[Lieu] Anarion

[Galathée]

Située à Omentaduin, l’endroit où les deux bras de la Sylvestre se rejoignent, Anarion est une cité elfe cosmopolite, sans doute l’endroit le plus multiracial d’Hélonna, où les elfes (majoritaires), les humains, les halfelins, les gnomes mais aussi une myriade d’êtres mélangés coexistent dans une relative harmonie. Cité marchande, idéalement placée sur la rivière, au carrefour de routes importantes, elle constitue un endroit d'échanges commerciaux et culturels clé entre la Vallée du Nirvana et la Lorien.

Surnommée "Ruukinalta" par les elfes, ce qu'on pourrait traduire par "le grand bordel", la ville est divisée en plusieurs quartiers et surplombée par un district elfique enchanteur, érigé sur une colline boisée, qui contraste avec le désordre de la ville basse qui l'entoure. Cette zone protégée est réservée aux elfes et à leurs invités, triés sur le volet, et c'est là que résident les quatre familles princières qui dirigent Anarion. Les autres races n'ont pas leurs quartiers désignés et s'organisent davantage par castes professionnelles : on trouve ainsi des rues où se regroupent les marchands selon ce qu'ils vendent ou achètent, d'autres où travaillent les artisans, d'autres encore où se pressent les professions plus libérales, ou les temples, par exemple. Parmi ces derniers, les sanctuaires de Corellon et de Sehanine sont bien sûr les plus magnifiques, tout en arcs et en courbes, ouverts sur le ciel et les arbres, mais Anarion abrite aussi quelques temples humains et même halfelins. L'architecture est généralement elfique, de bois, et les arbres sont nombreux dans la ville, souvent intégrés à des constructions. Aucune route n'est pavée et leur tracé est particulièrement labyrinthique, adaptation forcée à l'environnement. Il n'est pas rare que des animaux des bois s'aventurent dans les rues, mais ils ne sont pas protégés par la loi anarionne et font le bonheur des amateurs de gibier. Il n'y a ni palissade, ni portes de la ville, mais les trois ponts principaux sont gardés.

Le port d'Anarion s'ouvre sur les deux bras de la Sylvestre et court tout le long des rives. De nombreuses barges y sont amarrées, pilotées par des elfes pour la plupart, avec quelques très rares exceptions. La quasi-totalité ne transporte que des marchandises mais on peut y trouver quelques bateaux qui prennent des passagers jusqu'à Belred Luyn, Nauru ou vers Togoria. Les conditions d'embarquement dépendent cependant de chaque capitaine et peuvent varier d'un jour au lendemain...

***

Quête : Les goûts, les couleurs... et les valeurs.

Quittant le courant central de la Sylvestre, la repoussant sans cesse en arrière, vers l'aval, l'Epinoche se dirigea, petit à petit, au gré des efforts des rameurs invisibles et du vent dans ses voiles, vers les quais. Ils s'échelonnaient tout le long de la rive, entre les arbres — des saules, quelques aulnes, d'autres essences sans doute typiques des lieux qu'Astrée ne connaissait pas — et la jeune femme aperçut plus d'une cinquantaine de barges, souvent dissimulées par les branchages. Une fois délivrée du flux puissant de la rivière, l'Epinoche reprit de la vitesse, pivota doucement, se glissa sous les feuilles jaunes et argentées d'un arbre penché, et approcha du quai. Il régnait désormais une certaine excitation à bord. Palen barrait en sifflotant, Jill dirigeait les matelots depuis le pont, et ils gagnèrent bientôt la rive...

[Voyageuse]

Astrée rejoignit les autres passagers, se tenant prête à débarquer. Malgré sa fatigue, elle avait observé avec un certain intérêt leur approche. La cité était plus grande qu'elle l'avait imaginé, et semblait très cosmopolite. La colline qui surplombait la ville l'intriguait, et elle songea qu'elle irait y faire un tour le lendemain, si elle le pouvait.
Le nombre de barges dans le port était impressionnant. Si celle qui avait enlevé les elfes se trouvait parmi elles, la retrouver prendrait du temps. D'autant qu'il pouvait très bien y avoir un autre port, situé sur le bras est de la Sylvestre.

Mais cela ne devait plus la concerner. Elle était sensée simplement se chercher une auberge, s'y reposer un peu, puis reprendre son périple. Elle était sensée ne plus penser ni à cette histoire d'elfes disparus, ni à l’Écureuil, ni à Nremyn... Juste oublier.

