[Lieu] Les collines Rouges

[ZOLTAN]

Pabon étudia les 4 piliers, ils étaient lisses avec l'emblème de Brandobaris gravé à 4 pieds de haut. Il ne pouvait pas y appliquer son empreinte de pied comme précédemment, c'était beaucoup trop haut pour lui.
Il toucha un emblème avec sa main, sans effet notable, puis un autre, pareil, les autres ne réagir pas plus.
Il recommença dans un ordre différent, puis en appuyant sur ceux qui étaient en opposition, rien.

- Eh Rufie, rien ne se passe avec les piliers. T'as une autre idée ?

[Kasumi]

Rufie avait suivi ses efforts avec un léger décalage sans jamais chercher à l'orienter jusqu'à ce qu'il lui demande son aide.

- ...devrait savoir... moi conçu... amulette... dangereux. Dois... puiser... sa... puissance.

Malgré les explications parcellaires du prisonnier, Pabon eut une idée de comment procéder. Son amulette était la clé, bien sûr. Mais elle agissait aussi comme un réceptacle. Peut-être permettrait-elle d'absorber la puissance des pilliers qui entravaient Brandobaris. Mais pourquoi alors celui-ci avaiot-il évoqué un danger ?

[ZOLTAN]

Pabon enleva l'amulette de son cou, elle était visible maintenant, le champ d'énergie situé entre les piliers semblait être la cause de cette réapparition. Il tendit le médaillon vers l'emblème de Brandobaris d'un des piliers. Le champ d'énergie devint rouge sang, il refit de même sur le suivant et des flammèches jaune apparurent dans le rouge, des bleues avec le troisième pilier, Rufie disparaissait maintenant dans le flot coloré.
Il approcha enfin du quatrième pilier mais retint son geste, Rufie avait parlé de danger après tout, il tendit enfin le médaillon contre le dernier emblème et le champ d'énergie devint uniformément marron, puis noir et soudain une lumière blanche intense remplaça les autres couleurs, un "pop" discret et tout disparu entre les piliers.

- Rufiiie ! où es-tu ?

Un grognement s'entendit derrière Pabon , Rufie rudement secoué, les habits fumants, tentait de se relever.

[Kasumi]

Il s'agissait bien de Rufie - il n'y avait aucun doute - mais il semblait différent : lorsqu'il fit un pas dans la direction de Pabon, il chancela et manqua de défaillir, son regard avait perdu sa lueur malicieuse et il semblait légèrement translucide. A l'inverse, le médaillon dégageait maintenant une lueur aveuglante et irisée et il iradiait de chaleur.

Le dieu tendit une main pour toucher l'épaule du halfelin mais ses doigts ne firent que lui passer au travers, engourdissant son épaule et lui faisant parcourir un frisson tout du long de l'échine.

- Je ne comprend pas... Je suis si faible. Qu'as-tu fait ?

[ZOLTAN]

- Ben crotte alors, t'es devenu un fantôme ! T'es pas mort au moins ?

Comme Rufie regardait ses mains avec horreur, Pabon tout attentif à la présence de son mentor, remarqua enfin l'éclat de la pierre accrochée à son amulette. Il se gratta vigoureusement la tête avec son autre main comme pour chasser une présence inopportune qui se serait logée dedans.

- Dis donc on dirait que l'amulette a absorbée ton énergie aussi, tu peux peut-être la récupérer en la touchant ? Enfin si tu peux la toucher.

Il tendit son médaillon vers un Rufie encore éberlué par son état.

[Kasumi]

Rufie se fit hésitant mais tendit tout de même la main vers l'amulette. Pabon sentit aussitôt une décharge aveuglante... Quand ses oreilles cessèrent de bourdonner et que les étoiles devant ses yeux commencèrent à se dissiper, il se rendit compte qu'il était à nouveau seul. Seul comme il ne s'était plus senti depuis sa rencontre avec Brandobaris, il y a plusieurs jours de cela dans un petit bois près de Luménis.

L'amulette à son cou vibrait toujours d'énergie mais la lumière et la chaleur s'étaient estompées elles aussi. Puis le halfelin sentit un poids douloureux mais rasurant sur son épaule : Charbon avait choisi cet instant pour réapparaître et enfoncer ses griffes dans sa chair.

