[Commerce] La Taverne de la Bienveillance

[Galathée]

Soren lui rendit son sourire, un peu amusé, et se glissa à la place de la grand-mère, avant de poser les coudes sur la table.
" Alors, Dame Chaperonne, on me dit que vous grisaillez en mes murs et qu'il est temps que vous soyez exposée à davantage de... frivolité. Que le voyage luménien remplisse son office, tout du même !"
Il se carra dans son siège, bras croisés.
" Bonjour Angèle. Tu as l'air... hum... dire que tu as l'air bien serait mentir. On lit une vilaine tension sur ce visage. Que dirais-tu d'aller prendre l'air ?"

[Althéa]

"Dame chaperonne."

D'abord, elle ne comprit pas vraiment pourquoi Soren l'appelait ainsi. Puis elle comprit et poussa un soupir de soulagement.

"Tu as retrouvé Amélie."

Elle observa Soren de nouveau, comme si elle doutait encore de sa réalité. Etait-il vraiment assis à sa table à la place de la vieille dame ? Lui qui lui proposait d'aller prendre l'air, tout ça comme si elle n'était jamais partie ? Elle hésita puis ramassa son livre et paya son thé avant de se mettre debout sur des jambes un peu ankylosées par l'immobilité.

"Prendre l'air ? Oui, c'est une très bonne idée. A moins que tu ne veuilles boire quelques chose avant."

Elle hésita encore puis.

"ça me fait vraiment plaisir de te voir, tu sais ?"

[Galathée]

" Le plaisir est partagé. Même si je ne suis pas sûr que tu serais venue me voir, si ta chaperonnée n'avait pas fait irruption dans mon Temple. Lâche-lui la bride, d'ailleurs : vous êtes à Luménis, pas à Mélandis. Elle va s'en sortir très bien toute seule. Elle cherche la lumière, non ? Il y en a plein, ici. C'est notre spécialité, tu ne savais pas ?"
Il lui tendit le bras.
" Pourquoi est-ce que tu t'enfermes quand il fait si chaud ? La brise marine rafraîchit les rues, mais si tu cherches la touffeur désagréable de l'été, rester à l'intérieur est vraiment une excellente idée. Tu cherches à perdre du poids par transpiration ? Ça ne marche pas, tu sais, tu es quand même obligée de reboire après."
Il lui décocha un clin d'oeil.

[Althéa]

Angèle prit le bras de Soren sans vraiment réfléchir, même si elle en avait perdu l'habitude à Manost. Elle ne put s'empêcher de pincer les lèvres quand il mentionna Amélie. Bien sûr, Soren avait raison et sa chaperonnée -comme il l'appelait - se débrouillait très bien sans elle. Mais il lui était difficile de la laisser partir alors qu'elle avait promis de veiller qu'il ne lui arrive rien.

"Je serais venu te voir, se récria-t-elle, j'ai promis à Moïra d'aller lui rendre visite si je revenais à Luménis. Et une fois sur place, je serais venue. Quant au reste, j'ai beaucoup tendance à rester à l'intérieur ces temps-ci, je dois bien t'avouer. Mais il est vrai que l'air frais me fera du bien. Alors, tu as croisé Améie ? "

[Galathée]

" Ah, elle s'appelle Amélie. Oui, je l'ai croisée. De grandes interrogations sur Brandon, d'après ce que m'a dit le prêtre qui l'a reçue."
Il sourit.
" Le reste, c'est du secret professionnel, et de toute façon, je n'ai pas parlé de ça avec elle. Si vous voulez aller voir le Tymoran, il faudra vous taper Eredhun. C'est une jolie ville, au demeurant. J'y retourne moi-même d'ici deux trois jours."

[Althéa]

Ainsi, Amélie avait été reçue par un prêtre de Sunie. Même si elle était curieuse de ce qui s'était dit, Angèle savait que cela n'appartenait qu'à la fille de Morgan.

