[Bâtiment] Domaine de Hautetour

[Taliesin]

Le soldat haussa les épaules.
-Je dirais pas des masses, même si c'est difficile de te donner une estimation. Les Valombre recrutent beaucoup, c'est sûr, mais ils veulent des gens qui ont de bonnes références : dès lors, pas mal de quémandeurs sont éconduits. Mais s'ils tombent à un moment où il y a un besoin particulier, où une place pour laquelle ils feraient l'affaire s'est libérée... ça peut passer.

[Claris de Corvimande]

Cela semblait néanmoins trop épisodique pour que, en dehors d'un coup de chance particulier, pouvoir rejeter d'éventuelles accusations sur un autre nouveau venu. Tant mieux, en un sens : le tout serait d'éviter les soupçons eux-mêmes, et si les seuls responsables possibles de ce qui allait se passer étaient des gens « de l'intérieur », cela ne ferait qu'améliorer les résultats.

« Oui, j'imagine que recruter n'importe qui ne doit pas arranger les choses, même s'il y a besoin de beaucoup de monde… »

[Taliesin]

-Effectivement : le travail doit être fait, et bien fait, sans quoi il ne faut pas longtemps avant que ça commence à barder. .Vaut vraiment mieux ne pas être pris à paresser, à lambiner, à chaparder ou à faire de la casse, parce qu'en général, il n'y a pas beaucoup d'avertissements avant que les sanctions tombent. Par contre, si on donne satisfaction, il n'y a pas trop de soucis à se faire.
Ils étaient parvenus à l'armurerie et, sans perdre de temps, Herbert commença à remettre les armes à leur place, s'assurant que tout était bien là.

[Claris de Corvimande]

« À ce sujet… J'ai des tâches particulières à accomplir, en dehors des leçons à ces jeunes seigneurs ? »

Le sujet n'avait pas été évoqué jusque là, et mieux valait se renseigner avant que de se voir reprocher ensuite de n'avoir pas accompli des devoirs jusque là inconnus. Deux leçons et surtout leur préparation correcte prenaient un certain temps ; mais cela laissait également suffisamment de temps libre – et les maîtres des lieux pouvaient ne pas apprécier de laisser leurs employés oisifs.

Tout en discutant, Claris aida bien évidemment Herbert à ranger : c'était un bon moyen de mémoriser la place de chaque chose et ainsi de pouvoir les retrouver rapidement en cas de besoin.

[Taliesin]

Mémoriser l'emplacement des différentes armes serait un jeu d'enfant : tout était rangé avec soin et logique, sans doute justement dans le but que personne n'ait à fouiller pour trouver ce qu'il cherchait.
-Hum, si c'est le cas, le capitaine ne m'en a pas informé : faudra en parler avec lui. Mais comme on ne te connait pas encore, je doute qu'on te confie beaucoup d'autres tâches... Après, par contre, on s'attend probablement à ce que tu t'entraînes pas mal.

[Claris de Corvimande]

« C'est de toute façon ce que j'ai l'intention de faire si on ne me demande rien de spécial. »

S'entraîner était après tout une partie importante du quotidien de Claris en temps normal ; ç'aurait véritablement été un rôle de compositon assez curieux si Gail n'en avait pas fait autant. Bien sûr, ce lieu ne disposait sans doute pas d'une salle d'entraînement aussi élaborée que celle qui lui était aménagée dans le manoir de Corvimande, mais on ferait avec.

« Je tâcherai de voir le capitaine dès que possible, au cas où. En attendant, pour l'entraînement, ça se passe comment, généralement, pour la garde ? »

[Taliesin]

-On ne s'entraîne jamais : on est tellement doués qu'on n'a pas besoin de ça !
Herbert sourit.
-Blague à part, on s'exerce soit dans la grande salle d'à côté, soit dans la cour la plus proche. On fait ça par petits groupes, en fonction des astreintes de chacun. C'est donc assez libre, mais comme le capitaine veille au grain, vaut mieux pas jouer les tire-au-flanc.

[Claris de Corvimande]

HRP : mes excuses pour le délai.

Ce serait une occasion de faire connaissance avec d'autres employés, et peut-être de nouer quelques contacts utiles. Voire de gagner du crédit en donnant quelques leçons aux gardes – mais il ne fallait pas se leurrer, ceux employés dans cette maison n'avaient sans doute pas grand chose à apprendre de “Gail” en la matière, au contraire. Plus vraisemblablement, il lui faudrait faire d'autant plus attention à ne pas commettre d'impair.

