[Lieu] Peyregorde

[Kasumi]

Il lui rendit son baiser sans déplacer sa main puis sourit d’un air à la fois amusé et attendri.

- C’est mérité alors ! J’espère que ce n’est pas douloureux parce que tu pourrais me le faire payer en retour !

Le rôdeur prit ses aises en passant son autre bras derrière les épaules de sa compagne avant d’ajouter plus sérieusement :

- C’est presque irréel de le sentir ainsi déjà présent.

Cela le faisait un peu plus concrètement réaliser qu’il allait devenir père sous peu. Une grande responsabilité dont il espérait se montrer digne.

[Voyageuse]

" C'est irréel pour toi, sans doute. Pour moi, c'est différent, je sens sa présence constamment, c'est comme s'il était déjà là. Même si j'ai hâte de le voir..."
Elle sourit.
" Je parie que ce sera un garçon. Et qu'il te ressemblera... sauf pour les oreilles ! Yeux verts et teint pâle, il ne peut pas y échapper. Il n'y a que sur les cheveux qu'on peut douter, mais je parie qu'ils seront aussi sombres que les tiens !"

[Kasumi]

Gagné par l'enthousiasme de Sylvia, il se hasarda aussi à une hypothèse qui lui tenait à cœur :

- Ça pourrait aussi être une fille aussi belle que toi : elle me rendrait fier comme un paon et aussi un peu inquiet de ses fréquentations. Sans doute comme tous les pères ! En tous cas, garçon ou fille, on a toutes les chances d'avoir affaire à un casse cou qui grimpera aux arbres avant même de marcher.

[Voyageuse]

" Ça, c'est sûr ! On n'a pas fini de lui courir après !"
Elle rit joyeusement, puis, sans crier gare, l'enserra de toutes ses forces un bref instant avant de redevenir sérieuse.
" Je t'aime, murmura-t-elle à son oreille. C'est merveilleux d'attendre ce bébé. Ça va être formidable de vivre tout ça avec toi ! Déjà, j'ai hâte qu'on s'installe... Et ne t'en fais pas, ça n'est pas grave si tu dois t'occuper souvent de cette source. Je ne t'en voudrai pas de ne pas être toujours là !"

[Kasumi]

Cette soudaine déclaration - et la marque d'affection - qui l'accompagna l'émut énormément et il se rendit un peu plus compte de la chance qu'il avait d'avoir trouvé et retrouvé une personne telle que Sylvia. Elle l'aimait et le comprenait tout à fois et il sentait qu'il ne pourrait plus jamais se passer de cet équilibre de vie et de la force, de la confiance qu'il en retirait.

- Moi aussi je t'aime ! Et j'ai hâte de pouvoir nous installer. Et aussi de pouvoir te montrer cette source qui a réclamé tous ces sacrifices. Je suis certain que tu apprécieras de t'y rendre, toi aussi.

[Voyageuse]

" Oui, j'ai hâte d'y être..., fit-elle d'un ton rêveur. Mais d'abord, je crois que je vais profiter du moment présent", ajouta-t-elle avec un sourire décidé.
L'embrassant goulûment sur les lèvres, elle ne lui laissa pas le loisir de protester, de se prétendre fatigué ou de poursuivre la conversation. Elle avait clairement d'autres idées en tête et pas sommeil du tout...

[Kasumi]

Kasumi n'avait pas anticipé cette attente mais il ne se fit pour autant pas prier pour y répondre en se montrant doux et délicat dans chacun de ses gestes. Les deux amants avaient la soirée pour eux et pas vraiment l'obligation de se lever aux aurores alors le moment était idéal pour prendre le temps de se retrouver et mieux encore se projeter dans l'avenir.

[Voyageuse]

Un certain temps après, ils se trouvaient blottis sous les draps, dans les bras l'un de l'autre, essoufflées, détendus et un peu somnolents. La respiration de Sylvia ralentissait, se faisait plus régulière, signe qu'elle allait bientôt plonger dans le sommeil. Elle s'efforçait cependant de rester encore éveillée pour profiter jusqu'au bout de ce moment ensemble. Et puis, son ventre la gênait pour trouver une position vraiment confortable.
" Il danse la gigue là-dedans, quand je suis allongée, maugréa-t-elle avec une grimace. Il va être aussi bougeon que son père, je parie..."

