[Lieu] Peyregorde

[Kasumi]

Kasumi était trop faible pour intervenir dans la mission qu'il avait confié à sa louve. La meilleure manière d'aider Première Neige et son apprentie était de tenter de se mettre lui-même à l'abri pour les attendre : ainsi elles pourraient se mettre plus rapidement à couvert. Pour le reste, il devait leur faire confiance : il n'avait pas le choix. C'est donc chancelant qu'il se redressa juste assez pour ramper jusqu'aux ruines du bâtiment avec un toit.

[Voyageuse]

Il parvint avec difficulté à se redresser, et tangua plus qu'il ne marcha jusqu'aux murailles. La pluie était glaciale, contrastant avec le vent tiède qui l'avait réchauffé, et il claquait des dents.
Les murs étaient à demi-éboulés, mais il subsistait une magnifique arche de pierre qui avait dû encadrer un portail. Elle était gravée de runes anciennes, à peine visible. Il s'y appuya pour reprendre son équilibre. Au-delà subsistaient les traces d'un ancien pavage, relativement épargné par la végétation. Une partie était abritée de la pluie par les restes d'une voûte de pierre sur croisée d'ogives.

S'agrippant à l'une des arches, il franchit la voûte. Et à ce moment précis, certaines runes s'illuminèrent. Mais il n'eut pas le temps de se poser la moindre question à ce sujet : le sol venait de se dérober sous ses pieds et il tomba d'une chute sans fin, dans une obscurité subite et totale. Il n'y avait plus rien autour de lui, plus de matière, plus de lieu, plus de temps sans doute. Juste une sensation de chute dans le vide.

[Voyageuse]

Ils débouchèrent de la forêt alors que le soleil commençait à décliner, marquant la fin de l'après-midi. Après la fraîcheur relative des bois, la chaleur suffocante de la plaine les surprit. Il faisait chaud, lourd, moite, comme souvent dans le courant du mois d'Eleasis. Le soleil était brûlant et il n'y avait pas le moindre souffle d'air. Des nuages, loin à l'horizon, annonçaient peut-être un orage pour le lendemain. Peut-être pas.

La palissade entourant le village n'était qu'à un quart de lieue de l'orée des bois, quelque part sur leur gauche. Il y avait de la vie dans les champs alentours, des paysans rentrant les derniers foins, des maraîchers récoltant les derniers légumes de l'été, des bergers et leurs troupeaux. Plusieurs reconnurent Kasumi et Mylène, de loin, et vinrent les saluer, s'inquiétant de leur absence prolongée au-delà des délais prévus. Ils dévisageaient Eldrina avec une certaine surprise, également, mais ne semblaient pas oser poser de questions.

[Kasumi]

Kasumi était soulagé de rentrer au village malgré la touffeur désagréable qui y régnait. En effet, au-delà de la mission qu'il n'avait pas encore su mener à bien, il s'inquiétait de l'état - tant de santé que d'humeur - de la personne qui avait dû trépigner à attendre son retour. Après avoir salué les paysans, la première chose dont il s'enquérit fût la date exacte. Il voulait lui aussi savoir combien de temps il avait passé en Féérie et depuis son départ de Peyregorde pour une mission qui ne devait durer que quelques jours. Conscient que cela réveillerait les inquiétudes de la rôdeuse qui les accompagnait, il s'adressa à elle d'un ton amical :

- Il se fait tard mais il ne fait aucun doute que nous pourrons vous trouver un endroit où passer la nuit dans les murs.

[missElder]

La rôdeuse en question observait le village avec un brin de curiosité. Elle ne se souvenait pas y être jamais venue, ce qui n'avait rien de si étonnant : la Forêt était vaste et elle n'avait guère arpenté les espaces dont ils revenaient à l'instant, a fortiori les villages en lisière de ces espaces. Pour l'instant, ce village n'avait guère l'air différent de ce qu'on pouvait trouver tout le long de la forêt : des palissades protectrices, des paysans, des champs, et des bergers avec leurs troupeaux. Mais chaque village avait son identité, aussi petit soit-il, que ce soit autour d'un temple, d'un bâtiment, d'un élément de paysage ou d'une communauté, et elle était curieuse de découvrir un peu les lieux. Elle réalisa, d'ailleurs, qu'elle ne savait même pas où ils se trouvaient. Certes, au vu du trajet qu'ils avaient effectué, elle voyait plus ou moins, géographiquement, dans quelle région ils se situaient : elle aurait dit que Respelm, par lequel elle était passée à l'aller (il y a si longtemps déjà), se situait quelque part plus au sud, ou peut-être au sud-ouest ? Mais elle ignorait en revanche le nom de la localité qu'ils venaient d'atteindre, et elle se tourna vers Kasumi pour lui répondre et l'interroger tout à la fois.

