[Lieu] Peyregorde

[Kasumi]

Cela expliquait au moins pourquoi les soldats n’avaient pas regagné leur abri comme ils l’auraient dû même si cela ne rendait pas moins stupides les réactions que le demi-elfe avait pu observer, consterné, lors du combat de la veille et ses suites immédiates.

C’est néanmoins d’un ton plus neutre et posé qu’il répondit à Joris :

- Je vais voir ce que je peux faire avec votre blessé : mes pouvoirs de guérison ne seront pas suffisants s’il y a une fracture mais je m’y connais en premiers soins et je pourrai le soulager un peu de toute façon.

Une chose était certaine : le détachement était bien trop diminué pour poursuivre ses recherches et Kasumi espérait que les soldats en conviendraient.

[Voyageuse]

" C'est aimable à vous", répondit Joris en le précédant à l'intérieur de la grotte.
Mylène et l'autre soldat blessé -Lucas- préférèrent rester dehors plutôt que de se faufiler par l'étroite ouverture. Lionel sortit, ainsi que Joris, pour le laisser seul avec le blessé.
Celui-ci était à demi allongé au fond. Sa cheville avait enflé, mais Kasumi ne diagnostiqua qu'une bonne entorse, ainsi que des contusions et écorchures. Rien de très grave. Ses pouvoirs de soin n'en viendraient peut-être pas totalement à bout, mais il serait sur pieds dans deux ou trois jours.
" Glisser dans une crevasse, maugréa-t-il lorsque Kasumi eut terminé. Avec tout le temps que je passe dans les bois.... J'ai vraiment été en-dessous de tout ! Enfin, l'essentiel c'est qu'on l'ait eu, ajouta-t-il en désignant le malarite, attaché dans un coin de la grotte. Sans se faire bouffer par l'aut'monstre..."

[Kasumi]

Kasumi esquissa un sourire rassurant puis utilisa un sortilège de soins sur la cheville et prodigua au soldat quelques conseils :

- Cette capture est une belle réussite dans ces conditions et vous avez survécu à la nuit : ce n’est pas un mince exploit par ici. Je vais vous faire un bandage serré pour votre cheville mais vous ne pourrez pas forcer dessus pendant une demie veille. Cela devrait néanmoins tenir si vous vous contentez de marcher directement jusqu’à l’orée de la forêt. Vous avez un prisonnier à livrer à la justice et il y a fort à craindre que le loup-garou cherche à nouveau à vous le reprendre. Mylène et moi vous escorterons si c’est bien là votre intention.

[Voyageuse]

Son interlocuteur hocha la tête, et répondit à voix presque basse, réalisant que le prisonnier était proche. Et même s'il semblait dormir, il écoutait probablement.
" Oui, c'est ce qu'on va faire. On est deux à être trop diminués pour affronter le monstre. Même avec votre aide, ce serait trop risqué. Mais une fois qu'on l'aura escorté... Il faudrait qu'on voie si votre louve peut le pister, je suppose. Mais vous pensez qu'il nous faudra des renforts, qu'on ne peut pas se contenter de lui tendre un piège ? Une fosse, je ne sais pas..."
Jetant un coup d'oeil en coin au prisonnier, il ajouta.
"On devrait plutôt en discuter dehors. Avec les autres."

[Kasumi]

Kasumi convint également que c’était la meilleure chose à faire. Non pas seulement pour éviter que le prisonnier n’entende ce qu’ils prévoyaient de faire : lui-même était encore indécis sur la conduite à tenir et cela lui laissait un instant de plus de réflexion. Escorter les soldats jusqu’au village le plus proche avec leurs deux blessés et leur prisonnier était la bonne chose à faire et il n’y avait pas à hésiter mais il n’était pas certain de poursuivre ensuite avec eux.

Il avait lui aussi une mission à accomplir et il ne pouvait pas la repousser éternellement pour poursuivre une chimère. La seule chose qui était certaine était que sa louve n’accepterait pas d’aider les soldats s’il ne se joignait pas à leurs efforts.

