[Temple] Le Sanctuaire de Lathandre

[Galathée]

" Merci Rémi." dit Albérich.
Il prit aussitôt la direction des appartements de l'aubemestre, sans angoisse particulière. Il avait communiqué plus d'une fois avec Alaric au cours des derniers mois, par écrit et par la pensée, suivant les événements. C'était une relation un peu étrange, car ils s'étaient peu connus avant l'hiver 82 : Alaric avait fait voeu de silence et restait généralement en retrait. Tout ce qu'ils avaient échangé, ils l'avaient fait ensuite : à Belles-Vagues, au retour, et ensuite, à distance. En vérité, Albérich ne s'expliquait toujours pas comment l'Ours avait été nommé aubemestre et il n'avait jamais adoré l'idée que la place soit revenue à un ancien militaire. Mais c'était sans doute le reflet du désarroi qui avait étreint les Lathandrites alors, un besoin de se tourner vers un homme fort, rompu au combat, susceptible de les protéger du mal.
Pas comme toi.
Mais comme il avait pu affronter ses souvenirs de torture dans la Tour, il pouvait évoquer l'épave qu'il était alors sans frémir. C'était le passé. Il était révolu. Les regrets n'étaient pas lathandrites, et le jour présent était plein de promesses. Pourquoi ruminer ?
Il frappa à la porte et attendit qu'on l'invite à entrer.

[Voyageuse]

HRP : dans tous les posts que j'ai pu lire, Alberich et Alaric se vouvoient... et pourtant il paraîtrait assez logique qu'ils en soient venus au tutoiement, avec le temps. Mais donc, si tu veux que je revienne au vouvoiement, tu me dis ?

La porte s'ouvrit une seconde plus tard et la silhouette imposante de l'aubemestre s'y encadra, lui tendant une main vigoureuse.
" Je t'attendais... depuis quelques temps déjà. C'est un plaisir de te revoir ici ! Entre, assied-toi !"
Le colosse souriait largement sous sa barbe, et sa voix était aussi chaleureuse que dans les souvenirs d'Albérich. Il lui désigna deux fauteuils autour d'une petite table basse.
" Tu n'as rien contre un petit verre d'apéritif ? Je nous ai trouvé une petite bouteille de vin doré d'Antelucas... un cru exceptionnel !"

[Galathée]

Albérich avait rendu sa poignée de main à l'Ours, avant de se couler dans un des deux fauteuils. Autre temple, autre fauteuil, autre verre de bienvenue. C'était étrange, d'être un éternel invité.
" Avec plaisir. Je suis désolé de débarquer à l'improviste... J'ai l'impression que la soirée va être un peu agitée. J'aurais dû t'avertir... Ça m'est sorti de la tête."

[Voyageuse]

" Mais voyons, tu n'as pas besoin de prévenir ! Tu sais bien qu'il y a toujours de la place ici pour les arrivants de dernière minute... et tant mieux si ça met de l'animation ! Je crois que personne ne s'en plaindra, et surement pas moi. C'est de l'agitation positive, c'est bon pour tout le monde. Les prières du matin n'en seront que plus ferventes !"
Il se carra dans le fauteuil d'en face, et leur servit à chacun un verre d'un liquide ambré au parfum doux et fruité.
" Et je me doutais que ta visite ne tarderait guère. On a reçu du courrier pour toi, tout récemment, venant d'Erhedun. Un pli de Molwen. J'irai te le chercher tout à l'heure... mais donne-moi d'abord de tes nouvelles ! Tu as bonne mine..."

[Galathée]

HRP : le vin l'a fait changer de voix !

Un pli de Molwen ? Voilà qui était... presque désagréable. Mais il y songerait plus tard. Un temps pour chaque aubemestre.
" Oui, je pense que je vais mieux que jamais. A tous niveaux."
Il sourit.
" Mais je ne vais pas te raconter mes aventures, il y en aurait pour dix soirées entières, et ce n'est pas si passionnant. Tu sais le principal : la cité dans les Landes, nos ennuis avec les Oghmans... Tout cela est heureusement rentré dans l'ordre. Hubert et moi — Hubert, c'est le paladin de Lathandre avec lequel je voyage depuis Solarcis, je ne suis pas certain de t'en avoir parlé — bref, nous voulions faire une sorte de... pèlerinage sur les lieux de notre jeunesse... avant de rentrer plus définitivement dans les Landes. Je vous devais de revenir, donner des nouvelles, vu la manière dont j'étais parti. Je pense que... mon exemple a quelque chose d'édifiant, au final... sur le pouvoir des lendemains et l'espoir à conserver en toutes circonstances."