Elle n'avait pas dit grand-chose de tout le trajet. Si tout s'était déroulé sans problèmes, ils avaient néanmoins progressé avec prudence, même si la rôdeuse, entre Kasumi et Mylène, s'était un peu sentie comme une invitée que l'on escortait, et elle aurait sans doute pu baisser un peu sa garde pour laisser flâner ses pensées. Celles-ci n'étaient pas très complexes, ceci dit : pour l'essentiel, elle avait médité sur les récents événements, sa rencontre avec Belette, son futur avec Belette, et sur leur bond dans le temps et les conséquences qu'il pouvait avoir eu. Dans tout cela, elle n'avait donc pas songé à questionner Kasumi sur leur trajet, ni leurs modalités de logement, encore moins sur leur lien éventuel avec ce petit village.

- D'accord, vous avez l'air de bien connaître les lieux, donc, d'accord. Et, euh, d'ailleurs : où sommes-nous ? Le nom, je veux dire.

[Kasumi]

Kasumi sourit, commençant à se faire au langage légèrement décousu de la rôdeuse demi-elfe. Il ne tarda pas à répondre après avoir échangé un regard avec Mylène :

- Il s'agit du hameau de Peyregorde dont est originaire Mylène et où je loge temporairement. Mais le nom ne doit pas vous parler : la localité la plus proche est Respelm, à une journée de cheval d'ici.

[Voyageuse]

" Vous pourrez sûrement loger chez moi, fit remarquer Mylène. On a de la place à la maison... et en fait, ça m'arrangerait bien, je dois dire : votre présence m'évitera sûrement de me faire trop enguirlander. Ma mère osera pas, devant une invitée... "
Ils avaient en effet appris, par les bergers, que la fin du mois était nettement plus proche qu'ils ne l'avaient cru. Leur absence avait duré une petite quinzaine de jours. De quoi susciter bien des inquiétudes... et certainement des remontrances à l'arrivée.
" Et puis en plus, comme ça, elle verra qu'il existe aussi des femmes des bois. Que ce n'est pas forcément un métier d'homme. Bon, si vous pouviez lui expliquer tous les bons côtés de la vie en forêt... et ne pas trop parler des morts-vivants... ça serait parfait."

[missElder]

Eldrina enregistra les différentes informations à sa disposition. Alors comme cela, Mylène avait une mère un peu envahissante, et sans doute inquiète des choix d'avenir de sa fille ... Elle avait ses raisons, ceci dit, car si la rôdeuse avait bien compris les conversations échangées jusqu'ici, Mylène et Kasumi étaient partis depuis plus longtemps que prévu et la nouvelle n'avait pas semblé les ravir ; sans doute que d'aucuns ici avaient pu s'inquiéter de leur absence. Elle sourit à la requête de la jeune femme à propos de sa mère. Quelque part, tout cela lui rappelait un peu la mère d'Asna, à Respelm, qui avait bien du mal à gérer l'idée que sa fille veuille devenir indépendante et partir vivre à Luménis au lieu d'avoir une vie, plus rangée, dans leur village. La situation était différente, néanmoins, mais Eldrina était curieuse de voir ce que cela donnerait : Mylène semblait anticiper un accueil peut-être inquiet, si ce n'était négatif, de sa mère, et la rôdeuse se demandait à quoi pourrait ressembler son hébergement du soir.

- Hmm, d'accord ... Je ferai ... Bon, si ça vous arrange aussi, merci pour le logement. Et, hum, je ne garantis rien, je ne suis pas très ... éloquente mais ... je vous promets que si elle me demande, je serai très positive. Ou je vais essayer. Pas de morts-vivants, ça marche.

[Kasumi]

Puisque que Mylène et Eldrina semblaient s'être mises d'accord pour l'hébergement de cette dernière, Kasumi prit congé des deux jeunes femmes - en leur donnant cependant rendez-vous le lendemain - pour aller s'enquérir d'une troisième qui devait l'attendre de pied ferme. La nouvelle de leur arrivée avait en effet certainement déjà fait le tour de la petite communauté et retarder les retrouvailles, même pour prendre des nouvelles d'Ombrage ou effectuer son rapport auprès du bourgmestre était exclu.

[Voyageuse]

Ils parcoururent ensemble les quelques dizaines de mètres qui les séparaient de la palissade de bois. L'entrée, comme d'habitude, n'en était pas gardée.
Il aperçurent aussitôt, semblant les attendre de pied ferme, deux têtes bien connues de Mylène et Kasumi. La première était une femme relativement âgée, l'air un peu austère, dont les traits avaient quelque ressemblance avec ceux de Mylène, bien qu'étant châtain aux yeux bleus là où sa fille était brune aux yeux noirs. La seconde était une jeune femme rousse aux yeux verts, dont le ventre rond trahissait quelques mois de grossesse, lui donnant un air épanoui malgré ses sourcils froncés. Il s'agissait, bien sûr, de la mère de Mylène, et de Sylvia, qu'un certain faucon avait dû prévenir.
" Vous en avez mis du temps !" s'exclamèrent-elles quasi simultanément.
" Mais vous étiez où ?!!" ajouta Sylvia, l'air plus inquiète qu'en colère.
" Hum... On a une invité pour la nuit, intervint aussitôt Mylène. Maman, je te présente Eldrina !"
Le ton était un peu trop enjoué compte tenu des circonstances. Sylvia jeta à la jeune demi-elfe un regard curieux, puis vaguement méfiant -ou jaloux?
" Sylvia. Enchantée", fit-elle néanmoins, d'un ton de pure politesse.
" De même. Et.... vous êtes la bienvenue à la maison, bien sûr, ajouta la vieille femme sur un regard un peu impérieux de sa fille. Venez, je vais vous guider, on habite juste à côté..."
" Et bien... à demain !" lança Mylène à Kasumi, entraînant Eldrina à sa suite.

