[Lieu] Peyregorde

[Kasumi]

Kasumi dégota une petite clairière paisible située non loin de l'orée de la forêt pour y faire une halte. Il eut la surprise de découvrir du bois qui conviendrait parfaitement pour des arcs d'enfants et il en préleva juste assez pour son projet sans risquer de nuire au gisement. Mais avant de s'atteler à cette tâche, il chercha un endroit ombragé où s'installer, Sylvia et lui. Sa compagne était épuisée par la marche et elle avait besoin de repos. Il veillerait sur elle pendant qu'elle se reposait, ainsi qu'ils en avaient eu autrefois l'agréable habitude. Bientôt le son régulier du travail du bois se mêla aux mille et uns sons naturels de la forêt pour bercer la rôdeuse.

[Voyageuse]

Sylvia s'était installée de façon à pouvoir l'observer, mais ses yeux se fermèrent très vite et elle s'endormit en quelques minutes seulement. Il pouvait profiter de la quiétude du moment, de la fraîcheur des lieux, tout en fabriquant un arc -il n'aurait pas le temps d'en faire plus- et en veillant sur sa compagne. C'était un après-midi paisible comme il n'en avait pas connu beaucoup ces derniers jours.
Le temps s'écoula doucement -mais trop vite sans doute. Son calme et son absence de mouvement eurent tôt fait de rassurer les quelques habitants usuels de la clairière : les oiseaux recommencèrent à pépier, un mulot se remit à creuser son terrier, les fourmis reprirent leur procession, deux jeunes lapins jaillirent d'un fourré pour se précipiter vers un autre.... et l'un d'eux stoppa net sa course : un collet venait de lui emprisonner la patte, à une dizaine de mètres seulement de Kasumi. L'autre complètement paniqué, se figea, fixant son congénère avec angoisse.

Edit : désolée du retard, je suis débordée de boulot en ce moment

[Kasumi]

Les habitants de Peyregorde méritaient de manger à leur faim mais le prêtre Mielikkiste en lui n’eut pas le cœur de laisser souffrir le lapin. Il se leva sans mouvement brusque et murmura des paroles apaisantes en un elfique chantant tout en s’approchant de l’animal paniqué. Il fit une pause à quelques mètres de lui pour qu’il s’accoutume un tout petit peu à sa présence avant d’achever son approche. Son intention était de libérer l’animal si possible sans abîmer le collet pour éviter que celui l’ayant posé ne relie le sabotage à son intervention. Et si le lapin paniquait, il était prêt à user d’un sortilège d’apaisement.

[Voyageuse]

Il avait beau afficher tout le calme possible, parler et chanter sur un ton apaisant, la situation était trop anxiogène pour l'animal. Le pauvre lapin était empli de panique. Il eut besoin d'un sortilège d'apaisement pour parvenir à calmer son affolement, avant de pouvoir s'attaquer au collet. L'autre lapin, bien sûr, avait disparu sans demander son reste en le voyant approcher.
Le collet était très simple et il n'eut pas de peine à le défaire sans l'abîmer trop -les dégâts causés, minimes, pourraient être imputés à un animal trop gros pour être piégé. Enfin calme, le lapin se laissa libérer sans se débattre. Peut-être était-il tétanisé par la peur. Puis il resta quelques minutes encore immobile, sans réaliser qu'il était libre. Et il détala subitement. Mais juste avant, Kasumi eut la nette sensation d'entendre un "merci", chuchoté, peut-être soufflé par le vent.

[Kasumi]

Kasumi était ravi d'avoir pu accomplir cette action simple mais charitable. Epargner une vie n'était jamais anodin et il en prit la pleine conscience. C'était là une pensée quelque peu troublante pour le chasseur qui demeurait en lui. Sa nouvelle vocation de prêtrise était-elle de préserver toute vie animale et végétale à l'instar des druides ? Il en doutait car on lui avait toujours enseigné à profiter des bienfaits de Mielikki, à prélever ce qui était nécessaire : ni plus ni moins. Que c'était dans l'ordre naturel des choses. Qu'il s'agissait d'une attitude responsable et de son rôle.

