[Lieu-dit] Le parc verdoyant de Lumenis

[Galathée]

" Non, non." dit Victor.
Ils s'installèrent, se couchèrent dans l'herbe et regardèrent les étoiles. Elles étaient magnifiques, innombrables, dessinant leurs constellations merveilleuses et riches de contes sur le ciel noir. Victor resta silencieux, les mains croisées sur le ventre, dans la chaleur de la nuit.
Et à un moment ou un autre, il s'endormit.

[Taliesin]

Taliesin fut d'autant moins long à s'en rendre compte qu'il vérifiait régulièrement l'endroit où se trouvait l’œuf, pour s'assurer qu'il ne lui arrivait rien de malencontreux.
-Réveille-toi, marmotte : tu seras mieux dans ton lit pour dormir ! dit-il à mi-voix au gamin, en le secouant doucement par l'épaule.
Il était tout de même un peu lourd pour le porter jusqu'à l'auberge...

[Galathée]

Victor maugréa et tenta d'abord de repousser sa main, se retournant pour lui échapper et poursuivre son somme. Mais il finit par répondre aux injonctions du barde et s'assit, les yeux mi-clos, manifestement toujours à moitié dans les limbes. Il ne fallait sans doute pas en attendre plus avant le lendemain, mais il tiendrait probablement sur ses jambes... même s'il y avait encore une sacrée trotte jusqu'à l'Ombre de l'Arbre.

[Taliesin]

Mais comme il fallait bien rentrer, Taliesin le prit par la main et se mit en marche d'un pas tranquille. Peut-être Victor se réveillerait-il davantage en cours de route. Ou peut-être faudrait-il le porter sur la fin du trajet. Mais peu importe : ils s'en sortiraient et finiraient bien par atteindre leur destination.
En tout cas, il était plutôt content de cette soirée qui s'était avérée plutôt agréable et qui, somme toute, lui avait bien changé les idées.

[Galathée]

Victor le suivit comme un automate, s'appuyant sur son épaule, zigzaguant par moments, lâchant des bâillements répétés et finissant par fermer les yeux et se laisser complètement guider. Par moments, il grommelait des choses incompréhensibles, sans doute à moitié dans de profonds songes. Il finit par peser de plus en plus fort sur le barde, jusqu'à s'affaisser, à nouveau endormi. Plusieurs personnes leur jetèrent des coups d'oeil un peu inquiets. Un jeune garde en livrée bleu roi aborda l'elfe, alors qu'il atteignait péniblement la sortie du Parc.
" Est-ce que ça va ? Ce garçon a l'air... mal en point. Vous avez besoin d'un coup de main ?"

[Taliesin]

-Non, je ne pense pas, répondit-il, paisible. Il s'est endormi alors que nous regardions les étoiles, et j'ai dû le réveiller pour que nous puissions rentrer à notre auberge. J'avoue que je ne m'étais pas attendu à ce qu'il se rendorme debout, mais ce n'est pas grave : je vais le porter.
Il ne devait tout de même pas être le premier à rentrer au bercail avec un gosse fagitué, si ?

[Galathée]

" Vous voulez que je le fasse ? dit le garde. Vous n'avez pas l'air... très costaud, sans vouloir vous offenser."
Il avait toujours l'air un peu suspicieux... ou alors simplement serviable. Ce n'était pas complètement facile à dire.
" Aider les gens dans le besoin, c'est mon métier."
Son collègue, resté en retrait, les observait les bras croisés.

[Taliesin]

Bigre, allait-on le soupçonner de rapt, à présent ?
Ce serait un comble.
Essayant de ne pas s'offusquer, il répondit d'un ton très courtois.
-Nous logeons à l'Ombre de l'Arbre : est-ce que ça ne vous éloignerait pas trop de votre secteur ? A mon avis, si mes capacités physiques vous inquiètent à ce point, le plus simple serait de m'indiquer où je peux louer une voiture pour nous ramener.

[Galathée]

Le garde parut stupéfait.
" Louer... une voiture ? Heu... je ne pense pas que ce genre de choses se fait à Luménis, messire..."
Il secoua la tête, se tourna vers son collègue, qui haussa les épaules.
" Ça existe dans les cités elfes ?"

