[Lieu] Aubépine

[Kasumi]

Malgré cela, il luttait contre le défaitisme et la peur que lui inspirait cette abomination étrangère : il le devait à ses voeux envers sa déesse et son devoir vis-à-vis de tous ceux qu'il s'était promis de protéger. S'il partait maintenant, il tenait à se convaincre qu'il ne cédait pas à la peur viscérale qui le submergeait mais bel et bien qu'il remettait cette confrontation à plus tard, à un moment oùil serait mieux préparé, mieux entouré, moins attendu en d'autres lieux. A défaut d'identifier la créature, il se devait de prendre des repères sur l'emplacement où il se situait pour agir plus tard. Il se devait également de ne pas se laisser repérer, ne pas risquer de se retrouver piégé.

[Voyageuse]

La créature n'était maintenant qu'à une dizaine de toises de lui, et il lui sembla qu'elle devrait passer légèrement sur sa gauche -il l'espérait du moins.
Puis subitement, elle s'arrêta. Il n'entendait plus craquer les branches. Il eut la sensation qu'elle guettait quelque chose -peut-être écoutait-elle, ou humait-elle l'air ?
Quand elle reprit son mouvement, elle avait légèrement dévié sa trajectoire, et avançait désormais droit sur lui. Il vit, nettement cette fois-ci, des yeux rouges fixés sur lui, au sommet d'une silhouette massive aux contours flous, trop noire dans ce sous-bois où aucune lumière ne perçait. Il était repéré.

[Kasumi]

Seul, isolé, de nuit et repéré... Ses instructeurs lui auraient certainement asséné des remarques peu amènes s'ils avaient été là et il ne pourraitpas compter sur leur aide pour affronter cette menace mortelle. Il prit alors un peu plus conscience de son isolement et du poids écrasant de la mission qui lui incombait. Face à de telles créatures et à la déferlante quotidienne et incessante des morts-vivants, comment espérer un jour rendre un semblant de normalité à cette forêt maudite ? Cela ne servait à rien de tenter de commencer cette nuit sinon à illusionner une fierté mal placée. Kasumi opta donc pour la fuite : il tenta de s'éloigner le plus rapidement possible tout en se fondant dans la végétation, espérant que son odeur se perde dans ses fragances.

[Voyageuse]

Il se dirigea donc au hasard, optant pour les voies où la végétation serait peut-être un obstacle à l'avancée de la créature.
Celle-ci, cependant, progressait rapidement malgré la végétation : son gabarit lui permettait d'écraser broussailles et buissons épineux, et Kasumi entendait les branches se briser sur son passage.
Il accéléra encore l'allure, avançant aussi vite que la végétation le lui permettait. Mais chaque fois qu'il tendait l'oreille, il entendait son adversaire, de plus en plus proche, beaucoup trop proche. Il lui semblait entendre une voix sifflante dans son esprit, une voix affamée parlant de lui broyer les os, de déchiqueter sa chair et de s'en repaître.
La végétation évoluait, les arbres immenses à l'allure torturée laissant place à un sous-bois plus dense, épineux. Plus ordinaire.
" Arrête-toi, fit soudain une voix rocailleuse. Cache-toi dans la haie à droite. "
La voix lui était vaguement familière, mais il était difficile, en situation d'urgence, de plonger dans ses souvenirs. Il y avait effectivement un buisson extrêmement touffu à sa droite.

[Kasumi]

Sans se poser de questions - la voix ne lui semblait pas hostile contrairement à la chose qui lui fonçait dessus - il effectua une roulade en pleine course pour se plonger dans le buisson d'épineux. Peu importe s'il en récoltait des écorchures, il ne pourrait de toute façon plus fuir très longtemps sans reprendre son souffle, sans parler de se battre si la créature finissait par le rattraper.

[Voyageuse]

Sitôt qu'il fut au coeur du buisson, il lui sembla que celui-ci bougeait. Il n'y avait pourtant pas le moindre souffle d'air. La brume omniprésente montait jusqu'à la hauteur de ses genoux, et, une fois accroupi au coeur du buisson, il n'y avait que sa tête et ses épaules qui en émergeaient. Mais au-dessus de cette brume qui masquait tout, il vit très nettement les branchages s'étirer, s'entremêler en un rideau infranchissable -ou peut-être en une grille destinée à le maintenir prisonnier, c'était difficile à dire-, tout autour de lui, au-dessus de lui également.
Puis il entendit les rameaux craquer subitement tandis que la créature les écrasait sous son poids, mais le buisson tint bon, et son adversaire franchit la haie, l'écrasant à demi, mais pas complètement, comme s'il avait marché sur un tapis de ressort. Quelque chose d'énorme comprima les broussailles juste au-dessus de sa tête, sans l'atteindre lui-même, puis se retira.
Il l'entendit s'éloigner, tout droit devant lui, sans s'être aperçu qu'il venait de passer juste au-dessus de sa proie.