[Voyageuse]

Il ne resta pas longtemps songeur. Un bruit dans les broussailles l'avertit, un peu plus tard, d'une présence. Quelqu'un qui approchait, d'un pas discret mais audible, pour un habitué des bois comme lui. Et la source apparut bientôt, sursautant à la vue du couple dans la clairière.
" Oups.... Hum.... Bonjour.... Je ne m'attendais pas à croiser du monde par ici..."
Plutôt petit et trapu, c'était un homme entre deux âges, les cheveux et sourcils en broussaille. Il portait des vêtements élimés et des souliers solides, ainsi qu'une gibecière d'où dépassait un morceau de fourrure, d'un lapin peut-être. Il était du village, Kasumi se souvenait l'avoir croisé. C'était l'un des bûcherons si sa mémoire était bonne.

[Kasumi]

Le demi-elfe salua le villageois avec affabilité sans se soucier de l'animal qu'il avait déjà capturé : la vie était ainsi faite, il ne pouvait et ne devait pas sauver tous les animaux au risque de s'aliéner les villageois voire de les mettre en danger. Il était important qu'ils puissent vivre en bonne harmonie avec la forêt et ses ressources et un Mielikkiste se devait uniquement d'intervenir quand les prélèvements menaçaient l'équilibre naturel. Kasumi pensa également à s'excuser pour s'être installé sur son terrain de chasse et confia au villageois que la forêt manquait à sa compagne toujours endormie.

[Voyageuse]

Le villageois ne considérait pas les lieux comme "son" terrain de chasse et fut donc un peu surpris des excuses de Kasumi. Il avait été simplement surpris de les voir là, en pleine saison des récoltes : lui-même y passait très souvent sans croiser grand-monde. La plupart de ses concitoyens n'aimaient guère les bois et ne s'y promenaient que pour y cueillir des champignons, ramasser des châtaignes, ou glaner du bois mort, sans jamais s'éloigner de l'orée. Lui connaissait mieux la forêt, à force d'y travailler comme bûcheron. Il confia même qu'il l'aimait bien, cette forêt, malgré sa mauvaise réputation. Il suffisait après tout de ne pas trop s'y enfoncer.
Quant à Sylvia, le bruit des voix la réveilla et elle put se joindre à la conversation, confirmant que la forêt lui manquait. Elle connaissait l'homme de vue, et put l'appeler par son prénom -il avait omis de se présenter, imaginant peut-être que Kasumi connaissait son nom. Il apprit donc que l'inconnu s'appelait Elie. Et qu'il lui était grandement reconnaissant de se préoccuper du problème des loups :
" ... Vous comprenez, même moi qui aime me promener en forêt, je me demandais si c'était prudent, ma femme me reprochait de prendre des risques.... Alors si c'est vrai qu'vous allez les emmener loin d'ici, je trouve ça formidable ! Surtout il ne faudra pas hésiter à demander si vous avez besoin d'aide. Peut-être pour leur faire peur et les convaincre de s'éloigner..."

[Kasumi]

Kasumi était ravi qu'il reste encore quelques villageois attachés à leur forêt et qui ne la voyait pas uniquement comme une menace. D'excellente humeur, il sourit à sa compagne avant de répondre au villageois avec amabilité :

- Votre offre est généreuse. Je ne manquerai pas d'y songer si je rencontre des difficultés. Mais il se pourrait que j'aie besoin de votre aide pour une toute autre chose : nous allons bientôt emménager avec Sylvia et il se peut que j'aie besoin de quelques bonnes volontés et de quelques bras pour placer les meubles les plus lourds.

[Voyageuse]

Le dénommé Elie rit et répliqua avec enthousiasme.
" Oui, je suis au courant. Comme tout le monde ici : c'est pas si fréquent les nouvelles têtes ! Et bien sûr, vous pouvez compter sur mes bras. Pour déménager, évidemment... quoique vous ne devez pas avoir grand-chose comme meuble, vous arrivez juste ?
- J'en ai récupéré... hum... quelques-uns, avoua Sylvia.
- Je vois ! Bon, mais oui, je serai là. Et aussi pour les petits bricolages à faire. Je connais la baraque, l'est pas toute neuve! Elle est saine, par contre, pas humide pour un sou. Mais il doit y avoir des choses à consolider, et je m'y connais, avec mon métier ! Vous emménagez quand ?"
Kasumi remarqua que Sylvia réprimait une grimace.

