[Quête] A travers la vallée...

[Taliesin]

[color=#FFFFF66]-Trouver une place n'est pas évident, pour vous. Mais ce qui est encourageant, c'est qu'il a réussi à en trouver une. Et tu réussiras aussi, sois en sûr.[/color]
Il se fit pensif.
-Ma femme est rôdeuse : vous aurez en commun un profond amour pour la nature, et je suis convaincu que vous vous entendrez très bien.

[Galathée]

" Je n'ai pas de... profond amour de la nature, dit le faune, surpris. Ça n'a rien à voir avec de l'amour."
Il paraissait surpris du choix de mots du barde.
" C'est quoi cette langue de serpent que vous parlez ? intervint Marius.
— Pas serpent, sylvestre, dit Titus en commun.
— On dirait une langue de sssssserpent."
Titus secoua la tête.
" Parle sylvestre ta femme ?" continua-t-il en commun, sans doute soucieux de ne pas exclure Marius de leur échange.

[Taliesin]

-Je dois dire que je n'en ai aucune idée. Mais c'est possible, compte tenu de sa vocation... Et, au pire du pire, tu pourras lui apprendre.
Il récléchit quelques instants.
-Mais pour revenir à ce mot qui t'a surpris... Allez, disons que vous avec en commun un lien privilégié avec la nature.
Normalement, cette formulation-là devrait moins le troubler.

[Galathée]

" Lien, c'est comme prisonnier ?" demanda Titus, incertain.
Marius rit.
" Lien, c'est que tu es... attaché.
— C'est prisonnier, alors. D'accord. C'est ça, un peu. Mais c'est plus que... c'est comme ça. Impossible à enlever.
— Comme un vêtement trop petit !
— Comme la peau."

[Taliesin]

Il hocha la tête.
-Je vois ce que tu veux dire. Pour Galathée, ce n'est pas tout à fait la même chose : c'est plus... une question de goût, peut-être, c'est un lien qui s'est tissé au fil du temps. Et lien, ça a asusi un sens positif : les gens qui s'aiment, qui sont amis, ont un lien entre eux. Mais donc, quoi qu'il en soit... ça vous fera un point commun. Un point commun très important.

[Galathée]

" D'accord." dit Titus en acquiesçant.
Marius regarda vers le village.
" On rentre ? Je me demande ce qu'il fait, Victor... Je voudrais pas qu'il fouille dans mes affaires !"

[Taliesin]

-Ça n'est pas son genre. Mais tu as raison, allons-y.
Leur sortie s'était prolongé bien plus longtemps qu'il ne l'avait de prime abord imaginé. Il ne le regrettait pas, toutefois, vu la rencontre dont elle avait été l'occasion, vu la discussion qu'avait pu avoir Titus. Mais il aimait autant être présent lorsqu'Olivier examinerait Baptiste, pour être aux premières loges quand il rentrait son verdict.

[Galathée]

Ils redescendirent donc la colline, Marius devant, son énergie apparemment inépuisable, Titus derrière, songeur, jetant de temps à autre des coups d'oeil derrière son épaule, comme s'il craignait être suivi. Il ne leur fallut pas très longtemps pour regagner la civilisation, ils se glissèrent entre les premières fermes, puis les premières maisons, ensuite retrouvèrent la terre battue de la rue qui descendait jusqu'à la route, et parvinrent à la Loutre en Fureur. L'aubergiste les accueillit avec le sourire et leur confirma que Victor était bien rentré. Olivier, par contre, n'était pas encore venu.

[Taliesin]

Ce qui n'était en rien un problème.
Ayant dûment remercié le tenancier pour le renseignement, il prit la direction de la chambre des enfants. Qui sait, Baptiste se serait peut-être à nouveau réveillé. Si cela avait été pour de bon, on l'en aurait déjà informé. Mais même s'il n'avait émergé que fugacement, ce serait, de son point de vue, un signe encourageant.

[Galathée]

Victor était installé à la fenêtre et lorgnait la rivière. Il leur sourit à leur entrée.
" Il a un peu bougé mais il ne s'est pas réveillé... par contre..."
Il s'approcha de Taliesin, le prit par l'épaule et l'entraîna vers un coin de la pièce.
" Je crois qu'il a fait pipi.
— Aaaah ça pue !" s'exclama Marius, en écho, derrière eux.

[Taliesin]

Le barde demeura de marbre mais, pour le coup, c'était un mauvais signe. Il s'était imaginé qu'après son premier réveil, baptiste avait sombré dans un sommeil plus ordinaire. Mais il n'en était rien, sans quoi... il se serait réveillé.
-C'est pas grave, je vais y remédier répondit-il néanmoins d'un ton serein.
Il réfléchit quelques instants.
-Mais je crois que je vais demander à l'aubergiste s'il peut lui installer un lit dans ma chambre : ce sera plus simple quand Olivier voudra l'examiner. Et puis, vous pourrez profiter de vos quartiers sans retenue, sans crainte de le déranger.

