[Lieu] Commanderie de l'Ordre de la Rose Rubis d'Antelucas

[Althéa]

Rodrigue regarda les deux femmes quelque peu circonspect. Puis il hocha la tête.

"Oui, c'est moi Rodrigue. Je vais bien. Mais toi, qu'est-ce que tu fais là ? Tu connais ma maman ? Moi, je me suis perdu dans la grande maison et je suis descendu parce que quelqu'un m'appelait. Et puis, là, il faisait très froid mais d'autres enfants sont venus se serrer contre moi pour que je sois bien. Alors, je me suis endormi. Mais je vais bien."

[Chandara]

Chandara examina le garçon pour vérifier qu'il n'était pas blessé mais la réponse de ce dernier avait au moins réussi à la rasséréner suffisamment pour qu'elle prenne le temps de le rassurer :

- Oui, c'est ta maman qui m'envoie. Elle s'inquiétait pour toi alors elle m'a chargé de te ramener jusqu'à elle.

Après avoir vérifié une dernière fois que plus aucun danger immédiat ne menaçait ni l'enfant ni Maelys, la paladine rengaina sa nouvelle rapière et adressa un sourire avenant à Rodrigue :

- Ne restons pas ici !

[Althéa]

Maelys un grand sourire aux lèvres rangea ses fioles dans sa besace. Rodrigue quant à lui prit la main de Chandara à laquelle il semblait vouer une confiance totale. Ils allaient s'en aller quand une voix douce interpella la paladine.

"Chandara, attends !"

En se retournant, la jeune femme vit les silhouettes lumineuses des enfants dont l'âme avait été libérée à la mort de l'esprit. Le plus grand d'entre eux lui demanda.

"Veux-tu t'avancer vers nous ? Nous aimerions te faire un cadeau avant que tu t'en ailles."

[Chandara]

La paladine se sentait fière en cet instant. Fière d'avoir réussi à terrasser le mal ancestral qui se tapissait dans cette maison. Fière d'avoir accompli la volonté de sa déesse en libérant les âmes innocentes des enfants et en restaurant une partie de la beauté de l'orphelinat. Fière de ne pas décevoir les attentes de ses frères et sœurs de la Commanderie pour sa toute première mission. Fière d'avoir rendu son sourire à Maelys. Et enfin, fière de susciter la confiance du petit Rodrigue.

C'est donc en souriant sans retenue qu'elle se tourna vers l'origine de la voix. Elle ne pouvait pas refuser l'offre généreuse même si elle s'estimait déjà amplement comblée de bienfaits pour ce qu'elle avait accompli. Elle se pencha néanmoins vers Rodrigue en lui demandant de l'attendre juste un instant puis elle obéit à l'injonction du petit fantôme.

[Althéa]

Les petits fantômes se rapprochèrent de Chandara et l'entourèrent en joignant leurs mains mais elle ne ressentit aucune peur. Au contraire, elle fut traversée par une multitude de sentiments heureux. Elle réalisa que chaque enfant lui faisait cadeau d'un souvenir de bonheur afin qu'elle l'emporte avec elle. Peu à peu, une douce lumière baigna la paladine et elle se sentit changer. Elle se sentit plus assurée, plus forte, plus sage et en meilleure santé. Elle eut également la conviction que la voie qu'elle avait empruntée au service de Sunie était la bonne. Elle se sentit aussi plus belle, plus fière d'elle qu'elle ne l'avait jamais été et plus amoureuse encore.

Puis un à un, les enfants disparurent en un ultime sourire. Seule demeura la lumière autour de Chandara pendant quelques instants.

hrp : Chandara vient de passer à la version 5

[Chandara]

La jeune femme s’abandonna complètement à cette expérience en sentant que telle était la volonté de Sunie et que les âmes des petits étaient devenues les émissaires de sa déesse. Cet instant de communion parfaite lui sembla bien trop court mais elle en sortie irrémédiablement changée et confortée dans ses choix.