[Kasumi]

Le demi-elfe se positionna de sorte que Sylvia puisse s'installer le plus confortablement possible en reposant un peu sur lui et poussa un soupir d'aise en constatant qu'elle parvenait un peu mieux à se détendre. Il ne chercha pas à faire la conversation pour la laisser trouver le sommeil dont elle avait tant besoin mais lui non plus ne cherchait pas particulièrement à dormir. C'était un peu étrange - mais surtout agréable - de passer à nouveau sa nuit accompagné après toutes ces veillées à la belle étoile, avec un risque d'attaque permanent : il avait grand besoin de cette petite pause et son couple tout autant.

[Voyageuse]

Le sommeil vint plus vite qu'escompté, pour l'un comme pour l'autre. Ils étaient, en vérité, tous les deux fatigués, elle par sa grossesse et lui par ses nuits trop courtes. Peut-être avait-il encore quelques séquelles de cette nuit du solstice où, blessé, il avait perdu tant de sang.
Il rêva, de la clairière, du chêne, de la source, de tout ce qu'il avait vu pendant cette nuit étrange qui avait duré plus qu'une nuit, à ces petits êtres féériques, aux dryades. Et à son chêne, encore, ses branches se balançant au vent, plein de vie et de puissance. Des dizaines de feuilles se formaient, prêtes à s'ouvrir le lendemain, il le savait. Et il y avait un gland, aussi, le premier gland, en train de pousser à l'extrémité d'une branche. Un gland qui mûrissait incroyablement vite, et qui allait tomber. Il fallait quelqu'un pour l'accueillir...
Il se réveilla avec une sensation étrange dans le cœur. Il n'avait dormi que quelques heures, et il faisait encore nuit noire au-dehors. Les premiers oiseaux qui d'habitude annonçaient, longtemps à l'avance, la venue de l'aube, étaient encore endormis. Mais il se sentait parfaitement éveillé, et il savait également, sans savoir d'où lui venait cette certitude, que son chêne l'attendait. Maintenant.

[Kasumi]

Le rôdeur était désorienté mais il ouvrit tout de même les yeux en grand, alerte et incapable de repousser la sensation pressante qui l'appelait et l'incitait à l'action. Au bout d'une minute, il fut assuré que la nuit était encore jeune, que le moment normal pour se réveiller était encore lointain. Mais il ne pouvait pas repousser cet appel. Il ne le voulait pas non plus : il se passait quelque-chose. Quelque-chose qui n'avait rien de comparable avec la dernière fois où le chêne avait eu besoin de son aide en pleine nuit. Hésitant une minute, il parvint à se convaincre qu'il n'allait plus pouvoir se rendormir. Alors, n'oubliant pas sa promesse, il se redressa juste assez pour secouer légèrement l'épaule de Sylvia : il se devait de l'avertir de ses intentions. Et aussi de la rassurer.

[Voyageuse]

" Mmmmhhhh ?"
Sylvia avait bien du mal à émerger d'un sommeil profond.
" C'est pas le matin encore... "
Il y eut un moment de silence, tandis qu'elle luttait pour reprendre pied dans la réalité.
" Il y a un souci ? Pourquoi tu dors pas ?"

[Kasumi]

Kasumi se pencha sur sa joue pour y déposer un baiser destiné à tranquilliser sa compagne. Cependant, il n'avait pas envie de prolonger le suspense et la veille forcée de Sylvia aussi répondit-il aussitôt :

- Je suis désolé : j'ai ressenti quelque-chose. Pas un danger je crois mais il est en train de se produire un événement avec le chêne. Je vais devoir m'y rendre...

Il sentait que ses explications étaient confuses et maladroites mais lui aussi se sentait passablement désorienté par son impression. Avait-il rêvé ? Souhaitait-il tellement qu'une dryade arrive qu'il se mettait à imaginer des choses ?

[Voyageuse]

" Ah...."
Sylvia était toujours somnolente, en réalité. Il n'était pas certain qu'elle ait pleinement conscience de ce qu'il lui annonçait, et elle semblait sur le point de se rendormir.
" Bon, ben vas-y..." marmonna-t-elle tout de même en étouffant un bâillement. Reviens vite..."

[Kasumi]

Kasumi déposa un baiser sur son front mais ne chercha pas à s'attarder davantage, satisfait d'avoir tenu sa parole en ne disparaissant pas sans prévenir mais aussi impatient - et un peu anxieux sans doute - de découvrir ce qui l'attendrait à la clairière. Il se mit donc en route aussitôt après s'être vêtu chaudement mais en prenant tout de même garde à ne pas faire trop de bruit en sortant de la maison puis en traversant le village endormi. Il pressa le pas dès les portes franchies car un long chemin l'attendait.