[Galathée]

Victor parut sur le point de protester, puis se ravisa et acquiesça avec un sourire. Il posa ensuite la main sur celle du barde.
" Tu ne dois pas t'inquiéter, hein. Parfois quand on dort profondément..."
Il grimaça et prit un teint coquelicot.
" Ça m'est arrivé plus d'une fois, tu t'en souviendras..."

[Taliesin]

Mais tu te réveillais ensuite... songea-t-il.
Il opina toutefois du chef.
-De toute façon, quelqu'un va passer pour voir ce qu'il en est. Un druide que nous avons rencontré juste après ton départ. Il nous dira s'il est nécessaire d'aller voir un clerc.

[Galathée]

" Quoi ?! s'exclama Victor. Vous avez encore rencontré quelqu'un dès que je suis parti ! C'est pas juste !
— Même qu'il avait une panthère presque blanche, même que Taliesin voudrait la même.
— Et un faune.
— Vous mentez !
— Non."
Marius était ravi, Victor poussa un cri de rage théâtral. Baptiste soupira et se retourna.

[Taliesin]

Il posa une main apaisante sur l'épaule de son fils.
-Je demanderai au druide, qui s'appelle Olivier, s'il est d'accord pour que tu l'accompagnes jusqu'à l'endroit où nous avons pique-niqué. Comme ça, tu pourras rencontrer ses compagnons.
Victor avait été adorable, de revenir ainsi veiller sur son frère : il ne voulait donc en aucune façon qu'il en pâtisse, qu'il se sente lésé.

[Galathée]

" Est-ce que je pourrai y retourner, moi aussi ? demanda Titus en sylvestre à nouveau. Juste pour dire... revoir Agrim. Juste une fois..."
Victor le regarda, ne comprenant pas un traître mot de ce qu'il disait, puis sourit.
" Ouais ! Merci ! Il vient quand le druide ?"

Olivier ne parut qu'une bonne heure plus tard, dans la chambre de Taliesin où on avait déplacé Baptiste. Les enfants étaient sortis jouer dans la cour et les écuries, sous le regard un peu inquiet mais pas pour autant hostile du palefrenier qui était le fils aîné de la famille qui tenait la Loutre. Le druide frappa poliment à la porte avant d'entrer et décocha un sourire tranquille au barde.
" C'est une sacrée ribambelle que vous avez là. Votre vie ne doit pas être de tout repos."

[Taliesin]

-On m'a dit que je les attirai tel la flamme les papillons... Et, de fait, nous partîmes à trois ; mais par un prompt renfort, nous nous vîmes bien cinq en revenant au port...
Il sourit.
-Merci beaucoup d'être venu.

[Galathée]

" C'est naturel, c'est un peu mon travail." dit le druide.
Il s'assit sur le sol, près du matelas de Baptiste.
" Voyons voir."
Il examina d'abord Baptiste de manière très pragmatique, lui souleva les paupières, leva une main pour la laisser retomber sur le lit, testa en claquant dans les mains devant son visage, en lui pressant le bout d'un doigt, puis manipula sa tête et une de ses jambes. Il posa deux doigts à la base de sa gorge en comptant à mi-voix, respira son haleine, puis seulement il incanta. Le résultat de son sortilège lui donna un sursaut.
" Diantre, il est investi d'une quantité colossale de magie, s'exclama-t-il. Ce n'est peut-être pas si étonnant qu'il n'ait pas encore repris connaissance. C'est de surcroît une magie qui ne lui convient pas parfaitement."
Il se redressa, chercha son sac.
" A présent qu'il a été guéri de son accident, il doit se purger de cet excédent de magie. On peut laisser faire naturellement, mais ça pourrait prendre une veille ou deux, et le nourrir et l'hydrater dans ces conditions risque de lui causer d'autres problèmes. Le mieux..."
Il sortit une fiole de son sac.
" Ce sont les plantes. Rien de magique, mais d'une efficacité démontrée."

[Taliesin]

-Je ne sais si cela entre en ligne de compte mais, au cas où, je préfère vous signaler que Baptiste a naturellement du pouvoir en lui. Pour moi, c'est un élu divin, mais je peux me tromper, n'étant pas un spécialiste en ces matières. Quoi qu'il en soit, il est capable de lancer spontanément des sortilèges.
Il observa un instant le garçon inconscient, revint à Olivier.
-Dans tous les cas, je vous fais entière confiance.

[Galathée]

" C'est sans doute la cause de ce qui lui arrive, dit Olivier. La magie qui l'a sauvé n'est pas la même que celle qui vit en lui... et vu la force de la première, la seconde a voulu se défendre."
Il sourit.
" Mais ce n'est pas grave. Voici de quoi purger ce jeune homme. Deux cuillères à soupe ce soir, deux demain matin, et deux demain soir... et encore, s'il ne se sent pas nettement mieux."

