[Lieu] Aubépine

[Kasumi]

Kasumi s’était douté que Mylène aurait bien du mal à s’adapter à ces conditions qui devaient être relativement nouvelles pour elle mais il ne pouvait pas vraiment l’aider sinon en prenant un très long tour de garde. Il doutait de tenir jusqu’à l’aube sans se laisser l’occasion d’une pause et la jeune femme s’en vexerait probablement s’il y parvenait mais au moin avait-il l’intention de veiller jusqu’à l’approche du petit matin, là où les risques d’attaque seraient bien moindres. En attendant, il entreprit de faire le tour de la clairière pour placer des fils et de petites clochettes en travers des passages les plus évidents.

[Voyageuse]

Lorsqu'il eut terminé de placer ses petits pièges bruyants, Mylène s'était enfin endormie. Sa respiration était régulière, parfaitement calme, comme tout ce qui l'entourait d'ailleurs. Le ciel était clair, sans le moindre nuage pour cacher le quartier de lune. Et tout était silencieux, à l'exception de quelques oiseaux de nuit à bonne distance. La nuit s'annonçait sans souci, et il avait l'esprit si tranquille qu'il aurait presque pu s'endormir lui aussi, s'il n'avait pas cette responsabilité qui pesait sur sa conscience concernant la sécurité de la jeune femme.
Il s'obligea donc à garder les yeux ouverts, aussi difficile que cela soit, au fil des heures. La fraicheur s'intensifia, l'obligeant à s'habiller plus chaudement, et la lune déclina peu à peu à l'horizon.
Le matin était encore loin, cependant, lorsqu'il entendit pour la première fois de la nuit un bruit suspect. Un frôlement dans les buissons à demi carbonisés qui entouraient la clairière. Un grognement ressemblant à une voix. Il y avait une odeur, aussi, encore ténue, mais reconnaissable entre mille : celle d'un mort-vivant.

[Kasumi]

Il était possible qu'il n'y ait qu'un seul mort-vivant dont il pourrait venir à bout sans aide ni peine mais c'était un pari qu'il n'était pas prêt à prendre. D'autant plus qu'il ne pourrait peut-être plus atteindre Mylène si une cohorte trop importante envahissait la clairière.

Eveillée, la jeune femme pourrait en outre prendre soin de sa propre sécurité si non participer à la lutte : ce serait déjà un gros souci en moins dans tous les cas de figure. Il se dirigea donc rapidement jusqu'à l'endroit où elle dormait et lui secoua doucement l'épaule en parlant d'une voix basse mais pressante :

- Nous avons de la compagnie : levez-vous et approchez-vous de la source.

Ensuite de quoi - et tout en restant près de sa protégée - il se retourna dans la direction d'où il avait entendu les bruits pour ne pas risquer de se faire surprendre.

[Voyageuse]

La jeune fille grogna dans son sommeil, se retourna à demi, et il dut la secouer un peu plus pour qu'elle émerge de sa somnolence. Elle ouvrit des yeux hagard, maugréa un "qu'est-ce qui s'p..." bougon avant de se souvenir de l'endroit où elle était, et de se taire subitement, un peu pâle, en se redressant.
Elle s'était couchée toute habillée et fut prête en un tournemain, sa dague dans une main, ses yeux scrutant l'obscurité où elle ne distinguait rien. Anxieuse, elle coula ses pas dans ceux de Kasumi dont elle devinait la présence plus qu'elle ne le voyait : la lune avait fini par disparaître à l'horizon et les étoiles ne suffisaient pas à éclairer suffisamment la scène, malgré le peu de végétation ayant survécu à l'incendie.
Kasumi, lui, distinguait maintenant leurs adversaires qui apparaissaient entre les arbres : c'était un petit groupe de quatre ou cinq goules, avec peut-être un blême parmi-elles. Rien qui puisse inquiéter sérieusement un rôdeur expérimenté.

[Kasumi]

Puisque leurs ennemis ne tarderaient pas à les repérer si ce n’était déjà le cas, Kasumi donna ses instructions à la jeune femme sans se soucier de discrétion. Il parla d’une voix calme et lui donna des ordres clairs et simples, pour lui éviter de trop penser à la peur qu’elle pouvait naturellement ressentir :

- Il n'y a que quatre ou cinq goules. Essayez de ranimer les braises du feu et restez dos à lui. Les goules vont tenter de s’approcher de la source, du chêne ou de nous. Si l’une d’elles m’échappe, essayez de lui tirer dans la tête ou dans la poitrine mais ne vous en approchez pas.

