soir même en son honneur. L’Ordre appréciait grandement ces occasions festives et ce serait pour elle une occasion de plus de s’intégrer plus facilement à leur petite communauté.

[Chandara]

L’après-midi vit Chandara invitée à se choisir une monture provisoire aux écuries de la commanderie avant que maître Imlerith ne la soumette à quelques tests de plus en plus poussés. Les années d’expérience de la jeune-femme et sa grande agilité la firent triompher facilement de chacun des exercices proposés ce qui lui valut un respect certain des autres jeunes, novices comme aspirants et même plus d’un compliment de la part du demi-elfe.

Dès la fin d’après-midi, la jeune-femme fut sollicitée pour quelques démonstrations et assister ses camarades moins avancés. La fin du cours consistait notamment à prendre soin des montures et Chandara put vérifier quelques allégations de Moïra sur le sujet. Il lui restait beaucoup à apprendre en ce domaine – mais moins qu’en d’autres – sur les coutumes particulières de l’Ordre mais la jeune-femme fut néanmoins très satisfaite de la séance.

Enfin, Imlerith avait invité tout son groupe à retourner aux thermes avant que chacun ne puisse se préparer pour la petite soirée. Chandara avait déjà dans l’idée de faire bonne impression en revêtant la robe de soirée qu’elle avait faite confectionner chez maître de l’Effeuille à Luménis.

[Chandara]

Chandara fit visiblement très forte impression ce soir-là. Elle n’était pas la seule – bien loin de là en fait – à s’être spécialement apprêtée pour la soirée donnée en l’honneur de son arrivée mais sa robe était décidément magnifique même selon les critères exigeants des Sunites.

Ce ne fut d’ailleurs pas sa seule occasion de briller car elle ne se démonta pas au moment où une partie de l’assistance réclama un discours de sa part ni même quand une partie non négligeable de la gent masculine de son âge l’invita à danser.

D’aucuns ayant participé à la fête affirment même que la boisson et l’ambiance joyeuse aidant, des jeunes - et moins jeunes - paladins soient même parvenus à la faire chanter certains airs festifs de sa contrée natale. Cependant, les soirées à la commanderie étant privées, il n’est pas possible d’étayer ou non ces allégations par des témoignages objectif et impartiaux.

[Chandara]

La fête s'était poursuivie fort tard la veille et le réveil plutôt difficile. Chandara découvrit donc avec bonheur les joies de la boisson que les Mazticans nommaient "café" et qui était fort prisée par les Sunites. Après un bon petit déjeuner et une nouvelle prière aux thermes, la jeune-femme était cette fois attendue à la salle d'armes pour suivre un cours d'escrime sous la direction de maître Ferolle.

Chandara ne manqua pas l'occasion de lui confier la lettre rédigée par Sire Amray et le maître d'arme la lut avec attention avant de la rendre à son élève. Ils n'étaient pas seuls, bien entendu, mais le paladin lui consacra du temps entre les exercices collectifs, cherchant à la jauger par lui-même certainement. Il se montra exigeant mais, de l'avis de la dorrandine, c'était bon signe : cela signifiait qu'elle pourrait vite progresser sous sa direction.

Complètement lessivée après cet entraînement intense, elle accueillit avec joie le moment de se rendre à nouveau aux bains et apprit à cette occasion que l'après-midi serait consacré à d'autres exercices physiques. La journée allait être longue...

[Chandara]

Les jours suivants virent s'enchaîner des cours dispensés par Priscilla et des entraînements à l'escrime ou à l'équitation. Chandara se sentait de plus en plus à l'aise parmi la communauté qui ne lui faisait pas ressentir son statut plutôt particulier. Du reste, elle apprenait vite et sentait qu'elle progressait beaucoup dans les domaines qui lui faisaient vraiment défaut.

Au quatrième jour, elle entreprit d'envoyer une première lettre à Luménis pour faire part à Arthur de ses premières bonnes impressions et sur son installation. Et comme c'était un jour de repos, plusieurs de ses collègues l'invitèrent à l'accompagner en ville : ce serait une occasion rêvée de la découvrir enfin et de sortir de la bulle bienheureuse de la commanderie.

[Chandara]

Chandara avait trouvé une ville pleine de faste mais qui était un peu trop bondée à son goût – surtout alors que la saison estivale battait son plein. Elle avait été heureuse de se trouver parmi un groupe sans quoi elle était certaine qu’elle aurait eu à faire face à encore plus de sollicitations de la part des célibataires locaux ou en vacances.

L’un dans l’autre, elle avait passé un bon moment mais elle était heureuse de retrouver un peu la bulle de la commanderie. En ce cinquième jour, elle découvrit que l’Ordre de la Rose Rubis utilisait des techniques similaires à celles qu’elle avait expérimentées à l’Académie de Cojum : pour parfaire la condition physique des paladins mais aussi leur faire travailler leur sens de l’équilibre, maître Ferolle leur faisait grimper des parois verticales, courir sur des poutres ou encire sauter entre des souches.

