[Lieu] Commanderie de l'Ordre de la Rose Rubis d'Antelucas

[Althéa]

Mais Maelys se dégagea avec une facilité déconcertante et gagna le couloir. On aurait dit que l'être qui la possédait décuplait sa vitesse et ses forces, forçant sur ses muscles jusqu'au point de rupture. Elle courut jusqu'à la salle surplombée par la grande verrière. Le temps que Chandara la rejoigne, elle avait enjambé la fenêtre et avait commencé à s'aventurer sur la surface de verre.

Elle s'avança, totalement étrangère aux crissements sous ses pieds. Au bout d'un moment, elle eut un sursaut et demanda.

"Mais ... qu'est-ce que je fais ici ?"

Manifestement, la jeune femme avait retrouvé possession de son corps. La mauvaise nouvelle était qu'elle risquait de tomber.

[Chandara]

Le moment était grave et tendu. Chandara s'en voulut de son échec - d'autant plus qu'il était certainement dû à sa distraction - et elle se retrouvait à gérer une situation critique dans laquelle Maelys était en sérieux danger. Elle n'avait pas le vertige - heureusement - mais la verrière n'était manifestement pas assez solide pour supporter leurs poids réunis. Cherchant à repérer les poutres qui devaient la retenir, elle chercha un passage pour s'approcher au plus près de la jeune femme. et pour éviter qu'elle ne panique, désorientée par ce qui venait de se produire, la paladine s'adressa à Maelys d'un ton qu'elle aurait voulu calme :

- Ne fais pas de geste brusque ! Je vais m'approcher, te tendre la main.

Encore fallait-il qu'elle trouve un chemin sûr pour ne pas aggraver encore la situation.

[Althéa]

Chandara repéra très vite la charpente émoussée sur laquelle reposait la structure de la verrière. Elle pouvait s'en servir pour approcher Maelys. La créature l'avait avancée là où le verre dépassait au delà de la surface de bois, rendant plus périlleux chaque pas. Sur la surface polie, des fissures commencèrent à apparaître autour d'elle. La jeune femme jeta à Chandara un regard affolé.

"J'ai ... le vertige ..."

[Chandara]

La paladine réagit sans attendre, agit d’instinct. Elle était habituée à gérer les peurs et les appréhensions les plus irraisonnables comme sa propre crainte des milieux clos et enterrés. En outre, elle s’était faite à l’idée que l’esprit avait désorienté Maelys et qu’il lui appartenait de se montrer forte et résolue. C’était son rôle de maîtriser ce genre de situations et de le transmettre, d’instiller la confiance. Elle répondit donc le plus calmement possible en joignant prudemment le geste à la parole.

- Regardez-moi dans les yeux, Maelys. Efforcez-vous de ne pas bouger pour le moment : c’est moi qui vais m’approcher de vous. Je vais vous tendre la main.

Ce faisant, si le toit donnait de nouveaux signes inquiétants d’être sur le point de s’affaisser, elle se préparait à accélérer le pas et même à sauter d’une poutre à l’autre. Mais c’était un cas d’ultime recours : en affaiblissant la structure de la sorte, elles risquaient fort de passer toutes les deux au travers du plafond.

[Althéa]

Pour le moment, la structure avait l'air de tenir le coup et Chandara put s'avancer un peu plus. Elle parvenait presque à toucher Maelys le bras tendu. La jeune femme quant à elle semblait paralysée. Autour d'elle, de nouvelles fissures continuaient d'apparaître. Mais elle fixait la paladine des yeux, ce qui prouvait qu'elle lui faisait confiance.

La paladine était à la limite de la charpente. Au delà commençait la surface entièrement vitrée. Allait-elle prendre le risque de s'avancer encore ?

[Chandara]

Chandara n'avait pas peur mais elle ne pouvait pas prendre le risque de les faire tomber toutes les deux. La charpente semblait assez solide pour supporter leurs deux poids au moins quelques instants. La paladine devait donc faire en sorte que Maelys la rejoigne à l'endroit où elle se trouvait et non l'inverse.

- Tendez-moi votre main, Maelys. Je vous attraperai, c'est promis !

Elle espérait que sa voix calme permettrait à la jeune femme de surmonter sa tétanie et qu'elle était assez proche pour lui saisir la main et l'entraîner dans sa direction.

