[Lieu] Aubépine

[Kasumi]

Le demi-elfe ne pouvait pas vraiment lui donner tort mais espérait que ses explications porteraient tout de même des fruits plus tard. Mais pour l’heure, il était effectivement temps de commencer à chercher des pistes de gibier et ce serait l’occasion d’un nouveau cours pratique tout en garantissant le succès de leur chasse du soir.

Il en profita pour montrer à Mylène comment repérer les endroits propices à trouver des cervidés et à suivre leurs traces : ces derniers préférant certaines essences d’arbre et type de sol. C’est naturellement en direction de la rivière qu’il les mena car c’était la source d’eau la plus abondante hormis celle s’écoulant directement au bosquet et dans la zone incendiée.

Il garda les yeux grands ouverts tout en donnant des indications à la jeune-femme mais sans la guider davantage : il n’y avait pas de meilleure manière d’apprendre que de découvrir par soi-même après tout !

[Voyageuse]

Mylène trouva d'abord une piste de sanglier, qu'elle confondit avec celle d'un cerf, puis celle d'un chevreuil isolé qu'elle perdit rapidement -Kasumi dut l'aider à la retrouver. Elle se laissa dévier par une autre piste, celle d'un cervidé plus petit, qu'elle perdit plusieurs fois. Elle avait beaucoup de mal à retrouver les traces perdus, manquant de patience pour fouiller un à un tous les taillis lorsque le sol, trop dur, n'avait pas gardé d'empreinte. Mais ils finirent par repérer le passage d'un petit groupe de cervidés, des chevreuils sans doute, se dirigeant vers la rivière. Par chance, les berges de ce secteur n'étaient pas marécageuses et la végétation, touffue, permettait de se dissimuler aisément. En outre, le vent était très faible, mais définitivement pas dans le bon sens : ils risquaient d'être repérés à l'odeur ou au bruit s'ils s'approchaient trop de la harde. Or la végétation touffue obligeait à s'approcher pour les repérer : ils ne les verraient qu'au dernier moment. Ils pouvaient prendre le risque de s'approcher, ou opter pour un contournement "au hasard" en espérant que la harde ait gardé la même direction : elle se rendait apparemment à la rivière, pour profiter de la relative fraîcheur du crépuscule sans doute.

[Kasumi]

Le demi-elfe ne s’était pas privé d’encourager chacune des réussites ou demi réussites de son apprentie improvisée. Mylène n’était peut-être pas patiente et certainement pas du tout expérimentée mais elle avait pour elle d’essayer avec enthousiasme et de ne pas se décourager de ses échecs.

De toute façon, c’était une occasion de s’exercer sans trop de pression et le rôdeur savait qu’ils trouveraient de quoi se ravitailler près de la rivière ou, dans le pire des cas, qu’ils avaient largement de quoi se restaurer avec les nouveaux vivres que la villageoise avait apportés.

Cela dit, il était tout de même important pour sa confiance et l’ambiance de leur veillée que la chasse soit couronnée de succès. A l’approche de la rivière, Kasumi reprit donc les choses en main et dispensa silencieusement ses consignes.

Kasumi estimait qu’il y avait peu de risque que la harde se soit détournée du plus court chemin vers la rivière aussi prit-il le risque d’entraîner Mylène dans une autre direction pour contourner e groupe et ne plus se trouver sous le vent. Il avait l’intention d’emmener la jeune-femme jusqu’à une bonne position de tir dégagée et de lui désigner lui-même la cible à atteindre : de préférence un animal malade, blessé ou trop vieux pour engendrer une nouvelle génération.

[Voyageuse]

Ils contournèrent donc la harde et s'approchèrent de la rivière par une autre direction, pour ne pas être trahis par le vent. La végétation, dense, ne leur permit d'apercevoir la harde que lorsqu'ils furent très proches, même si quelques bruissements caractéristiques avaient confirmé pour l'oreille aguerrie de Kasumi la présence du gibier.
Il s'agissait d'une petite harde, une petite dizaine de bêtes donc trois jeunes et seulement deux mâles, dont un visiblement âgé. Mylène gronça les sourcils lorsque Kasumi lui désigna celui-ci, et lui fit comprendre par signe qu'elle préférait l'une des jeunes femelles -sans jeune auprès d'elle- à la chair probablement plus tendre...

[Kasumi]

Le demi-elfe fronça lui aussi les sourcils et esquissa un signe de tête déterminé en désignant à nouveau le vieux mâle sans équivoque : la chair serait un peu moins savoureuse mais il savait la préparer comme il fallait et le plus important était de loin de préserver une reproductrice potentielle, bien plus importante pour la harde que la cible qu'il avait choisie, aussi expérimentée soit-elle.