« Ç'n'était pas dans mes intentions. Je suppose que je tâcherai de m'intégrer dans un groupe d'ici peu. »

[Taliesin]

HRP : il n'y a vraiment aucun souci !

-Si tu veux, et si ça tombe à un moment où tu es libre, je te préviendrai quand j'irai m'entraîner : ça te permettra de rejoindre notre groupe. Mais bien sûr, ça n'est qu'une proposition : je vais pas en permanence rester sur ton dos, rassure-toi.
Le rangement terminé, il s'assura que tout était bien là, bien à sa place.
-Voilà une bonne chose de faite.

[Claris de Corvimande]

« Ça me va. »

Quoique les deux séances de l'après-midi se soient apparemment déroulées sous la seule observation d'un Antin fort peu envahissant, il était loin d'être exclu que “Gail” ne soit pas encore totalement libre de ses mouvements. Les Valombre n'avaient aucune raison de lui faire immédiatement confiance, et, dans leur situation, il valait bien mieux ne pas être trop confiants. Et si tel était le cas, Claris préférait la surveillance d'un Herbert jusque là plutôt sympathique à celle d'un guetteur moins facilement identifié. Et même dans le cas contraire, avoir une tête déjà connue avec soi serait moins gênant que d'intégrer un groupe de parfaits inconnus pour un entraînement.

Concernant le rangement, de Corvimande ne put s'empêcher de penser qu'avoir emporté tant de matériel avait été un gâchis, étant donné l'usage qui en avait été fait. Mais il fallait bien ce qu'il fallait pour une première séance ; les prochaines seraient mieux ciblées.

[Taliesin]

Ils regagnèrent le couloir. En cet après-midi finissant, les quartiers des gardes étaient fort peu animés.
-Alors, tu as des projets pour t'occuper jusqu'à l'heure du repas ? s'enquit Herbert. S'il y a des choses que tu veux voir, je peux te les montrer. Sinon, on peut simplement aller disputer quelques parties de cartes ou de dés dans la salle de détente.

[Claris de Corvimande]

« Là comme ça, je ne vois pas. J'ai déjà eu le temps de faire un bon tour du domaine tout à l'heure… donc va pour les parties. »

Ce serait une manière comme une autre de passer le temps et de faire connaissance avec quelques membres du personnel local. Et de se changer les idées après une rencontre avec des élèves qui n'étaient pas exactement modèles.

[Taliesin]

Elle passa donc l'heure suivante à jouer en compagnie des amis d'Herbert. "Qui se ressemble s'assemble", disait le proverbe et, en l'occurrence, il se vérifiait : les cinq hommes et la femme constituant le petit groupe étaient plutôt du genre joviaux, amicaux, même si deux d'entre eux avaient une agaçante tendance à l'appeler "gamin" plutôt que d'user de son prénom d'emprunt.
Ils venaient tout juste de terminer une partie disputée lorsque Gail fut convoqué en son bureau par le capitaine.
-Alors, comment s'est passée cette première séance ? s'enquit ce dernier.

[Claris de Corvimande]

L'appellation de « gamin » faisait sans doute autant grincer les dents à Gail qu'à Claris : sur ce point, le rôle était facile à tenir. Néanmoins, elle fut acceptée sans histoires – ce n'était pas vraiment le moment.

Le capitaine, pour sa part, eût droit a un récit succinct des deux séances : Tommen ne présentait aucune disposition particulière pour les armes, ou du moins pas assez pour outrepasser son désintérêt, lequel était manifeste malgré sa bonne volonté. Il était effectivement essentiel de l'endurcir, et ce ne serait pas évident – il était inutile de fanfaronner –, mais la bonne façon de faire avec lui viendrait sans doute au bout de quelques séances. Concernant son aîné, il avait naturellement bien plus de lacunes que ce qu'il s'imaginait, et sa tendance à cesser son activité avant le terme de celle-ci – acceptée pour cette fois à titre exceptionnel – n'aidait bien évidemment pas. Toutefois, il apparaissait possible, en dosant savamment les choses entre le prendre dans le sens du poil et le mettre face à ses difficultés, de lui faire prendre conscience du travail à accomplir – qu'il choisisse alors de se mettre sérieusement à la pratique de l'épée ou de se tourner vers la spécialité familiale; ce serait à lui d'en juger lorsqu'il mesurerait l'étendue des efforts à fournir.