Il venait de se produire l’exact inverse de ce qu’elle avait ressenti en étant coupé de Helm : elle ressentait à présent tout l’amour d’une déesse qui comptait sur elle et l’accueillait avec bienveillance parmi les heureuses élues dignes de la servir.

Chandara ne mesurait pas les changements profonds qui venaient de s’opérer en elle mais elle était certaine d’avoir franchi une étape inédite qui était la suite logique de l’Appel auquel elle avait répondu en venant à Antelucas et lui ouvrait un nouveau monde de possibilités.

Avec sa toute nouvelle assurance et un enthousiasme sans bornes à l’idée des découvertes qui l’attendaient encore, la paladine se tourna à nouveau vers Rodrigue et Maelys. Sa mission les concernant n’était pas tout à fait terminée car elle devait encore les escorter vers leurs proches. Quant à son service pour Sunie, il ne faisait manifestement que commencer.

[Althéa]

Chandara, Maelys et Rodrigue retrouvèrent donc Eli un peu plus loin dans le couloir. Et si elle ne posa pas de questions, elle fut heureuse de les revoir. Quand elle sortirent du manoir, le soleil matinal éclairait la plaine devant eux. Un jour nouveau commençait. Maelys ouvrit sa besace et contempla les fioles dans lesquelles une perle noire brillante palpitait.

Le même jour, Rodrigue retrouva l'abri des bras de sa mère et de sa soeur prévenus à la hâte. Chandara avait accompli sa mission. Eli lui demanda alors.

"Que vas-tu faire maintenant ?"

[Chandara]

Chandara avait été heureuse d’assister aux retrouvailles entre l’enfant et sa mère et d’avoir partagé une partie de cette joie. Maelys et Elie avaient même accepté de les accompagner jusqu’à la Commanderie où s’était déroulé ce bel instant d’amour maternel.

Les yeux encore embués de la fierté d’avoir brillamment accompli sa première mission au sein de son Ordre, la paladine sourit à la question de son amie Manostienne :

- Je vais faire mon rapport à Sire Imlerith, pour commencer. Puis je reprendrai ma formation : il me reste encore énormément à apprendre et il ne faut pas se reposer sur mes succès. Si je travaille assez dur, on me proposera certainement d’accomplir d’autres missions pour l’Ordre.

Son regard se perdit quelques instants dans ses songes et son sourire se fit plus tendre :

- Puis, à l’automne, quand mon Arthur sera rentré de sa mission, je solliciterai une permission à Luménis. Et vous, vous allez repartir vers Manost, j'imagine ?

[Althéa]

Chandara vit Eli lever la tête vers Maelys qui secoua la tête.

"Il nous reste le dernier Père à pourfendre."

Malgré le ton assuré de sa voix, la paladine sentit que cette perspective ne la satisfaisait pas complètement. Quelques temps auparavant, elle l'aurait sûrement vécu comme un but de vie. Désormais, quelque chose avait changé. Elle soupira avant de se reprendre.

"Peut-être que l'on se recroisera un jour ... En attendant, je te souhaite tout le bonheur possible."

[Chandara]

Sans lui laisser le temps de se dérober, Chandara donna une accolade à Maelys et lui répondit d'une voix douce et confiante :

- J'espère qu'Elie et toi le localiserez sans peine et que vous trouverez tout le bonheur que vous méritez toutes les deux sur le chemin. Dans tous les cas, la protection de l'Ordre vous est acquise si vous avez besoin d'aide pour combattre ce mal et détruire les trois Pères.

Elle sourit à nouveau et ajouta d'un ton enjoué :

- Dans tous les cas, j'ai le sentiment que nous nous reverrons vite : les événements ont montré qu'une mer ne suffit pas à nous séparer tout à fait et je suis certaine que nous nous recroiserons. N'hésitez pas à m'écrire ici pour que je sache comment vous progressez !

[Althéa]

Maelys sourit plus franchement cette fois. Un instant, Chandara vit la jeune femme qu'elle serait quand cette chasse aux spectres serait finie. Elle redonna une accolade à Chandara et recula pour laisser passer Eli qui serra à son tour la paladine dans ses bras avant de lui chuchoter.