Sylvia fronça les sourcils, et entraîna celui-ci à son tour en direction de la maison de Martha.

HRP : Kasumi va poursuivre dans un autre sujet, pour pas que ce soit le bazar pendant votre courte "séparation".... Et Eldrina continue ici.

[missElder]

La rôdeuse était parfois un peu perdue en termes de sociabilité, mais elle n'était pas tout à fait stupide ; aussi, lorsqu'une femme enceinte était arrivée avec celle qui était manifestement la mère de Mylène, et était ensuite repartie avec Kasumi pour la soirée, Eldrina n'avait pas eu trop de difficultés à émettre la supposition qu'il s'agissait de la compagne du gardien d'Aubépine. En tout cas, elle en avait bien l'air. Par ailleurs, les réactions simultanées de la mère de Mylène et de cette inconnue semblaient montrer que, quelle que soit la raison pour laquelle Kasumi et Mylène étaient partis à l'aventure en Féérie, comme ils le lui avaient raconté, cette aventure n'avait décidément pas été prévue comme étant aussi pleine de rebondissements ... Elle ne put s'empêcher d'avoir une pensée pour Bran. Si ces deux femmes étaient aussi inquiètes pour une absence plus courte que la sienne, elle n'osait pas imaginer l'inquiétude du paladin qui l'avait accompagnée et devait la croire disparue depuis des mois. Pourvu qu'il n'ait rien tenté de fou, et qu'il ne s'en veuille pas trop ! Quelque part, il était heureux qu'Eldrina n'ait, présentement, personne d'aussi proche d'elle que des parents ou un conjoint ; c'était beaucoup de responsabilités à chaque voyage, chaque excursion dangereuse ...

Entre les pensées qui lui traversaient l'esprit, et la vitesse à laquelle les derniers échanges s'étaient déroulés, la rôdeuse n'avait pas pu dire grand-chose, l'eût-elle voulu. A peine le temps de poliment saluer les deux nouvelles venues, puis de lever la main pour souhaiter une bonne soirée à Kasumi, et la voilà entraînée chez Mylène et sa mère. Elle hésita un moment : peut-être fallait-il qu'elle dise quelque chose ? D'un côté, Mylène lui avait indiqué que sa présence lui serait utile pour distraire sa mère et lui éviter trop de reproches interminables. D'un autre côté, elle était tout à fait capable de paniquer, dire n'importe quoi et relancer la conversation sur les sujets que la jeune femme souhaitait précisément éviter. Elle finit par opter pour un choix qui lui semblait prudent, mais ne sonnait pas aussi bien qu'elle l'aurait imaginé une fois prononcé.

- Donc ... Mylène ... Vous avez grandi ici, alors ?

[Voyageuse]

" Oui, répondit Mylène. Ici. Dans les champs et les bois...
- Un peu plus dans les bois que dans les champs, tu veux dire, corrigea sa mère.
- C'est pas faux...."
La vieille femme poussa la porte d'une petite maison accolée à deux autres, toute proche de l'entrée du village. Elles pénétrèrent dans une pièce de taille modeste, meublée principalement d'une grande table familiale et de deux bancs que lesquels elle les invita à s'asseoir. Mylène, du reste, n'avait pas attendu la permission pour s'y installer à califourchon..
" Vous avez pas idée, soupira la mère de Mylène, du nombre de fois où je me suis inquiétée en la voyant partir dans cette maudite forêt. Mais jamais autant que cette fois-ci. Vous étiez partis pour quelques jours !, ajouta-t-elle d'un ton véhément en se tournant vers Mylène. Soi-disant pour vous occuper d'une meute de loups. Moi, j'ai cru qu'ils vous avaient tous dévorés ! Tu n'imagines pas le sang d'encre que je me suis fait...
- Ben tu vois, ils nous ont pas dévorés ! On a juste été retardés par des phénomènes magiques bizarre.... Mais Eldrina pourrait sûrement mieux vous expliquer..."