En fait, la suite dépendrait en partie de la décision que pourrait prendre Mylène : si elle préférait rentrer par la route jusqu’à Peyregorde, il ne chercherait pas à la retenir et se sentirait peut-être plus libre d’agir contre son ancien ami. Mais c’était une forme de trahison qu’il ne se résolvait pas à commettre sans y avoir mûrement réfléchi.

[Voyageuse]

Le reste du groupe, dehors, discutait avec animation. Mylène, un peu à part, observait les hommes d'un air dubitatif. Elle s'était installée suffisamment près pour entendre leur paroles, mais ne semblait pas vouloir s'en mêler.
" Pour vaincre un loup-garou, il faut des armes magiques, semble-t-il, résumait le chef du groupe. Et il est peu probable qu'on en trouve dans le village, ajouta-t-il avec un regard vers Joris qui confirma d'un signe de tête avant de préciser :
- On a quelques projectiles à efficacité renforcée, un ou deux arcs aussi....
- Donc en résumé, soit il faut se procurer des armes et trouver du renfort, ce qui nous ferait perdre du temps et sa trace peut-être, soit on trouve un moyen autre que les armes... Pensez-vous cela possible ? questionna-t-il en se tournant vers Kasumi.

[Kasumi]

Kasumi avait une longue expérience de la chasse et de la traque aussi répondit-il avec assurance, loin de ses atermoiements concernant les actions qu'il entreprendrait lui-même :

- Cela me semble extrêmement risqué : le loup-garou n'est pas une simple bête, il est rusé comme un homme. De plus, ce specimen est très expérimenté et agile : la plupart des pièges ne feraient que le ralentir. Alors, si vous n'avez pas suffisamment d'armes pour l'achever ou même vous défendre, vous essuierez des pertes, à n'en pas douter.

Il marqua une pause pour que ses paroles marquent les esprits avant d'ajouter d'un ton plus conciliant :

- Il serait peut-être plus facile de trouver de l'argent pour en sertir vos épées : un simple bijou ou une boucle de ceinture pourrait suffire à un bon forgeron de village.

[Voyageuse]

" On a un forgeron au village...., acquiesça Joris.
- Ça suffirait ? Juste de l'argent ?"
Le chef du groupe -Lionel- avait l'air un peu dubitatif. Quant à Lucas -le plus jeune du groupe, descendu de sa monture-, il semblait particulièrement intéressé.
- Mettre un peu d'argent.... où ça ? Serti dans la garde de l'épée ? Je ne vois pas comment ça peut être utile... Ou faut-il le fondre pour en recouvrir la lame ? On risquerait de perdre en solidité et en tranchant...."

[Kasumi]

Kasumi répondit aussitôt qu'il suffisait d'une très fine couche d'argent pour recouvrir la lame : pas assez pour faire lui faire perdre en solidité mais assez pour que les blessures subies par le loup-garou ne puissent pas se soigner instantanément. Cette matière bloquait en effet les pouvoirs de régénération des lycanthropes. Toutefois, sachant le sujet sensible pour son apprentie, le demi-elfe chercha à rapidement passer à un autre sujet :

- Nous sommes encore loin de la lisière et le prisonnier ainsi que les blessés vont nous ralentir. Si vous avez déjà mangé, je suggère de nous remettre tout de suite en route. Nous pourrons aviser de la situation dans un endroit plus propice.

[Voyageuse]

Le chef du groupe haussa les sourcils, un peu dubitatif.
" Plus propice ? Pourquoi ? L'endroit où nous sommes ne vous semble pas sûr ? Vous craignez qu'il ne nous attaque ?
- Peu importe, il a raison, le coupa Joris. On en a pour plusieurs heures pour atteindre la lisière, surtout avec un prisonnier et deux blessés pas tout à fait remis. On ferait mieux d'avancer. On bavardera mieux au coin d'une table chez la Biloute, croyez-moi."
Le garde haussa les épaules, sans insister. Bien qu'il se revendique comme étant le responsable de l'expédition, il ne semblait pas y avoir de lien de subordination formel entre Joris et lui.
" D'accord, allons-y. Je m'occupe de surveiller de près notre prisonnier, avec Lucas. Lucas, va donc le chercher... Joris, je suggère que vous chargiez de l'avant-garde avec Tom. Même s'il y a peut-être moins de risque en pleine journée... Messire Kasumi, voulez-vous bien à nouveau vous charger de l'arrière-garde ?"
Il sembla à Kasumi que Mylène avait un regard assassin en direction du chef de l'équipe, et qu'elle marmonnait quelque chose, mais il ne sut pas quoi. Sa jeune apprentie croisa les bras, l'air revêche, semblant attendre qu'on décide de son rôle à elle.