[Kasumi]

Kasumi répondit spontanément en regardant Sylvia comme pour affirmer une promesse qu'il comptait cette fois tenir sans faute :

- D'ici une veille normalement : les fortes chaleurs seront un peu derrière nous, les villageois seront plus libres de nous aider avec la fin de la récolte et je pense trouver un nouveau foyer pour les loups d'ici là. Ils n'auront pas forcément encore déménagé eux mêmes mais ils n'auront plus vraiment besoin de moi quand je serai parvenu à les convaincre de le faire.

[Voyageuse]

" Mwouais... Je te trouve bien optimiste", fit remarquer Sylvia.
Mais malgré les doutes qu'elle exprimait, elle avait indéniablement le regard qui s'était illuminé subitement.
" Ce n'est pas forcément si simple de les convaincre de déménager, il faudra sûrement y retourner plusieurs fois, à diverses périodes.... Peut-être qu'ils apprécieront l'endroit comme territoire de chasse mais voudront conserver leur abri actuel.
- Ils sont au sud d'ici, si j'ai bien compris ? La forêt est vaste, ils devraient pouvoir trouver plus loin du village.... Mais je vous répète, s'il faut aider à les faire partir, je veux bien aider. Je serai plus rassuré quand ils ne seront plus une menace. Je n'ai pas peur pour moi, bien sûr... Juste pour les gosses et les troupeaux. Il faut les faire fuir loin d'ici, c'est mieux pour tout le monde. On peut faire une sorte de battue pour les effrayer par exemple. Ou vous avez d'autres idées peut-être ?"

[Kasumi]

Il sourit à nouveau à sa compagne, l'air confiant : il faudrait évidemment poursuivre les travaux après leur emménagement et avant l'hiver mais la cabane était déjà quasiment habitable et ils auraient toute la morte saison pour peaufiner les détails même si Martha montrait sur ses grands chevaux à cette idée. Il en revint néanmoins à la question soulevée par Elie et jugea pouvoir se montrer honnête avec lui :

- Je pense être parvenu à gagner peu à peu leur confiance. D'autant que mon compagnon animal s'est joint à eux pour le temps de la médiation. Je préfère éviter de les effrayer tant que ce ne sera pas absolument nécessaire : à long terme, il faudra que je puisse entretenir un rapport avec la meute pour m'assurer qu'elle ne s'approche plus là où cela pourrait nuire.

[Voyageuse]

" Hum....Je comprends oui. Mais j'ai un peu de mal à imaginer qu'on puisse convaincre une meute entière de changer de territoire juste en gagnant leur confiance et en leur montrant où aller. Pour moi, ce sont des bêtes fières et indépendantes, qui ne se laisseront pas mener par un humain. Mais bon, vous avez peut-être des dons en ce domaine qui dépassent ma maigre imagination...."
Il haussa les épaules.
" En tout cas vous savez que vous pouvez compter sur moi. Et je suis ravi d'avoir fait votre connaissance. D'autant que mon fils m'avait parlé de vous, il parait que vous avez promis des arcs à tous les gosses du village..."

[Kasumi]

Peut-être parviendrait-il à la conclusion qu'il fallait effrayer les loups pour les dissuader de rester aussi proches du village mais Kasumi était résolu à garder cette solution comme dernier recours - ou en complément de son plan visant à les amener vers un emplacement plus propice au développement de leur meute.

Maintenant qu'il avait acquis une meilleure connaissance de l'organisation de la meute et des loups à convaincre - le couple alpha mais aussi l'ancienne qui avait contribué à le soigner - il pouvait se servir de ses atouts en tant que rôdeur et clerc : sa capacité à communiquer directement avec les animaux, à comprendre leurs besoins et leurs attentes et à les prévenir du danger qui les menaçait à terme.

Il préféra tout de même suivre Elie sur le sujet plus léger qu'il venait d'évoquer et montra son premier arc terminé. Il n'était clairement pas destiné à convenir à un adulte ou à servir de réelle arme mais l'outil servirait assurément à apprendre les bases de l'archerie aux jeunes candidats.

- J'ai peut-être un peu sous-estimé la tâche mais je compte bien honorer ma parole. Il me semble important que les jeunes apprennent à apprivoiser la forêt comme vous l'avez fait et le tir à l'arc est une bonne motivation pour s'engager sur cette voie.

