[Commerce] Au Loyal Paladin

[Mornagest]

Diantre, elle semblait avoir un certain caractère, cette congénère demoiselle. Et un vocabulaire fleuri, par-dessus le marché. Henk fut intimidé, mais se ressaisit lorsqu'il repensa au mot "meurtre".

"Un meurtre ici ? Mais je pensais que la garde était là pour protéger les gens ? Pourquoi ils se battent avec eux, alors ?"

La logique voulait qu'une cité ordonnée ne laisserait pas de telles choses se produire, mais la réalité semblait toute autre, et Henk avait un peu de mal à s'en rendre compte. Ça lui viendrait sûrement avec le temps, si on le lui laissait.

[Mortis]

Elle sourcilla à la question du demi orc.

- Tu crois quoi ? un garde ça reste un pauvre type avec un uniforme et un air patibulaire...

La demi-orque serra les poings rageusement...

- Un gars bizarre est venu questionner le garde sur le pourquoi de l'ambiance morose de la taverne, devant son refus de répondre, il s'est mis à se payer sa tête du coup déjà que ce crétin de garde était mal embouché à cause du meurtre... Là il te coffrerai au premier faux pas. Celui là a pouffer de rire alors que le garde a renverser sa bière sur lui... pauvre type...

Sans doute parce que la bière était rentrer dans la discussion elle lui posa enfin la question habituelle.

- Bon sinon tu bois quelque chose ? Si c'est pour une chambre il faudra voir avec Titoeil... mais il est...

Elle regarde le tavernier d'un air un peu triste, celui ci tentait de clamer le jeu entre le garde et le client... et lâcha dans un soupir :

- Il est occupé...

[Mornagest]

Ça faisait beaucoup d'informations en peu de temps. Il acquiesça poliment, mais n'était pas sûr de pouvoir tout répéter, ni assimiler. Un meurtre, une bière, une chambre, et un garde au sale caractère. En général, ses problèmes étaient plus simples à résoudre, il lui suffisait de faire peur à leur source, ou à l'éliminer.

"Euh, d'accord. Une bière, je veux bien. Et euh, savoir aussi si je peux faire quelque chose pour toi. Ça a pas l'air facile, là." À tout le moins ; pour mettre une demi-orque dans un état pareil, il fallait déjà pousser le bouchon un peu loin. Et elle affichait maintenant un air bien mélancolique en parlant de ce Titoeil.

[Mortis]

La demiorque hocha de la tête.

- Une bière ! Une !

En écoutant la proposition de Henk, elle émis une sorte de grognement... regardant un instant Henk d'un air suspicieux, mais se ravisa...

- Ah ! Tu peux pas y faire grand chose mon gars, c'est la politique et l'ambiance de la ville.

Elle se dirigea derrière le comptoir ou se trouvaient les futs.

Pendant ce temps l'ambiance montait d'un cran entre le garde et le client hilare :

- Très bien, t'as pas perdu ta journée toi ! Je t'embarque, manquer de respect à un garde dans l'exercice de ses fonctions ça te vaut un petit séjour en cellule, ça t'apprendra à te payer ma tête.

Le garde empoigna le client et le traina vers la porte de l’établissement. Tous les autres clients baissèrent la tête d'un seul homme sans doute par crainte de se faire coffrer eux aussi.

[Mornagest]

Il sentait bien qu'il risquait gros en intervenant, mais il n'était pas dans ses habitudes de laisser les choses se passer ainsi sous ses yeux. Le garde voulait emmener l'homme en prison pour une raison qui n'était à ses yeux pas valable. Certes, ce n'était pas bien de se moquer, mais la meilleure réponse aurait été le dédain ou une moquerie en retour. Là, Henk avait l'impression que le garde outrepassait ses droits, même si dans sa tête, il formulait les choses autrement.

Sans attendre que Dryade revînt avec la bière commandée, le demi-orque alla jusqu'à la porte et barra le chemin au garde, qui traînait toujours le type par la main.

"Quoi tu fais ?", lança-t-il, un peu énervé et formulant mal sa question.

