[Lieu] Aubépine

[Voyageuse]

Lorsqu'il ouvrit les yeux, il faisait nuit noire, et la brume avait envahi une partie de la la clairière. Il apercevait à peine le rideau de buis, malgré les capacités de vision de ceux de sa race. Il entendait, simplement, des sons, relativement distants. Il y avait des créatures quelque part sur sa gauche, peut-être des morts-vivants, mais suffisamment loin pour ne pas représenter de danger immédiat. Ils ne semblaient pas s'approcher. Il avait plutôt l'impression qu'ils s'éloignaient sans se soucier le moins du monde de la clairière.
A l'exception des bruits et de cette brume d'aspect sinistre au ras du sol, tout était parfaitement calme dans la clairière. La source scintillait sous la lune à son premier quartier, le chêne se balançait lentement sous la brise, un hibou hululait. Il avait le sentiment que le lieu l'invitait à la sérénité, malgré le danger proche.

[Kasumi]

Rassuré sur le fait que le danger n'était pas immédiat malgré cette brume inquiétante qu'il associait aux attaques de mort-vivants, il décida de faire confiance aux sensations que lui prodiguait la clairière, la source et le chêne et ferma les yeux pour reprendre sa prière là où il l'avait interrompue : il devait apprendre à faire confiance à sa déesse pour veiller sur lui tout comme il veillait sur la nature. C'était une expérience inédite et il n'était pas tout à fait certain de ne pas se fourvoyer mais il se donna une chance de retrouver sa sérénité en balayant ses appréhensions et ses doutes.

[Voyageuse]

A nouveau, il chercha à entrer en transe, et il y parvint aisément, comme toujours. Mais elle n'était pas aussi profonde que ce qu'il avait ressenti dans la journée. Il ne parvenait pas -ou n'osait pas- se couper complètement de la réalité de ce qui l'entourait. Il était aussi serein qu'il l'osait, mais il était difficile de l'être totalement dans un lieu aussi exposé que la forêt maudite : toute son expérience de rôdeur l'incitait à rester vigilant, à ne pas se laisser aller complètement dans sa transe, à prendre garde au danger potentiel. Il sentait le léger souffle de l'air sur sa peau, puis crut entendre à nouveau le bruit de pas faisant craquer les branches quelque part au loin. Son instinct de rôdeur le poussait à ouvrir les yeux, l'avertissant du danger, et pourtant il savait qu'il devait réussir à se plonger complètement dans cette transe, prier, s'abandonner complètement à sa foi.

[Kasumi]

Il tenta d'orienter ses pensées vers la soirée du solstice : le danger avait alors été réel et bien plus pressant mais il avait été malgré tout accueilli avec une grande bienveillance en un lieu parfaitement sûr. Et c'est cette sensation d'abandon et d'acceptation qu'il tenta de susciter à nouveau. De manière consciente cette fois : il devait croire que tout se passerait bien. Il devait avoir cette part d'optimisme dont sa formation lui avait appris à constamment se méfier. Il devait accepter de relâcher un peu sa vigilance et c'est ce qu'il s'efforça d'expérimenter. C'était sans doute l'une des épreuves les plus difficiles de son existence.

[Voyageuse]

Il lui fallait aller à l'encontre de tout ce que sa formation et son expérience lui avaient appris, et c'était extrêmement difficile. Il lui fallait avoir, pour cela, une foi entière et totale dans la protection de sa déesse. Ne pas laisser place au doute : et si tout cela n'était qu'une illusion? S'il avait tant envie d'y croire qu'il imaginait cette entité ? Et si, en relâchant sa vigilance, il se mettait à la merci des morts-vivants ? Ressentirait-il quelque chose si on l'attaquait, alors qu'il n'avait pas senti la pluie ? Réagirait-il ? Il avait mille raisons de s'inquiéter, et sa foi devait être plus forte que ces raisons. Et c'était quelque chose d'excessivement difficile. Il sentait, pourtant, le regard de sa déesse posée sur lui : il fallait qu'il y arrive.