[Voyageuse]

Sylvia, elle, leva les yeux au ciel, tandis que le bûcheron prenait l'arc pour l'examiner -en connaisseur, apparemment.
" Hum.... A vrai dire, votre fils exagère un peu au sujet de la promesse. Il n'y avait que deux ou trois gosses ce jour-là... J'imagine qu'ils ont un peu déformé les choses.
- A cet âge ils prennent souvent leurs désirs pour des réalités. Pourtant le mien est un peu plus mûr, en théorie : il est à l'âge où ils veulent être pris pour des adultes alors qu'ils n'en sont pas encore. Et puis il a déjà un arc, je lui ai fait quand il était tout gamin. Un peu plus petit que celui-ci... Mais il rêve d'un "vrai" arc fait par un "vrai" archer j'imagine. Il croit que vous allez lui fabriquer une vraie arme ! Et pour avoir essayé, je sais que c'est loin d'être facile. Je n'y suis jamais arrivé. Mais celui-ci, en guise d'arc d'apprentissage, est déjà parfait pour des enfants. Il vaut mieux ne pas prévoir plus puissant !"

[Kasumi]

Kasumi avoua que même s'il affectionnait le travail du bois, il était bien loin d'être capable de confectionner des armes s'approchant de l'arc qu'il maniait lui-même : les façonneurs de telles œuvres consacraient souvent toute une vie pour atteindre une expertise suffisante. Du reste, il avait volontairement fait en sorte que les arcs ne permettent pas aux enfants de provoquer des dégâts, ne serait-ce qu'en les incitant à prendre des risques trop grands pour leur âge. Il était hors de question qu'ils se mettent à s'aventurer dans les bois à la recherche d'on ne sait quoi à occire. Mais ce serait peut-être une bonne résolution difficile à tenir face à une foule juvénile toujours trop enthousiaste.

[Voyageuse]

Il était probable en effet que les élèves de Kasumi aient envie de tester leurs talents en tentant de chasser toute bestiole à leur disposition. Mais les arcs créés par Kasumi ne pouvaient guère faire de mal, heureusement. Les jeunes risquaient simplement d'être déçus.
Elie ne s'attarda pas davantage : il expliqua, en prenant congé qu'il avait encore quelques collets à relever. Il fournissait des lapins à plusieurs voisins apparemment. Une source de viande supplémentaire était loin d'être négligeable pour les agriculteurs. Il renouvela sa promesse de leur rendre service au besoin, tant pour l'installation que pour les loups.
" Un homme sympathique, commenta Sylvia lorsqu'il se fut éloigné. Je l'ai croisé une fois ou deux : c'est le frère d'une des brus de Martha, si je me souviens bien. Elle m'avait dit qu'il était un des rares Peyregordins à apprécier la forêt. Tu pourrais peut-être même le convertir à l'adoration de ta déesse !"

[Kasumi]

Le demi-elfe esquissa un sourire tranquille et déposa un baiser sur les lèvres de Sylvia avant de répondre avec légèreté :

- C’est bon à savoir mais je ne pense pas faire de prosélytisme très actif : je suis clerc, certes, et je serai ravi que quelques villageois assistent à mes offices mais le plus important sera surtout de faire avancer l’idée que les humains peuvent vivre en harmonie et en symbiose avec la forêt. Des personnes comme Elie et Mylène – et toi aussi bien sûr – peuvent évidemment me faciliter les choses !

[Voyageuse]

" Oui, ce seront de bons relais. Mais il faut surtout que tu réussisses à régler cette histoire de loup, dans l'immédiat. Ça vaudra tous les discours ou cérémonies.... Et je suis sûre que tu vas y arriver !" conclut-elle en se haussant sur la pointe des pieds pour l'embrasser.
Elle glissa son bras autour de sa taille pour l'entraîner ensuite un peu plus loin. L'après-midi était bien avancé, mais les jours étaient longs en cette saison et ils avaient encore du temps devant eux. Et elle comptait bien profiter de chaque instant avec lui. Certes, la marche la fatiguait vite et il leur fallait faire des pauses, mais elle était en bien meilleure forme qu'au début de l'été. Son organisme s'était accoutumé à son nouvel état et le bonheur de sentir ce bébé grandir en elle lui donnait une énergie nouvelle. Ou peut-être était-ce le fait d'emménager très bientôt avec son fiancé. Ou de partager une journée entière à ne rien faire hormis profiter de l'ombre bienfaisante de ces bois si accueillants.

