[Lieu] Domaine de Claire Combe

[Kasumi]

Marvin se montra attentionné et devançait nombre de ses besoins et désirs comme s’il craignait encore que l’expérience puisse lui être difficile. En quelque sorte, il cherchait à la mettre à l’aise mais aussi à ce que cette première rencontre lui laisse une bonne impression. A cette occasion, Amélie put mieux cerner la personnalité des membres de sa belle-famille : Duncan s’avéra taquin avec son plus jeune frère en relevant certaines de ses initiatives. Sa femme s’avéra plutôt discrète mais se montra tout de même assez curieuse à l’égard d’Amélie. Adara se montrait maternelle envers toute la petite communauté, même envers la famille de réfugiés qui les avaient rejoints. Eskel semblait un peu ailleurs mais se révélait intarissable dès que les conversations revenaient sur les sujets qui le passionnaient : l’exploitation viticole – bien sûr – mais aussi la pèche et les randonnées en montagne.

[Amélie Malone]

Au fur et à mesure, Amélie se détendit. Elle parla de Cojum et de Manost ainsi que du métier de maître verrier conjugué à celui de barde. A un moment, elle fit même une petite démonstration de jonglerie pour amuser les enfants.

Au fur et à mesure et en grande partie grâce à l'attention de Marvin, elle se sentit peu à peu en confiance mais tout de même prudente. Il n'était pas question de commettre un impair maintenant.

[Kasumi]

Mais si impair il devait y avoir, Amélie parvint peu à peu à se convaincre qu'il serait certainement sans conséquence. Elle voyait dans le regard et l'attitude de ses hôtes qu'elle avait fait très bonne impression. En particulier auprès des enfants qui se régalèrent de ses tours et en réclamèrent toujours davantage. Marvin s'était joint à elle pour ponctuer certains de ses numéros de quelques tours de magie mineure. Le récital aurait pu s'éterniser si les parents des jeunes gens ne les avaient rappelé à l'ordre pour ne pas qu'ils s'accaparent leur invitée.

[Amélie Malone]

Amélie avait donc composé avec les grands comme les petits et s'était au final bien amusée. Elle finit par se sentir à sa place et un peu plus à l'aise. Bien sûr, elle ne savait pas de quoi le reste du séjour serait fait mais elle finit par se détendre.

Au milieu de toute cette famille qui n'était pas la sienne, elle se sentit bien.

[Kasumi]

Le repas se prolongea par quelques discussions autour d’un digestif consommé dans le salon mais ne s’éternisa guère : les Claire-Combe avaient pour habitude de se lever tôt et on savait les jeunes invités fatigués par leur voyage. Ces derniers se retrouvèrent donc bien vite à souhaiter la bonne nuit à leurs hôtes. Marvin s’enquit alors des envies d’Amélie pour la fin de soirée. Souhaitait-elle se retirer dans leur chambre sachant qu’elle avait rendez-vous avant l’aube avec sa mère ?

[Amélie Malone]

Amélie n'avait pas sommeil. Du moins pas tout de suite. Elle proposa à son ami de discuter un peu. Alors, elle lui parla de son étrange famille. De l'absence de Morgan, de la présence d'Angèle, de celle d'un père qu'elle espérait vivant, de ses parents adoptifs. Elle se confia comme elle ne s'était jamais confiée à personne. Elle pleura un peu, sourit beaucoup.

A la fin, elle se sentit apaisée.

[Kasumi]

Marvin s'était pour l'essentiel contenté de l'écouter en l'encourageant parfois à s'épancher. Le jeune homme s'était montré - plus que patient et attentif - sincèrement intéressé et honoré qu'Amélie puisse ainsi se confier à lui à cœur ouvert. Evidemment, le contexte de sa rencontre avec sa famille n'était certainement pas étranger au phénomène mais il en était d'autant plus ravi.

- J'espère moi aussi que tu le rencontreras un jour. Et que tu me le présenteras.

[Amélie Malone]

"Merci ..."

Répondit simplement son ami. Elle se sentait beaucoup mieux qu'à son arrivée. Par contre, la fatigue du voyage reprenait ses droits. Elle demanda cependant.

"Tu crois qu'il y a un endroit ici où on peut observer les étoiles ?"

[Kasumi]

Marvin lui retourna un sourire complice et ses yeux brillèrent de malice lorsqu'il répondit :

- Il n'y a pas de plus belle vue que depuis les hauteurs mais on peut déjà monter sur le toit de la distillerie : il y a une échelle très pratique pour s'y rendre !

Et pour avoir entendu toutes sortes d'histoires au sujet de son compagnon et de sa fratrie, Amélie ne pouvait pas douter que Marvin l'avait employée à maintes reprises durant son enfance.

[Amélie Malone]

Amélie ne fit aucun commentaire mais son sourire espiègle parla pour elle. Elle se sentait heureuse, en paix comme s'il lui avait suffi de s'éloigner de Manost pour se sentir chez elle. Quelque part, c'était triste vu que c'est dans cette cité qu'elle avait ses racines. Tant pis ...

Après tout, c'était à elle de décider où elle implanterait les siennes.

