[Lieu] Dans la forêt maudite

[Voyageuse]

HRP : j'avais loupé ton message, désolée.... L'alerte mail n'a pas fonctionné

L'enfant, tout d'abord, ne bougea pas, se contentant de la fixer d'un air craintif. Il la vit lever la tête vers l'ombre blanchâtre qui se tenait aux-dessus d'eux, et fit de même, avant tourner à nouveau son regard vers Eldrina. Il semblait hésiter. Puis, sans un mot, il se retourna vers l'arbre qui dissimulait la créature blanche -la rôdeuse reconnut un chêne-, et leva le bras, montrant d'un doigt blanchâtre une tâche sombre, un peu au-dessus de sa tête. Il s'agissait en réalité d'une cavité dans le tronc de l'arbre, vers laquelle se dirigea l'ombre blanche. Elle disparut à l'intérieur quelques instants puis en ressortit, avant de bondir au sol, se dissimulant derrière le pied de l'enfant fantôme. Celui-ci recula de quelques pas, laissant le champ libre à Eldrina si elle voulait s'approcher. Il semblait avoir aussi peur d'un contact physique qu'elle-même.

[missElder]

HRP : pas de souci, ce n'est pas comme si je postais à un rythme frénétique par ailleurs !

Elle était plutôt rassurée par la tournure que prenaient les éléments : le petit fantôme semblait non seulement la comprendre, mais en plus, vouloir coopérer - clairement, il avait besoin de quelque chose, ou que quelque chose soit révélé. Et son attitude craintive le rendait relativement inoffensif ; s'il semblait aussi effrayé, cela signifiait qu'il ne se considérait pas lui-même comme une menace pour elle ou Bran. Bien sûr, elle n'allait certainement pas relâcher sa vigilance pour autant, mais c'était plutôt encourageant.

Elle s'avança lentement vers la cavité qu'il lui avait désignée, veillant à ne faire aucun geste qui pût l'effrayer encore. Elle allait regarder dans la cavité, mais si quelque chose lui semblait étrange, elle demanderait l'aide de Bran avant de plonger sa main pour saisir les dieux seuls savaient quoi. Pas de folies, c'était la devise de cette journée.

[Voyageuse]

Le fantôme ne bougea pas d'un pouce tandis qu'elle s'avançait. Il ne la lâchait pas du regard. La petite ombre blanche, ne tenant pas en place, bondit à nouveau vers le tronc de l'arbre, lui coupant la route et se réfugiant dans les branches. Le voyant d'aussi près, il lui sembla reconnaître un petit mustélidé, peut-être une belette ou une hermine. Sa queue était trop fine pour être celle d'un écureuil, malgré son habileté dans les branchages. Elle semblait craintive et guettait le moindre de ses mouvements.
Le creux dans le tronc d'arbre se révéla, au premier coup d'oeil, contenir un fouillis de branchages derrière lequel elle devina le corps en voie de momification d'une belette des neiges, ou peut-être une hermine. Son pelage quittait le blanc immaculé de l'hiver pour se couvrir de tâches brun-roux, signalant qu'elle était morte au début du printemps. Au maximum une décade plus tôt. Son trépas semblait nettement plus récent que celui de l'enfant. Il semblait ne rien y avoir d'autre.... mais elle finit par discerner un petit cri aigu semblant provenir de l'intérieur du tronc.

[missElder]

Une belette ou une hermine, décédée récemment. Était-ce donc là l'origine de ce petit spectre agité qui semblait bien appartenir - ou plutôt avoir appartenu - à la même famille d'animaux ? Quoi qu'il en soit, le petit cri ne lui semblait pas laisser beaucoup de doutes : il y avait encore un animal vivant dans ce tronc. Un des petits ?

Le mystère de la mort de l'enfant ne s'en trouvait pas le moins du monde explicité, d'autant que l'animal était clairement décédé bien après lui ; mais pour l'heure, chaque chose en son temps. Si c'était bien un des petits qui se cachait là, c'était un miracle qu'il ait survécu seul. Et sinon, eh bien, elle aviserait.

Elle émit quelques sons rassurants pour attirer l'animal et ne pas l'effrayer. S'il ne réagissait pas et ne semblait pas agressif, elle tendrait la main pour l'attraper et le sortir au grand jour.

[Voyageuse]

Il n'y eut pas de réponse à ses tentatives de communication. Aucun mouvement. Le petit fantôme blanc perché dans l'arbre l'observait. Celui de l'enfant également. Aucun d'eux ne bougeait.
Derrière le corps momifié du mustélidé, elle devina la silhouette blanche et brune d'un tout petit animal craintif et maigre, probablement de la même espèce, qui recula tout au fond du trou, inquiet, pour tenter de lui échapper. Il ne semblait pas agressif, juste apeuré. Le trou n'était pas très grand, et, outre le petit animal et le corps de la belette, elle aperçut une autre minuscule carcasse sans vie. Il y avait aussi quelques déchets, des écorces de glands ou de châtaignes récemment ouvertes.
Puis le fantôme de belette -ou d'hermine- descendit subitement le long du tronc, s'engouffrant dans le trou au moment où elle s'apprêtait à y plonger la main. Il était exactement de la taille de l'animal momifié : c'était probablement son fantôme. Il effectua d'étranges cabrioles dans le trou, se précipitant vers l'animal apeuré puis vers la sortie, puis recommençant son manège. Le petit animal -son bébé?- ne semblait pas en avoir peur, au contraire : rassuré, timidement, il finit par s'approcher de l'entrée de la cavité. C'est alors que le fantôme bondit hors du trou.... pour se percher sans crier gare sur l'épaule d'Eldrina. La rôdeuse ne ressentit qu'une sensation étrange, comme si on lui avait versé un verre d'eau glacé sur l'épaule. Il n'avait visiblement pas d'intention belliqueuse.