Le temps qui passait, cependant, renforçait sa foi : il entendait du bruit, par moment, mais il ne se passait rien de grave, il percevait une présence mais nul ne l'attaquait, il sentait un danger proche mais celui-ci ne semblait pas le menacer. Il lui fallut un long moment pour y croire, cependant, pour se convaincre qu'il ne risquait rien, qu'il était préservé du mal par quelque chose qui le dépassait, qu'il pouvait avoir confiance, relâcher complètement sa vigilance. Au fur et à mesure que la nuit avançait sans que rien d'inquiétant ne se produise, il devint plus confiant. Et finit, peu à peu, par sentir la puissance incommensurable se rapprocher, à nouveau à portée de ses sens, prête à l'écouter, à l'accueillir, à le protéger. Et il perdit complètement le contact avec la réalité en s'ouvrant à celui, encore incomplet, avec sa déesse.

[Kasumi]

Il parvint peu à peu à la conclusion que c'était une sorte de mise à l'épreuve de sa foi et il n'avait rien de moins envie que d'échouer. Mieux, il voulait absolument réussir, se montrer digne de cette attention, de cette confiance qu'il ressentait au travers du lien naissant. Il avait perdu du temps dans son rituel mais cela n'avait plus d'importance : la notion de temps devenait parfaitement relative, se noyant dans un absolu qui le dépassait. Et tout arrivait à point nommé. Il parvint à s'en convaincre quand il réussit à rejeter ses doutes. Et il répétait en boucle la litanie de toutes les bénédictions qu'il connaissait, chaque mot prenant à chaque fois un sens nouveau et plus profond. Chaque phrase devenant un vœu, un profession de foi, un serment intime et solennel.

[Voyageuse]

Il sortit de sa transe alors que le ciel grisonnait à peine vers l'est. Il était vivant, en un seul morceau, et il ne lui était arrivé. Pourtant, les empreintes au sol prouvaient que la clairière avait eu de la visite pendant la nuit, même s'il ne pouvait que se perdre en conjectures quand à la nature exacte de celle-ci.
Les premières trilles des oiseaux se faisaient entendre tout autour de lui, venant des branches du chêne et des buis alentours, semblant appeler le soleil et l'enjoindre de vaincre l'obscurité. Le chêne semblait plus grand, plus fort. La brume avait disparu. Tout était paisible. Il réalisa qu'il avait froid, et probablement faim. Mais la faim attendrait...

[Kasumi]

En tant que rôdeur, il aurait certainement tenu à vérifier ces traces puis à vérifier aux alentours qu'aucun danger ne se tapissait, qu'aucun dégât n'avait été perpétré. Mais, même s'il embrassait encore sa profession de toujours, il se fia cette fois davantage à son instinct, aux chants rassurants des oiseaux, à l'atmosphère pure et fraîche du petit matin, à la force tranquille qui formait comme une aura de bien être autour du chêne. Il avait encore envie de prier pour remercier sa déesse mais il savait que son devoir allait ailleurs pour le moment : son programme lui apparaissait limpide comme si la dryade venait tout juste de lui confier ses instructions. Il était impatient et excité par ces perspectives qui s'offraient à lui en ce jour nouveau mais il prit le temps d'aller récolter toute une gourde d'eau pure à la source puis se rendit à la lisière de la clairière, sur une portion rocailleuse qui ne souffrirait pas d'un petit feu. Répétant les gestes qui lui étaient parfaitement naturels, il alluma un petit foyer protégé puis mit l'eau à bouillir dans un petit chaudron, versant avec révérence la poudre du gland pour préparer son infusion : il en avait déjà l'eau à la bouche !

[Voyageuse]

L'est, lorsqu'il y versa le gland réduit en poudre, prit instantanément une appétissante couleur d'un brun dorée. Le parfum qui s'en dégageait était tout aussi agréable, évoquant à la fois la saveur sucrée des herbes qu'il utilisait habituellement en infusion, comme le serpolet, et l'odeur des forêts sauvages. Le goût était très légèrement amer, mais pourtant agréable, et le liquide chaud lui parut incroyablement revigorant, faisant taire cette sensation de faim qu'il ressentait depuis le réveil.
Le soleil, qui se levait à ce moment-là, lui parut plus lumineux que jamais, les chants des oiseaux incroyablement mélodieux, et il sentait à distance le parfum des fleurs d'aubépine embaumant dans la clairière. Tout lui paraissait plus beau, plus intense. Il prenait conscience de la présence d'êtres vivants auxquels il n'avait jamais accordé son attention, insectes et petits rongeurs, papillons ou même vers de terre. Il se sentait merveilleusement bien, être vivant parmi les autres êtres vivants, semblable et différent.