"Nous nous sommes croisées de nombreuses fois par hasard. Donc je sais que nous nous reverrons de nouveau. Porte toi bien, vis, profite. Maintenant, tu as trouvé ta voie."

hrp : si tu veux, on peut conclure là-dessus

[Chandara]

HRP : un grand merci à toi pour t'être occupée de ma Chandara pour cette quête et cette phase importante de son parcours.

La paladine avait rendu son étreinte à sa vieille amie en se joignant à son souhait de la revoir. Elle s'était également réjouie de constater que Maelys commençait à croire en son propre avenir et se plaisait à penser que la jeune femme trouverait enfin le bonheur qu'elle avait occulté pour mener son existence austère et marquée par le devoir. Après ces effusions, Chandara avait laissé ses amies reprendre la route qui les mènerait au port d'Antelucas puis bien au-delà puis elle s'était elle-même tournée vers la grille ouverte de l'enceinte de son foyer.

Le retour de Chandara à la Commanderie fut l’occasion d’une fête improvisée au cours de laquelle elle fut l’invitée d’honneur. Son Ordre était soudé comme une fraternité et les succès des uns étaient partagés par tous tout comme la responsabilité de l’un d’entre eux rejaillissait sur chaque membre de l’Ordre.

Comme sa toute première mission avait été couronnée de succès, la paladine reçut nombre de compliments et d’encouragement, quitte à la faire rougir de plaisir. Elle n’échappa pas non plus à une tradition locale qui voulait que chaque paladin compte aux autres son aventure de la façon la plus avenante possible. Elle se prêta avec joie à cet exercice, la boisson aidant à chasser ses dernières inhibitions à parler en étant le centre de l’attention.

Elle n’omit pas l’aide qui lui avait été apportée par ses amies de Manost ni la façon mystique dont les fantômes des disparus s’étaient manifestés pour la guider dans sa mission. Son récit était teinté d’optimisme et d’espoir quant à la possibilité de délivrer les lieux de leur malédiction et de ramener les victimes innocentes dans la lumière et sous la protection de Sunie.

Elle aborda aussi les découvertes qu’elle avait pu expérimenter au cours de sa quête, la façon dont elle avait senti son lien avec leur déesse se renforcer. Ce n’était pas de la prétention, juste la joie de partager avec ses amis et ses pairs le bonheur qu’elle en éprouvait.

La veillée se poursuivit fort tard, comme bien souvent quand l’occasion en était donnée aux Sunites. Mais elle finit tout de même par rejoindre ses quartiers car demain serait un nouveau jour plein de défis et de découvertes inédites.

[Chandara]

Même si Chandara avait vécu une expérience unique qui lui était propre, elle apprit que tous les autres paladins expérimentés de la Commanderie avaient senti leur lien avec Sunie se modifier au cours des derniers jours. C’était déstabilisant bien plus qu’inquiétant et cela avait renforcé leur esprit de corps car ils partageaient une expérience commune et voulue par leur déesse.

C’est donc, tous ensembles, qu’ils se retrouvèrent après leurs ablutions, leur prière et leur petit-déjeuner pour éprouver les nouvelles sensations qui leur étaient offertes. Pour cette première séance, l’aide d’un prêtre de leur foi vint leur prêtre assistance pour convoquer des créatures célestes puis des fiélons mineurs. Sire Imlerith, qui dirigeait l’exercice, leur demanda à chacun de tenter de les détecter et d’éprouver ses limites. Chandara s’y prêta de bonne grâce et n’eut aucun mal à ressentir la présence tantôt agréable et bénéfique et tantôt dérangeante. A chaque fois, elle fut capable d’évaluer précisément la distance et le nombre de créatures que le prêtre invoquait pour elle et ses compagnons.

En milieu de journée, Sire Imlerith décréta une pause pour permettre à chacun de se reposer et se restaurer mais rendez-vous leur était donné dans l’après-midi pour de nouvelles découvertes. Cette fois, il serait question d’une discipline dans laquelle la jeune paladine excellait : l’art de la guérison.

