[Lieu] Domaine de Claire Combe

[Kasumi]

Le fichier joint Domaine Claire Combe.jpg n’est plus disponible.

Le domaine familial de Claire Combe est renommé pour produire de grands crus – notamment ses vins blancs et rosés - au charme fruité et typique de la région.

Sis entre la cité de Cojum et les premiers contreforts de la Cordillère des Aigles, le domaine s’étend sur plusieurs hectares de terre arables et bénéficiant d’un ensoleillement idéal pour la culture viticole.

Si, en période de vendanges, le domaine peut accueillir jusqu’à une trentaine de saisonniers, seuls le corps d’habitation originel et une annexe plus récente sont occupés le reste de l’année par Dame Anara de Claire Combe et son mari Eskel d’une part, et Duncan leur fils aîné - et sa propre famille d’autre part.

***

La guerre des Plaines Brûlantes n’a heureusement pas touché directement le domaine mais la grande pénurie de denrées alimentaires a récemment amené la famille de Claire Combe à reconvertir une partie des terres pour y implanter des cultures vivrières et à accueillir deux familles de réfugiés sous leur toit.

[Amélie Malone]

Ils approchaient ... Amélie sentit une bouffée de panique l'envahir. Une flopée de questions l'envahit. Et si elle ne s'entendait pas avec les parents de Marvin ? Si elle ne se montrait pas à la hauteur aux yeux de son ami ? Si elle lui faisait honte ? Il était de toute façon trop tard pour faire demi-tour. Elle sentit la crise de hoquet venir. Elle n'aurait pas l'air malin si elle arrivait au domaine avec l'air d'être totalement saoule. Aussi dit-il à Marvin.

"Je crois que je vais boire un peu d'eau. ça me fera du bien."

Elle lui sourit pour lui montrer qu'elle allait bien.

[Kasumi]

Marvin connaissait cependant assez sa compagne pour percevoir son trouble. Il mit aussitôt pied à terre et lui proposa de s'approche du bord du chemin en arborant un sourire rassurant. Quand Amélie le rejoignit, elle put constater que le point de vue permettait de voir toute la vallée. Son compagnon lui désigna un petit village d'une trentaine de maisons situé dans un repli de terrain puis de vastes champs de vigne s'étirant à flanc de colline.

- C'est Urialla, le village le plus proche de notre domaine. La maison de mes parents se situe juste de l'autre côté de cette colline.

[Amélie Malone]

Le dos contre la poitrine de Marvin, Amélie se perdit dans la contemplation du village. Elle se sentit rapidement mieux. Elle n'éprouva bientôt plus le besoin d'exprimer son malaise. Son ami, elle le savait le comprenait déjà. Et elle l'aimait pour cela ... Et pour tout le reste. Même foncièrement différents, ils se complétaient à merveille. Elle lui dit doucement.

"Un jour, j'aimerais bien poser mon baluchon dans un endroit comme celui-là. Qu'importe où ça sera d'ailleurs. Parce que quand je m'arrêterai d'arpenter les routes, tu seras à mes cotés."

[Kasumi]

Le jeune homme lui saisit une main et la serra avec conviction et une grande affection. Amélie sentait que ces paroles l'avaient touché et que lui aussi avait besoin de ce genre de confirmations. La présenter officiellement à ses parents n'avait pas été facile pour lui qui était si réservé. Il serra ses deux bras autour d'elle avant de répondre d'un ton manifestement ému :

- Oui, je serai là où tu le voudras poser ton balluchon. Que se soit pour quelques jours ou toute une vie.

Une petite brise choisit cet instant pour se lever et rappeler que le climat montagnard était plus frais en cette saison. Et aussi plus instable : ils n'allaient pas devoir tarder à se remettre en route mais Marvin laissait l'initiative à sa compagne.

[Amélie Malone]

Amélie avait avalé péniblement sa salive, consciente de l'émotion du moment. Elle avait dit doucement.

"Je ne sais pas pour toi, mais moi, j'aurais envie que ça soit pour toujours et le plus tôt possible."

Quelques secondes plus tard, l'air froid de la montagne les fit reprendre leur route. Elle pensait ce qu'elle disait, et de plus en plus.

[Kasumi]

En chevauchant à un rythme calme, il leur fallut un peu moins de trois quarts d’heure pour atteindre le village d’Urialla. Il était ceint d’un mur bas et de palissades mais les portes en étaient grandes ouvertes et bon nombre d’enfants jouaient entre les maisons colorées aux toits pentus.

