Ornegemme, cité svirfnebline

[Kasumi]

Quasiment sans surprise, Dallius et son maître découvrirent qu’il s’agissait de Dotha. La prêtresse venait rechercher le plateau mais il s’agissait selon toute vraisemblance d’un prétexte pour vérifier l’état d’Alchem. Avisant le grimoire que ce dernier griffonnait, elle demanda - avec peut-être un soupçon de reproche dans la voix :

- Je vois que vous vous êtes déjà remis au travail. Comment vous sentez-vous ?

[Alchem]

Alchem ne se formalisa pas pour la reproche déguisée.
« Je vais bien », répondit-il simplement.
Il désigna de sa plume son nouveau grimoire.
« Figurez-vous que je suis en train de retranscrire des sortilèges qui m’étaient jusqu’à présent inconnus. J’aurais juré la chose impossible. »
Il désigna ensuite le plateau vide.
« Appelez pour ça un domestique. Vous n’êtes pas une servante. Ça me dérange un peu que vous vous chargiez de telles tâches. Ceci dit, si vous pouviez également faire signe à Deskata de venir, ça m’arrangerait. »

[Kasumi]

Mais Dotha avait cessé de l'écouter du moment qu'il avait parlé de son grimoire et la prêtresse s'était approchée de lui pour l'observer avec une grande attention :

- Ressentez-vous des maux de tête ? Des picotements ? Des émotions particulières ? Je suis certaine que ça a un rapport avec l'expérience que vous dîtes avoir vécu...

Elle ne donnait pas l'impression de vouloir quitter la chambre ou appeler l'éclaireuse avant d'avoir un peu démêlé cette histoire qui l'inquiétait véritablement.

[Alchem]

« Non, pas particulièrement. Pas en ce moment en tout cas. Juste avant mon rêve, je me sentais tout bizarre. Écoutez, j’aimerais achever la retranscription de ces sorts. Peut-être que le phénomène est limité dans le temps. Et puis, la nature même de ce que je vais écrire pourrait nous éclairer. Imaginez que je couvre ses pages de sorts de nécromancie, on pourrait en déduire une machination du Despote. Si je rédige essentiellement de l’illusionnisme, ce sera déjà moins alarmant. Mais pour ça, je dois écrire. »
Il marqua une pose, réfléchit, reprit :
« Finalement, n’appelez pas Deskata. Il faut régler cette histoire avant. Laissez-moi seul, le temps que je termine. Après on discutera. »

[Kasumi]

Dotha ne chercha pas à dissimuler la grimace que lui inspirait cette idée. Elle était certainement aussi curieuse que lui des connaissances que cette étrange expérience avait permis de mettre au jour mais elle se méfiait. Et s’inquiétait pour Alchem. Il y avait trop de cas de possession associée aux tomes de pouvoir pour qu’elle soit tranquille quant à l’origine de ce savoir prodigieux. Et de son prix. Toutefois, elle savait reconnaître quand il était inutile d’argumenter avec le svirfneblin :

- Très bien. Je vais rester derrière la porte alors appelez-moi au moindre signe suspect.

C’était une condition non négociable et elle se contenta de se diriger vers la porte en emportant avec elle le plateau.

Après le départ de la prêtresse, Alchem put reprendre de plus belle, écrivant désormais des sortilèges qui n’avaient jamais figuré dans son grimoire. Des sortilèges autrement plus puissants que tous ceux qu’il avait jamais pu appréhender de toute son existence pourtant déjà bien remplie.

[Alchem]

Les questions se bousculaient dans l’esprit du gnome et la petite voix insidieuse ne manquait pas d’y apporter les réponses les plus sombres, les plus horribles qui soient. Mais il lui semblait trop tôt pour s’interroger. Il devait avoir du concret pour guider ses réflexions et la rédaction du nouveau grimoire lui apporterait une base solide. Aussi se remit-il sans tarder au travail.

[Kasumi]

Alchem avait l’impression très étrange de parvenir à guider sa pensée pour parvenir à rédiger des sortilèges qui lui étaient jusque-là parfaitement inconnus. C’est comme s’il puisait dans une partie inexplorée de sa mémoire ou qu’il les inventait lui-même. En tout état de cause, tout ce qu’il rédigeait semblait toucher à des sciences que n’aurait pas reniées sa mère. Rien qui se rapprochait de près ou de loin à de la nécromancie ou aux arts sombres dont les drows étaient friands.