[missElder]

La rôdeuse avait observé le manège du petit fantôme, intriguée. Est-ce que, depuis tout ce temps, elle était restée là, sous forme spectrale, pour élever son petit ? C'était plus que surprenant, et elle n'était pas tout à fait sûre de saisir le pourquoi du comment - mais ce qui était sûr, en revanche, désormais, c'était que les petits animaux ne lui voulaient pas de mal - et qu'elle ne venait pas de perdre la moitié de son essence vitale au contact de la créature fantomatique. Le petit s'avança, timide, vers l'entrée, et Eldrina manqua sursauter lorsque le fantôme de sa mère lui bondit sur l'épaule ; elle se contint de justesse, ne voulant effrayer aucun des protagonistes de cette étrange affaire. Le petit allait-il bien ? Pourquoi diantre les fantômes l'avaient-ils choisie ? Beaucoup de questions continuaient à se bousculer et surgir, mais pour l'heure, elle allait s'occuper de ce petit. Élevé par un fantôme, ce n'était pas une vie, tout de même.

Elle tendit le doigt vers le petit animal, pour le laisser la renifler et garder contact. A moins qu'il ne s'enfuie de terreur, ce qui semblait peu probable, elle l'attraperait ensuite au creux de sa main pour l'examiner de plus près, vérifier qu'il allait bien, et voir ce que le spectre de sa mère faisait de tout cela.

[Voyageuse]

Le fantôme de la mère se contenta d'observer avec attention la réaction d'Eldrina et du jeune. Celui-ci ne prit pas la fuite, mais se figea quand Eldrina le prit doucement dans ses mains.
C'était une toute jeune belette des neiges, âgée de deux décades peut-être, à la tête triangulaire et à la queue dressée, dont le poil naissant était tâcheté de blanc et de brun. La rôdeuse savait qu'au fur et à mesure que la saison avancerait, seul son ventre resterait blanc, le reste de son pelage virant totalement au brun-roux. L'animal la fixait d'un regard apeuré, les moustaches frémissantes. Il était petit et chétif, tenait au creux de sa main : il ne grandirait guère au-delà d'une vingtaine de centimètres. Il lui semblait un peu trop maigre, mal nourri sans doute, pas encore assez autonome. Mais au fur et à mesure qu'elle l'examinait et le caressait doucement, elle le sentit se détendre, et lut de la curiosité dans son regard. Et aussi... de la faim et de la soif. Elle percevait ses sensations sans efforts, comme si elle lisait en lui.
Un mouvement dans son champ de vision la poussa à relever la tête. Le fantôme de la mère était descendu de son épaule, et se rapprochait de celui de l'enfant, qui avait reculé en direction de ce qui restait de son corps humain en décomposition. Le spectre de belette se tourna une dernière fois vers elle, observant son bébé dans le creux de sa main, puis fit quelques bonds de plus, joyeux, légers, dansants. Et il disparut subitement, sous le regard soudain inquiet du bébé qui se tortilla pour échapper à la poigne de la rôdeuse, cherchant à retrouver sa mère volatilisée.

[missElder]

Eldrina craignait de comprendre ce qui venait de se passer. La mère avait persisté, sous forme de fantôme, pour veiller son petit qui avait miraculeusement survécu jusqu'ici, même s'il était manifestement affamé. Et maintenant, elle disparaissait ... Ce qui signifiait qu'elle pensait qu'elle n'aurait plus à veiller son petit, que quelqu'un d'autre s'en chargerait. Venait-elle vraiment de lui confier son bébé ? C'était ... c'était inattendu. La rôdeuse savait, bien sûr, qu'il était en sa mesure de prendre soin de l'animal, et que les rôdeurs pouvaient ... Elle songea à son maître, à ce qu'il lui avait expliqué et appris. Lui-même avait eu un compagnon animal, il y a longtemps. Un faucon, qui était encore en vie à l'époque où elle avait rencontré son maître pour la première fois, et le lien étroit entre l'homme et l'oiseau l'avait impressionnée et fascinée. Il était mort quelques années après, alors qu'elle était encore une jeune apprentie. Elle se rappelait du chagrin de son maître, elle se rappelait l'intensité de leurs liens, la responsabilité mutuelle qu'ils avaient l'un envers l'autre. Était-ce là ce qui allait lui arriver ? Elle se sentait si peu responsable, après ses errements de la nuit.

Après tout, si elle avait eu la présence d'esprit de réveiller Bran la veille, peut-être auraient-ils déjà retrouvé le petit animal, et elle se serait épargné bien des ennuis. Elle le regarda, le caressant longuement. Le pauvre était affamé et assoiffé, et maintenant que sa mère avait disparu, il était perdu. Elle continua à le caresser, murmurant des paroles rassurantes.