"Je ne sais pas ce que décidera Amélie mais quelque chose me dit qu'elle voudra aller là-bas. Et je l'accompagnerai sûrement. C'est Amélie qui t'a dit que je serais ici ?"

Qui d'autre ? Mais sa question en masquait bien d'autres. Pourquoi Soren s'était-il déplacé ? Il quittait rarement son atelier, surtout s'il devait s'habiller.

[Galathée]

" Effectivement." dit Soren en lui ouvrant la porte.
Ils débouchèrent dans la rue ensoleillée et Angèle prit conscience de la différence de température, de la brise agréable transportant les effluves de la mer, des couleurs et de la vie luménienne, qu'elle avait fuies en restant terrée dans la salle de la Bienveillance.
" Elle m'a parlé de poussière et de toiles d'araignée. Peut-être pas dans ces termes. Il semblerait que ta visite à Luménis n'ait servi absolument à rien, dans le fond. Des papiers, des soucis, des soucis puis des papiers. Je ne pouvais pas rester de marbre. Avec tout l'amour et le respect que je voue au marbre."

HRP : je te laisse les emmener... où tu veux

[Voyageuse]

Quête : De pierres et d'or pur.

Bruno et Kmir avaient choisi de contourner le Parc Verdoyant par le nord, espérant gagner du temps en suivant une avenue importante plutôt qu'en se perdant dans les sentiers du parc. Hélas, la foule était dense en cette fin d'après-midi : c'était l'heure où de nombreux fonctionnaires et agents anonymes rentraient chez eux après une journée de travail, mais aussi celle où les températures, plus clémentes, invitaient les luméniens à sortir de leurs murs pour profiter un moment du soleil de fin d'après-midi. Il y avait foule au Parc Verdoyant, et les rues adjacentes étaient elles aussi bondées, envahies de promeneurs et colonisées par des marchands ambulants en tout genre. Ils furent donc contraints d'avancer au pas, et même, au bout d'un moment, de mettre pied à terre pour guider leurs montures peu habituées à une telle affluence.

Il finirent néanmoins par apercevoir la devanture familière de l'auberge. Kmir dut aider Bruno à attacher leurs montures à l'un des anneaux fixés à la base du mur à l'extérieur : le rôdeur avait de moins en moins de souplesse dans les doigts, ce qui expliquait peut-être son humeur plus taciturne encore que la veille. Mais il n'y fit aucune allusion.
La salle principale était bondée, comme on pouvait s'y attendre. Il ne restait cependant quelques places sur les grandes tablées du centre de la pièce. L'aubergiste, derrière le bar, distribuait des bières à la volée, et deux serveurs sillonnaient la salle.

[Kmir Tailleroc]

Kmir, quant à lui, était rassuré sur le fait qu’il n’ait pas encore perdu en adresse. Si sa supposition s’avérait juste, le mal progressait en lui encore plus lentement que chez Bruno car il n’avait pas une goutte de sang humain. Il disposait donc toujours d’un confortable délai pour régler cette histoire. Ceci dit, il n’oubliait également pas qu’il était victime d’un autre aspect de la malédiction. Pour lui, ce n’était pas la pierre, mais l’or. Peut-être que...
Enfin, il verrait bien en temps utile ! Enfin arrivé à la Bienveillance, auberge qu’il connaissait pour y avoir passé de nombreuses nuits, il déclara à son compagnon qu’il allait réserver les chambres. C’était, en effet, le plus urgent.

