[Lieu] Le Domaine d'Averlande

[Galathée]

Situé sur une éminence surplombant Athrey, le Domaine d’ Averlande n’est pas aisément accessible. Il faut en effet contourner la butte en suivant une longue route sinueuse, offerte aux éléments. Une fois en hauteur, le chemin redescend dans une dépression arborée. Le domaine en lui-même est ceint d’un mur de pierres empilées et composé de plusieurs bâtiments dont le manoir.
(description en évolution)


***

Quête : Le nom du Père

Quittant la lande qui couvrait la colline, le chariot mené par Kolia, et abritant Taliesin et ses deux fils, franchit en quelques minutes la distance qui séparait l'enceinte du manoir proprement dit. Le cocher fit volter son véhicule pour amener la porte droite devant les marches de pierre qui menaient à la porte. Ni Victor ni Baptiste ne firent mine de sortir les premiers et Taliesin dut se déclarer volontaire. Le manoir était un élégant bâtiment de pierre grise, avec un porche monumental couvert de plantes grimpantes, surplombé d'un blason érodé qu'on ne pouvait plus véritablement distinguer. Si la partie droite de l'édifice semblait en bon état, avec sa tour carrée de trois étages, la gauche était nettement plus abimée, sans être tout à fait en ruines. Les fenêtres paraissaient condamnées. A peine l'elfe eut-il mis pied à terre que la porte s'ouvrit sur un homme d'un certain âge, en livrée sombre, qui s'inclina poliment devant lui.
" Maître Taliesin, bienvenue à Averlande."
Il se redressa pour regarder les enfants apparaître à leur tour et parut stupéfait en découvrant Baptiste. Il ne fit cependant aucun commentaire et retrouva aussitôt son expression maîtrisée.
" J'espère que vous avez fait bon voyage. Maître Maurin sera là dans un instant."

[Taliesin]

-Très bien. Et nous avons fait bon voyage, merci, répondit-il, poliment.
Le domaine avait connu des jours meilleurs, c'était certain, et il y avait fort à parier que son propriétaire ne disposait plus des moyens sufffisants pour à la fois l'entretenir complètement et payer les gages d'une nombreuse domesticité. C'était là un simple constat et le barde n'en pensait rie de bon ni de mauvais. Cela contribuait, simplement, à rendre les lieux fort peu riants...

[Galathée]

Les deux enfants restèrent en retrait, sans rien dire, mais ils n'eurent pas à attendre très longtemps : leur hôte surgit quelques secondes plus tard. C'était un homme encore jeune, aux cheveux châtains, aux yeux clairs, et ce qui les frappa tous, dès son apparition, fut sa ressemblance indéniable avec Baptiste. On aurait dit une version un peu plus âgée de l'enfant, de l'amande des yeux à la forme du menton. Il portait un pourpoint bleu de bonne facture, sans ostentation, et paraissait légèrement hors d'haleine. Il parut presque aussi stupéfait que son majordome et s'empourpra légèrement avant de sourire.
" Messire... Je... C'est un plaisir."
Son regard fila de Taliesin à Baptiste puis revint à Taliesin auquel il tendit la main.
" Je suis Maurin d'Averlande, bienvenue chez moi. Merci d'être venu, aussi."

[Taliesin]

Je n'ai pas vraiment eu le choix.. songea-t-il par devers lui.
Et malgré lui.
Il faut dire qu'il avait, comme les autres, été frappé par cette ressemblance qui balayait les doutes entretenus par une partie de lui-même dont il n'était pas très fier, partie qui avait vaguement pensé - ou espéré ? - qu'il s'agissait d'une imposture.
Mais non, aucun doute n'était désormais possible : c'était bien le père de Baptiste qui se tenait devant lui.
Il lui incombait donc, plus que jamais, d'être à la hauteur de ses responsabilités et de tout faire pour que cette prime rencontre se passe au mieux.
Ce qu'il pouvait penser, ressentir, cela n'avait pas la moindre importance.
Sauf s'il parvenait à se réjouir sincèrement pour le gamin. Et il finirait par y parvenir, si le sieur d'Averlande était quelqu'un de bien.
Mais, revenant à l'instant présent, il serra la main tendue.
-Il n'y a pas de quoi : c'est normal. Et je suis enchanté de faire votre connaissance.
Il fit un geste en direction des enfants.
-Vous aurez reconnu Baptiste. Et voici mon fils Victor, qui a tenu à nous accompagner durant ce voyage.