[Taliesin]

-Cela existe en tout cas dans certaines villes humaines étendues : il s'agit de sortes de... coches urbains, pour aller d'un quartier à l'autre.
Il haussa les épaules à son tour.
-Enfin, peu importe. Je pense honnêtement que je peux m'en tirer, avec mon fils. Mais si cela vous rassure de vous charger de lui, et si cela ne risque pas de vous attirer d'ennuis... Soit.

[Galathée]

" Non, c'est bon, dit le garde. Enfin, sauf si ça vous aide... Il a l'air... profondément endormi... enfin, je vous laisse tranquille. Mais vous serez plus rapidement à l'Ombre de l'Arbre en obliquant par ce chemin-là et en passant sous le Belvédère. Il y a une sortie de ce côté-là, juste en face de la ruelle de l'auberge, pratiquement."
Il grimaça.
" Il faut des artères drôlement larges, non, pour ce type de service ? Le coche de ville, je veux dire... Ici, ça ne causerait que des accidents."

[Taliesin]

-Ils ne passent que dans les rues les plus larges, c'est certain...
Le barde se pencha sur Victor et tira l'oeuf de l'une de ses poches pour le glisser dans l'une des siennes où, lui semblait-il, il serait plus en sécurité.
-Il l'a gagné au tir à l'arc : ce serait dommage qu'il s'abime durant le trajet, expliqua-t-il.
Puis il souleva le gamin dans ses bras.
-Bigre, c'est la première fois qu'il me fait un coup pareil. Il faut croire que notre journée l'a particulièrement fatigué. Ou alors qu'il a été assommé par les révélations de la voyante ?
Il sourit.
-En tout cas, merci pour le renseignement, messire. Je vous souhaite une bonne suite de service.

[Galathée]

" Bonne nuit à vous."
Et les gardes reprirent leur ronde tranquille dans le parc enténébré. Suivant le chemin suggéré, Taliesin et Victor gagnèrent vaille que vaille la sortie du parc et enfin la rue. Leur guide n'avait pas menti : ils étaient pratiquement rendus. Par contre, l'elfe réalisa, en s'approchant, que l'Ombre de l'Arbre était complètement plongée dans les ténèbres. Il semblait y avoir, tout au plus, une vague lueur au rez de chaussée, pas plus qu'une bougie...

[Taliesin]

Arrivant du quartier portuaire, Taliesin pénétra dans le parc d'un pas tranquille.
Son après-midi avait été oisive, pour dire le moins, mais cela ne le dérangeait nullement : ses sentiments vis-à-vis de Luménus, empreints de bien davantage de mauvais souvenirs que de bons, restaient trop partagés pour qu'il ait envie de la visiter, de la redécouvrir.
Pour autant, par ce temps, musarder était des plus agréables, comme l'était le fait de progresser parmi les arbres et les pelouses, vers le lieu de rendez-vous fixé avec Baptiste et Victor.

[Galathée]

Baptiste était déjà là, assis dans l'herbe, en train de bavarder avec deux autres enfants de son âge. Victor pas encore. Quand Baptiste vit Taliesin, il lui fit signe, tandis que ses camarades se levaient, regardaient l'elfe avec circonspection, puis détalaient sur les pelouses. Le gamin ne parut pas s'en émouvoir et attendit que l'elfe le rejoigne. Il faisait toujours magnifique, le parc était fréquenté, mais l'ombre distillée par les arbres apportaient une fraîcheur bienvenue, si on savait s'installer et ensuite se déplacer au gré du temps.
Victor parut peu après, la mine ravie et les joues déjà rouges. Il apparut cependant qu'ils n'avaient pas vraiment d'idée d'à quoi jouer, et la température n'incitait pas à l'exercice...

[Taliesin]

Le barde, qui s'était efforcé de ne pas prendre mal le fait qu'apparemment, on puisse le juger effrayant au point de détaler à son approche, leur rappela qu'ils n'auraient pas vraiment d'occasions de se dépenser, à bord du navire, et qu'en profiter un maximum aujourd'hui serait sans doute une bonne idée. Toutefois, s'ils n'étaient pas tentés, ou s'ils manquaient réellement d'idées, il n'allait pas les y forcer, d'autant que Baptiste était plutôt d'un tempérament posé tandis que son frère aurait besoin de bien plus d'une ou deux heures de défoulement pour compenser une veille de tranquillité.