Les rires résonnaient de tous côté et les adultes adressèrent des regards plus curieux que méfiants au jeune couple à cheval. Un homme un peu rondouillard et les cheveux légèrement grisonnants finit par s’approcher d’eux et s’exclama avec surprise. La farine maculant sa tunique semblait le désigner comme étant le boulanger de la localité :

- Maître Marvin, c’est bien vous ? Ça alors ! Et qui est cette charmante jeune personne ?

Marvin piqua aussitôt un fard le trahissant aussitôt et le sourire du villageois s’amplifia.

[Amélie Malone]

Amélie observait autant qu'il lui était possible, enregistrant le moindre détail qui constituait l'univers de son ami. Quand le villageois lui demanda qui elle était, elle se fendit de son habituel sourire bonhomme et répondit.

"Je suis Amélie Malone et je suis originaire de Cojum."

Pas besoin de préciser le reste. L'expression du visage montrait qu'il avait déjà compris.

[Kasumi]

Le sourire du boulanger s’étira encore un peu plus sur une expression amicale et il demanda à Amélie d’attendre un instant. Le temps d’un aller-retour dans sa boutique située juste à côté et il revenait pour lui tendre un petit paquet :

- Hors de question de vous accueillir les mains vides, ma petite dame ! Ce sont des macarons tout chauds, fournée de ce matin ! Je sais déjà que maître Marvin les adore depuis qu’il est haut comme trois pommes. Il faudra que je vous raconte la fois où lui et sa sœur s’étaient goinfrés de ce que je laissais à refroidir sur ma fenêtre : un plateau entier - et brûlant par dessus le marché - mais cela ne les avait pas arrêté, ça non, les petits monstres !

[Amélie Malone]

Hrp : désolée pour le retard

Le sourire d'Amélie s'accentua. Elle avait pressenti que d'accompagner son ami serait se rapprocher un peu de lui. Mais la diatribe du boulanger dépassait toutes ses espérances. Aller à Claire-Combe était une manière de remonter le temps en sa compagnie, de voir le temps passé de son point de vue et par les gens qui le connaissaient le mieux. Elle se sentit émue. Elle remercia chaleureusement l'homme pour les macarons avant d'enchaîner.

"Je suis sure qu'ils sont délicieux. Et auriez-vous d'autres anecdotes ? Voyez-vous, mes parents lui ont tout raconté de mes bêtises et j'attendais d'avoir ma revanche ..."

Elle sourit plus largement pour montrer qu'elle plaisantait ... à moitié.

[Kasumi]

La couleur du visage de Marvin gagna quelques tons supplémentaires de rouge en entendant cette plaisanterie de la part d’Amélie. Et surtout la réponse enjouée du boulanger :

- Vous plaisantez ? Quelques anecdotes sur ces trois trublions… A ma connaissance, il se passe parfois des soirées entières à la taverne que l’on passe encore entièrement à évoquer les bêtises et les aventures de la fratrie Claire-Combe ! Marvin et sa sœur surtout : de vrais casse-cous qui n’avaient peur de rien ! Il faudra que vous veniez un soir et vous en apprendrez de bien belles ! je vous raconterai la fois où ils m’ont acheté des biscuits pour attirer un énorme sanglier hors de son terrier. Ils avaient huit ans je crois. Ou peut-être même sept !

[Amélie Malone]

Amélie était impressionnée par l'anecdote.

"Un sanglier ? Mais comment l'histoire s'est finie ? Ils n'ont pas été blessés au moins ?"

A l'entendre, on ressentait son inquiétude comme s'il avait s'agi d'enfants dont elle était proche et que l'aventure s'était déroulée la veille. Bien sûr, si l'aventure s'était mal finie, elle l'aurait sû d'une manière ou d'une autre. Mais on ne savait jamais ...

[Kasumi]

- C’était une idée de Chandara, pas de moi ! Et puis l’appât n’a rien donné, s’empressa de se défendre maladroitement Marvin. Mais le boulanger l’interrompit goguenard :

- Et c’est pour ça que vous avez décidé de vous précipiter dans son terrier pour le débusquer !

- Je n’allais pas laisser ma sœur y aller seule quand même !

- De vrais casse-cous, je vous l’avais bien dit !

- On n’a même pas trouvé le sanglier !

- Oui, c’est que vous aviez dit à vos parents. Mais n’empêche que vous êtes rentrés tout crottés et avec des vêtements déchirés. Et ce n’est pas la seule fois que c’est arrivé !

[Amélie Malone]

Amélie eut un petit sourire navré en direction de Marvin. Elle s'en voulait un peu d'avoir demandé des détails au boulanger surtout en voyant son compagnon rouge pivoine. Elle hasarda mine de rien.