[Voyageuse]

Mylène poussa un soupir agacé un peu théâtral... qui fit dresser l'oreille à l'une des biches, proche de leur position. Celle-ci s'immobilisa subitement et se mit à humer l'air d'un air inquiet. Aussitôt, les autre bêtes se regroupèrent, les petits et leurs mères au centre, chacun observant les alentours. Kasumi, en chasseur expérimenté, savait qu'ils allaient probablement prendre la fuite d'un coup, tous ensemble, et qu'il fallait agir vite. Heureusement, le vieux chevreuil était du côté où ils se trouvaient, protégeant son clan.

[Kasumi]

Kasumi fit signe à Mylène de tirer aussitôt sur le chevreuil mais ne fit pas le geste de lever son propre arc : d'une part, il voulait lui montrer qu'il lui faisait confiance et, d'autre part, il savait d'expérience qu'il n'aurait pas le temps d'encocher une flèche et de viser avant que la harde soit dispersée.

[Voyageuse]

Mylène, comprenant qu'il n'était plus temps de tergiverser, visa rapidement et tira. Trop vite, hélas. Sa flèche atteignit le vieux chevreuil -proche comme il l'était, il formait une cible facile- mais ne fit que le blesser au flanc, juste au-dessus de la cuisse gauche.
En quelques instants, ce fut la débandade : le troupeau s'enfuit comme une seule bête vers le sud, à l'opposé de là où ils se trouvaient. Mylène encocha une deuxième flèche et visa le vieux mâle qui boitillait derrière, plus lent à cause de sa blessure, mais sa flèche ricocha sur son cuir sans le blesser vraiment.

[Kasumi]

Pour leur épargner une longue traque et des souffrances inutiles au chevreuil condamné, le demi-elfe se décida à encocher une flèche à son tour et à tirer d'instinct dans sa direction sachant que ce tir difficile était la dernière chance d'abattre rapidement leur proie. Malheureusement, l'angle d'attaque était hasardeux et serré mais son arc bien plus puissant lui donnait un avantage par rapport à la villageoise.

[Voyageuse]

Son arc était plus puissant et il avait davantage d'expérience : il atteignit à son tour le chevreuil en haut de la cuisse arrière, stoppant net sa fuite. La flèche était profondément enfoncée dans le muscle et l'animal ne pouvait plus que boitiller lentement. Il s'effondra d'ailleurs avant que les deux chasseurs ne le rejoignent.
Il était grièvement blessé, et le regard suppliant qu'il leva vers eux fit hésiter Mylène qui avait encoché une flèche. Les yeux fixés dans ceux de l'animal souffrant, elle semblait maintenant incapable de tirer la dernière flèche, celle qui devait l'achever.

[Kasumi]

Kasumi connaissait cette sensation et se rassurait de voir que Mylène éprouvait de la compassion pour l’animal qu’ils sacrifiaient. Si cela n’avait tenu qu’au rôdeur, il l’aurait abattu d’une flèche dans le cœur ou la tête pour qu’il ne souffre pas mais la chasse avait mal tourné.

Alors, sans attendre, il s’agenouilla et posa une main sur le cou de l’animal en un geste apaisant et murmura des paroles douces avant de l’achever d’un geste précis avec son couteau. Il fit alors signe à Mylène de le rejoindre si elle le souhaitait et adressa une prière à sa déesse pour lui recommander d’accueillir le courageux chevreuil dans son royaume céleste. L'idée de le voir se réincarner et passer l'éternité en paix lui réchauffa le cœur comme jamais.

[Voyageuse]

Myléne l'avait regardé faire sans s'approcher, une vague expression de dégoût sur le visage lorsque le sang avait giclé, mais sans détourner les yeux de ses gestes. En revanche, elle n'osait plus regarder les yeux devenus vitreux de l'animal. Elle ne se joignit pas à sa prière, demeurant simplement songeuse, et finit par prendre la parole, une fois qu'il en eut terminé.
" Finalement... ce n'est pas si amusant de chasser. J'avais déjà tué une fois ou deux un canard ou un lapin mais... jamais de gros gibier. Ça n'est pas la même chose."

[Kasumi]

Kasumi se tourna vers la jeune-femme en arborant un air grave et répondit avec douceur :

- Non, ça n'est pas la même chose. Vous venez d'apprendre la leçon que je juge la plus difficile mais aussi la plus importante de mon métier : tuer, même un animal, n'est jamais anodin. Il ne faut jamais le faire à la légère, par respect pour la vie sous toutes ses formes.

