[Bâtiment] Domaine de Hautetour

[Taliesin]

Sans compter la jeunesse de l'assaillant, désavantage tant en matière d'expérience que d'allonge...
En tout cas, Claris avait vu juste. Certes, Godefrey savait tenir son arme et, en matière d'assaut, il exécutait des mouvements corrects. Mais son penchant pour l'ostentation et sa façon d'attaquer sans trêve ni repos l'handicapaient. Bref, il n'était guère dangereux et quand son adversaire commença à passer à l'offensive, il fut vite évident que si le garçon connaissait les principes de la parade et de l'esquive, il ne s'y était pas beaucoup exercé. Sans doute parce que cela ne l'intéressait pas vraiment...

[Claris de Corvimande]

Conformément à sa parole, “Gail” laissa le garçon attaquer les premières fois, sans opposer plus de résistance que ce qui était strictement nécessaire à ne pas se faire toucher. Puis son épée se fit plus active, portant d'abord des coups sans prétention, destinés plus à gêner l'adversaire qu'à le toucher réellement. Ce fut moins vrai pour les coups suivants – quoiqu'ils restèrent encore tout à fait à la portée même d'un débutant comme Godefrey.
Dès qu'il fut évident, aux yeux de Claris, que son élève n'avait aucune maîtrise des techniques défensives, sa tactique changea : ce furent des coups désordonnés, destinés moins à toucher qu'à tromper l'adversaire et détourner son attention. Il était en effet intéressant de voir si, malgré ses lacunes, le jeune nobliau était en mesure de se concentrer efficacement sur son objectif. Plusieurs coups de ce type étaient sans doute nécessaire pour se faire une opinion ; suite auxquels son intention était de lui montrer l'intérêt que pouvait avoir un désarmement : lui faire lâcher son arme et le toucher de la pointe de son épée – juste assez pour qu'il comprenne qu'un geste de plus l'aurait tué.
Sa réaction promettait d'être amusante.

HRP : au fait, j'n'avais pas remarqué tout de suite, mais mon compteur de messages est lupinesque !

[Taliesin]

Cette passe d'armes prolongée permit à Claris de mesurer l'étendue du fossé qui séparait Godefrey de Tommen : l'aîné était plus endurant et plus adroit que son cadet, il prenait un plaisir incontestable à attaquer et possédait un incontestable esprit combatif. En revanche, il était moins appliqué, moins concentré et, surtout, son caractère était bien moins conciliant - doux euphémisme. Il en fournit d'ailleurs un exemple criant lorsqu'il fut contraint de lâcher son arme.
-A quoi ça rime ? cracha-t-il. Si c'est pour essayer de me convaincre que le désarmement est aussi formidable qu'indispensable, laisse-moi te dire que c'est raté.
Quant au fait que son adversaire aurait été en mesure de le tuer s'il en avait eu envie, cela ne parut pas le moins du monde l'émouvoir. Sans doute parce que l'idée qu'un domestique puisse lui faire du mal lui était totalement inconcevable.

HRP : Lupinesque ? Une référence doit me faire défaut...

[Claris de Corvimande]

« 813 » est le titre d'origine d'un roman de Maurice Leblanc, présentement publié en deux volumes : « La double vie d'Arsène Lupin », et « Les trois crimes d'Arsène Lupin ». En plus, c'est l'un des plus sombres de la série, donc ça colle.

Qu'il était mignon dans sa naïveté… Si le reste de la famille avait eu le même genre de confiance, il n'y aurait sans doute même pas eu besoin de monter cette opération.

« Il me semblait vous avoir prévenu que j'allais également attaquer pour voir la façon dont vous vous défendez. En l'état, il me semble important de nous concentrer sur les techniques de parade – naturellement, sans partenaire d'entraînement, vous ne pouviez pas vous y exercer convenablement, malgré votre application. »

Tenir des euphémisme et lui présenter des excuses toutes faites à sa médiocrité : il fallait brosser cet idiot dans le sens du poil. Claris poussa même la diligence jusqu'à ramasser l'arme – pour cette fois. S'il ne bronchait pas trop, quelques explications et exercices de base ne lui seraient pas un luxe…

[Taliesin]

Claris avait manifestement opté pour la bonne tactique. Certes, Godefrey ne perdit rien de sa morgue, ne se priva pas pour récriminer copieusement et pour se fendre de remarques acerbes. Néanmoins, la situation ne dégénéra pas et, bon gré, mal gré, il se plia aux exercices. Le plus surprenant dans tout cela, c'est qu'il avait un certain potentiel et était susceptible d'accomplir de notables progrès pour peu qu'il se montre moins revêche, colérique et imbu de lui-même. Dans l'état actuel des choses, cependant, c'était un élève des plus désagréables.