[Kasumi]

Kasumi préférait tenir à l’œil Mylène dont il n’était pas du tout certain de l’état d’esprit et des intentions. Dans cette optique, il se disait aussi que la meilleure chose à faire pour tenter de l’apaiser était de lui proposer de rester avec lui en arrière-garde. Peut-être Mylène se sentirait ainsi plus libre d’échanger quelques mots avec lui et de livrer ce qu’elle avait sur le cœur. Dans tous les cas, ils ne seraient pas trop de deux à surveiller leurs arrières et à prévenir d’une attaque qu’il jugeait probable.

[Voyageuse]

Mylène le suivit à l'arrière-garde sans même qu'il eut à le suggérer. Elle resta muette un long moment, tandis qu'ils cheminaient le long d'une étroite sente. Ils avaient rapidement quitté la zone rocailleuse pour revenir à des bois denses. Les fourrés étaient impénétrables pour leur groupe : une monture, deux blessés légers et un prisonnier compliquaient la tâche. Même Première Neige préférait rester à proximité et les suivre à distance. Mais Joris connaissait bien les rares sentiers qui permettaient d'avancer, et, malgré les détours, Kasumi constatait qu'ils avançaient peu à peu vers le sud-ouest.
Bien que le secteur soit particulièrement sombre et lugubre, Première Neige ne semblait pas y déceler de menace particulière, ni animale, ni autre. Il la devinait tendue, attentive, mais elle ne donnait pas de signe d'alerte. Lui-même ne distinguait rien non plus : son champ de vision était limité par les fourrés et par la présence de Mylène juste devant lui, mais il savait utiliser ses autres sens. Il n'entendait rien, et même si son instinct l'avertissait de rester sur le qui-vive, il ne ressentait pas la présence de menace immédiate.
L'étroitesse du sentier les obligeait à avancer en file indienne, sans pouvoir discuter, ce qui semblait fort bien convenir à Mylène. Mais elle s'arrêta soudain, et se tourna vers lui, l'air grave.
" Je crois qu'il faut que j'essaie de revoir Yvan. Peut-être que je peux l'aider à se souvenir de ce qu'il était...."

[Kasumi]

La jeune femme s’était certainement attendu à un refus de considérer sa position mais Kasumi se surprit lui-même en abondant dans son sens. Dès qu’il l’eut fait, il eut la conviction profonde d’avoir pris la décision la plus appropriée :

- Je le crois aussi. Peut-être pas pour lui – car les espoirs de réussite sont probablement inexistants – mais au moins pour vous. Peut-être seulement pour lui dire adieu. Si vous ne le faites pas, vous le regretterez longtemps en vous ayant l’impression de n’avoir pas tout tenté. Et mon devoir est clair : je vais vous accompagner pour minimiser les risques et pour tenter de le ramener dans la lumière. La seule chose que je vous demande en retour, c’est de vous préparer à l’échec s’il doit advenir.

[Voyageuse]

La jeune femme le fixa d'un air complètement abasourdi.
" Vous.... vous êtes d'accord ? C'est vrai ? Oh...."
Elle fronça les sourcils.
" Vous êtes sûr ? Vous ne pensez pas que.... que c'est imprudent, trop dangereux, absurde ou je-ne-sais-quoi ? Puis... j'voudrais pas vous mettre dans la mouise.... je sais bien que vous vous croyez obligé de veiller sur moi, mais.... vous êtes pas obligé."