[Galathée]

Maurin d'Averlande parut à nouveau terriblement embarrassé. Il serra la main de Victor, puis celle de Baptiste, avant de se retourner fébrilement vers son manoir.
" Mais entrez ! Vous devez être fatigué après ce long trajet. Vous n'avez pas de chance avec le temps. Quand il fait soleil, c'est tout autre chose... Mais cette l'année l'automne nous est tombé dessus plus tôt... Les gens que c'est à cause de ces aurores magiques qui nous ont frappés en début d'été. Hum. Mais je m'emballe. Venez donc. Je vous présente Cormack, mon majordome."
L'homme en livrée inclina poliment la tête.
" Je vais mettre Ginevra à votre disposition. C'est ma femme de chambre. On vous a apprêté le cottage, vous verrez, il est un peu plus loin dans le parc, très confortable, vous pourrez vous y poser bien à l'aise. Mais je parle trop, venez."
Il les précéda alors dans le hall, une pièce vaste, carrée, où s'ouvrait un grand escalier qui menait à l'étage, où un palier en mezzanine faisait le tour de la pièce. Il faisait sombre mais plusieurs lustres à bougies tendaient de lutter contre les ténèbres. Une jeune femme en robe bleue attendait près d'une porte sur la droite.

[Taliesin]

Taliesin observait les lieux avec attention et sans se départir un instant de l'attitude cordiale qu'il avait d'emblée adoptée. Celle-ci était nécessaire pour détendre l'atmosphère et le fait que leur hôte n'ait rien d'antipathique rendait la chose plus aisée. Même la mention du cottage ne l'avait pas fait tiquer. Il s'y était attendu, devait reconnaître que ce serait le plus partique et estimait qu'il serait toujour spossible d'organiser quelques sauts au village quand il le jugerait nécessaire.

[Galathée]

" Voilà Ginevra, justement." dit le maître des lieux en s'approchant de la jeune femme.
Celle-ci s'inclina poliment. C'était une humaine d'environ trente ans, les cheveux blonds, le sourire timide mais sincère.
" Je ne sais pas si vous préférez aller vous installer... ou prendre une collation...
— Je peux me charger des bagages avec le cocher, si vous le désirez, intervint le majordome.
— Voilà une idée excellente, Cormack, merci. Nous allons passer au petit salon."
Ginevra leur ouvrit la porte et ils pénétrèrent dans une petite pièce où brûlait un feu chaleureux. Sur une des tables se trouvaient des tasses et des assiettes, ainsi qu'un assortiment de biscuits et gâteaux divers. Des fauteuils d'aspect ancien mais confortables jouxtaient l'âtre. Les grandes fenêtres laissaient la lumière grise du jour baigner les lieux, mais les bougies demeuraient utiles : c'était déjà le crépuscule. La femme de chambre s'esquiva pour aller cherche le thé, tandis que Maurin d'Averlande leur désignait les fauteuils.
" Installez-vous. J'espère que ça n'a pas été trop pénible, d'arriver jusqu'ici... La route est mauvaise quand il y a beaucoup de vent ce qui est fréquent."
Il haussa les épaules avec une grimace.
" Ici, nous sommes protégés par les arbres et le cratère. C'est un ancien volcan. Eteint, bien sûr."

[Taliesin]

-Oh ? Voilà qui rajoute encore au pittoresque de la région, répondit-il d'un ton badin. Pour le restes, n'ayez crainte : nous avons été un peu secoués durant le trajet, c'est certain, mais ce n'était pas bien méchant, d'autant que notre chariot est confortable.
Il essayait toujours de mettre son interlocuteur à l'aise : un réflexe de barde qui ne lui coûtait pas vraiment d'effort. Surtout que c'était la chose à faire, la manière dont il savait devoir agir.

