[Lieu] Le Domaine d'Averlande

[Galathée]

" La vérité est toujours dans les livres, dit Haran avec un large sourire.
— Dans les vôtres, ça reste à voir, fit Elsa avec les yeux au ciel.
— Je serais curieux de voir ce fulcifer. Est-ce qu'il crache du feu ?
— Je ne crois pas, s'exclama Victor. Mais ce serait trop génial !
— Bien sûr... Hum... Je pense que je pourrais en tirer quelque chose. Un enfant reçoit un fulcifer... mignon comme tout... mais il ignore... qu'il ne doit pas l'approcher des braises... et jamais, jamais le nourrir après minuit, sans quoi il arrive des choses terribles... Il se multiplie au contact de la flamme et s'il est nourri, il se métamorphose en une créature démoniaque, qui sème le désordre et la terreur...
— Voulez-vous bien vous taire ! s'exclama Elsa. Il y a des enfants !
— Des enfants qui ont été à Mélandis et combattu des ogresses, des sorcières et des vampires. Ils devraient s'en tirer. C'est vous qui craignez les cauchemars."

[Taliesin]

Le barde, l'air très sérieux, se tourna vers Victor.
-Par mesure de précaution, nous veillerons à ce que Fulcifer ne s'approche d'aucun feu. Y compris de la flamme des bougies. Et je compte sur toi pour ne plus lui donner de mouches après minuit. Hum, après onze heures, même : autant ne prendre aucun risque.
Autant continuer en se sens, continuer à faire en sorte de détendre l'atmosphère. Peut-être cela aurait-il un effet bénéfique sur l'humeur du maître des lieux.

[Galathée]

Victor s'engouffra dans la brèche.
" Mais s'il se multiplie à la flamme... Je pourrais juste le multiplier, mais pas le nourrir, non ?
— Est-ce que c'est minuit sur l'heure de Maztica ou sur l'heure d'ici ? demanda Baptiste, se prenant au jeu.
— Oh, mais c'est un démon maztican, en plus ! C'est votre genre, Maurin, non ?
— Il n'y a pas de trésor !" s'exclama leur hôte, exaspéré, tandis qu'Elsa riait.

[Taliesin]

Le barde décida de rebondir sur le sujet - tout en espérant ne pas commettre d'impair vis-à-vis de leur hôte. Mais puisque d'autres le faisaient...
-Faut-il en déduire que le trésor caché dans le domaine est d'origine mazticane ? Si tel est le cas, Fulcifer pourrait peut-être nous aider à le découvrir. J'aurais même tendance à penser que sa présence ici n'est pas un hasard. Non, si Victor l'a gagné juste avant notre départ, s'il l'a amené jusqu'ici, j'y vois plutôt la marque du destin.

[Galathée]

Si Elsa et Haran rirent joyeusement, Maurin parut encore plus désespéré.
" Mais il n'y a pas de trésor. Il n'y a jamais eu de trésor. Pensez-vous vraiment que s'il y avait eu un trésor, ce manoir serait dans un état pareil ? Sans parler du reste..."
Il ne termina pas sa phrase. Haran posa la main sur son épaule.
" Nous plaisantions. On sait très bien qu'il n'y a pas de trésor. En or et pierreries, du moins.
— Que voulez-vous dire ?
— Oh, pitié, Elstephann, ne soyez pas lyrique ! Ça ne vous va pas du tout ! s'exclama Elsa.
— Ne vous moquez pas des trésors du coeur !" s'exclama l'écrivain d'un ton mélodramatique.
Victor échangea un regard interdit avec Taliesin tandis que Baptiste observait ces incompréhensibles adultes avec stupéfaction.
" Ça aurait été mieux un vrai trésor..."

[Taliesin]

Il sourit.
-Allons : il y a déjà un souterrain, des pierres levées... En aurais-tu imaginé autant avant d'arriver ? Pas moi, en tout cas. Et je suis sûr qu'il nous en reste encore beaucoup à découvrir.
Ses mots n'étaient pas destinés qu'à Victor : indirectement, il espérait contribuer à rasséréner le sieur d'Averlande.