HRP : Merci pour l'info ! Je ne me souvenais plus du titre original - pour peu que je l'aie un jour connu.

[Claris de Corvimande]

HRP : de rien.

Le fait que plusieurs de ses interlocuteurs auraient ce type de comportement avait, après tout, été anticipé avant le début de la mission, et Claris avait pu s'y préparer : pour l'heure, l'envie de corriger celui-ci était tout à fait contrôlable. Et puisque, contrairement à son frère, il semblait capable de n'être pas trop empoté – ou du moins, d'atteindre des résultats pas trop décevants en un temps plus ou moins raisonnable –, “Gail” fit de son mieux pour lui transmettre les mouvements de base de la défense. Il faudrait sans doute plusieurs séances pour faire en sorte que son épée ne soit pas prête à lui voler des mains à la moindre véritable attaque, mais, après tout, s'il finissait par se montrer à la hauteur, ce ne serait que plus amusant si le moment venait de le tuer à la loyale.
Et dire que, pendant ce temps, comme c'était le cas d'ordinaire en son absence, sa demoiselle de compagnie était sans doute en train de jouer son rôle pour donner le change… Compte tenu d'un certain talent pour la diplomatie et d'une patience à toute épreuve – elle arrivait, après tout, à supporter l'enfant de Reuel tous les jours depuis une bonne quinzaine d'années, ce qui n'était pas rien –, elle aurait sans doute bien mieux réussi à manœuvrer correctement ce gamin.

[Taliesin]

Lequel gamin finit, bien plus tard, par mettre de son propre chef un terme à l'entraînement.
-Il suffit, lâcha-t-il subitement. Ma tolérance a des limites, même pour une première séance, et je suis las de ces parades.
Il laissa chois son arme.
-Nous nous reverrons demain, si tel est mon bon plaisir. Oh, et choisis un lieu davantage ombragé : contrairement au bas peuple, nous autres aristocrates ne passons pas notre temps en plein soleil, car cela nuit à notre teint.
Sur ce, sans lui laisser le temps de répondre, il tourna les talons.

[Claris de Corvimande]

Son teint. Il n'avait qu'à se tartiner le visage de peinture noire, si c'était ce qui le préoccupait le plus…
Claris s'efforça cependant de ne rien laisser paraître de la consternation provoquée par cette dernière remarque, et se contenta de laisser le gosse tourner les talons. Il en avait déjà assez ? Fort bien. Il ne serait jamais un combattant accompli à ce rythme, mais toute tentative de le retenir se serait sans doute soldée par un échec et aurait sans doute réduit à néant le semblant d'autorité – si l'on pouvait dire – acquis durant la séance. Quoiqu'il en dise, le gosse était sans doute bien loin de choisir son emploi du temps selon son bon plaisir. Nul doute que l'information remonterait, d'une manière où d'une autre : si quelqu'un dans cette famille prenait les entraînements martiaux au sérieux, le gosse se ferait disputer par une personne plus qualifiée ; sinon, c'était de toute façon peine perdue.
Pour l'heure, l'enfant de Reuel demeura sans bouger, observant le gamin repartir. Mieux valait attendre qu'il soit hors de vue pour commencer à ranger.

[Taliesin]

Antin se leva à l'approche de Godefrey et échangea quelques mots avec lui. Quoi qu'ils se soient dit, le garde d'honneur ne l'accompagna pas, se contentant de le regarder s'éloigner. Et, finalement, c'est vers Claris qu'il se dirigea.
-Les deux heures n'étaient pas encore écoulées, dit-il d'un ton sévère.
Pas de doute, il jouait son rôle.

[Claris de Corvimande]

Évidemment.

Claris conserva une attitude neutre.