[Althéa]

Maelys fixa ses yeux effrayés dans ceux de Chandara mais elle avança la main dans sa direction. Presque aussitôt, de nouvelles fissures apparurent sous elle. Le verre était prêt de se rompre.

La paladine néamoins parvint à attraper son avant-bras.

[Chandara]

Sentant Maelys en grand danger, Chandara ne se posa aucune question et agit à l’instinct, tirant l’avant-bras qu’elle avait saisi vers elle et cherchant à agripper la jeune femme. Par l’autre bras, l’épaule, ou tout ce qu’elle pourrait saisir. Ce faisant, elle risquait de perdre elle-même l’équilibre mais elle se savait suffisamment agile pour garder son appui sur la poutre où elle se trouvait. Et de toute façon, il n’était plus temps de se poser la moindre question alors que Maelys était en grand danger.

[Althéa]

Sous Maelys, le verre céda. Chandara parvint à la rattraper de justesse alors que dans un fracas épouvantable, tout se brisait un étage plus bas. La jeune femme se retrouva suspendue au dessus, simplement retenue par la main providentielle de la paladine. Celle-ci faillit basculer mais grâce à ses réflexes, elle parvint à se stabiliser avec son autre main.

Il fallait maintenant qu'elle hisse la jeune femme sur la poutre sur laquelle elle se trouvait. En espérant que celle-ci résiste.

[Chandara]

Chandara ne savait plus mobiliser la même force qu’à l’époque où elle s’entraînait quotidiennement au maniement du marteau de guerre mais elle avait eu le temps de se préparer au choc et d’anticiper le surcroît de pression dans son bras et dans son épaule. Elle restait confiante sur le fait que – si la poutre n’avait pas cédé sur le coup – le toit tiendrait bien quelques instants. Elle agit néanmoins d’instinct – et au mépris de la douleur et de sa propre sécurité - en tractant immédiatement Maelys de sorte de pouvoir passer sa seconde main derrière son épaule.

[Althéa]

Son geste porta. Chandara sentit cependant une douleur au niveau du bas de son dos mais parvint à hisser Maelys de l'autre coté de la verrière. Emportées par l'élan, les deux jeunes femme chutèrent sur le sol, hors de danger. La barde, en état de choc tremblait sans pouvoir s'arrêter. Repliée sur le sol, il était difficile de voir si elle était blessée.

Pour l'instant, elle refusait de lâcher la main de Chandara qu'elle serrait au point de lui faire mal.

[Chandara]

Chandara en avait vu d’autres et elle était de toute façon tellement soulagée d’avoir pu mettre Maelys hors de danger qu’elle n’avait cure de la légère douleur que la jeune femme lui occasionnait. La Sunite se redressa - doucement pour ne pas brusquer une Maelys visiblement sous le choc – afin de vérifier que cette dernière n’était pas blessée. Il lui semblait également urgent de quitter le toit et regagner l’abri tout relatif du dortoir éclairé. Chandara avait une pensée pour Eli qui y était resté seule et se trouvait peut-être en danger. Sans parler de l’angoisse qu’elle devait éprouver.

- Maelys, nous allons devoir rentrer. Vous pensez pouvoir marcher ?

[Althéa]

Maelys releva la tête. Chandara vit qu'elle s'était coupée au dessus de l'arcade sourcillière et au bras droit. A part cela, elle tremblait encore de tous ses membres. Au bout de quelques minutes, elle articula.


"Merci ... Oui, je crois que ça va."

Elle avait l'air encore sous le choc et vaguement honteuse. Mais elle parvint à se relever sur des jambes encore flageolantes.

[Chandara]

Chandara lui offrit son bras pour l’aider à se relever et surtout à ne pas chanceler sur ce bord de toit qui pouvait encore leur réserver de mauvaises surprises. D’un mot attentionné, elle lui demanda ensuite de lui montrer son bras et lui dispensa un soin très léger pour stopper l’hémorragie.

Satisfaite, elle ne fit pas mine de lui retirer son appui au moins jusqu’à ce qu’elles aient regagné l’abri du couloir. La paladine ne put toutefois s’empêcher de jeter un dernier regard vers la verrière brisée et le sort auquel elles venaient d’échapper. A quoi ressemblait cette salle inférieure ?

[Althéa]

La salle inférieure disparaissait dans la semi-obscurité mais Chandara entrevit des fauteuils rongés par le temps et une multitude de rongeurs et ce qui ressemblait à une immense bibliothèque.