[Voyageuse]

HRP : hum... ça m'apprendra à faire 10 trucs à la fois...

" Oui, c'est à peu près ce que m'a dit Denis. Que tu es la preuve qu'il ne faut jamais perdre espoir, que Lathandre prévaut. Je n'en avait jamais douté, pour ma part... et je crois qu'ici, tout le monde avait gardé espoir. Sinon nous ne serions pas lathandrites. Mais bref... te voilà élevé au rang de symbole vivant ! Ça peut être lourd à porter... mais tu as les épaules pour ça, je ne m'en fais pas pour toi ! Attends-toi juste à devoir trinquer quelques dizaines de fois dans la soirée. "
Il sourit.
" Mais donc... tu comptes repartir là-bas ? Avec ce paladin... qui n'est sûrement pas étranger à ta renaissance, je parie ? Tu me diras que c'est leur rôle..."

[Galathée]

Albérich fut un peu pris au dépourvu par la manière dont Alaric avait placé Hubert dans son cheminement. Comment pouvait-il le savoir ? Mais il se rasséréna rapidement. C'était une déduction logique... et sans doute en partie une façon de parler.
" C'était un processus... Hubert y a joué son rôle, oui."
Il faillit ajouter qu'il n'avait aimé les hommes d'armes et que c'était en fait assez imprévu, mais il se souvint des origines de l'Ours et n'en dit rien.
" Mais oui, nous avons promis de rentrer pour l'automne, nous allons encore cheminer quelques mois et puis il sera temps de rentrer. Ce n'est pas exactement la porte à côté, mine de rien."
La prochaine étape était Combeloup, où ils passeraient certainement quelques veilles avant de repartir vers le nord via la Trouée.

[Voyageuse]

Alaric resta silencieux un moment, songeur.
" Tu parles de promesse... tu as donc gardé des obligations, là-bas ?"
Il sourit.
" Je n'en suis pas vraiment surpris, à la réflexion. Tu n'as jamais été du genre à rester inactif, et encore moins à garder pour toi seul la lumière qui t'habite. Et finalement... C'est un bon endroit pour y faire briller la lumière."
Il but une gorgée.
" Est-ce que tu as besoin... de renforts, là-bas ? D'un autre clerc, de novices ? Enfin, si je ne me trompe pas en imaginant que tu y crées un temple..."

[Galathée]

" Le Temple existe déjà. Ce n'est pas vraiment un Temple de Lathandre, mais c'est tout comme, et cela le deviendra... Mais je n'ai pas besoin de renforts. Je n'ai vraiment pas l'intention de le gonfler artificiellement de personnes venues de l'extérieur : cela serait très mal perçu par les colons initiaux et les temples existants ont, si je ne m'abuse, bien besoin de leurs ressources. Non, pour l'heure, nous sommes trois clercs, Gabriel, qui est de Lunaros, et Marcus qui m'a rejoint là-bas, et puis nous avons quelques paladins, et pour le reste, nous grossirons à notre rythme. Déjà que les Lunarions ont décidé, d'autorité, de nous renforcer... Non. Surtout pas. S'il y a des gens qui, spontanément, ont envie d'affronter les Landes, pourquoi pas, mais ce n'est pas une sinécure, et je ne suis clairement pas en mission de recrutement. Pas du tout. Le projet en cours, là-bas... est encore naissant... Je ne sais pas ce qu'il va devenir : ses bases ont été chahutées, pour dire le moins. Je suis assez ambivalent, le concernant, je dois bien l'avouer."

[Voyageuse]

" Hum... Ne néglige pas ton... aura, si je puis dire, ou ton pouvoir d'attraction. Certains de nos coreligionnaires pourraient être tentés de rejoindre ta cité dans les Landes pour le simple plaisir de servir Lathandre à tes côtés, sans compter l'attrait de l'aventure chez les plus jeunes. Tu pourrais avoir plus de volontaires que tu ne le souhaites, si tu parles avec un peu d'enthousiasme de tes projets. Cela dit... tu n'as pas l'air si enthousiaste que cela. Tu sembles douter... ce qui ne sied guère à un lathandrite. Veux-tu me faire part de ce qui t'inquiète ?"

