[Commerce] L'Ombre de l'Arbre

[Galathée]

" C'est vrai."
Il parut songeur, poussa un léger soupir.
" On passe d'abord par Eredhun, de toute façon. Donc je trouverai peut-être quelque chose là-bas, qui tombera sous le sens, quelque chose comme ça..."
Il releva les yeux.
" Tu crois que je vais devoir rester avec lui ? Complètement ? Dès notre première rencontre ?"

[Taliesin]

-Ce n'est pas ce qui est prévu, en tout cas : dans ma lettre, j'ai bien parlé d'une "première rencontre", justement, ce qui dit assez qu'il ne s'agit pas de ton installation chez lui. Et ton père n'a pas parlé non plus de ça. Après, s'il tient absolument à te garder et demeure sourd à mes arguments, je ne sais pas si je pourrai refuser sans que lui-même puisse, légalement, m'accuser d'enlèvement. Mais je ne vois pas pourquoi pareille chose arriverait : je suis sûr que c'est un homme raisonnable qui, comme nous, aura à cœur que les choses se fassent en douceur.

[Galathée]

" D'accord." dit Baptiste.
Il s'appuya au mur près de la porte.
" Je savais que j'avais un père. J'aurais dû envisager que ceci se produise. Je suis désolé de ne pas l'avoir anticipé."

[Taliesin]

Il secoua la tête.
-Tu ne dois pas être désolé, Baptiste. Tu n'avais aucun moyen de retrouver ton père, aucun moyen de savoir qu'il se manifesterait un jour : dans de telles conditions, tu ne pouvais pas rester éternellement à l'attendre, sans t'attacher à personne... Vivre comme ça, c'est tout bonnement impossible.

[Galathée]

" Je ne l'ai pas attendu longtemps. Et je ne l'ai pas cherché, dit-il. Quand Filippa était vivante... Elle ne voulait rien me dire... Je la croyais sur parole, que ça n'en valait pas la peine, que j'étais bien sans lui... Pourtant, je me rendais bien compte qu'elle pensait encore beaucoup à lui... Je le voyais parfois à la manière dont elle me regardait. Après... Tout n'a été qu'une fuite en avant... et tu es arrivé quand j'étais assoiffé... Je n'ai pas résisté. J'aurais dû. Tu n'étais pas venu chercher un enfant, à Mélandis, et il y en avait dix autres, et de vrais orphelins, eux... C'est moi qui nous ai mis dans cette situation."

[Taliesin]

-Tu te fais des reproches inutiles, répondit-il d'un ton apaisant. La manière dont nous nous sommes rencontrés, ce que nous avons traversé, alors... ça a fortement, et logiquement, influencé la suite. Par ailleurs, en admettant que tu aies été fautif, ce qui n'est pas le cas... Je l'ai été aussi, de même que Galathée, de même que les paladins... En vérité, le fait que nous soyons tous allés dans le même sens montre bien que nous avons simplement agi de la manière la plus naturelle qui soit.
Il sourit.
-Enfin, ce qui arrive aujourd'hui ne remet pas en cause ce qui s'est passé hier. Nous avons passé de très bons moments, ensemble, nous avons tissé des liens solides que l'éloignement ne suffira pas à briser : tu sais que nous sommes là pour toi, en cas de besoin, et que tu pourras revenir nous voir, à plus forte raison quand tu seras adulte et libre de tes mouvements.

[Galathée]

" Est-ce que tu crois que... je pourrais lui demander que tu sois mon tuteur... Je resterais vivre avec vous, à la ferme... comme avant."
Il soupira.
" Mais on ne peut rien dire avant de l'avoir vu."
Il jeta un coup d'oeil vers la porte.
" On devrait aller manger. Victor va sûrement rentrer bientôt."

[Taliesin]

-Tu as raison.
Il fit deux pas vers la porte avant de s'immobiliser.
-Pour le reste, et même si ça n'a rien d'évident, mieux vaut éviter de se poser trop de questions : nous ne pourrons pas avoir de réponses avant d'avoir rencontré ton père, avant de savoir quel genre d'homme c'est. Mais la réponse qu'il m'a adressée m'a paru plutôt encourageante.

[Galathée]

Victor était effectivement de retour dans la salle de l'auberge, et déjà attablé devant une assiette de fromage et de saucisson, qu'il partagea volontiers avec eux.
" Il parait que tu as passé la matinée à confectionner un nid pour mon oeuf. Je suis très touché... mais je voudrais te rappeler que c'est mon oeuf. A moi."
Baptiste grimaça.
" Qu'est-ce que c'est encore que cette histoire ?"