Cela avait tout du parcours du combattant auquel la jeune-femme avait fini par exceller par le passé. Après plusieurs passages, Chandara retrouvait déjà ses réflexes et se rendait compte que son agilité naturelle lui servait beaucoup. Là encore, elle ne tarda pas à s’attirer quelques compliments de la part de l’instructeur exigeant.

A la troisième séance, le parcours qui mettait tant de novices en difficulté ne représentait plus un défi pour elle et l’enseignant interrompit son entraînement pour lui proposer un nouvel exercice : il avait amené deux rapières d’entraînement et il choisit de lui faire travailler son escrime sur l’une des poutres du parcours.

- Voyons un peu si vous pouvez améliorer ce jeu de jambes : si vous persistez dans votre style d’helmite, vous allez mordre la poussière plus qu’à votre tour.

Et ce fut le cas… Du moins au début : Sylvio Ferolle semblait danser et virevolter sur la fine poutre comme il l’aurait fait au sol. Il la pressa dans ses derniers retranchements en l’amenant peu à peu à adopter son rythme et sa fluidité. Dans si peu d’espace, chaque geste, chaque pas comptaient et moindre attaque, parade ou esquive exigeait une concentration parfaite sous peine de glisser et de chuter dans le bassin situé en-dessous.

[Chandara]

Une fois qu’elle eut abandonné le style qui convenait à une arme de force comme pouvait l’être le marteau de guerre, Chandara progressa bien plus rapidement. A tel point qu’elle s’entraînait parfois avec les paladins plutôt qu’avec les novices ou Sylvio Ferolle. Les leçons de ce dernier étaient toujours plus exigeantes et elle sentait qu’elles lui faisaient du bien.
Et, au bout d’un mois à ce régime, les premiers résultats commençaient à se faire sentir : elle détonnait bien moins parmi les paladins et elle prenait beaucoup plus de plaisir aux entraînements, souriant naturellement comme il seyait à une paladine sunite.

Maître Ferolle tenait à évaluer régulièrement ses progrès et elle fut à nouveau conviée sur la poutre tant redoutée. L’exercice avait débuté calmement par un échauffement et quelques enchaînements de parades et de ripostes puis le paladin avait brusquement changé de rythme, sans prévenir…

Chandara ne sut pas vraiment ce qui s’était passé alors – elle s’était contentée de réagir par instinct à l’attaque. Mais les témoins de la scène, éberlués et interdits sur le moment, ne cessèrent de décrire avec force détails comiques la façon dont la jeune-femme avait esquivé la lame de Sylvio et s’était servie de l’élan de ce dernier pour le déséquilibrer et l’envoyer dans le bassin. Le récit ne s’arrêtait pas là et faisait la part belle aux réactions des deux intéressés : l’expression désolée et rougissante de l’une qui pensait se faire sermonner vertement et l’hilarité débridée de l’autre qui n’avait pas manqué de la féliciter pour son exploit.

HRP : pour matérialiser son nouvel entraînement, Chandara perd 1 point de force et en gagne 1 en constitution. En outre, le don attaque en puissance est remplacé par attaque en finesse.

[Chandara]

L'incident avec Sylvio l'avait encouragé à redoubler encore d'efforts pour progresser avec sa nouvelle arme. Si elle lui avait d'abord semblé complètement étrange et inefficace à manier, la rapière - bien plus légère que ce à quoi elle s'était habituée - était devenue plaisante à employer, bien plus adaptée au style léger, rapide et aérien qu'on tentait maintenant de lui inculquer.

En tous cas, elle commençait à éprouver du plaisir à la mesure de ses progrès. En un peu moins d'un mois, elle avait retrouvé toutes ses sensations et bien plus encore. Elle guettait désormais la moindre occasion d'améliorer son entraînement parfois même au détriment des nombreux amusements que cet endroit magnifique proposait, argumentant qu'elle devait travailler plus dur que les autres pour rattraper son retard.

La journée avait été chargée à nouveau et Chandara était montée tôt se coucher après un petit passage aux thermes. Elle trouva très vite le sommeil mais son repos fut quelque peu agité par nombre de songes.

Les paroles de Lucia, une paladine à peine plus âgée qu'elle avec qui elle s'était liée d'amitié lui revinrent en tête : "Travailler dur, c'est louable mais Sunie aime aussi qu'on prenne le temps de s'amuser. Ce n'est pas parce que ton compagnon - qui est sans doute très mignon - est au loin qu'il faut te priver des plaisirs de la vie ! Tu n'es plus chez les Helmites, souviens toi !"

Elle se défendit comme alors mais elle ne se trouvait elle-même pas convaincante et se sentir rougir comme lors de cette entrevue. Lucia lui avait asséné la suite de ses reproches mais sur un ton amical, désireuse de la conseiller : "Souviens-toi que tu dois t'aimer autant que tu aimes Sunie : être trop dur envers soi-même, c'est être dur avec les autres. Tu n'es pas venue jusqu'à Antelucas pour ça, n'est-ce pas ?