[Galathée]

Ils commençaient à grandir, aussi, et les jeux d'imagination de leur prime jeunesse étaient en train de devenir... un peu trop enfantins à leur goût. Victor décida de grimper aux arbres, ce qui restait une activité à la mesure de son tempérament. Privé d'un bras, Baptiste en était incapable, mais il ne semblait pas y songer, de toute façon, et il entreprit de ranger ses achats du jour, minutieusement, dans son sac.
" On va souper à l'Ombre de l'Arbre avant de monter à bord ? Ou alors tu penses que c'est mieux d'aller installer nos affaires en cabine, puis d'attraper un truc rapide sur le port ?"

[Taliesin]

-On va se faire un dernier bon repas à l'Ombre de l'Arbre, répondit-il. Si on y retourne, on aura largement le temps de manger sans se presser, puis de gagner les quais et d'embarquer. Alors pourquoi s'en priver ?
Voilà qui devrait réjouir Baptiste, lui qui redoutait la cuisine du navire, réputée... peu agréable.

[Galathée]

Il réagit sans effusions, satisfait mais tranquille. Il commençait à s'ennuyer, cependant, et finit par quitter l'endroit où ils s'étaient retrouvés pour gagner le chemin principal qui traversait le parc, où s'étaient rassemblés les artistes et les échoppes estivales, de plus en plus nombreuses à mesure que la température baissait pour devenir agréable. Victor avait disparu dans les hauteurs d'un arbre, sans doute, Taliesin devinait sa progression au mouvement de certaines branches et à l'envol intermittent d'oiseaux. Il commençait à y avoir de la musique, à plusieurs endroits, et des accords se mêlaient accidentellement au gré de la brise.

HRP : on peut aller jusqu'à l'embarquement, si tu veux.

[Taliesin]

Bien décidé, cette fois, à ne pas laisser passer l'heure, Taliesin surveilla régulièrement la course du soleil et, quand il jugea le moment opportun, il battit le rappel. Lorsque les garçons l'auraient rejoint, ils regagneraient de concert l'Ombre de l'Arbre, pour prendre ce fameux repas et récupérer leurs affaires. Ensuite, il serait temps de rallier les quais pour l'embarquement. Les choses sérieuses allaient commencé et quoiqu'elles n'aient au fond absolument rien de réjouissant ou d'enthousiasmant, il s'efforçait d'en prendre son partie. De toute façon, ce n'était pas comme s'il avait le choix.

[Althéa]

Angèleavait donc emmené Soren et son pagne du coté du parc verdoyant, ce qui était pour elle l'endroit le plus logique et une façon sûrement inconsciente de se sécuriser en replaçant le clerc dans son contexte habituel. Par moments, elle s'assurait qu'aucun gardes n'était prêt à les appréhender pour protester contre la tenue légère du sunite avant de se rappeler qu'elle n'était plus à Manost. La brise, rendant la chaleur lui fit du bien et elle commença à se détendre jusqu'à ce que Soren lui parle de ses habitudes manostiennes. Sacrée Amélie ... En même temps, elle se sentit touchée par son inquiétude et aussi le fait que Soren déserte son atelier pour venir lui parler.

Elle garda le silence jusqu'à ce qu'ils trouvent un endroit à peu près tranquille et surtout le temps de trouver ses mots pour lui répondre.

"Votre sollicitude me touche. Mais je ne suis pas malade. Je mange, je dors - peut-être un peu moins que je le devrais - mais j'ai du travail. Et puis, Amélie ne t'a pas raconté que j'ai quitté quelques temps Manost pour Cojum. Notre grande prêtresse m'a demandé d'aider un jeune homme amnésique que l'on a retrouvé gisant devant notre commanderie. Il s'est avéré qu'il s'agissait du professeur Maloran qui venait de Cojum et était à la recherche d'une civilisation disparue. C'est difficile à croire, mais je l'ai accompagné. Nous avons retrouvé la civilisation des Lunepierre que tout le monde croyait éteinte."

Elle eut un sourire.