[Kasumi]

Kasumi esquissa un sourire sans joie avant de répondre à voix suffisamment basse pour ne pas être entendu par les soldats :

- C’est imprudent, c’est évident. Mais c’est important. Et rassurez-vous, je ne fais pas ça uniquement pour vous-même si je ne prends pas ma responsabilité à la légère. Je le fais aussi parce que c’est le crédo que je défends : les Mielikkistes s’occupent des menaces qui pèsent sur les bois mais je préfère éviter de tuer si je peux l’éviter, si je n’ai pas envisagé toutes les autres options. Cela ne signifie pas que j’épargnerai le loup garou. Mais je lui donnerai une chance – ainsi qu’à vous – de trouver une autre issue. Nous allons escorter les soldats jusqu’à l’orée de la forêt puis nous repartirons sur ses traces.

[Voyageuse]

Le sourire qui illumina le visage de la jeune femme valait tous les discours.
" Merci, murmura-t-elle. C'est.... inespéré.... et surtout très gentil à vous."
Devant eux, la colonne poursuivait sa route, et ils s'étaient quelque peu laissés distancer. Les gardes semblaient commencer à s'en inquiéter.
" Avez-vous besoin d'une pause ? leur lança Lionel.
- Non, non, assura Mylène sans laisser à Kasumi le temps de répondre. On arrive!
- On s'arrêtera bientôt. Le passage s'élargit un peu plus loin, d'après Joris, et il y aura de l'eau. On pourra faire halte pour déjeuner"

[Kasumi]

Le sourire de Mylène lui fit plaisir mais Kasumi redoutait que la jeune femme doive bientôt déchanter. L’un dans l’autre, il avait mesuré le pour et le contre et il avait été sincère : il était important que son apprentie tente cette approche – quitte à échouer – sinon elle resterait à jamais sur sa frustration et en développerait un ressentiment. Cela dit, provoquer cette rencontre serait dangereux et n’aurait rien de facile : il faudrait tendre un piège ou une embuscade à Yvan, ce qui ne renforcerait pas sa disposition à parlementer.

Mais pour l’heure, il fallait aussi qu’il parvienne à se concentrer sur sa mission : conduire les soldats à l’abri et les convaincre qu’il était mieux qu’il reparte sans eux avec son apprentie. Décidément, la diplomatie n’était pas sa tâche de prédilection !

[Voyageuse]

Ils firent halte peu après. Ils avaient bien avancé, malgré la difficulté du sentier, et les gardes paraissaient plus détendus. Kasumi ne ressentait plus ici l'atmosphère délétère de la forêt.
" Nous serons sortis des bois dans deux bonnes heures, expliqua Joris. On est presque revenus en milieu civilisé!
- Et vous en êtes satisfait, bien sûr", lança le prisonnier en crachant par terre.
Il avait retrouvé un peu d'assurance au cours du trajet. Il avait été forcé de marcher un moment, enchaîné à l'un des gardes, tandis que Tom reposait un moment sa cheville douloureuse en s'installant sur la monture. Cette semi-liberté semblait lui avoir redonné un peu d'énergie, au point de faire quelques commentaires acerbes sur les paroles banales échangées.
Les gardes ignorèrent totalement son intervention. Seule Mylène sembla y accorder un peu d'attention, mais elle calqua son attitude sur celle du groupe et ne dit rien, elle non plus.

Joris s'efforçait de partager équitablement le peu de provisions qu'ils avaient encore.
" Au village, il y a une petite auberge, expliqua-t-il à Kasumi. Ils nous trouverons quelque chose à manger, même au milieu de l'après-midi. Et puis, il faudra qu'on discute de la suite...."
Il semblait très désireux d'en discuter tout de suite, mais un coup d'oeil au prisonnier lui fit refermer la bouche.

[Kasumi]

Kasumi était lui aussi pressé d'évacuer cette difficile question mais n'était pas fâché de pouvoir reconstituer une partie de leurs réserves au village. Il faudrait ensuite probablement repartir immédiatement pour ne pas risquer que les soldats insistent pour les accompagner. Ou pire, les devancent. La lisière de la forêt n'était pas si dangereuse pour qu'il craigne d'y emmener Mylène apès la nuit tombée. Il comptait de toute manière attendre qu'ils se soient débarassés du prisonnier pour livrer ses intentions au garde.