"Tu as peut-être besoin d'un encouragement... Lève-toi Chandara !" Non, elle n'avait pas dit ça... La jeune-femme se réveilla et ouvrit les yeux mais il faisait encore nuit noire. Elle était complètement désorientée...

[Chandara]

Elle n’aurait pas su l’exprimer rationnellement mais Chandara fut prise de l’impulsion irrépressible de se lever et de se rendre dans la chapelle de la commanderie. A peine avait-il pris le temps d’enfiler un peignoir et des chaussons avant de quitter précipitamment sa chambre.

A une heure aussi tardive, il ne croisa personne ni dans les couloirs du dortoir ni dans la nef. Elle put donc se rendre à son aise devant la sublime statue de Sunie qui se trouvait dans le lieu de culte et prier comme elle ne l’avait plus fait depuis des années.

Elle avait besoin de s’épancher, sur ses fautes réelles ou supposées et sur son désir de s’améliorer et de servir la déesse. Sa dévotion était intense et sincère et elle se sentit qu’entreprendre cette démarche la libérait d’un poids, d’une peur, de doutes fermement ancrés en elle. Elle se présentait avec ses défauts mais aussi ses qualités, se soumettait au jugement de la déesse, sollicitait son amour et sa bienveillance à son égard. Le tout à mi-voix et sans plus se soucier d’être surprise par l’un des occupants du bâtiment. Ses prières ne concernaient que Sunie et elle.

Peu à peu, une sensation de chaleur et de bien-être s’était instillée en elle. Elle n’avait cure des dallages froids sous ses genoux. Elle se sentait comme transportée dans un cocon bienfaisant qui la protègerait contre tout. Elle sentit la flamme de la foi qui se remettait à brûler dans son cœur. Différente et identique à la fois. Différente et identique à celle d’autrefois.

La lumière irisée et magnifique filtrant à travers les vitraux de la chapelle la trouva ainsi, encore épanchée dans ses prières. Mais il fallut une intervention extérieure pour qu’elle se rende compte de l’endroit où elle se trouvait et surtout de l’heure très matinale.

- Vous êtes bien matinale, Chandara !

Celle-ci sursauta et se releva précipitamment en reconnaissant la voix de Priscilla dans son dos et se retourna avec des sentiments mitigés : confuse d’avoir été ainsi surprise et dans des conditions pour le moins inhabituelles. Mais aussi euphorique de la chaleur qui ne l’avait pas quittée. De tout ce que cela signifiait sans pour autant que sa raison ne l’ait encore pleinement intégré.

- Attendez une seconde… Oui, il y a bien quelque-chose de changé en vous…

HRP : Chandara regagne les capacités de paladin associées au niveau 1 : Aura de Bien, Châtiment du Mal (1/jour), Détection du Mal.

[Chandara]

Rayonnante, euphorique, transfigurée. Il n’y avait pas de mots assez forts pour décrire l’état dans lequel fut Chandara tout au long des heures et même des jours qui suivirent. Tous ses camarades et professeurs étaient venu la féliciter à tours de rôles ou par groupe. Car elle faisait plus que jamais partie des élus de la Dame aux Cheveux de Feu. Parce qu’elle avait été choisie et qu’elle avait répondu présente à l’appel de la déesse.

Cela ne changea rien – ou presque – à son quotidien mais cela modifia radicalement sa façon d’aborder les exercices, les leçons ou même les moments de détente. Elle se sentait incroyablement vivante et désireuse de mordre la vie à pleines dents. Le contraste avec sa trop longue période de doute était saisissant.

Les moments luméniens avec Arthur n’avaient été que les prémices à ce bonheur intense qu’elle ressentait d’être à nouveau placée dans le giron d’une divinité. De la divinité la plus aimante qui soit qui plus était. Elle avait été incroyablement fière d’être choisie par Helm des années plus tôt mais elle ne réalisait pleinement qu’aujourd’hui l’infini privilège qu’on lui accordait à nouveau. Celui de servir une entité qui la dépassait et de rejoindre un ordre prestigieux au sein duquel elle ne se sentirait plus jamais seule.

La prime surprise retombée, Priscilla était venue la trouver pour lui parler de ce qu’il adviendrait par la suite. Elle avait été amenée à rejoindre l’ordre, c’était indéniable, mais il y avait des traditions et des rituels à respecter. Et aussi une cérémonie à organiser pour son adoubement. L’occasion d’une nouvelle fête à la commanderie. Et toute fête méritant préparation, il faudrait qu’elle prenne son mal en patience jusqu’à la fin de la veille…

[Chandara]

Au cours des jours suivants, les jeunes paladins qui faisaient déjà partie de l'Ordre ne manquèrent pas de faire courir des rumeurs sur la nature de l'épreuve qui attendait Chandara. Juste pour le plaisir de l'asticoter un peu et sans doute aussi de la détourner de son angoisse devant un possible échec.

Les instructeurs gardèrent cependant le secret sur ce qui se produirait, arguant que cela ne concernait que la déesse et elle et qu'il appartenait à Sunie de la tester comme elle l'entendait. Cela ne contribua pas vraiment à la rassurer et elle eut du mal à s'appliquer autant que d'habitude pour réaliser les exercices qu'on lui demandait.