[Taliesin]

-Très bien. Merci beaucoup.
Si les choses pouvaient se régler aussi simplement, ils s'en tireraient à bon compte.
-Y a-t-il des effets secondaires ? Dois-je être attentif à cercaines choses ?

[Galathée]

" Son urine va virer au vert. Et il faut que vous le fassiez boire... Regardez ses yeux creusés : il est déshydraté. Au moins un verre toutes les deux heures, idéalement en plusieurs fois. C'est contraignant mais c'est lié à son inconscience... Du bouillon serait mieux, d'ailleurs, si l'aubergiste peut vous en faire. Si vous pouvez l'abreuver la nuit, aussi, c'est bien. Vous êtes un elfe, la Transe devrait vous permettre de gérer ça sans que cela n'ait d'effet sur vous."
Il sourit.
" Mais sinon, il a l'air d'aller très bien. Je ne pense pas que vous deviez vous inquiéter."

[Taliesin]

-Merci : vous me rassurez beaucoup. Et je suivrai scrupuleusement vos recommandations.
Il se les répétait d'ailleurs mentalement en l'instant.
-Comment puis-je vous dédommager ? s'enquit-il enfin.

[Galathée]

" Ce n'est pas nécessaire, c'était un plaisir."
Il se releva.
" Vous pouvez me remercier en prenant bien soin du petit faune que vous avez recueilli. Ce sont des créatures rares et fragiles, qui méritent une attention particulière. Leur culture et leur race se délitent, sur cette île, et leur survie ne tient finalement plus à eux-mêmes mais bien à la bonne volonté des races plus jeunes et plus puissantes qui dominent Hélonna aujourd'hui."

[Taliesin]

-Croyez bien que j'en suis conscient, que mon but est de trouver la meilleure solution possible pour lui et que j'en chercherai une autre si, d'aventure, il n'était pas à son aise chez nous.
Pas besoin de brosser le druide dans le sens du poil : c'était ce qu'il pensait.
-Je crains cependant d'avoir une autre faveur à vous demander, reprit-il. Seriez-vous d'accord pour que Titus et Victor, mon autre fils, vous accompagnent jusqu'à l'endroit où nous nous sommes rencontrer ? Le premier aimerait revoir Agrim et le second, rencontrer vos deux compagnons.

[Galathée]

" Pas de soucis, non, avec plaisir." dit le druide.
Il sourit en regagnant la porte.
" Dina a toujours son petit succès auprès des enfants. Les éleveurs du coin l'apprécient moins mais elle sait se faire discrète. De toute façon, les poches de civilisation sont toujours réduites, dans le Nirvana. Il n'est pas très difficile de trouver un espace pour chacun."

[Taliesin]

-C'est une bonne chose. Et je dois avouer beaucoup aimer la Vallée. Nous y avons passé plusieurs mois, il y a deux ans, et nous étions bien partis pour nous y établir, mais les événements nous ont ramenés dans la région de Luménis. C'est également un bel endroit, certes, mais pas aussi sauvage que celui-ci.
Restait à espérer qu'il le soit assez pour Titus.

[Galathée]

" Je vous crois sur parole. Je ne suis jamais descendu jusque là."
Il s'engagea dans les escaliers, le barde sur les talons.
" Le caractère sauvage des lieux n'est pas critique, cependant, c'est plutôt... l'environnement en lui-même, je dirais. Bien sûr, il lui faut des arbres et de la nature, il est moitié elfe après tout. Votre race a généralement, elle aussi, besoin d'harmonie avec le monde et se plait peu dans les villes humaines, construites en dépit de la nature plutôt qu'en lien avec elle. Mais je m'égare... Son souci principal sera de trouver une place dans la marche de votre vie... Il va grandir. Son espèce a mauvaise réputation. Il est probable que tôt ou tard il revienne vers des régions moins civilisées, où il jouira de plus de liberté."

[Taliesin]

-Très bien. Et je l'y aiderai, si tel est son souhait.
Peut-être Titus pourrait-il s'installer aux abords de la vallée : si la mentalité y avait un peu évolué, il pourrait à la fois profiter d'étendues sauvages mais aussi de compagnie, lorsqu'il en aurait envie.
Mais ils n'en étaient pas encore là...

[Galathée]

" Je n'en doute pas." dit le druide.
Ils avaient atteint le rez de chaussée et regagnèrent la cour, où se trouvaient toujours les trois enfants. Victor et Titus se portèrent à leur rencontre tandis que Marius, perché sur une pile imposante de ballots de paille, hésitait sur son prochain mouvement : le plongeon ou le toit de l'écurie.
" Je peux venir voir la panthère ?
— Sans problèmes. Mais attention, ce n'est pas un chat.
— Je ferai attention."
Titus, plus timide, ne disait rien.