Il se tourna vers elle pour s’assurer qu’elle avait bien saisi ses instructions et apprêtait son arc puis il s’éloigna d’elle et du cercle de pierre où elle se trouvait. Il invoqua le pouvoir d’Etincelle pour rester visible de Mylène et attirer les créatures vers lui.

[Voyageuse]

L'épée se mit à briller, illuminant la scène, et attirant immédiatement l'attention de ses adversaires qui, se désintéressant de Mylène, se dirigèrent vers lui de leur pas lent et maladroit. La rôdeuse, de son côté, se précipitait vers le feu pour le ranimer de son mieux. Il ne put guère l'observer davantage : les morts-vivants s'approchaient de lui et il devait rester concentré sur le combat à venir.
La puanteur était difficilement supportable, mais il était suffisamment accoutumé à ce genre de combat pour savoir en faire abstraction. Comme de coutume, il savait qu'il devait tirer profit de sa rapidité et de leur lenteur. Reculer, les séparer. Affronter prioritairement le blême, le plus dangereux.

Les créatures ne semblaient s'intéresser qu'à lui et à son épée dont la lueur les gênait -et les agaçait- visiblement. Mais tandis qu'il engageait le combat avec le blême, une flèche passa subitement à quelques mètres et se ficha fort opportunément dans le corps de l'une des goules, celle qui se trouvait la plus proche de lui et venait prêter main-forte à son adversaire. Grièvement blessée, la créature poussa un cri inhumain et, se désintéressant de lui, se dirigea vers la jeune archère, entraînant dans son sillage une autre de ses congénères.

[Kasumi]

Il ne pouvait pas savoir si Mylène était parvenue à ranimer le feu de camp car il aurait du tourner la tête et perdre de vue ses adversaires directs pour cela. Mais il ne pouvait prendre aucun risque concernant la jeune femme et il entreprit aussitôt une manœuvre pour se désengager proprement et profiter de ce que deux des adversaires se détachent des autres pour les achever avant que les autres ne puissent les rejoindre. Il fallait simplement attendre quelques secondes pour qu'elles prennent assez de distance mais pas davantage pour ne pas risquer qu'elles acculent Mylène.

[Voyageuse]

Mylène n'était pas très éloignée de lui, et trouver le bon moment pour laisser tomber son adversaire et attaquer les deux goules n'était pas si évident. Il devina du coin de l'oeil que le jeune fille, consciente du danger, reculait de l'autre côté du feu de camp qu'elle avait réussi à ranimer, lui laissant ainsi un laps de temps supplémentaire. Il attendit quelques instants de plus, s'obligeant à rester concentré pour ne pas se laisser déborder par le blême -et les deux dernières goules du groupe-, puis bondit sur la goule la plus proche de Mylène, la prenant au dépourvu. Un seul coup d'épée, assené avec force, en vint à bout. Il faut dire que la flèche tirée par Mylène l'avait déjà bien amochée.
Il lui fallut un peu plus d'efforts pour vaincre à son tour la seconde... et déjà, ses autres adversaires étaient sur lui à nouveau, l'obligeant à frapper sans discontinuer tout en esquivant leurs coups maladroits -ceux du blême étaient particulièrement dangereux. Mais ils n'étaient plus que trois et ne faisaient clairement pas le poids.

[Kasumi]

Kasumi chercha à utiliser le petit feu au mieux, connaissant l'aversion des mort-vivants pour ce genre d'obstacle. Il pouvait ainsi tourner autour ou se débrouiller pour défendre l'un de ses flancs. Avisant qu'une goule cherchait tout de même à le déborder pour atteindre Mylène, il la frappa violemment au niveau des jambes pour tenter de la faire basculer dans le brasier. Mais toujours, son principal objectif était de maintenir le blême à distance.

[Voyageuse]

Il vint à bout du blême assez rapidement, et les goules, conscientes qu'il était un adversaire autrement plus dangereux que la jeune fille, finirent par concentrer leurs attaques sur lui. Le feu leur faisait peur, et le fait qu'il se soit approché du brasier les déstabilisait, aussi se montraient-elles encore plus lentes et maladroites que d'ordinaire. Il n'eut aucune difficulté à les vaincre à leur tour.
Mylène, peut-être échaudée par les conséquences de sa première flèche, n'était plus intervenue.
" Ouah... vous avez vu, j'en ai touché une !", lança-t-elle cependant, fièrement, à la fin du combat, après avoir observé d'un oeil dégoûté les corps qui jonchaient le sol.