Il se tourna à nouveau vers le chevreuil, décidé à le transporter jusqu'aux abords de la clairière : respecter l'animal signifiait ne gâcher aucun des cadeaux qu'il leur prodiguait dans la mort. Pour qu'elle n'ait pas été vaine.

[Voyageuse]

Mylène finit par surmonter sa réticence et s'approcher, avec à la main une longue perche coupée dans un jeune noisetier. Ils attachèrent solidement l'animal à la perche et se mirent en route, en direction de la clairière. A l'ouest, le soleil jetait ses derniers feux. L'apprentie chasseuse était anormalement silencieuse, toujours songeuse. Elle finit par questionner.
" Pourquoi vous avez prié ? Je veux dire... On prie quand un humain meurt, c'est normal. Mais ça, c'est un simple animal..."

[Kasumi]

Kasumi répondit de bonne grâce, soulagé que Mylène sorte enfin de son mutisme. Non pas que son babillage incessant lui ait vraiment manqué mais il sentait la jeune-fille mal à l'aise à cause de cette chasse et il se demandait s'il avait bien fait de la confronter aussi durement à la réalité :

- Tous les êtres de la forêt sont aimés par ma déesse même s'ils n'en ont pas conscience. Même les animaux sont sous la protection de Mielikki. C'est pour ça que je lui ai adressé une prière : c'est la moindre des choses que de la remercier pour la viande que nous avons obtenue.

[Voyageuse]

La jeune fille fronça les sourcils, toujours dubitative.
" Je ne comprends pas... Ce n'est pas logique ! Puisqu'elle protège les animaux, alors pourquoi, toi, les chasses-tu ? Et pourquoi, surtout, la remercies-tu de nous avoir laissé faire ça ? On va contre sa volonté en tuant les bêtes qu'elle protège, non ?"

[Kasumi]

Kasumi n’avait pas manqué de remarquer avec un certain amusement le passage au tutoiement le concernant. Mais la question soulevée par Mylène était sérieuse et c’est donc avec gravité qu’il lui répondit :

[color=#9900000]- C’est un peu plus compliqué que ça : nous irions à l’encontre de sa volonté si nous prélevions plus que ce qui nous est nécessaire ou si nous le faisions de manière aveugle et irréfléchie. Mielikki, à l’instar de Sylvanus qu’elle sert, est garante des équilibres. Que ce soit entre prédateurs et herbivores ou entre humains et animaux. C’est pourquoi elle encourage à prélever les ressources qu’elle met à notre disposition mais de manière responsable : que ce soit le bois, les plantes ou la viande. Le chevreuil que nous avons abattu avait bien vécu et ne pouvait certainement plus engendrer de descendance. Il contribuait à protéger la harde mais c’était le moins mauvais choix. D’autant plus que son espèce prolifère dans ces bois. C’est pourquoi il est important de bien sélectionner les proies et choisissant uniquement les animaux qui ne manqueront pas trop.[/color]

Il marqua une pause pour réfléchir, de demandant s’il avait contribué à ce que Mylène comprenne un peu mieux sa démarche. Et il choisit d’ajouter un exemple qui lui parlerait peut-être plus compte tenu de la communauté dans laquelle elle vivait :

- C’est un peu la même différence qu’il existe entre une communauté de bûcheron qui couperait sans distinguer toutes les essences de bois et sans distinction de maturité. J’ai pu observer que ce n’était pas le cas à Peyregorde : vous choisissez soigneusement les arbres à couper pour laisser la place aux plus jeunes et vous évitez de toujours prélever au même endroit.

[Voyageuse]

Mylène avait écouté avec gravité, l'expression pensive.
" Elle pourrait aussi préférer que l'on ne chasse pas... et qu'on se contente de manger des végétaux par exemple. Pour laisser vivre les bêtes. Je suis sûre qu'il y a des druides qui sont végétariens d'ailleurs. Enfin, pas Thanaën, je crois. Mais sinon, je comprends mieux pourquoi vous préfériez tuer le vieil animal. Même si la viande est moins bonne... J'espère que vous arriverez à l'attendrir. maman dit qu'il faut la laisser faisander deux jours avant de la manger, mais on peut aussi la faire tremper dans de l'huile d'olive et du jus d'agrumes pour aider. Et sinon, on pourra toujours en faire du pâté. Vous croirez que je poourrai en ramener un peu ?".