[Kasumi]

La sensation de ses sens décuplés était incroyablement grisante et il ne chercha pas à savoir si c'était un simple effet secondaire de la substance qu'il venait d'ingurgiter ou la conséquence de son âme s'élevant à un niveau supérieur de conscience.

Dans un cas comme dans l'autre, l'expérience était incroyablement gratifiante et il se sentit encore plus euphorique qu'à son réveil. C'est donc d'un pas guilleret - et en laissant vagabonder son attention sur tous les signes de vie qu'il découvrait - qu'il regagna le pied du chêne et se remit à prier. Non pas parce qu'il en avait reçu l'instruction mais tout simplement parce que c'est ce qu'il convenait de faire en ce moment où il souhaitait exprimer sa gratitude.

[Voyageuse]

Il n'eut aucune difficulté à se plonger dans sa transe habituelle... sauf que cette fois-ci, c'était davantage que sa transe habituelle. Il avait une conscience décuplée de la présence d'autres êtres vivants dans la clairière, et il lui semblait sentir la force brute de la nature autour de lui, cette énergie capable de créer ou de détruire, de réparer, de soigner, de donner la vie ou la mort. Par-dessus tout, il avait conscience d'une présence bienveillante en train de l'observer, amicale et pourtant intransigeante. Une entité d'une puissance dépassant tout ce qu'il pouvait appréhender, capable de dompter à sa guise la puissance de la nature, et qui voulait bien lui donner, à lui, simple mortel, l'usage d'une petite parcelle de ce pouvoir. Il lui suffisait d'accepter ce don, et il saurait, comme la Nature, soigner et réparer les corps. Ainsi en avait décidé la Dame, ainsi le voulait-elle. Il ressentait sa confiance, et aussi une forme de mise à l'épreuve. S'il acceptait ce don, quel usage en ferait-il ?
Toutes ces sensations lui parcouraient l'esprit sans qu'il soit besoin de les mettre en mots. Il avait enfin trouvé, sans savoir comment, ce lien qu'il brûlait d'établir entre lui et sa déesse, et la sensation était incroyablement grisante. Il comprenait ce qu'elle voulait lui faire savoir, sans que ce soit exprimé. C'était ainsi.

[Kasumi]

A mesure qu'il s'ouvrait et s'offrait tout entier, corps et âme, à Mielikki, Kasumi avait de plus en plus de mal à comprendre comment il avait pu vivre jusque-là sans cette sensation de plénitude, sans ce lien vital qu'il expérimentait à peine. Oui, il l'acceptait - il ne pouvait en être autrement - et il ferait tout pour s'en montrer digne. Il le ferait en toute fidélité aux concepts qu'on lui avait enseigné sans qu'il les appréhende tout à fait : faire croître les fruits de la nature, préserver l'équilibre du cycle de la vie et des saisons, encourager les êtres intelligents à vivre en harmonie et en symbiose avec les éléments. Cette parcelle de puissance qu'il accueillait lui servirait concrètement à rétablir l'ordre naturel. A préserver la vie tant que cela n'allait pas à l'encontre des grands équilibres. Cette énergie divine dont il était le récipiendaire et le canalisateur ne demandait plus qu'une destination pour être employée à bon escient.

[Voyageuse]

Il aurait pu prolonger indéfiniment ce moment de prière tant la sensation était merveilleuse. Mais il savait que ce n'était pas ce qu'Elle attendait de lui. Il devait revenir à la réalité, et poursuivre le rituel sous le regard bienveillant de sa déesse. A regret, il finit par s'arracher à ce contact si magnifique et rouvrit les yeux.