[Kasumi]

Kasumi avait retenu son souffle pendant tout le processus sans pour autant comprendre tout ce qui venait de se produire. Qui venait de l'aider, pourquoi et comment s'y était-il pris restaient des mystères complets. Mais la créature qui le poursuivait était pour le moment trop proche pour qu'il n'ose bouger et quitter l'abri si étrange qui lui avait servi de refuge. Il allait encore attendre un peu... Et si la voix qui l'avait guidé ne se manifestait plus, il examinerait la végétation environnante en quête de son sauveur.

[Voyageuse]

La voix se fit entendre à nouveau, quelques secondes plus tard.
" Tu peux sortir, jeune quêteur."
Ce n'était qu'un chuchotement dans les branchages, comme si le vent lui-même avait voulu lui parler... Mais il réalisa qu'en réalité, c'était un arbre qui venait de prononcer ces paroles. Un arbre dont les branches bougeaient sans qu'il y ait le moindre souffle d'air pour les agiter. Il reconnut le sylvanien qu'il avait déjà croisé plusieurs veilles auparavant, et qui l'avait aidé à sauver le jeune chêne sacré pendant l'incendie allumé par les malarites. Il se souvint même de son nom. Akuburanar

[Kasumi]

Le demi-elfe s'inclina en signe de salut. Il se souvenait parfaitement du sylvanien qu'il avait rencontré quelques semaines plus tôt. Le temps lui semblait bien plus long - le bosquet n'existait alors pas encore - mais, à l'échelle de l'arbre vénérable, cela ne devait représenter qu'un battement de coeur. Kasumi ne cacha toutefois pas son soulagement et son plaisir de croiser un ami dans des circonstances aussi hostiles :

- Quel plaisir de vous revoir, Akuburanar ! Et vous arrivez à point nommé pour aider un jeune et imprudent quêteur. La déesse soit louée.

[Voyageuse]

Le chêne s'inclina lui aussi -du moins, c'est ainsi qu'on pouvait interpréter le mouvement des branchages. Les broussailles s'étaient ouvertes pour laisser Kasumi se redresser, reprenant leur place d'origine, et laissaient apparaître le sylvanien.
" Je ne m'attendais pas à te retrouver par ici, demi-elfe. C'est un secteur qui n'est pas adapté aux êtres de chair et de sang. Il y rôde des créatures bien trop dangereuses et assoiffées de sang. Mais je suis heureux de te croiser à nouveau, cependant. Ton aura a grandi depuis notre dernière rencontre..."

[Kasumi]

Kasumi avait conscience que ce lieu n'était pas des plus adaptés pour y tenir une conversation mais il ne se sentait pas en danger pour l'heure : le sylvanien était un allié puissant qui pouvait aisément mettre en échec les périls de ces bois obscurs. Il prit donc le temps de répondre de bonne grâce :

- C'est que la déesse m'a gratifié de ses bienfaits. J'ai senti mon pouvoir s'accroître avec celui du bosquet. Comptez-vous y retourner pour voir ses progrès ? Je pense que la dryade apprécierait beaucoup votre visite.

Kasumi comptait ensuite proposer à Akuburanar de le suivre dans la direction d'où il avait laissé le reste de son groupe : en espérant que marcher un peu ne gênerait pas l'être sylvestre dans ses projets.

[Voyageuse]

" Oh, j'y retournerai certainement, un jour ou l'autre. J'ai l'impression de l'avoir quittée hier, mais il est vrai que nous étions alors au printemps... Les saisons tournent si vite."
Le Sylvanien secoua ses branches, créant un bruissement presque mélodique qui pouvait être un soupir.
" Mais dis-moi donc, qu'es-tu donc venu faire dans cet endroit maudit ? La forêt est dangereuse pour un jeune homme seul, et cet endroit l'est particulièrement."

