[Lieu] Peyregorde - maison de Martha

[Voyageuse]

Sylvia jeta un dernier regard intrigué à l'"inconnue" -Eldrina- mais semblait surtout pressée de parler à Kasumi seule à seul.
Elle l'entraîna donc vers la maison de Martha, mais ne fit que quelques mètres avant de se tourner vers lui, les sourcils froncés.
" Comment ça à demain ???!!! Qu'est-ce qu'elle veut dire ? Tu rentres juste... je sais même pas d'où..."
L'accueil, il fallait bien l'avouer, manquait un peu de tendrese...

[Kasumi]

Mais Kasumi connaissait suffisamment Sylvia pour s'y être attendu. C'est ainsi qu'elle exprimait son inquiétude et ses angoisses accumulées en son absence. Au final, il s'estimait chanceux de cette attitude plutôt qu'elle ne se soit renfrognée. Conscient de marcher sur des oeufs et de n'avoir droit à aucun impair qui pourrait considérablement aggraver la situation, le demi-elfe s'empressa de répondre à une partie des questions qu'elle avait formulées - ou non - d'un ton calme mais grave :

- Nous avons été rencontrés pas mal de difficultés, Mylène et moi. Je n'ai pas pu toutes les résoudre. Pour faire court, la zone que j'envisageais pour y installer la meute est le territoire de chasse d'une créature dangereuse. En cherchant à la chasser, nous avons été projetés et retenus plusieurs jours ailleurs. En Féérie je dirais. Mais nous devrions aller en parler chez Martha. Je promets de tout de raconter dans les moindres détails.

[Voyageuse]

" En Féérie ? Tu as été en Féérie ?"
La stupéfaction avait remplacé les reproches.
" C'est pas juste une excuse bidon pour ton retard, j'espère ? Si tu as vraiment été là-bas.... ça doit être magique ! Il y avait.... des fées ? Des licornes ? Tu as intérêt à tout me raconter dans les moindre détails ! Mais comment c'est possible que tu te sois retrouvé là-bas ? Moi j'aimerais bien..."

[Kasumi]

Kasumi esquissa cette fois un léger sourire en répondant avec sincérité. Sylvia était décidément curieuse et c'était une des mille et une choses qui lui plaisait chez elle :

- Je crois que notre passage était lié à l'orage qui a sévi il y a quelques jours. Et oui, il y avait des licornes. Elles étaient très belles. Et il y avait bien d'autres créatures étranges. Des créatures qui n'existent que dans les contes. Mais je ne voulais pas m'y attarder malgré tout : le temps s'écoule différemment là bas - une des créatures me l'a dit - et je ne voulais pas rester longtemps loin de toi. Mais si un jour il est possible d'y retourner, j'aimerais que nous y allions ensemble.

[Voyageuse]

" Ça devait être chouette, fit Sylvia, songeuse. Mais tu n'imagines pas comme je me suis inquiétée. J'ai envoyé Vif-Argent survoler la forêt en tout sens, à ta rechercher.... Et il ne te trouvait jamais. Je commençais à envisager le pire... Mais le plus compliqué, c'était de ne pas savoir si ce retard était normal. Ni même si ça en était un. Je ne pouvais pas me dire "au bout d'une veille d'attente c'est signe qu'il y a un problème". Tu ne m'avais pas dit combien de jours tu partais..."
Avec un soupir, elle glissa son bras autour de sa taille, tandis qu'ils franchissaient le portillon du petit jardinet de Martha. La maison aux volets rouges semblait les attendre, et une bonne odeur de soupe s'en dégageait.

[Kasumi]

Et il la suivi calmement et avec un plaisir non dissimulé. La route lui avait ouvert l'appétit aussi la soupe était-elle bien tentante. Il aurait tout le temps de songer ensuite à ce qui lui restait à accomplir - avec les loups et Yvan - et à négocier sa nouvelle absence auprès de Sylvia. Il aurait pourtant tant aimé se poser quelques jours pour changer, s'occuper de leur maison aussi.

[Voyageuse]

La table était mise et Martha les accueillit d'un "bonjour" enthousiaste. Sortant de sa cuisine, elle s'essuya les mains sur son tablier avant de s'avancer à sa rencontre pour lui plaquer deux bises sur les joues.
" Vous en avez mis du temps pour revenir, fit-elle ensuite, les mains sur les hanches, d'un ton faussement colérique. Vous vous souvenez, des fois, que vous avez une femme et bientôt un bébé ? Mais non, vous préférez courir les bois...
- Ils ont eu un imprévu, glissa Sylvia, conciliante.
- Y'a toujours des imprévus, crois-en mon expérience ! Les hommes, faut leur mettre des limites tout de suite ! Mais donc, puisque vous êtes enfin là... Bah, vous allez nous apporter la marmite ?
- Donne ton sac, proposa Sylvia, je te le monte. Faudra trier la lessive j'imagine..."