« Concernant messire Godefrey, je pense qu'il serait plus aisé d'arriver à un résultat s'il ne s'entraînait pas seul. Officiellement, cela me permettrait de pouvoir observer sa pratique sous un angle que je ne peux adopter si je dois moi-même croiser le fer avec lui. Vis-à-vis de notre véritable objectif, je pense que voir un élève plus sérieux que lui progresser de manière bien plus rapide serait le meilleur moyen de le faire changer d'état d'esprit. »

Restait à espérer que le personnel des Valombre comptait une jeune personne de cet âge qui pourrait être détachée pour participer aux séances – auquel cas, ce serait sans doute l'occasion de nouer suffisamment contact avec pour pouvoir ensuite l'utiliser pour son – véritable – véritable objectif.

[Taliesin]

-En premier lieu, ton constat est plutôt juste, ce qui est encourageant quant à ton sérieux et à tes capacités d'observation, répondit l'officier. Ensuite, concernant ta suggestion... Il y a des pages et des écuyers, en cette demeure, dont plusieurs fort prometteurs avec une arme à la main : il ne sera donc guère difficile d'en trouver un faisant l'affaire pour les séances d'entraînement. Certes, messire Godefrey lui en voudra de le surpasser et cherchera à le lui faire payer d'une façon ou d'une autre, mais nous agirons en coulisses afin que cela ne dégénère pas. Je te ferai donc envoyer le garçon choisi demain dans la matinée.

[Claris de Corvimande]

HRP : ça devrait se stabiliser un peu niveau rythme, maintenant

Ce type d'actions en coulisse serait assurément intéressant à observer. Et le ressentiment de Godefrey envers son rival aurait sans doute des possibilités de répercussions intéressantes. Œuvrer à une tâche en faisant semblant de se consacrer à une autre avait un côté très amusant.

« Dans l'idéal, il faudrait qu'il n'ait pas encore atteint le niveau actuel de messire Godefrey, mais ait les dispositions requises pour progresser aussi rapidement que possible après qu'ils aient croisé le fer pour la première fois. Mais je sais que j'en demande beaucoup. Je verrai ce garçon demain matin ; d'ici-là, y a-t-il d'autres tâches que je dois accomplir ? »

Malgré ce qu'avait dit Herbert, qu'on lui laisse tant de latitude sur ses occupations lui semblait assez peu vraisemblable.

[Taliesin]

Le capitaine secoua la tête.
-Pas dans l'immédiat, non. Cela te laissera du temps pour t'entraîner mais aussi pour réfléchir aux moyens d'endurcir messire Tommen, que ce soit par le maniement des armes ou par d'autres biais : n'oublie pas que tu as carte blanche. Pour le reste, si je ne trouve pas d'écuyer avec un niveau inférieur à celui de son frère aîné, je chercherai du côté des pages : certains parmi eux sont prometteurs, ce qui augure d'une progression rapide.

HRP : Au secours ! Un paladin de Lathandre s'est invité à Melandis - et dans ton dernier post !

[Claris de Corvimande]

HRP : oups ! Confondu Corrigé.

« Entendu. Je vais me concentrer sur ce point, dans ce cas. »

Après tout, Claris avait déjà une idée qui risquait fort de s'avérer très efficace sur la façon d'endurcir le gamin. Restait à voir si massacrer l'ensemble de sa famille sous ses yeux était le genre de choses qu'on avait envisagé en lui donnant « carte blanche ».

En attendant, si le capitaine n'avait rien de plus à ajouter, la salle d'entraînement serait sans doute effectivement sa prochaine destination.

[Taliesin]

Ce fut pour elle l'occasion d'impressionner les gardes présents et d'atténuer, chez eux, le sentiment d'incrédulité qu'avait causé son engagement : la plupart d'entre eux ne lui donnaient pas plus de quatorze ou quinze ans et ne pouvaient donc que s'étonner qu'on l'ait choisi comme maître d'armes, fut-ce pour de petits seigneurs qui n'étaient pas vraiment destinés à la carrière martiale. Ce choix surprenant, d'autres se l'expliquaient en revanche très bien : si cela se passait mal, Gail était sacrifiable, ce qui les amenait à plutôt le plaindre.
Après l'entraînement, ce fut le repas. La cantine dévolue à la soldatesque de la maisonnée était aussi bruyante et animée qu'une salle commune de taverne ; on n'y voyait même quelques disputes, quoiqu'elles ne dégénèrent pas.

[Claris de Corvimande]

Claris fit de son mieux pour leur montrer à tous que, si jeune qu'elle paraisse, la nouvelle recrue avait du répondant. Contrairement à ce feignant de Godefrey, l'enfant de Reuel consacrait une partie importante de son temps à l'entraînement depuis de nombreuses années, et était parfaitement en mesure de démentir ce que sa jeunesse apparente pouvait laisser entendre – ce qui était bien dans ses intentions.