[Kasumi]

Kasumi ne se fit pas prier pour répondre, un peu penaud :

- C'est une longue histoire mais je vais vous la résumer en chemin si vous acceptez de m'accompagner quelques instants... Disons que j'ai dû fuir devant une trop grande adversité et que le hasard m'a porté plus loin que je ne l'aurais voulu. Il faut maintenant que je rejoigne le groupe avec lequel je voyageais avant qu'ils ne fassent une autre mauvaise rencontre. Il y a un druide parmi eux mais aussi ma jeune et écervelée apprentie ainsi qu'un jeune homme aux penchants problématiques.

[Voyageuse]

Le sylvanien lui emboîta le pas. Parfois, des arbres s'écartaient sur son passage pour reprendre aussitôt leur place, sans qu'il paraisse y être pour quoi que ce soit. Mais il en était sûrement la cause.
" Nous ne devrions pas suivre cette direction-là, il y a un secteur dangereux. Il vaut mieux contourner un peu plus à droite... Mais quels genre de penchants problématique a ce jeune homme dont tu parles ?, s'enquit-il au bout de quelques instants. Rien qui mette en péril les lieux ?"

[Kasumi]

Kasumi s'attendait à ne pas pouvoir rester évasif au sujet d'Yvan et si le sujet était délicat à aborder, il aurait été encore plus gênant de dissimuler cette information à son allié sylvanien. Comme il s'en enquérait directement, le demi-elfe décida de se montrer parfaitement honnête :

- En réalité si et c'est pourquoi nous tentons de l'escorter ailleurs : il s'agit d'une vieille connaissance de mon apprentie qui a été maudite par la lycantropie. Avec le druide dont je vous parlais, nous avons trouvé un moyen de l'empêcher temporairement de se transformer mais nous voulions l'escorter jusqu'à une communauté de lytharis qui pourraient étudier son cas. Peut-être lui apprendre à se contrôler et à ne plus représenter un danger.

[Voyageuse]

Akuburanar resta silencieux quelques instants.
" Certains loup-garous parviennent à trouver un équilibre... même s'ils ont souvent un peu mal à maîtriser leurs pulsions quand ils se transforment, ce n'est pas complètement impossible. Mais cela nécessite qu'ils soient en paix avec eux-mêmes et qu'ils aient accepté leur condition. C'est assez rare, du peu que j'en sais. Mais je n'en ai pas souvent croisé moi-même. Ils sont rares dans la Forêt Maudite. Trop... vivants... pour se sentir à leur place dans ces lieux. Il leur arrive cependant de traverser en quête d'un endroit meilleur."
Les bois autour d'eux se faisaient plus sombres, la brume plus épaisse, et le Sylvanien entraîna Kasumi vers la droite.
" Votre ami et vous faites bien de l'emmener en Lorien. C'est un endroit où la nature est foisonnante, à la fois belle et cruelle, mais où il n'y a pas cette souillure de la non-vie. Il n'y sera pas le seul prédateur dangereux... Et s'il parvient à trouver sa place, et à survivre pour commencer, il y gagnera peut-être l'apaisement. Y a-t-il longtemps qu'il a ce mal en lui ? Quelques mois, quelques années, quelques décennies ?"

[Kasumi]

Kasumi écoutait attentivement le sylvanien mais il cherchait en même temps à ressentir la présence de sa louve: il était probable que son repli forcé l'ait entraîné trop loin pour qu'il la perçoive clairement mais il avait tout de même une vague idée de la direction dans laquelle s'orienter. Et de celle qu'étaient susceptibles de prendre le druide et ses compagnons s'ils n'avaient pas eu affaire à d'autres imprévus. Le demi-elfe finit tout de même par répondre, intéressé par le point de vue d'Akuburanar :

- Cela fait des années mais je ne sais pas combien exactement. Au moins cinq ans mais certainement pas dix : Mylène aurait été trop jeune sinon. Il a été mal influencé par les personnes qui sont à l'origine de sa transformation mais j'ai appris auprès des Lathandrites à laisser une seconde chance. Surtout à ceux qui ont commencé par être victimes des événements. Mais notre plan a beaucoup de zones d'ombres : à commencer par le fait que nous ne connaissons pas la localisation exacte des Lytharis. Peut-être les avez-vous déjà rencontrés ?