"C'est fou de quoi sont capables les enfants. Je faisais aussi les quatre cent coups avec mon ami d'enfance. Heureusement, nous avons grandi ... Un peu ..."

[Kasumi]

Philosophe, le boulanger répondit que les jeunes Claire-Combe ne s’étaient jamais vraiment assagis : à l’adolescence, ils avaient poussé de plus en plus loin les aventures. Certes, leur aîné avait fini par s’établir dans sa propre maison construite sur le domaine familiale et tenait maintenant une forge mais on ne pouvait pas en dire autant de maître Marvin avec ses expériences alchimiques et surtout de sa sœur qui avait embrassé la vocation de paladine…

En revanche, Marvin saisit la planche de salut que lui offrait sa compagne en évoquant ces fameux quatre-cent coups.

- Alors là tu en as trop dit, ou pas assez !

[Amélie Malone]

Amélie eut un léger sourire, contente que sa ruse pour détourner l'attention de Marvin.

"Bien ... Il nous arrivait de faire des plaisanteries à nos voisins. Nous nous déguisions en monstre et allions frapper à leur porte. Bien sûr, ils savaient que c'était nous mais ils faisaient tout de même semblant d'avoir peur. Certains m'en reparlent encore quand je les croise. Peut-être qu'un jour, je pourrais recommencer pour les amuser un peu."

[Kasumi]

Marvin partit d’un rire léger et lui répondit, la main sur le cœur, que – merveilleuse comme elle était - il était normal que personne ne puisse la confondre avec un monstre même si elle était douée pour se déguiser. Il en avait même oublié la présence du boulanger sans quoi il ne se serait probablement pas montré si hardi dans son compliment. Ce dernier sourit en entendant le jeune homme puis prit congé poliment, non sans renouveler son invitation et son souhait de les voir à la taverne l’un des prochains soirs.

[Amélie Malone]

Amélie le salua chaleureusement en retour avant de le laisser partir. Puis elle serra la main de Marvin dans la sienne avant de souffler, avec un petit sourire.

"Je savais bien que tu n'étais pas totalement sage. Maintenant, je suis rassurée. On va pouvoir partager nos bêtises et en inventer d'autres. Puis quand ça sera le tour de nos enfants, nous ferons semblant d'être fâchés."

C'était une des rares fois où elle osait parler d'enfants. Elle se surprit elle-même. Et elle regarda Marvin à la dérobée en espérant ne pas voir la panique dans ses yeux.

[Kasumi]

C’est au contraire un sourire qui s’était dessiné sur le visage de son compagnon. Il était à la fois amusé et rêveur comme s’il se projetait dans cet avenir et que cette perspective le réjouissait. Evidemment, le jeune homme avait toujours considéré qu’Amélie s’épanouissait sur les routes ou même installée loin de lui mais ce premier séjour commun, dans la maison de son enfance, pouvait constituer un premier pas vers une autre direction. Au bout d’un petit moment, il finit pas rendre le silence paisible – et relatif - qui s’était instauré :

- Je crois que c’était déjà l’attitude de mes parents : ils nous disputaient beaucoup après nos plus formidables bêtises – maman surtout – mais je crois qu’ils étaient trop fiers de nous pour vraiment nous en vouloir.

[Amélie Malone]

"Je crois qu'on est toujours fiers de ses enfants ..."

Elle songea à Morgan, au père qu'elle ne connaissait pas ... Elle sentit une pointe de doute l'envahir. Bien sûr, ses parents adoptifs l'avaient aimée depuis le début. Mais sa mère biologique ... Pouvait-on être fier de ses enfants puis les laisser partir ? Avait-elle commis un impair qui avait poussé sa mère à se séparer d'elle ? Elle n'avait jamais osé lui poser la question.

Elle sourit cependant, espérant que Marvin n'avait pas remarqué son trouble.

[Kasumi]

Marvin répondit spontanément à cette remarque, faisant manifestement référence à ses parents adoptifs et à leur visite matinale :

- En tous cas, tu peux être certaine que tes parents sont fiers de toi et approuvent tes choix. Je l'ai bien vu tout à l'heure. Ton père tenait vraiment à te montrer son vitrail... Parfois, je regrette un peu de n'avoir pas choisi une carrière qui me rapproche autant de mes propres parents. ils m'ont soutenu quand j'ai voulu devenir mage, bien sûr, mais je crois qu'ils auraient préféré que l'un de nous s'intéresse un peu plus au domaine.

[Amélie Malone]

Amélie passa son bras autour de la taille de Marvin.