[Taliesin]

-Je lui laisse le plaisir de te raconter.
Puis, à Victor :
-Je sais. Mais tu l'avais protégé avec des vêtements : or, ce n'est pas l'idéal, d'autant que tu n'as pas une garde-robe illimitée. Du coup, j'ai simplement trouvé de quoi y remédier. Ce qui m'a par ailleurs permis de boucler ton sac, ce qui était indispensable pour libérer la chambre.

[Galathée]

" Je l'aurais mis dans ma poche, l'oeuf, dit Victor avec un haussement d'épaules. Mais si ça t'a occupé, ma foi... Merci encore."
Il se tourna vers Baptiste.
" J'ai gagné un oeuf au tir à l'arc. Un oeuf bizarre. Peut-être qu'il abrite un méphite.
— Je ne crois pas que les méphites pondent des oeufs. Les kobolds, oui, par contre."

[Taliesin]

Un œuf.
Dans une poche.
Dans une poche de Victor, de surcroit.
Son espérance de vie n'aurait pas excédé quelques heures.
Au mieux.
Mais il s'abstint de le faire remarquer : ç'aurait été complètement inutile.
-C'est un œuf de reptile, en tout cas, dit-il plutôt. Reste à espérer que ça ne soit pas une espèce dangereuse.

[Galathée]

" Ce sera une sorte de serpent vénéneux qui se dresse avec ses grands crocs et siffle, comme dans les histoires de Mullhorande !
— On dit venimeux, pour un animal. Et à mon avis, c'est un oeuf de tortue.
— Tu l'as même pas vu !
— Mais on t'a dit de le garder au chaud, non ? C'est fatalement un oeuf de tortue."

[Taliesin]

-Maintenant que tu le dis... Oui, c'est tout à fait possible. Et ce serait une bonne nouvelle : c'est très chouette, les tortues.
Si c'en était bien une, ils s'en tireraient à bon compte, même s'il n'avait pas imaginé le propriétaire du stand de tir à l'arc assez inconséquent pour refiler à un gosse un œuf appartenant à une espèce dangereuse.

[Galathée]

" Une tortue ? Mais c'est pas du tout pratique, une tortue... dit Victor avec une grimace. J'espère que c'est un serpent."
Baptiste compulsait le menu avec une mine soucieuse.
" Et si on en faisait une omelette ? Ce serait encore le plus pratique... parce que je suis sûr qu'on va le perdre ou le casser dans les trois premiers jours de voyage. Alors autant le perdre... volontairement."

[Taliesin]

-Je te laisse discuter de ça avec ton frère.
Il sourit.
-Mais je m'étonne de ta tendance croissante à vouloir tout manger... Serais-tu en train de te métamorphoser en ogre ? Il va falloir que nous soyons prudents...

[Galathée]

" C'est juste qu'un oeuf... et bien... ça se mange.
— Pas un oeuf de serpent démoniaque !
— Non, ça, ça se jette par dessus bord !
— N'essaie même pas, parce que c'est toi que je jetterai par dessus bord !"
Le fils de l'aubergiste s'était approché de leur table.
" Et bien ça promet, votre traversée. Qu'est-ce que je vous sers ?"

[Taliesin]

-Oh oui, ça promet ! répondit-il, amical.
Puis il passa sa commande.
Le bateau étant un espace relativement restreint - d'autant plus si l'on comptait les zones interdites aux passagers -, Victor et Baptiste devraient sans doute passer pas mal de temps ensemble, ce qui augmentait les risques de querelles. Ceci dit, ces derniers temps, cela n'allait jamais au-delà de taquineries tout à fait anodines.

[Galathée]

Après le repas — agréable, léger, ensoleillé, à la mesure du temps au dehors, ils durent décider de ce à quoi ils occuperaient leurs dernières heures à terre. Victor avait toujours l'intention de monter jusqu'au Temple de Mystra et refusa par ailleurs de leur dire le moindre mot de ce qu'il avait fait le matin, chez les Lathandrites et les Tymorans. Baptiste n'avait pas d'idée préconçue, il était content d'aller se promener dans le Parc. Les garçons suggérèrent de s'y retrouver pour se défouler une dernière fois vraiment avant dix longs jours de traversée durant lesquels — même Victor y était résigné — ils devraient se tenir à carreau.