[Kasumi]

Avec le temps de leur relation, Marvin avait appris à décrypter ce sourire espiègle et nul mot n'avait plus besoin d'être échangé entre eux. Le jeune homme prit la main d'Amélie dans la sienne et se leva avec entrain. Il la conduisit ensuite - en silence mais sans jamais se départir de son sourire entraînant - vers l'extérieur de la maison d'habitation puis vers l'arrière du grand bâtiment de production de vin. Là, il l'aida galamment à grimper sur une charrette qui permettait d'atteindre une échelle. Marvin se révéla d'autant plus leste qu'il était dans un endroit qui lui était familier. Bien qu'il fut bien moins gauche qu'aux débuts de leur relation, Amélie l'avait rarement vu aussi en confiance.

[Amélie Malone]

Même si elle ne lui en fit pas la remarque elle en fut heureuse. Il semblait confiant, à sa place au milieu de l'endroit où étaient ses racines. Il appartenait à l'endroit tout comme l'endroit lui appartenait.

A sa suite elle grimpa souplement sur l'échelle sans se départir de son sourire.

[Kasumi]

Le jeune homme lui avait ménagé une place sur le rebord aplati du toit et l'aida à s'installer contre lui. Hormis leurs deux respirations légères, le silence était quasiment total, bien plus profond qu'elle ne saurait jamais l'obtenir au cœur de Manost. La voûte étoilée semblait elle aussi dénuée de toute pollution visuelle et le ciel se parsemait déjà de nombreuses étoiles, dessinant quelques constellations reconnaissables.

[Amélie Malone]

Elle passa un long moment à lui montrer les constellations qu'elle connaissait. Elle en profita pour lui raconter les légendes auxquelles elles étaient rattachées. Elle en chanta quelques unes. Sa voix tremblait un peu mais elle se sentait bien et à sa place.

Elle envisagea même à cet instant de laisser son métier de barde derrière pour s'installer de nouveau à Cojum auprès de l'homme qu'elle aimait.

[Kasumi]

Marvin l'écoutait attentivement tout en se laissant bercer par le son de sa voix. Que ce soit grâce à ses talents de barde ou aux sentiments qui les unissaient, le jeune homme était en admiration pour elle et il se contentait d'intervenir pour l'encourager à poursuivre ses histoires ou ses explications. Le temps filait sans doute à en juger par la fraîcheur qui s'était installée mais il n'en avait cure et semblait simplement désireux de profiter de l'instant présent.

[Amélie Malone]

Elle commença à avoir un peu froid et un peu sommeil. Mais elle se sentait bien. L'appréhension de ne pas être acceptée par la famille de Marvin s'en allait doucement, remplaçait par un doux sentiment d'appartenance. Elle aimait ce paysage avec ces coteaux et cette douceur de vivre. C'était un lieu où planter ses racines. Peut-être pas tout de suite, mais cela ne lui faisait plus vraiment peur. Elle ne savait pas grand chose sur son passé, mais elle savait où elle allait.

Et c'était une sensation très douce sur laquelle elle pouvait se reposer.

[Kasumi]

Finalement, la raison finit par les rattraper - comme toujours à l'iniiative de Marvin qui était le moins rêveur et le plus pragmatique de leur jeune couple. Le jeune homme se tenait serré contre elle, lui apportant une partie de sa présence chaleureuse. Il chercha à retenir un frisson puis chercha à faire diversion de sa voix la plus douce :

- Je crois que les étoiles seront encore là demain. En tous cas, la plus belle d'entre elles ! Nous ferions mieux d'aller nous coucher,tu ne crois pas ?

[Amélie Malone]

Amélie sentit Marvin frissonner. C'était le signal pour se replier au chaud. Et son amoureux avait raison : demain, les étoiles seraient encore là.

"Alors descendons, dit-elle avec un sourire, tu sais, j'ai adoré passer cette journée avec toi et les tiens. J'ai été ravie de tous les rencontrer. C'était un moment magnifique et je m'en souviendrai longtemps. Pas toi ?"

[Kasumi]

Marvin aida sa compagne à descendre du toit même si elle était bien plus habile que lui puis il lui sourit et passa un bras autour de ses épaules.

- C'est merveilleux de t'avoir à la maison ! Je me sens un peu bête de ne pas t'avoir présenté plus tôt à ma famille... Mais je suis si heureux que tout le monde t'apprécie et que ce soit réciproque.

[Amélie Malone]

Amélie se serra un peu plus contre Marvin avant de passer son bras sous le sien.

"Moi, je ne t'en veux pas du tout. Nous avons chacun notre rythme. Si tu l'avais fait trop vite, tu n'aurais pas été à l'aise et moi non plus. Donc c'est très bien comme ça alors ne t'en fais pas."

[Kasumi]

Le couple revint lentement vers la maison en profitant quelques minutes encore du chant des insectes nocturnes. Les jardins du domaine avaient un aspect fascinant de nuit comme de jour et s'y promener aurait été tentant s'ils n'étaient pas aussi tiraillés par la fatigue. Marvin mena Amalie jusqu'à leur chambre avant de se déshabiller tranquillement pour la nuit. Il s'était à peine allongé qu'il dormait déjà paisiblement, signe qu'il avait tiré sur la corde pour faire plaisir à sa dulcinée.