La clairière était incroyablement paisible, belle et lumineuse. Il ressentait la présence de chaque être vivant -probablement un effet de la mixture qu'il avait avalée-, et chacun était à sa place, dans un équilibre parfait auquel il prenait part.

[Kasumi]

Son cœur débordait de joie en constatant que la clairière avait retrouvé une situation aussi proche de la perfection que possible. Mais, même s'il était sensible à ces équilibres, il savait qu'il ne lui appartenait pas de se complaire de ce constat réjouissant. Il avait une mission d'importance que sa déesse avait accepté de lui confier. Une mission de responsabilité qui justifiait le pouvoir dont elle l'avait investi : il devait étendre ses perceptions au-delà des apparences et recherchait tout signe de perturbation qu'il était maintenant en mesure de corriger. Il s'arracha donc à sa transe pour se rendre disponible : la dryade l'avait prévenu que des animaux blessés viendraient d'instinct. Il les attendait, plein de confiance et de résolution. C'était désormais son rôle.

[Voyageuse]

Tout semblait parfaitement paisible, en harmonie. Pourtant, il ne fut pas long à repérer un oiseau voletant d'une façon malhabile, qui semblait hésiter à s'approcher de lui. Il devina, sans même avoir besoin de le vérifier, qu'il avait une légère entorse à l'aile. C'était comme si sa perception accrue de tout ce qui l'entourait lui permettait également de diagnostiquer les problèmes de santé des autres êtres vivants. Il lui restait à le convaincre de s'approcher, en le mettant suffisamment en confiance. Il aperçut également, pointant timidement le nez hors de son terrier, un petit loir, qu'il devina mal en point, et qui ne semblait pas pouvoir bouger.

[Kasumi]

Le demi-elfe décida de prendre les devants en puisant dans ses réserves de nourriture pour proposer un petit encas au loir et se risquer à l'approcher. S'il parvenait à le rassurer, il tenterait aussitôt de le soigner. Il espérait ainsi faire coup double en apaisant la méfiance de l'oiseau à son égard et examiner son aile endolorie. Sa grande expérience de la vie en nature lui était toujours utile même s'il entendait l'employer pour soigner et non pas pour chasser.

[Voyageuse]

Le loir ne bougea pas de l'entrée de son abri. Il semblait trop mal en point pour vouloir se déplacer, mais il laissa Kasumi s'approcher sans manifester de grande crainte : il semblait trop épuisé pour cela. L'oiseau, lui, semblait fort intéressé par la nourriture que Kasumi avait sorti. Il s'était posé sur une branche du chêne et pépiait à qui mieux mieux comme s'il voulait tenir de longs discours -absolument incompréhensibles pour le demi-elfe.
Il devina, probablement grâce à l'effet de la poudre de gland sur ses perceptions, qui l'aidait à interpréter ce qu'il observait, que le loir souffrait d'une intoxication : un poison quelconque détruisait son organisme. Et sans savoir d'où lui venait cette connaissance, il sut immédiatement quelles paroles il devait prononcer, quels gestes il devait faire, et, concentré, il parvint à transmettre au petit animal une parcelle de l'énergie divine qu'il sentait en lui. Le loir, instantanément remis, plongea à l'abri de son terrier -non sans embarquer auparavant un peu de nourriture.
L'oiseau, pépiant d'impatience, se laissa approcher à son tour. Il avait effectivement une aile légèrement abîmée. Rien de très grave, mais cela le gênait pour voler et le fragilisait face à d'éventuels prédateurs. Kasumi savait comment le soigner de quelques mots, mais il pouvait aussi simplement remettre délicatement les os en place : l'oiseau semblait suffisamment en confiance pour cela. Bien sûr, il faudrait ensuite attendre quelques jours pour que l'articulation retrouve toute sa solidité.

[Kasumi]

Le rôdeur ignorait de combien de ressources sa déesse l'avait gratifié et il préférait employer les méthodes les plus naturelles pour s'occuper de ses pensionnaires éphémères. Il décida donc de manipuler l'aile de l'oiseau avec une grande délicatesse et d'y adjoindre une toute petite parcelle d'énergie divine pour accélérer sa guérison et apaiser la gêne qu'il pouvait ressentir : l'oiseau serait peut-être convalescent quelques jours mais il resterait certainement en sécurité au bosquet pendant ce temps.