[Kasumi]

Kasumi se sentit - comme à peu près à chaque fois qu'il rentrait chez Martha - comme un petit garçon maladroit. Il s'empressa néanmoins de lui rendre son bonjour enthousiaste et s'empara de la soupière qu'elle lui avait demandé et abandonna son sac à Sylvia tout en lui demandant de ne pas s'en faire - il pourrait s'en occuper après le déjeuner.

[Voyageuse]

HRP : c'est le début de soirée en fait (mais il a le temps, les journées sont longues!)

Sylvia redescendit au bout de quelques instants seulement. Elle avait dû renoncer à trier elle-même le linge. Il entendit dans l'escalier son pas lourd et un peu malhabile.
" C'est un peu tôt pour souper, mais je suis sûre que vous n'avez rien avalé de valable ces derniers temps, disait cependant Martha. Donc j'ai pris un peu d'avance sur l'horaire. Puis comme ça, vous pourrez mieux profiter de la soirée !"
Le ton était tout à fait innocent, ce que confirma la suite de la tirade.
" Tout le monde est dehors à ces heures-là, on a moins chaud. Vous croiserez sans doute Bertrand, qui voudra des nouvelles...
- Mais il est peut-être fatigué, non ?, protesta Sylvia en riant. Il peut vouloir savourer un bon lit..."

[Kasumi]

Etait-ce une invitation ? Kasumi sourit à cette perspective mais il avait effectivement l'intention de profiter de son passage pour aller voir Bertrand, d'autant que les nouvelles ne seraient pas aussi bonnes qu'escompté. Attendre le lendemain ne ferait qu'aggraver le probmlème en donnant l'impression qu'il voulait le fuir ou ne le prenait pas au sérieux. Il irait aussi renouer son lien avec Ombrage qui lui en voudrait peut être plus encore que Sylvia mais tout cela ne lui prendrait guère de temps, au final. Il y aurait donc largement de quoi profiter de la soirée.

[Voyageuse]

Martha leur servit à tous une bonne louche de soupe aux légumes -la version à la courgette et aux fromages, leur précisa-t-elle- et pendant un moment on n'entendit que le bruit des couverts. Ils avaient faim, surtout Sylvia peut-être, mais Kasumi n'avait pas avalé grand-chose de consistant aujourd'hui.
" Bon, et alors ?!, finit par s'exclamer Martha. Vous comptez garder la primeur de vos aventures pour Bertrand ou bien on a le droit de savoir nous aussi ? Vous avez résolu le problème des loups ?"
Sylvia n'avait rien demandé, certaine sans doute de pouvoir compter sur des confidences sur l'oreiller.

[Kasumi]

Kasumi se faisait la réflexion qu'il allait vraiment passer pour un charlatan à force de revenir bredouille au village mais il répondit tout de même à la question de Martha en essayant de se montrer optimiste - un bon entraînement avant d'aller répéter le même discours au bourgmestre :

- J'ai trouvé un endroit qui pourrait tout à fait convenir, oui : il est giboyeux et idéalement situé loin du village. Mais il y a un gros problème à résoudre : je vais devoir en chasser une créature dangereuse qui rôde aux alentours. Puis il me faudra encore convaincre les loups de s'y implanter.

Il avait préféré ajouter cette dernière remarque dans l'espoir que personne ne pose de question sur la nature de la créature - surtout pour mnager les inquiétudes de Sylvia - mais c'était sans doute un vain espoir.

[Voyageuse]

Bien évidemment, la remarque finale fut totalement inutile. Sylvia ne parut même pas l'avoir entendue. Martha, peut-être... Mais cela faisait deux fois qu'il mentionnait cette créature dangereuse, et Sylvia n'allait pas laisser passer l'information, cette fois-ci, sans creuser un peu.
" Quel genre de créature dangereuse pose problème ?, questionna-t-elle avec un froncement de sourcils. Pas un animal ordinaire, j'imagine, sinon tu n'envisagerais pas de le chasser pour y installer d'autres prédateurs..."

[Kasumi]

Sylvia venait de lui fournir un angle d'attaque par lequel aborder la question et il s'engouffra aussitôt dans cette opportunité :

- Non, ce n'est pas un animal. C'est une créature contre-nature qui n'a rien à faire dans ces bois. Je peux peut-être parvenir à la convaincre de quitter les lieux. Si je peux éviter de recourir à la force, ce serait mieux pour elle comme pour nous. Mais je me préparerai à la chasser si c'est la seule solution.