Les jours passèrent lentement. Son impatience grandissait de plus en plus à l'approche de la date fatidique. Puis le grand jour fut là. Elle se réveilla avant l'aube sans pouvoir se rendormir, s'habilla et gagna le réfectoire commun où elle trouva Priscilla qui lui adressa un grand sourire et lui tendit une tasse de café qu'elle avait manifestement prévu pour elle.

- Je m'attendais à vous voir de bon matin ! Et excitée comme une puce avec ça, se justifia-t-elle avant de lui conseiller de prendre le temps de déjeuner car elle en aurait bien besoin. Chandara l'écouta à demi et répondit distraitement mais obtempéra néanmoins, désireuse de ne commettre aucun impair surtout en ce jour si spécial.

Après avoir déjeuné, Priscilla lui indiqua qu'il ne servait plus d'attendre et qu'elle l'accompagnerait pour la mener sur le lieu de l'épreuve et lui en expliquer ce qu'elle pouvait. Cette annonce soulagea énormément la jeune-femme qui se leva aussitôt et se montra cette fois toute ouïe.

- Tu vas devoir rester seule pendant une journée. Peut-être moins. Au cours de l'épreuve, si Sunie te juge digne, elle t'enverra une vision et jaugera ta réaction. Pour apprendre à te connaître. Mais aussi pour que tu apprennes toi aussi ce que tu es. Ce dont tu es capable.

Priscilla la mena jusqu'à la chapelle puis actionna un mécanisme au dos de la statue. Un escalier apparut aussitôt devant l'autel et Chandara reçut un dernier sourire et une dernière instruction :

- Descends ces marches, tu sauras ensuite quoi faire. Sois courageuse ! Sois toi même et reviens-nous, ma petite sœur !

[Chandara]

Chandara descendit lentement les quelques marches qui la séparait d’une petite salle circulaire située sous l’autel de la chapelle. Arrivée en bas de l’escalier, la jeune-femme laissa promener son regard sur le décor : sur le sol pavé d’un dallage de marbre rose et blanc. Sur les murs de pierre de taille décorés en outre de quelques tentures colorées et agrémentés de plusieurs chandeliers. Il se dégageait de ce lieu une atmosphère à la fois solennelle et chaleureuse qui la poussa à s’avancer sans s’inquiéter quand la dalle condamnant l’escalier se referma sans un bruit.

Devant elle se trouvait les seuls meubles de la pièce : une petite table en bois laqué sur laquelle étaient disposées une corbeille de fruits frais et une carafe d’eau claire. Juste à côté et contre un mur se trouvait également un siège rembourré d’allure confortable. Visiblement tout était prévu pour qu’elle puisse patienter d’agréable façon. Mais Chandara était plus réputée pour sa curiosité que pour sa patience.

Elle se dirigea donc vers le dernier objet d’intérêt de la pièce : une grande psyché sur pied cerclé d’une armature en argent magnifiquement sculptée de multiples figures représentant des fleurs et des corps nus. Ebahie par la contemplation du cadre et de ses décorations, elle s’approcha un peu plus et croisa son reflet dans le miroir. Elle ne tarda pas à s’y regarder comme elle le faisait chaque matin en priant…

Au début, l’objet se contenta de lui renvoyer son image et celle de la pièce derrière elle puis, au bout d’un temps indéterminé, la vision se voila puis se brouilla. Le décor se mit à changer radicalement comme au gré de pensées incohérentes et désordonnées : de boudoir en hall de palais, de forêt en place de marché. De salon en salle de théâtre. Puis un parc, une fontaine, un jardin, l’atelier d’un sculpteur, celui d’un tailleur, un petit promontoire, une cour d’exercice avec une grosse botte de paille…

Elle prit conscience que tout changeait au gré de ses propres pensées, songes et souvenirs. Et au fil des changements, sa tenue s’adaptait également : tantôt elle se trouvait complètement nue, tantôt en robe de soirée, tantôt en tenue d’escrime. Certaines tenues revenant plus souvent comme elle les privilégiait. La vision changea et changea encore à lui en donner le tournis. Elle se sentit vaciller au gré de ses pensées tourbillonnantes, ferma les yeux, bascula, se sentit tomber mais avec l’étrange assurance que des bras aimants la rattraperaient pour ne pas qu’elle se fasse mal.

Puis elle rouvrit les yeux…

[Chandara]

Elle était allongée sur un tapis de mousse, alanguie en observant les grands arbres qui s’étiraient jusqu’à une voûte protectrice loin au-dessus de sa tête. Tout autour d’elle, elle entendait les trilles harmonieux de multiples oiseaux et le son cristallin d’un ruisseau tout proche.

Elle ne savait pas ce qu’elle faisait ici ou comment elle y était arrivée mais elle savait qu’elle s’y sentait parfaitement bien. En paix. Complète. Elle n’avait ni faim, ni soif, ni froid bien qu’elle se trouva complètement dévêtue. Elle n’en éprouvait aucune gêne.