[Voyageuse]

Il faisait nuit noire. Martha dormait sans doute profondément, comme tout le village. Il y avait une corbeille de fruit sur la table, ainsi qu'une miche de pain, ce qui lui permettait éventuellement de grignoter quelque chose ou même d'emmener un petit en-cas.
Il ne croisa bien entendu personne dans le village. La lune, à son premier quartier, n'était encore qu'un fin croissant, mais sa lumière lui suffisait pour distinguer clairement le chemin jusqu'à la forêt.

[Kasumi]

Et de toute façon, la nuit n'avait jamais été un véritable obstacle pour lui, même sous le couvert des feuilles. Après un instant d'hésitation, il avait emporté de quoi se sustenter au moins pour le petit déjeuner mais il était bien incapable de déterminer combien de temps il serait amené à rester à la clairière cette fois-ci.

Une fois dans les bois, il reprit instinctivement ses réflexes de discrétion sans même que cela ne le ralentisse vraiment : même après les récents changements dans cette zone, il y avait toujours le risque de se faire surprendre par quelque prédateur nocturne bien naturel quand on n'y prenait pas garde.

[Kasumi]

Dans sa hâte à vouloir retrouver Sylvia, Kasumi avait mal évalué le temps qui lui serait nécessaire pour faire le chemin le séparant de la clairière. En passant les portes de Peyregorde puis en s'approchant de la maison de Martha, il se fit la réflexion que sa compagne devait dormit profondément tout comme leur hôtesse.

Toutefois, il était bien trop tard pour faire demi-tour et il allait prendre le risque de réveiller la rôdeuse, ne serait-ce que pour lui donner des nouvelles et la rassurer. Il n'allait pas pouvoir rester jusqu'à son réveil et cela ne lui plairait sans doute pas mais c'était un risque à prendre.

Le demi-elfe se glissa silencieusement dans la maison par la porte qui n'était pas verrouillée puis entra dans la chambre de Sylvia et s'avança jusqu'au lit pour vérifier son état.

[Voyageuse]

Peut-être Martha et Sylvia avaient-elles envisagé qu'il puisse rentrer tard : la porte n'était pas verrouillée, et une miche de pain et du fromage l'attendaient sur la table. N'ayant pas avalé grand-chose depuis deux jours, il sentit son estomac gargouiller en passant devant pour se diriger vers la chambre qu'il partageait avec Sylvia.
Sa fiancée, comme il le pressentait, dormait profondément. Son sommeil était agité, cependant, et peut-être avait-elle eu une poussée de fièvre : ses draps étaient moites de transpiration. Mais si tel était le cas, elle avait retrouvé sa température normale depuis.
Il entendit des bruits de pas dans la pièce principale : malgré ses efforts de discrétion, Martha avait dû l'entendre rentrer. Peut-être, d'ailleurs, qu'elle ne dormait pas encore et venait juste de se coucher.

[Kasumi]

Kasumi prit le temps de remettre le drap en place pour que Sylvia soit bien au chaud puis il s'éloigna un peu à contrecœur pour retourner discrètement dans la pièce principale. S'il pouvait s'entretenir avec Martha, elle pourrait probablement le rassurer tandis qu'il se restaurerait de la nourriture gentiment laissée à son intention. Quand il vit leur hôtesse, il referma la porte de la chambre et la salua à voix basse.

[Voyageuse]

Martha l'accueillit d'un sourire.
" Ah, j'espérais bien que vous rentreriez dès ce soir! Votre belle n'y croyait pas... mais ça ne me semble pas votre genre d'abandonner votre fiancée enceinte comme ça ! Une femme a besoin d'être soutenue dans ces moments-là ! Et trop de futurs pères ne se rendent pas compte de ça, peut-être parce qu'ils ne réalisent pas vraiment ce qui arrive... ou qu'ils ont peur ?"
Il y avait une nuance interrogative dans sa voix.

[Kasumi]

Kasumi esquissa aussitôt une grimace en entendant la remarque de Martha. Il n'allait pas pouvoir rester plus de deux ou trois heures et il était possible qu'il ne puisse même pas parler à Sylvia mais il espérait néanmoins que le fait d'être venu puisse rassurer sa compagne : il ne la laisserait pas affronter seule cette épreuve. Pour l'heure, il faisait face au regard de la sage femme et se sentit gêné de devoir répondre :

- Je suis venu dès que j'ai pu pour prendre de ses nouvelles... Pour voir comment elle va. Je voudrai rester juste pour lui montrer que je tiens à elle mais je devrai à nouveau partir avant l'aube : la très jeune dryade qui est née il y a deux nuits va revenir à ce moment-là. Mais je compte bien revenir après...