[ZOLTAN]

- Eh ben, mon vieux Charbon, on est tout seuls maintenant ! Tu parles d'une aventure, on est bien avancé maintenant !

- Je ne suis pas vieux ! répliqua Charbon, mais il n'ajouta rien d'autre. La tête penchée il semblait écouter quelque chose.

[Kasumi]

Des bruits de grattement puis, plus clairement de pas se firent entendre dans un des couloirs. Charbon se mit à battre furieusement des ailes dans la direction de ce dernier avant même que des voix ne s'y fissent entendre :

- Il y a un courant d'air, on approche de quelque-chose.
- Tais-toi idiot, tu vas nous faire repérer !

Il ne restait probablement plus que quelques instants avant que les intrus ne pénètrent dans la salle et ne voient Pabon et son compagnon.

[ZOLTAN]

La pièce était trop éclairée pour que Pabon se dissimule sous sa cape de discrétion, le temps de la sortir de son sac à bretelles était aussi trop court, ils étaient trop proche.

- Rejoint la bague Charbon, j'ai une idée.

Une fois le corbeau disparu, il s'allongea en poussant de petits gémissements comme s'il était blessé ou malade.
Il était temps car les 2 espions débouchèrent dans la pièce.

[Kasumi]

Du coin de l'oeil, Pabon apperçut deux halfelins débouchant de l'embrasure de l'un des couloirs. Ces derniers ne mirent guère plus de temps à le localiser à en juger par leur interjection surprise. Plutôt que de s'approcher immédiatement, l'un d'entre eux mit une main devant la poitrine de son complice pour l'empêcher d'avancer :

- Fais gaffe, il doit y avoir d'autres pièges. Celui-ci a été moins malin que nous ! Avance prudemment pendant que je garde l'entrée !

Après une hésitation, l'autre s'avança avec une lenteur affligeante.

[ZOLTAN]

Pabon qui surveillait du coin de l’œil l'avancée prudente du comparse, se mis à gémir plus bruyamment.

- Pitié aidez moi, je suis victime de la malédiction du dieu, emmenez moi vite d'ici. Je sens venir son corbeau de la mort noire, je ne veux pas mourir, aidez moi !

Comme l'autre s'était arrêté, hésitant sur la conduite à tenir, il frotta sa bague et Charbon le corbeau apparu en battant des ailes.

- Quâââ, corbeau de la mort noire ?

Paniqué en entendant le corbeau parler, l'halfelin pris les jambes à son cou, immédiatement suivi par son complice.
Un clac suivi de cris de douleurs indiquèrent à Pabon qu'ils n'avaient pas désamorcé tous les pièges du couloir.

Pabon se tourna vers le corbeau mécontent du rôle que lui avait donné Pabon et lui demanda:

- Tu sais où se trouve Rufie ?

[Kasumi]

Malgré sa désapprobation, il transparaissait de l'attitude de charbon une certaine admiration pour la ruse de pabon et la réussite de son plan audacieux. Quand ce dernier l'interrogea sur Rufie, son expression se fit plus gravetout comme sa voix :

- Je ne sens plus sa présence à proximité. Mais n'aie crainte, s'il lui était arrivé malheur, je ne serais plus là. Peut-être s'est-il réfugié chez lui pour se régénérer ou alors il s'est souvenu d'une autre affaire importante : impossible à dire avec quelqu'un d'aussi imprévisible !

[ZOLTAN]

- Bon, alors on sort d'ici pour voir si les habitants ont des renseignements à me fournir sur ma famille. Je ne sais pas si c'est judicieux de leur dire qu'on s'est baladé ici, ils risquent de me poser des questions sur la manière dont je me suis introduit ici sans connaître la région.

[Kasumi]

Au moment où il allait rebrousser chemin, Pabon sentit un frisson lui parcourir l'échine et les poils de sa nuque se dresser. Il mit cela sur le compte d'un mauvais courant d'air jusqu'à ce qu'une voix se manifeste entre ses oreilles, directement dans sa tête :

- Mince alors ! C'est chaotique là dedans ! Désolé mon vieux mais je vais être obligé de t'accompagner un peu de cette façon. Foi de Rufie, je resterai discret comme je sais le faire !