[Kasumi]

Kasumi prit le temps d'essuyer sa lame puis de vérifier qu'il n'y avait plus aucune créature dans les parages avant de se tourner vers Mylène et de lui sourire :

- C'était un joli tir en effet ! Il a été utile et vous n'avez pas paniqué quand vous les avez attiré : bravo !

Tout en parlant d'un ton sincère, il vérifia si la jeune femme portait ou non des signes de blessure. Si ce n'était pas le cas, il allait proposer de porter les cadavres jusqu'à la limite de la clairière : il n'y avait aucun risque qu'ils se relèvent mais leur pestilence était un affront à la quiétude des lieux.

[Voyageuse]

" Mwouais.... 'fin...heureusement que vous étiez là, quand même. Toute seule je n'aurais pas pu faire grand-chose... au contraire de vous."
Elle sourit, apparemment satisfaite tout de même de sa petite prestation.
Elle n'était pas blessée, semblait au contraire en pleine forme, et accepta sans grand enthousiasme de transporter les corps : elle comprenait bien qu'on ne pouvait pas les laisser là. Et la lumière d'Etincelle était suffisante pour qu'elle puisse donner un coup de main.
Et elle en profita pour assouvir sa curiosité et extérioriser ses impressions .
" C'était... des goules, c'est ça ? Ça pue, c'est affreux, ça me donve la gerbe ! Beurk... Quelle horreur, devoir les trimballer... Mais bon, elles sont mortes, c'est l'essentiel. J'aurais pas cru que ce soit aussi lent, ces bestioles... Vous aviez l'air de les battre sans difficulté en tout cas. Mais peut-être que je me trompe, qu'en fait c'est très dangereux ?"

[Kasumi]

Mylène avait décidément beaucoup de sang froid et le cœur bien accroché. C’était en tous cas une qualité indéniable qui lui servirait tant qu’elle saurait faire montre de la même prudence qu’elle avait manifesté pendant le combat. Kasumi ne voyait en tous cas aucune raison pour ne pas assouvir sa curiosité et partager son expérience avec la villageoise :

- Les goules sont les mort-vivants les moins dangereux avec les squelettes mais vous avez raison de vous méfier d’elles : elles ne sont jamais effrayées et ne se fatiguent jamais ce qui en fait des adversaires implacables malgré leur lenteur. Le plus dangereux est leurs morsures qui peuvent vous rendre très malade d’où la nécessité de ne pas se laisser encercler ou même d’éviter de les combattre au corps à corps quand on le peut.

Il désigna ensuite le blême en montrant à Mylène ce qui le distinguait visuellement des autres monstres :

- Les blêmes sont encore moins à sous-estimer : en vous griffant, ils vous injectent un puissant poison qui vous affaiblit voire vous paralyse complètement durant quelques instants. Encore une fois, il vaut mieux se montrer mobile et rapide que de chercher à tous les affronter en même temps. Si vous vous trouvez confronté à une horde, n’hésitez pas à reculer et à chercher un endroit où vous protéger : comme un arbre ou une hauteur. Une fois en sécurité, le plus sûr moyen de les tuer est de leur tirer une flèche dans le cerveau ou de leur mettre le feu.

[Voyageuse]

Mylène hocha la tête. Elle écoutait les explications avec attention, concentrée, désireuse d'apprendre.
" Dans le feu de l'action, ça n'est pas évident du tout de distinguer ce genre de détail, fit-elle remarquer en observant le blême. J'imagine que ça vient avec l'entraînement. En tout cas, vous avez l'air de rudement bien connaître les morts-vivants ! Pourtant vous venez d'arriver dans cette fichue forêt maudite, non ? C'était pareil, là où vous viviez avant ?"

[Kasumi]

- Dans le feu de l'action, si vous avez un doute - et ce serait très compréhensible - partez toujours du principe que vous avez affaire à l'espèce la plus dangereuse. Cela peut paraître pessimiste mais ça vous évitera bien des déconvenues. Mais pour ce qui est de mon expérience, ça fait plusieurs années que je parcoure les terres désolées et bientôt deux ans que je suis arrivé dans la région. La Haute Forêt est un endroit plus paisible que cette forêt mais il s'y trouve aussi de nombreux nids de mort-vivants.