Ils ne revinrent au village que peu avant la tombée de la nuit, alors que de bonnes odeurs s'échappaient de chaque maison. Ce qui leur évita très probablement d'affronter le comité d'accueil promis par Sylvia :à cette heure-ci, les enfants étaient certainement en train de manger...

[Kasumi]

Kasumi avait pris soin de récolter assez de bois pour façonner plus tard les autres arcs qu’il avait promis aux enfants. Il venait en tous cas de passer une excellente journée de détente et ce retour à la normalité et à la tranquillité l’avait considérablement ressourcé : assez pour envisager plus sereinement et avec optimisme les échéances qui l’attendaient au cours des prochains jours.

Il devrait probablement se remettre en route dès le lendemain et il espérait que Mylène pourrait l’accompagner mais il ne se ressentait en tous cas déjà presque plus de sa douleur à la cheville. Restait la perspective d’une bonne soirée et d’une nuit de repos aux côtés de Sylvia pour l’enthousiasmer encore davantage.

[Voyageuse]

La nuit fut aussi délicieuse qu'il pouvait l'espérer. Sylvia semblait vouloir être certaine qu'il garderait un souvenir impérissable de leurs trop rares moments d'intimité, et elle joua à la charmer et à le cajoler une bonne partie de la soirée. Elle demeurait cependant fatigable et s'endormit très vite, dans ses bras, comme repue de tendresse et de câlins.
Au petit jour, Martha était déjà debout lorsqu'il se réveilla: elle tenait à lui préparer elle-même un panier de provisions conséquent, et elle devait de toute façon rejoindre les champs de bonne heure pour y travailler à la fraîche. Mylène n'était pas là, mais ils n'avaient pas vraiment pris le temps de définir une heure et un lieu de rendez-vous. Il la trouverait sans doute chez elle, si toutefois elle était parvenue à convaincre sa mère.
Sylvia, quant à elle, dormait encore profondément lorsqu'il termina son petit-déjeuner. Mais le soleil ne tarderait guère à se lever et il ne pouvait pas s'attarder trop.

[Kasumi]

Kasumi déposa une jolie fleur parfumée sur son oreiller et un baiser sur le front de sa fiancée avant de quitter la maison de Martha. Il n’avait d’ailleurs pas manqué de remercier cette dernière pour son attention mais ne la suivit pas vers les champs pour, au contraire, aller frapper à la porte de Mylène : il serait ainsi vite fixé sur sa présence à ses côtés. Il l’espérait sincèrement car il pensait que cela maximiserait ses chances de réussite mais aussi contribuerait à affirmer la vocation et la formation de la jeune femme.

[Voyageuse]

Mylène l'attendait avec impatience, un sac de toile jeté sur une épaule, un carquois et un arc sur l'autre. Sa mère, quant à elle, avait l'air passablement inquiète, pas vraiment ravie de voir sa fille partir, mais elle les poussa rapidement dehors, après avoir ajouté tout de même dans le sac de sa fille une miche de pain, une tranche de pâté et un bon morceau de jambon cru.
" Je n'ai pas trop insisté sur le fait qu'on allait rejoindre la meute de loups, lui confia Mylène une fois qu'ils se furent éloignés, franchissant les portes du village et se dirigeant vers les bois. J'ai plutôt dit qu'on partait explorer les bois vers le sud, pour leur trouver une tanière plus éloignée. L'idée que je me retrouve au beau milieu de leur meute l'angoisse..."
Elle haussa les épaules.
" Pourtant avec vous je ne crains rien ! Je lui ai dit !"

[Kasumi]

Kasumi était soulagé de savoir que la mère de Mylène pouvait se montrer respectueuse des aspirations de sa fille même si elle ne les comprenait pas. Il avait détecté en elle un potentiel qu'il serait criminel et contraire aux préceptes de sa déesse d'étouffer et encore plus dangereux de laisser à l'état brut : la soif d'aventure était souvent trop forte pour dissuader des jeunes gens inexpérimentés de se lancer dans l'inconnu malgré tous les risques que cela impliquait.

Le demi-elfe répondit à sa jeune apprentie qu'il faudrait tout de même se montrer prudent pour ne pas effrayait les animaux qu'ils approcheraient. Il avait toute confiance en elle, bien sûr, mais mieux valait répéter les consignes jusqu'à ce qu'elles paraissent naturelles. Après s'être suffisamment éloignés, il expliqua ses intentions : approcher de la meute pour qu'il puisse entrer en contact avec Première Neige puis partir vers la zone à explorer au sud. Ils devraient bivouaquer de nuit ce qui serait probablement le moment le plus dangereux de leur expédition.