[Voyageuse]

Sylvia gardait les sourcils froncés. Il voyait qu'une question lui brûlait les lèvres. Mais elle se tut, peut-être par discrétion, pour ne pas l'obliger à révéler devant Martha ce qu'il souhaitait visiblement tellement cacher.
Leur hôtesse ne posa pas davantage de question et alla chercher un plateau de fromage et une belle corbeille de fruits de saison.
" Et.... tu dois vraiment repartir dès demain ? Tu crois que tu en as pour longtemps, cette fois-ci ?"

[Kasumi]

Il savait que la question était loin d'être anodine et qu'il lui coûtait de même lui laisser cette ouverture. Et pourtant, il estimait ne pas avoir le choix : plus vite cette histoire serait réglée et mieux cela vaudrait pour tous, pour eux deux les premiers.

- C'est préférable oui. Mais cette fois je sais exactement où je dois me rendre donc nous pourrons garder le contact via ton faucon. Je penseque je n'en aurai pas pour plus de trois jours de toute façon. Et à mon retour, pour convaincre les loups, je n'aurai pas à dormir dehors : il me faudra juste m'assurer qu'ils envoient un éclaireur avec Première Neige.

[Voyageuse]

Martha leva les yeux au ciel mais ne fit pas de commentaire.
Sylvia, quand à elle, le fixa droit dans les yeux, sans ciller.
" Donc... ça veut dire qu'au quatrième jour, si tu n'es pas là, on peut envoyer une expédition à ta recherche ? Que tu vas m'expliquer précisément où tu es et qu'on pourra te retrouver ? Parce que tu ne peux pas imaginer comme c'était angoissant de ne même pas savoir de quel côté je devais te rechercher..."
Il y avait une réelle angoisse dans le ton de sa voix.

[Kasumi]

Et il en était cruellement désolé. Il préféra ne pas chercher à détourner le sujet en lui demandant si elle avait bien reçu le mot qu'il avait envoyé depuis le village après avoir rencontré les miliciens. Non, Sylvia n'avait pas besoin d'entendre des excuses, elle voulait être rassérénée.

- Je vais te l'indiquer sur une carte. Et tu pourras m'envoyer ton oiseau autant que tu voudras pour que nous gardions le contact. Je te promets de ne pas m'attarder plus que le strict nécessaire, surtout si je vois un portail menant vers un autre plan !

[Voyageuse]

La réponse parut rasséréner la jeune femme, du moins autant qu'il était possible d'être rassuré dans ces circonstances.
" D'accord. On va faire comme ça. Mais... Je vais chercher de quoi tracer une carte tout de suite. Je veux savoir où c'est. Et être sûr que tu n'oublieras pas."
Elle se leva sans attendre sa réponse et disparut dans la pièce voisine.
" Vous devriez pas lui faire autant de souci, gronda doucement Martha. Dans son état... c'est pas bon pour le bébé."

[Kasumi]

Kasumi était déjà malheureux d'inquiéter Sylvia de la sorte mais cet argument le rendit encore plus maussade. Il se contenta de répliquer maussadement qu'il n'avait pas vraiment le choix puis retomba dans son mutisme, bien décidé à donner au moins satisfaction à sa compagne concernant la carte.

[Voyageuse]

Martha ne parut pas se formaliser de sa mauvaise humeur. Elle devait considérer qu'il était de son devoir d'"ancienne" de donner des conseils et éventuellement faire la morale aux plus jeunes.
Et Sylvia revint rapidement, parchemin et plume en main.
" Bon... Ici, c'est le village, là, l'orée des bois... là-bas, le nord... Disons qu'on prend un demi-pouce pour une lieue. Quelque part, il y a le fleuve, mais je ne sais pas où. Vas-y, montre-moi où tu vas aller.... et où est la source, aussi, tant que tu y es."

[Kasumi]

Kasumi s'appliqua du mieux qu'il pouvait et ne faisait de pause dans son ouvrage que pour fouiller dans sa mémoire ou accompagner le dessin d'explications orale ou d'annotations précises. Quand il eut placé les principaux points d'intérêt sur la carte, il adressa un sourire à Sylvia et tâcha de se montrer rassurant :

- Tu vois, ce n'est pas si loin. Mais je ne pouvais pas chercher plus prèsde toute façon sinon ça n'aurait servi à rien de déplacer la meute.