Les runes gnomiques n’étant parfois pas assez complexes, il se surprenait en outre à puiser dans les écrits d’autres races réputées pour leur facilités avec certaines composantes de la magie : notamment le draconien et le terreux. Ecrire ne lui suffit bientôt plus et il fut gagné par la nécessité d’expérimenter ces sortilèges complexes qui lui étaient devenus naturels.

[Alchem]

Mais Alchem était méthodique. L’expérimentation viendrait après la rédaction. Il redoutait toujours que cette inconcevable inspiration ne se tarisse, alors il voulait écrire sans interruption, autre que celles nécessaires pour se ressourcer. Il finirait bien tôt ou tard par avoir le sentiment de ne plus rien avoir à coucher sur le papier. Alors il pourrait s’adonner à l’expérimentation. L’absence de sort obscure le confirmait dans cette optique. Il devait être face à une opportunité pas dans un piège, dans déplaise à la petite voix.

[Kasumi]

Malgré l'heure qui s'écoulait, matérialisée par un Dallius réclamant sa pitance du soir, Dotha avait tenu parole et n'avait pas cherché à l'interrompre alors qu'il couchait sur le papier un sortilège des plus puissants. Subitement, l'inspiration se tarit comme si ce dernier effort l'avait épuisée. Alchem était persuadé d'être parvenu à exploiter son plein potentiel. Mais il lui faudrait une nuit complète de repos avant de pouvoir s'en imprégner et s'en servir.

[Alchem]

Il était hors de question de dormir tout de suite. Puisque l’étude de la magie lui réclamait une pause, il pouvait aller s’enquérir des autres affaires urgentes. Il lui tardait de lire les derniers rapports, ainsi que de discuter du phénomène, que ce soit avec sa mère ou avec Dotha. Il avait également deux trois petites choses à vérifier avec Deskata. Non, vraiment, son emploi du temps était chargé, pour ne pas changer.

[Kasumi]

Dotha devait guetter le moindre signe qu'il en avait terminé car elle entra dès qu'il se fut levé sans discrétion particulière. Le voyant debout et déjà prêt à s'occuper à nouveau, elle lui adressa une mine réprobatrice :

- Vous avez travaillé toute la journée, Alchem. Vous devriez vous reposer un peu. Cela dit, je peux aller mander Deskata ou votre mère sans que vous ayez à quitter votre chambre.

[Alchem]

La réplique d’Alchem fut immédiate et même si son ton demeura plutôt neutre, son attitude général trahit un peu d’agacement.
« Ça suffit Dotha. Je suis assez grand pour m’occuper de moi. De surcroît, vous n’êtes pas ma domestique, vous êtes ici pour étudier la magie en tant que prêtresse de Mystra. Et des choses à étudier, il n’en manque pas pour l’instant : les cristaux, le bracelet... »
Il marqua une pose, s’autorisa l’ombre d’un sourire et s’empara de son grimoire :
« ...et cet étrange phénomène. Je n’ai rien retranscrit d’alarmant, pas de magie noir, pas de pacte diabolique. En revanche, j’aimerais bien savoir si je suis le seul à avoir subit ça, si rien d’autre de bizarre n’a eu lieu. Vous pourriez aller à l’école de magie pour vous informer. Moi, pendant ce temps, j’ai des trucs à régler et peut-être que d’ici qulques heures, je pourrais m’accorder une pause. »
Il faisait des efforts pour être aimable. Néanmoins, il était nécessaire que la prêtresse comprenne qu’il était chef des patrouilleurs, qu’il avait des responsabilités, que sa tâche exigeait des efforts, beaucoup d’efforts.[/i]

[Kasumi]

L'air attristé - mais aussi la lueur de défi dans le regard de la prêtresse - stimulèrent tous les signaux d'alerte du svirfneblin : cette conversation était loin d'être terminée et il en entendrait encore beaucoup parler dans un futur proche. Mais Dotha se contenta pour l'heure d'obéir tout en lâchant d'un ton dépité "Vous êtes impossible !" avant de quitter la pièce.
Alchem se retrouva seul avec son familier pendant de longues minutes avant que Deskata ne fasse son apparition avec une importante quantité de documents sous le bras. Elle ne s'était pas donné la peine de frapper, déformation professionnelle pour qui était habitué à espionner discrètement :

- Vous m'avez fait mander, maître patrouilleur ?