[Kasumi]

Kasumi était satisfait d'avoir cette discussion avec Mylène : elle était moins tête en l'air qu'elle pouvait le laisser penser de prime abord. Sa curiosité la poussait à se poser des questions et elle en faisait de bonnes suggestions.

- Certains druides vous pousseront à ne pas manger de viande si vous les interrogez. Ni même de poisson d'ailleurs. Mais l'important est de ne jamais perturber l'équilibre des populations et ça fait même partie des devoirs d'un rôdeur. Un peu comme le ferait un garde-chasse, il doit savoir quelle espèce prolifère un peu trop au dépens des autres. Car même les herbivores se font concurrence : la quantité de végétaux est limitée surtout après l'automne.

[Voyageuse]

" Oui, c'est vrai. Mais bon, nous on sait faire un jardin. On n'est pas des bêtes !", répliqua-t-elle avec bon sens.
Tout en bavardant, ils approchaient peu à peu de la clairière. On le devinait à quelque chose dans l'air, comme une fragrance diffuse, avec l'impression que la végétation se remettait un peu plus vite de l'incendie à son voisinage.
Altaïr était parti rejoindre son maître, mais ils furent accueillis par le chant d'un rossignol, les jeux de deux jeunes écureuils dans les branches, la course d'un lièvre pour regagner son terrier : l'endroit grouillait de vie, malgré la noirceur des cendres alentours, et malgré l'heure tardive : le soleil était couché et le ciel s'assombrissait peu à peu.

[Kasumi]

Kasumi retrouva avec plaisir l’environnement si débordant de vie entourant la clairière. Il ne put s’empêcher de penser avec satisfaction que c’était une manifestation concrète de ce à quoi ils avaient œuvré avec ses compagnons au cours des derniers jours et même des dernières veilles.

Il se sentit aussi étrangement ragaillardi par la proximité avec la source et le chêne malgré l’heure tardive et c’est d’un ton presque joyeux qu’il demanda à Mylène si elle pouvait s’occuper du feu. Il lui désigna le petit cercle de pierre soigneusement positionné loin des buissons et des arbres.

Lui-même avait l’intention de s’occuper d’apprêter le chevreuil avant de se mettre à préparer le repas. Nul doute que sa compagne d’un soir verrait d’un mauvais œil qu’il lui délègue la seconde tâche et sa réticence à approcher le chevreuil après l’avoir tué avait été manifeste.

[Voyageuse]

Mylène fut enchantée par la tâche qu'il lui confia. L'idée de préparer un feu de camp était pour elle symbole de liberté et d'évasion, et lui rappelait quelques souvenirs de son enfance qu'elle se mit à évoquer, de son bavardage incessant habituel, réminiscences datant de l'époque où elle accompagnait parfois Marco et son fils Yvan. On sentait la nostalgie lorsqu'elle en parlait, se souvenant de ces jours heureux trop lointains, trop rares aussi. Yvan lui manquait... Mais de cette époque elle gardait le goût des bois, et maîtrisait parfaitement l'art de faire un feu, comme Kasumi put le constater. Elle semblait un peu plus dubitative, en revanche, sur la façon de préparer la viande.

hrp : désolée, peu dispo...

[Kasumi]

Kasumi avait pris soin de sélectionner quelques-uns des morceaux les plus tendres qu’il avait l’intention de découper finement pour les inclure à une potée : il faudrait se montrer patient mais la soirée ne faisait que commencer et ils pouvaient discuter en attendant que sa préparation soit prête. Plus exactement, le demi-elfe écouterait pendant que l’intarissable jeune-femme lui raconterait ce qui lui passait par la tête. Le rôdeur se sentait capable de surveiller de loin son chaudron, de préparer le reste de la viande pendant que leur repas cuirait et d’écouter d’une oreille plus ou moins attentive tout ce qui se dirait.

[Voyageuse]

Mylène fut effectivement, et de très loin, la plus bavarde. Il apprit ainsi nombre d'anecdotes sur Peyregorde et ses habitants, surtout sur ceux de sa génération. L'un était parti étudier la magie à Luménis, un autre était devenu clerc, deux autres avaient déjà quitté le village sans donner de nouvelles pour gagner leur vie, les trois restant derniers étant bûcherons, éleveurs ou, pour le dernier, apprenti maréchal-ferrand. Il n'y avait qu'elle qui n'avais pas de vocation clairement définie, rêvant de devenir bûcheronne pour le plaisir d'être en forêt, mais se faisant remballer par les hommes lui reprochant son manque de force physique. Elle en était réduite à vivoter avec sa mère, faisant de menus travaux, cultivant leur jardin, élevant quelques poules et chèvres et se contentant de très peu. Et cela ne lui plaisait guère. Mais contrairement aux autres, elle n'était pas attirée par la ville : elle préférait la forêt.
Il devina, en demi-teinte, que Peyregorde était une communauté un peu sur le déclin, vivant de l'exploitation du bois, de la culture de céréales et d'un peu d'élevage, qui peinait à garder ses jeunes attirés par Luménis, et également à attirer de nouveaux habitants.
Et la soirée fila sans qu'ils s'en rendent compte.