"Durant l'expédition, nous nous sommes rapprochés, un peu, sans que rien ne se passe. Il est veuf, et moi ... C'est une belle personne. Mais nous n'avons pas la même vie. Il voyage, découvre des civilisations et moi, j'ai des gens à défendre à Manost. Je n'ai pas envie de le ralentir ou de l'ennuyer. Nos vies ne sont pas du tout semblables. ça ne marcherait pas et il le sait aussi bien que moi."

Elle ne s'était confié sur ses sentiments à personne, préférant cacher cette faiblesse beaucoup trop humaine. Aujourd'hui, les mots venaient sans qu'elle sache si elle voulait convaincre Soren ou elle-même.

[Galathée]

" Quoi ? s'exclama-t-il. "C'est une belle personne ? "Nous nous sommes rapprochés" ? "Peur de l'ennuyer" ? Par les Jupons de Sunie, Angèle, on dirait que tu essaies de me mettre en colère !"
Il sourit, malicieux.
" Ça ne va pas marcher. Dis-moi, simplement, quel âge tu as, déjà ?"

[Althéa]

Surprise par les exclamations de Soren, Angèle avait écarquillé les yeux et s'était légèrement écartée de lui. Elle ne s'attendait pas du tout à cette réaction. Elle l'examina quelques instants avec prudence, histoire de voir s'il plaisantait avant de décider que non et rentra les épaules.

"J'ai trente-cinq ans, presque trente-six. Si j'en crois Amélie, c'est un âge vénérable et presque canonique ... Plus sérieusement, tu me vois m'embarquer dans une histoire comme ça, à mon âge ? Et il n'a aucune envie de venir habiter Manost et moi, je le comprends totalement. En ce moment, j'ai honte d'habiter cette cité quand je vois ce qu'il se passe. Ce que l'on fait aux gens qui ne sont pas dans la norme."

[Galathée]

" Toi, tu crois qu'on peut faire du bon travail quand on réprime son coeur. C'est stupide, Angèle, permets-moi de te le dire. Tu vas juste te racornir comme... une vieille pomme. C'est ça. Rabougrie. Tu dois embrasser la lumière quand elle passe, nom d'une wyverne ! Sunie m'en est témoin, je ne t'ai rien appris. Même si c'est une relation épisodique, même si c'est une fois toutes les six veilles, ça n'excuse rien ! Il y avait un élan et tu l'as réprimé parce que... parce que quoi, en fait ? Parce que tu as projeté... que ce serait le bordel. Mais le bordel, c'est la vie. Tu veux te battre contre les Tormites, ainsi soit-il, il faut des martyrs partout, je n'ai rien à dire. Je ne comprends pas, mais je ne suis pas comme toi, plein d'une espèce de conviction que je vais sauver le monde au prétoire. Mais penser que tu peux sauver le monde alors que tu as négligé l'amour... Le monde ne vaut la peine que parce que l'amour y existe. Le reste, c'est du vent."

[Althéa]

Angèle laissa passer l'orage, les épaules rentrées. Mais quelque part, elle savait à quoi s'attendre.

"Si tu ne m'avais rien appris, je ne l'aurais jamais suivi, et je ne me serais jamais attachée à lui. Je n'ai pas dit que j'avais fermé totalement la porte. Mais il nous faut du temps. Nous nous écrivons très souvent. Et je dois t'avouer que j'attends chaque pli avec impatience. Et souvent .... j'espère que c'est réciproque. Je ne peux pas te dire si c'est véritablement de l'amour mais de savoir qu'il est là, même à Cojum et de savoir que chaque semaine, je recevrai de ses nouvelles m'aide à tenir. Désolée de te décevoir, mais pour le moment, je ne peux pas plus."

[Galathée]

Il s'arrêta, pirouetta pour arriver en face d'elle et la saisit par les épaules. Il était — à peine — plus grand qu'elle. Son sourire s'élargit.
" Mais tu ne me déçois pas une seule seconde, Angèle. Tu m'as... trompé. Tu as présenté la chose comme un amour déjà perdu. Mais en fait, petite cachottière, c'est une affaire en cours... Un courrier par veille ? Pas mal ! Mais tu vas te languir, ma pauvre... Tu es sûre que tu ne veux pas me refiler le bâton de chaperon et retourner sur Dorrandin ? Il ne faut pas laisser le fil se rompre ! Je promets d'être très... convenable auprès d'Amélie. Et je vais de toute façon à Eredhun..."