[Voyageuse]

" Je n'ai jamais quitté la Forêt Maudite, répondit le Sylvanien. La région qui se dresse au nord est un peu trop aride et dépourvue de végétation à mon goût, je n'y serais pas à mon aise : on me remarquerait immédiatement. Je préfère donc ne pas quitter ces bois, aussi lugubres soient-ils... Mais je sais qu'un certain nombre de mes congénères y vivent. J'ai plusieurs fois communiqué avec l'un d'eux, Damath, par messagers interposés, et je sais à peu près de quel côté de la Lorien il vit. Les elfes sauront sûrement le trouver... Et il connaît bien sa forêt, il devrait pouvoir vous renseigner sur la présence de Lytharis. Mais les elfes aussi, peut-être..."
D'un mouvement de branches, il chassa un jeune hibou aventureux.
" D'ailleurs, si vous allez par là-bas, j'aurais peut-être un message pour lui..."

[Kasumi]

Voilà qui était rassurant : trouver les Lytharis ne serait peut-être pas aussi complexe et fastidieux qu'il ne l'avait craint. Mais Kasumi souhaitait tout de même éclaircir un point crucial et se montrer parfaitement honnête avec le sylvanien :

- Je ne pourrai certainement pas entreprendre immédiatement ce voyage moi-même. en tous cas pas jusqu'au bout : ma compagne est enceinte et je préfère rester à ses côtés à l'approche de la naissance mais le druide qui m'accompagne est tout à fait digne de confiance si vous acceptez de lui donner le message à transmettre.

[Voyageuse]

Le sylvanien ne répondit pas immédiatement, observant l'étroite piste devant eux. Elle semblait davantage envahie de brume, montant en pente douce au milieu de pins chétifs et d'épineux sombres. Il hésita.
" Il faut contourner ce secteur", expliqua-t-il, laconique, en faisant signe à Kasumi de bifurquer vers la gauche.
La brume était moins épaisses dans le secteur qu'il indiquait.
" Pour mon message... Il n'est pas si urgent, mais je préférerais qu'il arrive avant le printemps prochain, ce serait mieux... Mais pas indispensable. Quant au messager... Un servant de Mielikki est préférable, mais il peut être druide, bien sûr. Parle-t-il elfique ? J'ai ouï dire que nombre d'elfes, là-bas, vivent dans des villages reculés et ne parlent pas le commun..."

[Kasumi]

Si le message pouvait attendre le printemps, il était possible qu'il s'en charge lui-même mais Kasumi préféra rassurer d'emblée le sylvanien en lui précisant que le druide dont il parlait était un elfe.

- Mais j'avoue ignorer s'il sert Mielikki : nous ne nous connaissons pas assez pour que je lui ai posé la question. Si ce n'est pas le cas, il est possible que je fasse le voyage avant la fin de l'hiver : cela ne devrait pas être si long et je pourrai alors m'absenter deux ou trois semaines je suppose.

[Voyageuse]

" Le plus tôt serait le mieux... Mais je suppose que la naissance de ton enfant est imminente, et je comprends que tu souhaites être aux côtés de ta compagne lorsqu'elle accouchera et qu'elle allaitera. J'ai côtoyé suffisamment d'humains et humanoïdes pour savoir que contrairement à beaucoup de mammifère, vos jeunes ne sont pas autonomes à leur naissance. De ce qu'on m'en a dit, les premiers mois sont assez éprouvants pour les parents. Profite donc bien du temps qui te reste avant son arrivée pour mener tous tes projets à terme... Parce qu'ensuite, tu seras lié à tes obligations familiales pendant quelques mois. Une saison probablement."
Il n'y avait plus aucun sentier là où le Sylvanien l'entraînait, ce qui ne les inquiétait ni l'un ni l'autre en réalité : aucun d'eux n'avait de difficulté à se mouvoir dans les bois touffu. Kasumi entendit des bruits suspects, sur sa droite, mais ils ne semblaient pas venir dans leur direction.
" Et je te conseille de prévenir la dryade de ton bosquet si tu dois t'absenter quelques temps, qu'elle ne s'inquiète pas. Même si, pour elle comme pour moi, le temps s'écoule différemment."

[Kasumi]

Le sylvanien lui avait beaucoup donné à réfléchir et il lui semblait qu'il allait à nouveau se retrouver confronté à d'épineux dilemme : respecter sa parole et rester auprès de Sylvia et de sa famille en cette période délicate ou accepter cette nouvelle mission qui le tiendrait encore éloigné pendant des semaines. Il répondit qu'il avait l'intention de se rendre encore très régulièrement au bosquet tant qu'il resterait pour s'occuper de sa compagne et de son enfant mais qu'il ne manquerait pas d'avertir la dryade s'il portait ce message.