Il avait répondu sans chercher à se vanter, en employant le ton patient et factuel qu'employaient souvent ses instructeurs, Hef le premier. C'était une sensation étrange de se retrouver à sa place dans quoique le contexte fut un peu différent.

[Voyageuse]

La jeune fille hocha la tête.
" Sylvia m'a raconté que vous viviez en plein coeur de la forêt, dans une communauté de rôdeurs et de druides... ça devait être rudement chouette ! Et c'est sûr que ça devait être une vie bien plus mouvementée que dans mon petit village paumé... Et puis, vous aviez de quoi vous défendre en cas d'ennuis ! Vous avez de la chance d'avoir pu apprendre tout ça ! "
Un peu rêveuse, elle ajouta, d'un ton plus sérieux.
" Vous croyez que ça existe, ce genre de communauté, sur Hélonna ? Ça m'aurait plu, d'aller m'y entraîner... enfin, si ma mère accepte de me laisser partir : elle se fait vieille... "

[Kasumi]

Le demi-elfe resta un moment songeur avant de répondre aussi honnêtement que possible :

- Jusqu'ici, je n'en ai pas croisé mais je suis loin d'avoir fait tout le tour de l'île. Notamment de la Lorien. A dire vrai, c'est cette absence qui m'a conforté dans l'idée de prendre quelques apprentis. Et de recréer ce bosquet. Je sais que ça peut paraître présomptueux mais je crois que ces bois ont vraiment besoin d'une telle communauté pour contenir ce qui s'y tapit.

[Voyageuse]

" Je ne suis pas sûre qu'on puisse vraiment vaincre ce qui s'y tapit, répondit la jeune fille. Si ça avait été possible, il me semble qu'il y a longtemps que les elfes, ou les humains, se seraient attelés à la tâche, non ? Bon, vous me direz, vous parlez de contenir, non de vaincre... C'est peut-être plus réaliste... Et c'est sûr qu'on a besoin de bosquets comme celui-ci pour y parvenir."
Elle sourit.
" Et donc... vous allez prendre des apprentis ? Vraiment ?"

[Kasumi]

Kasumi était bien conscient de devoir se montrer prudent : c’était là un projet qui ne s’envisageait pas à la légère et qui était encore soumis à bien des aléas. D’autant qu’il n’avait pas évoqué directement le sujet avec Sylvia et que sa compagne aurait bien sûr son mot à dire. Il répondit donc avec gravité mais sans chercher à doucher l’enthousiasme qu’il percevait chez Mylène :

- Cela peut paraître déprimant mais je suis d’accord : le mal qui se manifeste dans cette forêt est ancestral et puissant et il prend bien des formes. Même une armée de paladins, de prêtres et de rôdeurs n’en viendrait pas à bout en une génération. Mais le Bosquet peut redevenir le havre et le refuge qu’il était autrefois. Et en prospérant, il s’étendra progressivement pour pacifier de nouvelles terres. Enfin, vous savez, le sacerdoce des rôdeurs est de toujours rester à la limite de la civilisation pour en garder les frontières. Dans les deux sens d'ailleurs !

Il ne voulait pas éluder la question des apprentis aussi poursuivit-il au bout de quelques instants :

- S’il se présente des bonnes volontés prêtes à m’aider, je ne refuserai pas leur aide. Et il faut bien que je pense à assurer la relève, ne serait-ce que pour garder les environs pour quand mes autres devoirs m’appelleront ailleurs.

Notamment ses devoirs envers sa famille mais il jugeait inutile de le préciser.

[Voyageuse]

" Hum... Mwouais, ça sous-entend donc rester par là en permanence. Vu comme ça, vous m'excuserez, mais ça ne fait pas rêver. Rôdeuse, ça me plaît bien, enfin il me semble, mais je rêve aussi de voyages à travers l'immensité de Toril. D'après votre parcours, ça me semblait tout à fait compatible... alors que je n'ai pas forcément envie de m'engager à rester à un poste qu'on m'aurait défini ! Je tiens à ma liberté. Et donc, vous allez vraiment faire ça ? Demander à vos éventuels apprentis de prendre la relève ici quand vous serez ailleurs ? Flûte alors..."
Elle eut une grimace éloquente.
" C'est rude à décider... En même temps, faut bien que j'apprenne un métier, je sais bien... mais je n'aime pas les obligations. Peut-être que ce n'est pas ça qu'il faut que je fasse..."