[Mortis]

Henk pu voir que tous le regardait effaré par son intervention, il pensait voir un fou, un dément, ou autre excentrique anarchiste... il pu entendre venant du bar la voix de Dryade la demi-orque.

- Et merde...

Le garde toujours énervé toisa le petit... le grand... le très grand énergumène qui lui barrait la route. Il leva un sourcil sans doutes surpris par sa diction... et lâcha :

- A Manost on ne manque pas de respect au guet ou la garde... Ecartez-vous ou vous nous accompagnez vous aussi...

[Mornagest]

Il comprit qu'il avait pris une décision stupide, mais il n'avait aucunement envie de laisser ce garde emmener l'homme sans raison valable. Manque de respect ? Encore fallait-il le mériter, ce respect.

"La loi c'est juste respecter gardes ? Ou c'est avoir droit de s'amuser dans une taverne ? Il a tué ? Volé ? Ou c'est juste que tu aimes pas sa tête ?"

Il s'efforça de garder son calme. Ne pas s'énerver, c'était la clef de la réussite. Certes, s'il s'énervait, il réussissait aussi, mais c'était plus violent et dangereux pour celui en face. Mieux valait éviter, alors qu'il n'était à Manost que depuis à peine une heure.

[Mortis]

(Je suis de retour, pour te jouer un mauvais tour ! désolé de l'absence hein, tendinite tout ça... :/)

Le garde ne laissait pas impressionné même par un gaillard de cette taille. Une petite veine se mis a grossir sur la tempe du garde, sa mâchoire se contractait, et un souffle fort et bref sorti de ses naseaux.

- Se payer la tête d'un garde n'est pas une forme "d'amusement" toléré à Manost, et l'impertinente opposition de certains n'est pas non plus toléré.

Sa bouche prenait un moue méprisante et ses affichait un regard noir.

- Dois-je donc en conclure que vous désirez vous joindre à nous ?

C’était une sorte de dernier avertissement. Du style tais-toi va t'asseoir et laisse moi faire mon boulot.

[Mornagest]

Il hésita. C'est vrai que s'amuser au dépens de quelqu'un d'autre n'était pas forcément bien, mais il sentait que le garde réagissait de façon excessive à cette provocation, simplement parce qu'il portait l'uniforme et pouvait facilement abuser de sa fonction.

"Moi je veux que tu le laisses. Il aurait fait ça avec quelqu'un d'autre, tu aurais fait pareil ? Ou c'est parce que tu es garde que tu veux pas qu'il taquine un peu ?"

Pris d'une inspiration soudaine, il ajouta, pas peu fier de lui : "Et pendant ce temps-là, les voleurs et les tueurs, ils font ce qu'ils veulent puisque tu les arrêtes pas." Dits en langage plus diplomatique, ces mots pouvaient être efficaces, mais le garde n'était peut-être pas d'humeur à se voir rappeler ses prérogatives.

[Mortis]

La remarque pleine de bon sens de Henk ou tout du moins à ses yeux, ne détendis pas l’atmosphère le moins du monde. Il ne prit même pas la peine de lui répondre.

- Bon. Je prends ça pour un oui. Vous allez me suivre aussi. Vous êtes en état d'arrestation, pour obstruction à l'action d'un agent du guet dans l'exercice de ses fonctions.

Visiblement la patience déjà entamée du garde avait atteint ses limites. Henk s’était attiré quelques ennuis avec le guet, à peine arrivé à Manost...

[Mornagest]

Il était un peu déçu que le garde n'eût pas tenté de réfléchir un peu plus que son casque brillant - enfin, à l'origine, il devait être brillant, mais des mois de service et de négligence le rendaient terne comme une flaque d'eau sale dans la rue. Henk était pourtant certain d'être dans son bon droit, et il sentait bien que le garde abusait de son pouvoir. Mais, malgré toute sa stature imposante et sa volonté de montrer qu'il n'était pas enclin à laisser faire n'importe quoi, il n'osa pas se rebeller. Un garde, oui, mais ensuite ? Tous les autres le chercheraient, et avec sa dégaine, il serait facile à reconnaître, en ville. Or, il était ici pour se faire oublier. C'était mal parti...