[Voyageuse]

L'oiseau salua sa guérison en pépiant encore plus joyeusement, s'envolant voleter parmi les buis, sans trop s'éloigner cependant : il se sentait certainement plus en sécurité dans la clairière...
Pendant un moment, il n'y eut plus rien. Puis un chevreuil apparut, clopinant légèrement. Rien de grave : juste une épine plantée profondément entre sa chair et son sabot. Mais à peine Kasumi s'était-il approché qu'il bondit brutalement en arrière, l'air subitement affolé, tandis qu'une nuée d'oiseaux fuyait à tire d'aile. Se retournant, Kasumi aperçut la cause de leur fuite : un ours d'allure guère amicale, exhibant une plaie purulente à l'épaule. Il était visible qu'il avait très mal, et cela le mettait en colère.

[Kasumi]

Il ne fallait prendre aucun risque avec l'impressionnant prédateur. Car l'ours pouvait représenter un danger pour les autres animaux comme pour lui-même. Kasumi choisit donc de procéder avec prudence en se tournant vers lui sans geste brusque puis en utilisant l'un des sortilèges qu'il avait appris à maîtriser de longue date :

Kasumi -> Apaisement animal -> ours

Il espérait ainsi calmer suffisamment le plantigrade pour pouvoir examiner et panser sa blessure sans risque. Il fallait aussi tenir compte que le temps pressait pour éviter que tous les autres animaux ne s'enfuient.

[Voyageuse]

Le sortilège produisit l'effet escompté : l'ours se calma instantanément. Peut-être la clairière amplifiait-elle les effets des sorts, après tout.
Les autres animaux, eux, n'avaient pas attendu pour déguerpir sans demander leur reste, mais ils reviendraient probablement une fois que l'ours aurait quitté les lieux.
Le plantigrade laissa Kasumi approcher et examiner la blessure, qui datait visiblement de plusieurs jours et s'était infecté. Un sort de soin était indispensable pour en venir à bout avant que l'infection s'étende au reste de l'organisme. Tout ceci, Kasumi le devina d'instinct, bien plus facilement que d'habitude, comme s'il y avait une connexion inédite entre lui et l'ours.

[Kasumi]

Kasumi s'approcha plein de confiance malgré la taille de l'animal et le fait qu'un seul coup de patte ou de gueule pourrait avoir raison de lui. Conscient que la blessure était sérieuse, il n'hésita pas à recourir à l'énergie de la déesse mise à sa disposition et qui lui venait si naturellement. Il n'en oublia pas pour autant ses bons réflexes de rôdeurs et entreprit aussi de nettoyer consciencieusement les abords de la blessure avec de l'eau tirée de la source : les soins magiques ne serviraient à pas grand chose si la blessure se réinfectait par la suite !

[Voyageuse]

L'ours se laissa faire bien sagement, observant avec une certaine curiosité le rôdeur, mais sans paraître s'inquiéter. Kasumi, quant à lui, savait exactement les paroles à prononcer, les gestes à faire : tout lui venait naturellement.
Il fallut un bon moment, après le départ de l'ours, pour que les autres animaux reviennent peu à peu. Ils ne semblaient pas prêter attention à la présence de Kasumi, comme s'il faisait partie du décor et avait perdu son odeur trop humaine et inquiétante d'ordinaire.
Il soigna encore une musaraigne, un rapace, un chevreuil. Puis il y eut une autre alerte : tous les animaux s'enfuirent tandis qu'une créature se frayait un passage dans les buis. C'était un loup... mais trop grand pour être un loup. Kasumi, en tout cas, savait d'instinct qu'il n'en était pas un.
Blessé à la patte antérieure droite, il boitait sérieusement.