"Tu sais, je suis sure que tes parents sont fiers de toi. Moi, en tout cas je le suis. Tu ne le sais peut-être pas mais tu es quelqu'un de bien Marvin, et un mage de talent. Peu de personnes ont tes dons. Et peu sont des mages aussi charmants que toi."

[Kasumi]

Les joues du jeune homme prirent une jolie teinte renforcée par sa timidité et sa carnation naturelles mais il ne se démonta pas pour autant en répondant, tout de go :

- Cela me touche beaucoup que tu sois fière de moi… Mais, pour le reste, ce n’est pas vraiment une référence : la plupart des mages ont une longue barbe grise et sentent le soufre des composants de sort ou la poussière des livres ! Pour l’instant, j’ai l’avantage de la jeunesse mais ce ne sera plus le cas dans trente ou quarante ans !

[Amélie Malone]

Amélie l'embrassa sur la joue avant de murmurer.

"Tu sais, ça ne me fait rien que tu vieillisses. Moi aussi, je vais changer. Je deviendrai peut-être une vieille dame acariâtre et bedonnante doublée d'une barde lamentable qui ne sera même plus capable de se souvenir des moindres paroles de cette chanson. Mais d'un coté, je me dis que ce ne sera pas bien grave si tu es encore à mes cotés."

[Kasumi]

- Bien sûr que je serai toujours là, répondit-il spontanément avant de lui retourner son baiser. Mais le temps passait et il était certainement temps d'avancer, de quitter le hameau et d'emprunter le chemin menant au domaine.

[Amélie Malone]

Aussi Amélie remonta-t-elle sur son cheval à coté de Marvin. Elle sentait que bientôt, ils seraient arrivés au domaine et elle avait au coeur une certaine impatience teintée d'appréhension. Ce n'était pas à elle d'écrire la suite de l'histoire mais à Marvin et sa famille. Tout ce qu'elle savait était qu'elle était amoureuse et qu'elle comptait faire la meilleure impression possible à la famille de son amie. Par contre, elle ne tricherait pas en s'inventant un personnage conventionnel qui ne lui ressemblerait en rien. Elle espérait juste que les parents de Marvin apprécieraient ce qu'elle était vraiment.

Bien sûr, elle ne risquait pas sa vie mais ce n'en était pas moins important.

[Kasumi]

Ils laissèrent le hameau d'Urialla derrière eux et se retrouvèrent bientôt à longer des alignements de pieds de vigne planté à flanc de coteau. Marvin expliqua à son amie qu'il s'agissait des terres de ses parents et plus précisément une parcelle produisant un très bon vin blanc. Le jeune homme semblait fier mais aussi un peu distrait et il se raccrochait probablement à ces explications simples pour combattre sa propre angoisse de l'inconnu.

Puis le domaine apparut à leur vue : plusieurs grandes habitations entourée d'un muret ceignant une pelouse bien entretenue et parsemée d'arbustes et de massifs de fleurs. Et, pour parfaire ce panorama idyllique, les monts de la Cordillère se découpaient sur l'horizon, protecteurs et omniprésents.

[Amélie Malone]

Amélie écouta attentivement les indications de Marvin tout en savourant la beauté de ce cadre idyllique. Ainsi, c'était sur cette terre que son ami avait vécu son enfance. Sans trop savoir pourquoi, elle en fut émue, l'imaginant vagabonder entre les cépages, profitant de chaque minute au grand air. Du moins, c'est ce qu'elle aurait fait. Elle était encore inquiète à l'idée de cette rencontre qui se rapprochait à grands pas.

Elle sourit à Marvin, comme pour lui signifier que tout se passerait bien.

[Kasumi]

Le jeune homme lui rendit un sourire d’abord un peu timide puis son expression s’éclaira subitement. En suivant la direction de son regard – un impressionnant massif de roses rouges tirant sur le violet – Amélie aperçut une silhouette féminine. Une dame blonde qui – pour porter des vêtements simples et fonctionnels – n’en dégageait pas moins un port altier incitant aussitôt à une forme d’admiration. La mère de Marvin, puisque la ressemblance physique et l’âge ne permettait aucun doute à ce sujet – ne les avait pas encore remarqué et s’affairait à cueillir des fleurs pour en former un bouquet.

[Amélie Malone]

Un instant, Amélie sentit la terreur la plus complète s'emparer d'elle. Mais elle parvint à se reprendre. Elle se redressa, un tantinet émue aux cotés de Marvin. Ainsi, c'était elle sa maman. Elle sourit et sans s'en rendre compte serra la main de Marvin dans la sienne. Puis elle sortit de son sac la rose qu'elle avait façonnée avec précaution chez ses parents avant de souffler à son ami.

"Je pense qu'elle ne t'a pas vu."