[Galathée]

" Tant mieux." dit-il.
Suivant le regard de Victor, qui lorgnait la table garnie, il sourit.
" Servez-vous, les enfants : c'est fait pour ça."
Victor ne se fit pas prier, tandis que Baptiste, plus embarrassé, l'imitait. Ginevra reparut avec une théière dont elle servit les deux adultes avant de se retirer.
" Il fait un peu mauvais aujourd'hui pour visiter le domaine, et il fera bientôt noir, mais nous rattraperons ça demain. Ce n'est pas très grand mais il y a quelques curiosités... comme vous pouvez l'imaginer, vu l'endroit où nous sommes. J'imagine que vous avez eu le temps de voir un peu Athrey... C'est pittoresque, oui, comme vous l'avez dit. Quand on y vit, on n'y prête plus guère attention, mais les visiteurs sont toujours... frappés, à défaut d'être conquis."

[Taliesin]

Le barde acquiesça.
-Je vois mal, en effet, comment on pourrait ne pas être frappé par le caractère particulier de cette région, surtout si l'on a un tant soit peu d'imagination. Mais je me garde bien d'avoir un avis trop tranché la concernant : j'en ai encore trop peu vu, sans compter qu'effectivement, l'atmosphère doit être bien différente par beau temps ou en d'autres saisons.

[Galathée]

" Oui, bien sûr. Mais ça reste toujours un peu... désolé, je suppose."
Il sourit en haussant les épaules.
" J'ai invité quelques amis ce soir, des artistes de la région. Je me suis dit que ce serait l'occasion... vu que vous êtes vous-même barde... de rencontrer des personnes qui partagent vos... passions. Ils pourront sûrement vous renseigner sur des endroits... intéressants à voir ou propices à l'inspiration. Personnellement... Je n'y connais pas grand chose."
Il toussa dans son poing.
" Nous aurons bien le temps de discuter... d'autres sujets... dans les jours qui viennent."

[Taliesin]

Il aurait préféré, et de loin, aborder d'emblée le sujet qui les avait réunis : de son point de vue, faire trainer les choses ne pouvait que les rendre plus difficiles encore. Néanmoins, il ne tint aucunement rigueur à son hôte pour cette temporisation : il n'y avait là nulle malice, juste une démarche objectivement courtoise et le désir de lui être agréable.
-Très bien. Et c'est fort aimable à vous d'avoir organisé cette soirée : je suis sûr qu'elle sera aussi plaisante qu'intéressante.
Qui sait ? L'auteur tant prisé de Victor serait peut-être au nombre des invités.

[Galathée]

Victor n'avait rien manqué de l'échange et revint s'asseoir près du barde.
" Est-ce qu'il y aura Elstephann Haran ?" demanda-t-il avec aplomb.
Maurin d'Averlande fronça les sourcils, non sans esquisser un léger sourire.
" J'espère que tu n'as rien lu de lui, dit-il.
— Bien sûr que non ! protesta Victor. Mais quand même ?
— Il sera là, oui. Il écrit des horreurs, mais il est, en réalité, très civil.
— Trop bien !"
Maurin eut une grimace et reporta son attention sur Taliesin.
" Je crains que les lieux n'inspirent pas vraiment les auteurs pour la jeunesse. Mais je ne doute pas que mes invités veilleront à ne pas choquer les âmes sensibles.
— Ça fait longtemps qu'on n'est plus vraiment des âmes sensibles..." dit Victor.
Il jeta un regard rapide vers Taliesin puis s'empourpra, comme s'il était conscient d'en avoir déjà trop dit.

[Taliesin]

Le barde lui adressa cependant un sourire apaisant avant de se tourner à nouveau vers le sieur d'Averlande.
-Les enfants en ont malheureusement vu de rudes, durant la guerre civile, et même si je m'efforce de leur offrir une vie la plus normale, la plus préservée qui soit, ils demeurent moins impressionnables qu'ils ne le devraient à leur âge, expliqua-t-il. Je ne pense donc pas que les conversations qu'ils pourraient avoir ce soir avec vos autres invités leur ôteront le sommeil. Mais s'il devait malgré tout en être ainsi... C'est aux coupables qu'incombera la tâche de veiller à ce qu'ils s'endorment malgré tout.
Une plaisanterie, pour tenter d'alléger l'atmosphère après cette brève évocation d'une période difficile. Ce serait aussi l'occasion de voir si le maître des lieux goûtait ou non son humour.

