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Sierra-On-Line a publié nombre de bons jeux, et celui-ci ne fait pas exception. Développé par Software Sorcery et édité en 1995, Conqueror AD 1086 a certes vieilli en ce qui concerne le gameplay et les graphismes (ben, le jeu a quand même 24 ans à l'heure où j'écris ces lignes !) mais il a beaucoup de côtés attirants.
Le principe est assez simple : Guillaume le Conquérant règne sur l'Angleterre, et vous êtes adoubé chevalier à vos 18 ans. Vous avez 12 ans devant vous pour devenir le champion du roi en abattant le terrible dragon qui sévit sur le royaume, ou pour conquérir le pays en vainquant vos adversaires et en vous emparant de la couronne de Guillaume. Passé ce délai, vous serez trop âgé pour courir le monde...
L'écran du pays, pour se promener seul ou avec son armée. On constate que je suis toujours aussi doué pour trouver des noms à mes personnages.
De genre inclassable, tout simplement parce qu'il en cumule plusieurs à lui seul, le jeu a pour côté moins attirant le défaut de ne pas avoir suffisamment exploré chacun des genres auxquels il s'est attaqué. À chaque facette, on se dit : "dommage, il manquait cette petite idée pour rendre tout ça bien plus fouillé".
Alors, de quels genres parle-t-on ?
Londres, sa tour, son Big Ben, ses bus impériaux et son prêteur sur gages.
Du RPG (ahah
) : on crée son personnage ou on en sélectionne un pré-tiré. Notre personnage a plusieurs caractéristiques qui auront de l'influence sur ses capacités de combat (force, dextérité et endurance) et sur le regard que les autres auront sur lui (piété et honneur). Ces valeurs peuvent grandement évoluer durant la partie, selon les choix que l'on fait et les actes qu'on perpétue. Donner de l'argent à l'église fait augmenter la valeur de piété, tandis que piller des châteaux fait baisser l'honneur. Gagner des joutes en tournoi augmente la dextérité, gagner des mêlées et assaillir des châteaux également... etc.
Chaque scénette nous fait gagner un an et modifie (ou pas) certaines de nos caractéristiques selon nos choix mais aussi... nos caractéristiques ! Tenter de tuer un ours alors qu'on est un avorton mène rarement à une victoire éclatante... notez qu'on peut relancer les dés si nos choix ne nous conviennent pas ou si les tirages sont vraiment trop nazes.
On peut aussi se faciliter la vie et choisir un personnage prédéfini, mais c'est moins drôle.
On touche donc un aspect très intéressant, car le fait de pouvoir attaquer d'autres chevaliers ou se procurer de l'équipement pour affronter le dragon (et pouvoir s'en servir) dépend directement de ces caractéristiques !
La chasse au trésor est donc également partie intégrante du jeu. Pour avoir une chance de vaincre le dragon, il faut rassembler plusieurs artéfacts censés nous protéger de son souffle ou pouvoir simplement l'occire. Sauf que ces artéfacts sont possédés par des dames nobles que l'on peut rencontrer durant les tournois, et courtiser pour obtenir leurs faveurs. Et bien entendu, si vous être trop pieux ou au contraire, pas assez, vous intéresserez certaines de ces dames mais pas les autres... or, il faudra gagner la confiance de quasiment toutes pour obtenir l'équipement complet !
Saurez-vous faire chavirer le cœur d'une de ces nobles dames ? Ça marche mieux si vous remportez les joutes en portant leurs couleurs, en tout cas...
Tremble, misérable !
Durant les tournois, on rencontre également d'autres personnages, à la taverne (bande d'ivrognes). Certains peuvent vous prodiguer des conseils sur la gestion de votre domaine ou le pillage des autres châteaux, tandis que certains personnages ne réagissent que si vous courtisez une des dames. Vous en apprendrez alors davantage sur l'élue de votre cœur, vrai ou faux, à vous de faire la part des choses... les rumeurs vont bon train !
La Couronne de Cuivre, à Athkatla. Ah oups, non, mauvais guide.
Le vil fait payer ses renseignements à coups de cruches de bière ! Débauché, va.
À noter que l'ensemble des dialogues avec les personnages sont doublés en anglais, ce qui est probablement un des premiers (sinon le premier) cas dans un jeu vidéo. Et les doubleurs sont plutôt crédibles ! De plus, chaque personnage dispose d'une voix qui lui est propre. Excellent point de ce côté.
Dommage cependant : les nobles ne réagissent pas si vous vous êtes emparé de leur domaine... là encore, il manquait un petit effort pour obtenir une profondeur de jeu nettement plus réaliste.
Du FPS : que ce soit en mêlée durant un tournoi pour gagner un peu d'argent et humilier un autre chevalier, ou durant un assaut réel de château pour s'emparer de ses richesses, vous pouvez contrôler votre personnage s'il est à la tête de l'armée qui attaque le château ennemi, et ce à la première personne. Vous disposez de votre équipement de défense (armure, casque, bouclier), d'attaque (épées, haches, marteaux, massues, arbalètes) que vous aurez acheté ou volé durant d'autres assauts précédents... certains équipements ne sont accessibles que durant un assaut (les arbalètes et les carreaux) tandis que certaines rares épées ne sont disponibles qu'en les achetant chez un forgeron (beaucoup de villages et villes disposent d'un forgeron mais tous ne proposent pas un panel complet d'équipement).
Tata yoyo.
Les châteaux ne sont pas tous identiques, certains sont très basiques et en bois, d'autres labyrinthiques et en pierre. Il existe une petite dizaine de modèles, sur une grosse trentaine de châteaux à piller. On a donc un côté répétitif qui s'installe parfois assez vite. Dommage là encore.
De la gestion : entretenir un château coûte cher et demande de la main-d'œuvre. Vous devez nourrir, loger et protéger vos serfs en semant au mois de mars, en construisant des maisons et en repoussant les attaques des autres châtelains fâchés contre vous car vous pillez leurs richesses. Vous devez également gérer votre ou vos armée(s) si vous souhaitez attaquer les autres nobles...
C'est sans doute la partie la moins développée car beaucoup d'aspects de la gestion sont totalement facultatifs, et avec quelques "trucs" quasiment gratuits, on peut rapidement avoir une bonne récolte et une population qui a un taux de croissance de meute de lapins obsédés. Dommage...
De la stratégie : attaquer les autres, c'est bien, mais ils se défendent, et ça, c'est pas cool. Lorsque vous avancez votre armée près du foyer d'un autre noble, il tente le plus souvent une sortie pour vous combattre sur le champ de bataille. Vos deux armées se mesurent alors... la gestion des troupes n'est pas très intuitive et les unités ont tendance à divaguer dès lors qu'elles ont terminé les mouvements qu'on leur a indiqué, ce qui est dommage. Là encore, il ne manquait pas grand-chose pour que ce soit franchement plus sympa.
Mon armée est à gauche. Oui, c'est mal barré mais c'était pour l'exemple, rho, enfin.
Je crois avoir fait le tour de façon superficielle mais générale. Globalement, le jeu est donc très bien réalisé, même s'il manque d'approfondissement d'idées. Un jeu identique, remis au goût du jour, avec des aspects aussi variés mais mieux développés ferait mouche, à mon humble avis.