[Kasumi]

Kasumi fit clairement le rapprochement entre sa communauté natale et celle de Peyregorde : le parallèle était vite fait avec la perte des jeunes due principalement à l’isolement. Alors, pour la première fois, le rôdeur évoqua la possibilité de former ponctuellement des apprentis aux bienfaits de la forêt ou au tir à l’arc. C’était quelque-chose qu’il envisageait déjà depuis quelques temps mais cela supposait de parvenir à attirer ces fameux jeunes attirés par les lumières de la grande ville.

[Voyageuse]

Mylène, bien sûr, était intéressée par la perspective d'une petite formation. Enthousiaste, même. Elle se voyait déjà chassant l'ours et, mieux, débarrassant les lieux de leurs cohortes de morts-vivants. Mais dans le village, elle ne voyait personne d'autre susceptible de partager cette passion, parmi ceux de son âge. Peut-être chez les plus jeunes en revanche. mais chez les plus ancien, ce qui dominait était une méfiance viscérale envers la nature sauvage. Ils avaient perdu trop de bêtes et de personnes au voisinage de la forêt pour ne pas être méfiant, et beaucoup considéraient les bois comme le lieu de tous les dangers.
" Et ils n'ont pas tort, fit-elle remarquer. Il y a les loups... et des morts-vivants aussi. Surtout la nuit..."
Elle frissonna et jeta un coup d'oeil aux environs, un peu inquiète peut-être malgré l'assurance dans le ton de sa voix.
" Est-ce qu'on risque d'être attaqués ?"

[Kasumi]

C’était une possibilité et le nier pour rassurer Mylène ne servait à rien. Le rôdeur répondit néanmoins d’un ton confiant à sa question bien naturelle :

- Nous n’avons pas eu de problème avec les mort-vivants depuis que nous avons nettoyé la rivière et le tertre mais ce n’est malheureusement pas exclu. Je vais poser quelques alarmes mais nous allons devoir prendre un tour de garde et, si des non morts venaient à attaquer, la source nous aidera. Vous vous sentez prête ?

[Voyageuse]

" Ben... faut bien..."
Le ton était faussement assuré. La crispation dans ses membres indiquait qu'en réalité Mylène n'était pas très à l'aise à cette idée. Mais elle faisait bonne figure.
" Donc ça veut dire qu'on va dormir chacun la moitié de la nuit ?"
Elle étouffa un bâillement.
" Ça risque d'être rude... Mais moins dur, j'imagine, que de se faire réveiller en pleine nuit par une goule. Bon... Qui commence alors ? Il doit rester moins de huit heures avant le lever du soleil, ça fait peu de sommeil..."

[Kasumi]

Le rôdeur y réfléchit un moment mais parvint rapidement à une décision qu’il s’empressa d’expliquer à sa compagne du soir :

- Pour ma part, je peux me contenter de trois ou quatre heures cette nuit et rien ne nous presse demain matin. Je vais vous laisser aller dormir et prendre le premier tour de garde : comme ça, je pourrai poser mes pièges sonores un peu partout autour du campement et je couvrirai la période la plus sombre et la plus dangereuse. Gardez votre arme à portée de main et si je vous réveille, restez derrière moi et tout se passera bien. D’ici là, essayez de ne pas trop vous inquiéter.

[Voyageuse]

" Mwouais... je ne sais pas si je vais arriver à dormir... le sol est dur, il y a un risque d'attaque..."
Un second bâillement l'interrompit, signe que son corps, lui, ne l'entendait pas ainsi.
" Je vais essayer", conclut-elle en haussant les épaules.
Se levant dans un dernier bâillement, elle se dirigea vers le petit couchage qu'elle s'était aménagé, saluant le rôdeur avec un sourire d'excuses. Comme il le lui avait conseillé, elle garda à portée de main son arc et sa seule arme de poing : une petite dague, et se coucha toute habillée sous un monceau de couvertures. Il devina cependant, à sa respiration, qu'elle avait bien du mal à trouver le sommeil.