[missElder]

La maison était modeste, mais Eldrina n'était pas particulièrement exigeante, et à vrai dire, tout ce qu'elle espérait ce soir, c'est qu'elle pourrait dormir tranquillement sans phénomène magique inexpliqué qui la réveille en sursaut. Elle écouta avec attention les échanges entre Mylène et sa mère, et réalisa qu'elle ne savait même pas depuis combien de temps la première était devenue l'apprentie de Kasumi. En tout cas, elle semblait encore vivre à Peyregorde régulièrement, et sous la surveillance de sa mère. Elle retint un sourire en coin, s'amusant intérieurement du contraste entre la mère, sérieuse et inquiète, et l'attitude volontairement désinvolte de la fille. Celle-ci, néanmoins, semblait vouloir aborder la question des phénomènes dont ils avaient tous trois été victimes, et la rôdeuse s'en étonna un peu : ce n'était pas ce qu'elle aurait spontanément choisi pour rassurer la mère de Mylène sur le peu de risques de la vie qu'elle avait choisie ! Mais elle tenta néanmoins de faire sa part de conversation, du mieux qu'elle le pouvait.

- Oh, euh, eh bien, comment dire, oui ... Expliquer, pas sûre, je n'ai pas vraiment compris non plus ... Apparemment, il y a pas mal de phénomènes magiques un peu, euh, étranges, en ce moment, et c'est ça qui nous est arrivé ... Hier, j'étais avec un paladin, on, disons que nous rentrions à Luménis, d'une expédition. Et pouf, cette nuit, quelque chose d'étrange, et voilà, j'apprends qu'on n'est plus au début du printemps, mais à la fin de l'été, tout ça en une nuit ... Et donc j'ai rencontré Mylène et Kasumi et apparemment ils ont .. enfin vous avez eu une expérience similaire, mais plus courte. Et vous avez croisé des sirènes, conclut-elle d'un air un peu rêveur, songeant une fois encore aux merveilles qu'ils avaient dû voir en Féérie.

[Voyageuse]

Mylène jeta un coup d’œil paniqué en direction d'Eldrina, mais les derniers mots avaient hélas été entendus par sa mère.
" Des sirènes !???! s'exclama-t-elle. Comment ça, des sirènes ? Où c'est-y que vous avez bien pu trouver des sirènes dans la forêt, j'voudrais bien l'savoir ! Ça vit pas ici des sirènes !!! Et tu sais que ce sont des créatures dangereuses quand même ?
- Oui, oui... mais non... elles n'étaient pas dangereuses, celles-ci, elles étaient très amicales... Et c'était... sur les rives de la Lézarde, plus au sud.... beaucoup plus au sud, même.
- Il est hors de question que tu retournes par là-bas !
- Oui, oui t'inquiète pas, on va jamais aussi loin... C'était exceptionnel. Et je suis sûre qu'il y a jamais de sirènes d'habitude. Tout ça, c'est à cause des phénomènes magiques justement. Il y a eu des créatures bizarres... qui ont toutes disparu après. Et le temps est passé bizarrement, comme dit Eldrina. Elle, elle a sauté quatre ou cinq mois d'un coup.... nous c'était juste quelques nuits. Et on est revenus quand on s'en est aperçus, pour ne pas vous inquiéter tous. Mais faut qu'on reparte, on venait de trouver un site pour les loups..."
Sa mère ouvrit de grands yeux affolés.
" Mais c'est pas possible.... t'as donc point de paix ma fille ?"
Elle se tourna vers Eldrina, comme pour la prendre à témoin.
" Non mais vous trouvez qu'c'est une vie, vous, à toujours courir les bois et soigner les bêtes sauvages, pour une jeune fille ?"

[missElder]

Si la rôdeuse avait pu se mordre littéralement les doigts, elle l'aurait fait sur le champ. Par les dieux, elle ne savait donc vraiment jamais s'exprimer correctement, et finissait donc toujours soit par ne rien dire, soit par faire les pires gaffes ! Elle écouta le reste de la conversation sans oser intervenir derechef et risquer d'aggraver la situation, et regarda Mylène tenter de se dépêtrer de la situation. Apparemment, les sirènes ne faisaient pas partie des créatures qu'une mère inquiète pour l'avenir de sa fille considérait comme fréquentable. Bon, peut-être qu'elle aurait pu le deviner toute seule, sur ce coup, mais elle s'était laissée emporter. Il y avait bien un proverbe qui parlait de tourner sept fois sa langue dans sa bouche, mais cela impliquait d'être assez peu stressée par l'idée de parler en public pour avoir le temps de songer tranquillement à appliquer des principes de bon sens.

La mère de Mylène finit par l'interpeller, et Eldrina n'avait plus le choix : il fallait bien qu'elle trouve quelque chose à répondre. Heureusement, la question était a priori plus facile pour elle, et, après avoir haussé les épaules et émis une grimace censée signifier quelque chose comme "Oui, plutôt, enfin peut-être", elle prit une inspiration et répondit.

- Ben, euh, en tout cas, ça a été la mienne, de vie ... Et, bon, je ne me plains pas ... J'étais jeune, mais pas toute seule, j'avais un maître, un peu comme Kasumi, je suppose, et, euh, je m'en sortais bien ...

