[Lieu] Aubépine

[Kasumi]

Malgré le choc qu'il venait de subir, Kasumi ressentit une vive satisfaction de la réussite de son initiative. C'était une première pour lui et une arme supplémentaire dans sa lutte acharnée contre les mort-vivants. Bien sûr, il allait devoir s'entraîner et il pressentait qu'il allait lui falloir combler ses lacunes pour espérer affronter plus que des insectes nécrotiques mais c'était tout de même extrêmement motivant. Il prit un moment pour vérifier qu'il n'y avait pas d'autres créatures dans les environs puis il reprit son travail auprès du chêne. Dès qu'il en aurait fini, il l'arroserait abondamment puis retournerait à la clairière pour se ravitailler et arroser les arbres les plus proches.

[Voyageuse]

Il poursuivit donc sa tâche, auprès du chêne calciné puis de ses voisins. La plupart du temps, il ne se passait rien de notable alors qu'il arrosait les arbres. Mais quelques-uns, arrosés par l'eau bénite de la source, semblaient s'ébrouer, comme tirés d'un long sommeil, et il sentait, sans pouvoir se l'expliquer, une étincelle de vie se réveiller en eux, leurs feuilles se redresser, plus brillantes, plus vertes. Cela allait souvent de pair avec la fuite subite de colonies d'insectes qu'il pressentait peu naturels : il dérangea ainsi une petite nuée de minuscules arachnides qu'il devina être, elles aussi, mort-vivants, et qui ne résistèrent pas à ses nouveaux sortilèges de clerc. Il n'eût guère le temps d'identifier les autres, qui avaient fui trop rapidement.

[Kasumi]

Kasumi persévéra jusqu'à la mi journée en se concentrant sur les arbres qui semblaient avoir le plus souffert de l'incendie - ou de la sombre influence des mort-vivants. Le demi-elfe pressentait qu'il faudrait renouveler ce traitement tous les prochains jours pour toucher l'ensemble des grands chênes. En attendant, il se décida à regagner la clairière pour s'y sustenter et recevoir - peut-être - de nouvelles instructions de la dryade. Dans tous les cas, il ne comptait pas passer toute la journée sur place car Sylvia l'attendait et il avait envie de se rassurer suite à son empoisonnement.

[Voyageuse]

La dryade n'était pas visible lorsqu'il revint près du chêne. Mais il devina un mouvement au sein de celui-ci, comme une ondulation à la surface de son tronc, sur lequel se dessina peu à peu un visage en relief, puis un corps, qui s'en détacha ensuite. C'était elle.
" Merci pour ton ouvrage, dit-elle simplement. J'ai senti mes frères arbres se réjouir de ta présence et de ton action qui les a soulagé de la souillure qui les imprégnait. Tu n'as pas oeuvré en vain..."
Elle l'observa, songeuse un instant.
" Il te manque quelque chose, encore. Un symbole de ce que tu es devenu, que tu devras porter sur le coeur. Si tu m'apportes un morceau d'ivoire ou d'os, grand comme la paume de ta main, je te le façonnerai."

[Kasumi]

Kasumi avait une petite idée où il pourrait trouver un os de taille suffisante mais il n'était pas du tout garanti de pouvoir s'en procurer le jour même : il n'y avait pas eu d'attaque de mort-vivant aux alentours du bosquet depuis le solstice... Cependant, il y avait encore de nombreux corps d'animaux dans les environs de la résurgence. Peut-être que le bassin d'un mammifère pourrait faire l'affaire.