[Voyageuse]

Ils se dirigèrent donc vers la forêt, prenant le petit sentier que Mylène connaissait bien, puis un autre plus étroit bifurquant un peu plus vers l'est. Le soleil était levé, et la brume nocturne qui habillait généralement les profondeurs de la forêt avait disparu. La forêt se fit un peu plus dense, toutes trace de passage humain disparue. Il y avait un ruisseau quelque part, ils entendaient le murmure de l'eau, et c'était un bon guide : Kasumi savait qu'il passait non loin de la tanière.
Mylène, insouciante, avait tendance à deviser gaiement, faisant taire les oiseaux et fuir les petits animaux. Elle eut néanmoins le réflexe de se taire lorsque, à nouveau, les arbres s'espacèrent : la tanière n'était plus très loin. Et Kasumi perçut dans son esprit la présence toute proche de sa louve qui approchait.

[Kasumi]

Kasumi prévint Mylène de sa venue et l'invita à la circonspection tout en prenant les devants de leur expédition en s'avançant quelques pas devant elle : il se pouvait que Première Neige ne soit pas seule et il voulait éviter tout malentendu entre l'humaine et les loups de la meute. Ses sens aiguisés à cet environnement balayaient les bruits de la forêt et ses mouvements pour détecter toute approche de sorte à en prévenir son apprentie. Le moment était important : il allait falloir faire accepter Mylène sur le territoire de chasse de la meute.

[Voyageuse]

La tanière était à une centaine de toises au maximum, et Kasumi savait qu'il y aurait sans doute des guetteurs postés un peu plus loin. Mais Première Neige était seule, et elle s'approcha paisiblement de lui, la queue dressée fièrement ballottant lentement. Elle avait senti sa présence et venait l'accueillir. Elle lui confirma que des guetteurs avaient signalé une approche : elle avait pu leur faire comprendre qu'il s'agissait de lui.
Elle-même n'était pas inquiète de la présence de Mylène, ayant l'habitude des humains, mais Kasumi sentit sa surprise. Elle s'attendait à ce qu'ils partent juste tous les deux à l'aventure dans les bois -ce dont elle semblait se faire une joie- et se demandait quel était le rôle de la jeune fille. Une nouvelle femme de la meute humaine de Kasumi ?

[Kasumi]

Kasumi lui transmit au travers de son lien la joie de la revoir et qui leur était exclusive avant de présenter la jeune femme à sa louve : il tenta de lui transmettre qu’il s’agissait d’une humaine désirant apprendre à vivre convenablement dans la forêt et qu’il lui proposait son aide. Si l’apprentissage était un concept accessible aux loups, il était difficile de lui exprimer les subtilités de la relation qu’il entretenait avec Mylène mais transmettre qu’elle était digne de confiance et de bonne volonté serait un premier pas. D’autant qu’il valait mieux être deux plutôt que trois pour s’aventurer de nuit loin de la tanière : la force du nombre était là encore un concept très fort pour l’espèce de sa compagne animale et il espérait qu’elle approuverait son choix.

[Voyageuse]

Tout ça était un peu compliqué, mais Première Neige était toujours prête à accepter du renfort. Elle savait la force du nombre, la nécessité de veiller à tour de rôle pour se protéger mutuellement. Elle n'avait donc aucune objection à la présence de Mylène, même si elle ne lui montra aucune familiarité, réservant ses marques d'amitié à Kasumi. Mylène les observait d'un air amusé, curieux, et presque envieux.
Puis Première Neige fit demi-tour et leur fit signe de les suivre. Il n'était pas nécessaire, selon elle, de passer par la tanière : elle avait annoncé son départ en expédition, et n'avait pas besoin d'y revenir. Cependant, ils traversaient le territoire de la meute, et étaient proches de leur abri. Aussi Kasumi ne fut-il pas surpris de voir arriver quelques minutes plus tard, face à eux, le mâle dominant accompagné de deux loups. Il venait voir de ses propres yeux ce qu'il en était. Kasumi était connu et le bienvenu, mais Mylène était une intruse. Et Kasumi, à distance, sentait sa défiance.