[Galathée]

Maurin d'Averlande répondit à son sourire.
" Je pense qu'il y aura une volontaire toute désignée. Une poétesse. Certaines de ses productions sont tout à fait... parfaites pour endormir l'auditoire."
Il leva les yeux au ciel.
" Je ne devrais pas dire ça. Elle est charmante."
Baptiste était venu s'asseoir à son tour, mais restait silencieux comme une pierre.
" Pourquoi il y a des lapins près de l'entrée ? demanda Victor.
— Ce sont des lièvres. Pourquoi, à l'origine, je n'en sais rien. Mais c'est le symbole de la famille. Ce qui n'est pas complètement facile à porter, si tu connais la réputation des lièvres.
— Qu'ils sont rapides ?
— Qu'ils sont froussards.
— Ah, c'est pas génial, effectivement.
— Mais leur réputation est différente chez d'autres peuples, et la légende veut que ce soient les elfes qui vivaient ici qui aient attribué le lièvre à la famille d'Averlande. Pour eux, cet animal avait une signification différente, c'était le symbole... d'une gentillesse ferme, dirons-nous, de la persévérance et de l'honnêteté. Evidemment, quand on essaie d'expliquer ça aux gens d'aujourd'hui, ils pensent juste qu'on trouve des excuses pour un symbole minable."

[Taliesin]

-Je comprends que ce soit pénible. Les gens ont effectivement tendance à s'en tenir à ce qu'ils connaissent, à oublier que comme tant d'autres choses, la symbolique est complexe et varie énormément selon les peuples, les cultures, les époques... Il n'empêche : en ce qui me concerne, je trouve que c'est un beau symbole.
C'était vrai : les statues lui avaient plu.
-Mais donc, il y avait des elfes dans la région ? Leur retrait a dû être moins... difficile qu'ailleurs car, de ce qu'on m'en a dit, il n'y a pas ici les tensions qui existent plus à l'est.

[Galathée]

" En fait, il n'y a pas eu de retrait à proprement parler, dit Maurin. Ou du moins, c'est ce qui se raconte. Quand les premiers humains sont arrivés, il y a de cela quatre cent ans environ... C'était bien avant la véritable colonisation qui a suivi, dans la Vallée du Nirvana... Bref, quand ils sont arrivés dans cette région, il ne restait quasiment plus d'elfes, déjà. Ceux qui vivaient ici se sont... mêlés aux humains. La famille d'Averlande est une des dernières de ces familles métissées, même si dans les faits, il n'y a plus eu d'apport de sang elfique pur depuis plus d'un siècle. Nous sommes en quelque sorte... Ce qui reste des elfes d'Averlande. Peu de chose, j'en conviens."

[Taliesin]

-Je trouve au contraire qu'il s'agit d'une belle conclusion. Et d'une belle histoire. Autrement plus réjouissantes que celles que j'ai pu entendre lors de mon dernier voyage dans la vallée du Nirvana.
Elle expliquait le cas de Baptiste, aussi, quoiqu'il s'était attendu à une ascendance elfique plus proche. Quoi qu'il en soit, ayant entendu cela, il serait moins réticent à évoquer le sujet avec son hôte.

[Galathée]

" C'est sans doute vrai. Mais certains disent que ça témoigne du désespoir des elfes de la région, s'ils se sont sciemment mêlés aux humains, diluant leur patrimoine dans le nôtre, moins glorieux. Tout ça date d'il y a longtemps, et il n'y a pas vraiment d'écrits : juste ce qui se transmet dans les familles anciennes..."
Il se redressa.
" Mais je suis sinistre... Un travers fréquent en cette saison. Voulez-vous que Ginevra vous accompagne au cottage ? Vous pourrez vous installer. Je pense que Cormack aura arrangé le transfert de vos bagages avec votre cocher."

[Taliesin]

Taliesin acquiesça.
-Très bien, faisons ainsi.
Rester encore un moment au salon ne l'aurait pas ennuyé mais il fallait admettre qu'il était déjà tard, sans compter qu'il y avait une réception de prévue d'ici peu : mieux valait, dès lors, qu'ils commencent à s'installer.