- Chhhht ... Je vais prendre soin de toi maintenant. Tout va bien.

Elle réfléchit un instant. Ils avaient laissé les chevaux en arrière, avec la plupart de leurs affaires et de leurs provisions, mais elle avait un peu de viande séchée sur elle, dans son sac. Les belettes étaient carnivores et mangeaient généralement des rongeurs et autres petits animaux, aussi était-ce sans doute ce qu'elle avait de plus adéquat à lui proposer, compte tenu de la situation. Elle farfouilla d'une main dans son sac, attrapa un bout de viande qu'elle mastiqua un peu avant de le présenter à l'animal. Elle espérait qu'il accepte, qu'il se détende à son contact, qu'il se remette du départ de son fantôme de mère ...

La rôdeuse réalisa soudain qu'elle était en train de prendre très à coeur cette responsabilité, sans se poser la moindre question et sans la moindre hésitation. Après ses errements de la veille, c'était peut-être une occasion miraculeuse pour elle de se rattraper, d'apprendre à prendre soin d'un autre être et à pouvoir aussi compter sur lui. Tout ce qui lui avait manqué hier, en somme, quand elle n'avait pas pensé une seule seconde que réveiller Bran puisse avoir le moindre sens. Que faisait-il, d'ailleurs ? Toute occupée avec le fantôme de la belette, et son petit, elle en avait totalement oublié que le paladin était là, un peu en retrait.

[Voyageuse]

Bran observait la scène avec un sourire un peu interdit. Mais surtout, il continuait à surveiller le fantôme de l'enfant, d'un air un peu tendu, hésitant à intervenir. Celui-ci s'était en effet approché sans qu'Eldrina s'en rende compte, occupée qu'elle était à tenter de réconforter le petit animal. Il était tout proche d'elle, et semblait sourire en observant la belette.
" Merci, murmura-t-il d'une voix qui n'était qu'un souffle d'air, que peut-être, d'ailleurs, elle imaginait. Sa mère est en paix désormais. Et je n'ai donc plus rien à faire ici. Vous serez bien ensemble..."
Il lui sembla devenir plus translucide, disparaissant peu à peu. Le bébé belette, occupé à dévorer tant bien que mal le morceau de viande séchée, se redressa subitement. Apaisé par ses caresses, il n'avait plus peur : elle le ressentait aussi nettement que s'il avait pu lui dire. Il était simplement curieux de voir ce qui captait ainsi son attention, en oubliant même sa faim et sa soif. Oubliant, aussi, qu'il était en équilibre instable sur une main humaine : il faillit en glisser et elle dut le rattraper de justesse. Quand elle releva les yeux, le fantôme avait disparu.
Et Bran, un peu interloqué, clignait des yeux comme s'il voulait sortir d'un rêve éveillé.

[missElder]

La rôdeuse se sentait à peu près aussi hébétée que Bran semblait l'être ; mais, quelque part, apaisée. Le puzzle s'était finalement résolu de lui-même, et il lui semblait comprendre l'histoire. Sans doute le garçon devait-il protéger la belette et son enfant - l'animal était-elle, elle-même, le familier du garçon ? En tout cas, sa mort et celle de la mère avaient laissé le petit sans protection, et ils étaient restés là, fantômes, à le veiller coûte que coûte. Jusqu'à ce qu'ils la trouvent, elle, par hasard ... Alors voilà, elle se retrouvait avec ce petit, affaibli mais plein de vie et en bonne santé. Elle sentait déjà le lien qui commençait à les unir, comme une évidence. Après tout, n'en était-ce pas une, qu'après avoir quitté la Forêt quand son maître était mort, ce soit précisément à son éphémère retour sur place qu'elle tombait sur une petite boule de vie ? Tout avait commencé dans la Forêt, son apprentissage, le moment où elle était devenue ce qu'elle était - une rôdeuse. Et tout recommençait, ici.

Elle sourit à Bran.

- Je vais devoir lui trouver un nom, je crois ...

[Voyageuse]

" Oh.... Vous allez le garder avec vous ?"
Le paladin l'observait, un peu perplexe. Puis il grimaça un sourire.
" C'est vrai, j'oubliais que vous êtes une rôdeuse... J'imagine que c'est un peu votre boulot, de prendre soin des petits animaux perdus dans son genre. Mais quand même...".
Il fixa le minuscule animal d'un air méfiant.
" J'espère qu'il n'a pas de maladie contagieuse.... Méfiez-vous de ses griffes par exemple. Et de ses morsures. Et j'espère qu'il ne va pas nous boulotter nos provisions, il a l'air vorace. Et affamé."
La petite belette se mit à se tortiller dans les mains d'Eldrina, tentant de s'esquiver, oubliant qu'elle était à une hauteur non négligeable. Sa touchante maladresse amena un sourire sur les lèvres du paladin.
" Mais donc... vous allez l'appeler comment, alors ?"

[missElder]

Elle sourit face à la perplexité du paladin. La situation devait sans doute être un peu étrange, de son point de vue. Mais aurait-il donc, à sa place, laissé la petite belette seule, destinée à une mort de faim quasiment certaine ? Elle avait du mal à envisager une telle pensée ... mais après tout, le paladin ne se serait jamais trouvé à sa place, sans doute. Les fantômes avaient dû sentir cela, en elle, d'une manière ou d'une autre.