[Voyageuse]

Bruno lui emboîta le pas, et ils se dirigèrent tous deux vers le bar. Ils durent patienter quelques minutes -le patron était en train de remplacer le fut de bière vide par un autre, et une demi-douzaine de clients assoiffés attendaient qu'il les serve.
" Deux chambres... En cette saison ? A cette heure-ci ? Vous savez que le Festival des Flots Bleus vient de se terminer, qu'il y a au moins deux cirques en ville, sans compter que c'est la pleine saison des spectacles à l'amphithéâtre ? Et je ne compte pas les baigneurs... et les clercs, paladins et autres militaires en permission."
Le patron secoua la tête.
" L'auberge est toujours archi-complète en été. Mais vous avez tout de même de la chance : l'un de mes clients vient de m'annoncer qu'il avançait son départ. Un problème de réservation de bateau si j'ai bien compris, il a dû changer à la dernière minute et partira plus tôt que prévu. Il embarque ce soir et devrait libérer sa chambre, disons... dans une demi-heure au maximum, je pense... Je l'ai vu monter tout à l'heure. Mais ça ne fait qu'une chambre. Avec un grand lit... mais pas si grand que ça. Je peux aussi vous ajouter un matelas, si vous voulez. Et j'aurai peut-être une autre chambre qui va se libérer, j'ai deux clientes arrivées hier qui ne m'ont pas dit si elles repartaient... "

[Kmir Tailleroc]

« On va déjà prendre cette chambre, répondit, imperturbable, Kmir. Et si jamais une autre se libère, on la prendra également, mais une, en cette saison, c’est déjà bien. Loin de nous l’idée de nous plaindre. Pour les matelas, on verra si c’est nécessaire. Si le lit est grand... moi, je ne prends pas beaucoup de place. »
Cela ne se présentait pas si mal. Le gnome avait craint de devoir chercher ailleurs un couchage. Au pire, il aurait pu se rabattre sur son ancienne guilde, mais il préférait ne pas la mêler à ses histoires pour l’instant, surtout pas en présence de Bruno.

[Voyageuse]

" Alors c'est parfait. Je vais vous donner la clé... et vous me direz, pour le matelas. Si possible avant l'heure du dîner, sinon vous risquez de devoir attendre un peu trop tardivement."
L'aubergiste alla décrocher une clé du tableau et leur tendit. Le numéro 226 était inscrit sur une petite plaquette de bois ouvragé.
" C'est au deuxième étage, vous serez au calme. Le bruit ne monte pas jusque-là. Vous comptez dîner ici également ? Ou bien vous avez prévu d'aller faire la fête ailleurs en ville ? Si vous êtes amateur de musique dansante, sachez que nous aurons de quoi vous satisfaire ici même, en deuxième partie de soirée."

[Kmir Tailleroc]

« Pour le diner, normalement oui. Après, nos affaires en ville sont sujets à contretemps, je ne vais donc rien assurer. Merci pour la clef. »
Kmir allait ensuite prendre à part Bruno. Inutile d’attendre. Ils étaient à Lumenis, ils devaient retrouver l’archéologue demi-elfe, et vite ! C’était donc à Desplaces de savoir comment s’y prendre.
Mais nul doute que le rodeur, pressé comme il était, serait partisan de ce plan hâtif.

[Voyageuse]

" Y a-t-il de la place dans vos écuries également, pour deux montures ?", s'enquit Bruno à son tour.
- Sans problème. Faites le tour et adressez-vous à Gontran, à l'entrée. Et si vous restez plus d'une nuit, essayez de me prévenir demain avant le milieu d'après-midi, histoire que je ne refuse pas un client pour rien.
- Je vais laisser nos chevaux à ce Gontran et ramener nos fontes, proposa Bruno alors qu'ils s'éloignaient du bar, laissant l'aubergiste répondre à ses clients assoiffés. On va tout laisser dans la chambre... et voir pour cette histoire de matelas, aussi. De toute façon, je crains qu'il soit trop tard pour aller à l'université..."

[Kmir Tailleroc]

« Si vous le dite. Dans ce cas, oui, nous allons dormir ici. Reste à savoir si nous aurons la deuxième chambre. »
Que des détails.
S’ils ne pouvaient pas se consacrer à leur affaire, alors il faudrait juste tuer le temps en évitant de s’embarquer dans une autre histoire. Kmir, sans être au comble de l’inquiétude, n’était pas prêt à courir le risque de complication. Pas de vol, pas de curiosité mal placée, juste profiter raisonnablement de la capitale Luménienne.

