[Lieu] La Vallée Fertile

[Galathée]

" Non, il s'est pas fait prier... On lui a dit que tu étais parti à l'abbaye, que Cordélia allait bien... Il ne lui en fallait pas plus, je pense. Et puis sa curiosité a fait le reste. Il est furieux d'avoir manqué nos aventures dans... l'autre plan. Il a dit que désormais, il ne te quitterait plus jamais d'une semelle, parce que c'est toujours avec toi que les choses intéressantes se passent."
Il jeta à son tour un coup d'oeil vers la chambre.
" Il est très inquiet de ce que tu vas lui dire, aussi, mais ça, il ne l'avouera jamais. Et je pense qu'il a eu très peur, tout seul dans la campagne, ce qu'il n'avouera pas non plus. Et puis qu'il est parfaitement conscient d'avoir fait une bêtise énorme... mais bon... tu connais la chanson maintenant. Il ne le reconnaîtra pas non plus. Enfin... C'est ce que je crois, parce qu'il ne m'a pas parlé de ce genre de choses. Il est fâché sur moi parce que... je suis trop sage, je suppose, et que la comparaison ne l'arrange pas."

[Taliesin]

-Eh ben, on n'est pas sortis de l'auberge...
Il se demandait bien comment il allait pouvoir dénouer ce sac de nœuds..
-Mais merci de m'avoir fait part de tout cela, Baptiste, ça m'aide à y voir plus clair.
Il lui serra l'épaule tout en jetant un nouveau regard en direction de la chambre.
-J'imagine qu'il va râler, si je lui dis de venir. Mais il râlera aussi si je lui dis de ne pas venir, alors...

[Galathée]

Baptiste eut un sourire désolé.
" C'est pas à moi de dire ça, mais... je suppose que soit tu laisses couler, soit tu lui en parles... et comme tu es un adulte, je suppose que tu vas pas laisser couler. Alors autant le faire le plus vite possible, non ? Je peux raconter une histoire à Marius en attendant... et puis tu pourras aller dormir, toi aussi."

[Taliesin]

-Oh, mais je comptais bien avoir une longue discussion avec lui. Simplement, je songeais faire ça demain, quand j'aurai retrouvé un minimum d'énergie... Mais vu ce que tu me dis, je pense qu'il vaut mieux ne pas trop attendre.
Il sourit.
-J'ai presque réussi à convaincre un dragon : alors, j'imagine que je devrais être capable, au moins, de survivre à un Victor.

[Galathée]

" Je ne suis pas sûr, moi. Les dragons ont la réputation d'être sages et intelligents."
Il ne laissa pas le temps à Taliesin de protester ou de défendre Victor — s'il en avait eu la moindre intention, et retourna dans la chambre.
" Marius, tu veux une histoire ?
— Ah ouiiiiii !"
Marius transporta sa pile de couvertures jusqu'au lit de Baptiste, où il s'installa, pile de nippes informes aux yeux d'enfants. Titus était toujours dehors mais on l'entendait fredonner en sylvestre. Victor était debout, de son côté, et Taliesin n'eut même pas besoin d'ouvrir la bouche pour qu'il sorte de la pièce, le visage contrarié.

[Taliesin]

Rien que ça lui montrait à quel point il n'était pas près de se prélasser dans son bain et de se glisser sous ses couvertures...
Enfin, ce qui devait être fait... devait être fait.
Mais le plus difficile, c'est qu'il ne savait vraiment plus par quel bout prendre Victor : il avait l'impression que quoi qu'il fasse, quoi qu'il dise, cela ne lui vaudrait que de l'hostilité, ne ferait que provoquer une dispute.
Enfin...
-Déjà, Victor, je suis soulagé de te revoir sain et sauf, commença-t-il. Je ne sais pas si tu t'en rends compte mais... J'étais sacrément inquiet, depuis ta disparition.

[Galathée]

Le gosse regardait ses pieds, dansant de l'un sur l'autre, manifestement nerveux.
" Je me doute, dit-il d'un ton morne. Il ne fallait pas. J'ai traversé des champs et des prés. Le pire que j'ai vu, c'est un blaireau."