[Voyageuse]

Sylvia observait la carte d'un oeil critique.
" Oui, tu as raison, il faut au moins cette distance. Et ils sont presque trop près de l'orée des bois, encore. S'il y a un village par là.... Enfin, ça fait déjà plus loin que ce qu'on a actuellement. Puis ça dépend du relief aussi. Par contre, ça fait rudement loin de ta source sacrée. Ça veut dire... que Première Neige devra choisir entre eux et toi ?"

[Kasumi]

Il esquissa une grimace à cette perspective, ne sachant pas ce que désirerait Première Neige. Cependant, il tâcha de se montrer philosophe :

- Je ne suis pas certain qu'elle se considère faisant partie pleinement de la meute. Et même si c'est le cas, il n'est pas rare pour un des loups de rester des jours à l'écart des autres. Ce n'est pas si loin pour qu'ils perdent complètement le contact : les loups sont des voyageurs.

[Voyageuse]

Sylvia acquiesça.
" Donc tu penses que vous pourrez trouver un équilibre.... Une veille d'un côté, une veille de l'autre... Ca doit pouvoir se faire. Elle sera un peu comme toi, finalement : quelques jours en vadrouille, quelques jours avec moi, puis tu repars..."
Elle haussa les épaules, l'air résignée mais pas catastrophée.
" Ne t'en fais pas. Je te connais assez pour savoir que tu as besoin de cette liberté, surtout avec ton sacerdoce."
Martha, qui débarrassait la table, ne put s'empêcher de grommeler dans son coin, une phrase de réprobation sans doute.

[Kasumi]

Ignorant Martha, il posa tendrement une main sur celle de Sylvia avant de répondre doucement, des paroles qui n'étaient adressées qu'à elle :

- Toi aussi tu auras droit à ta liberté. Je tâcherai de partir moins souvent pour que nous nous partagions équitablement les tâches. Et une fois l'hiver venu, on sera obligé de quasiment hiberner et on n'aura plus rien d'autre à s'occuper que d'aménager au fur et à mesure notre chez nous.

[Voyageuse]

" Ce n'est pas faux.... Même si je parie que tu auras aussi des imprévus à gérer en plein hiver, avec les bêtes qui sortent des bois pour tenter de trouver leur pitance dans les campagnes humanisées... Au moins, tu seras par ici."
Elle sourit.
" Et il se trouve que j'ai plein d'idées pour aménager la maison... et besoin de bras costauds pour les exécuter ! Je ferai ma part dans quelques mois, je te promets, mais là, c'est juste pas possible... Au fait, tu y es passé, en sortant des bois ?"

[Kasumi]

Kasumi lui dédia cette fois un sourire radieux et porta tendrement la main sur son ventre rebondi :

-Tu fais déjà plus que ta part pour que nous ayons un foyer heureux. Et je me ferai un plaisir de placer les meubles et les décorations selon tes instructions !

[Voyageuse]

" Avant de meubler, il va falloir mettre de la chaux sur les murs, dehors, et dedans aussi pour que l'intérieur ne ressemble pas à une sombre caverne. Réparer sûrement des tas de petites choses, de mémoire il y a des fenêtres et des volets qui sont hors service. Et puis... laisser entrer le soleil..."
Elle soupira.
" J'ai hâte d'y être. vraiment hâte. C'est aussi pour ça que j'attends tant ton retour..."
Martha pinça les lèvres et fit remarquer.
" Ce n'est de toute façon pas prudent d'être loin du village au moment de la naissance. Il peut toujours y avoir des complications...
- Mais la naissance, c'est dans quatre mois encore ! On peut bien aller vivre là-bas et revenir quand on sentira que ça approche...
- On ne sent pas que ça approche, expliqua doctement Martha. Quand on sent qu'il arrive, c'est trop tard, il est déjà en train de sortir. Et ça peut être n'importe quand entre.... disons, dans deux mois et dans quatre mois et demi.
- Et bien j'enverrai Kasumi vous chercher", lança Sylvia, agacée.
La chose avait déjà dû être débattue quelques dizaines de fois en l'absence de Kasumi, c'était visible.

[Kasumi]

Et si quelqu'un d'aussi persévérant que Martha n'avait pas réussi à convaincre Sylvia, il doutait de parvenir à un meilleur résultat même si la sécurité tant de sa future épouse que de leur bébé était en jeu. Il connaissait bien sa compagne : elle avait toujours tenu à son indépendance, elle devait mal vivre le fait de ne plus vivre chez elle, de devoir faire mille concessions à leur hôtesse, aussi charmante soit-elle.

Il se contenta de hocher la tête en guise d'assentiment, partagé entre l'idée de ne pas s'aliéner Martha et de contenter sa fiancée. Il avait l'impression de marcher sur la corde raide tout à coup.