[Kasumi]

Ce n’était effectivement pas une décision facile à prendre et Kasumi comprenait que la jeune femme ressente le besoin de s’orienter. Mais se jeter sur la première occasion parce que l’on était sous pression n’était pas forcément la meilleure chose à faire. Surtout pour une carrière aussi exigeante et dangereuse à bien des égards. Le rôdeur se sentait le devoir de la conseiller mais sans chercher à l’influencer activement :

- Ne vous méprenez pas : s’il s’agissait d’obliger des jeunes gens à rester inactifs toute l’année durant pendant que je cours moi-même à l’aventure ou que je me la coule douce ailleurs, je douterais de trouver le moindre candidat. Ou alors pas de ceux que je recherche. Je ne vais pas vous mentir : la carrière de rôdeur nécessite du travail et des sacrifices et elle ne rémunère pas forcément tous ces efforts à leur juste valeur. Ceci étant, elle implique effectivement de beaucoup voyager et une certaine liberté pour apprendre et trouver à se rendre utile.

Il marqua une pause pour réfléchir un petit moment avant d’ajouter :

- Je pense que vous auriez les capacités pour suivre une telle carrière : vous êtes habituée au grand air, curieuse de ce que vous ne savez pas encore et assez jeune pour apprendre encore beaucoup si vous en avez la patience. Après, je ne pourrai pas vous apprendre grand-chose si vous ne souhaitez pas passer un peu de temps dans les environs. Maintenant et entre vos voyages. Il n’est pas du tout exclu que je voyage avec mes apprentis – si j’en trouve ! – et je pense parler au nom de Sylvia aussi mais nous allons tous les deux devoir rester quelques temps à demeure pour emménager et nous occuper du bébé.

[Voyageuse]

" Hey, mais je n'ai pas dit que je ne voulais pas apprendre... ni que je ne voulais pas passer du temps ici pour cela, ou que je comptais partir tout de suite ! Juste que je voulais garder une certaine liberté et ne pas me sentir prisonnière. J'ai besoin d'être libre de mes choix. Et la formation de rôdeuse me plairait beaucoup, c'est vrai... Mais je ne veux pas que ce soit un sacerdoce : je ne signe pas pour la paladinat ou la prêtrise tout de même ! Je n'aurais pas le caractère pour cela..."
Elle grimaça, un peu embarrassée.
" Mais... si vous pensez que je suis capable d'apprendre... c'est vrai que ça me plairait beaucoup. Sauf que je n'ai pas les moyens de m'offrir une formation, je n'ai pas d'argent. Et je ne crois pas que mon aide vous rapporterait grand-chose, que je sois vraiment utile... donc vous ne gagneriez rien à me former. bon, à part le fait que je puisse vous relayer de temps en temps, c'est pas faux... je comprends mieux pourquoi vous l'envisagiez..."

[Kasumi]

Cette disposition d’esprit lui plaisait mieux car il ne craignait plus vraiment que Mylène se lance à l’aventure et prenne des risques inconsidérés du jour au lendemain. Il répondit donc d’un ton rassurant :

- Comme je vous le disais, c’est une profession qui permet rarement de s’enrichir et cela vaut pour moi aussi : je ne m’attends pas à ce que vous payez pour ce que je pourrai vous enseigner. Je ne suis peut-être pas prêtre – et encore moins paladin – mais j’estime que diffuser la bonne façon de vivre en harmonie avec la nature est très utile. En fait, je n’ai jamais enseigné à quiconque alors vous me rendrez bien service en me servant de cobaye !

Il avait dit cela sur le ton de la plaisanterie bien sûr, même s’il y avait un fond de vérité. Mais il se faisait un peu tard pour ce genre de discussions : le rôdeur avait donc l’intention de veiller encore quelques minutes pour s’assurer qu’il n’avait aucun risque de nouvelle attaque puis de laisser son tour de veille à Mylène.

[Voyageuse]

" Je veux bien être cobaye, dans ce cas!", répartit joyeusement l'apprentie-rôdeuse.
Mylène, qui avait dormi plus des deux tiers de la nuit, semblait en grande forme et aurait certainement volontiers poursuivi la conversation. Mais elle finit par réaliser que ce n'était peut-être pas le cas de son coéquipier, et par se souvenir que lui n'avait pas dormi.
" On commence demain ? Là, je suppose que vous voulez dormir un peu, quand même... c'est mon tour de monter la garde !"
Il n'y avait plus aucun mort-vivant dans les environs, et le ciel commençait à s'éclaircir très légèrement à l'horizon. Tout danger était probablement écarté, et Kasumi pouvait dormir tranquille...