[Taliesin]

Le barde les retrouverait donc au Parc dans l'après-midi, histoire de garder un œil sur eux durant cette séance de défoulement. D'ici là, il les laissa vaquer à leurs occupations, non sans avoir dit à Baptiste qu'il pouvait l'accompagner s'il en avait envie, notamment pour cette visite à la Commanderie, si c'était toujours d'actualité.
Lui-même n'avait toujours pas plus de projets que pour la matinée. S'il restait seul, sans doute s'attablerait-il simplement à une terrasse.

[Galathée]

Mais Baptiste avait déjà été à la commanderie, aussi n'était-il plus nécessaire de l'y accompagner. Si Victor fila sans demander son reste, Baptiste parut plus embarrassé, comme s'il hésitait à abandonner le barde, alors que leurs jours ensemble étaient peut-être comptés... Il finit cependant par lui fausser compagnie pour musarder, de tout son saoul, sur le marché de l'esplanade, où des saveurs venues des quatre coins de Toril ensorcelaient les sens.
Le barde, de son côté, put profiter d'un bon verre sous le soleil, parmi d'autres convives, rarement solitaires cependant. Il lui sembla, de temps en temps, reconnaître un visage d'autrefois, mais c'était souvent une impression fugace, qu'il ne pouvait raccrocher à aucun événement particulier, aucun moment de sa vie. Il devait y avoir, bien sûr, des Morféens repentis ou des compagnons de lutte, mais l'eau avait coulé sous les ponts et, contrairement à lui, les humains changeaient vite.
Il passa ainsi un après-midi à ne rien faire, sinon rêvasser, et il fut bientôt l'heure de gagner le Parc pour retrouver les enfants...

[Galathée]

Quittant le Parc Verdoyant, Angèle n'eut pas à marcher longtemps pour atteindre l'Ombre de l'Arbre : l'auberge était située à quelques pas seulement de la grille d'enceinte du magnifique espace vert. Quand elle entra, elle découvrit une salle de taille moyenne, joliment décorée de motifs floraux et sylvestres, propre et accueillante, où devisaient une dizaine de personnes, en duo ou en groupe. Les tables étaient mises, le repas de midi approchait déjà. Un jeune homme souriant, au visage trop fin pour être complètement humain, aux épaules trop larges pour être complètement elfe, approcha d'Angèle en souriant.
" Bienvenue, dame ! Désirez-vous une table pour ce midi ? Ou une chambre ?"

[Althéa]

Hrp : désolée, je ne savais pas si tu voulais récupérer Amélie. J'aurais posté, sinon Merci pour la transition. (f)


Angèle s'avança, à la fois rassérénée par les paroles de Soren et l’atmosphère apaisante du lieu. Souriant en retour au jeune homme avant de lui demander.

"Auriez-vous deux chambres disponibles pour au moins deux jours ?"

Ensuite, tout dépendrait si Amélie souhaitait partir à Erhedun.

[Galathée]

HRP : c'est toi qui dois décider... Moi je propose qu'on aille jusqu'au bout avec Angèle, puis on reprendra Amélie ensuite ?

" Deux chambres pour combien de personnes ? demanda le demi-elfe. C'est de toute façon possible, je pense, sauf si vous me dites que vous êtes douze."
Il sourit.
" Ça arrive."

[Althéa]

Hrp : moi, tout me va très bien comme ça. Il faut que tu t'amuses toi aussi. On fige et on reprend celle que tu veux, je trouve ça chouette comme ça.

Angèle avait souri, elle avait été même tentée de plaisanter, disant qu'elle venait en délégation pour deux douzaines de paladins manostiens mais elle se contenta de demander.

"S'il vous reste encore deux chambres individuelles, cela m'irait très bien."

Elle n'était pas plus embêtée que cela de partager une chambre avec Amélie mais toutes les deux appréciaient cependant d'avoir chacune leur espace, du moins quand il s'agissait de dormir. Au Clos des roses, elle avait ses quartiers en haut alors qu'Amélie avait installé ses quartiers au rez-de-chaussée. Un compromis viable pour deux personnes à l'époque associées par la force des choses.

[Galathée]

HRP : est-ce que tu peux indiquer, à un moment ou un autre, comment est habillée Angèle ? Est-ce qu'elle est armée ? Est-ce qu'elle porte un symbole de Tyr ? Est-ce qu'il y a moyen, d'une manière ou d'une autre, d'identifier sa profession ou bien elle est en civil ? Ça impacte a priori quand même l'attitude des PNJs qui la croisent

" Oui, j'ai ça, pas de soucis. Est-ce que vous pouvez me remplir le registre, rapidement ? Vous avez une préférence, côté cour, côté rue ? C'est assez tranquille mais il fait clair très tôt, alors il y a un peu de passage dès l'aube... C'est Luménis."
Il sourit et la guida vers le comptoir, d'où il exhuma son cahier.
" Ici votre nom et celui de l'autre personne, et puis d'où vous venez... et une signature là."