Le reste de ses remarques était plein de bon sens, et il fallait reconnaître que leurs provisions risquaient d'en pâtir. Les belettes étaient connues pour leur énorme appétit, et il faudrait s'attendre à une grosse consommation de la part du pourtant bien petit animal. Rien qui n'effraie la rôdeuse, cependant, et elle était plus qu'heureuse de cette rencontre avec l'animal.

- Bon, c'est sûr qu'il risque de beaucoup manger ... et boire ... Enfin, on se débrouillera. Il est encore petit. Et puis, c'est moi qui m'en occuperai ...

Elle regarda l'animal un instant, attendrie mais perplexe, avant de se décider.

- Pour le nom, on verra plus tard. Je ne suis pas très douée pour ça ... Et puis, nous avons laissé nos chevaux seuls un bon moment maintenant non ?

[Voyageuse]

" Oh.... Oui, mince, les chevaux !"
C'était un sujet qui lui était autrement plus familiers que les soins à prodiguer à une belette et il retrouva aussitôt son propre sens des priorités.
" On ferait bien de ne pas trop traîner, ils vont s'inquiéter. il règne quelque chose de malsain dans ces bois, et ils le sentent. Il ne faudrait pas qu'ils paniquent... On n'a plus rien à faire ici de toute façon... "
Il jeta un coup d'oeil à la petite clairière.
" Enfin, si. Il faudrait quand même enterrer ce corps, même dans cet état... beurk. Mais je vais m'en occuper, ce n'est pas une affaire de f..., hum, enfin, je veux dire... je vais le faire. Je vous laisse rejoindre les chevaux pour les rassurer ?"

[missElder]

Elle était contente de voir que Bran était d'accord avec elle, et ne pouvait qu'approuver : il était plus que temps de retrouver voir les chevaux. Elle avait acquiescé à sa remarque sur l'enterrement du corps, qu'il serait plus que décent de ne pas laisser dans cet état ... mais grimaça en entendant la suite de ses bafouillements. Pas une affaire de femme, c'est ce qu'il avait voulu dire ? Elle ne savait pas trop si c'était de la condescendance, de la galanterie, de l'ignorance ou un peu de tout ça, mais elle n'était guère ravie. Néanmoins, elle avait un bébé belette agité sur lequel veiller, et elle saurait peut-être mieux rassurer les chevaux que lui - les animaux, ce n'était pas une affaire de paladin ... Aussi, même si ses "arguments" la laissaient de marbre, il avait raison sur le fond : elle allait le laisser s'occuper du corps.

- Je m'occupe des animaux, c'est mon affaire, fit-elle. Mais je ne savais pas que croque-mort était uniquement une affaire d'homme ...

Elle s'éloigna vivement sans lui laisser le temps de répondre. Ils n'avaient que trop tardé, ils étaient tous deux d'accord sur ce point, et il ne servait à rien de lambiner encore.

[Voyageuse]

Il avait rougi fortement sous la remarque, mais n'avait rien pu -ou osé- répondre.
Elle s'éloigna donc sur le petit sentier ramenant à leur campement, reconnaissant la dernière bifurcation, puis la précédente. Ils entendaient le murmure du ruisseau, ils n'étaient plus très loin. Le bébé belette semblait s'être calmé. Elle le sentait un peu inquiet d'être ainsi ballotté, curieux, aussi, d'apercevoir les arbres qui défilaient autour d'eux.
Une mauvaise surprise l'attendait au campement : les chevaux n'étaient plus là. Une corde pendait, arrachée, et on devinait le piétinement de sabots affolés. Leurs traces, parfaitement visibles, s'éloignaient vers le nord-ouest.

[missElder]

Eldrina était revenue rapidement sur ses pas, sentant la présence de la petite belette contre elle. Elle se sentait soulagée et assez heureuse ; pressée de rentrer et d'en finir, aussi. Mais cette présence inattendue la comblait de joie. Il faudrait bien lui trouver un nom, ceci dit, et c'était mal parti ... Vu comme je suis, je serais fichue de t'appeler Belette, dit-elle tout haut. Enfin, elle verrait bien quand l'inspiration viendrait - si les dieux le voulaient, ce serait relativement rapide.

Elle déboucha soudain sur le campement, et se raidit aussitôt. Les chevaux étaient partis. Et pas de leur plein gré. Par les dieux, ils avaient trop tardé ! Il fallait craindre qu'ils aient été attaqués, peut-être par des créatures comme celles qui, il y a quelques jours, avaient capturé Soraes ... Quelle misère. Elle qui croyait en avoir rapidement fini, voilà que les mésaventures reprenaient.

Bran était loin, et il fallait craindre que mettre le corps en terre l'occupe un petit moment, tout efficace que soit le paladin. Et de la veille, elle avait retenu une leçon : ils voyageaient à deux, et elle devait réapprendre à travailler en coopération. Aussi commença-t-elle par examiner les traces, voir si elle pouvait déterminer le fil des événements. Qui avait effrayé les chevaux, que s'était-il passé exactement ? Les événements étaient bien sûr récents, et elle aurait pu se lancer aussitôt à leur poursuite : Bran comprendrait certainement ce qui s'était passé et la suivrait. Mais pas de précipitation ; les traces étaient nettes, il ne serait pas difficile de les suivre, et les chevaux pouvaient avoir galopé déjà loin, plus vite que ce que ses jambes pourraient faire de toute manière, même en partant maintenant. Et courir trop vite après eux risquait juste de la jeter dans la gueule du loup, sans qu'elle n'ait d'abord cherché à comprendre ce qu'elle pourchassait au juste.