[Voyageuse]

La chambre, au deuxième étage, était spacieuse et lumineuse, et le lit était largement assez grand pour deux : ils n'auraient pas besoin d'un matelas supplémentaire. Le fenêtre donnait à l'arrière, sur une petite cour où Kmir aperçut Bruno sortant de l'écurie. Le rôdeur le rejoignit quelques minutes plus tard, l'air passablement fatigué par leur longue chevauchée. Et peut-être un peu contrarié de devoir attendre le lendemain, puisqu'il revint immédiatement sur le sujet.
" De mémoire, l'université de la magie ouvre aux visiteurs seulement aux heures de bureau. Il y a bien sûr des mages et des enseignants qui travaillent à peu près à n'importe quelle heure, surtout les elfes j'imagine, mais l'accueil sera probablement fermé à cette heure-ci, et ça serait mal vu si on traîne dans les couloirs sans être accompagné... d'ailleurs je suppose qu'il faut une clé pour accéder à l'intérieur du bâtiment en-dehors des heures de bureau. Et de toute façon, je ne suis pas sûr que Maëvion y soit à cette-heure-ci. Et comme je n'ai pas son adresse en ville, on est obligés d'attendre demain. On ira dès l'ouverture..."
Il haussa les épaules.
" Et sinon, pour la soirée, vous avez des envies particulières ? Moi, je ne suis pas citadin pour un sou, donc rien ne m'attire particulièrement, mais il ne faut surtout pas hésiter, de votre côté, à profiter un peu des animations estivales. Je ne sais pas si je vous accompagnerai, par contre : ça dépendra de ce que vous voulez faire..."

[Kmir Tailleroc]

« Oui, on ira dès que ça ouvre à l’université. »
S’il y avait bien une chose à éviter, c’était de se faire mal voir des mages de là-bas, sachant que le but était d’obtenir leur aide.
« Et pour ce soir, franchement, je crois que je vais me contenter de la soirée à la Bienveillance. »
En temps ordinaire, il aurait été largement plus entreprenant. Mais en temps ordinaire, il n’avait pas en tête le délai d’une malédiction qu’il devait contrecarrer à tout prix.

[Voyageuse]

" Ça m'ira très bien. J'irai sûrement me coucher de bonne heure, d'ailleurs... Mais ne vous préoccupez pas de moi si vous voulez veiller : même si vous me réveillez, je me rendormirai très vite. Je suis un bon dormeur... enfin, moins ces temps-ci, vu les soucis actuels. Mais toute cette histoire est en bonne voie de résolution. On récupère les objets demain, et on essaie de trouver un mage pour nous téléporter à proximité... et le tour est joué !"
Bruno affichait un optimisme un peu excessif, qui était probablement juste une façade.
" Je vais certainement me rendre au grand Parc Verdoyant demain matin à l'aube. Ne soyez pas surpris si je ne suis pas là à votre réveil... Mais j'ai besoin de méditer un moment dans la nature, et je n'ai pas pris le temps de le faire pendant le voyage. Je vous promets que je rentrerai pour le petit déjeuner. Et puisqu'on est coincés pour ce soir, je vais sûrement aller faire un tour dans le quartier avant le dîner. J'ai besoin de renouveler un peu mon matériel... Ça ne vous dérange pas que je vous laisse un moment ?"

[Kmir Tailleroc]

« Ho non, faites donc. Évitez juste de vous faire égorger dans une ruelle. »
C’était dit pour plaisanter. Lumenis n’était pas connu pour sa criminalité. Même s’il y en avait, comme partout, ici l’ordre régnait globalement ce qui, parfois, ne faisait pas trop les affaires du svirfnebelin. Mais que serait un vol sans risque d’être pris ? Où serait le frisson du risque et la satisfaction du succès ?
Ces choses, cependant, devraient attendre. Kmir resterait tranquille, écouterait de la musique, siroterait un bon vin, peut-être ferait un petit tour dans le quartier en restant dans des coins tranquilles, juste pour flâner, rien de plus.