[Voyageuse]

Il avait brûlé ou enterré quantité de squelettes, dans les premiers jours où il était sur les lieux, et n'aurait aucune difficulté à trouver ce qu'il cherchait. Il n'était pas question de prendre des ossements humains, mais il y avait ceux de grands carnivores, des os de toute forme et de toutes tailles, entiers ou brisés : il n'aurait que l'embarras du choix.
La résurgence était toute proche. Ayant recouvert de terre l'endroit où il avait brûlé les restes des animaux, il lui fallut creuser un peu, mais il trouva très rapidement un squelette animal de grande taille aux os bien conservés. Un grand félin, probablement, ou même un loup. L'os du bassin était trop grand, mais cela ne sembla pas poser de problème à la dryade.
" Donne-le moi..."
L'os, entre ses mains végétales, avait quelque chose d'incongru. Elle marmonna quelques mots doux, dans une langue inconnue de Kasumi, avec un accent évoquant le souffle du vent dans les branches. Et l'os se transforma sous ses yeux.
Quelques instants plus tard, la dryade tenait dans ses mains la forme parfaitement reconnaissable d'une tête de licorne artistiquement sculptée, plus belle que toutes les figurines que Kasumi ait jamais taillées dans du bois. Nichée dans la paume de la main, elle n'avait plus grand-chose de commun avec l'os dont elle était issue : brillant de reflets irisés, comme de la nacre, c'était un véritable bijou.

[Kasumi]

Kasumi avait du mal à en croire ses yeux : l'objet était plus beau que tout ce qu'il aurait pu imaginer et il avait en outre une grande signification. Il rendait en tous cas encore plus concret encore son récent engagement. Il n'osa cependant pas tendre la main vers le bijou, préférant que la dryade le lui propose mais il ne put retenir une exclamation émerveillée :

- C'est vraiment magnifique ! Je ne savais pas que les dryades pouvaient confectionner de si jolies choses...

[Voyageuse]

" D'ordinaire nous ne le pouvons qu'avec le bois. Mais en certaines circonstances particulières, notre déesse nous octroie quelques dons supplémentaires. Et l'accueil d'un jeune Cerf de Printemps est l'une de ces circonstances particulières."
Elle sourit avec douceur et lui tendit l'objet.
" Je suis heureuse qu'il te plaise. Porte-le toujours contre ton cœur, comme signe de ton engagement dans cette voie. Mais sache qu'il n'est pas qu'un symbole. Puisque c'est l'énergie divine de Mielikki qui l'a façonné, il t'aidera à recevoir ses dons et à canaliser à ton tour son énergie lorsque tu en auras besoin."
L'objet lui parut un peu plus lourd qu'un simple morceau d'os, comme si sa nature profonde avait été un peu altérée, ou peut-être sous l'effet du pouvoir qu'il contenait.

[Kasumi]

L’objet était chargé de magie divine, il le perçut aussitôt qu’il l’eut pris dans sa main. La licorne qu’il représentait était sculptée avec tant de détails et de finesse qu’elle semblait presque vivante et le contact était doux et chaleureux au toucher. Alors qu’il s’interrogeait sur la meilleure façon de le porter, il remarqua que le symbole était muni d’une discrète chaine d’argent, sans doute beaucoup plus solide que ne le laissait penser son apparence. Aussitôt, mais avec révérence, il mit le symbole autour de son cou et le laissa aller sous sa tunique, à même la peau de sa poitrine. L’effet qu’il ressentit alors était assez indescriptible : il avait l’impression de gagner un nouveau sens lui permettant de devenir le relais de la volonté et de la puissance de sa déesse. Il se sentait comme… complété. Touché par l’émotion, il déclara alors :

- Je le porterai avec fierté. Merci.

[Voyageuse]

" Tu dois veiller à en rester digne, répondit la dryade avec gravité. Sans quoi il te sera retiré... Mais tu as déjà prouvé que tu méritais amplement de le porter."
Elle eût un sourire doux, et leva un instant les yeux en direction du ciel. Le soleil commençait tout doucement à descendre du zénith : le milieu de l'après-midi approchait.
" Il se fait tard et je dois retourner à l'abri de mon arbre pour achever ma croissance. Quand viendra la pleine lune, dans six jours, vient célébrer ici le Chant des Arbres et appelle-moi. Je naîtrai alors définitivement et ce bosquet sera consacré pleinement à Mielikki".