- Je sais que si je n'accompagne pas le druide et le loup-garou, mon apprentie va tout faire pour chercher à les suivre par elle-même, ce qui serait une catastrophe. Elle peut se montrer encore plus bûtée que Sylvia...

[Voyageuse]

Le sylvanien émit un bruissement de branches qui devait être un rire.
" C'est un trait de caractère extrêmement répandu chez les humains, parait-il. Mais c'est à toi de voir ce qui est préférable... pour l'apprentie, pour le lycanthrope, pour toi aussi. Pourquoi donc penses-tu que ce serait une catastrophe qu'elle les accompagne ? "

[Kasumi]

Kasumi émit une grimace équivoque - il était à la fois étrange et raffraichissant de pouvoir évoquer ses problèmes humains avec le sylvanien :

- Parce que les adolescents sont de loin les plus butés et les plus irréfléchis des humains ! Et je parle en connaissance de cause ! Au delà de tous les autres dangers dont je ne pourrais pas protéger mon apprentie, accompagner l'expédition en Lorien signifie rencontrer des patrouilles elfes qui ne se montrent pas souvent accueillantes envers les non elfes. Sans compter que, même s'ils le faisaient, Mylène manque cruellement du sens le plus élémentaire de la diplomatie. Il ne se passerait pas cins minutes avant que n'éclate un incident, j'en suis certain.

[Voyageuse]

" Hum... Peut-être est-ce justement pour toi une occasion de l'instruire dans ce domaine. Mais il faudrait pour cela l'accompagner. La laisser seule avec un elfe, qui n'a pas le même rythme de vie et la même culture, et un lycanthrope qui se maîtrise mal, n'est peut-être pas idéal en effet. Surtout que le voyage pourrait durer un certain temps. Je comprends ton dilemme. Mais je ne peux guère t'aider en ce domaine..."
Il se tut, semblant écouter le bruissement des branchages.
" Tes amis sont passés à quelques dizaines de toises d'ici, devant nous. Tu vas pouvoir suivre leur piste sans peine et nous avons quitté le secteur le plus dangereux. Tu n'as sans doute pas besoin que je t'accompagne davantage..."

[Kasumi]

Kasumi s'inclina et remercia le sylvanien pour son assistance et la conversation qu'ils venaient d'avoir.

- Ce n'est peut-être plus un besoin mais c'est toujours un plaisir de marcher à vos côtés. Mais vous êtes occupé alors je vous dis au revoir et j'espère que nous nous rencontrerons à nouveau bientôt. Avant que je ne parte toutefois, pouvez-vous d'oreset déjà me transmettre le message que vous souhaitez transmettre ? D'une façon ou d'une autre, je trouverai un moyen de le délivrer en toute sécurité, vous avez ma parole.

[Voyageuse]

Akuburanar ne répondit pas, semblant perdu dans ses pensées. Ses feuilles s'agitèrent, comme sous l'effet d'une brise, malgré l'absence de vent. Puis Kasumi vit un rameau tomber du haut de son feuillage et atterrir délicatement dans ce qui lui servait de main, qui évoquait une sorte de noeud au bout d'une grosse branche.
Le sylvanien tendit son bras de bois en direction de Kasumi. Les feuilles du rameau s'étaient entremêlées en un pliage complexe, masquant entièrement la petite branche qui les portait. L'ensemble ressemblait à un fourreau végétal, une sorte d'enveloppe allongée et rigide.
" Ceci est le message, dit-il de sa voix rocailleuse. Tu dois le donner à Thyssis."

[Kasumi]

Kasumi n'était pas certain d'appréhender ce qui venait de se produire : qu'était ce rameau et que représentait-il ? Il s'en empara néanmoins délicatement avant de demander à Abunakar ce qui lui paraissait le plus essentiel :

- Je m'excuse mais je ne connais pas Thyssis ? Qui est-ce ? A moins que ce ne soit un lieu ?

[Voyageuse]

" C'est le nom du Sylvanien, répondit Akuburanar. Il vit au sud de la Lorien, pas très loin des montagnes de l'est... celle que les humains appellent les Rocheuses du Dragon. Toute la région est assez malaisée d'accès pour un humanoïde, et riche en prédateurs. Les arbres ne les craignent point, mais les humains et les elfes, si. Il faudra que tu sois prudent, surtout si tu décides d'y aller plus tard. La fin de l'été ou l'automne sont de bonnes saisons, où la nourriture ne manque pas, mais en hiver ou au début de printemps, les prédateurs sont aux abois..."