[Taliesin]

-Mais je ne pouvais le savoir. Connaissant les lieux, sachant ce qui pouvait s'y passer, j'imaginais le pire. Pour être franc, j'étais même persuadé que je te retrouverais dans l'abbaye, prisonnier de ces horribles cultistes. A moins, bien sûr, qu'ils ne t'aient déjà éliminé...
Soupir.
-Ne me refais pas un coup pareil, Victor. Quand tu seras adulte, tu agiras à ta guise : je n'aurais d'autre choix que de m'en accomoder. Mais d'ici là... Ne me refais pas un coup pareil.

[Galathée]

" Non, d'accord." dit-il, toujours sans lever les yeux.
Il parut se recroqueviller une seconde, puis se redressa.
" Mais je suis obligé ! Sinon tu ne fais plus rien ! Tu restes à te cacher, parce qu'à cause de Baptiste, tu as toujours peur de tout ! On peut pas passer sa vie à avoir peur ! Il faut faire des choses, sinon à quoi ça sert d'être vivant ? Il fallait aller la chercher, Cordélia ! Je ne serais pas parti, tu n'y serais pas allé."

[Taliesin]

Au moins il parlait. Et c'était plutôt inespéré.
-Qu'en sais-tu ? répondit-il doucement.
Il chercha ses mots.
-D'abord, j'étais déjà parti à sa recherche. J'avais posé des questions un peu partout, j'étais allé sur ses traces dans la forêt et, finalement, j'avais contribué à monter une expédition au sein même de l'abbaye. Admets que ce n'est pas rien... Et ladite expédition avait réussi, quoique je n'aie eu aucun moyen de le savoir au moment où je suis rentré chez maître Wilmarin. Si nous avions simplement attendu là-bas quelques temps, comme je l'avais prévu, il est fort possible que des nouvelles nous soient parvenues... Nous serions donc arrivés au même résultat, mais avec beaucoup, beaucoup d'inquiétude en moins pour moi.

[Galathée]

" Non, parce que maintenant, tu es retourné dans l'abbaye, tu as combattu les cultistes, et des dragons, et des vampires, et la ville est sauvée, et c'est grâce à toi. Tu vois la différence, non ? C'est de la chance, que Cordélia s'en soit sortie sans qu'on le sache... Elle aurait pu ne pas s'en sortir et rester coincée dans l'abbaye. Mais c'est notre amie. C'est mon amie, en tout cas. Et moi je ne peux pas rester à attendre des nouvelles comme ça. Ce n'est pas moi. J'ai fait ça, dans le temps, attendre et attendre et attendre. Tu sais, je n'ai jamais cru que j'allais pouvoir la sauver moi... mais je savais que tu essaierais de me suivre. Et je savais que tu rentrerais à Champsdor. Finalement j'ai eu froid et surtout faim et un peu peur aussi... mais je suis content. Je ne dis pas que c'est moi qui ai fait ce que tu as fait. Mais je me sens quand même un peu responsable."

[Taliesin]

Ils n'étaient pas encore tirés d'affaire...
[color=#FFFFF66]-Ce n'est pas de la chance si Cordélia s'en est tirée : c'est grâce à tous les membres de notre groupe. C'est tous ensemble que nous sommes arrivés jusqu'à elle, et s'il n'y avait eu une tête brûlée pour compliquer la situation, c'est tous ensemble que nous aurions quitté l'abbaye. Mais voilà, il y a eu une tête brulée, nous avons été séparés et c'est grâce à mes compagnons que Cordélia a été libérée, tandis qu'après avoir fait diversion, je partais de mon côté. C'est donc un travail d'équipe qui a porté ses fruits : seul, je ne serais arrivé à rien. Comme c'est un travail d'équipe qui nous a permis de triompher, aujourd'hui : seul, je serais mort.[/color]
Il marqua une pause avant de reprendre :
-Et puis, tu sais... Aider les autres, ça ne se limite pas à foncer épée à la main : cela peut prendre bien d'autres formes. Pour être honnête, je crois que là où j'ai le plus rendu service à Champsdor, c'est en convainquant Wilmarin de nous aider. Le reste... D'autres que moi auraient très bien pu s'en charger. Or, impliquer Wilmarin, j'aurais pu le faire même sans ton départ. Comme je te l'ai dit tout à l'heure, mes camarades auraient pu venir me trouver chez lui pour m'informer de ce qui se passait. Il est aussi possible qu'avant de me décider à quitter la vallée, je me sois rendu incognito en ville pour prendre la température : après tout, vous étiez en sécurité, nous n'étions plus à quelques jours près... Au total, ta disparition n'a probablement fait que hâter les choses. En plus de me rendre mort d'inquiétude, évidemment.