"OK, OK", fit-il, dépité. "Je te suis. On verra plus tard que j'ai raison." Il se renfrogna, et regarda dans la salle, cherchant vaguement un soutien des yeux. Personne n'allait se risquer à s'opposer à la loi, à Manost. Encore moins à ses représentants, puisque sans eux, la loi ne pouvait pas grand-chose.

[Mortis]

Personne ne releva, l'aubergiste soupira et la serveuse se frappa le visage avec le plat de la main...

Henk eu la chance de pouvoir visiter Manost, une succession de rues parallèles, pour rejoindre le haut-lieu de la sécurité Manostienne, la citadelle de la lame d'argent, et plus particulièrement un établissement très accueillant : La prison de Manost.

[Hurleuse]

Helja était championne pour s'orienter sous terre. Donnez-lui une carte hâtivement griffonnée et une direction et elle vous retrouvait la grotte avec LE filon tant convoité en deux temps trois mouvements. Mais dès qu'elle était en surface Helja avait tendance à se perdre. Même pour traverser la rue...

C'est pour cela qu'il lui avait fallu un certain temps depuis le débarcadère pour d'abord trouver le quartier indiqué par le garde, puis l'établissement. Devant lequel elle était passée bien cinq fois avant d'enfin remarquer l'enseigne. Satané ville de géants, tout était trop haut décidément ici !

Ce fut donc légèrement affamée et franchement assoiffée que la naine poussa la porte de l'établissement. Les patrons purent voir entrer alors ce qui leur sembla un marteau de guerre tête en bas sur pattes avant de totalement discerner la naine qui le portait sur son dos et qui se déplaçait tel un petit nuage ronchonnant.

Helja se dirigea résolument vers le comptoir.

"Hé, tabergiste, une bière ça s'rait pas d'refus !" Demanda le marteau de guerre.

[Althéa]

Dans la taverne, chaque personne sembla se tourner vers la nouvelle venue d'un seul bloc. Parmi eux se trouvaient deux hommes vêtus aux couleurs de la garde manostienne. Devant leurs pintes encore remplies, ils avaient l'air de se mourir d'ennui. Peut-être étaient-ils chargés de surveiller les bulles de leurs bières ? En tout cas, ils entrevirent peut-être une occasion d'échapper à la mornitude de leur activité, et dévisagèrent Helja - ou plutôt son marteau- de bas en très bas. Titoeil Debeurré, le patron de l'établissement sentant venir les ennuis s'empressa de venir prendre la commande.

"Une bière alors ? Une blonde, une rousse, une brune ? Une pinte ou un verre ?"

[Hurleuse]

Se hissant sur la pointe des pieds pour tenter d'élever un petit peu la conversation, la naine fit un grand sourire plein de barbe à l'aubergiste.

"Un brune mon gars, en pinte!" La joie qu'elle mettait dans sa commande avait un petit côté frais et naïf. Telle le naufragé perdu au milieu de l'océan accroché sur sa planche et voyant enfin une terre à l'horizon était Helja, salivant d’avance à l'idée de déguster une bonne bière fraîche avec de la cuisse.

"Et si vous z'aviez un ptit en cas à grignoter, ça s'rait pas d'refus," ajouta-t-elle, car le naufragé n'avait aussi mangé que du poisson cru pendant sa longue errance. Et sincèrement, cette métaphore marine commençait à redonner le mal de mer à la pauvre naine.

[Althéa]

A leur table, les deux soldats levèrent un sourcil. L'un des deux - un jeunot qui devait être heureux de voir pousser trois poils à son menton - s'approcha de la naine.

"Dites vous. Vous connaissez la réglementation concernant l'ivresse publique en ville. Vous avez le droit de boire, mais vous ne ferez aucun scandale, en dehors du Loyal vous resterez calme et ne vomirez pas. Si vous vous endormez dans nos rues, vous vous réveillerez dans une de nos cellules. Est-ce que c'est bien compris ? Au fait, vous a-t-on parlé de la réglementation qui concerne les armes en ville ?"

Titoeil observa sa cliente, contrit.