[Voyageuse]

" Et vous trouvez vraiment que c'est une vie ? je veux dire... vous êtes encore toute jeune, vous avez l'âge de vous marier, d'avoir des enfants.... c'est pas dans les bois qu'on trouve un mari !
- Sylvia a bien trouvé Kasumi, protesta Mylène
- Mais ils ne sont pas d'ici ! T'en vois beaucoup, des hommes qui s'intéresseraient à une fille qui passe sa vie dans les forêts ? Vous en connaissez, vous?, ajouta-t-elle à l'adresse d'Eldrina.

[missElder]

Elle ne put s'empêcher de rougir. Ah, il fallait forcément qu'on en vienne à lui poser ces questions ... En même temps, ce n'était pas si surprenant de la part de Mylène, et Eldrina voyait très bien quel genre de préoccupations elle pouvait avoir. Dans ces petits villages, cet univers un peu fermé, une fille était assurée d'un avenir décent une fois qu'elle était mariée, et à quelqu'un d'acceptable - du genre à avoir une occupation stable, à ne pas partir en expédition à tout bout de champ, et à pouvoir nourrir une famille. Après tout, du point de vue de la mère de Mylène, c'était normal qu'elle s'inquiète : dans ce monde-là, une fille qui partait sur les routes et à l'aventure, ce n'était pas la promesse d'un avenir stable, plutôt le risque qu'elle finisse sans personne qui veuille l'épouser. Et la rôdeuse ne savait pas vraiment comment convaincre ce genre de gens. C'était aussi pour ça, parce qu'elle sentait que ce n'était pas son monde, qu'elle était partie, si jeune, suivre son maître, alors elle n'était pas la personne la plus adaptée pour la convaincre en douceur. Elle se doutait, cependant, qu'un simple "ne vous en faites pas, et puis il y a d'autres priorités dans la vie" ne la rassurerait guère. Aussi essaya-t-elle de ne pas trop bafouiller ni faire de gaffes.

- Oh, ben ... Moi, c'est ma vie, et ça me va ... Elle n'allait tout de même pas lui répondre "moi, je ne connais pas grand-monde", cela ne l'aurait certainement pas apaisée. Vous savez, ça existe, ce genre d'hommes ... Peut-être pas ici, à Peyregorde, mais, au-delà ... Il y en a qui sont des gens très bien ... Comme Kasumi, non ? Et il y en a qui trouveraient ça très impressionnant, ce que fait votre fille, et, euh, voilà ... Elle hésita un instant puis reprit, songeant à ce que Mylène lui avait demandé avant d'arriver : convaincre sa mère des bons côtés de la vie en forêt. Vous savez, ce n'est pas non plus une vie de recluse, on rencontre du monde, et, on n'est pas isolée ni rien, ou ... privée de vie sociale ...

Il lui aurait sans doute fallu quelqu'un de plus convaincant qu'elle-même, toujours aussi peu à l'aise en société, pour la convaincre que c'était une vie qui n'isolait pas totalement de la vie sociale, mais elle faisait avec ce qu'elle avait.

[Voyageuse]

Mylène rebondit immédiatement sur ses dernières paroles.
" Ben oui, tu vois bien, Kasumi il vit ici, au village, il a bien une vie sociale, et bientôt un bébé ! je suis pas obligée de vivre toute seule au fond des bois !
- J'sais ben... mais j'suis sûre que ce genre de chose doit faire fuir la plupart des hommes...
- Et bien, il ne restera que les meilleurs, c'est tout ! Ou sinon j'aurai pas d'homme ! C'est pas la mort non plus ! Regarde, tu te débrouilles pas si mal, depuis que t'es toute seule !
- Pas d'homme... ça veut dire pas d'enfant non plus... Enfin, Mylène...
- Pour le moment, c'est pas mon projet ! J'ai même pas quinze ans ! Et peut-être que j'en voudrais jamais, d'ailleurs !"
La perspective semblait absolument impensable à sa mère, qui jeta un regard un peu inquiet à Eldrina, jugeant sans doute qu'elle avait l'âge de se préoccuper elle aussi de ces choses-là.

[missElder]

La rôdeuse, un peu évasive, haussa les épaules d'un air gêné. De son point de vue, Mylène avait bien le droit de faire ce qu'elle voulait, mais Eldrina ne voulait pas froisser son hôtesse qui avait tout de même eu la gentillesse de l'accueillir sur une simple présentation très rapide par sa fille. D'expérience, elle savait aussi qu'il était souvent difficile de raisonner avec ce genre de personnes, sédentaires, en marge des grandes villes, qui avaient des ambitions et des craintes propres à leur mode de vie et qu'il était difficile de leur faire remettre en question. Bien souvent, la meilleure solution était simplement de passer outre leurs conceptions et de partir vivre sa vie, si on en avait les moyens ou si on était aidé. Mais la mère de Mylène ne semblait pas faire partie des parents qui en profitaient pour réprimer leurs enfants ou leur mener la vie dure, et ses inquiétudes s'expliquaient sans doute assez bien au vu de ses propres valeurs et sa propre expérience. Aussi la rôdeuse hésitait, entre soutenir Mylène et lui montrer qu'elle était d'accord avec elle, et ne pas se montrer trop désagréable envers sa mère. Elle choisit donc une voie alternative.