[Galathée]

" Il y a beaucoup de... j'aurais pu et ils auraient pu et nous aurions pu... dans ton histoire. Mais c'est facile, une fois que les choses se sont produites, et dans le bon sens, de dire que tout aurait bien été de toute façon."
Il secoua la tête.
" Mais je sais que j'ai agi sur le coup de la colère, et ce n'est pas bien. Simplement... Si ça avait été Galathée ou Baptiste, dans cette abbaye... Tu ne serais pas resté à attendre chez Wilmarin, si ? "

[Taliesin]

Rester calme.
-Victor, rappelle-moi depuis combien de temps j'attendais tranquillement, quand tu as décidé de partir ?
Il ne lui laissa pas le temps de répondre.
-Une heure. Peut-être deux. Et en fait, je n'attendais même pas : je reprenais mon souffle et mes esprits après un long périple. Périple faisant suite à... une très périlleuse opération au sein de l'abbaye, en vue de sauver Cordélia, dont j'avais bien failli ne pas réchapper.
Il secoua la tête.
-Depuis sa disparition, j'ai tout mi sen œuvre pour la retrouver. Simplement, j'ai essayé d'agir de manière réfléchie, en tenant compte du contexte, en me trouvant des alliés, bref, en maximisant mes chances de réussite. Ce qui implique, parfois, de se poser pour retrouver ses esprits.
Il le dévisagea quelques instants.
-Je pense que la manière dont j'agissais autrefois t'aurait davantage plu... Un jour, il faudra que je te raconterai en détail ce qui s'est passé à Melandis...
Son regard se fit lointain.
-Je te raconterai ce que j'ai éprouvé quand, comme un seul homme, les esclaves de Melandis se sont soulevés et m'ont choisi comme chef, moi qui avais fait renaître l'espoir en leur cœur. Je te raconterai comme il était grisant de charger à leur tête dans mon armure brillante, ma lame étincelante à la main, comme je débordais de fierté quand, ayant mis en déroute le chancelier Mornagest et ses troupes, résonnèrent par toute la ville les hourras et le nom du Prophète Gris. Mon nom. En cet instant, je croyais que tout était possible. Je croyais que nous avions les moyens de tout transformer. Oui, je me pensais en mesure de changer le monde.
Il rouvrit les yeux.
-Ensuite, viendra le récit de nos défaites, de notre fuite. Ensuite, j'égrènerai les noms de tous mes morts. Et je te dépeindrai ce que cela fait, de se rendre compte que l'on s'est bercé d'illusions et que nos actions ont fait autrement plus de mal que de bien.
Il poussa un profond soupir.
-J'ai appris de mes erreurs, Victor. Je n'ai pas renoncé à aider mon prochain, mais je m'efforce d'employer d'autres méthodes. Peut-être les choses seraient-elles différentes à Melandis si je les avais appliquées à l'époque. Je n'en sais rien. Mais je suis convaincu qu'elles ont contribué à notre victoire aujourd'hui.

[Galathée]

Victor parut incrédule mais il ne dit finalement rien.
" Bon. Je suis désolé. Je ne peux pas te dire que je ne le ferai plus, parce que ce serait te mentir. Je peux te dire que j'essaierai de ne plus le faire, c'est déjà quelque chose, non ?"
Il eut un sourire désolé.
" Pour le reste, quand est-ce qu'on va dans l'abbaye ?"

[Taliesin]

Ce fut au tour du barde d'être incrédule.
Était-ce réellement possible d'avoir un tel culot ?
Il semblait bien que oui...
-Je te ferai la même réponse qu'à Baptiste : je dois y réfléchir. Mais d'ici là, vous avez tous intérêt à filer droit, répondit-il néanmoins d'un ton tranquille.