[ZOLTAN]

Le moment de panique passé, et avoir compris que l'esprit de Rufie s'était réfugié dans sa tête, il regarda son médaillon où manifestement le corps de celui-ci s'était fait absorbé, la réunion des deux parties de Rufie risquait d'être un poil compliquée.

- Allons Charbon, je doute qu'on puisse faire grand chose pour Rufie en restant là, à moins d'une idée géniale que tu aurais, fait nous sortir d'ici rapidement. On pourra toujours y revenir plus tard, quand il aura retrouver sa forme.

En remettant sur son dos son sac à bretelles, il précisa:

- Ce serai bien que tu évites les pièges si tu peux, et n'oublie pas que je ne sait pas voler au dessus des fosses ou autres embûches.

Il remit son chapeau haut-de-forme cabossé avec précaution, craignant une réaction bizarre du nouvel hôte dans sa tête.

[Kasumi]

Comme promis, le nouvel hôte réfugié entre ses oreilles se montrait discret. Mais Pabon n'avait pas besoin de Charbon pour anticiper les piègs et déterminer le meilleur chemin à suivre pour atteindre son objectif. C'est comme si cet endroit lui était devenu extrêmement familier. Il n'accédait pas à ses souvenirs de manière consciente mais ceux-ci s'imposaient de manière instinctive. Peut-être qu'avec un effort de concentration - ce qui n'était pas sa plus grande force - parviendrait-il à découvrir certains des secrets du temple souterrain ? Toujours est-il qu'il se retrouva beaucoup plus vite à l'entrée que lors de son périple aller.

[ZOLTAN]

- Bien, merci Charbon, tu peux rejoindre la bague, j'ai vraiment très faim et je mangerais bien un gros en-cas à l'auberge, je pense qu'ils ont bien débattu de mon cas maintenant, j'ai hâte d'entendre ce qu'ils vont m'apprendre.

Il se restaurait d'une excellente soupe épaisse, quand l'aubergiste s'approcha avec un air pénétré et redemanda en chuchotant à Pabon les noms des personnes qu'il cherchait. Pabon s'exécuta et l'aubergiste soulagé que ce dernier avait bien répété les même noms que précédemment pris une bouffée d'air et hocha la tête avec un clin d’œil aux autres halfelins présents.
Pabon compris qu'il allait avoir enfin les renseignements souhaités. Au moins maintenant il n'était pas pompette comme la dernière fois.

[Kasumi]

L'aubergiste fit un signe caballistique aux autres halfelins et tous se mirent aussitôt en mouvement : la plupart sortirent alors que deux autres s'empressèrent de verrouiller les issues avant de les rejoindre à la table de Pabon. L'aubergiste reprit calmement la parole après cet étrange balet :

- Ce n'est pas une histoire que nous racontons à la légère, et certainement pas à des étrangers à la communauté. Heureusement, tu as prouvé que tu étais digne de l'entendre. Nous sommes des fidèles de Brandobaris. A ce titre, nous protégeons l'église de la mésaventure et ses représentants depuis des générations. Ceux que tu as évoqué en faisaient tous partie de leur vivant.

Il fit un nouveau signe à l'un des halfelins qui se dirigea derrière le comptoir et actionna un mécanisme. Un cliqsuetis se fit entendre et le tenancier se leva en ajoutant :

- Je suis un mauvais conteur mais heureusement, ils ont laissé un récit à ton attention pour le jour où tu reviendrais prendre de leurs nouvelles. Nous devons nous rendre dans la salle centrale de notre ancien temple. Mais je crois que tu y es déjà allé, n'est-ce pas ?

HRP : je te laisse nous emmener jusqu'à la salle des pilliers.

[ZOLTAN]

Pabon compris que ceux qu'il cherchait étaient morts, et cela l'attrista plus qu'il ne l'aurait cru, il ne les avait pas connu mais s'y était attaché durant cette quête. Il s'ébroua et se dirigea vers la trappe en rougissant, il pensait que personne n'avait remarqué son expédition souterraine.