[Amélie Malone]

Une fois Marvin endormi, Amélie lutta contre la fatigue, essayant de s'imprégner de l'ambiance et des bruits. Le domaine de Claire-combe semblait paisible, de jour comme de nuit. Demain, si elle le pouvait, elle parcourrait ses jardins, à la lumière du soleil puis celle de la lune.

Elle, elle ... Elle s'endormit sans même s'en rendre compte.

[Kasumi]

Elle émergea de son sommeil dans la pénombre. Il était assurément trop tôt pour se lever et le domaine était parfaitement calme tout comme Marvin à ses cotés. Un coup d’œil vers la fenêtre pour confirmer que la nuit était encore complète lui fit comprendre ce qui l'avait tiré de ses rêves paisibles : une grande chouette parfaitement blanche se tenait dans l'embrasure de la fenêtre et l'observait de ses grands yeux. Amélie n'y percevait aucune menace et l'animal resta parfaitement immobile quand il constata que la jeune femme le regardait.

[Amélie Malone]

Amélie se leva lentement pour ne pas effaroucher l'animal. C'était la toute première fois qu'elle avait l'occasion d'en admirer une d'aussi près. Décidément, Claire Combe était un endroit magique. Elle avança encore un peu puis s'arrêta à une distance respectable.

Elle regrettait juste de ne pas avoir son carnet de croquis sous la main et entreprit de retenir les moindres détails du bel oiseau nocturne qui l'observait. Allait-elle faire quelque chose ou simplement rester là, à l'attendre ?

[Kasumi]

La chouette continua à l'observer de ses immenses yeux jaunes imperturbables alors que la jeune femme s'approchait. Quand, elle s'arrêta, elle s'agita et prit son envol jusqu'à une branche d'un arbre tout proche de la fenêtre. L'oiseau ne semblait pas effrayer par sa présence, bien au contraire : il semblait attendre qu'elle s'approche encore. Voire le rejoigne dehors. Mais était-ce bien raisonnable de sortir à pareille heure pour suivre une intuition ?

[Amélie Malone]

Amélie était une personne optimiste et confiante par nature. Elle avait toujours eu la chance de vivre dans un cocon dépourvu de dangers. Même en voyage pendant son apprentissage, elle avait toujours été entourée. Le domaine de Claire-Combe était un endroit qui respirait la tranquillité. Aussi la jeune femme n'entrevit aucune raison d'avoir peur. Elle sortit donc tout doucement pour ne pas réveiller Marvin et s'approcha de l'arbre sur lequel son occupante nocturne semblait l'attendre.

"Je n'irai pas trop loin, la prévint-elle au cas où elle la comprendrait, il ne faut pas que je me perde."

[Kasumi]

La tenue d'Amélie n'était guère adaptée à une sortie nocturne malgré la relative douceur de la saison. Elle se sentit frissonner au bout d'un court instant mais elle constata que la chouette l'avait attendue. Après avoir rétorqué par un regard interrogatif à sa remarque, l'oiseau s'envola silencieusement tout en prenant garde à rester visible de la jeune femme. Il alla se poser sur le toit qui avait servi un peu plus tôt de lieu d'observation à Marvin et elle. Grimper jusqu'au rapace ne poserait pas de difficulté mais l'éloignerait encore un peu plus de la maison. Une nouvelle fois, l'oiseau plongea son regard intense dans sa direction en signe d'invitation à poursuivre cette étrange escapade nocturne.

[Amélie Malone]

Amélie frissonna et serra les bras autour de sa poitrine pour se donner l'illusion de se réchauffer.

"D'accord, mais tu sais, je ne pense pas que ce soit vraiment raisonnable. Toi, tu peux voler et tu connais cet endroit. Moi, je risquerais de me perdre ou de me faire mal, tu sais ?"

Sans bouger, elle soutint le regard de l'animal, souriant sans s'en rendre compte.

[Kasumi]

La chouette continua à l'observer en retour, la tête légèrement penchée en donnant l'impression de l'évaluer. Au bout d'un moment, elle enfonça son bec dans son plumage en signe d'impatience avant de regarder à nouveau la jeune femme et de s'envoler vers un autre arbre tout proche. Elle semblait attendre à nouveau comme si elle s'attendait à ce qu'Amélie la suive jusqu'aux limites du domaine. Elle se mit même à hululer pour la presser de le faire.

[Amélie Malone]

"D'accord. Tu veux que je te suive, mais attends moi si tu veux bien.", murmura la jeune femme.

Rapidement et sans faire de bruit, elle alla prendre son carnet de croquis et écrivit au fusain un petit mot pour avertir Marvin.

"Mon amour, si tu lis ce petit mot et si tu me cherches, je suis du coté de l'endroit où nous avons observé les étoiles. Je te raconterai. Je t'aime. Amélie."

C'était une mesure de précaution, juste au cas où et elle déposa le mot à sa place à coté de son amoureux. Elle ressortit aussitôt rejoindre la chouette en espérant qu'elle n'était pas partie.