[Voyageuse]

Il leur restait une bonne heure avant le dîner, peut-être deux -ou même davantage : on dînait à toute heure dans ce genre de ville. Bruno avait donc tout le temps nécessaire pour faire ses quelques courses, et Kmir put flâner lui aussi à son aise.
Le quartier était le plus animé de la ville, surtout en cette saison. Outre le marché habituel sur l'esplanade, on trouvait quantité de petits vendeurs ambulants plus ou moins officieux, allant du marchand de fruits au portraitiste en passant par les journaux ou les produits artisanaux. Kmir vit l'un d'eux plier bagage très rapidement en voyant apparaître un groupe de garde à l'autre bout de la rue, signe que les marchandises vendues n'étaient peut-être pas très légales. Il aurait pu s'en douter, d'ailleurs : l'inconnu vendait des objets magiques à des prix défiant toute concurrence.
Personne ne chercha à l'aborder. Personne non plus ne parut vouloir l'éviter. Son apparence attira quelques regards curieux ou intrigués, de la part d'enfants surtout, quelques regards méfiants de marchands, mais rien de plus. Il était à Luménis, et la ville accueillait nombre de créatures bien plus étranges que lui. Il crut d'ailleurs apercevoir un centaure au détour d'une rue, puis une créature difforme qu'il ne rattacha à aucune race connue. Il reconnut aussi, avec certitude, un trio d'elfes noirs aux visages en partie masqués par des capuches. Ils attiraient, ainsi, moins les regards que lui-même.
Lorsqu'il revint à l'auberge, Bruno n'était pas encore rentré, mais on servait déjà les premiers dîners.

[Kmir Tailleroc]

Kmir, plutôt content de sa flannerie, décida de se faire servir. Il aurait tout son temps pour manger et entendait bien le prendre. Ce soir, il n’était pas pressé. Il songea au trio d’elfes noirs, lui ravivant le souvenir des mercenaires croisés dans la si singulière auberge près du grand scimetière. Mais ce ne fut pas de nature à l’inquiéter, plus que le simple fait de savoir des drows dans le coin. En surprendre un dans sa chambre, au cours de ce voyage, lui avait suffit, il prendrait ses précautions... comme d’habitude en fait.
Mais il n’était pas encore couché. Avant, il avait à apprécier un repas, quelques verres et de la bonne musique !

[Voyageuse]

Le serveur le guida vers une table un peu à l'écart, jugeant peut-être que ce client à l'apparence inhabituelle n'était pas spécialement désireux de faire la fête. A l'autre bout de la salle, une estrade accueillait un duo de musiciens -deux rouquins, probablement frères- et une femme à la peau noire comme le charbon, mais qui n'avait rien d'une elfe : ses cheveux crépus et ses rondeurs la rattachaient sans hésitation à l'espèce humaine, tout comme les musiciens.
La salle était déjà bien remplie, et des applaudissements saluèrent le début du spectacle, tandis que trois serveurs circulaient entre les tables pour prendre les commandes. Celles-ci se réduisaient au minimum : un choix entre poisson ou volaille, et un choix beaucoup plus vaste de boissons. Bruno, arrivé sur ces entrefaites, choisit sans hésiter la volaille et une bouteille de vin blanc d'Antelucas.

Un chant s'éleva alors, d'une voix rauque et grave, celle de la femme, accompagné simplement par la flûte aiguë de l'un des musiciens qui semblait lui répondre, tandis que l'autre jouait distraitement avec quelques morceaux de bois pour impulser le rythme. Ce n'était pas une chanson, en réalité, mais l'annonce musicale et rythmée du programme de la soirée : des chants doux et paisibles pendant qu'on se remplissait l'estomac, puis un programme musical endiablé jusqu'au bout de la nuit pour ceux qui voulaient danser. Le trio devait être connu de quelques habitués de la salle, puisqu'ils furent applaudis à peine leur annonce terminée. A en juger par le nombre de clients, il devait s'agir d'une troupe réputée dans la ville.