[Voyageuse]

La pause ne s'éternisa pas. Le village était proche et cette perspective donnait des ailes à leurs compagnons. Seul le prisonnier avait le visage sombre et l'envie manifeste de faire durer leur séjour dans les bois. Mais, de nouveau sur la monture, il était bien forcé de suivre le rythme.
Ils reprirent la route le ventre un peu moins vide, et ne tardèrent pas à rejoindre un secteur plus humanisé. On devinait les traces du passages d'humains. Le sous-bois était nettoyé de ses branches mortes, les fruits et champignons moins nombreux. On entendait, non loin, le bruit de deux haches qui se répondaient.

Ils rejoignirent un petit sentier, puis un autre plus large, et finirent par déboucher à la lisière des bois. La vue qui s'offrit à eux rappelait à Kasumi ce qu'il avait laissé derrière lui à Peyregorde, ou, plus proche, le village de Respelm : un petit amas de maisons de bois, entouré d'une clôture, trônant sur une toute petite éminence au milieu des prés et des champs cultivés. Leur équipage attira l'attention des hommes qui travaillaient aux champs, mais la présence de Joris, et quelques explications que Kasumi n'entendit pas, suffit à satisfaire leur curiosité.

Il n'y avait pas vraiment de gardes à l'entrée du village, mais un homme en tablier de cuisine sortit d'une bâtisse pour venir à leur rencontre et serra vigoureusement la main de Joris, saluant de façon plus distante les autres gardes.
" Alors, vous avez arrêté un suspect ? s'enquit-il en avisant le prisonnier. Et.... ramené en sécurité deux voyageurs, je présume ?, ajouta-t-il en regardant Mylène et Kasumi.

[Kasumi]

Kasumi aurait pu se vexer de cette erreur le concernant mais il prit la remarque avec philosophie. Après tout, il y avait bien longtemps que ses bois ne comptaient plus vraiment de défenseurs. Le demi-elfe répondit avec diplomatie que lui et son apprentie avaient fait un brin de route avec l'escouade de gardes car il était plus prudent de voyager ainsi.

Il attendit que Joris et les gardes prennent leurs dispositions pour le prisonnier avant d'aborder la question de ses intentions. Il allait proposer de partir en éclaireur avec sa louve et Mylène afin de remonter la piste du loup garou. Restait à les convaincre qu'il était inutile de les accompagner pour le moment.

[Voyageuse]

L'homme qui les avait accueilli avait probablement une fonction de bourgmestre ou quelque chose d'approchant. Il indiqua aux gardes une petite bâtisse de plein pied, toute proche, dont une des fenêtres était garnie de barreaux. Joris, connaissant les lieux, les entraîna à sa suite, après avoir attaché leur monture à un anneau dans un mur. Mylène et Kasumi, quant à eux, furent invités à longer le mur en question pour contourner le bâtiment duquel leur hôte était sorti.
" Passez par la grande porte, dites à la Biloute que c'est Georges qui vous envoie. Je suis le cuisinier. Vous devez avoir faim... Et sûrement soif aussi. On a de la bonne bière et de quoi grignoter. Je vous rejoins dans dix minutes, le temps de finir de préparer le pat'ia du dîner."

[Kasumi]

Kasumi commençait à avoir faim étant donné le rationnement auquel il s’était astreint depuis la veille. Il ne doutait pas que c’était aussi le cas de Mylène aussi entraîna-t-il cette dernière sans attendre dans la direction indiquée. Avec de la chance, ils pourraient y acheter des vivres pour la route en plus de consommer leur repas.

Concernant ce dernier, ce n’était pas seulement une façon de remettre à plus tard sa conversation avec les gardes : reposés et bien nourris, il sentait que tous auraient les idées plus claires. Et plus conciliantes.

[Voyageuse]

Le bâtiment ne méritait peut-être pas vraiment le nom d'auberge, vu sa toute petite taille. On entrait dans une salle commune semblable à celle de n'importe quelle grande ferme, à peine plus grande, où se trouvait une unique table pouvant accueillir une bonne vingtaine de convives. A l'extrémité se trouvait une sorte de comptoir de bar, en bois, masquant l'accès à la cuisine.
Une femme imposante vint les accueillir, l'air un peu revêche. La mention du nom de George suffit à la dérider et ils se trouvèrent bientôt attablés devant une miche de pain, du fromage, un peu de jambon et et de la bière brune. Le dîner ne serait prêt que dans une bonne heure, mais ils avaient de quoi tenir en attendant.
Les soldats ne tardèrent guère à les rejoindre et s'installèrent sans façon à leurs côtés, visiblement affamés.