Un oiseau aux multiples couleurs se posa sur la branche d’un arbre d’une espèce qui lui était totalement inconnue. Il semblait l’observer avec curiosité et sans crainte jusqu’à ce qu’elle relève la tête pour mieux le regarder. Son regard croisa alors le sien et le volatile prit son envol, la survola et disparut entre deux troncs.

Parfaitement réveillée et poussée par la curiosité, Chandara se leva et se précipita à sa suite, le retrouvant posé sur une autre branche comme s’il l’attendait. Il s’envola à nouveau vers une autre branche peu éloignée. Comme s’il la guidait. Vers où, cela n’avait pas grande importance. L’oiseau et la jeune-femme continuèrent cette étrange poursuite pendant quelques minutes jusqu’à ce que cette dernière arrive au bord d’un bassin d’eau claire et limpide.

Chandara n’avait aucun mal à en apercevoir le fond sablonneux et s’y engagea avec plaisir tandis que l’oiseau survolait l’onde en décrivant des cercles. L’eau était à température idéale et Chandara sentit tout son corps se détendre et frémir de plaisir à son contact. Elle sentit aussi son esprit se vider de tous ses doutes et soucis humains. En quelques brasses, elle atteignit le centre du plan d’eau et s’y immergea complètement quelques instants. Quand elle perça à nouveau la surface, elle se sentit comme purifiée. En paix comme jamais elle ne l’avait été. Comme si on venait de lui pardonner toutes ses erreurs passées et qu’on lui témoignait une confiance totale.

L’oiseau s’éloigna du centre du bassin et elle entreprit de le suivre et de regagner la berge, sans regrets aucun. Elle les laissait tous derrière elle pour ne garder que l’espoir, la confiance, la soif de vivre…

[Chandara]

L’oiseau s’envola une fois de plus à tire d’aile et elle dut presser le pas pour le garder en vue. Mais, malgré ses efforts, elle le perdit à la faveur d’un virage du sentier qu’elle suivait jusque-là. Quand elle l’atteignit, le volatile avait disparu sans laisser de trace et le sentier se divisait en deux devant elle.

Le chemin de gauche semblait mener droit à une petite clairière d’où provenaient une musique douce, des rires et une délicieuse odeur de nourriture en train de rôtir. Il était extrêmement tentant de se diriger dans cette direction pour profiter de la fête qui s’y déroulait.

Mais une autre impulsion la poussa à s’intéresser au chemin de droite. La végétation y était tout autant luxuriante mais il s’en dégageait une impression de malaise. Quelque-chose qui résonnait en elle. Qui la heurtait. Les convives de la clairière semblaient trop s’amuser pour s’être aperçu du danger et elle sentait qu’il lui revenait d’aller évaluer la menace qui pesait sur eux. Elle pourrait alors seulement les rejoindre le cœur léger pour en profiter elle aussi !

Chandara s’engagea donc sur le chemin de droite et elle sentit aussitôt un changement s’opérer. Le plus marquant était qu’elle était désormais vêtue de pied en cape. Elle était chaussée de bottines confortables en cuir brodé, vêtue de chausses vert pomme et d’un corset de la même couleur et que n’aurait probablement pas renié maître de l’Effeuille.

Elle fit encore deux pas en avant et sentit le fourreau d’une magnifique rapière battre à son flanc gauche. Elle tira la lame à la poignée de nacre et en éprouva l’équilibre parfait avant d’admirer les ornementations discrètes mais d’excellent goût figurant sur la garde et la lame. Le tout évoquait des roses. En outre le pommeau de l’arme était incrusté de son propre blason, désignant la lame comme lui étant toute personnelle.

Intriguée mais plus que jamais décidée à combattre ce qui perturbait le cadre idyllique dans lequel elle évoluait, Chandara progressa encore après avoir rengainé la lame avec déférence. Elle se sentait maintenant alourdie mais pas vraiment gênée dans ses déplacements par une cuirasse qui semblait elle aussi faite sur mesure pour elle. L’armure lui protégeant tout le haut du corps était magnifiquement décorée de motifs de roses de même que les cuissardes et les brassards qui la complétaient. Sur sa poitrine s’incrustait un symbole qui avait enflammé son imagination, celui figurant en bonne place sur la façade de la Commanderie. Celui de l’Ordre de la Rose Rubis D’Helonna : la représentation classique du culte de Sunie rehaussée d’une fine lame. Enfin, sa coiffure achevait de lui donnait une très fière allure guerrière : ses cheveux étaient ramenés en une longue tresse courant dans son dos et retenus par un entrelacs de rubans cramoisis.

Il n’y avait plus de doute possible : elle était superbement équipée pour faire face à un danger…

[Chandara]

Chandara se sentait plus que jamais encouragée, portée par un souffle divin, assurée que sa déesse comptait sur elle et sur la mission - encore imprécise - qui lui était dévolue. Prise d'une inspiration, la paladine retrouva ses anciens bons réflexes en prenant le temps de s'arrêter et adresser une homélie à Sunie pour l'aider à trouver la source de la perturbation de ce paradis. Pour trouver la source du mal :

Chandara -> Détection du mal

Aussitôt, elle sentit le pouvoir affluer, l'envahir, la guider. Il y avait bien quelque-chose de mauvais droit devant elle ! Dégainant à nouveau sa rapière - mais avec l'intention de s'en servir cette fois - elle pressa le pas avec la résolution de combattre ce qui souillait le jardin riant de la déesse. De faire face quoiqu'elle trouve au bout du chemin.