- Bon, il y a encore le temps pour ces choses-là ... Sinon, je ne veux pas vous déranger, mais, simplement ... Où est-ce que je pose mes affaires ? Elle pointa son sac du doigt. C'est gentil de m'accueillir pour la nuit, en tout cas.

C'était sauter allègrement du coq à l'âne, mais au moins, elle éviterait de tenir des propos qui mettraient Mylène en porte-à-faux avec sa mère ou risqueraient de l'inquiéter encore plus.

[Voyageuse]

Le brusque changement de sujet soulagea fortement Mylène, à en juger par son expression.
" C'est par là !, fit-elle aussitôt en désignant une porte sur le côté, sans laisser le temps à sa mère de réagir. Y'a deux lits dans ma chambre. Toujours. C'était pour ma grand-mère quand elle venait en visite, avant."
La porte était particulièrement basse, et donnait sur trois petites marches d'escalier. Elle y entraîna Eldrina, pressée d'échapper à une discussion potentiellement délicate.

Il leur fallut se baisser pour franchir le seuil. Eldrina découvrit une petite pièce sans prétention, avec deux lits jumeaux séparés par une peau de mouton en guise de tapis. Une petite armoire en occupait l'un des murs, et une fenêtre, en face, s'ouvrait sur le grand carré d'herbe servant de place au village. On y apercevait une pierre dressée, haute comme deux hommes, ainsi que deux puits, à deux angles opposés. On y voyait aussi, pêle-mêle, des cerisiers, quelques poules, deux chèvres, une vache maigrelette, deux ânes, une ribambelle d'enfants se poursuivant gaiement, et deux femmes en train de puiser de l'eau. Du côté ouest, à l'ombre des bâtiments, une mère et ses quatre filles filaient de la laine, assises sur un banc juste à l'entrée de leur maison, tout en bavardant avec deux autres villageoises aux paniers chargés de fruits.

" Y'aura plus d'animation tout à l'heure, à la fraîche, commenta Mylène. C'est le point de rendez-vous de tout le village en cette saison. Mais on n'est pas obligées d'y aller, si vous préférez vous reposer... Puis vous connaissez personne..."

[missElder]

Elle était tout sauf exigeante en matière de logement, et la maison de Mylène et sa mère n'était guère différente des habitations qu'elle avait pu rencontrer dans les autres villages en lisière de la forêt qu'il lui avait été donné de fréquenter de temps à autre avec son maître. La vue par la fenêtre était finalement assez familière également, et Eldrina eut un petit sourire. Elle avait peu aimé sa jeunesse à l'orphelinat et elle aurait certainement détesté devoir finir comme ça, à vivre la vie de toutes ces villageoises, mais c'était tout de même un univers qui lui était familier, et qui pouvait exister entre autres parce que des gens comme elle patrouillaient la forêt et se chargeaient des tâches les plus délicates. Peut-être que c'était aussi le cheminement qui avait poussé Mylène à devenir l'apprentie de Kasumi, après tout.

Elle déposa son sac contre le lit et attrapa Belette, qui avait voyagé tranquillement installée dedans, avec un espace pour sortir la tête à tout moment.
- Oh, je ne sais pas ... Ça peut me changer les idées, enfin je ne veux pas vous déranger non plus. Elle ne connaissait en effet personne, et ne serait pas la plus à l'aise du monde, mais la journée n'était pas encore finie, ce pourrait être une idée plutôt que de rester enfermée jusqu'à la tombée de la nuit. Peut-être que Belette a envie de se promener un peu, se défouler ...

Elle eut un nouveau sourire à l'idée qu'elle allait devoir apprendre à s'adapter au rythme de la belette, autant que celle-ci devrait se faire au sien. Que de nouveautés en perspective !

[Voyageuse]

Mylène s'était laissée tomber sur son propre lit avec un soulagement visible. Mine de rien, elles avaient beaucoup marché, et visiblement l'apprentie rôdeuse avait également beaucoup marché en Féérie avant d'atterrir dans la clairière.
" Vous en avez de la chance, d'avoir un petit animal comme elle, s'exclama Mylène en observant la belette d'un air attendri. Nous on a eu un chien, des chats, des poules, et même des chèvres... les classiques, quoi. Mais j'ai toujours rêvé de pouvoir apprivoiser un animal sauvage. En plus elle est trop craquante. Tous les gosses du village vont vouloir la caresser, si on sort avec ! D'ailleurs... Je peux la caresser, moi ? Et comment vous avez fait, pour l'apprivoiser ? Vous pourrez m'apprendre ?"

[missElder]

Eldrina s'assit sur le lit adjacent et réalisa qu'elle était elle-même peut-être un poil plus fatiguée qu'elle ne le pensait. Après tout, sa nuit avait été mouvementée et elle avait toujours un certain nombre d'événements à digérer. La remarque de Mylène concernant Belette la fit sourire, et elle lui grattouilla la tête presque sans y penser.