[Kasumi]

Kasumi ne se priva pas de cet encas bien mérité mais il finit par se lever, peu après l’arrivée des soldats, pour demander à la tenancière s’il était possible de se ravitailler. Quelques vivres non périssables agrémentés de viande ou de fruits ne seraient pas du luxe pour les jours à venir. Il vint ensuite reprendre sa place à côté de Mylène et annonça, tout de go, qu’il avait l’intention de repartir pour localiser la piste du loup garou tant qu’elle était fraîche. Et, pour tenter de couper court à toute protestation, il ajouta :

- Mylène et moi seront discrets et prudents. Prenez le temps de vous équiper aujourd’hui et nous vous laisserons une piste que vous pourrez remonter pour nous rejoindre.

[Voyageuse]

" Mais enfin, vous n'y pensez pas ! C'est beaucoup trop dangereux !, s'exclama Joris.
- Vous nous reprochiez de ne pas faire le poids, de ne pas être prêts, mais vous êtes seul avec une jeune fille inexpérimentée... C'est bien pire !
- Certes, c'est un atout pour la discrétion, tempéra Tom. Mais s'il vous repère... vous êtes morts. Et il saura remonter votre piste bien mieux que nous...
- Je suis déjà équipé de flèches spéciales. Je devrais vous accompagner, proposa Joris.

[Kasumi]

Kasumi laissa chacun s'exprimer pour leur permettre d'évacuer leur frustration puis choisit d'intervenir pour répondre à Joris qui lui avait offert un nouvel argument :

- Joris, vous êtes le meilleur pisteur après moi. Il est donc important que vous restiez avec le second groupe. Vous pourrez aisément retrouver les indices que je vous laisserai et remonter notre piste.

[Voyageuse]

Joris ouvrit la bouche pour répondre mais Tom le devança :
" Je serai capable moi aussi de suivre votre piste, s'il vous accompagne.
- Oui mais vous êtres blessé, rétorqua Mylène qui se mordillait la langue depuis le début de la conversation pour s'empêcher d'intervenir.
- Je serai remis d'ici un jour ou deux.
- Pourquoi ne pas simplement charger votre louve de suivre sa piste ? intervint Lionel. Nous n'aurions plus qu'à la rejoindre d'ici deux jours. J'ai entendu dire qu'un rôdeur sait toujours rejoindre son familier...

[Kasumi]

Kasumi préféra répondre sur ce seul point pour mieux valider les arguments de Mylène concernant Joris et Tom :

- C’est vrai jusqu’à un certain point : il y a une limite de distance au-delà de laquelle les sensations sont trop étouffées pour être fiables. Et un rôdeur travaille en équipe avec son compagnon animal : nous devons donc y aller ensemble.

Il marqua une pause et chercha à laisser une ouverture aux soldats pour qu'ils acceptent plus facilement son plan :

- Ecoutez, je sais que vous avez une mission et qu'il vous tient à cœur de l'accomplir. Mylène, ma louve et moi nous vous y aideront. Mais il est toujours moinss dangereux de suivre ses propres méthodes : en groupe, je ne peux pas garantir que personne ne sera blessé et je ne veux donc pas avoir cette contrainte.

[Voyageuse]

" Hum... Vous êtes en train d'insinuer que nous serions une charge ?
- Ou enfin... une source d'inquiétude supplémentaire ?"
Joris avait un sourire amusé aux lèvres, mais Lionel, qui commandait le groupe, semblait un peu vexé.
" Je ne vois pas pourquoi vous seriez plus en sécurité à deux qu'à six ! Le risque de blessure est le même, et même plus important puisque vous serez des proies faciles. Mais bon, si vous voulez n'en faire qu'à votre tête..."
Il enfourna rageusement un morceau de fromage dans sa bouche, et n'ajouta rien.