[Galathée]

Ils se levèrent de concert et Maurin alla jusqu'à une porte latérale pour prévenir la jeune femme. Elle parut quelques secondes plus tard et ils regagnèrent le couloir.
" Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à demander à Ginevra. Il y a un système de cloches entre le cottage et le manoir, elle vous entendra en cas de problème."
La principale intéressée acquiesça avec le sourire.
" Je vous retrouve tout à l'heure. J'espère que le cottage sera à la hauteur de vos attentes."
Ginevra leur désigna ensuite la porte qui menait à l'extérieur. Le temps s'était assagi bien que le ciel soit désormais presque noir.
" Ce n'est pas très loin, expliqua-t-elle. Voulez-vous que je fasse venir un chariot ?"

[Taliesin]

Il secoua la tête.
-C'est aimable à vous de le proposer mais ce ne sera pas nécessaire : marcher nous fera du bien.
Il songeait surtout à Victor : rester assis tout l'après-midi n'avait pas dû être très amusant pour lui. Certes, il lui aurait fallu plus qu'un court trajet pour se dépenser mais... ce serait toujours ça de pris.

[Galathée]

" Très bien." dit-elle en sortant sur le porche.
Elle referma son manteau puis désigna un chemin de terre qui partait vers la droite.
" C'est par là. Vous voyez la lumière ?"
Victor se mit aussitôt à courir en direction de celle-ci. Le cottage était visible dans la pénombre : c'était une maison basse, d'un seul étage, au toit de chaume. Baptiste resta auprès de Taliesin, toujours aussi silencieux. Il leur fallut peu de temps pour rallier leur nouveau pied à terre : Victor les attendait, pantelant, sur le pas de la porte. Ginevra la déverrouilla et confia la clé à l'elfe. On entrait directement dans la pièce de séjour, où un feu nourri brûlait dans l'âtre. Il y avait des fauteuils, une table ronde et quatre chaises, et on avait disposé des rafraîchissements sur un buffet : fruits, biscuits, une carafe d'eau claire. Il y avait deux portes dans le mur de droite : la première ouvrait sur une chambre, la seconde sur une petite salle d'eau. Dans le mur de gauche, il y avait une autre porte et une autre chambre, plus vaste, assortie d'un bureau. Les lits étaient faits, des fleurs étaient disposées dans des vases, et il faisait bon.
" Il n'y a pas de cuisine, expliqua Ginevra, mais si vous désirez prendre le petit déjeuner ici demain matin, je peux vous l'apporter. Pour m'appeler, il vous suffit de tirer sur ce cordon."
Elle s'approcha de l'âtre.
" Il y a du bois pour deux jours, mais Lorcan, le garde-chasse, vous en portera davantage au besoin. Prévenez-moi s'il faut changer les draps ou si vous êtes à court d'huile pour les lampes ou de bougies. Et l'eau potable est ici, dans ce tonneau. Celle qui est dans la salle d'eau est très bien pour se laver, mais c'est risqué de la boire."

[Taliesin]

-C'est noté : merci pour ces informations.
On les recevait bien : impossible de dire le contraire.
-Puis-je vous demander où se trouve Kolia, notre cocher ? J'avais largement sous-estimé la durée du trajet jusqu'ici et... il faut donc que nous discutions organisation, avec lui...

[Galathée]

" Je vais aller me renseigner auprès de Cormack. Mais je pense que j'ai vu votre chariot encore attelé. Peut-être voudra-t-il redescendre en ville ce soir. Vu le temps prévu, il ne devrait pas tarder. Je reviens tout de suite."
Elle s'esquiva et les laissa tous trois dans la petite pièce chaleureuse. Victor enleva aussitôt ses bottes crottées et alla s'avachir dans un fauteuil près du feu ouvert.
" Je pense que je vais bien me plaire, ici." remarqua-t-il.
Puis il se tourna vers Baptiste.
" Il a l'air sympa, ton père. Un peu coincé, mais sympa."
Baptiste alla s'asseoir à son tour.
" Je ne lui ai même pas adressé la parole." gémit-il, la tête dans les mains.