[Galathée]

" En plus, un trésor, vous en avez déjà trouvé un, sur Mersant, remarqua Baptiste.
— Un trésor en plus des sorcières, des ogresses, du vampire, de Mélandis, du fulcifer démoniaque de Maztica... J'achète !" s'exclama Haran.
Maurin avait l'air quelque peu dépassé.
" En fait, vous allez trouver cet endroit incroyablement assommant... dit l'écrivain. De la pluie. Des cailloux. Des moutons. Du miel. Maurin, il va falloir qu'on organise quelque chose !"
Le maître des lieux parut horrifié à cette perspective.
" On pourrait invoquer un démon. Miranda, vous en pensez quoi ?"
L'adolescente soupira.
" Ce serait sûrement plus comique que ce qui se passe dans ce coin d'ordinaire..."

[Taliesin]

Taliesin sourit.
-Je n'ai rien contre le calme. Au contraire : ce n'est pas pour rien si nous nous sommes installés dans une ferme aux abords de luménis, dans un coin de campagne aussi agréable que paisible. Rien de particulier ne s'y passe et ça me va très bien comme ça.
Il aurait pu plaisanter, dire que les amateurs de péripéties seraient servis puisqu'il s'en déclenchait partout où il allait. Mais cela aurait été fort peu stratégique vis-à-vis du sieur d'Averlande qui, déjà, devait le considérer comme quelqu'un de trop aventureux pour le bien de son fils.

[Galathée]

" Je comprends, vous devez avoir besoin de repos entre deux rencontres surnaturelles, dit Haran. Je n'ai jamais eu d'elfe du soleil comme héros. Je pourrais y réfléchir... Mais mes lecteurs aiment bien s'identifier à mon personnage principal et vous autres, elfes, avez de telles capacités, que ça fait tout de suite un peu... moins risqué. La preuve : vous êtes toujours vivant !
— C'est parfois moi qui ai sauvé les gens, intervint Victor, un peu vexé. Quand je suis fâché, d'ailleurs..."
Baptiste lui flanqua un coup de pied sous la table et il glapit.
" Oui, enfin, hum. D'accord."

[Taliesin]

Restait à rebondir là-dessus tout en noyant le poisson. Pas évidemtn mais... pas infaisable.
-Si vous cherchez un héros auquel vos lecteurs pourraient plus facilement s'identifier, Victor serait effectivement une bonne source d'inspiration. Il a traversé des épreuves terribles et à toujours su faire face d'une manière proprement remarquable. J'ai de quoi être fier delui, et pas qu'un peu.
Il sourit.
-Le problème, c'est que je lui ai déjà fait signer un contrat d'exclusivité faisant de moi la seule personne ayant l'autorisation d'écrire ses aventures...
Dernière remarque évidemment prononcée sur le ton de la plaisanterie.

[Galathée]

" Ouais, j'attends toujours de voir le premier tome !" s'offusqua le petit garçon en croisant les bras.
Haran rit joyeusement.
" J'ai déjà plusieurs romans dont les protagonistes principaux sont des adolescents... mais pas encore d'enfants aussi jeunes...
— Je suis pas SI jeune !
— Trop pour la censure, je le crains. En tout cas dans mon créneau. Jusqu'ici, les autorités poussent des hauts cris, mais je n'ai rien écrit de répréhensible... Si je commençais à massacrer des enfants... Je pense que j'aurais des soucis.
— Bien heureusement, dit Elsa avec un haussement de sourcils.
— Je suis certain que vous êtes le plus à même de rendre gloire à votre jeune sujet. Après... c'est normal que ça prenne du temps..."

[Taliesin]

-C'est aussi que je souhaite le préserver, ne pas l'exposer trop tôt à la notoriété. Si tous ses exploits étaient connus, et à moins que je ne minimise grandement la réalité, Victor serait poursuivi par des myriades d'admirateurs où qu'il mette les pieds...
Son ton était toujours léger : l'objectif était de continuer à détendre l'atmosphère. Mais aussi d'apaiser son fils en le mettant en valeur : après tout, il ne l'avait pas contredit une seule fois.