[Chandara]

Chandara avait progressé aussi discrètement que possible et n'avait pas tardé à sentit une odeur nauséabonde d'autant plus désagréable qu'elle contrastait terriblement avec tout ce qu'elle avait senti jusqu'ici.

Et pourtant cette odeur lui était familière. Provenant d'une autre vie, d'une autre époque : elle reconnaissait une présence qu'elle honnissait entre toutes : celle d'un mort-vivant. Ces créatures contre-nature n'avait leur place nulle part et encore moins dans un lieu béni par Sunie ! Elle devait faire en sorte de les renvoyer au néant séance tenante.

Une minute plus tard, elle atteignait la fin du sentier qu'elle suivait jusqu'ici et aperçut son ennemi. Ou plutôt ses ennemis : il y avait là un groupe de trois goules et même un blême devant une petite caverne sombre qui risquait d'en abriter d'autres.

Autant parce que la vision de ces monstres la mettait en colère que parce qu'elle voulait éviter de trop s'approcher de leur antre tant qu'ils ne seraient pas détruits tous les quatre, elle choisit de se signaler à eux en sortant brusquement des fourrés et se permettant même une petite courbette à l'intention de sa déesse tout en brandissant sa nouvelle lame avec un sourire désarmant.

- C'est presque dommage de salir une rapière comme celle-là sur vous, les moisis !

Les goules n'avaient certainement pas compris un traître mot de sa provocation mais elles chargèrent aussitôt en poussant des plaintes d'outre-tombe répugnantes. La jeune-femme n'attendit pas qu'elles puissent se regrouper et se précipita vers les deux premières en retrouvant aussitôt ses bons réflexes d'antan magnifiés par le style aérien qu'elle avait énormément travaillé au contact des paladins. Ses pas ressemblaient plus à une danse qu'à des mouvements de bretteurs mais chacune de ses attaques, chacun de ses coups, touchèrent, arrachant des grognements prometteurs.

La première des goules s'effondra quand elle lui transperça la tempe tout en se dégageant pour se mettre hors de portée des trois autres. Elle put sérieusement blesser une deuxième avant de recevoir un premier coup de griffes qui se contenta de riper sur son plastron. Le blême avait laissé une trace verdâtre et nauséabonde qui arracha une grimace dégoûtée à la paladine. Elle riposta aussitôt en y mettant toute sa fureur et en appelant l'assistance de sa déesse :

Chandara -> Châtiment du mal -> Blême

Le coup sembla facile et la lame s'enfonça sans aucune difficulté entre les deux yeux du monstre et jusqu'à son cerveau. C'était absolument répugnant mais il fallait savoir se salir les mains pour le bien commun même quand on était Sunite ! Elle n'avait d'ailleurs pas le temps de s'attarder sur ces considérations car la dernière goule tenta de profiter de son instant de distraction et de ce que la lame était bloquée dans la tête de sa congénère...

[Chandara]

Une vive douleur au niveau de l'avant-bras lui arracha un cri. Chandara se dégagea précipitamment avant de jeter un œil un peu paniqué à la morsure qu'elle venait de recevoir de la part de la dernière goule. Ce n'était pas très beau à voir... Encore moins que le mort-vivant qui la narguait et s'approchait déjà pour récidiver, ayant pris le goût à son sang.

En colère contre sa maladresse, la paladine attaqua la première avec détermination et la quatrième goule ne tarda pas à rejoindre ses congénères. Chandara fut surprise de constater que, le combat terminé, les monstres disparurent sans un signe.

Les monstres oui, mais pas la douleur qu'elle ressentait dans son poignet : la blessure était bien réelle. Elle sut d'instinct quoi faire. Elle n'avait plus cette capacité - elle aurait dû s'en souvenir - mais elle essaya tout de même avec foi et ferveur. Elle posa sa main valide sur la chair à vif et prononça des mots apaisants :

- Pour l'amour de Sunie, relève-toi dans toute ta gloire !

Elle sentit l'énergie bienfaisante la traverser comme un frisson d'intense plaisir, courir dans ses muscles jusqu'à ses doigts, se déverser en un baume divin qui soigna aussitôt les stigmates et effaça la douleur. En une seconde à peine, sa peau avait recouvré toute sa santé et il n'y avait plus aucune trace de la morsure. Et elle avait l'assurance que son esprit s'était un peu plus ouvert, qu'il était davantage réceptif et en harmonie avec la déesse qu'elle servait.

HRP : les capacités de niveau 2 de Chandara sont à nouveau actives.