Il chemina un temps en désamorçant les pièges indiqués par les deux halfelins qui l'accompagnait, l'aubergiste étant resté à surveiller la trappe d'accès, puis reconnu le chemin qu'il avait déjà parcouru plus tôt dans la journée. Ils arrivèrent peu de temps après à la salle aux piliers.

- Il y a deux halfelins qui sont tombés dans une trappe par là-bas, il faudrait mieux que vous vous en occupiez car s'ils sont coincés ils ne sont pas sourd. Il déposa son sac à bretelles et mis son chapeau dessus.

L'un des deux halfelins se dirigea vers l'endroit indiqué, des cris s'élevèrent puis un grand silence se fit. Il revint en indiquant par une mimique qu'ils dormaient maintenant.

- Vous les avez pas tués au moins !

- Non ils dorment, on va les interroger plus tard. Bien maintenant on est tranquille, je m'appelle Jojo Vive-rivière et voici mon cousin Linus.

- Enchanté, moi c'est Pabon.

[Kasumi]

Jojo, clairement le plus âgé des deux halfelins qui l'accompagnaient, désigna les pilliers que Pabon ne connaisait que trop bien.

- On se raconte souvent une histoire, au village. Certains y accordent autant d'importance que s'il s'agissait d'une prophétie. Il est question du retour d'un jeune étranger qui n'en est pas un. Quelqu'un qui chercherait ses origines. Cela pourrait être banal et sans importance mais il est aussi question du retour de Celui qui marche dans son ombre. Les plus optimistes - ou les plus pieux des anciens - l'interprètent comme l'annonce du retour de Brandobaris. D'autres y voient un ennemi caché. Moi je croyais juste que c'était des fables pour les gosses. Jusqu'à ton arrivée.

Le halfelin s'approcha encore des pilliers et fit signe à Pabon d'approcher.

- Toujours est-il que celui dont il est question dans l'histoire doit utiliser son talisman familial sur chacun de ses pilliers pour écouter le message que lui ont laissé ses ancêtres. J'espère que ça te parle. Sinon je crains qu'on n'entendra plus jamais parler de cette histoire au coin du feu.

[ZOLTAN]

Pbon s'avança vers les piliers et appliqua son médaillon sur chacun. Un murmure se voix s'élevait dans son cerveau mais rien de bien compréhensible à chaque fois. Le dernier pilier passé, une sorte de chant chorale résonna dans sa tête. Il déclama tout haut:

"Enfant de notre enfant, ramène le dieu de la discrétion à son autel, pose la pierre sur son front, le lieu caché de nos enfants lui apparaîtra et il t'y mènera afin de mettre fin à ta quête et mettre en déroute son ennemi de l'ombre"

Allons bon, encore une énigme à la noix, pensa Pabon. Que dire aux halfelins qui attendaient la réapparition de leur dieu, alors qu'il était éparpillé dans sa tête et dans son médaillon. Il mis son médaillon sur son front à tout hasard mais rien ne se produisit.
Le chatouillement qu'il ressenti prouvait qu'il n'était pas loin de la solution.

- Ben euh, votre dieu est bien revenu mais il ne peut pas vraiment vous parler actuellement. Il se gratta furieusement la tête et continua

- Je communique plus ou moins avec lui mais ce n'est pas très clair. Je pense qu'il faut que que je reste ici, mais appelez ceux qui le vénèrent, ils trouveront bien une solution pour m'aider à le comprendre. Il écarta les bras en signe d'impuissance et ajouta

- Vous êtes sûr que c'est ici l'autel de Brandobaris ? Je ne vois que des piliers ici et pas d'autel comme dans l'ancien temple caché près de la crique du croc plus au sud, à moins qu'il soit caché à la vue, ce serai bien dans son genre comme cachotterie.

[Kasumi]

Les paroles de Rufie lui revinrent alors en mémoire : le dieu - ou en tous cas l'avatar qu'il lui connaissait - s'était retrouvé prisonnier, non dans un lieu mais une temporalité différente. Se pouvait-il, dès lors, que l'autel ne soit plus, ou pas encore ? Si Rufie avait été là, il aurait certainement apprécié cette astuce parfaite pour dissimuler la solution de l'énigme. Mais, à supposé que cetté théorie fumeuse comporte un fond de vérité, comment serait-il possible de changer de temps ? Une partie de la solution vint de la réponse que lui fit son accompagnateur halfelin :

- Les anciens racontent qu'il y avait bien un autel ici. Mais pas n'importe quand : il n'apparaît que pendant les cérémonies. A l'aube et au crépuscule. Et seulement si le protocole est respecté à la lettre. Seulement, on a fini par arrêter d'en dispenser quand cela n'a plus rien donné pendant des mois. Je... Je vais chercher les autres. Peut-être que quelque-chose a changé avec ton retour !