[Galathée]

" Vous faites bien. On a toujours envie d'admirateurs, mais une fois qu'on en a... la vie devient beaucoup plus compliquée !
— C'est à cause de toutes ces demandes en mariage, je suppose... railla Elsa.
— S'il n'y avait que les demandes en mariage... Il y a des demandes... et des envois... beaucoup plus déstabilisants que ça. Je ne le souhaite à personne, et sûrement pas à un gamin de 10 ans."
Il se leva.
" Et je vais me resservir, parce que, Maurin, vous pourrez féliciter votre cuisinière, une fois de plus."
Le seigneur d'Averlande poussa un bref soupir une fois que l'écrivain se fut esquivé. Elsa rit en secouant la tête d'un air entendu.
" L'inspiration creuse, il faut croire."

[Taliesin]

-Il faut croire, oui. Mais il faut également reconnaître que ces mets sont délicieux : je ne tarderai pas, moi-même, à me resservir.
Il avait mangé moins rapidement que Haran ; pour autant, il savait qu'il ne serait pas long à retourner au buffet.
on, il n'avait pas besoin de se forcer pour faire honneur au repas qu'on leur avait servi. Il espérait seulement que leur hôte, qui semblait ne pas rouler sur l'or, n'avait point trop dépensé dans le seul but de lui être agréable, ainsi qu'aux enfants. Mais sans doute en allait-il toujours ainsi lorsqu'il recevait des convives.

[Galathée]

" Et vous, vous faites quoi, Monsieur d'Averlande ? demanda alors Victor. Vous êtes aussi un artiste ?"
Baptiste fit les gros yeux à son frère, mais c'était trop tard.
" Moi... Je ne suis pas un artiste, non... et pour l'instant, je crains de ne pas faire grand chose...
— Comment ça, pas grand chose ?
— Vous êtes dur avec vous-même, Maurin." dit Elsa avec un regard compatissant.
Le jeune seigneur lui sourit, sans joie, puis revint à Victor.
" Pour l'heure, je règle des papiers, principalement. Qui me viennent de mon père et de ma défunte épouse. Une fois que tous ces papiers seront... réglés... Je pourrai faire autre chose. Mais pour l'instant, c'est prématuré. Parce que je ne sais pas encore exactement ce que je peux me permettre de faire."
Victor avait l'air de n'avoir rien compris et lui retourna une grimace incrédule.

[Taliesin]

-Je ne puis que compatir et vous souhaiter bon courage, messire, intervint le barde.
Puis, à Victor, dont il espérait éclairer la lanterne :
-Les papiers. Les démarches administratives. Tu sais comme ta mère et moi raffolons de ça...
Non qu'ils aient souvent à s'infliger semblables corvées. Mais lorsque cela arrivait, c'était toujours très désagréable.

[Galathée]

" Je vous ai jamais vus avec des papiers, dit Victor. En général, Galathée est plutôt couverte de poils."
Il haussa les épaules. Maurin eut un sourire désolé.
" Je vais aussi aller me resservir, sinon j'ai bien compris que Messire Haran allait tout manger."
Et il joignit le geste à la parole. Baptiste avait l'air mortifié.
" Un barde a besoin de papier pour écrire, tout de même, non ?" dit Elsa avec humour.

[Taliesin]

-Certes. Mais il y a une différence entre noircir une feuille blanche de notes ou de mots et remplir des formulaire ou signer des documents dont il faut prendre grand soin de lire les petites lignes...
Ce qui leur était arrivés quelquefois, quoique Victor n'y ai pas prêté attention. Et ce qui lui était arrivé plus encore avant que le gamin et sa mère n'entrent dans sa vie.
-Mais puisqu'il est question de notes... Accepteriez-vous de me parler de votre travail ?