[Hurleuse]

Helja (et son marteau dans son dos) fit un quart de tour d'un demi-tour d'un tour pour faire face à qui lui parlait. Elle tomba nez à entrejambes avec le garde. Elle leva un peu les yeux, histoire de ne pas trop gêner le gars en parlant à une partie de son anatomie souvent révélée fragile chez le mâle humain (ou elfe pour ce qu'elle en savait) et lui fit un large sourire barbu.

"Oh y'a pas d'problème m'sieur le gens d'armes. Vos collègues au port ils m'ont d'jà brieffée. L'marteau y reste bien sur mon dos jusqu'à c'que j'ai un coin où l'ranger et on n'ébriète pas sur la voie publique."

Une chose frappa soudain la naine, telle le casque d'un gobelin affectueusement lancé en pleine poire pour jouer à la soûle : ces grands ne connaissaient rien aux nains et à leur physiologie. Elle transmit cette soudaine fulgurance de façon simple, nette et brutale (telle le casque sus-mentionné).

"'Fait z'y connaisez que dalle en nains, hein?"

[Althéa]

Le jeune garde avala péniblement sa salive.

"Mais si, je connais les nains. D'ailleurs, j'ai un ami nain, un très grand ami nain. Il est ... très gentil. Mais il n'empêche qu'il respecte les règles comme les autres nains. Et vous aussi, je suis sur que vous allez respecter les règles et ne pas nous causer de problèmes."

Il avala de nouveau sa salive et regarda la naine comme si sa carrière dépendait de sa réponse.

[Hurleuse]

Helja plissa légèrement les yeux, ce qui, dans la foulée, fit frémir sa barbe et friser sa moustache, puis elle se fendit de nouveau d'un large sourire et partit d'un grand éclat de rire.

"Mon gars, faut qu't'explique un truc qu'les nains d'la surface y savent pas toujours. Et c'très important pour comprendre comment par chez nous on gère l'ébritation. T'vois, les cités naines, elles sont très droites. J'veux dire, nos rues." Helja fit un geste imitant de loin un gâteau au chocolat qu'on aurait fait rentrer dans un carré. "Et c'pour une bonne raison. Les gens y pensent que c'est pasqu'on aime bien les trucs droits et bien raides." Là elle imita un bâton... ou alors quelque chose que la morale réprouve, allez savoir avec ces naines. "Ben en fait, on aime bien les trucs droits t'vois, mais surtout, les murs bien droits c't'utile quand tu rentres ch'toi après une soirée à la taberge."

Helja se lança joyeusement de droite à gauche rebondissant sur d'invisibles murs et un peu sur le comptoir.

"En fait m'sieur le gens d'armes, le murs bien droits y nous aident à rentrer sans problème jusque chez nous. Hop, hop, on rebondit et jamais on tombe! C'est comme ça qu'on gère l'ébriétaté chez les nains."

Le regard confus du garde lui rappela pourquoi elle s'était lancée dans cette tirade, et elle ajouta :

"Mais si ç'peut vous rassurer, j'prendrais qu'une pinte, pasqu'il est encore tôt et qu'j'dois trouver la veuve du boulanger, rapport aux miches. Et nous les nains, ont tient bien la pinte. C'est comme qui dirait not' format par défaut."

[Althéa]

A mesure qu'Helja parlait, le jeune garde changea de couleur passant du rosé laiteux au rosé puis au rouge écarlate. Peut être que les adjectifs "raides"et "droits" ainsi que les "miches" avaient un étrange effet sur lui. Il avait l'air très impressionnable. Peut-être était-ce son tout premier poste. Au bout d'un moment, il put respirer et répondit à la naine sur le ton de la confidence.

"Vous savez à Manost les rues sont droites, mais pas parce qu'on boit. Elles sont droites parce qu'on aime ... ce qui est droit. Parce que ce qui est droit ... C'est très bien. C'est comme ça qu'on aime nos vies à Manost, très droites. Comme ça tout le monde est content."

[Hurleuse]

Helja hocha la tête d'un air entendu à la confidence du garde. Ce qui fit tressauter sa barbe dans la foulée.