[Galathée]

Albérich demeura un instant stupéfait. "Ce qu'il sied à un Lathandrite" ? Pour qui se prenait-il ?
Pour l'aubemestre de Luménis, bien sûr.
L'Ours avait une tendance au paternalisme qui l'avait déjà frappé autrefois, et qu'il trouvait toujours aussi peu agréable. Avait-il l'air si jeune, si perdu, que les gens pensaient toujours devoir lui donner de bons conseils ? Alors même qu'il avait retrouvé Lathandre ?
" Non, ce n'est pas nécessaire, dit-il sans se départir de son affabilité. Mais je ne trouve pas que douter soit problématique. C'est même sain, quand on jouit d'un certain pouvoir. Choisir ses combats, à notre époque troublée, est indispensable. Pour revenir à ce qui nous occupe, choisir d'aller à Clairétoile à cause de moi serait très mal inspiré. Si un jour, je pense qu'il est utile que d'autres m'y rejoignent, je vous le ferai savoir. Pour l'heure, ce serait... une perte pour Hélonna. D'autant que les gens là-bas ne verraient pas un débarquement massif de Lathandrites d'un bon oeil..."

[Voyageuse]

L'aubemestre l'observa un instant en silence. Son regard demeurait bienveillant, avec sans doute un brin de curiosité ou, peut-être, d'inquiétude ? Mais il n'y lut pas de réprobation ou de jugement. Il acquiesça à sa dernière phrase.
" Vous êtes relativement peu nombreux dans cette cité, c'est vrai, et je comprends que tu souhaites maintenir un certain équilibre entre les différents cultes. Je ne suis pas certain que les plus jeunes et les plus prosélytes de notre ordre aient pleinement conscience de cette nécessité, cependant. Je veillerai à tempérer leur enthousiasme au besoin : tu es le plus à même de juger de ce qui est utile ou pas... et je leur rappellerai qu'on a aussi besoin d'eux ailleurs. Mais donc... tu sais que tu ne dois pas hésiter à demander de l'aide si tu en as besoin. Créer une cité, à partir de rien, c'est un lourd projet. Magnifique et enthousiasmant, bien sûr, et je sais que vous avez fait le plus dur, d'après ce que tu m'as dit... Mais j'en devine les difficultés... et je les sous-estime certainement, n'ayant pas ton expérience politique."
Il secoua la tête avec un sourire.
" Je ne me fais aucun souci quant à l'avenir : à mon avis, tu es de loin le plus compétent de toute l'île pour mener à bien ce projet de nouveau temple sans menacer l'équilibre de votre petite communauté. Si je peux me permettre un avis, cependant : une communauté vit aussi par ses échanges avec l'extérieur... et à moyen terme, j'espère que vous ne resterez pas dans votre isolement."

[Galathée]

Alaric mettait évidemment le doigt sur la raison même de son ambivalence. Mais il n'avait pas envie d'en parler.
" J'en suis bien conscient. Mais je ne suis pas l'initiateur du projet et je ne fais pas non plus partie du conseil dirigeant. Ce n'est pas à moi de trancher sur ces questions. Les gens qui forment cette communauté l'ont rejointe justement pour fuir l'influence des grandes cités. Ils devront commercer, car la cité ne peut subvenir à ses besoins dans l'état actuel des choses, mais ce sont eux qui décideront du moment où ils voudront s'ouvrir au restant de l'île. Ça prendra sans doute un certain temps."
Le discours d'Alaric ressemblait fâcheusement à celui de certains membres de la communauté de Clairétoile. Pourquoi fallait-il que les gens se choisissent des héros ? Pourquoi ne pouvaient-ils pas avoir foi dans le groupe lui-même, et ses élans ?
" Je ne suis arrivé dans ce projet que par association. Ce n'est pas le mien."

[Voyageuse]

" Je comprends bien. Tu n'es pas décisionnaire... du moins pour la cité. Par contre, tu le sera pour le temple, s'il voit le jour... et il verra le jour, j'en suis certain. Et j'escompte bien qu'il ne restera pas indéfiniment à l'écart du reste de la communauté Lathandrite. Il est important que nous restions en contact les uns avec les autres... mais je sais que tu le sais aussi bien que moi. Et je comprends bien qu'il est encore trop tôt. Les chauntéens nous diraient que les jeunes poussent doivent être protégées, isolées en pépinières, jusqu'à être suffisamment solides... Et c'est ce que vous allez faire. "
Il sourit.
"Je m'estime heureux d'en avoir été informé. Et je te répète, c'est un très beau projet. Lathandre ne pouvait qu'y être associé... Et je comprends parfaitement ton choix de redémarrer à zéro, ailleurs, loin d'ici."