[Voyageuse]

Oups.... j'ai vraiment pris du retard là....

Les traces étaient nettes, et assez facilement décryptables quand on s'y connaissait un minimum, ce qui était son cas. On devinait des traces de ruade, des branches arrachées. Des signes de panique. La corde avait été déchirée, effilochée, par frottements répétés. Et les chevaux avaient fui vers le nord-ouest, par une sente suffisamment large pour qu'ils s'y engagent sans peine. Il était probable qu'ils aient pris le chemin le plus simple pour eux, tout en se dirigeant à l'opposé du danger perçu. Quand au danger en question, il était plus difficile à déterminer. Il n'y avait pas d'odeur suspecte qui aurait évoqué la présence récente de morts-vivants. Mais tous n'avaient pas cette caractéristique. Il n'y avait pas non plus de trace évoquant le passage d'une créature de grande taille. Pas de prime abord en tout cas.
Mais en examinant mieux le sol du regard, elle finit par distinguer l'empreinte caractéristique d'un grand félin. Un prédateur. Qui, peut-être, s'était lancé à la poursuite des chevaux. Ou alors sa simple présence avait suffi à les faire paniquer, et dans ce cas il pouvait se trouver encore dans les parages.

[missElder]

La rôdeuse était tiraillée entre plusieurs aspirations contraires, et elle pestait intérieurement contre son manque d'expérience. Seule, elle aurait su quoi faire ; seule avec son maître occupé avec le corps à enterrer, elle aurait su aussi, le connaissant assez pour qu'ils aient acquis des réflexes communs. Mais avec Bran, elle ne pouvait pas prévoir ses réactions, et par conséquent elle se trouvait incapable de prendre une décision. Elle pouvait faire plusieurs choses : partir à la recherche des chevaux, désormais sur ses gardes quant à la présence du félin non loin - en sus de tous les autres dangers que recelait la forêt. Cela aurait l'avantage de prendre les choses en main, mais elle risquait de reproduire le fiasco de la nuit passée, à inquiéter Bran sans qu'il sache ce qu'elle était partie faire. Elle pouvait aussi retourner l'avertir pour qu'ils décident ensemble, mais que de temps perdu ! Et avec le félin qui rôdait, l'affaire se compliquait. Elle était soulagée que ce ne soit qu'un animal et non une nouvelle troupe de morts-vivants, cela dit - les animaux, c'était naturel et elle savait comment leur faire face.

Que faire ? Elle se serait bien arraché les cheveux si elle n'y avait pas autant tenu. Toujours perturbée par ses errements nocturnes, la rôdeuse se sentait profondément perdue, ne savait plus quoi faire sans Bran - un comble pour elle qui était si solitaire ! Elle soupira, énervée de sa propre inaptitude. Elle se pencha sur les empreintes du félin, essayant de déterminer où elles menaient. La situation était très différente s'il avait coursé les chevaux ou s'il rôdait simplement dans les parages. Elle espérait qu'il ne leur était rien arrivé, tant pour eux que pour le trajet retour. Si le félin rôdait non loin, elle était elle-même en danger, et elle n'avait aucune envie de se retrouver face à un grand prédateur ; mais elle savait se débrouiller, et elle préférait l'idée de montures en vie et entières. De plus, si les chevaux n'avaient pas été coursés mais avaient juste paniqué, il serait plus simple de les retrouver : ils finiraient bien par se calmer, et leurs traces ne seraient pas difficiles à suivre. En ce cas, peut-être vaudrait-il mieux attendre Bran ou même le rejoindre pour l'avertir de la présence du félin. Sinon, si les chevaux avaient été pourchassés ... Elle soupira derechef.

[Voyageuse]

Les empreintes du félin étaient légères, difficilement discernables. Celles des chevaux, profondes, indiquaient clairement des piétinements répétés puis un galop -autant qu'il était possible sur ce terrain accidenté- en direction du nord-ouest. Mais il ne semblait pas y avoir d'empreintes de félin postérieures à celles des chevaux, de traces qui auraient été créées par-dessus, indiquant une poursuite. Même en élargissant son repérage, elle ne repéra pas d'empreintes se dirigeant dans la même direction que les chevaux. Bien sûr, elles étaient si légère qu'il était difficile d'avoir une réelle certitude, mais a priori, elles semblaient plutôt se concentrer vers le sud de leur campement. Elles atteignaient bien leur campement -et notamment leur nourriture-, mais ne s'éloignaient pas vers le nord. Le prédateur avait plutôt cherché à grignoter les restes de leur repas de la veille et les quelques provisions restantes. Une bien maigre pitance, mais qui offrait l'avantage de ne pas s'enfuir à son approche.
Quant à savoir où il se trouvait à l'heure actuelle, c'était difficile à déterminer. Les traces partaient, revenaient, vers le sud, l'est, sans qu'on puisse déceler un itinéraire. Plusieurs arbres étaient suffisamment solides pour supporter son poids s'il décidait de s'y réfugier - elle détecta d'ailleurs des traces de griffure sur l'un d'eux. Et les fourrés étaient suffisamment denses pour qu'il s'y cache au besoin.