[Chandara]

Tout à fait remise par l’énergie divine qu’elle avait canalisée, Chandara était plus que jamais déterminée à enquêter sur l’origine de ces mort-vivants et les éliminer jusqu’au dernier. Elle prit néanmoins le temps de nettoyer soigneusement sa lame et son armure des derniers reliefs du combat – une Sunite se devait d’apparaître impeccable et à son avantage en toute circonstance – et se rapprocha de la caverne d’où provenaient certainement les goules.

Une odeur épouvantable en émanait et elle dut prendre une longue inspiration avant de se décider à s’y engager…

Il faisait très sombre, le plafond était un peu bas et les murs couverts de mousse et de champignons. Chandara s’était attendue à se sentir au moins fébrile sinon terrifiée de s’engager ainsi dans un espace aussi clos mais quelque-chose avait changé en elle : sa résolution à servir Sunie était plus forte que sa terreur de rester coincée sous des tonnes de roche et de terre. Elle ne se sentirait certainement jamais à son aise dans de tels lieux confinés et nauséabonds mais elle pouvait désormais progresser seule et tout en restant attentive à son environnement.

Et c’est certainement cette attention de tous les instants qui lui permit d’éviter une attaque aussi subite qu’imprévue : une main griffue venait de fendre l’air juste devant elle et elle ne dut qu’à ses réflexes de se baisser et de bondir en arrière juste à temps pour ne pas se faire arracher la gorge. La créature poussa un grognement guttural de colère et de frustration et passa aussitôt à l’attaque...

HRP : Chandara peut désormais utiliser les capacités « Grâce divine » et « Aura de bravoure ».

[Chandara]

Même en ayant perdu l’avantage de la surprise, le mort-vivant auquel faisait face la paladine restait redoutable et bien plus coriace que ses congénères. De surcroît, elle s’était aventurée sur son terrain de prédilection et il semblait en tirer parti pour l’empêcher de déployer ses techniques d’escrime.

Chandara parvint néanmoins à le toucher à deux reprises avant qu’une de ses contre-attaques ne l’atteigne au niveau d’un genou. Elle se retrouvera de justesse son équilibre pour éviter de tomber et de se retrouver en fâcheuse posture mais elle sentit aussitôt que les griffes de la créature étaient porteuse d’infection.

Elle sentit une brusque poussée de fièvre qui aurait dû la rendre fébrile. Mais la maladie contractée à cause de la blessure ne s’installa pas dans son organisme et elle sentit, en elle, le lien qui s’affermissait avec sa déesse. Un lien qui repoussa l’attaque visant à l’affaiblir. Le mort-vivant fut tellement surpris de sa réaction pleine de vigueur qu’elle put lui porter deux nouveaux coups et gagner un avantage pour la suite de l’affrontement.

Mais ce n’était absolument pas le moment de se relâcher : déjà, Chandara entendait des grognements et des pas traînants en provenance des profondeurs de la caverne. Bientôt son ennemi allait recevoir des renforts qui allaient la mettre en position fort délicate…

HRP : La faculté de niveau 3 « Santé divine » est maintenant débloquée.

[Chandara]

Chandara savait que le temps ne jouait plus pour elle et qu’elle serait bientôt submergée si elle ne parvenait pas à rapidement prendre l’ascendant sur son adversaire. Mais celui-ci était décidément coriace et elle devait mobiliser tous ses tours et pirouettes pour éviter ses contre-attaques dévastatrices. Et ce d’autant plus qu’une rapière n’était décidément pas l’arme la plus efficace contre les mort-vivants.

Le statu quo demeura donc un moment malgré les multiples blessures assénées au cadavre ambulant et les grognements se rapprochaient toujours. Plusieurs zombis ne tardèrent pas à s’amasser derrière son premier adversaire mais ils étaient pour l’heure – et heureusement – gênés et empêchés de l’attaquer à revers par ce dernier.

L’étroitesse du couloir jouait pour elle cette fois mais elle aurait aimé pouvoir les repousser… Une idée germa aussitôt dans son esprit et elle constata avec surprise qu’un médaillon pendait désormais autour de son cou. Sans le regarder, elle sut instinctivement ce qu’il représentait. Et ce qu’il signifiait. Elle brandit le symbole de son ordre de sa main libre et prononça d’une voix forte et décidée :

- Les moisis fuient devant Sunie !

Le médaillon vibra entre ses doigts et l’effet fut immédiat et spectaculaire : alors qu’ils se pressaient vers elle jusque-là, les mort-vivants inférieurs paniquèrent et se bousculèrent pour tenter de s’éloigner d’elle aussi vite que possible.

Elle put même profiter de ce que le plus puissant d’entre eux ait été déstabilisé pour porter une attaque décisive et sans appel. En un instant, la situation avait changé du tout au tout : son principal adversaire était maintenant détruit et les autres étaient en fuite. Galvanisée par ce succès, elle se lança à leur poursuite et les envoya au trépas un à un, recourant à plusieurs reprises à la capacité que lui accordait gracieusement sa déesse.

HRP : le niveau 4 et la capacité « Repousser les mort-vivants » sont désormais disponibles pour Chandara.