[Voyageuse]

La sage-femme pinça les lèvres, le fixant d'un air un peu sévère, puis haussa les épaules.
" C'est à vous de voir où sont vos priorités, fit-elle simplement. Du moment que vous êtes tous les deux en phase là-dessus, qu'elle comprend vos absences... moi ça ne me regarde pas ! C'est quelque chose que j'ai un peu de mal à comprendre, mais peu importe au fond."
Elle laissa échapper un bref soupir.
" Mais filez donc la voir, si vous devez déjà repartir tout à l'heure..."

[Kasumi]

Kasumi ne put s’empêcher de baisser légèrement les yeux comme un écolier pris en faute. Il ne chercha pourtant pas à argumenter ou à convaincre Martha : il savait qu’elle avait en partie raison et il se désolait de ne pas pouvoir demeurer autant qu’il l’aurait voulu aux côtés de sa fiancée. Et c’est peut-être ce temps trop limité qu’il tentait d’attraper au vol qui le poussa à suivre aussitôt le conseil de la sage-femme. Il entra silencieusement dans la chambre et s’assit délicatement au bord du lit, se contentant pour un moment de regarder Sylvia dormir…

[Voyageuse]

Elle dormait profondément, mais d'un sommeil un peu agité. De petits mouvements brusques de la tête ou des paupières, quelques syllabes inintelligibles, étaient signe qu'elle était en train de rêver. Et le rêve ne semblait pas forcément très agréable vu son expression. Mais assez vite, elle parut se calmer, glissant à nouveau vers un sommeil plus paisible.

[Kasumi]

Kasumi répugnait à la réveiller pour ne lui parler que quelques minutes au final. Mais il sentait tout de même que Sylvia dormirait peut-être mieux en sachant qu’il se souciait d’elle et avait fait le chemin depuis la clairière pour la voir. Comme il hésitait encore, il décida de… la laisser décider : il des pencha pour lui embrasser la tempe, réarranger doucement une mèche de cheveux récalcitrante. Si elle était suffisamment en forme pour se réveiller, il serait là pour lui parler, sinon il se contenterait de demeurer à ses côtés pour la veiller jusqu’au moment où il lui faudrait reprendre le chemin inverse vers le chêne et la dryade qui allait en renaître à l’aube.

[Voyageuse]

Elle se réveilla finalement à demi, maugréant, se retournant pour retrouver le sommeil. Il lui fallut plusieurs minutes pour émerger réellement. Et encore, son regard était un peu flou.
" Oh... Tu es là ? Tu as dû rentrer tard..."

[Kasumi]

Il demeura assis à ses côtés et, comme elle ne pouvait pas discerner son sourire dans la pénombre, il se contenta de prendre sa main dans la sienne et de lui répondre d’un ton calme :

- Oui, je suis venu dès que j’ai pu pour prendre de tes nouvelles. Mais je devais terminer un rituel. Comment te sens-tu ?

C’était peut-être un mauvais moment pour donner plus de détails sur ce qui venait de se produire dans la clairière. D’autant qu’il avait encore un peu de mal à en intégrer toutes les conséquences.

[Voyageuse]

" Bof... J'ai connu mieux. Martha m'a donné des herbes pour calmer la douleur et l'anxiété, et mieux dormir. Donc je suis un peu vaseuse, là. Je ne sais même plus comment expliquer... J'ai fait un malaise, avec de la fièvre, ça tournait, j'avais très mal. Je ne sais pas ce que c'était. Depuis, je dors... Je crois que je n'ai plus de fièvre, c'est déjà ça."
Elle eût un pâle sourire.
" Je ne me rends même pas compte s'il est si tard que ça en fait. Mais je suis contente que tu sois venu. Même si fallait pas t'inquiéter... Martha n'aurait pas dû t'envoyer ce mot, ça allait déjà mieux..."

[Kasumi]

Il passa une main sur son front dans un geste plein de tendresse pour vérifier si la fièvre était tombée. Malgré les conclusions rassurantes de Martha, le récit de ce malaise l’inquiétait un peu.

- Je ne pouvais pas rester loin de toi ! Même s’il s’est passé des choses très importantes au bosquet. Mais nous pourrons en reparler demain : je vais devoir retourner sur place une partie de la matinée mais je compte revenir après.

Avec sa nouvelle sensibilité, Kasumi ne put s'empêcher d'examiner l'état réel de Sylvia, se demandant s'il ne pouvait pas l'aider...