[Kasumi]

Kasumi était presque désolé de voir partir la dryade mais il la salua avec un peu de la dévotion qu'il vouait à leur déesse commune en lui assurant qu'il serait bien là au rendez-vous. Quand elle eut disparut, la clairière lui parut un peu plus froide mais le symbole qu'il portait autour du cou lui rappela que ce départ était nécessaire et que la dryade renaîtrait encore plus forte.

Il se réunit ses affaires et se mit en route avec le sourire à cette pensée mais il pressa très rapidement le pas en songeant à Sylvia qui l'attendait sans doute avec impatience. Il avait préparé le sort destiné à la rassurer sur son empoisonnement et il espérait aussi arriver assez tôt cette fois pour pouvoir lui parler de la raison de ses nouveaux pouvoirs.

[Voyageuse]

Il traversa d'un bon pas es bois, passant de la clairière enchanteresse à la forêt d'arbres anciens, puis à des zones plus sombres envahies de ronces, où il devinait, effluves légers, la souillure omniprésente dans cette forêt. Il ne croisa pas de mort-vivant, cette fois-ci, mais dérangea une famille de sanglier qui faillit lui foncer dessus. A sa gauche se trouvait le petit surplomb rocheux où se dressait le cercle de pierres levées des malarites, désormais abandonné, mais dont lui semblait émaner pour toujours une certaine noirceur.
Le soleil déclinait, peu à peu, et l'après-midi s'achevait lorsqu'il parvint au village.

[Voyageuse]

Loin de l'agitation du village, il pénétra dans les profondeurs des bois, aux aguets d'une menace éventuelle. Mais le jour naissant n'était pas une heure favorable aux morts-vivants, bien au contraire. La brume dans laquelle ils aimaient à se mouvoir était déjà balayée par l'aube. Il n'aperçut aucune créature malfaisante, même s'il devina les traces de leur passage nocturne. Il ressentit, en revanche, la souillure de la forêt, vers l'est et, de façon moindre, vers le sud, là où se trouvait également l'éminence rocheuse servant de repaire aux malarites.
Mais cette sensation s'atténua alors qu'il s'approchait de la clairière. Les alentours de celle-ci étaient envahis de ronces, mais celles-ci se raréfiaient puis disparaissaient en s'approchant du lieu sacré, laissant place à des rideaux de buis protecteurs, touffus et vivaces. Un sanglier, passé par là, avait arraché des branches et creusé une sorte de tunnel en direction de la source, mais c'était la seule "dégradation" qu'ait connu le lieu.
La source était là, magnifique, intacte, au pied du grand sorbier et du saule pleureur. Le chêne, tout proche, avait encore gagné en taille et en vigueur. nul n'aurait deviné qu'il n'avait que quelques veilles d'existence.

[Kasumi]

Le demi-elfe s'imprégna de la quiétude et de la perfection des lieux pendant un moment puis il enfila sa tenue avec révérence pour aller boire à la source puis prier sous le chêne. Les gestes et les paroles lui venaient rapidement et il récita sans difficulté certaines homélies puisées dans le recueil d'Hortense.

Sans éprouver le besoin d'être guidé, il se laissa porter par son inspiration et le lien fort et rassurant qu'il savait maintenant évoquer d'instinct. Puisant un peu d'eau au creux de ses mains, il en déposa symboliquement sur les plantes qui en avaient besoin et ne pouvaient pas puiser directement à ses bienfaits.

[Voyageuse]

Seul au début, il finit par entendre un léger bruissement derrière lui alors qu'il arrosait ainsi de jeunes plants de buis et d'aubépine. Se retournant, il aperçut la dryade, souriante, qui l'observait avec curiosité. Il lui semblait qu'elle avait changé, il n'aurait su dire en quoi. Elle semblait un tout petit peu moins jeune. La couleur de sa peau de bois était peut-être un peu plus foncé, et sa chevelure, abondante, avait pris la couleur vert sombre et l'aspect du feuillage des buis, coulant en minuscules gouttelettes tout le long de son dos. Des oiseaux étaient perché dans ses cheveux de feuillage, et une demi-douzaine de papillons voletaient autour d'elle.