[Galathée]

Si seulement c'était véritablement un choix, songea Albérich. C'est la nécessité, et rien d'autre.
Mais il n'en dit évidemment rien. Servir, c'était son rôle, et ce rôle, effectivement, il l'avait choisi.
" Et ici, tout va bien ? J'ai appris que la guerre en Dorrandin avait pris fin... Je dois dire qu'elle m'est passée... au-dessus de la tête, aussi incroyable cela soit-il."

[Voyageuse]

" Bah, c'est l'avantage d'emménager dans une cité coupée du monde ! Ou l'inconvénient, c'est selon... Parfois, ça me ferait presque envie ! Si j'avais été plus jeune... mais bref."
L'aubemestre secoua la tête d'un air faussement résigné.
" La guerre a pris fin, oui. Après... ce n'est pas à toi que je vais apprendre les conséquences de ce genre de chose. Une guerre qu'on gagne, on arrive à y voir du positif, mais une guerre qu'on perd ou quasiment... les gens n'en retiennent que le négatif : les pertes, les deuils, l'argent gaspillé en vain. Il y a de la grogne dans l'air, qui prend presque des accents révolutionnaires avec les beaux jours qui arrivent. Le conseil est très critiqué, Maelwedd en particulier s'en prend plein la poire... Mais je ne crois pas que ce soit pour te déplaire ! Entre nous, ça m'étonnerait qu'il puisse achever son mandat..."

[Galathée]

" Je n'aurais pas imaginé que Maelwedd soutiendrait la guerre... C'est un pragmatique, pas un idéologue. Aller guerroyer en Dorrandin... Cela ne lui ressemble pas. Mais je dois avouer que je ne vois pas bien qui a pris cette décision... absurde... Lathiriel ?"
Il secoua la tête.
" Mais peu importe. Ce qui est fait, est fait, aussi dramatique cela soit-il. On ne peut qu'espérer que les gens apprendront de leurs erreurs."
Ce qui n'était pas gagné, vu le conseil actuel.
" Il y aura des élections anticipées, alors ? C'est ce que pensent les gens ?"

[Voyageuse]

" Pour le moment, les gens n'en pensent pas grand-chose. Ils grognent, certains appellent à démission. C'est plus Longuehune qui voulait en découdre, il semblerait... mais on n'a jamais bien su. Tout ce que voient les lumeniens, c'est que la guerre a coûté cher et que Maelwedd augmente trop les impôts tout en qu'on sabrant dans les dépenses publiques qu'il juge secondaires... et il le fait de façon trop directe, bien sûr, sans négociation possible. La grogne s'intensifie à des niveaux que j'ai rarement observé, et commence à s'organiser, avec des manifestations qui se relaient dans des points clés de la cité. Le bruit court que ça crée de très fortes tensions au sein de Conseil. Entre Maelwedd et Longuehune surtout. Les faire codiriger la cité n'était pas la plus brillante des idées... Donc je pense qu'on finira par arriver à ses élections anticipées, oui. A mon avis, avant l'hiver. A moins qu'une menace extérieure soude subitement la cité, ce qui ne semble pas se profiler le moins du monde."
Il haussa les épaules et sourit.
" C'est une bonne chose pour toi que tu sois au loin, sinon certains auraient pu voir en toi le candidat idéal..."

[Galathée]

" J'en doute. Je ne suis resté que huit mois au conseil et j'en ai démissionné face à l'adversité. La moitié des gens doit m'avoir oublié et l'autre moitié sait que je ne suis pas fiable en temps de crise. De surcroît, j'avais la légitimité du Temple, à l'époque. Je sais que la plupart des Luméniens n'entendent rien aux subtilités de la politique, mais ça fait de moi un candidat plus que discutable. Et je n'ai, effectivement, pas l'intention de rester."
C'était à cause d'Hubert, en réalité. Si le paladin n'avait pas été là, il aurait sûrement replongé dans la mêlée...
Il se morigéna intérieurement. Penser de la sorte était indigne, et stupide : si Hubert n'avait pas été là, rien ne serait pareil, à aucun niveau, évidemment. Il ne serait peut-être même plus de ce monde ! Albérich n'était pas prêt à troquer le bonheur et la lumière contre des chimères douloureuses et stériles. Le Planétar avait parlé de voies divergentes mais le clerc était certain que ce n'était pas celle-ci qu'il devait emprunter.
" Par contre, tu pourrais te présenter. Tu as l'expérience et tu as Lathandre. Je suis certain que tu serais populaire."