[Kmir Tailleroc]

Voilà qui était prometteur. Kmir trouva le programme à son goût. Il n’irait pas danser jusqu’au bout de la nuit, loin sans faut, mais il allait écouter avec plaisir et s’il fallait applaudir, il applaudirait.
Pour son repas, il suivit le choix de Bruno, volaille et vin blanc. Comme à son habitude, il parlait peu, mais cette fois, c’était davantage pour profiter des artistes. Il ne les connaissait pas. Il était venu ici à plusieurs reprises, mais ce n’était pas pour autant un habitué et il était loin d’avoir vu et entendu tout ce que pouvait offrir la capitale. Pourquoi bouder son plaisir ? Demain, les choses sérieuses reprendraient.

[Voyageuse]

L'ambiance était bon enfant, joyeuse, et les convives détendus, heureux de profiter de la relative fraîcheur de cette belle soirée d'été. Le vin était bon, la volaille divinement bien accommodée, accompagnée de légumes grillés légèrement croquants. Et la musique était de qualité, il s'en rendit compte très vite. Le groupe interpréta quelques airs traditionnels, pour capter l'attention du public, puis enchaîna avec des chants inconnus de Kmir, parfois dans un dialecte étrange, parfois en commun, chantés à deux voix en s'accompagnant simplement d'une flûte et de percussions de bois et de peau. Ils distillaient une certaine mélancolie, avec pourtant une note d'optimisme, clairement perceptible même en ne connaissant pas la langue. Lorsque l'attention du public vacillait, ils revenaient à des chants plus répandus, joyeux et entraînants, encourageant les convives à chanter eux aussi.
La fin du repas arriva sans que ni Kmir, ni Bruno ne s'en rendent compte. La musique, insensiblement, avait changé. Le plus âgé des musiciens avait sorti un instrument de peau duquel sortait divers tubes de bois, qu'il gonflait d'air avant d'en tirer des sons forts et mélodieux. Son compagnon l'accompagnait de sa flûte entraînante, tandis que le femme s'essayait aux percussions. Il n'y avait plus de parole, plus de mélancolie, juste une musique joyeuse qui donnait des fourmis dans les jambes, des airs à danser, en groupe, en farandole, seuls ou parfois à deux. Kmir se retrouva même entraîné, comme quasiment toute la salle, dans une folle sarabande, coincé entre une dame un peu trop enveloppée et un jeune halfelin surexcité. Bruno s'éclipsa juste à la fin, fatigué et pressé de dormir. Mais la musique continuait et toute la salle était désormais debout, tandis que les musiciens entonnaient l'une de ces rondes traditionnelle où l'on passe de cavalière en cavalière. Personne ne semblait se formaliser de l'apparence de Kmir, qui n'était qu'un danseur comme les autres.

[Kmir Tailleroc]

Kmir n’était sans doute pas le meilleur des danseurs, mais il se débrouillait bien. Il était agile et avait le sens du rythme. Il avait également l’avantage d’être lourd pour sa taille, donc assez stable, ce qui lui évitait d’être trop bousculé, de trop subir la cohue.
Il s’offrit une bonne heure de fête avant de se dégager et de prendre la direction de sa chambre.
Demain, il aurait fort à faire. Ce n’était pas le moment de veiller trop tard. Mais il avait apprécié.