« Messire Godefrey souhaitait s'arrêter là. Puisqu'il s'agissait d'une première séance, destinée en premier lieu à évaluer l'orientation qu'il conviendrait de donner à ces cours, j'ai jugé inutile de le retenir : j'en sais assez pour préparer les séances suivantes, et leur faire durer leur juste temps. »

Pouvait-on, après tout, s'attendre à davantage de la part d'un maître qui n'avait découvert à qui il enseignerait que si peu de temps avant la séance ? Enseigner exigeait préparation.

[Taliesin]

-Il faudra néanmoins que tu parviennes rapidement à leur faire comprendre que c'est toi qui commande, durant ces séances. Sinon, le but recherché ne sera jamais atteint.
Il baissa d'un ton.
-Mais bravo pour ta patience : à ta place, avec pareille carte blanche, je les aurais d'emblée beaucoup plus malmenés.
Antin n'avait pas changé d'expression, en était resté au tutoiement et avait employé des formules relativement neutres. Fort de ces précautions, et puisqu'ils étaient seuls, il semblait estimer pouvoir parler un peu plus librement.

[Claris de Corvimande]

« Concernant le commandement, j'ai malheureusement un handicap… »

Il était cependant trop tard pour remettre en cause les origines roturières de Gail… et quand bien même, compte tenu de l'arrogance de Godefrey, les nobles suffisamment bas placés pour demander un tel emploi – et pour qu'il ait été possible de prendre cette identité sans éveiller les soupçons – n'étaient sans doute pas tellement mieux lotis.

« Mais j'ai bon espoir de parvenir à gagner plus aisément leur confiance ainsi qu'en les malmenant ; et cela me semble essentiel à accomplir la tâche qui m'est confiée. »

Claris adoptait donc le même ton et restait dans son personnage, tout en évoquant leurs buts réels à demi-mots. Manipuler les gamins serait sans doute utile pour contribuer à l'ambiance qu'ils avaient envisagée.

[Taliesin]

-De toute façon, du moment que tu n'oublies pas tes objectifs et que les résultats sont suffisants, tu es libre de tes méthodes.
Il jeta un regard aux environs, revint brièvement à Claris.
-Bonne journée.
Sur ce salut, qu'il n'accompagna d'aucun geste, il pivota sur ses talons et s'éloigna, drapé dans sa dignité de garde d'honneur.

[Claris de Corvimande]

Le moins qu'on pouvait dire était qu'il s'en tenait à son rôle. Néanmoins, cette histoire de liberté de choisir ses méthodes commençait à donner quelques idées à Claris, surtout compte tenu de ce qui s'était passé plus tôt. Il faudrait en parler avec le capitaine.

En attendant, puisqu'il n'y avait plus personne sur les lieux, sans doute était-il temps de démonter le mannequin et de repartir ranger le matériel. Quant à savoir que faire ensuite, il était sans doute inutile de se poser la question : il paraissait assez invraisemblable de se rendre jusqu'aux quartiers de la garde pour remettre ce matériel à sa place sans croiser quelques personnes susceptibles de remettre ces plans en cause.

Tout en manipulant toutes ces armes, néanmoins, il lui vint à l'esprit que, si on lui avait fourni de nouveaux vêtements, les armes qui lui avaient été prises lors de son arrivée au domaine ne lui avaient pas encore été rendues. Peut-être serait-il sage de conserver, en attendant, l'une ou l'autre de celles-ci à portée de main ? Tout dépendait de la rigueur avec laquelle l'inventaire était effectué et du risque encouru à se faire surprendre. Difficile d'évaluer ce second aspect après si peu de temps passé sur les lieux ; mais les rapporter là d'où elles venaient éclairerait peut-être sur le premier point…

[Taliesin]

Claris n'eut pas à quitter le théâtre des entrainements pour croiser quelqu'un. En effet, elle venait tout juste de rassembler son matériel lorsque Herbert fit son apparition. Que son supérieur lui en ait donné la consigne ou qu'il ait endossé ce rôle de son propre chef, il était évident que le garde veillait sur elle en cette première journée d'engagement.
-Tu as survécu, dit-il en la rejoignant. Ce n'est pas un mince exploit... Comment ça s'est passé ?

[Claris de Corvimande]

« Pour une première séance, ça aurait pu être pire… »

Phrase qui risquait, se dit Claris après coup, de lui donner un air trop bravache, même si c'était pour le coup la vérité. Mieux valait donc préciser.