Et bien elle n'en était pas capable. Ce soir, ou demain, elle ferait le tour du port, pour retrouver l’Écureuil : il n'était pas question de quitter Nremyn ainsi, sur une discussion houleuse sur un ponton, sans même le remercier ni lui dire au revoir. Et elle en profiterait, bien sûr, pour jeter un coup d'oeil aux autres barges, juste au cas où. Elle ne se faisait cependant aucune illusion à ce sujet : même si la barge était à quai, seul Mathieu pouvait avoir une chance de la reconnaître, et les kidnappeurs garderaient les elfes cachés aux regards.
Le coeur empli de ces bonnes -mais guère sages- résolutions, elle attendit qu'on les invite à descendre à quai. Elle chercha du regard Mathieu, tout de même : s'il n'avait pas récupéré son sac, il devait être à court d'argent pour se loger, et elle lui proposerait son aide.

[Galathée]

Mathieu n'était pas sur le pont au moment du débarquement. Les elfes installèrent la passerelle et les voyageurs commencèrent à descendre, un à un, remerciant au passage leurs hôtes. Un petit groupe resta en arrière, cependant, composé de quatre personnes, dont les deux marchands qu'avaient rencontrés Astrée. Ils firent un cercle autour de Jill et des questions fusèrent, auxquelles la jeune femme répondit sans se dérober. Astrée était désormais la dernière sur le pont. Au-delà de la rive se poursuivait une courte route, qui débouchait sur une autre, perpendiculaire et qui paraissait plus encombrée, de personnes et de véhicules. Il y avait juste un bâtiment à droite, sur lequel était dessinée une épinoche, et sans doute était-ce le comptoir d'embarquement.

[Voyageuse]

Astrée n'était pas pressée de débarquer, et sa curiosité prit le dessus. Elle se rapprocha du petit groupe, soucieuse d'entendre cette floppée de questions auxquelles Jill semblait répondre sans hésitation. Était-ce en lien avec leur mésaventure ?
Elle se souciait, surtout, de Mathieu, se demandant pourquoi il n'était pas sur le pont. Il ne lui semblait pas avoir aperçu, non plus, les elfes de Felandaris.

[Galathée]

Les marchands voulaient savoir quand l'Epinoche repartait.
" Non, je ne sais pas vous dire. Si vous revenez en fin de veille, nous aurons sans doute de plus amples informations. Le Silure devrait repartir le premier. Je peux, par défaut, vous tenir au courant par messager.
— Soyez honnête, Jill, est-ce qu'il y a des chances qu'un autre transporteur retourne à Felandaris avant vous ?
— Non. Nous sommes d'ailleurs chargés d'aller avertir la guilde que le passage est fermé. Et il est plus que probable que l'information passera d'abord par nous pour la réouverture."

[Voyageuse]

Felandaris était bel et bien fermée. C'était prévisible... et bien triste. De ce qu'Astrée en avait compris, c'était l'une des rares cités de la Lorien ouvertes aux autres races. Le fait que l'information de la réouverture passe par eux était un peu plus surprenante. Mais Palen semblait du genre à se débrouiller pour tout savoir avant tout le monde... et répandre ensuite les informations. Donc finalement, c'était assez logique.
Elle attendit patiemment que les marchands se découragent de poser leurs questions inutiles et se décident à descendre. Pour sa part, elle comptait demander à Jill des nouvelles de Mathieu.

[Galathée]

Les marchands avaient eu leurs réponses et ils s'éloignèrent, saluant chaleureusement l'elfe en dépit de leur déconvenue. Elle se tourna alors vers Astrée.
" Vous voici à Anarion ! Accrochez-vous, si vous aimez les endroits calmes... mais la forêt n'est pas loin et il suffira de reprendre la route pour retrouver un semblant de quiétude. C'est le pendant nordique d'Antelucas, disent les voyageurs. Jamais été là-bas, je dois dire."
Elle sourit.
" Besoin d'un conseil pour une auberge ? J'ai des cousins qui tiennent l'Edredon Céleste, dans le quartier des Ours. On y dort bien, on y mange trop, et ils vous offrent la cire pour les oreilles !"

[Voyageuse]

L'information était intéressante. Puisqu'elle ne savait pas où aller, pourquoi pas là ?
" Le quartier des ours ? Vous avez de drôles de noms... Mais je veux bien jeter un oeil à cette auberge... Enfin, si vous dites qu'il faut de la cire pour les oreilles, c'est que ça doit être bruyant, non ? Ça se trouve où ?"
La ville semblait tout sauf calme. Ce n'était pas le genre d'endroit où elle aurait envie de s'éterniser.