[Galathée]

Elsa sourit.
" Avec plaisir. Comme Maurin, je suis originaire de la région. Mon père était luthier et ma mère, à ses heures perdues, harpiste. La musique a toujours fait partie de ma vie, et en bon enfant du pays, mon répertoire est surtout traditionnel. Je joue de plusieurs instruments... et je compose des arrangements. Je me produis en général avec un groupe de trois ou quatre musiciens, toujours les mêmes, depuis de longues années."
Elle se tourna vers sa fille.
" J'ai essayé d'intéresser Miranda à la musique, mais ça n'a pas pris. Elle a pourtant une excellente voix.
— Oh pitié." soupira l'adolescente.
Sa mère haussa les épaules sans se départir d'un sourire blasé, signe qu'elle avait l'habitude de ce genre de réponses.
" Et vous ? Etes-vous surtout dans la musique elfe ?"

[Taliesin]

-En fait, j'ai grandi et passé le plus clair de mon existence parmi les humains : c'est donc surtout à leur répertoire que j'emprunte. Toutefois, mon maître était elfe et il m'est arrivé de jouer pour des auditoires elfiques : j'ai donc aussi quelques connaissances en ce qui concerne la musique de mes semblables. Pour le reste, je joue principalement de la harpe ainsi que d'autres instruments à cordes, si l'occasion s'en présente.
Il sourit.
-Et rassurez-vous : les plus grands de mes enfants sont aussi très peu portés sur la musique. Je garde espoir pour les petits derniers mais... On verra bien.

[Galathée]

" Ça me soulage, effectivement." dit Elsa en riant.
Miranda leva les yeux au ciel. Sur le chemin de retour du buffet, Elstephann Haran avait été harponné par les halfelins. Victor s'était arrêté devant un meuble vitré qui renfermait divers petits objets. Maurin s'éclaircit la gorge puis se tourna vers Baptiste.
" Si la musique ne t'intéresse pas, as-tu déjà des vues sur autre chose ?"
Le gamin jeta un regard effrayé vers Taliesin, comme s'il attendait de l'aide, mais répondit néanmoins.
" Je... heu... J'aime bien... surtout... la cuisine."
Maurin et Elsa sourirent.
" Tu es bien tombé, alors. Meg est un cordon bleu. Elle connait toutes les recettes du terroir... et bien d'autres, surtout de Maztica, dit la musicienne.
— Je te la présenterai, si tu veux." ajouta Maurin.
Il avait quand même l'air un peu décontenancé. C'était, il fallait bien l'avouer, une passion originale chez un gamin de dix ans.

[Taliesin]

Une cuisine aux portes grandes ouvertes, une cuisinière plus que douée : nul doute que cela aiderait Baptiste à se sentir à son aise !
Le barde renonça, comme il en avait d'abord eu l'impulsion, à dire que le gosse avait d'autres centres d'intérêt : mieux valait qu'il le fasse lui-même, quand il se sentirait prêt. Au contraire, il préféra rebondir sur sa réponse :
-Non seulement Baptiste aime la cuisine mais, de surcroit, il est doué en ce domaine : Victor e tmoi pouvons en témoigner.

[Galathée]

" Et bien, peut-être pourrions-nous te céder la cuisine un de ces jours, proposa Maurin. Enfin, il faudra négocier avec Meg... Elle est assez territoriale. Mais je suis sûr que si tu montres patte blanche, elle pourrait se laisser séduire...
— Evidemment, avec Trévor, elle va avoir des a-priori…
— Trévor n'est pas un mauvais garçon, c'est juste qu'il a tout le temps faim."
Il se tourna vers Baptiste.
" C'est le fils de ma palefrenière, Kathleen. Il a peu près ton âge. Vous le verrez sans doute demain... Il est très curieux de te rencontrer."

[Taliesin]

Un autre gamin résidait don ici. Et, une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, le sieur d'Averlande ne semblait pas du genre à interdire à son fils de jouer avec les enfants de ses employés. Voilà qui le réconfortait : certes, il n'y avait pas vraiment pensé jusqu'ici mais si Baptiste avait être le seul de son âge à vivre en une demeure si isolée, ç'aurait pu être rude, pour dire le moins.
Cette annonce du maître des lieux contribua donc à le rassurer encore un peu plus. Car oui, il était globalement rassuré. Cela rendrait peut-être les choses un peu moins douloureuses pour Galathée et lui.