Arriver à la cantine au sortir de la salle d'entraînement était sans doute en mesure de simplifier le choix des places : un groupe formé sur le trajet avait toutes les raisons de ne pas se disperser en arrivant et de prendre le repas en prolongeant les discussions déjà amorcées. Néanmoins, “Gail” chercha des yeux les jeunes gens, de son âge ou approchant, qui pouvaient se trouver dans l'assistance : il semblerait vraisemblablement normal de commencer par là pour nouer connaissance. Son attention se porta également – d'une façon qui, pour ne pas être ostensible, n'était pour autant pas le moins du monde dissimulée – à la gent féminine locale : il fallait bien jouer son rôle.

[Taliesin]

Aucun adolescent dans la salle : les plus jeunes des gardes présents avaient la vingtaine et ils étaient moins nombreux que les trentenaires, signe que les Valombre tenaient à avoir à leur service des hommes d'armes jouissant d'une certaine expérience.
La même répartition d'âge se retrouvait chez les femmes, dont cinq des sept que comptait la garnison étaient pour l'heure attablées dans la cantine. Et, les concernant, force était de constater qu'Herbert avait dit la vérité : on n'avait vraiment pas envie de leur chercher des noises. Si l'on pouvait trouver du charme à certaines d'entre elles, toutes étaient solidement bâties et arboraient volontiers un air farouche. Sans doute cela reflétait-il leur caractère, mais cela devait aussi tenir d'une nécessité lorsqu'on évoluait dans un milieu tel que celui-ci, majoritairement masculin, où les représentantes de la gent féminine risquaient fort d'être ennuyées...

[Claris de Corvimande]

Ce qui simplifiait les choses pour l'instant – aucune raison de ne pas demeurer en compagnie du groupe qui venait de la salle d'entraînement. Par la suite, cela lui fournirait sans doute une raison plus que suffisante pour s'intéresser au reste du personnel – et donc fureter ailleurs que dans les quartiers réservés aux gardes comme semblait l'être cette cantine – sans sembler le moins du monde suspect.

Mais pour l'heure, le plus important à ses yeux demeurait le repas. Claris y fit honneur, tout en s'efforçant de participer aux discussions se déroulant aux alentours. Quoique son talent à l'épée soit sans doute ce qui œuvrait le plus en ce sens, quelques interventions bien choisies dans la conversation pouvaient également grandement aider à contrer le handicap de l'âge pour faire bonne impression auprès de ses nouveaux « collègues ».

[Taliesin]

Elle y parvint assurément avec plusieurs de ses commensaux, lesquels viendraient s'ajouter aux amis d'Herbert avec qui elle avait déjà lié connaissance : voilà qui lui constituerait un premier cercle de connaissances au sein de la garde.
Le repas terminé, l'on se dispersa, certains allant prendre leur service, d'autres ralliant la salle de détente pour y disputer parties de cartes et de dés. Claris était libre de les suivre ou de vaquer à ses propres occupations : la soirée était encore longue.

[Claris de Corvimande]

Claris ne se dirigea pas immédiatement vers la salle de détente. Ce serait vraisemblablement le cas plus tard dans la soirée, mais, puisque le groupe se dispersait, mieux valait en profiter pour retourner explorer un peu les lieux : demeurer parmi les gardes avait son utilité, mais ne suffirait sans doute pas à l'ensemble de sa tâche. Visiter les quartiers réservés aux autres corps de métier ne serait sans doute pas reproché à quelqu'un qui venait d'arriver et ne connaissait donc pas encore bien les lieux – même si ses pas n'avaient pour l'heure aucune direction précise.

[Taliesin]

Après avoir enfilé des couloirs tranquilles, pour ne pas dire déserts, Claris parvint dans une partie beaucoup plus animée du château, à proximité des lieux où vivaient les maîtres de maison. Ceux-ci, ne tarda-t-elle pas à comprendre, étaient toujours à table. En cuisine, l'on mettait donc la dernière main aux plats devant encore leur être servis, mais l'on préparait aussi ceux bien moins élaborés destinés aux domestiques n'ayant pas encore mangé et se tenant réunis dans leur propre cantine. D'autres, déjà sustentés et n'ayant aucun travail à accomplir, profitaient de quelques moments de détente avant de se mettre au lit : pour nombre d'entre eux, la journée commençait tôt, très tôt.