- Bien sûr, vous pouvez, enfin si elle veut bien, répondit-elle à la première question en lui tendant Belette. C'est vrai qu'elle est belle ... Mais sinon, bon, je ne suis pas sûre d'être très experte, on se connaît depuis ... hier, réalisa-t-elle. Bon, techniquement, c'était il y a plusieurs mois, mais en temps vécu, c'était encore la veille. C'est un peu compliqué à expliquer. J'étais dans la forêt, avec Bran, enfin, le paladin avec moi, on revenait de ... peu importe, et donc, pendant la nuit, j'ai vu surgir un fantôme, et ... Elle s'efforça de résumer les événements de façon aussi concise qu'elle le pouvait, mais son récit n'avait clairement pas le rythme d'une aventure contée par un barde. Comment elle avait suivi le fantôme, avant de battre en retraite. Puis comment Bran et elle avaient suivi la même piste le lendemain, trouvé le corps, et comment le fantôme de l'animal l'avait menée à Belette, dans son petit abri dans l'arbre, et avait semblé lui confier son petit. Et voilà ... Donc quelque part, c'est plutôt elle qui m'a apprivoisée. C'est un peu venu tout seul, je l'ai attrapée et j'ai senti comme un lien, comme si elle me faisait confiance, mais ... je n'ai pas fait grand-chose.

Elle grimaça en réalisant qu'elle n'avait pas vraiment répondu à la question, et ses pensées la conduisirent à une autre personne qui aurait pu éclairer Mylène - et même elle-même.
- Je ne sais pas si ça vous aide beaucoup, désolée ... Kasumi n'a pas une, enfin, une histoire du genre, avec sa louve ?

[Voyageuse]

Mylène sourit.
" Si, si... Mais je n'ai pas vraiment osé le questionner. Il n'y a que quelques veilles que je le connais, en fait. Puis un loup c'est impressionnant. Sa louve est très... civilisée, si on peut dire. Mais il m'a emmené voir la meute qui pose des soucis à nos troupeau, c'est... spécial, je dois dire. Je préférerait une petite bestiole dans ce genre. Ça me semble moins dur à apprivoiser. Après, peut-être qu'il l'a eue toute petite, sa louve, je n'en sais rien..."
Elle secoua la tête.
" Mais quand même... ça doit être chouette, ce lien que vous sentez. Et si j'ai bien compris, c'est un peu comme si le destin vous l'avait envoyée. Ou bien Mielikki, carrément ! Mais peut-être que le destin ne m'enverra jamais d'animal à moi..."

[missElder]

- Ah ? Je pensais que ça faisait plus longtemps, enfin, vous avez l'air de vous connaître bien ... Mais oui, c'est autre chose, un loup. J'imagine qu'elle doit beaucoup l'aider, mais ça ne doit pas être très facile pour aller en ville ...

Elle resta un moment silencieuse, méditant sur ces diverses informations. Elle n'avait jamais eu l'occasion de rencontrer quelqu'un possédant un compagnon animal, jusque-là. Son maître en avait eu un, un faucon, mais de ce qu'il lui avait raconté, son compagnon était mort lors d'un combat, peu avant qu'elle ne le rencontre, et il n'avait jamais voulu se lier à un autre animal. Elle ne se considérait donc clairement pas comme une experte en la matière.

- Bon, je ne sais pas trop, mais je suis sûre que si vous le voulez, vous trouverez un jour un animal avec qui vous voudrez vous lier. Moi j'étais un peu toute seule depuis quelques semaines ... mois ... et voilà, je rencontre Belette. C'est un bon moment dans ma vie. Et puis ... Elle eut soudain une pensée pour leurs échanges avec la mère de Mylène, et gloussa un peu. C'est comme les enfants et le mariage, vous avez le temps !

[Voyageuse]

" Rhooo, s'exclama la jeune fille, ne parlez pas de ça ! Ma mère n'a que ça en tête, devenir grand-mère un jour. Elle désespère de voir que je n'ai pas de petit ami, alors que normalement à mon âge on est sensés s'y intéresser. J'ai même une copine qui vient de se fiancer, elle a juste un an de plus que moi. Hum... Je suis pas sûre qu'elle puisse imaginer que j'ai plus envie de créer un lien avec un animal qu'avec un garçon..."
Elle secoua la tête en riant.
" Mais vous avez raison, j'ai le temps. J'espère que ça arrivera, c'est tout. Je vais peut-être avoir l'occasion de soigner un petit animal orphelin trouvé dans les bois, qui sait ?"
S'allongeant sur le matelas de paille, les mains sous la tête, elle sourit rêveusement.
" Et vous... vous repartez sur Luménis, c'est ça ? C'est marrant, comme destination, pour une rôdeuse..."