[ZOLTAN]

- Oui, c'est sûrement le moment, j'en suis persuadé, allez vite, il ne faut pas rater l'heure pour que ça fonctionne et rassurez les autres, il n'est pas loin ! Les ronflements assourdissants des 2 intrus au fond de la fosse lui fit ajouter: Emmenez loin les deux espions, il ne faut pas qu'ils se réveillent lors de la cérémonie;

Ils repartirent, tant bien que mal, un halfelin ronfleur sur le dos, laissant Pabon tout seul. Il en profita pour appeler Charbon le corbeau de Rufie.

- Tu peux lui demander s'il va bien apparaître si on fait une petite cérémonie.

- Je croaaa que oui. Il pense que tu devra refaire ce que tu a déjà fait, une fois que l'autel sera là. Et il parti dans la bague aussitôt.

Pabon satisfait, fit une petite sieste en les attendant, le sol était dur mais il était épuisé et quelques minutes plus tard il dormait profondément.

[Kasumi]

Il sombra aussitôt dans un sommeil paradoxal où il fit un rêve bien étrange : il était toujours allongé où il se trouvait au moment de son endormissement mais ses yeux étaient grand ouverts en direction des pilliers. De nombreuses silhouettes diaphanes s'y détachaient et s'y mouvaient en une singulière chorégraphie. Certains marchaient en position accroupie comme s'ils cherchaient à se dissimuler, d'autres agitaient les bras en l'air au moment où d'autres encore mimaient un vol à la tire. La scène paraissait parfaitement ridicule mais, dans un éclat lumineux forcissait en intensité à chaque tour effectué par cet étrange tandem.

[ZOLTAN]

Pabon s'aperçu que ce qu'il prenait pour un songe se déroulait vraiment devant ses yeux ouverts, seul son esprit restait dans une sorte de stupeur. Il ne pouvait ni bouger, ni parler.

Après un certain temps, il compris que la sarabande était la manière de prier des adeptes de Brandobaris, puis après un temps encore plus long, une lumière plus intense apparue entre les piliers. Une sorte de U inversé remplaça la lumière, la partie sommitale était aplatie. Lorsque la lumière disparue complètement, un autel rustique était bien présent.

Il se leva et déambula en touchant les piliers avec son médaillon, tel un somnambule. Enfin toujours mi éveillé mi dormant, il posa le médaillon contre son front. Une lueur tenue apparue sur l'autel, mais rien d'autre ne se passa.

Les adeptes qui avaient cessé de bouger depuis l'apparition de l'autel, entonnèrent un chant sans paroles et la lueur grandie puis pris forme d'un halfelin habillé somptueusement, des bijoux à profusion sur tout le corps. Bien que les couleurs soient éclatantes, il restait transparent, une présence extraordinaire irradiait de cette présence. Pabon s'aperçu qu'il était le seul à être resté debout, tous les autres avaient mis un genou à terre. Il était maintenant bien conscient et attendit bouche bée la suite des événements.

[Kasumi]

Pabon ne pouvait s'empêcher de dévisager l'apparition divine. Il sut immédiatement qu'il ne s'agissait pas de son ami Rufie. En tous cas, pas uniquement de lui : il avait les mêmes traits, la même stature. Et certaines de ses mimiques lui rappelaient l'étrange compagnon qu'il avait rencontré dans un petit bois près de Luménis. Mais la présence était bien plus intense, bien plus écrasante. Il ne s'agissait cette fois plus d'un simple avatar, d'un simple aspect du dieu roublard.

Pabon apprit tout cela comme s'il l'avait toujours su, comme s'il se remémorrait un souvenir ou que ses moments passés avec Rufie l'avaient préparé à cet instant, à cette rencontre. Puis le dieu parla. De la voix de son ami :

- Bonjour Pabon.