[Chandara]

Cette fois, les paladins quittèrent la Commanderie pour se rendre en ville à cheval, une activité que Chandara appréciait particulièrement d’autant plus que les sorties en groupe étaient rares. Leur arrivée avait été prévue et ne passa pas du tout inaperçue par les Anteluciens – souvent les plus jeunes – qui sortirent dans les rues pour assister au cortège de leurs protecteurs.

Au-delà de ce simple plaisir de renouer avec la population qui les admirait, les Sunites avaient pour mission de se rendre au principal dispensaire de la cité. Sire Imlerith voulait qu’ils fassent bon usage de leurs pouvoirs de guérison et c’était une occasion unique de les tester après les récents bouleversements qu’ils avaient tous expérimentés.

Ainsi, Chandara – tout comme ses confrères et consœurs – se vit confier plusieurs malades ou blessés et leur fit profiter de son pouvoir d’imposition des mains. Il lui suffisait de se concentrer pour détecter les maladies qui les affectaient et les traiter en consacrant une partie de l’énergie divine dont la gratifiait Sunie. Elle eut le plaisir de soigner trois malades et deux blessés avant de devoir se contenter de soins plus conventionnels pour des contusions plus légères.

L’un dans l’autre, elle quitta le dispensaire fière de ce qu’elle pouvait accomplir et soulagée d’avor pu s’adapter aux changements récents qui avaient affectés tous les paladins.

[Chandara]

Le lendemain et les jours suivants fut principalement consacré aux entraînements d’escrime. La jeune paladine avait eu des difficultés à s’adapter au style si particulier des Sunites mais, avec le temps, ses efforts avaient payé et elle se sentait désormais bien plus à l’aise avec cette forme d’escrime basée sur la rapidité et la fluidité. Son agilité naturelle l’avait certainement bien aidé à se soustraire du style rude et brutal qui était en vogue dans son ancien Ordre.

Et là encore, les changements qu’elle avait ressentis lors de sa mission à l’ancien orphelinat avaient laissé des traces : elle se sentait bien plus en adéquation avec sa nouvelle arme et les arabesques aériennes qui étaient à la base de cette escrime. Ce style commençait à s’imposer naturellement à elle à tel point que le maître d’armes en chef vint la trouver pour lui proposer de changer de groupe d’entraînement : elle se joindrait désormais aux paladins les plus expérimentés où son talent et sa rapidité pourraient s’épanouir pleinement.

Chandara en ressentit une grande fierté et fut la première à arriver à l’entraînement et souvent la dernière à le quitter au cours des jours bénis qui suivirent.

[Chandara]

Les paladins de l'Ordre de la Rose Rubis étaient les protecteurs par excellence des terres environnant la cité d'Antelucas - en particulier pour faire face aux menaces surnaturelles. Un vigneron local fit donc appel à eux quand il fut confronté à un problème de monstres qui avaient envahi sa cave. Chandara et un autre paladin plus expérimenté furent désignés pour enquêter et mettre un terme à la menace empêchant l'artisan d'accéder à ses tonneaux et ses cuvées.

La jeune femme aimait s'entraîner au sein de la commanderie mais ces missions étaient tout de même des pauses bienvenues durant lesquelles elle pouvait affirmer pleinement la vocation qu'elle avait embrassée. En fait de monstres, les deux paladins ne furent pas trop de deux car ils découvrirent un important foyer de mort-vivants menés par un vampire inférieur.

Chandara dut faire appel aux pouvoirs de sa déesse en complément de ses talents martiaux et à l'aide de son confrère pour venir à bout de cette engeance maléfique. Agissant en synergie, l'un des deux combattants divins renvoyait les créatures, détruisant les plus faibles et forçant les autres à reculer pendant que l'autre engageait les petits groupes ou pourfendait les monstres isolés. Alternant les rôles, la jeune femme se réjouit de pouvoir travailler en équipe et mettre fin au mal qui souillait sa contrée d'adoption. Pour venir à bout du vampire, la paladine en appela à Sunie pour bénir son arme et inonder les lieux de lumière qui l'assistèrent dans son assaut final.