[Alchem]

Alchem était toujours septique sur le fait d’avoir accepter Dotha à Ornegemme. Elle était de la surface, elle avait vécu dans la sécurité d’une grande ville, elle peinait à concevoir que la vie puisse être nettement plus rude dans les profondeurs, qu’on ne pouvait pas sagement se contenter de rester au lit. Le svirfnebelin avait du retard et il comptait bien le rattraper. La guerre totale était sans doute proche.
« Oui. Mais allons plutôt dans mon bureau. Ce sera plus pratique », dit-il à Deskata.
Il gagna le couloir, puis l’escalier. Son bureau se trouvait un peu plus bas, hors des appartements personnels de la famille.
« Je veux savoir tout ce qui s’est passé durant mon... indisposition. »

[Kasumi]

Deskata avait toujours su aller droit au but, ce qui lui avait valu parfois quelques désagréments pour n'avoir pas su respecter le sens des convenances avec les personnalités influentes d'Ornegemme ou Belroc mais qui faisait d'elle une excellente patrouilleuse. Ses rapports étaient toujours concis mais précis, mettant en lumière les anomalies qui auraient échappé au commun des svirfneblins. Sitôt arrivé dans le bureau de son supérieur, elle n'attendit nullement son invitation pour déployer une carte et plusieurs signalements sur la table.

- Depuis deux jours, nous sommes confronté à un calme assourdissant dans ce secteur. Elle désigna un vaste réseau de grottes sur la carte. Je veux dire, les drows et leurs alliés ne se sont pas manifestés mais les patrouilles n'ont relevé aucun signe de présence hostile. Pas même la faune sauvage habituelle. C'est comme si on faisait en sorte qu'aucune patrouille ne s'intéresse de trop près à ces cavernes. J'en ai envoyé malgré tout et trois d'entre elles sont revenus sans éléments exploitables. Mais la quatrième a livré un résultat plus intéressant : l'un de ses membres est revenu malade. Indisposé plutôt : il a prétexté une fièvre mais son comportement était étrange, j'ai préféré le placer immédiatement en quarantaine.

[Alchem]

« Je vois... Je ne suis pas en état de m’occuper de lui pour l’instant mais un clerc et un mage devrait pouvoir s’en charger. Il faut déterminer ce qu’il a avec exactitude. Sait-on jamais, il se pourrait bien que je ne sois pas le seul à avoir subit un drôle de phénomène. »
Il plongea ses yeux sur la carte. Il la connaissait si bien qu’il aurait pu la reproduire pour une grande partie de tête. Ces grottes et couloirs, c’était le périmètre qu’il avait été charger de sécuriser durant des années. Il soupira et posa son doigt sur les limites du tracées.
« C’est par là-bas qu’on devrait regarder Deskata. On est en train d’attendre, sachant pertinemment que quelque chose va arriver, on réagit mais on n’agit pas. Ce n’est pas comme ça qu’on va s’en sortir. Les Drow ont tout le loisir de parfaire leur plan. »
Il releva la tête.
« J’ourais besoin de vous sous peu. Sois vous prendrez mes fonctions ici, soit vous prendrez la tête d’une expédition vers la cité Drow. Dans les deux cas, vous devrez vous préparer à être à la hauteur. Mais je sais que vous le serez. Évitez de vous faire tuer d’ici là. »

[Kasumi]

Signe qu'il avait fait vibrer la bonne corde, Alchem vit briller une lueur de reconnaissance dans le regard d'ordinaire si sérieux et inexpressif qu'il l'aurait fait passer pour un gai luron.

- Ce sera un honneur d'assumer la charge que vous m'assignerez, maître patrouilleur, répondit Deskata avec un certain enthousiasme. La svirfnebline était une femme d'action et elle attendait manifestement un nouvel ordre, ou qu'Alchem l'autorise à se retirer pour ajuster les préparatifs et la surveillance du patrouilleur affecté.

- Désirez-vous autre chose ?