[Althéa]

Hrp : je vais tenter de le faire dans ce post là. En espérant que ça ne lui occasionnera pas un bombardement de patates.

En remplissant le registre pour elle et Amélie, Angèle se dit qu'ici, rien ne la différenciait des autres citoyens. Déjà, son nom n'évoquait à personne à part le cercle restreint qui savait qu'elle avait aidé à lever la malédiction qui pesait sur Brandon Devlin. Comme à Manost, elle avait glissé l'emblème de Tyr qu'elle avait en pendentif sous sa chemise. Elle ne le sortait à présent qu'à l'abri du couloir du tribunal manostien. Son dieu n'avait pas bonne presse ces temps-ci et elle n'avait aucune envie d'exacerber les acrimonies diverses. Le gris clair bleuté de sa chemise manquait peut-être un peu de relief et d'extravagance mais elle l'aimait ainsi et le vêtement ne lui tenait pas chaud. Son pantalon d'un gris foncé ne dénotait en rien avec les autres. Elle n'avait pas ses armes de paladine qu'elle avait remisées avec plaisir depuis qu'elle était revenue de l'expédition. Elle était toujours la "paladine sans armure" comme l'avait décrite Soren. Ses cheveux quant à eux étaient disciplinés en une queue stricte et son épi tressé et incorporé au reste comme à son habitude. A ce niveau-là, rien ne dépassait.

Elle écrivit de son écriture soignée et fine que beaucoup auraient jugée scolaire mais très lisible. Puis elle demanda.

"Serait-il possible d'avoir deux chambres coté cour, s'il vous plaît ?"

Ce détail n'avait pas d'importance pour elle outre mesure mais elle savait qu'Amélie qui était une marmotte apprécierait de ne pas être tirée du lit trop tôt.

[Galathée]

" Pas de soucis. Je vais vous donner les clés tout de suite."
Il se pencha et reparut avec le nécessaire.
" La 4 et la 5. Vous prenez l'escalier ici... et en haut à gauche. La salle d'eau est au bout du couloir, c'est écrit dessus."
Son expression se rembrunit.
" Juste une chose. On a... une sorte de couvre-feu... Ça ne veut pas dire que vous devez rentrer avec les poules, mais... En cette saison, c'est parfois facile d'oublier que la nuit est tombée, vu toutes les réjouissances dans le Parc et tout ça... Alors... Heu... Hum. Enfin, vous pouvez rentrer tard... mais c'est mieux si je le sais, alors, comme ça... Je m'organise."

[Althéa]

Angèle hocha la tête, rassurée. Elle et Amélie auraient un endroit où dormir cette nuit. Au moins, elle pouvait faire une annonce positive à son amie quand elle reviendrait. Bien sûr, la nouvelle ne rachèterait en l'éprouvante confession du début de la journée mais elle avait le mérite de les mener à un mieux.

Par contre, la mention du couvre-feu l'intrigua. Pourtant, il n'y avait pas de couvre-feu comme à Manost, elle en aurait entendu parler. Que se passait-il dans cette taverne ? Les gens avaient-ils l'habitude de se présenter à des heures totalement loufoques ? Elle se dépêcha de rassurer le jeune homme.

"Ne vous en faites pas, nous n'avons pas l'habitude de nous coucher tard. Pas vraiment avec les ... poules - décidément, elle détestait cet animal -donc nous ferons en sorte de rentrer tôt."

Et pas seulement parce qu'elles étaient manostienne. Plutôt parce qu'Amélie avait une certaine tendance à s'écrouler après le coucher du soleil.

[Galathée]

" C'est super gentil, dit le jeune homme. Avec ces nuits très courtes, je dois avouer que j'ai parfois un peu de mal à tenir jusqu'à l'extinction des feux et à me lever... avec les poules, justement. L'été a de bons côtés, mais... c'est quand même plus rude que l'hiver, dans ma branche."
La porte du fond s'ouvrit sur une femme, elfe, qui jeta un regard incrédule sur la paladine et son interlocuteur.
" Sam, qu'est-ce que tu fais ? Tu bavardes de nouveau avec les clients ? Je t'ai demandé — urgemment — d'aller au marché !
— J'accueille, maman, j'accueille, c'est tout !"
Il se retourna vers Angèle.
" Bonne journée, dame, à ce soir."
Et il fila sans demander son reste vers la rue.