[Althéa]

Angèle rougit si brusquement qu'elle ne n'eut pas le temps de s'en rendre compte et d'en prendre le contrôle. Elle n'avait pas l'habitude de divulguer ses états d'âmes, du moins pas tout d'un coup à chaque fois comme si elle voulait se préserver et avancer masquée, étapes par étapes. Ses amis avaient appris à prendre avec philosophie et surtout beaucoup de patience ses confidences parcellaires qui s'étendaient dans le temps. Ils n'étaient qu'un tout petit nombre auquel elle confiait les élans de son cœur, traverser la carapace d'apparence glaciale. Et quelque part, c'était bien aussi.

La proposition de Soren la fit hésiter. Et quelque part, elle devait bien s'avouer qu'elle était extrêmement tentante. Mais ...

"Je ne sais pas, admit-elle, je n'aimerais pas qu'Amélie pense que je l'abandonne. Et puis, tu sais, j'ai promis - enfin, je me suis promis - que je veillerais sur elle. S'il lui arrivait quoi que ce soit, je m'en voudrais toute ma vie. Enfin, ce n'est pas que ne pense pas qu'elle ne saura pas se débrouiller et j'ai confiance en toi. C'est juste que ... Tu vois, j'ai laissé partir Morgan et elle n'est plus là. Je ne survivrai pas s'il arrivait la même chose à Amélie."

[Galathée]

" Je comprends." dit doucement Soren.
Il lui sourit sans malice.
" Je pourrais te dire qu'il est impossible de protéger quelqu'un de tout le mal du monde, à moins de l'enfermer dans une cage toute sa vie, et de l'exposer ainsi à un autre type de mal, mais... Je sais que tu le sais. Je ne vais pas essayer de t'empêcher d'agir comme tu le penses nécessaire... mais rappelle-toi que ce matin, ta protégée s'est enfuie... Elle n'a plus huit ans."
Il grimaça.
" Ah ! J'avais dit que je ne dirais rien ! Bref. Je pars pour Eredhun dans quelques jours... deux maximum. Si vous êtes intéressée par ma traversée, faites-moi signe : tu sais où me trouver."

[Althéa]

Oui, elle le savait. Et elle s'était fait la réflexion depuis qu'Amélie avait surgi sans prévenir dans sa vie. Veiller sur quelqu'un était une chose, l'empêcher de vivre en était une autre.

"Au bout du compte, vouloir qu'il n'arrive rien à quelqu'un c'est souhaiter qu'il s'ennuie.", murmura Angèle comme pour elle-même.

Elle ne pouvait pas décider à la place de son amie. Il faudrait qu'elles parlent, plus sérieusement et sans dérobade cette fois.

"J'ai promis à Moïra de retourner la voir si je revenais à Luménis."

Ainsi, elle pourrait s'assurer qu'Amélie allait bien. Ensuite, il faudrait qu'elle trouve un hébergement avec des places disponibles. Mais pour le moment, elle savourait ce moment passé avec Soren, pouvoir parler à coeur ouvert sans personne pour la juger.

[Galathée]

" Je ne sais pas si tu vas la trouver facilement, Moïra. De ce que j'ai compris, elle s'est immiscée dans une histoire compliquée... qui l'emmène souvent loin du Temple. Le mieux, à mon avis, est de lui laisser un message pour qu'elle vienne te dire bonjour quand elle a un moment. Prétends que tu as un ragot à lui raconter... En fait non, ne prétends rien ! Tu as vraiment un ragot à lui raconter. Elle voudra tout savoir sur le sire Maloran. J'espère que ta protégée est au courant et qu'elle sait dessiner."
Il rit doucement.
" Toute la ville va être au courant avant la fin de la veille. Ça va être formidable. Tu me diras que personne ne te connait... mais ça n'arrêtera pas Moïra. Et puis d'ici un an ou deux, sortira un nouvel opus signé du fantôme d'Angélique Mystéria, intitulé : " La Tyrite et l'Intello"... ou un truc plus imagé... " La raison et le coeur"... " Pas de justice pour les amants"... "Les ruines amoureuses"... ou... de quelle civilisation as-tu parlé ? "Le coeur des Lunepierre"... Je vais lui souffler ça, tiens..."