[Kasumi]

Admirant la créature si représentative de sa déesse par son lien symbiotique avec la nature sylvestre, Kasumi s'inclina gracieusement pour la saluer avant de prononcer des paroles rituelles qu'il avait lues dans le recueil d'Hortense :

- Au nom de Mielikki et du lien qui nous unit, je t'offre mon bras, mon cœur et mon esprit. Du lever au coucher, au service de la dame des forêts et à tes ordres je suis !

[Voyageuse]

" Bienvenue, jeune cerf de printemps. Sois le Bras de la Dame, aujourd'hui dans ces bois, et demeure fidèle à ses préceptes quel que soit l'endroit où tes pas te portent, répondit la voix de la dryade, comme un souffle d'air dans les branches, douce et musicale et pourtant étrangère, non humaine. Aujourd'hui est le jour du Chant, et tu dois te mettre à l'écoute du bosquet et de ses besoins. Prend le temps ce matin de méditer, de l'écouter, de ressentir ce qu'il attend de toi et d'y répondre, comme tu as commencé à le faire. Je te confierai d'autres tâches lorsque tu auras terminé..."
Un concert de pépiement répondit aussitôt à cette voix, saluant gaiement un être familier.

[Kasumi]

Loin de lui peser, la perspective d'accomplir ce service semblait donner des ailes à l'ancien rôdeur et il sourit à la dryade avant de se mettre à flâner dans le bosquet, se laissant porter par ses pas, ses envies, son ressenti. Il se dirigeait naturellement vers des plantes et de jeunes arbustes éprouvant des difficultés. Ici, quelques feuilles desséchées qu'il fallait retirer, là des branches à demi brisées qu'il fallait élaguer avec soin, puis une pierre qui avait roulé sur une colonie de fougères à retirer. Plus loin, des germes qui avaient tenté de prendre racine dans une zone trop caillouteuse. Plutôt que de tenter de les déplacer, il s'attela à retirer quelques pierres et à leur apporter de la bonne terre et de l'eau de la source. Chaque tâche ne lui prenait que quelques minutes et pouvait paraître insignifiante mais il ressentait, à chaque fois qu'il les accomplissait, que le bosquet gagnait un peu plus en force, à la faveur de ses occupants. Et à chaque fois, il récitait une ou deux prières apaisantes...

[Voyageuse]

Lorsqu'il eut la sensation d'en avoir terminé, au moins pour les tâches les plus utiles ou les plus urgentes, il vit arriver à lui un jeune oiseau sautillant au sol, une aile légèrement blessée. Rien de grave, un os déplacé. Puis ce fut un petit loir à la patte ensanglantée. Puis un écureuil boitillant. Un faon apparut ensuite, gracile et inquiet, prêt à bondir à la moindre alerte - même si son boitillement ne lui permettrait pas d'aller bien loin. Il avait une mauvaise fracture apparemment. Enfin un chevreuil, les restes d'une flèche plantée dans son flanc, heureusement peu profondément. La plupart de ces blessures ne nécessitaient pas de magie, mais les deux dernières étaient plus sérieuses.

[Kasumi]

A chaque fois, le jeune clerc s'efforçait de rassurer ses patients par des gestes lents et apaisants avant de s'en occuper. En somme, ce n'était pas si différent de la manière dont il aurait procédé alors qu'il n'était que rôdeur mais il sentait tout de même que tout lui était plus facile : les soins bien sûr mais aussi sa faculté à ressentir les sentiments et les besoins des animaux qui se présentaient à lui.

Pour la patte du faon, il recourut à la magie puis appliqua un bandage serré pour que l'os reste bien en place. Avec le temps, les mouvements et l'eau, le bandage se dénouerait de lui-même sans qu'il y ait besoin d'intervention humaine. Enfin, pour la blessure de flèche, il procéda à l'extraction de la pointe de métal puis appliqua un cataplasme apaisant pour éviter toute infection. Il dépensa également une parcelle d'énergie divine pour accélérer la guérison et surtout soulager la douleur du chevreuil.