Tous les fidèles se tournèrent vers lui, centre de l'attention d'un dieu.

- Suis moi ! Les tiens ont beaucoup à te dire.

Le dieu se tourna vers un portail qui venait d'apparaître à cet instant et s'y enfonça. Pabon reprit alors le contrôle de ses fonctions motrices et de son jugement.

[ZOLTAN]

- Ben crotte alors !
Son cerveau n'avait manifestement pas retrouvé son acuité habituelle, il se tourna vers l'assemblée d'halfelins présentement dans une sorte d'extase et demanda à la volée:

- Vous pensez que je doive le suivre ? et Jojo lui répondit sur le même ton que sa première réflexion:
- Ben oui ballot ! et il désigna avec un doigt tremblotant le portail.
- Bon ben, à plus tard. et il disparu dans le portail, chapeau de travers et son sac à bretelles sur le dos.

Les halfelins se précipitèrent pour toucher l'autel une fois que le portail eut disparu. Une fois sûr qu'il était bien présent, ils se mirent à parler tous ensemble dans un brouhaha joyeux: Brandobaris était revenu et il reviendrai sûrement car son autel rayonnait encore de sa puissance.

[Kasumi]

Pabon, quant à lui, fut happé par le portail et se retrouva dans un lieu sombre et austère, comme le temple qu'il venait de quitter. Ses pas sur le sol lisse et dur étaient étouffés par une brume épaisse. Le halfelin distinguait une source de lumière proche mais chiche. Il s'agissait d'un braséro dans lequel dansait une flamme bleuemalgré l'absence de toute trace de vent. L'endroit pouvait sans peine être qualifié de froid et d'intimidant, aux antipodes de ce à quoi on aurait pu s'attendre pour un dieu affectionnant la plaisanterie et l'opulence.

Alors qu'il faisait un pas vers la lumière, Pabon ressentit une pression sur son épaule et se retourna pour se retrouver face à Rufie. Il s'agissait bien de lui et non de la présence écrasante qu'il avait entrevue un instant plus tôt :

- Désolé de t'accueillir dans ces conditions : nous avons déjà fait pas mal de chemin mais il reste beaucoup de travaux à réaliser...

Rufie lui désigna le braséro qui devint flou. Un plissement d'oeil plus tard et se tenait un halfelins sans âge à sa place. Il était légèrement translucide mais ils respirait tout de même la vie en comparaison avec l'ambiance du lieu.

- Je te présente l'un de mes plus fervents fidèles : Pan Rosépine. Pan, voici Pabon.

[ZOLTAN]

Pabon s’inclina tellement fort que son chapeau glissa à terre, puis s’épancha dans un indescriptible flot verbal sur son histoire, ses aspirations à retrouver sa famille, à devenir barde et il termina par une consternante déduction :

- Vous comprenez, j'aimerai connaître mon vrai nom car Pabon ça fait pas très sérieux pour devenir barde. Comme vous devriez être mort, vous pourriez vous renseigner auprès des autres morts sur tout cela. Pas vrai ?

Rufie se tordait de rire derrière lui, attendant le moment où Pan lui annonce qu'il était non seulement son grand père mais aussi le célèbre barde Zizi Panpan, le héros de son enfance. Rufie était content de sa blague et comptait bien profiter de la réaction du dénommé Pandor Rosegrise à cette nouvelle. Il avait gardé le secret suffisamment longtemps pour savourer cet instant.

[Kasumi]

Il fallait bien la patience et l'abnégation d'un mort pour ne pas succomber aux discours sans fin de Pabon. Pan était heureusement libéré des contingences matérielles et son emploi du temps lui permettait sans nul doute d'écouter le jeune halfelin pendant des heures, voire davantage.

- Tu as fait un bien long chemin à la recherche de ta propre histoire. Quand on y pense, ce n'est pas si cureux que tous les bardes soient prêts à consentir ce genre de sacrifice : après tout, comment pourrait-on narrer les histoires des autres sans connaître la mesure de la sienne ? A commencer par l'histoire de ta naissance...

HRP : je me dois de laisser libre cours à ton imagination concernant le récit de cette dernière.