[missElder]

Bon. La situation n'était pas si critique, puisque le félin n'avait pas pourchassé les chevaux ; ceux-ci avaient donc de bonnes chances d'être encore en bonne santé. Restait juste à les retrouver, et ce, sans croiser l'animal ou risquer de l'énerver. Elle espérait qu'ils se seraient calmés après leur course folle et n'auraient pas fait de mauvaise rencontre en chemin. La situation ne lui laissait guère le choix : elle ne pouvait pas, en tout état de cause, se lancer seule à la poursuite des chevaux en laissant Bran dans l'ignorance totale, et de la situation, et de là où elle était, et de la marche à suivre. Ce serait d'autant plus stupide que les chevaux étaient sans doute déjà loin et qu'ils n'étaient donc pas à quelques minutes près dans cette poursuite ... Elle soupira, une fois de plus - cela commençait à devenir une habitude, se dit-elle. Elle prit le temps de caresser un peu la belette avant de finir par se décider. Elle ramassa leurs affaires, les rangeant autant que possible, et jeta un oeil à leurs provisions, espérant que le félin n'avait pas tout dévoré. Ensuite, elle comptait laisser ce qu'il était trop lourd de porter seule, emmenant uniquement les provisions - pas question de perdre ce qu'il en restait - et retourner rapidement voir le paladin pour lui annoncer la situation. Qui sait, si celui-ci avait fait vite, elle le croiserait peut-être en route.

[Voyageuse]

La jeune belette appréciait visiblement les caresses, et parut frustrée qu'elles cessent aussi vite. C'est sans doute la raison pour laquelle elle se mit à aider la jeune rôdeuse à sa façon : en grignotant tout ce qui lui semblait comestible pour qu'elle en ait moins à ranger.... ce qui l'obligea à redoubler d'efficacité pour mettre les provisions restantes à l'abri. Il y avait de quoi tenir un ou deux jours, à condition de se passer de viande. Le félin avait été très sélectif dans ses choix...
Sans monture, il ne serait pas possible d'emmener toutes leurs affaires : provisions, armes, couvertures, vêtements de rechange, savon, serviette, ustensiles de cuisine, ficelle et autres menus outils.... il faudrait sélectionner, et ça prenait du temps. Heureusement qu'elle avait l'habitude de voyager léger.
Le paladin revint alors qu'elle achevait le tri de ses propres affaires, affichant un air grave -comme à son habitude. Il lui sourit distraitement et attrapa son propre sac, avant de réaliser qu'une certaine quantité de leurs bagages était restée au sol. Regardant en tout sens, il finit par comprendre.
" Nos montures... Elles ont filé ?"

[missElder]

Désolée pour le délai ... rendu de mémoire et soutenance, à ma décharge.

Et voilà que Belette la belette (non, il ne fallait vraiment pas qu'elle s'en tienne à ce nom, ce serait tout de même très irrespectueux pour le pauvre animal, non ?) y mettait aussi du sien pour achever d'aggraver leur situation ! Eldrina laissa donc échapper une nouvelle salve de soupirs tout en mettant en lieu sûr ce qu'il leur restait. Un ou deux jours de provisions ... C'était peu. S'ils revenaient rapidement à Respelm, ils pourraient récupérer de la nourriture supplémentaire - ils devraient, plutôt. Un jour de Respelm à Dargyll, un autre jusqu'à Luménis, telle avait été leur vitesse de route à l'aller - et ils étaient à cheval. La situation n'était pas désespérée, mais néanmoins préoccupante.

A la question de Bran, elle répondit par une grimace éloquente, avant de lui résumer la situation.

- Ils avaient filé quand je suis arrivée. Un félin les a effrayés, je pense, et ils se sont enfuis vers le nord-ouest. Le félin ne les a pas mangés, mais il a beaucoup aimé notre viande, en revanche ... Il nous reste pour un à deux jours de provisions, en étant économes.

[Voyageuse]

" Mince.... Il faut retrouver nos montures... Enfin, je sais bien que ça fait un détour...."
Le paladin grimaça, réfléchit un moment.
" Je vais me faire assassiner si je rentre sans les chevaux : ils sont fichus de les décompter de ma solde... Mais s'il ne reste que peu de provisions, je ne sais pas si on peut se permettre... Enfin, on peut peut-être pêcher ou chasser. J'ai dû faire un stage de survie autrefois, puis vous êtes experte en la matière je suppose..."
Il soupira.
" Je ne sais pas si c'est sage. Ca dépend aussi s'ils ont beaucoup d'avance. Vous savez voir ça à leurs traces ? Ils ne doivent pas aller très vite dans une zone aussi encombrée... Vous en dites quoi, vous ?"

