[Lieu] Une vallée au sud des montagnes

[Voyageuse]

C'est au nord des Montagnes de Fer qu'on trouve les sommets les plus hauts, les vallées les plus encaissées, les cols les plus infranchissables. La route qui va de la ville naine d'Asgaroth, au nord, à Garleod, au sud du massif, traverse d'abord des panoramas éblouissants, longeant parfois des gorges profondes creusées par des rivières bondissantes, puis s'élançant en lacets le long de pentes vertigineuses pour rejoindre des cols perpétuellement enneigés, avant de redescendre vers d'autres vallées, certaines verdoyantes et paradisiaques, mais la plupart empierrées et austères.
Au fur et à mesure qu'on approche de la pointe sud du massif, cependant, le paysage devient moins minéral, moins aride, plus verdoyant et accueillant. Et par conséquent, les vallées du sud du massif sont davantage peuplées.

Les nains, bien sûr, sont les plus nombreux, la plupart vivant dans l'une des quatre grandes cités naines en grande partie souterraines, quelques-uns dans de petites communautés moins connues, exploitant des filons de pierres et minerais. On trouve également quelques communautés humaines, montant dans les alpages l'été pour en redescendre l'hiver. On prétend qu'il y a également des trolls, des gobelins, des orcs peut-être, ou même des ogres ou des géants, mais ils sont moins nombreux dans le sud du massif et vivent dans des endroits trop reculés, trop cachés, pour présenter un risque réel pour les communautés établies. Pour le voyageur de passage, en revanche, il en va tout autrement, surtout s'il est solitaire et désarmé.

[Mazdreg]

[JUSTIFIER]L’atmosphère était chargée d’humidité, une délicate bruine humidifiait la végétation aux alentours. La montagne de fer tout entière se cachait sous un manteau de brume. Les gouttelettes qui tombaient abondamment, alimentaient certainement le vivant de son besoin d’eau. Quand, soudainement, la mince pluie poussée par le vent du nord, commença à changer de direction. Alors que le versant sud-est, continuait à recevoir la fine pluie selon la direction du vent, la pointe sud-ouest rencontrait une singularité. Les légères gouttes étaient happées par un portail lumineux. Il n’y avait aucun bruit supplémentaire, juste un rayon de lumière, comme un phare en pleine montagne. Kelhroh fut projeté par le portail. Étourdi par la projection, Kelhroh se releva vélocement, et dans l’exaltation du moment, il tenta de traverser à nouveau le portail. Quand celui-ci disparut brusquement. C’est dans une confusion désagréable que le sorcier commença à observer les environs. [/JUSTIFIER]

[Voyageuse]

Les environs étaient déserts. C'était une chance, en un sens : si le portail l'avait amené en pleine ville, au beau milieu d'un marché animé, son apparition aurait fait du dégât et il aurait pu avoir de gros ennuis.
Mais ici, il n'y avait rien de tel. Il voyait à sa gauche une pente rocailleuse assez raide, montant vers un sommet caché par la bruine, dont il ne pouvait que deviner la présence. A sa droite, une pente tout aussi raide, mais orientée plus au sud à en juger par la végétation, une garrigue impénétrable de buis et de chênes verts. Devant lui se trouvait... une pente également, rocheuse, presque à pic, d'où jaillissait une cascade d'eau fraiche qui l'aspergeait copieusement. Il se trouvait, en effet, sur un rocher glissant, entouré d'un bassin naturel, heureusement peu profond, alimenté par la cascade. Derrière lui, enfin, il découvrit une vallée étroite, creusée par le passage répété de la rivière qui prenait sa source juste là où il se trouvait.
Le paysage, bien qu'un peu trop minéral peut-être, possédait un charme bucolique certain. Mais entre la bruine qui régnait et l'eau de la cascade, il serait trempé en quelques minutes.

[Mazdreg]

Kelhroh était désemparé et, pendant un instant, il fixa la chute d’eau d’un regard vide et absent. Il ne pouvait manifestement ni escalader la cascade ni grimper les rocheuses. Il prit la décision de suivre le chemin qui était tracé par la rivière.

« Vaporeuse accalmie humide, ta contiguïté ne suffira pas à calmer mon agitation » murmura-t-il, en reprenant ses esprits.

Tandis que l’eau tiède s’écoulait, maintenant, profusément sur son corps écailleux, le magicien prit en main un bâton difforme mais élégant. C’est avec l’outil indispensable du marcheur qu’il entreprit le sentier naturel.