[Voyageuse]

Alaric se mit à rire.
" Ah, non, tu ne vas pas t'y mettre ! Figure-toi que certains, ici, m'ont déjà suggéré de me présenter aux prochaines élections... Avec plein de bons arguments, sur l'importance d'avoir un lathandrite au conseil notamment. Mais franchement, je n'en ai aucune envie. Avoir à la fois la responsabilité du temple et de la Ville, ça me semble beaucoup pour un seul homme. Tu avais probablement plus d'énergie que moi. Je suppose que c'est une question d'âge... "
Il avait toujours eu l'air plein d'énergie, pour son âge, mais il n'en avait pas moins vingt ans de plus qu'Alberich.
" Je suis là pour servir Lathandre, et si cela passe par des responsabilités politiques, je le ferai, mais je pense que ce serait un mauvais choix. En plus... Je ne voudrais pas que certains candidats adverses fouillent dans des histoires anciennes pour chercher à me porter préjudice, cela pourrait rejaillir sur l'église. S'il faut un lathandrite au conseil, et ce n'est effectivement pas une mauvaise chose, alors je préférerais trouver un autre volontaire. D'ailleurs, si tu as des idées de noms..."

[Galathée]

" Non." dit simplement Albérich, et c'était la vérité.
Personne ne lui avait jamais semblé avoir envie d'une telle chose, et lui-même n'y avait jamais songé avant que l'opportunité ne se présente de manière imprévue. Il fallait avoir une prise avec le réel, et la crasse du réel, que beaucoup de Lathandrites négligeaient en demeurant, à travers tout, optimistes. Cela n'incitait pas toujours à l'action, un peu paradoxalement.
Maelwedd était en disgrâce, Longuehune se faisait vieux, Lathiriel était évidemment quasi immortelle, mais c'était une elfe, et en cela, elle serait toujours un peu au-dessus des turpitudes humaines. Il fallait espérer que des candidats valables se distingueraient. Mais il fallait aussi arrêter d'y penser.
Cela ne te concerne plus, songea-t-il.
Il avait fait suffisamment d'erreurs, à Solarcis et ailleurs, pour savoir qu'un homme seul ne sauve jamais le monde. Mais si le processus était respecté, si des gens volontaires étaient nommés, il y aurait moyen de préserver l'esprit de la cité et de l'aider à rayonner à nouveau, en dépit des dictatures, de la guerre, et de l'ombre.

[Voyageuse]

L'aubemestre l'observa quelques instants en silence, faisant tournoyer ce qui restait de son apéritif dans son verre, puis se leva pour aller fouiller dans un tiroir de son bureau.
" Tu es lumenien fit-il dans un soupir, et tu as toujours été attaché à ta ville. Tu as tes racines ici, contrairement à moi. Et je le répète, je suis certain que si tu voulais prendre des responsabilités en ville, ce serait très bien accueilli par les lumeniens. Bien évidemment, je sais qu'il t'était nécessaire de prendre un nouveau départ, et que c'était plus simple de le faire au loin. Mais sache que tu as toujours ta place ici, parmi nous, si tu souhaites revenir... et je pense que cela se produira tôt ou tard. Mais c'est peut-être encore trop tôt, pour toi.... même si je te trouve totalement rétabli, bien plus en forme que je n'osais l'espérer. Te voir ainsi me fait vraiment chaud au coeur. "
Il revint s'asseoir, un sourire chaleureux sur les lèvres et un pli à la main.

[Galathée]

" Je ne pourrais pas rester ici, Alaric. Pour des tas de raisons. Dans vingt ans, peut-être. D'ici là, je me contenterai de vous observer de loin, en espérant... mais j'ai foi, bien sûr... que les choses tournent au mieux."
Il désigna le pli que tenait l'aubemestre.
" C'est le courrier de Molwen ?"

[Voyageuse]

" Oui, acquiesça-t-il en le lui tendant. Je dois avouer que j'ai été un peu surpris de le recevoir... Mais j'en ai déduit que ta visite était probablement pour bientôt. Peut-être compte-t-il te proposer une place là-bas, qui sait ?"
La phrase était dite sur le ton de la plaisanterie, bien sûr.
" Y avait-il autre chose dont tu souhaitais me parler, avant que nous rejoignions le réfectoire ? Ne t'en fais pas pour l'heure, ils nous attendront..."