[Galathée]

" C'est à l'extrême est du bourg, pas loin de la route de Nauru. Pourquoi c'est drôle, le quartier des ours, dans une forêt ? Le quartier des mouettes, ça, ça aurait été drôle ! Et il y a parfois des ours, ne vous y trompez pas. Certains sont des ours garous, d'ailleurs, mais ceux-là reprennent une forme elfique ou humaine avant d'entrer, sinon ils risquent les flèches des chasseurs, et même pour un garou, ça fait mal."

[Voyageuse]

Astrée sourit, amusée.
" J'éviterai les vrais ours, tout de même. Mais puisque je cherche une auberge, celle de vos cousins m'ira très bien. Par contre, je voulais vous demander... Vous savez où est Mathieu ?"
Qu'avait-il donc trouvé à négocier ?

[Galathée]

" Ah... dit Jill, embarrassée. Il ne vous a rien dit ?"
Elle pinça les lèvres.
" Oui, je sais où il est. Je ne suis pas sûre que je suis censée en parler. Il reste avec nous."

[Voyageuse]

Oh misère....
" Pourquoi ça ?" questionna-t-elle avec curiosité, en essayant de ne montrer ni inquiétude, ni désappointement... ni jalousie.
Il allait être aux premières loges pour tout savoir de la suite de l'enquête, et même y contribuer... Et il allait répondre à toutes les questions de Palen, aussi. Ce second point n'avait sans doute plus la moindre importance, au point où ils en étaient.
Il escomptait peut-être en tirer la possibilité de terminer son voyage en barge, après tout.

[Galathée]

" Il l'a demandé et le capitaine a donné son accord." dit Jill avec un petit sourire désolé.
Elle semblait ne pas vouloir en dire davantage, manifestement peu sûre de ce qu'elle avait le droit de dire et de ce qui devait rester confidentiel.

[Voyageuse]

Astrée sourit avec un léger haussement d'épaules. Elle ne voulait pas mettre Jill mal à l'aise, et le plus simple était de demander directement à Mathieu quelles étaient ses intentions. Il n'avait aucune raison de les lui cacher.
" Est-ce que vous pouvez m'indiquer où est sa cabine ? Je voudrais aller le saluer avant de partir..."

[Galathée]

Jill parut à nouveau embarrassée. Elle était sur le point de répondre quelque chose lorsque Mathieu lui-même apparut sur le pont et se dirigea vers la passerelle, le sac sur l'épaule. Voronwë ne l'avait pas jeté à la rivière, au final. Il sourit à Astrée et à Jill, puis gagna la rive.
" Je vais vous laisser, hein ?" proposa l'elfe, et elle remonta rapidement à bord.
Mathieu, lui, ne dit rien, laissant l'initiative à la druidesse.

[Voyageuse]

En quoi serait-ce embarrassant de lui montrer la cabine de Mathieu ? Quelque chose lui échappait... et elle ne voulait pas laisser son imagination vagabonder.
Elle fut donc soulagée de le voir apparaitre sur le pont, et le suivit sans hésiter sur la passerelle.
" Alors, comme ça, vous allez rester sur l'Epinoche ?", questionna-t-elle avec un sourire amusé.... et beaucoup de curiosité.

[Galathée]

" Non." dit-il en lui rendant son sourire.
Il avait atteint le quai et se tourna vers elle, parut hésiter, puis poussa un bref soupir.
" Mais eux non plus. L'Epinoche est trop lourde : nous changeons de bateau. Ne faites pas cette tête : je vous avais dit que je comptais les accompagner."

[Voyageuse]

" Oui, je sais..."
Elle se mordit les lèvres, indécise. Elle aurait bien voulu participer aux recherches, elle aussi. Mais elle était sensée éviter la rivière.... et quelle raison pourrait-elle bien donner à sa volonté d'aider ? Ce n'était que de la curiosité, au fond. Une vague inquiétude pour Garahel.
" Je ne pensais pas qu'ils acceptent la moindre aide humaine. Mais c'est vrai que vous avez vu ces femmes, et peut-être vaguement aperçu la barge dans l'obscurité. Ça doit pouvoir leur être utile... Mon aide ne le serait guère."
Elle soupira.
" Pourquoi faites-vous ça, au juste ? Vous auriez pu simplement reprendre votre route..."