« Messire Tommen est plein de bonne volonté, mais on sent qu'il n'est pas convaincu. Pour ça, j'avoue que je ne sais pas encore ce que je vais pouvoir faire. Quant à messire Godefrey, il a des qualités et pourrait faire un bon bretteur, même s'il faut insister pour le convaincre de l'intérêt de certains exercices, même basiques… Je pense qu'il est en mesure de comprendre les efforts que cela demande en un temps relativement raisonnable… »

Ce qui était censé être l'objectif de Gail.

[Taliesin]

-Je croise les doigts pour que ça se passe comme tu le souhaites. Mais ne vends pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué : il est têtu et d'autres s'y sont cassé les dents.
Il récupéra la quintaine ainsi qu'une partie des armes.
-Quant à messire Tommen, c'est sûr que tu auras du mal à le convaincre de l'intérêt des armes ou des exercices physiques. Et dans le fond, c'est un peu dommage de devoir le changer : on l'aime bien comme il est, nous autres. Mais c'est sans dout pour son bien : en termes de violence et de mauvais coups, les beaux quartiers ont rien à envier aux bas-fonds. Et dans un cas comme dans l'autre, les gens trop gentils ou trop doux font pas de vieux os.

[Claris de Corvimande]

Vous l'aimez bien ? J'ai plutôt eu envie de le cogner…

Il y avait peut-être des choses à ne pas dire. “Gail” hocha donc sobrement la tête.

« Ah, ça, ce serait pour son bien… et je vais faire mon possible, même si ce n'est pas gagné. Son frère, lui, est têtu, certes, mais il est surtout fier. Puisqu'il a la volonté d'arriver à quelque chose, il y a des pistes pour le mettre dans le droit chemin. Mais pour messire Tommen, je ne vois pour l'instant pas trop comment procéder. »

[Taliesin]

-Pas facile, effectivement. Et malheureusement, je n'ai pas vraiment d'idée à te donner.
Une partie du matériel sous le bras, Herbert prit d'un pas tranquille le chemin du retour.
-En fait, je préfère largement ma place à la tienne : c'est clair, net, précis, il n'y a pas de grandes questions à se poser... Enfin, sauf quand des gens sortant de l'ordinaire se présentent aux portes.

[Claris de Corvimande]

Et “Gail” ne se fit pas prier pour accompagner le garde.

« Et ça arrive souvent ? »

Claris se demandait si le travail confié à Antin était aussi routinier que celui du garde. Avoir davantage de liberté devait mobiliser la réflexion en conséquence, mais c'était à son goût plus agréable… et surtout, plus compatible avec sa mission.

[Taliesin]

-De temps en temps. Une famille puissante et en pleine ascension comme les Valombre attire beaucoup de solliciteurs, surtout quand elle dépense et embauche sans compter. Et au milieu des artistes, des marchands, des personnes en quête d'un emploi, on voit parfois se présenter des individus aux profils ou aux demandes particulières. Mon boulot est alors de déterminer si je dois les éconduire sans autre forme de procès ou si cela vaut la peine que j'en réfère au capitaine.
Il sourit.
-C'est la question que je me suis posé ce matin en te voyant débarquer.

[Claris de Corvimande]

“Gail” sourit.

« Merci d'avoir fait le bon choix, au fait. »

S'il savait. Mais si ces visites étaient fréquentes, il y avait sans doute moyen d'en tirer profit d'une manière ou d'une autre – par exemple, pour détourner d'éventuels soupçons concernant les activités qu'il leur faudrait mener. Aussi était-il préférable d'approfondir la question l'air de rien.

« Et dans le genre extravagant, en dehors de moi ? »

Ça semblait une pas trop mauvaise manière de commencer, pour avoir latitude à embrayer par la suite.

[Taliesin]

-Oh, le truc le plus surprenant s'est produit il y a quelques nuits.
Il sourit.
-J'étais de garde avec Wilhelm, c'était presque minuit et on allait plus tarder à être relevés lorsque ça sonne à la porte principale. Comme on nous avait pas informés d'une visite tardive, on a un peu hésité mais on a quand même jeté un regard par le judas. Et là, on découvre un fantôme qui affirme être barde et qui souhaite proposer ses services au maître des lieux. Pour être inattendu, ça l'était !