[Galathée]

" Non. Comme je te l'ai dit, je n'avais pas d'objectif précis en venant à Luménis. Il me semblait juste... peu opportun de passer dans les environs comme un voleur. Je venais dire bonjour... et au revoir."
Il était quand même curieux de lire ce pli.
" N'en prends pas ombrage, mais je dois savoir ce que me veut Molwenn... C'est trop... bizarre venant de sa part."
Il ouvrit donc le courrier, qui disait ceci :

Cher Albérich

J’ai appris de sources bien informées que tu avais quitté ta cité perdue pour te rendre dans le sud. Je te serais extrêmement reconnaissant de bien vouloir placer le temple d’Eredhun sur ton itinéraire, idéalement avant le solstice estival.
En te remerciant d’avance,
Que Lathandre veille sur toi (mais qui en doute encore ?),

Molwen

PS. C’est urgent.
PS 2. Ne pose pas de questions à Alaric, il n'est pas au courant.

Albérich demeura stupéfait devant la missive. Il la retourna mais il n’y avait rien d’autre au verso. C’était bien l’écriture de Molwen, sans aucun doute possible. Mais c’était fichtrement laconique, même à l’aune des standards de l’aubemestre eredhin.
" Diable, il n'a pas changé, grommela-t-il. On ferait peut-être bien d'aller manger."

[Voyageuse]

Alaric fronça les sourcils.
" Tu sembles... contrarié. J'espère que ce n'est pas une mauvaise nouvelle ? Enfin... excuse-moi, je ne veux pas me montrer curieux. Ce que contient la lettre ne me regarde pas."
Il sourit avec douceur.
" Je sais qu'il peut se montrer parfois un peu direct...."

[Galathée]

" Il me mande, c'est tout."
Il haussa les épaules.
" Bah, Eredhun était sur la route, ça ne change pas grand chose à nos plans."

[Voyageuse]

Alaric sourit.
" C'est effectivement une étape incontournable, dans le cadre d'un pèlerinage comme le tien. Tu le salueras de ma part, si tu y penses..."
Se levant de son fauteuil, il ajouta.
" Mais rejoignons les autres. Ils doivent nous attendre... Enfin, toi surtout. Moi, ils me voient tous les jours. Tu es prêt à faire face à la vague de salutations qui t'attend?"

[Galathée]

" Prêt, je ne suis pas sûr, mais je vais y survivre." dit-il avec un sourire, en se levant.
Il n'avait pas complètement mesuré ce qui allait suivre. Mais en même temps, les deux personnes qu'il aurait eu le plus d'émotion à revoir, Tybert et Marcus, n'étaient plus au Temple. Les autres, Céleste, Perran, Rachel, Florent, Tallad ou Blaise, il était capable de les affronter avec flegme. Peut-être pas Céleste. Mais l'un dans l'autre, il ne les craignait pas. Il savait que leur bienveillance excéderait toute rancune qu'ils auraient peu ressentir suite à sa fuite hivernale.


HRP : on n'est pas obligés de rpéer la suite, à moins que tu n'aies de grandes idées... Je peux faire un court résumé, ou toi, si tu as de l'inspiration

[Voyageuse]

HRP : non, pas de projets spéciaux, on peut résumer (et pour ça, tu connais le temple et ses clercs bien mieux que moi ), sauf peut-être s'il profite du repas pour parler à Perran de la Forêt Maudite (il me semble que c'est dans ses projets)

La vague de salutations fut moins impressionnante que ne l'annonçait Alaric.
La plupart des clercs étaient déjà attablés, et il y eut un instant de silence lorsque tous les regards se tournèrent vers eux à leur entrée, le genre d'instant qui aurait pu précéder des applaudissements, mais il n'en fut rien et les discussions reprirent, plus animées peut-être, tandis que des sourires réjouis illuminaient la plupart des visages. Céleste, Tallad et Perran se levèrent simultanément de leur siège pour leur faire signe de les rejoindre : ils s'étaient installée à la plus grande des tables, et Alberich vit que deux sièges leur avaient été réservés, à Alaric et lui-même: il se trouvait placé en quelque sorte à la place d'honneur, à la droite de l'aubemestre, et à proximité immédiate des clercs dont il avait pu, autrefois, être le plus proche, même s'il manquait son ami Marcus.
Il dut serrer un certain nombre de mains au passage, recevoir maintes salutations et paroles de bienvenue, avant de pouvoir gagner son siège. Chose inhabituelle, un petit verre d'alcool fruité avait été servi en guise d'apéritif, ce qui était une façon comme une autre de signifier que son retour était un événement qui méritait d'être fêté dignement.