[Galathée]

" A vos ordres, chef !" répondit le gamin.
Il fit volte-face et retourna vers la chambre d'un pas martial. A l'intérieur, Titus et Marius, installés sur le lit de Baptiste, écoutaient le troisième terminer son récit. Victor préféra se rabattre sur son lit où il se laissa tomber comme une masse.
" Je crois que tu peux aller te reposer, dit Baptiste. On se mettra au lit comme des grands."

[Taliesin]

-Je vous fais entière confiance. Allez, bonne nuit à tous !
Sur ce, il se retira.
Ne lui restait plus qu'à retrouver le majordome. Ensuite, ce serait bain puis... repos.
Oh oui, repos...

[Galathée]

Les enfants lui souhaitèrent joyeusement bonne nuit, puis il put retracer son parcours jusqu'à la salle à manger. Deux personnes y étaient affairés, décrochant les rideaux que les enfants avaient maculés de soupe. Ils lui dirent que sa chambre était prête et effectivement, lorsqu'il y parvint (c'était la même que lors de son précédent passage), il y trouva son lit fait et le bain qui l'attendait. Plusieurs pierres brûlantes étaient encore au fond de l'eau, mais il suffisait de les retirer avec l'épuisette adaptée qu'on lui avait laissée pour pouvoir se baigner sans danger. Une collation avait été laissée sur la petite table afin qu'il puisse se restaurer et une tunique de nuit propre était posée sur le couvre-lit. La servante qui l'avait accompagné jusque là lui indiqua cependant que s'il avait besoin de quoi que ce soit de plus, il lui suffisait de le demander en tirant sur le cordon d'appel. Ensuite, elle le laissa seul.

[Taliesin]

N'ayant manqué ni de la remercier, ni de demander ce qu'il convenait de faire du bain une fois qu'il en aurait terminé - fallait-il le ramener quelque part ? appeler quelqu'un pour qu'il s'en charge ? le laisser jusqu'au lendemain ? -, Taliesin se mit rapidement à l'ouvrage. D'abord un méticuleux décrassage, pour se débarrasser du sang qui le maculait encore. Ensuite, un peu de grignotage : ce qui s'était passé à l'abbaye lui avait coupé l'appétit, mais manger quelque chose lui ferait du bien. Enfin, et surtout, se glisser entre ses draps.
Sommeil elfique ou humain, il s'en fichait : il voulait juste du sommeil.
Beaucoup de sommeil.
De toute façon, si on avait besoin de lui... On savait où le trouver.

[Galathée]

Il n'émergea pas avant l'aube, et il avait dormi d'un sommeil des plus humains, comme à son ancienne habitude. Les mauvais rêves l'avaient épargné pour cette fois, peut-être grâce à son épuisement. Il fut réveillé par le murmure de conversations à l'extérieur, dans le jardin intérieur. Cela n'avait rien de cris barbares d'enfants sauvages en pleine bataille, non, on bavardait simplement. Mais personne n'était venu frapper à la porte, il était toujours tranquille et avec la possibilité de dormir encore, si l'envie lui en prenait.

[Taliesin]

Mais il se sentait reposé et, surtout, il se souvenait que son programme du jour serait chargé. Aussi décida-t-il de ne pas lambiner.
Quelques minutes plus tard, il quittait sa chambre pour prendre la direction du jardin, tout en se demandant qui était en train d'y bavarder.
Wilmarin serait-il allé libérer Amrod et Cordélia au cours de la nuit ?
Cela n'aurait rien d'impossible.

[Galathée]

Il s'agissait effectivement de Cordélia et Amrod, assis sous la tonnelle, en train de siroter une tasse d'un liquide noir et brûlant que Taliesin identifia comme du café. Dès qu'ils le virent, ils lui firent signe de les rejoindre. Ils avaient l'air reposés.
" Alors, le héros ? l'apostropha d'emblée la jeune femme. Tu as l'air en bonne santé ! Je n'arrive pas à croire, à la réflexion, que vous ayez réussi à me convaincre de rester coincée dans une bibliothèque pendant que vous faisiez tout le travail. Vous êtes retors."
Amrod paraissait beaucoup moins scandalisé et lui servit une tasse.
" J'espère que vous avez bien dormi. Je suis désolé si nous vous avons réveillé."