[Voyageuse]

Il devait être près de midi désormais. La dryade s'était assise au pied de son chêne, silhouette gracieuse à la peau de bois et aux habits de feuillages. Des oiseaux étaient perchés sur elle, de petits rongeurs l'escaladaient, comme si elle était un arbre ordinaire ou une simple excroissance du chêne. Celui-ci s'élevait désormais à près de deux toises de haut, son feuillage fourni était d'un vert plus sombre qu'auparavant.
" Il y a quelque part, dans cette direction, un ours blessé, fit soudain la dryade en indiquant le nord-est. Il est très en colère et trop affaibli pour venir jusqu'ici, mais il a besoin de ton aide... En chemin, tu devrais trouver du miel pour apaiser son humeur, et tu devras lui donner ce gland à manger, aussi. Pour le soigner."
Elle lui tendit un gland paraissant tout à fait ordinaire.

[Kasumi]

Kasumi prit le gland avec une certaine révérence : même s'il semblait ordinaire à première vue, il n'en demeurait pas moins le cadeau d'une dryade. Calmer l'ours sans risquer de le blesser davantage risquait d'être malaisé aussi décida-t-il de mettre toutes les chances de son côté en respectant les consignes. De surcroît, le miel serait une offrande parfaite pour le sortilège d'amitié animale qu'il avait en tête. Si tout se passait bien, il pourrait convaincre l'ours qu'il ne représentait pas un danger et pourrait ainsi s'occuper de sa blessure.

[Voyageuse]

Encore fallait-il trouver l'ours en question. Se dirigeant dans la direction indiquée par la dryade, il ne trouva guère d'indice indiquant un passage d'ursidé. Les bois étaient touffus, épineux : le passage d'un animal de cette taille aurait dû être visible. Mais il suffisait qu'il se trouve légèrement plus à droite ou à gauche pour qu'il le rate... Il trouva en revanche un essaim d'abeilles bourdonnante, dans un buisson d'épineux, dont extraire le miel serait certainement peu aisé.
L'atmosphère bienfaitrice de la clairière n'était plus sensible, bien au contraire : il ressentait un certain malaise, comme si une force maléfique était à l’œuvre dans les alentours.

[Kasumi]

Le contraste était saisissant mais il ne fit que renforcer sa détermination à œuvrer pour porter la bonne parole et un peu de la quiétude du bosquet dans les parties moins favorisées de la forêt. Récupérer un peu de miel ne serait pas chose aisée d'autant que Kasumi voulait éviter de les effrayer en allumant une torche pour les enfumer. Au moins la présence de la ruche indiquait qu'il était sur la bonne voie. Le demi-elfe se protégea de son mieux en remettant ses gants et en se couvrant une partie du visage de son bandeau : il ne pourrait peut-être pas éviter toutes les piqûres mais il avait bon espoir de réussir à récupérer un peu du miel avant d'être sérieusement blessé.

[Voyageuse]

Il était assez souple pour éviter les épines, mais les abeilles, peu habituées à ce genre d'intrusion, lui menèrent la vie dure, comme s'il était de leur devoir de défendre absolument le contenu de leur ruche. Il récolta donc un bon nombre de piqûres douloureuses. Il savait apaiser un peu la douleur, en appliquant certaines herbes -lavande, basilic, plantain-, mais celles-ci étaient difficiles à trouver en forêt. cela dit, il avait certainement un peu de lavande ou de basilic sur lui. Appliquer un peu de miel était également efficace. Et l'essentiel était qu'il avait obtenu son butin. Il put donc poursuivre sa route, dans un bois de plus en plus touffu et hostile. Sans vraiment trouver ce qu'il cherchait pour le moment. La végétation était trop dense pour servir de territoire à un grand mammifère de ce genre.