[Claris de Corvimande]

Un fantôme barde ? Voilà qui n'était pas banal, effectivement ; surtout compte tenu du plan visant à faire croire que les lieux étaient hantés. Mais peut-être n'était-ce pas un hasard, après tout.

« Effectivement, ça, pour le coup, ça devait faire bizarre. »

“Gail” eut un sourire amusé.

« Et vous lui avez laissé sa chance ? »

Le spectacle aurait pu être assez impressionnant.

[Taliesin]

-Eh bien... oui. C'était une visite suffisamment originale pour ne pas se contenter de l'éconduire, d'autant que même si je ne suis pas un spécialiste en fantômes, j'imagine que c'était courtois de sa part de s'annoncer, alors qu'il aurait sans doute pu entrer sans permission... Bref, je suis allé prévenir le capitaine.
Il sourit, mystérieux.
-Et je ne sais pas sur quoi ça a débouché. Alors sois prudent : qui sait si tu ne croiseras pas ce barde spectral au détour d'un couloir ?

[Claris de Corvimande]

« Ça doit valoir le coup d'œil, oui ! »

À ceci près qu'un employé se trouvant être un revenant lui-même, barde qui plus est, était vraisemblablement à même d'en connaître assez long sur les lieux hantés, et par là, de présenter une menace. Il faudrait se renseigner à ce sujet, et, le cas échéant, se débrouiller pour prévenir Antin.
Néanmoins, puisque son interlocuteur avait affirmé ne pas en savoir plus sur le sujet, autant en revenir pour l'instant à leur sujet de conversation d'origine.

« Et il y en a souvent, des demandes de ce genre-là ? »

[Taliesin]

Herbert secoua la tête.
-De cet accabit là ? Non. La plupart de celles qui sortent de l'ordinaire le font à cause du culot ou des mensonges éhontés de leurs porteurs. On a eu par exemple un jeune type se déclarant le meilleur jardinier de tout Dorrandin, un vieillard se déclarant être le roi d'une tribu perdue de Maztica et promettant monts et merveilles si on l'aidait à retrouver son trône, une femme affirmant que son mouflet était rien moins qu'un membre caché de la famille impériale...

[Claris de Corvimande]

« Et une réincarnation de Bhaal ou de Myrkul, ça ne vous est jamais arrivé ? »

Quoique, tout bien réfléchi, si des individus capables d'envisager qu'on put croire à pareille allégation – et qui ne s'étaient pas encore changés en momie, cela va sans dire⁽¹⁾ – avaient décidé de se présenter auprès d'une famille noble, ç'aurait sans doute été plus probablement auprès des serviteurs de Jergal, qui avait autrefois permis à ces êtres aujourd'hui disparu – la mort emportait après tout, même les divinités – d'acquérir leur statut divin, qu'ils se seraient tournés.
Il serait intéressant, de retour en son domaine, d'interroger ses propres gardes sur les visites farfelues qu'ils recevaient. En attendant, semblant retrouver un peu de sérieux après une plaisanterie opportune, “Gail” demanda :

« Et ça arrive souvent, ce genre de… demandes ? »

Simple curiosité bien anodine, après tout.

(1) HRP :

[Taliesin]

-Oui, et même plus souvent qu'on ne pourrait le croire. D'un côté, il y a des gens qui sont des imposteurs professionnels qui tentent leur chance un peu partout et qui arrivent souvent à tirer leur épingle du jeu : on dit que plus c'est gros, plus ça passe, et... ce n'est pas toujours faux. D'un autre côté, tu as des gens qui sont dans une dèche pas possible, qui ont tout essayé sans succès et qui tentent le tout pour le tout...
Ils étaient de retour dans le château et prenaient tranquillement la direction de l'armurerie.

HRP : Joli clin d’œil !

[Claris de Corvimande]

« Ouais, j'imagine. »

Après tout, n'avoir rien à perdre et tenter le coup en conséquence correspondait plus ou moins à la situation de Gail un peu plus tôt.

« Et en moyenne, sur tous les gens qui tentent leur chance, il y en a combien qui rentrent ? »

Tout en parlant, Claris s'efforçait de repérer le chemin qu'ils suivaient. Se repérer dans un domaine de cette taille nécessitait quelques efforts.