[Chandara]

Comme précédemment, les goules détruites disparurent sans laisser de trace derrière elles. Et l’atmosphère de la petite grotte s’en trouva aussitôt considérablement assainie. Chandara eut alors la conviction d’avoir accompli son devoir, d’avoir terrassé le mal qui perturbait cet endroit magnifique, idyllique.

Elle pouvait désormais souffler et tout dans ce cadre parfait l’incitait à en profiter. C’est donc sans se poser de questions qu’elle retourna à l’endroit où les deux sentiers se rejoignaient et qu’elle prit cette fois la direction de la clairière où résonnaient toujours le son des rires et de la musique festive.

Une dizaine de convives se trouvaient là, assis confortablement autour d’une table dressée de vin et de victuailles qui mettaient l’eau à la bouche. Il n’y avait pas de trace des musiciens mais c’était bien de là que provenait la musique euphorisante et enflammant l’imagination. En outre, Chandara constata qu’il y avait deux sièges vides et pressenti que l’un d’eux lui était destiné. Qu’on attendait qu’elle se joigne à la fête et qu’on lui avait personnellement réservé une place.

Elle s’approcha un peu timidement mais les inconnus se levèrent aussitôt et la saluèrent, lui sourirent, la mirent à son aise et l’accueillirent comme si elle faisait déjà partie des leurs. On la félicita pour avoir débarrassé les environs des mort-vivants. On lui servit un vin délicieux qui n’était pas sans lui rappeler celui de ses parents. On l’incita à se servir sur les plateaux disposés artistement pour se restaurer et profiter de la bonne chère, de la musique, des conversations. Elle trouva tout cela très naturel…

[Chandara]

D’une façon qu’elle n’aurait pas su exprimer, la jeune-femme se sentait tout à fait à sa place à cette tablée. Les rires étaient bon enfant et les convives étaient amicaux et fascinants à la fois. Elle se rendit compte que l’assemblée comptait des bardes, des clercs, des esthètes et d’autres paladins. Mais tous arboraient fièrement, sur leur armure, leur tunique ou leur robe, le symbole de l’Ordre.

Elle ne sut combien de temps elle demeura ainsi parmi eux à profiter des délices de ce paradis. Peut-être cette notion n’avait pas vraiment de sens dans cette réalité étrange… Mais un événement la marqua plus que tous les autres dont elle ne devait garder qu’une impression diffuse.

Cet événement qui devait la marquer à jamais comme une révélation fut l’apparition d’une autre invitée. La plus belle jument qu’il lui ait été donné de voir ou même d’imaginer. Un animal racé et puissant à la fois à la robe champagne ambrée et aux yeux verts. Le cheval décrivit des cercles autour de la table sans que Chandara n’en détache le regard.

Et son cœur bondit dans sa poitrine en la voyant se diriger droit vers elle. Vers elle et nulle autre. D’une main tremblante, elle récupéra dans son assiette la part de tarte aux pommes qu’elle avait à peine entamée pour la présenter à l’animal dans sa paume ouverte. La jument n’hésita pas un instant avant de la saisir délicatement et lui transmettre son plaisir d’un hennissement approbateur. Elle fourra ensuite sa tête contre l’épaule de la paladine comme pour réclamer quelque autre attention, que ce soit une nouvelle sucrerie ou des caresses. Ce que Chandara n’hésita pas à lui prodiguer avec joie.

Si la jeune-femme ne devait pas se souvenir de son périple en cet endroit étrange, de son bain purificateur et de son combat contre les goules. De son accueil et de son séjour dans la clairière, sa première rencontre avec « Lune de Miel » resterait à jamais gravée dans sa mémoire comme une promesse.

[Chandara]

Chandara passa le reste de l'après-midi - ou ce qui passait pour tel dans cet environnement onirique - avec le superbe destrier. Après avoir fait plus ample connaissance et gagné sa confiance, elle entreprit de le monter.

Et, pour son plus grand plaisir, Lune de miel accepta et se montra même enthousiaste, réagissant aussitôt à ses consignes, sautant sans difficulté les troncs et les haies leur servant d'obstacles. Elles s'éloignèrent toutes les deux pour profiter de plus de champ et piquer un galop. La jument se montra rapide et endurante et Chandara ne devait jamais se lasser de cette communion qu'elle n'avait jamais ressenti avec une autre monture.

Le ciel se piquetait d'étoiles lorsqu'elles revinrent vers la table. Chandara sentait que le moment était venu de se séparer. Mais aussi qu'elles se retrouveraient bientôt, que cette première rencontre en appelait beaucoup d'autres. La jeune-femme bichonna sa monture comme pour prolonger un peu ce partage, cette félicité. Lune de miel lui rendait bien son affection et pavoisait sous ses attentions.

Mais une voix douce vint les interrompre. Une voix qui parlait au cœur plus qu'aux oreilles. Une voix qui était porteuse du plus grand espoir et incitait à la vénération. Une voix porteuse d'un message, d'une bénédiction : ce n'était pas encore le moment pour Chandara de vivre ici. On avait besoin d'elle ailleurs et il était temps d'y retourner.