[missElder]

La réaction de Mylène ne lui avait que d'autant plus rappelé Asna et Lucia. Cette dernière aurait sans doute largement préféré que sa fille ne s'intéresse pas encore aux garçons ... Ou en tout cas, pas à celui qu'elle avait choisi. Les parents semblaient avoir toujours quelque chose à redire et beaucoup de craintes à faire peser sur leurs enfants. C'était un des avantages à être orpheline, pour la rôdeuse : au moins, personne n'avait jamais eu l'autorité "légitime" de questionner ses choix - même si les prêtres de l'orphelinat n'avaient guère apprécié qu'elle s'en aille avec un rôdeur ! Elle savait aussi qu'elle avait eu de la chance, sur ce point, d'être recueillie par un orphelinat lathandrite. Elle n'avait jamais trop prêté attention aux cours de religion, mais au moins, les Lathandrites étaient des gens bien. Même si elle ne pouvait s'empêcher de se demander parfois ce qu'aurait été sa vie si, dans son enfance, elle avait eu des parents, et connu tous les bons côtés qu'il y avait avec ça ...

Elle s'ébroua, après avoir laissé filer ses pensées, et reprit le fil de la conversation et de la question que Mylène venait de lui poser. C'était vrai, quand on y pensait, ce n'était pas si cohérent que ça, d'un point de vue extérieur, qu'elle soit partie comme ça à Luménis ...

- Oui, peut-être ... Mais je dois au moins retrouver le paladin qui m'accompagnait, j'ai quand même disparu sous son nez pour faire un bond dans le temps ... Et prendre des nouvelles d'Asna et Enzo, aussi. Elle n'était pas responsable de l'un ou l'autre, mais ils étaient bien jeunes, et elle espérait découvrir à son retour qu'ils allaient bien, ou qu'ils étaient rentrés sains et saufs à Respelm. Après, je verrai ...

La question de Mylène était pertinente, elle devait le reconnaître. Quand son maître était mort, elle avait ressenti le besoin de changer d'air, de faire des découvertes, de partir un peu explorer le monde, quitte à se confronter à la grande ville de Luménis et à tout ce qui lui était inconnu. Elle n'avait pas vraiment de plan d'avenir, à part ça. Elle était tombée si rapidement sur Marvin, qui avait justement besoin d'une escorte connaissant la forêt, qu'elle n'avait pas trop eu le temps de se questionner sur le plus long terme.

[Voyageuse]

La jeune fille eut un sourire entendu.
" Oh... Vous y allez pour retrouver un paladin, alors ? Je comprends mieux..."
Elle gloussa.
" C'est le genre de chose qui rassurerait ma mère, je parie. D'entendre qu'on peut être rôdeuse et s'intéresser aussi aux hommes...," ajouta-t-elle avec un clin d’œil, le regard pétillant.

[missElder]

Elle rougit aussitôt et bafouilla quelques syllabes incompréhensibles, avant de se mettre à rire. Un peu parce qu'elle était gênée, un peu parce que c'était de bonne guerre après ses remarques sur les enfants et le mariage, un peu parce que c'était tout à fait incongru d'associer Bran à la catégorie "hommes auxquels on s'intéresse".

- Oui, mais bon, c'est un paladin ... C'est un peu particulier ...

Elle ne voyait pas vraiment comment expliquer mieux que cela le caractère de Bran, mais elle avait envie d'essayer quand même.

- "Je vais m'en charger, ce n'est pas pour les femmes", "Oh, je vais vous protéger, c'est mon devoir !", vous voyez un peu ...

Non, décidément, elle avait apprécié voyager à ses côtés, il était tout à fait compétent et c'était quelqu'un de bien, mais il n'était vraiment pas le genre d'homme qui l'attirait. Elle redevint un peu plus sérieuse en se rendant compte de la situation, où elle se retrouvait à se demander si elle avait été attirée par Bran, alors qu'elle ne savait toujours pas comment le paladin avait vécu sa "disparition". Elle espérait pour lui qu'il s'était simplement dit qu'elle avait décidé de repartir vivre dans la forêt, ou ... ou n'importe quoi plutôt que l'idée de Bran passant des heures à la chercher et à s'en vouloir ; elle tenait vraiment à passer lui donner des nouvelles, s'il était encore à Luménis - dans leur commanderie, sans doute, si elle avait bien compris ?

[Voyageuse]

Mylène se mit à rire.
" Je vois le genre ! Mais il y a plein de filles qui adoreraient être protégées ainsi par un chevalier servant, vous savez ? Bon, moi... ce serait pas forcément mon genre. Mais je ne suis pas représentative du genre féminin, à ce qu'il parait. C'est ce que ma mère se tue à me dire en tout cas..."
Elle secoua la tête.
" Et si ça se trouve, pour lui c'était une manière de vous faire la cour... Allez savoir ? Peut-être qu'il attend de vos nouvelles désespérément.. surtout si vous avez disparu depuis le printemps, comme vous dites. Remarquez, il a pu trouver une autre jeune fille à protéger, peut-être, pendant ce temps..."
Elle rit joyeusement.
" Misère, on croirait entendre ma mère, en fait. J'ai honte ! Allez, je vous taquine..."