[missElder]

Eldrina pesa le pour et le compte avant de répondre. Elle n'avait aucune envie d'abandonner ces chevaux à leur sort dans la forêt, surtout cette forêt-ci, mais il fallait être certains de leur décision. Le manque de provisions était préoccupant, mais avec de quoi tenir deux jours en étant prudents, et sachant qu'ils pourraient en effet éventuellement chasser - ne pas oublier qu'elle avait désormais une belette gloutonne à nourrir - ils pouvaient prendre le risque de suivre les chevaux. Ils ne devaient pas être très loin de la lisière de la forêt maintenant, sans doute autour d'une journée de marche (HRP : je suppose, j'essaie de déduire d'après le trajet aller mais c'est un peu loin dans le temps) tout au plus. Si les chevaux s'étaient calmés après avoir constaté qu'ils n'étaient pas poursuivis par le félin, et sachant que la forêt n'était pas un endroit où on galopait à vive allure, il y avait moyen de les rattraper. Si d'aventure ils ne tombaient pas en route sur un félin en colère, ou pire, sur d'autres morts-vivants.

- Leurs traces sont nettes pour l'instant, et ils ne sont pas partis il y a très longtemps. Il y a des chances pour que nous les rattrapions. Écoutez ... Moi non plus je n'ai pas envie de les laisser. Peut-être ... Disons que nous nous mettons en route, et si jamais la piste devient trop complexe ou semble aller trop loin, nous rebrousserons chemin avant d'avoir fini nos provisions. Effectivement, nous pourrons toujours essayer de chasser ... Peut-être trouver des fruits, si je reconnais des espèces comestibles. Il y a des chances pour qu'ils ne soient pas partis trop loin, et nous sommes capables de tenir en nous rationnant, et, hum, nous nous sentirions coupables de partir sans avoir essayé de les retrouver.

[Voyageuse]

HRP : désolée, plus d'internet... Et bonne estimation des distances, vous êtes à une journée (à cheval, un petit peu plus sans) de la lisière, mais les chevaux ne vont pas dans la bonne direction évidemment

Le paladin, sourit, visiblement soulagé.
" Je suis d'accord avec vous. Et je suis sûr qu'on va les rattraper, si Lathandre est avec nous. Je vais faire mon sac...."
Le paladin avait suffisamment d'expérience des missions en extérieur pour ne pas perdre de temps à cette tâche. Il eut rapidement fait le tri de l'indispensable et de l'accessoire, abandonnant une couverture, quelques vêtements, des ustensiles de cuisine, sans hésitation.
" Je vous suis !"
La piste, clairement visible, partait vers le nord-ouest, ouvrant une large brèche dans les buis. Les chevaux avaient filé droit devant eux, puis rejoint une sente visiblement laissée par un gros herbivore. Le tout aussi vite qu'ils avaient osé.

[missElder]

HRP : Pas de souci, contente que tu aies pu t'en sortir de ce côté !

Et les voilà donc partis en quête de leurs chevaux, s'éloignant petit à petit de la route qu'ils étaient censés emprunter pour se renfoncer dans les profondeurs de la forêt. Eldrina ne pouvait qu'espérer que les chevaux se soient vite apaisés, aient trouvé une petite clairière bien paisible et y soient tranquillement allongés lorsqu'ils les rattraperaient. On pouvait toujours rêver, pas vrai ? En attendant, ils étaient clairement partis à toute allure - elle n'avait guère imaginé un autre scénario, vu leur crainte à l'arrivée du félin. Elle guettait d'ailleurs tout bruit suspect en ce sens : qui savait où était à présent ledit prédateur et s'ils n'allaient pas le croiser.

Ils avaient repris leur habitude de marche et elle était quelques mètres en avant de Bran, inspectant la piste - pour l'instant facile à suivre - et traçant leur chemin. Pas trop loin du paladin, cependant : ils n'étaient plus que deux et n'avaient aucune envie de se retrouver séparés.

[Voyageuse]

Les chevaux avaient pris la mauvaise direction, c'était une évidence qui se précisait à chaque pas qu'ils faisaient. Ils arrivaient dans un secteur où l'atmosphère était lugubre. Les feuillages trop denses occultaient presque totalement la lumière du soleil, et c'est dans une semi-pénombre qu'ils progressaient désormais. Les yeux d'Eldrina n'avaient guère de peine à la traverser mais c'était plus difficile pour Bran, qui s'était rapproché d'elle et restait dans son sillage, manquant trébucher de temps à autre. Même la belette s'était réfugiée au fond de sa poche, agitée, inquiète sans doute.
La panique des chevaux n'avait pas décru, à en juger par leurs traces -et il y avait de quoi avoir peur dans ces parages. Ils avaient coupé à travers les ronces, s'égratignant au passage. Le seul point positif était qu'il n'y avait plus de trace du prédateur. Juste une atmosphère terriblement oppressante.
Ils finirent par déboucher brusquement sur le lit d'une rivière brunâtre, que les chevaux avaient suivi en bifurquant plus au nord encore. Le passage devenait plus aisé ; les traces étaient peu visibles mais une déviation éventuelle ne serait pas passée inaperçue.

Puis elle devina un changement ténu dans l'atmosphère. La lumière revenait -un tout petit peu. Les traces étaient moins espacées, comme si les bêtes avaient cessé de galoper, épuisés ou moins paniqués. le lit du ruisseau s'élargissait, les ronces perdaient du terrain. Des barrières de buis se dressaient, ça et là. La menace qu'elle sentait planer sur sa tête semblait s'éloigner. Belette s'était endormie. Le soir ne tarderait guère.