[Kasumi]

Même si l'animal n'était pas tout à fait naturel - un rejeton sanguinaire probablement - le demi-elfe n'avait pas cœur à le laisser à sa souffrance. Le loup était venu à lui, dans ce sanctuaire béni, pour être pris en charge et c'est ce que Kasumi avait l'intention de faire. La compassion n'excluait pour autant pas la prudence et c'est donc en restant sur ses gardes qu'il s'approcha du colosse. Il chercha aussitôt à déterminer ce qui avait pu le blesser et comment y remédier.

[Voyageuse]

La créature était méfiante, mais pas hostile a priori. Sentant que Kasumi n'avait pas de mauvaise intention à son égard, elle le laissa approcher.
Il y avait une plaie en haut de la cuisse mais il était difficile de déterminer la cause de la blessure. L'animal semblait avoir perdu du sang, et l'allure verdâtre et boursouflée de l'ensemble indiquait une infection quelconque, ou la présence d'un poison peut-être. Ce qui était certain, c'est que la créature semblait être dans un état de grande faiblesse. A se demander comment elle avait pu parvenir jusqu'ici. Elle avait mal et, à son regard flou et perdu, Kasumi devina une forte fièvre.

[Kasumi]

A nouveau, Kasumi nettoya la blessure à l'aide de l'eau miraculeuse et ponctua sa médecine conventionnelle de soins à base d'énergie divine. La blessure était importante et il fallait en expurger les miasmes via un cataplasme. Le rôdeur employa une base de boue provenant du lit du ruisseau et de certaines de ses herbes médicinales mais le loup allait dans tous les cas devoir se reposer, peut-être durant plusieurs jours. L'essentiel était toutefois de traiter l'urgence et de lui donner une bonne chance de se remettre.

[Voyageuse]

Le loup posa prudemment sa patte sur le sol, puis, rassuré, s'éloigna de quelques pas.
Et puis, subitement, il changea de forme, grandit, s'allongea.... et se transforma en une elfe d'un certain âge, aux cheveux dorés striés de blanc, qui observait Kasumi avec un relent de défiance, mais aussi de la reconnaissance.
" Merci..." fit-elle en langue elfique, d'une voix un peu rauque, moins mélodieuse qu'on aurait pu s'y attendre de la part d'une elfe. Elle avait un accent que Kasumi n'identifiait pas. Et ne semblait guère s'inquiéter d'être nue...

[Kasumi]

Kasumi ne savait pas vraiment à quoi il avait affaire : à l'évidence, ce n'était pas une elfe ordinaire : elle était capable de prendre cette forme surpuissante sans compter qu'il y avait quelque-chose de surnaturel chez elle. Par pudeur et puisqu'elle ne représentait aucun danger, le rôdeur détourna légèrement le regard et lui désigna son manteau qu'il avait laissé au pied du chêne avant de répondre en elfique :

- Bienvenue. Votre blessure était importante et je n'ai pu que la réduire, dame... Vous devriez vous reposer un moment mais considérez que vous êtes ici chez vous.

[Voyageuse]

" Je ne compte pas rester. Je... ne suis pas sûre d'être complètement la bienvenue ici. La magie qui imprègne les lieux ne m'est pas familière..."
Elle ne regardait pas Kasumi dans les yeux, et n'avait pas fait un geste en direction du manteau.
" Je voulais simplement vous remercier. Peu de gens de votre race soigneraient un loup... Mais je vais repartir. J'ai besoin de me nourrir, de chasser. J'ai faim. C'est bon signe. Je me reposerai après... mais pas ici."
Un sourire étira ses lèvres tandis qu'elle croisait brièvement son regard. Elle avait un regard presque doré, et des reflets argentés dans ses cheveux.

[Kasumi]

Le demi-elfe se sentait un peu désolé que sa patiente se sente rejetée par l'atmosphère pleine de quiétude de la clairière. Mais il respectait sa décision comme il se félicitait d'avoir pu l'aider même si cela ne faisait peut-être pas partie de sa mission.

- Me remercier n'est pas nécessaire mais, si vous tenez à le faire, je vous demanderais de ne pas chasser à proximité immédiate de cette clairière : les animaux qui sont venus ici cherchent sa protection et sa quiétude et j'en suis le garant.