[Galathée]

A nouveau, il ne dit rien, la dévisagea une seconde.
" J'ai envie de les aider. Je me sens... responsable, quelque part. Comme vous l'avez dit, j'aurais pu — j'aurais dû — donner l'alerte."
Il jeta un oeil vers l'Epinoche. Les guerriers elfes étaient en train de descendre à terre.
" Après, c'est toujours difficile de débrouiller les raisons pour lesquelles on fait quelque chose ou pas, non ? C'est un peu... illusoire d'imaginer que nous sommes capables de comprendre exactement ce qui nous guide, à certains moments. Je n'ai pas d'attachement particulier à Nieven, et je sais que lui non plus, mais... je me sentirais un peu dégueulasse de continuer ma route sans me soucier de ce qu'il advient de lui. Et j'ai... le sentiment... que ce n'est pas quelque chose de très positif, qui l'attend. Je n'en sais rien, en somme. C'est la chose à faire, d'y aller. C'est aussi simple que ça."

[Voyageuse]

Astrée acquiesça.
" Je me fais du souci pour eux, moi aussi. Pour Garahel surtout. Il était adorable. Et j'aimerais bien pouvoir aider... Mais quand je l'ai proposé à la Gardienne, elle n'a pas paru très convaincue."
Elle haussa les épaules.
" Mais vous avez bien raison de les suivre, puisqu'ils ont accepté votre aide. J'espère que vous aboutirez. Et si je peux être utile à quoi que ce soit... vous me ferez signe?"

[Galathée]

Il lâcha un nouveau soupir puis passa les mains sur son visage, sans parvenir à réprimer son sourire.
" Je ne sais pas quoi vous dire. Je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée que nous continuions à voyager ensemble, vu le caractère orageux de nos relations mais... puisque nous sommes à la croisée des chemins... des rivières, devrais-je dire... je vais quand même vous dire ceci..."
Il prit une profonde inspiration.
" Vous devez savoir ce que vous voulez, Astrée, et prendre le taureau par les cornes pour l'obtenir. Bien sûr, quand j'ai demandé à venir, personne n'était emballé. Voronwë a menacé de m'étrangler, ils ont tous haussé leurs sourcils parfaits, puis leur porte-parole a poliment refusé. Mais j'ai insisté. Je me suis insurgé. Je me suis comporté... très humainement, en fait... j'ai laissé parler mes émotions, et mes doutes, et j'ai refusé leur refus. Simplement. Je n'ai pas prétendu que j'allais être utile ou déterminant, que j'allais apporter quoi que ce soit. Mais je voulais venir, et ça a suffi."
Il croisa les bras.
" Qu'est-ce que vous voulez, Astrée ? Venir ou pas ? Dans le fond. Au delà de considérations pragmatiques sur le nombre de flèches que vous allez tirer ou des pistes que vous allez suivre dans les bois ou je ne sais quoi. On s'en fout de ces trucs-là. Décidez-vous. Non, vous ne serez pas "utile" aux elfes. Mais vous serez peut-être utile à vous-même, et c'est déjà un début."

[Voyageuse]

" Alors, c'est très simple. Je veux venir," répliqua-t-elle aussitôt.
L’Écureuil en était, donc elle irait. Elle n'avait pas à hésiter plus d'une demi-seconde à ce sujet. Certes, ça n'avait rien de rationnel... mais il avait bien dit qu'il ne fallait pas s'arrêter à si peu ?
" J'y tiens vraiment. Simplement, je n'ai pas votre caractère.... Donc je n'ai pas osé insister quand ils ont refusé. Je me suis juste sentie... pas à la hauteur."
Il lui resterait ensuite, idéalement, à convaincre le capitaine Voronwë de l'accepter à nouveau sur l'Ecureuil. Mais c'était peut-être trop espérer...

[Galathée]

Mathieu sourit.
« Vous devez arrêter de vous comporter comme une sorte de… requérante auprès des elfes. Ils peuvent vous respecter mais vous devez avoir foi en votre valeur, que diable. Pourquoi devriez-vous leur faire des amabilités ? Parce qu’ils ont les oreilles pointues ? Parce que les gens d’il y a un siècle leur ont fait des misères ? Vous n’êtes même pas de cette île ! »
Il secoua la tête, faussement désespéré.
« Bon, mais vous allez aller trouver Palen vous-même, ou bien je dois le faire pour vous ?"

[Voyageuse]

" Je vais aller le trouver..."
Ne pas se comporter en requérante ? Ce n'était pas forcément dans son caractère de s'imposer... du moins pas sans de bonnes raisons, et elle n'en avait pas vraiment en l'occurrence.
Puis une pensée lui traversa l'esprit. Il y avait deux branches à la rivière...
" Mais comment savent-ils quelle portion de la rivière suivre ? Le nord ou l'est ? Ils vont faire deux équipes de recherche, je suppose ?"
Et dans ce cas... De quel côté irait l’Écureuil ?