Victorieux et indemnes, les deux paladins retournèrent à la Commanderie avec les remerciements chaleureux du vigneron ainsi qu'une caisse de son meilleur vin à partager avec leurs compagnons de l'Ordre. Cela tombait à merveille : une grande fête était prévue pour le lendemain et ses victuailles agrémenteraient le banquet.

[Chandara]

Ce matin-là, Chandara se leva plus tôt et avec un sourire encore plus radieux qu’à l’accoutumée. En ce jour allait se dérouler une des cérémonies les plus sacrées pour son Ordre, une de celles qui cimentait encore un peu plus les liens existant entre les différents paladins qu’il comptait en son sein.

Yvan - le plus âgé des novices avec lequel Chandara avait fait une partie de ses classes – allait prêter serment auprès de la Dame et rejoindre l’Ordre de la Rose Rubis comme elle avait été la dernière à le faire avant lui. C’était une occasion d’autant plus spéciale pour la jeune femme qu’elle allait participer activement à la cérémonie en tant que plus jeune paladine titulaire. Elle ne se sentait pas vraiment nerveuse à cette idée car elle avait répété maintes fois avec Dame Priscilla jusqu’à connaître parfaitement son rôle.

Elle se sentait heureuse que leur communauté compte bientôt un nouveau membre à part entière et bientôt elle ne serait plus la cadette de la famille. Ce serait le cas dès que Sire Yvan aurait déclamé ses vœux devant l’autel de Sunie et en présence de tous ses pairs. Chacun allait sortir sa tenue de cérémonie pour cette occasion et la fête qui se déroulerait ensuite durant la soirée et une bonne partie de la nuit. La journée allait être longue. Mais elle allait surtout être heureuse car bénie par leur déesse.

[Chandara]

Les paladins n’étaient pas que de simples combattants comparables à des chevaliers. A l’instar des prêtres de leur foi, ils pouvaient manier une parcelle de l’énergie divine octroyée par leur déesse pour les aider dans leur mission. C’était d’autant plus vrai depuis les récents changements qui les avaient tous affectés et leur entraînement s’en trouvait affecté.

Chandara n’avait jamais vraiment fait l’expérience des sorts divins avant de se lier à Sunie. C’était une expérience galvanisante mais déstabilisante que d’apprendre à s’en servir, y compris en situation de stress.

La paladine avait commencé par les sortilèges les plus simples qui complétaient à merveille son champ des possibles. Mais elle savait devoir poursuivre ses études et ses efforts pour maîtriser les plus complexes qui étaient à sa portée. Si se battre était devenu une seconde nature, maintenir suffisamment de concentration en pleine action pour bénéficier des bienfaits de Sunie demandait bien plus de talent.

Chandara n’était pas du genre à baisser les bras quand il s’agissait de surmonter les difficultés et elle ne manquait pas une occasion d’affiner sa pratique de la magie. Elle se sentait à chaque fois plus proche que jamais proche de la déesse qu’elle vénérait quand elle sentait l’énergie divine se diffuser au travers d’elle ou de son épée. C’était avant tout pour cela qu’il était si difficile de rester concentrée sur sa tâche plutôt que de se laisser absorbée par la vénération et l’amour qu’elle éprouvait.

Il lui fallut plusieurs semaines pour se familiariser avec les premiers sorts qu’elle avait appris à utiliser pour l’aider dans son combat contre le mal, galvaniser ses compagnons ou faire éclater la vérité mais elle savait qu’il y avait encore bien plus de mystères restant à découvrir. Des mystères qu’elle entendait explorer pour la plus grande gloire de la Dame et de son ordre sacré.

[Chandara]

Chandara sut immédiatement que la journée allait être particulièrement belle. Elle s’était éveillée en pleine forme après une nuit réparatrice peuplée de doux rêves. Lors de sa traditionnelle prière matinale, elle avait reçu une vision de sa déesse et avait immédiatement su interpréter son message : une paladine émérite ne devait pas rester seule dans son combat pour défendre la beauté.