[Galathée]

" Il y a beaucoup de gens qui travaillent ici ? demanda timidement Baptiste.
— Pour l'instant, six. Vous avez rencontré Lorcan, le garde-chasse, et Cormack, mon majordome, et aussi Ginevra. Il y a Meg, en cuisine, et donc Kathleen, qui s'occupe des chevaux, et puis finalement mon valet, Arzhel. Il aide en cuisine ce soir... pour faire face à l'affluence."
Maurin paraissait légèrement embarrassé.
" Tu dois te dire que ça fait beaucoup pour un seul homme. Ce n'est pas faux. Mais c'est... ainsi que les choses ont toujours tourné à Averlande, et le manoir nécessite un certain entretien... Enfin bref. Six, donc."

[Taliesin]

Il es pouvait que leur hôte ait dû récemment licencier une partie de son personnel car il lui semblait bien que, dans sa lettre, Mathieu avait mentionné davantage de domestiques. Mais peut-être se souvenait-il mal...
Quoi qu'il en soit, le barde se garda d'intervenir. Le dialogue s'était établi, Baptiste osait poser des questions : nul besoin de venir interférer. Le mieux, dans l'immédiat, était d'adopter une attitude ouverte et détendue, pour contribuer à la bonne ambiance générale.

[Galathée]

Baptiste ne savait pas bien quoi répondre, cependant, et il se contenta d'acquiescer, avant de replonger vers son assiette. Victor avait été rejoint par la poétesse qui lui désignait certaines choses dans la vitrine. Maurin leur jeta un bref coup d'oeil. Le ton montait légèrement entre les halfelins et l'écrivain dans le salon, mais apparemment pas de manière négative : ils n'étaient simplement pas d'accord sur quelque chose. Personne ne paraissait s'en soucier, à part Miranda, qui se leva avec son assiette, se dirigea vers le bar mais opta finalement pour le manteau de la cheminée.
" Si j'ai bien compris, vous vivez dans une ferme... Nous avons aussi des animaux, ici... mais seulement des chiens, des chevaux, quelques chats et des poules...
— Et des abeilles, compléta Elsa.
— Et des abeilles, oui. Tout le monde a des abeilles, ici.
— Elles font du miel ? demanda Baptiste.
— Oui. Mais je n'en ai pas beaucoup. C'est Trévor qui s'en occupe. Il pourra te montrer, si ça t'intéresse."

[Taliesin]

-Si tu apprends de précieux secrets d'apiculture à cette occasion, je compte sur toi pour me les révéler ! dit-il à Baptiste.
Puis, se tournant vers le sieur d'Averlande :
-Nous avons installé quelques ruches, chez nous. Mais ce n'est pas moi qui m'en occupe et je crains fort qu'après avoir séjourné ici, notre petite production me semble bien fade : non que nos abeilles déméritent mais je doute fort qu'elles puissent rivaliser avec celles de la région d'Athrey, dont la réputation n'est plus à faire.

[Galathée]

" Le miel est toujours fonction de ce que les abeilles mangent, dit Maurin. Il n'y a pas de savoir faire humain là-derrière. Les vôtres produisent sans doute un miel de fleurs multiples, dans une campagne tempérée... et en fonction de la période à laquelle vous le récoltez, vous aurez plus ou moins de certaines essences dans sa composition... Lavande et tournesol en été, tilleul au printemps... Si vous avez de la luzerne ou du trèfle, vous pouvez aussi avoir du miel de ce genre. Ici, nous produisons du miel de bruyère et du miel de sapin, principalement, qui sont très spécifiques... mais c'est juste une question de climat."
Il haussa les épaules.
" De surcroît, nos abeilles visent avant tout à la cire. Le miel... c'est un produit secondaire. Il y en a, fatalement, mais ce n'est pas la base de l'économie de la région."

[Taliesin]

L'elfe acquiesça.
-Oui, c'est ce qu'on m'a expliqua à Eredhun qui, si j'ai bien compris, est le principal débouché de la cire produite à Athrey. A l'auberge, et dans le village, j'ai pu admirer le savoir faire de vos artisans, qui savent admirablement bien la travailler.
Ce n'était pas de la flatterie : il avait réellement apprécié ce qu'il avait vu.