[Claris de Corvimande]

Dans l'immédiat, Claris préféra ne pas s'approcher trop de l'endroit où devait se trouver les maîtres de maison. Étant donné son poste controversé, se faire mal remarquer d'entrée de jeu signifiait très probablement signer sa perte. Pour cette même raison, les cuisines, où le travail en cet instant était particulièrement sensible, était également à éviter.
En revanche, la cantine des domestiques pouvait s'avérer une destination intéressante. Sans s'intéresser le moins du monde aux plats – s'il était possible de s'abstenir avec ostentation de faire quelque chose –, afin de ne pas passer pour quelqu'un qui réclamerait une double dose, il devait être dans ses cordes de rejoindre quelque conversation. Et si quelqu'un s'étonnait de sa présence, l'excuse était toute trouvée : étant donnée la moyenne d'âge de la garde, il n'était sans doute guère surprenant de chercher ailleurs des gens de sa génération. Rôle amusant puisque, sous sa véritable identité, c'était une compagnie dont se priver ne lui posait guère de difficultés.

[Taliesin]

La diversité d'âges au sein de la domesticité "civile" était beaucoup plus grande que dans les rangs de la garde : on y trouvait de tout, depuis les enfants jusqu'aux vieillards. De surcroit, la gent féminine était autrement mieux représentée. Tout se beau monde mangeait avec appétit tout en devisant de sujets ordinairement badins et tournant beaucoup autour de la vie de la maisonnée : dès lors, il n'était pas forcément évident pour Claris de s'y mêler, puisqu'elle n'était pas encore très versée en ce domaine. Heureusement, son arrivée ne passa pas inaperçue, et plusieurs personnes s'empressèrent de lui demander si elle était perdue. On ne sentait chez elles ni méfiance ni hostilité, simplement de l'étonnement de la voir là. Pour le reste, les nouvelles allant fort vite, toutes semblaient parfaitement au courant de son identité.

[Claris de Corvimande]

Davantage de diversité était… reposant, quelque part. Les groupes comme ceux formés par la garde ne dérangeaient pas particulièrement Claris, mais ils ne lui paraissaient pas entièrement naturels pour autant. Entre autres considérations de répartition, et étant donné sa situation personnelle, il lui était difficile de concevoir que les métiers d'épée puisse être à ce point majoritairement constitués de garçons.
Aux questions reçues, sa réponse fut la plus simple et naturelle du monde : non, la disposition des lieux ne lui était plus si mystérieuse ; mais “Gail” souhaitait simplement ne pas se cantonner aux quartiers réservés à la soldatesque, son métier ne s'y limitant pas non plus. D'ailleurs, s'il y avait parmi les personnes lui ayant adressé la parole des personnes plus spécifiquement au service de messires Godefrey et Tommen – tout spécialement ce dernier –, toute information qu'elles pourraient lui fournir l'aiderait sans doute à préparer ses prochaines séances.

[Taliesin]

Par chance pour Claris, l'une des domestiques travaillant pour le cadet des deux frères se trouvait présentement dans la salle et terminait tout juste son repas. Prénommée Louise, plutôt jolie, elle avait un peu moins de vingt ans, des cheveux bruns sagement attachées en queue de cheval ainsi qu'un regard clair et pétillant qui dénotait un caractère plus mutin que ne le laissait supposer tant son apparence que sa mise.
Afin de pouvoir discuter dans de meilleurs conditions, elle l'entraina dans une petite salle située à quelque distance de là et dévolue à la détente du personnel.
-Alors, en quoi puis-je t'être utile ? s'enquit-elle, aimable.

[Claris de Corvimande]

Bonne pioche. Tymora semblait, pour ce soir, de son côté.

« Hum, eh bien, eùh… »

En quelques mots, Claris exposa la situation : le plus jeune des deux frères se montrait appliqué, de bonne volonté, mais son désintérêt était manifeste ; et ce dernier point risquait fort d'empêcher toute forme de progrès – inutile d'indiquer que sa mission était d'endurcir le gamin plus qu'autre chose, et parler de progrès sans davantage de précisions suffirait amplement. Or, éveiller l'intérêt de quelqu'un nécessitait de connaître au moins un minimum ses goûts et centres d'intérêts plus usuelles, et les séances d'entraînement ne se prêtaient guère à des questions à ce niveau. Tout ce qu'une personne extérieure, connaissant bien l'enfant, était en mesure de lui apprendre l'aiderait donc beaucoup dans sa tâche.
Tout en parlant, l'enfant de Reuel s'amusait, par quelques hésitations et jeux de regards, à laisser envisager que Gail puisse être assez sensible à la beauté de la demoiselle. Qui savait ? Cela pourrait donner des résultats intéressants.