[Kasumi]

Même si ça n'avait pas été le cas, le demi-elfe aurait eu envie de faire tout de même confiance à Mylène pour rester attentive et monter la garde. Il lui souhaita la bonne nuit en étouffant un bâillement et lui demanda de le réveiller deux heures après l'aube s'il n'avait pas déjà émergé de son court sommeil :

- Nous en reparlerons tout à l'heure, c'est promis, conclut-il d'un ton sincère. Il fondait beaucoup d'espoir dans cet arrangement. Peut-être s'emballait-il vite mais il avait tant besoin de croire à la réalisation de son rêve de nouvelle communauté !

[Voyageuse]

Comme promis, elle le réveilla deux heures après l'aube -ou un peu plus peut-être, sa notion du temps qui passait étant un peu approximative. Elle était aussi radieuse que la météo, et avait déjà préparé le petit déjeuner, ranimant le feu pour faire bouillir du thé.
" C'est fantastique, le lever du jour dans la forêt ! Tous ces oiseaux qui annoncent le soleil alors qu'il fait encore nuit, puis tous ceux qui saluent l'aube... J'avais déjà dormi une fois ou deux à la belle étoile, il y a des lustres, j'avais oublié comme c'était beau... Il y a même un écureuil qui s'est approché pour m'observer et qui n'a pas eu peur quand je lui ai lancé quelques miettes de pain !"

[Kasumi]

Kasumi se sentait une fois de plus parfaitement reposé malgré sa nuit amputée et c’est avec un sourire qu’il rejoignit Mylène, ravi de constater que l’atmosphère si particulière de la clairière parvenait à la toucher. Il accepta avec plaisir une tasse de thé avant de lui répondre joyeusement :

- C’est un bon début ! Les animaux sont plus paisibles près de cette source mais ce n’est pas un mince exploit que de faire sentir à un si petit animal que vous n’êtes pas un danger pour lui. Je dois reconnaître que c’est agréable de trouver à manger en se levant : votre technique a l’air de marcher non seulement sur les écureuils mais aussi sur les vieux rôdeurs !

Ils avaient maintenant la journée devant eux mais le demi-elfe avait bien l’intention de faire honneur au petit déjeuner avant de se mettre au travail.

[Voyageuse]

Ils déjeunèrent rapidement -apparemment, Mylène débordait d'énergie et n'avait pas l'intention de perdre son temps à des futilités comme la nourriture-, et prirent le temps de faire la vaisselle, de ranger les affaires de la jeune fille.
" Bon, il doit nous rester, hum... deux ou trois heures de matin, et une petite moitié de l'après-midi, ensuite il faudra que je file pour que ma mère ne s'inquiète pas... Qu'est-ce qu'on fait ? c'est quoi l'programme ?"

[Kasumi]

Pour sa part, Kasumi pressentait qu’il serait épuisé bien avant la fin de la journée et qu’une bonne sieste ne serait alors pas de trop. D’autant plus qu’il devrait veiller une bonne part de la nuit sans aide. Cela ne l’empêcha pourtant pas de répondre avec enthousiasme :

- Cela dépend de vous en fait ! Un rôdeur se doit de maîtriser bon nombre de disciplines et nous aurons le temps de toutes les aborder mais c’est à vous de décider par quoi vous préférez commencer : nous avons abordé le pistage et la chasse hier. Nous pouvons travailler plus spécifiquement le tir à l’arc ou tout autre chose : comme le camouflage ou l’herboristerie. Ou même les premiers soins. Très utile en toutes circonstances !

[Voyageuse]

" Les premiers soins, je connais un peu... mais je veux bien apprendre encore. Et en ce qui concerne le camouflage, je suis la reine du jeu de cache-cache... ça ne suffit pas ? Plaisanterie à part, j'aimerais bien faire d'abord un peu de tir à l'arc, si jamais vous avez des conseils à me donner..."
Kasumi avait déjà pu constater qu'elle n'était pas suffisamment rapide pour encocher et viser, ce qui lui nuirait dans le feu de l'action. En prenant son temps, elle avait une position de tir à peu près satisfaisante... mais une légère tendance à bouger le bras en lâchant sa flèche. Et son tir manquait encore de précision.