[Taliesin]

-Et il n'a pas paru s'en formaliser le moins du monde répondit-il d'un ton tranquille. Alors ne te mets pas martel en tête : il m'a l'air du genre compréhensif et doit forcément se douter que c'est difficile, pour toi. En plus, il est également bien embarrassé...
Il posa son sac, se mit à fouiller à l'intérieur.
-Je vais écrire une courte lettre à Galathée, pour lui dire que nous sommes arrivés à bon port. Kolia sera sûrement d'accord pour la poster demain.
Juste quelques mots pour l'informer que le trajet s'était bien passé. Des missives plus longues suivraient, il n'en doutait pas.

[Galathée]

Tandis que Taliesin s'attelait à son courrier, les deux garçons investirent la chambre qu'ils s'étaient attribuée, voisine de la salle d'eau, moins seigneuriale que celle de Taliesin, mais néanmoins munie d'un grand lit. Le barde les entendit discuter à mi-voix mais sans parvenir à saisir la teneur de leur conversation. Kolia survint un peu plus tard, après avoir poliment frappé à la porte.
" Je comptais redescendre en ville, si ça ne vous gêne pas. Je n'adore pas être l'invité parmi les serviteurs... C'est une position assez inconfortable, d'autant que je ne suis pas... à proprement parler votre serviteur. Mais le sire d'Averlande a son propre cocher, le majordome m'a dit qu'au besoin, il vous redescendrait en ville. Je ne sais pas ce que vous aviez imaginé... Si vous voulez que je revienne vous chercher, d'office, un jour précis."

[Taliesin]

Il lui sourit.
-Tout d'abord, je vous comprends parfaitement : loin de moi l'idée de vous faire passer pour un serviteur ou de vous considérer comme tel, et si vous aviez dû demeurer ici, ç'aurait été en tant qu'invité à part entière. Pour le reste...
Il soupira.
-Pour être honnête, cela ne se passe pas exactement comme je l'avais prévu. J'avais imaginé que nous rendrions visite au sieur d'Averlande en journée et que nous renterions chaque soir à l'auberge. Mais vu la longueur du trajet, et vu sa difficulté, ce ne serait malheureusement pas très raisonnable. Nous allons donc demeurer ici quelque temps et, pour notre prochaine visite à Athery, nous aurons probablement recours au cocher de notre hôte.
Il se frotta le menton, pensif.
-Au-delà de ça, j'admets n'avoir aucune idée de la manière dont les choses se passeront, de la durée de notre séjour ou de quoi que ce soit d'autre. S'il vous était possible d'attendre à Athrey quelques temps, je vous en saurais gré : j'imagine que la situation ne tardera pas à se préciser. D'un autre côté, je comprendrais que ce soit pénible pour vous et que vous préfériez retourner à Eredhun.

[Galathée]

" Franchement, il n'y a pas de mal : c'était ce qui était prévu. Je vais rester à Athrey. Peut-être faire une course ou l'autre, mais jamais longue, et vous me trouverez facilement à l'auberge. Si vous décidez finalement de vous passer de mes services, envoyez-moi un message. Pour le reste, je vous souhaite bon séjour. Je ne vais pas m'attarder, parce qu'il va bientôt faire trop noir pour descendre en sécurité et je voudrais pas tomber sur les invités de Messire d'Averlande : il n'y a pas vraiment moyen de se croiser sur le chemin."
Il jeta un coup d'oeil sur le cottage.
" Mais vous m'avez l'air bien installés... Je vous souhaite un bon séjour."

[Taliesin]

-Merci, Kolia. Je vous souhaite un bon retou,r dit-il en lui tendant la main.
Le départ de leur guide l'ennuyait quelque peu car il signifiait, pour eux, une conséquente perte d'autonomie : désormais, ils dépendraient du sieur d'Averlande pour retourner au village. Sauf à recourir aux coursiers, bien sûr ; mais c'était là un moyen de transport peu discret, sans compter qu'il ne s'improvisait pas...
-Oh, et j'allais oublier... S'il vous était possible, en rentrant à votre auberge, de déposer cette lettre au relai de poste, cela me rendrait grandement service.