Il était donc temps pour elle de trouver un compagnon de route. D’abord un brin décontenancée, la paladine s’était ensuite vue mener un rituel hors de la Commanderie et avait tout de suite su ce que Sunie attendait d’elle. Elle avait préféré emporter son petit-déjeuner pour se mettre immédiatement en quête de la clairière aperçue dans sa vision.

Après une heure de marche, elle avait atteint son objectif mais il lui fallut dix minutes de plus pour mettre tous les éléments en place pour mener le rituel d’un sortilège qu’elle ne s’était jamais osé à essayer jusque-là. Une fois qu’elle eut terminé de mettre en cercle plusieurs bougies à encens et de petites offrandes, elle s’assit et se mit à prier Sunie pour solliciter une aide dans sa mission à son service.

La jeune femme se sentit aussitôt transportée ailleurs. Il s’agissait toujours de la même clairière mais il y avait tout de même de nettes différences : les couleurs en étaient plus intenses, l’air plus doux, les sons plus harmonieux, les fragrances des parfums plus entêtants. Chandara ne s’était pas attendu à cela mais elle ressentait une confiance totale : de tels phénomènes étaient forcément le fait de sa déesse aussi ne craignait-elle rien.

Elle se leva pour se mettre en quête de la résolution de ce mystère et se sentit irrépressiblement attirée vers un espace fleuri qu’elle apercevait au loin. Ne résistant pas à cette attraction, elle se mit en chemin sans faire attention au fait qu’elle se retrouvait pieds nus : le gazon était de toute façon suffisamment doux et soyeux pour qu’elle ne ressente que du plaisir à marcher ainsi vers sa destination…

[Chandara]

Chandara pénétra avec pondération dans un magnifique champ de coquelicots qui n’était pas sans lui rappeler quelques souvenirs de son enfance à Cojum. Elle prit un moment pour l’admirer tout en se demandant pourquoi sa déesse l’avait guidé dans ce lieu.

La jeune femme poursuivit tout de même sa promenade, attirée par le chant de l’eau s’écoulant dans un ruisseau en contrebas. L’eau y était si claire et fraîche qu’elle ne résista pas à l’envie d’en prendre un peu au creux de sa paume pour s’en délecter. Elle en ressentit aussitôt des bienfaits allant au-delà de ses espérances, confirmant que ce lieu n’était pas tout à fait naturel.

Elle s’avançait dans le ruisseau pour y tremper les pieds quand elle entendit un son familier derrière elle : celle du pas tranquille d’un cheval qui s’approchait. Craignant d’avoir commis un impair et prête à s’excuser auprès du cavalier, Chandara se retourna immédiatement avant de se figer dans son élan.

En face d’elle se tenait le cheval le plus magnifique qu’il lui est jamais été donné d’admirer. En comparaison, même les montures de la Commanderie lui semblaient banales. De peur d’effrayer le noble animal, la jeune femme n’osait plus esquisser le moindre mouvement et elle alla jusqu’à retenir son souffle quand il s’approcha d’elle, s’avançant à la limite du ruisseau.

Plutôt que de s’abreuver, la monture dirigea sa tête vers elle et se mit à renifler puis lécher sa main. Emue au possible, Chandara sentit des larmes couler sur ses joues mais retrouva le contrôle de ses mouvements et osa tendre son autre main pour dispenser une timide caresse à l’animal. Celui-ci approuva son geste d’une bourrade amicale puis en lovant sa grosse tête sur l’épaule de la jeune femme.

Après ce premier contact, la jument à la robe champagne ambrée et la paladine ne se quittèrent plus au cours des heures qui suivirent. Et quand Chandara sentit que le moment était venu de quitter ce lieu merveilleux, elle n’était plus seule car la jument la suivait maintenant partout et semblait même comprendre ses paroles.

C’est ainsi que Chandara fut liée à son destrier répondant au nom de Lune de Miel.

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