[missElder]

La rôdeuse ressentit aussitôt le subtil mais indéniable changement d'atmosphère, car tout semblait devenir soudain plus léger, plus ouvert. La forêt, envahissante, étouffante, semblait soudainement se relâcher, les laisser respirer et percevoir à nouveau la lumière du soir. Non seulement elle se sentait soulagée de se sentir moins en danger, dans une provisoire (et relative) sûreté, mais surtout, si elle était capable de le percevoir, alors les chevaux l'auraient fait aussi. Ce qui laissait espérer, et les traces de sabots semblaient le confirmer, qu'ils aient ralenti leur course effrénée et ne soient plus si loin. Et si la piste continuait à trop s'éloigner, ils auraient du moins trouvé un possible endroit pour camper. Elle se sentait indéniablement rassérénée. L'avantage d'une forêt aussi inquiétante que la Forêt Maudite était que le moindre rayon de soleil semblait une bénédiction divine à toute personne s'y aventurant ...

- Vous sentez ? fit-elle en se tournant vers Bran. L'atmosphère est moins lourde, ici ... Moins maléfique, peut-être. Il y a des chances que les chevaux ne soient plus loin, ils ont ralenti ici. Nous continuons un peu et revenons nous installer ici si la piste s'avère trop longue ?

[Voyageuse]

" J'ai senti... Je ne sais pas vraiment quoi, mais effectivement, ici on se sent mieux. Comme si la lumière revenait, et je ne parle pas que de la lumière du jour. Ici, Lathandre peut à nouveau veiller sur nous. En tout cas c'est ce que je ressens. Et j'espère que vous avez raison, et qu'ils ne sont plus trop loin. On va continuer un peu, nous verrons bien comment l'atmosphère évolue..."
Une inquiétude sincère transparaissait dans ses paroles. Même si le lien qu'il avait avec sa monture était moins perceptible que chez des paladins plus aguerris, il avait été sincèrement inquiet de voir les chevaux disparaître dans ces parages inquiétants.

La piste se poursuivait vers le nord, à peine perceptible sur le sol devenu plus caillouteux. La végétation était moins dense, et beaucoup plus ancienne : des chênes au diamètre impressionnant, des tilleuls immenses, des hêtres plus que centenaires. Un ruisseau aux eaux poissonneuses y serpentait. Eldrina se sentait incroyablement bien -peut-être en comparaison avec le mal-être qu'elle ressentait plus tôt dans la journée.
Puis ils se trouvèrent face à un véritable mur de buis. Et pourtant, la piste s'y enfonçait, se glissant le long d'un passage quasi invisible. Mais il faisait quasiment nuit et Bran n'y verrait goutte...

[missElder]

Eldrina avait été touchée de sentir l'inquiétude de Bran, qui formait un parfait écho à ses propres craintes. Le paladin était parfois un peu formel, professionnel, malgré son jeune âge, et c'était important pour elle de se souvenir qu'il ressentait aussi des émotions très tangibles.

La piste continuait, et il fallait avancer, malgré leur sentiment à tous deux que chaque minute passée était un danger de plus pour leurs montures, augmentant les risques qu'ils ne les retrouvent jamais. De fait, si le sol à présent dur et caillouteux rendait le pistage plus complexe, la rôdeuse ne pouvait s'empêcher de noter le changement indéniable dans la végétation qui les entourait. Depuis qu'ils avaient rejoint ce ruisseau et senti la lumière revenir légèrement sur leurs épaules, l'atmosphère était différente, indéniablement. Elle avait noté la progressive disparition des ronces au profit d'une végétation moins dense, plus organisée, moins agressive, comme ces barrières de buis ça et là. Était-ce un hasard si les chevaux avaient finalement rejoint ces lieux, où on se sentait moins en danger et plus à l'aise que dans la majorité des espaces de la Forêt ? Elle était désappointée de constater qu'ils n'étaient pas parvenus à les rattraper, mais elle se sentait légèrement moins inquiète ; dans cette portion de la Forêt, tout paraissait infiniment moins maléfique. Guidés par leur instinct, peut-être, les chevaux avaient dû percevoir la différence et poursuivre sur cette piste. Il y avait encore de l'espoir pour eux. Tout semblait si ancien, ici, comme une trace d'une autre époque qui aurait été préservée du mal environnant, les dieux seuls savaient pourquoi et comment.

La nuit tombait à présent, et il n'y aurait guère d'intérêt à continuer la traque avec un paladin aveugle. Ils ne savaient pas jusqu'où cette piste continuerait, et il valait certainement mieux s'arrêter avant de s'enfoncer dans la végétation. Elle souffla un peu, puis désigna à Bran le mur de buis devant eux.

- Leur piste continue par ici. Mais la nuit tombe et vous n'y verrez bientôt plus rien. Bran ... Je suis ... Ce que nous avons senti tout à l'heure ... Dès qu'il ne s'agissait plus uniquement de parler pistage et forêt, d'être focalisée sur leur traque, sa gêne revenait comme par enchantement. C'est aussi le cas ici. Peut-être un espace à peu près préservé ... C'est bon signe que les chevaux soient passés par un tel endroit, il y a de l'espoir pour eux. Je suggère de ... Restons ici pour la nuit et nous reprendrons demain ? Il ne sert à rien de les pister dans le noir, et il vaut mieux s'installer dans un endroit relativement moins oppressant que ce que nous avons pu rencontrer. Euh ... Ça vous va ?