[Taliesin]

-Oh, ne le soyez pas : je me suis couché tôt, j'ai dormi comme un loir et, en toute honnêteté, je pense m'être réveillé par moi-même.
Il leur sourit.
-Et de votre côté ? L'attente n'a pas été trop pénible ? Vous vous en êtes tirés, avec le bébé ?

[Galathée]

" Bien sûr que si l'attente a été pénible ! s'exclama Cordélia. Des heures dans le noir à ne rien faire !"
Elle paraissait cependant protester plus pour le principe que parce que les conditions avaient été réellement épouvantables.
" Il ne s'est rien passé, dit Amrod. Le sol tremblait de temps en temps, mais c'est tout. Personne n'est venu jusqu'à nous. Le bébé était trop épuisé pour pleurer longtemps. Wilmarin, Braen et Aegon sont venus nous chercher et Braen nous a escortés jusqu'ici. Les autres sont restés. Ils cherchaient encore Elwyn, je pense. Aegon savait où la trouver. Le bébé, nous l'avons remis aux Chauntéens. Vu l'âge qu'il a, sa mère doit encore avoir du lait... et c'était le plus naturel, qu'ils soient réunis."

[Taliesin]

-Je suis d'accord, acquiesça-t-il.
Les choses s'étaient donc bien passées, et c'était tant mieux.
-Le ciel s'est considérablement dégagé, même s'il reste du travail... Je pense que je ne tarderai pas trop a rejoindre Wilmarin et les autres à l'abbaye, d'ailleurs. Et du coup, cela tombe rien que tu sois ici, Cordélia : tu pourras surveiller les enfants à ma place.
Il plaisantait. Mais parce que c'était plus drôle comme ça, il avait prononcé sa dernière phrase avec le plus grand des sérieux.

[Galathée]

" Alors là, mon gros, tu te fourres le doigt dans l'oeil jusqu'au coude ! C'est pas moi qui ai décidé de me reproduire comme un lapin ! Et me dis pas qu'ils sont pas de toi ! Tu les attires, tu les rassembles, tu les collectionnes ! Et il parait même qu'ils détruisent la maison de leur hôte !
— Le mieux c'est de les emmener à l'abbaye avec nous. C'est suffisamment en ruines, là haut, pour qu'ils ne causent aucun dégât." ajouta Amrod avec un sourire.

[Taliesin]

Taliesin rit.
-Allez, Amrod, avouez : ils vous ont payé, c'est ça ? A moins qu'ils n'aient usé contre vous de menaces ou de chantage ? Non, parce que, voyez-vous, dès hier soir, il y en avait déjà deux pour me demander de les mener à l'abbaye...

[Galathée]

" Il ne s'agit pas de menaces mais de passage à l'acte, j'en ai bien peur. Je suis marchand d'art, si vous vous souvenez bien, et il n'est pas une étoffe, un tapis, un meuble de cette maison que je n'ai choisi moi-même, avec soin et un goût irrésistible."
Cordélia pouffa, s'attirant un regard faussement noir.
" Il y a deux types d'êtres qui sont normalement bannis de lieux tels que cette maison : les chiens et les enfants. Certains de ceux que vous avez ramenés ici me semblent presque apparentés aux deux espèces."
Amrod plaisantait, indubitablement, mais il y avait peut-être un fond de vérité derrière ses paroles.
" Les deux premiers cercles de l'abbaye sont non seulement sûrs mais ce sont en plus de véritables foutoirs. Ils vont s'y sentir... beaucoup plus à l'aise, croyez-moi. Et peut-être même pourront-ils contribuer à l'effort de guerre en donnant en coup de main pour trier ce qui reste utilisable et mettre le reste au rebut. Ils y seront heureux. J'ai été enfant, autrefois, je sais."

[Taliesin]

-Vous deviez être un enfant plus sage que la plupart de ceux-là, parce que Baptiste excepté, peut-être, je ne les imagine guère s'amuser en faisant du tri... Ceci dit, vous avez raison : ils ont déjà causé assez de dégâts ici, il est temps que l'abbaye les subisse à son tour. Et puis, les surveiller occupera Cordélia.
Sourire en coin.