[Alchem]

« Non, ce sera tout. Les nouvelles viendront vite. Faites le nécessaire pour qu’on n’est pas de fâcheuse surprise avec le patrouilleur en quarantaine. »
Sitôt Deskata sortie, Alchem se laissa tomber sur sa chaise, prit d’une certaine lassitude. Il se surmenait, il s’en rendait bien compte, mais avait-il le choix ?
« Pourquoi a-t-il fallut que je perde deux jours ? » dit-il, pour lui-même.
« Tu n’y es pas pour grand-chose », lui rappela Dalius.
« C’est vrai, mais ça tombe mal... »
Il soupira, se releva et entreprit d’aller voir sa mère. Il devait s’entretenir avec elle de ce fameux événement. Peut-être avait-elle remarquées des éléments intéressants sur cette histoire.

[Kasumi]

Sa mère se trouvait – comme bien souvent – dans la pièce lumineuse lui servant d’étude, de laboratoire et de salle d’expérimentation. L’endroit semblait parfaitement adapté au sujet à aborder et la grande mystificatrice accueillit son fils naturellement, comme si elle s’attendait à sa visite et à son objet :

- Raconte-moi ce qui s’est passé : j’ai fait quelques recherches de mon côté mais je ne veux pas influencer ton récit en te les révélant.

Alchem reconnut ce sens de la méthode qui lui avait tant servi pour atteindre sa position enviable dans la société gnome et qu’elle avait tenté de transmettre, avec plus ou moins de succès, à ses fils.

[Alchem]

Alchem s’étant assez éclaircit l’esprit via ses prises de notes et sa retranscription du grimoire put dresser un exposé aussi précis que complet sur le phénomène constaté. L’exactitude était, lui semblait-il, capitale pour dresser une conclusion adaptée. Il était prêt, si des doutes apparaissaient, à se mettre lui-même en quarantaine. La règle devait être la même pour tous. Seulement, il avait tant à faire, il ne pouvait en venir à cette extrémité qu’une fois sûr que quelque chose clochait bien. Forcément, l'avis de sa mère allait avoir beaucoup de poids.

[Kasumi]

Sa mère eut bien du mal à conserver pleinement son objectivité. Non seulement parce qu’Alchem était son fils mais surtout parce qu’il était difficile pour elle de réprimer son enthousiasme devant l’expérience qu’il venait de vivre. Et qui pouvait peut-être rapprocher leurs aspirations respectives. Théâya demanda à consulter le nouveau grimoire d’Alchem et se perdit rapidement en commentaires à la fois étonnés et ravis. Passant rapidement en revue les premières pages et n’y décelant rient d’inquiétant, elle se concentra bien vite sur les sortilèges les plus complexes. Sortilège qu’elle maîtrisait pour la plupart mais qui lui avait demandé bien des années d’effort.

- C’est absolument prodigieux, commenta-t-elle avant d’ajouter :

- Mais cela m’inquiète un peu : une telle connaissance nécessite ordinairement bien des sacrifices et des années d’apprentissage. Je redoute le prix qui te sera réclamé pour l’avoir acquise aussi vite et de cette façon…

[Alchem]

« Tout dépend à qui je dois ça. J’imagine mal le Despote manigancer en ce sens. Il est trop affaibli. Peut-être est-ce un don des dieux, de Baravar peut-être. C’est un maître des illusions et j’ai toujours suivi sa doctrine. Quoi qu’il en soit, nous seront peut-être plus éclairé après que je me sois reposé. Et si ce n’est pas le cas, tant pis. Le temps nous est compté. Le silence des Drow ne peut qu’être inquiétant. Tu disais avoir fait quelques trouvailles. De quoi il s’agit ? »

[Kasumi]

Sa mère avait hoché la tête mais semblé peu convaincue par l’hypothèse d’un cadeau divin : la mage en elle avait bien du mal avec les explications irrationnelles de ce genre, même si elle était assez intelligente pour rendre hommage à certains dieux elle aussi. Elle n’attendait que son fils lui en donne l’occasion pour livrer sa propre théorie basée sur plusieurs observations et déductions logiques :

- Plusieurs svirfneblins en ville ont connu une expérience similaire d’après les informations qui me sont parvenues. Les rapports ne semblent contenir aucun lien évident entre eux, ni sur l’origine, ni sur l’âge ou la profession des personnes touchées mais plusieurs témoignages évoquent des personnes ayant développé des capacités qui leur étaient totalement inconnues. Il y a quelques prêtres, certains de mes étudiants les plus avancés mais aussi quelques-uns de tes patrouilleurs. Cela a pris des formes et des proportions différentes mais il ne peut pas y avoir eu une simple coïncidence. Et le phénomène n’a apparemment pas été localisé uniquement là où tu te trouvais.