"D'rues droites, c'est la garantie d'un bon ordre du public. Et c'est pratique pour piéger des gobelins et les aplatir sans trop faire d'dégâts." Elle tapota le coin de son nez comme si elle partageait là un grand savoir. "Ma mémé Brynn, elle en a ratatiné une centaine c'me ça lors d'la grande guerre. Faut dire qu'elle était sacrément en colère. Ils s'étaient moqués d'ses brioches, et faut pas s'moquer des brioches à Mémé Brynn."

[Althéa]

"Ses .... brioches ... d'accord ..." répéta le jeune garde qui cherchait vraisemblablement à trouver le lien logique avec toutes les informations qu'Helja venait de lui assener.

"Mais vous savez à Manost c'est tranquille. Il n'y a pas de gobelins qui se moquent des brioches. Nous avons les mélandiens mais ils ne sont jamais arrivés à passer nos portes.
- Biroute, quand vous aurez fini de discuter, nous pourrons reprendre notre service."

Dans la salle, les conversations s'étaient arrêtées d'un coup quand le second soldat avait - sûrement à dessein - prononcé le nom - oui, le nom - de son subordonné. Le jeune homme rougit de nouveau et regarda Helja d'un air malheureux.

[Hurleuse]

Une bouffée de compassion envahit la naine (ça ne pouvait pas être des bouffées de chaleur, déjà elle était trop jeune et ensuite, elle n'avait pas encore bu). Elle fit un sourire compatissant au pauvre garde, qui lui, ne vit qu'une moustache frémissante, ce qui quand même était un peu perturbant. Ses yeux se plissèrent affectueusement, et elle tapota d'un doigt ganté le bras du garde cramoisi, ajoutant d'un air entendu :

"J'compatis mon gars. L'cousin Thureluth, il y a droit souvent... c'est un bon gars le Thureluth, il travaille bien à la forge et il est gentil. Il a un truc quand les gens commencent à rigoler. Il les regarde comme ça." Joignant le geste à la parole, pour ainsi dire, la naine lança un regard terrifiant au pauvre garde. Quelque chose entre l’ornithorynque affamé et le poisson mort. "Ben soyez sûr qu'plus personne y rigole du cousin Thureluthe. Bon le fait qu'il ait des bras aussi gros qu'des troncs d'arbre j'pense que ça aide aussi. Vous d'vriez faire un peu plus d'sport. T'être choisir une épée un peu plus lourd voyez ? On rigole pas facilement des gens qui ont des troncs d'arbre à la place des bras, même si la nature elle a été vache avec eux."

Elle lui tapota encore affectueusement le bras, telle une mère poule velue.

[Althéa]

Dans la taverne, le tout venant retenait son souffle. Certains riaient sous cape et d'autres se demandaient comment chacun des protagonistes en présence allaient réagir. Le pauvre garde Biroute - car il fallait bien l'appeler par son nom - malgré la compassion de la naine ne put s'empêcher de reprendre une couleur totalement cramoisie. Un instant, il regarda ses deux bras qui à défaut de tronc d'arbre ressemblaient à ... des brindilles avant d'émettre un long soupir.

"Thurelute ..., souffla-t-il comme s'il n'arrivait pas à déterminer lequel des deux patronymes était le plus ridicule, oui, ça se défend."

Il tenta de recopier l'expression du visage d'Helja, mais avec ses trois poils de barbe frémissants, ses sourcils rouquins qui lui donnaient un air écarquillé, il eut plus l'air d'un écureuil sous Lotus noir qu'un combattant potentiel.

"Biroute, je t'ai dit de pas tailler une bavette avec les gens, reprit son supérieur, on a du boulot je te rappelle."

Le jeune homme se leva l'air malheureux et se détourna de la table sans ajouter un mot de plus.

[Hurleuse]

La nature avait décidé de se faire une fleur et d'en faire une à Helja, elle ne lui avait pas donné d'inclinaison pour autre chose que la boulangerie et la castagne. De fait, contrairement à beaucoup de naines de son âge, Helja n'avait ni prétendant, ni enfant. Son père avait aisément laissé passer la chose car il avait compris que sa fille était bien trop absorbée par deux maîtresses prenantes et aussi parce que ses deux aînés lui avaient déjà donné moults petits-enfants.