Maelys tremblait encore mais parvint cette fois à tenir debout sans aide. Elle dévisagea Chandara quelques secondes, les lèvres pincées avant de murmurer.

"Je crois que je vous dois la vie ... Merci."

[Chandara]

- Ne dites pas de bêtises, la gourmanda-t-elle gentiment avant de préciser sa pensée :

- Nous devons nous serrer les coudes ! Ce fichu lâche d’esprit n’en a certainement pas fini de nous préparer de mauvaises surprises.

En regardant la bibliothèque, la paladine songea que l’endroit vaudrait certainement d’être exploré. Peut-être renfermait-il quelques ouvrages intéressants pour comprendre l’origine du mal qui sévissait ici. En tous cas, elles pouvaient toujours tenter leur chance. Mais cela attendrait au moins le lendemain : pour le moment, l’urgence était de regagner la chambre après avoir rallumé la torche qui avait dû finir par s’éteindre. Elle se faisait du souci pour Eli…

[Althéa]

Mais Maelys secoua la tête. Elle pensait ce qu'elle avançait et rien ne pourrait lui faire changer d'avis. Mais tout comme Chandara, elle n'avait pas l'air de vouloir pousser plus loin le débat pour ne pas laisser Eli seule plus longtemps.

Elles la retrouvèrent à coté du feu, l'air paniqué. Celui-ci avait été réduit à l'état de braises heureusement encore rougeoyantes. Les ténèbres se rapprochaient.

[Chandara]

Le feu ne devait surtout pas s'éteindre et Chandara prit aussitôt l'initiative de le réalimenter après avoir signalé leur retour à Eli. Elle espérait que sa voix confiante avait suffit à la rassurer pour quelques instants. Mais dès que la flambée aurait repris, repoussant les ténèbres hostiles, elles pourraient se poser quelques instants pour analyser la situation et répondre aux questions de son amie.

HRP : pour info, j'ai mis à jour ma bio en V5.

[Althéa]

Eli tremblait et la paladine devina que ce n'était pas qu'à cause du froid. Maelys s'assit à coté d'elle et s'enroula dans une couverture. Elle ne savait visiblement pas vraiment par où commencer les explications. Elle semblait exténuée et au bord des larmes.

C'est finalement Eli qui demanda une fois le calme revenu et le feu ranimé.

"Que s'est-il passé ?"

[Chandara]

Chandara ayant pallié la plus grande urgence, elle vint prendre place sur le même lit que les deux aventurières et se mit en devoir de les apaiser du mieux qu'elle pouvait. Non seulement parce qu'elle avait besoin que toutes les deux soient vigilantes mais surtout parce que les voir dans cette état la chagrinait :

- Il fallait s'y attendre : l'esprit a profité du sommeil de Maelys pour pénétrer dans son esprit et la contrôler temporairement. Je n'ai pas su l'arrêter avant qu'elle n'ait atteint le toit mais les choses sont alors rentré dans l'ordre.

Il s'agissait d'un récit volontairement édulcoré mais la paladine n'avait pas vraiment envie de s'étendre sur la catastrophe qui avait été évitée d'extrême justesse : inutile de rajouter à l'inquiétude de ses aînées quitte à prendre un peu sur elle.

[Althéa]

"J'ai été faible ..., souffla Maelys, et tellement aveuglée par la rancœur que je n'ai pas vu le danger approcher. Ce n'est pas étonnant que l'esprit n'ait voulu posséder aucune de vous deux. Je suis une piètre chasseuse d'esprits. La honte de ma lignée ..."

Elle éclata en sanglots incontrôlables.

[Chandara]

Chandara n'hésita pas une seconde à approcher de Maelys et lui poser une main sur l'épaule pour attirer son attention alors qu'elle répliquait d'un ton farouche mais convaincu :

- Ne racontez pas de bêtises ! Il faut un sacré courage pour venir dans un tel endroit et y passer la nuit sachant ce que nous affrontons. L'esprit est dangereux : il veut nous faire douter. Il aurait pu s'en prendre à n'importe laquelle d'entre nous alors nous devons à tous prix veiller les unes sur les autres. J'ai confiance en vous pour veiller sur moi.

[Althéa]

Maelys pinça les lèvres.