[Galathée]

" Voronwë s'occupe de la branche nord, et nous de l'est. Normalement, nous saurons rapidement la direction qu'ils ont prise, parce qu'il y a un contrôle des barges aux ponts, et j'en ai vu assez pour pouvoir leur donner une description assez précise... Ensuite, nous communiquons et nous partons ensemble dans la même direction. L'Ecureuil et le Martin Pêcheur. C'est la barge sur laquelle nous allons embarquer maintenant. Nous devons aller vite, du moins c'est le consensus parmi les elfes, et c'est aussi mon avis, même si vu la taille de la barge que j'ai vue, il n'est pas impossible qu'ils fassent d'autres arrêts en route."

[Voyageuse]

Le début de la réponse la fit pâlir. Elle envisagea, immédiatement, d'attendre sur place l'arrivée de l'Ecureuil pour demander à monter à bord, au lieu d'aller trouver Palen. Mais elle se rassura en apprenant qu'ils se rejoignaient ensuite. Si tout allait bien...
" J'espère que votre description suffira."
Elle secoua la tête, sourit pour elle-même, et choisit d'être franche. De toute façon, il savait déjà...
" J'aimerais bien tenter d'obtenir la permission d'embarquer sur l’Écureuil, à vrai dire. Mais ils risquent de ne même pas s'arrêter ici... Donc ça attendra qu'ils nous rejoignent. En attendant, je vais aller trouver Palen."

[Galathée]

" Astrée, je ne veux pas vous ennuyer, mais vous n'avez aucune chance d'obtenir une place sur l'Ecureuil. Voronwë considère qu'il a commis une erreur et il n'a aucune intention qu'elle se reproduise. Apparemment, notre présence à bord n'était que... la goutte qui a fait déborder le vase, et de ce que j'ai compris, il était déjà extrêmement mécontent de notre présence avant même que n'éclate la vérité sur mon sexe."
Il secoua la tête.
" Si votre motivation à venir concerne l'Ecureuil, et l'Ecureuil seul, je vous conseille de... peut-être ré-envisager la route. Et peut-être aussi si contempler cette barge inaccessible va vous faire soupirer à tout bout de champ. Si vous venez avec, c'est sur le Martin Pêcheur, avec Palen, Jill, quatre Felandariens et, j'en ai peur, moi."

[Voyageuse]

Astrée serra les dents. Elle tenterait sa chance, de toute façon. Elle était bien trop entêtée pour s'arrêter au fait que c'était impossible. Bien sûr, elle savait que le capitaine ne supportait pas la présence d'humains. Bien sûr. Si elle échouait à le convaincre... et bien elle échouerait. Elle allait juste se faire jeter de façon très désagréable. Mais elle aurait essayé.
" Hum.... C'est bien vous qui disiez à l'instant qu'il fallait savoir passer outre les refus, non ?"
Elle secoua la tête avec un sourire amusé.
"Je sais son état d'esprit, ne vous en faites pas, je n'ai quasiment aucune chance. Mais disons que je n'ai pas envie de vous voir tous risquer vos vies pendant que je reprendrai tranquillement ma route, fit-elle avec un haussement d'épaules. Donc je viens."

[Galathée]

" J'aurais sans doute mieux fait de me taire, soupira-t-il. Je suis trop bon avec vous."
Il haussa les épaules.
" Bon, sans doute à plus tard, dans ce cas. Le capitaine ne devrait pas tarder à descendre et vous pourrez voir avec lui. Mais je pense qu'il acceptera. De mon côté, j'ai à faire en ville. Je vous rejoindrai."
Il s'esquiva ensuite vers la route voisine, d'un pas tranquille.

[Voyageuse]

Astrée, de son côté, attendit patiemment l'arrivée du capitaine. Elle s'interdit de se demander comment elle allait pouvoir convaincre le capitaine Palen de l'accepter. Si Mathieu y était arrivé, il n'y avait pas de raison qu'on ne lui accorde pas la même chose.
Elle s'interdit surtout de songer aux raisons réelles qui la poussaient à vouloir risquer stupidement sa vie ainsi. Non, mieux valait ne pas y réfléchir. Il faudrait certainement qu'elle prenne le temps, un jour ou l'autre, de faire un peu de tri dans ses sentiments et motivations, qu'elle réfléchisse à ce qu'elle attendait vraiment. Mais plus tard. Et puis, ce qu'elle avait dit à Mathieu était vrai : elle n'allait pas supporter de reprendre sa route comme si de rien n'était, tandis qu'eux risqueraient leur peau.