[Voyageuse]

La vallée, à cet endroit, était étroite et rocailleuse, et les berges de la petite rivière assez impraticables. Mais il n'avait pas vraiment d'autre choix que de la longer: c'était en effet le seul passage accessible. Il avança donc, de rocher en rocher, s'écartant par moments du ruisseau pour suivre une ébauche de sentier naturel, et obligé, à d'autres moments, de mettre les pieds dans l'eau.
Les rochers mouillés étaient glissants, et cheminer le long de la rivière lui demandait une concentration de tous les instants pour ne pas chuter dans l'eau. Trempé comme il l'était, cela n'aurait pas changé grand-chose, et le cours d'eau était trop peu profond pour qu'on s'y noie, mais il pouvait se tordre une cheville, se casser un bras, ou s'assommer en tombant : de petits accidents sans gravité dans un environnement peuplé et connu, mais qui pouvaient s'avérer mortels, ici, puisque nul ne viendrait à son secours.
La bruine devint pluie, et les nuages masquaient à présent le sommet des montagnes alentours. L'eau était omniprésente, coulant du ciel sur ses écailles, ruisselant à ses pieds, s'écoulent en torrent entre les rochers. La température clémente aidait, heureusement, à supporter toute cette humidité. Mais il n'y avait rien par ici, que de l'eau et des rochers... et son estomac commençait à crier famine.

[Mazdreg]

[JUSTIFIER]Le drakéide marchait prudemment de cailloux en caillasses. Les roches lisses et glissantes, auxquelles il se cramponnait, obligeaient une indubitable concentration. Il immobilisa alors son corps pour regarder où il pouvait s’abriter. Au premier abord, il n’y avait pas l’ombre d’un abri, d’un couvert. En cherchant bien il finit par trouver une plante haute avec un feuillage suffisamment épais pour éviter partiellement la pluie. La faim et la soif commençaient à manifester des symptômes sans pour autant l’incommoder . Ce moment de répit était l’occasion pour lui de spéculer un instant. Mon prochain repas n’aura que plus de saveur, pensait-il. L’imprévisible est intrinsèquement lié à la vie… parfois, il faut prendre des risques , et à d’autres moments, il est préférable de les atténuer. [/JUSTIFIER]
«-Je ne veux pas risquer sottement mon existence… je vais attendre là » se disait-il avec résolution.

[Voyageuse]

Attendre pour ne pas risquer de se rompre le cou, ou continuer... Le premier choix n'était pas forcément le plus confortable. Certes, il permettait de se reposer, de faire le point, et une bonne pause était bienvenue après cette longue et pénible progression. Mais rester à l'abri de l'arbre ne solutionnait pas le problème de la faim. Il avait à boire à volonté : l'eau du ruisseau était claire et fraîche. Mais il n'avait rien à se mettre sous la dent.
La pluie, qui tombait drue maintenant, formait un rideau qui lui masquait les alentours. Il était impossible de savoir s'il y avait d'autres êtres vivants que lui dans cette vallée étroite. Il aperçut, cependant, un abri un peu plus confortable sur la pente qui se trouvait à sa droite, la plus rocailleuse : on devinait l'entrée d'une grotte, un peu plus haut dans la paroi, accessible sans trop d'efforts depuis la rivière. Il y en avait peut-être d'autres, vu le genre de relief qui l'entourait.

[Mazdreg]

[JUSTIFIER]Était-ce l’antre d’un monstre, la caverne d’un ours ou encore le repaire de brigands ? Aucune incertitude n’était à écarter. Kelhroh avait conscience de l’éventuel danger. Malgré cela il avança en direction de la grotte, après tout, la fable de l’allégorie de la caverne ne pourrait-elle pas s’appliquer pour s’introduire comme pour sortir de la caverne ? Nonobstant, c’est par pragmatisme qu’il pouvait lever le doute, pour en connaitre la réponse. Il n’était cependant pas question de s’engouffrer sans regarder la proximité du lieu, et ainsi inspecter les moindres traces ou indices sur le sol gorgé d’eau. La pluie avait, en somme, de bons côtés, celle de rendre la maigre surface du sol terreux suffisamment mou pour prévenir d’une malencontreuse rencontre.[/JUSTIFIER]

[Voyageuse]

Le sol boueux des abords de la rivière ne comportait aucune trace de passage récent. Mais la pluie, en ruisselant, effaçait peu à peu toutes les empreintes qui auraient pu s'y trouver la veille. Des traces profondes auraient été visibles, mais les plus légères avaient sans doute déjà disparu. Quoiqu'il en soit, il n'en vit aucune. Et la roche des abords de la grotte était, quant à elle, beaucoup trop dure pour garder la moindre trace.
Il s'avança donc vers la grotte, aux aguets. La pluie masquait un peu les sons, mais il semblait ne rien y avoir d'autre que le bruit de la rivière en contrebas. Les lieux semblaient déserts.
La grotte l'était également, comme il le découvrit lorsqu'il s'aventura à jeter un œil à l'intérieur. Il n'y avait personne, ni bête, ni être pensant. Mais un tas de petit bois, dans un coin, ainsi que des cendres froides près de l'entrée, prouvaient qu'il en était parfois autrement.