[Alchem]

« La chose est d’ampleur donc. Pour s’en assurer, il serait judicieux d’aller voir à Lameroy. Non seulement on pourra savoir s’ils ont été touchés mais ils devraient avoir reçu des nouvelles d’autres cités de la surface. J’espère que les Drow ne sont pas à l’origine de ce phénomène. Je n’ai pas abandonné l’idée d’aller voir ce qu’ils fabriquent. Cependant, Lameroy est prioritaire, ne serait-ce que pour s’assurer que leur conflits internes ne dégénèrent pas. »

[Kasumi]

"Enquêter à Lameroy est une bonne idée, ne serait-ce que pour vérifier qu'ils tiennent leurs engagements. Ces nains ont un peu tendance à se détourner de leurs objectifs dès que sonne l'heure d'aller à la taverne ! Mais j'espère que tu n'as pas l'intention de t'y rendre toi-même : tu n'es pas en état de voyager immédiatement. Et ne fais pas les gros yeux : je pressens que la guerre sera longue et épuiser notre meilleur chef dès les premiers jours serait un cadeau que je n'ai pas l'intention de faire aux drows."

[Alchem]

« J’enverrais des éléments fiables à Lameroy. Ils partiront dans l’heure. Me concernant, il est vrai que je ne peux aller nulle part, pour l’instant. Ne t’attends par contre pas à ce que je reste ici longtemps. Tu sais mieux que personne à quel point je supporte mal d’être assis tranquillement derrière mon bureau pendant que mes patrouilleurs meurent. Au fait, si tu croises Dotha, dis-lui de me remettre son rapport sur les cristaux. Elle s’était chargée de ça. J’entends bien qu’elle aille jusqu’au bout. »
Alchem se préparait déjà à partir. Il avait des ordres à donner puis, sans doute, il irait se coucher.

[Kasumi]

Théâya se permit un sourire en coin - elle avait toujours été plus expressive que son fils - et répondit avec calme mais fermeté :

- Très bien, je le lui dirai. Mais elle ne viendra que lorsque tu auras dormi quelques heures. Il serait dommage que tu ne comprennes pas ce qu'elle t'expliquera par manque de sommeil !

Elle marqua un temps d'arrêt, sans doute pour réfléchir à ajouter quelque autre remarque mais jugea finalement préférable d'en rester là. A trop en faire, on pouvait obtenir tout l'inverse de ce qu'on voulait, surtout avec quelqu'un d'aussi têtu que le chef des patrouilleurs.

[Alchem]

Alchem sortit puis fit mander plusieurs de ses subalternes. Ils étaient tous de confiance, tous expérimentés. Il leurs remit une lettre prouvant qu’ils avaient été envoyés par lui, on n’était jamais assez prudent, puis il leur commanda de se rendre à Lameroy par des chemins détournés. Leur mission consistait à prendre les nouvelles chez les nains, autant au niveau de la guerre, de leurs conflits internes et de l’étrange phénomènes. Les gnomes parties, Alchem put monter dans ses appartements et se mettre au lit.

[Kasumi]

A peine sa tête posée sur son oreiller, le gnome s’endormit profondément, son corps réclamant son dû et son esprit bouillonnant cédant le pas à ses besoins primaires. Nul ne vint le déranger avant le petit matin : il se réveilla, frais et dispos, sans souvenir d’avoir rêvé de quoique ce soit, alors qu’on frappait doucement à sa porte.

Alchem se sentait non seulement plein d’énergie mais il avait le sentiment tenace que toutes les connaissances transposées la veille sur son nouveau grimoire étaient toujours présentes dans son esprit. Et ne demandait qu’à être rafraîchies par son étude coutumière.

[Alchem]

« Une minute. »
Il se leva, s’habilla.
« Entrez. »
Dans le genre rapide pour se préparer, on pouvait difficilement faire mieux. Aujourd’hui serait l’occasion de mettre un peu plus de concret sur l’étrange phénomène. Il avait hâte. Mais avant, il fallait savoir qui voulait le voir. Dotha provablement.