[Kasumi]

Mais Kasumi avait une confiance totale dans les sens de la dryade : il y avait forcément un ours blessé dans cette direction et il n'avait pas dévié de sa trajectoire, se fiant à son sens de l'orientation longuement éprouvé. De toute façon, il était hors de question de rentrer sans avoir pu donner satisfaction à la créature des bois : il poursuivit donc son chemin, à l'affût du moindre signe de la présence du plantigrade. Et comma la vue était bouchée par la densité de la végétation, il choisit de se fier aux sons : les animaux de la forêts se feraient certainement plus silencieux aux anvirons du plantigrade.

[Voyageuse]

Plutôt que le silence, c'est un bruit sourd qui attira son attention. Un bruit qui évoquait une chute, peut-être. Il entendit également le bruit des branches qui craquaient, brisées peut-être par le déplacement d'un grand animal. Tout ceci était quelque part sur sa droite, légèrement à l'écart de la direction qu'il suivait. Il crut entendre un grognement. Des branches cassées, encore. Au fur et à mesure qu'il s'approchait, il traduisait ces sons isolés en signes probable d'une lutte entre deux grands animaux. Il finit par les entrapercevoir entre deux arbres : on aurait dit deux ours, l'un de presque deux fois sa propre taille, l'autre gigantesque, peut-être trop grand pour être un ours finalement. Et subitement, jaillissant des fourrés, ce furent toute une famille en train de fuir -une mère et ses deux petits- avec lesquels il se trouva face à face.

[Kasumi]

Son devoir envers la nature, surtout en ce jour spécial parmi tous les autres, était d'assurer la sécurité de la mère et des petits qu'elle entendait mettre à l'abri. Et la meilleure façon pour atteindre cet objectif était indéniablement de s'écarter vivement de la trajectoire de leur fuite. Kasumi chercha d'instinct une branche sur laquelle se hisser ou une souche derrière laquelle sauter à l'abri. Ensuite seulement il pourrait envisager les solutions pour tenter de mettre un terme au conflit. Si une telle chose était réalisable.

[Voyageuse]

La végétation était un peu moins touffue que ce qu'il avait traversé jusque-là. A défaut de pouvoir grimper sur une branche, il put se glisser derrière un bouquet d'arbres serrés, s'écartant du justesse de la trajectoire de l'ourse. Celle-ci, du reste, ne lui accorda plus la moindre attention une fois qu'il se fût ôté de son passage. Elle poursuivit sa course folle, entraînants ses petits dans son sillage, loin du combat qui se déroulait derrière elle.
Le combat en question était, a première vue, pour le moins inégal. Les deux adversaires étaient plus petits que ce qu'il avait tout d'abord cru entrevoir, mais ils se trouvaient un peu surélevés sur une espèce de plate-forme rocheuse. Un ours noir, qui semblait tout ce qu'il y a de plus commun, luttait avec l'énergie du désespoir contre une créature qui devait être l'un de ses congénères, mais qui faisait plus du double de sa taille et de son poids. Peut-être un ours sanguinaire, ou une engeance démoniaque ayant l’apparence d'un ours ? Kasumi, d'instinct, sentait qu'il devait s'en défier.
Et malgré leur différence de taille et de poids, il semblait à Kasumi que le combat était plus équilibré qu'il ne l'aurait cru possible. Les gestes de l'ours sanguinaire semblaient lents et hésitants, et ses coups faisaient relativement peu de dégâts. Malgré tout, l'ours noir était blessé, mais, en proie à la colère, il poursuivait le combat.

[Kasumi]

Kasumi ne savait que penser du plus gros ours. Il était probable qu'il s'agisse d'un être vicié par les nombreuses malédictions des profondeurs de la forêt mais peut-être restait-il malgré tout un animal. En ce jour entre tous, il se voyait mal frapper une créature sans être sûr qu'elle fut mauvaise et irrécupérable. Mais il ne pouvait pas non plus s'exposer ou laisser l'ours plus petit se faire davantage blesser. Une idée lui venant en tête, il focalisa ses pensées vers les deux ursidés et se mit à incanter un sortilège qu'il avait tout juste appris à maîtriser :

Kasumi -> Amitié animale (augmentée au niveau 2) -> les deux ours.