[Voyageuse]

Il se réveilla plus tard que d'habitude. Mine de rien, il s'était couché tard, après une journée fatigante passée à chevaucher puis à danser. Son corps avait besoin de récupérer, et se souciait peu des contraintes horaires administratives. Bruno s'était levé sans bruit, sans le réveiller, et l'attendait dans la salle principale, devant une tasse déjà vide et une miche de pain frais bien entamée. Il y avait de quoi se sustenter, quel que soient les goûts de chacun, on trouvait du sucré, du salé, du liquide et du solide consistant. Pas d'alcool, cependant, à une heure aussi matinale. Bruno avait un appétit d'ogre, bien sûr, et n'hésita pas à se servir un second petit déjeuner pour tenir compagnie à Kmir.
" Je suppose qu'on emmène toutes nos trouvailles à Maëvion ? Les parchemins, en particulier... et le rubis. Il doit avoir l'autre rubis. Il nous manque aussi l'épée, et une partie du sceptre... si je n'oublie rien. Il faut espérer qu'il soit bien là-bas."

[Kmir Tailleroc]

« C’est ça. »
Voilà tout ce que répondit Kmir. Il n’avait rien de plus à ajouter. Oui, il fallait espérer que tout soit là. Oui, il fallait tout prendre avec eux, ne serait-ce que pour ne rien se faire voler durant leur absence. Le gnome mangea avec appétit. Si, hier soir, il avait offert un visage plus ouvert, le voilà revenu à son impassibilité coutumière. L’heure n’était plus à la danse, ni à la boisson. Il y avait une affaire vitale à régler, tout le reste pouvait attendre.

[Voyageuse]

Bruno n'était guère plus bavard que lui, et c'est donc en silence qu'ils se dirigèrent vers la sortie. Le tenancier récupéra les clés et leur demanda s'ils restaient une nuit de plus. Bruno ne put que lui répondre qu'ils n'en savaient rien. Mais il demanda qu'on leur garde la chambre, en promettant de prévenir avant le milieu d'après-midi si d'aventure ils ne restaient pas.
Le rôdeur avait l'air préoccupé, et ne prononça guère plus de quelques mots tandis qu'ils se dirigeaient vers l'Université de la Magie.

HRP : la suitelà-bas

[Damant]

Damant entra dans la taverne et alla s'asseoir à une table libre avec un sourire pour la serveuse auprès de laquelle il commanda une bière bien fraîche.
Ses pérégrinations dans les terres du Nord avaient été lucratives à bien des égards et il n'était pas fâché d'être rentré à Luménis.

Il ramena le regard vers la rue dans laquelle s'activait les locaux...
L'Oasis d'Inaël était entre de bonnes mains, Daïna et Hannaste faisant un travail exemplaire à la boutique en son absence. Luménis était toujours aussi animée.

Le bretteur se mit à feuilleter mentalement ses souvenirs, il se demandait ce que devenaient ses compagnons d'infortunes, lorsqu'ils étaient allés sur l'ile mouvante.
Zaïu, Arthur, Joon, Astrée, Kasumi, Dorian, Streen, Myrhela et Eomer... Les esprits étaient tant échaudés au terme de cette mission qu'il avait presque fui la cité lorsque l'aventure s'était présentée à lui.

Maintenant cependant, il regrettait de n'avoir pas passé plus de temps sur place, à nouer des liens avec ses camarades, ou avec Adara.
Il avait, depuis sa rencontre avec l'athlétique guerrière, intensifié ses entrainement afin de rester à niveau. Damant se prit, à l'évocation de son souvenir, à regretter les soirées passées avec sa "geôlière".
Étouffant un soupir, il fixa le passage ombragé au delà des portes de l'établissement dans l'espoir de croiser une silhouette connue... ou avenante... pensa-t-il en souriant.


bon, je ne sais plus faire de liens propres, c'est dit...

[Kasumi]

Les dames et demoiselles avenantes ne manquaient pas vraiment à Luménis mais la taverne était plutôt calme en cette heure. Peut-être était-il encore trop tôt pour s'enfermer ? En cette heure, l'établissement n'accueillait que peu de distractions et les jeunes gens préféraient souvent le soleil du parc verdoyant et les musiques de rue dispensées dans les beaux quartiers. Mais peut-être n'était-ce qu'une question de patience avant que la chance ne sourit au bretteur ?