Bref, Helja n'avait pas d'enfant, mais face à la mine déconfite du pauvre Biroute, elle sentit monter en elle un instinct de mère poule. Avant que ce dernier ne retourne à sa place, elle lui souffla d'une façon étonnement discrète compte tenu de son peu de furtivité habituelle (rapport à la tenue en mailles qui fait du bruit) :

"Hey ptit gars, s'tu veux, sur ton temps d'libre, quand j'rais trouvé un coin où m'poser et régler c'problème d'boulangerie, passe m'voir. J'te montr'ais comment qu'on fait les gros yeux et aussi comment qu'on s'muscle." Elle lui fit un clin d'oeil avant de se retourner vers le comptoir.

"Hey, tabergiste, en plus d'la pinte et d'la collation, z'auriez pas des renseign'ments. On m'a dit qu'la boulangère actuelle elle avait t'être besoin d'aide, voire d'un repreneur. C'ti vrai?"

[Althéa]

Devant l'insistance de son supérieur le jeune homme n'osa pas tourner la tête, mais Helja l'entendit marmonner quelque chose comme :

"Humpf, oui, merci."

Ou peut-être était-il en train de mastiquer. Titoeil, le tenancier du Loyal quant à lui répondit avec son habituel sourire débonnaire.

"Vous arrivez un peu trop tard, madame. La boulangerie est sur le point de fermer. Le boulanger est mort à la guerre. C'est tragique pour toute notre cité. Sa femme essaye tant bien que mal de tenir la boutique à flot, mais on voit bien que c'est difficile pour elle."

[Hurleuse]

La moustache d'Helja frémit. Difficile de dire si elle souriait, marmonnait, avait un truc qui la grattait ou juste réfléchissait. Toujours est-il que sa moustache frémissait.

"Hum, hum," fit-elle, l'air absorbé. "Elle s'rait prête à la céder sa boulang'rie, vous pensez ?"

La naine avait un petit pécule, et aussi des bras musclés. Elle pouvait proposer à la veuve de travailler pour elle le temps de lui payer le montant de la boutique.

"Voyez, dans ma famille on a deux passions : les pains." Elle laissa le temps à sa petit blague de faire son effet avant de continuer. "On est des guerriers, même si tonton Magnus est un prêtre. mais un prêtre combattant, alors ça compte comme un, guerrier. Bref ! On fait aussi d'la boulang'rie voyez ? Genre du pain, des brioches et des tartes aux pommes. Et des beignets aussi. Les beignets à la châtaigne de mémé Brynn sont célèbres jusqu'à Luksan, voyez."

[Althéa]

Titoeil ne réfléchit pas longtemps et un grand sourire bonhomme éclaira son visage.

"Allez la voir et proposez lui. Je suis sure que votre enthousiasme et votre savoir faire lui feront plaisir. Depuis que son mari est mort, j'ai l'impression que les gens évitent sa boutique."

A coté d'elle, Helja entendit les autres clients murmurer. Des spéculations, des remarques, des moqueries parfois qui elle le devina n'avaient rien de gentils.

[Hurleuse]

La naine était comme la pierre : solide, simple, carrée et dure. Elle marmonna quelque chose dans sa langue avant d'ajouter :

"M'est avis qu'elle a juste b'soin qu'on l'entoure. C'qu'on fait ch'moi quand l'un des nôt' a eu des ennuis. Où qu'elle est c'te boulangerie ? j'rias la voir après ma collation. C'très important la collation."

Elle tapota le comptoir, enfin la partie qui lui était accessible, avec un sourire débonnaire.

[Althéa]

Titoeil sourit de nouveau, il aurait bien sourit encore si Dryade arrivant derrière lui ne lui avait pas soufflé (à la manière semi-orque ce qui fit que tout le monde put entendre) :

"Allez patron, arrêtez de draguer. On a du pain sur la planche"

Le tavernier visiblement habitué à l'humeur facétieuse de son employée répondit, imperturbable.

"Le Moelleux manostien se trouve juste à coté. Pour ce qui est de votre repas, puis-je vous proposer le plat du jour ? Il s'agit d'une souris d'agneau aux épinards et aux topinambours."