"Mais c'est moi qu'il a choisi. Parce que je suis la plus faible d'entre nous. J'aurais pu vous faire mal, vous tuer même ... Et vous me faites encore confiance.

Elle étouffa un sanglot.

"Je suis tellement désolée."

[Chandara]

Chandara répondit d’un ton toujours aussi calme mais avec fermeté :

- Ou alors il a choisi au hasard une des personnes endormies. Ou alors il a choisi celle qu’il jugeait la plus dangereuse pour lui… Cessez de vous torturer l’esprit en vaines conjectures, Maelys ! Vous ne m’avez jamais mis en danger et vous avez su le tenir assez en échec pour que j’intervienne. Je vais avoir besoin que vous veillez à ma place pendant pour l’empêcher de nuire à nouveau et je sais que je peux compter sur vous et Eli.

Elle ne comptait pas se coucher immédiatement, pas tant que Maelys serait déstabilisée à ce point, mais Chandara savait devoir prendre un peu de repos pour se préserver en vue de la dure journée qui les attendait encore.

[Althéa]

"Mais j'aurais pu ...", souffla Maelys.

Assise, elle entoura ses genoux de ses bras et posa son menton par dessus. Elle dit doucement.

"Vous pouvez dormir. Je veillerai sur vous. Et croyez-moi, je ne vais pas trouver le sommeil de sitôt."

[Chandara]

Chandara sentit qu'il aurait été contre productif de chercher à poursuivre immédiatement cette conversation : Maelys avait besoin d'un peu de temps pour se remettre de son manquement supposé et elle-même devait dormir. Et ainsi montrer concrètement à l'aventurière qu'elle avait confiance en sa vigilance. La paladine retira ses bottes avant de s'allonger toute habillée sur sa couchette située du côté de la porte. Elle non plus ne pensait pas parvenir à s'endormir immédiatement mais elle essaya tout de même en fermant les yeux et en essayant d'évoquer des pensées agréables.

[Althéa]

Elle ne tarda pas à plonger dans le sommeil. Très vite, elle rêva. Elle vit un groupe d'enfants hilares en pousser un autre dans une sorte de grotte et s'en aller. Elle vit l'eau affluer dans l'anfractuosité et se mettre à monter. L'enfant ne sortit pas. Plusieurs grosses vagues s'engouffrèrent de nouveau et le niveau monta encore. Les enfants refluèrent sur la plage laissant leur camarade en proie aux flots.

Chandara sentit tout de suite que l'enfant dont elle avait rêvé n'était jamais sorti de la grotte. Pas vivant du moins ...

[Chandara]

Paniquée par cette vision angoissante, la paladine se réveilla en sursaut, craignant que son rêve se révèle prémonitoire. Après tout, les indices trouvé dans la maison miniature laissaient à penser que le petit garçon qu’elle était venu sauver se trouvait du côté de la crique dont avait parlé Maelys. A présent, elle craignait d’y découvrir que le pauvre petit s’y était retrouvé noyé. Peinant à se réveiller à et à mobiliser des pensées cohérentes, elle chercha à se souvenir si son rêve semblait se passer de nuit ou de jour. Si, en quelque sorte, elle avait pu assister à une scène se déroulant en ce moment même. Si elle devait se mettre aussitôt en route dans l’espoir d’éviter éventuellement un drame, quel que soient les risques encourus pour elle et ses compagnes.

[Althéa]

Chandara se souvint de son cauchemar par bribes. Elle parvint à se souvenir qu'il faisait grand jour. Or, elle put se rendre compte que le monde autour d'elle reposait dans la nuit. Maelys se redressa à coté d'elle et la considéra un instant avec inquiétude avant de lui demander.

"Que se passe-t-il ? On dirait que vous avez vu un fantôme ... Ou fait un cauchemar."

[Chandara]

Chandara mit plusieurs secondes à prendre conscience de son éveil et encore un peu davantage à assimiler la remarque de Maelys. La voix ensommeillée, la jeune femme lui demanda aussitôt :

- Je crois que j’ai eu une vision de ce qui est arrivé à l’un des enfants. Peut-être le garçon que je cherche. Quel heure est-il ? Est-ce que j’ai dormi longtemps ?

Bien qu’harassée, la paladine n’avait désormais qu’une hâte : se diriger vers la crique pour vérifier ses soupçons. Et surtout retrouver la trace de l’enfant.