[Lieu] Les Rocheuses du Dragon

[Galathée]

Prince était très peu motivé par la perspective de ressortir et Astrée perçut très clairement tout le bien qu'il pensait de cette initiative. Il faisait noir, abominablement mauvais, et le site était immense : les chances de retrouver Kalju étaient moindres que celles de glisser et de se rompre le cou ou de geler jusqu'à l'os. Il lui faudrait des heures pour parcourir un dixième des lieux, elle était épuisée, on ne savait pas ce qui rôdait dans ces ruines, bref... Prince n'était vraiment pas convaincu. Mais il accepta de l'accompagner, mû par une sorte de loyauté fataliste. Astrée savait cependant qu'il ferait très bientôt nuit derrière les nuages d'orage et l'écureuil magique ne lui serait alors plus d'aucun secours : c'était un être diurne qui ne valait rien après le coucher du soleil.
Elle ressortit donc, avec une lampe tempête approximative, mais dut renoncer à crier : le vacarme de la tempête couvrait tout, aussi forte fut sa voix.

[Voyageuse]

Astrée avait parfaitement conscience que ses chances de retrouver Kalju dans ces circonstances étaient maigres. Mais elle se devait d'essayer. Elle ignorait s'il avait avec lui de quoi faire du feu, ou de quoi manger. Il s'était certainement abrité quelque part, et cela devrait lui permettre de tenir la nuit. Mais elle ne pouvait pas en être certaine : le retrouver serait préférable. Elle rentrerait quand elle se sentirait trop fatiguée, en sachant qu'elle retrouverait instantanément chaleur et confort, vu la quantité de bois qu'elle avait mis à brûler...
Elle se dirigea, au hasard, vers un secteur qu'elle n'avait pas encore exploré. A défaut de pouvoir faire entendre sa voix, elle avait pris une pierre et comptait s'en servir pour cogner sur les rochers. Kalju serait peut-être sensible aux résonances du choc de la pierre. Elle songea un instant que cela pouvait attirer autre chose, un danger peut-être, puis chassa cette inquiétude. Elle verrait bien. Elle savait qu'espérer trouver des traces récentes était illusoire, et l'apercevoir dans l'obscurité tout aussi aléatoire, à moins qu'il n'ait allumé une lampe ou un feu. Ses chances de succès étaient décidément infimes. Mais au moins aurait-elle la conscience tranquille : elle aurait fait le maximum.

[Galathée]

Elle fit donc le maximum. Et elle ne trouva rien. Le vent, le froid, la nuit, la fatigue eurent raison de ses forces, si pas de sa meilleure volonté, et elle fut contrainte de rebrousser chemin sous peine de geler sous la neige et de ne plus être d'aucune aide à personne. Prince, lui, était tombé dans sa léthargie nocturne ordinaire, calfeutré dans son manteau, et c'était une chance, car s'il avait été éveillé, il l'aurait sans doute à nouveau agoni de pensées confuses mais furibardes.
Elle retrouva donc le silence de l'abri, encore tiède, chauffé par les braises rouges d'un feu mourant. Elle était à peine capable de marcher, tout juste encore de se dévêtir. Sombrer, rapidement, devenait une urgence.

[Voyageuse]

Fourbue, elle renonça à remettre du bois dans le feu : elle n'était plus en état de se faire chauffer un thé, encore moins de surveiller les flammes. Et puis, elle pouvait compter sur la chaleur de ses couvertures, ou même celle du yack tout proche.
Avant de se coucher, elle prit néanmoins la précaution d'utiliser un sortilège d'alarme pour protéger la porte, afin d'être avertie si quiconque entrait dans la pièce.
Puis elle ôta ses bottes et son manteau, et se glissa à demi habillée sous les couvertures, son bâton à portée de main. Vu son épuisement, elle était certaine de s'endormir en quelques instants, malgré son inquiétude pour Kalju.

[Galathée]

Elle dormit.
Se réveilla une fois, une autre, quelques secondes, dans un noir glacé, avant de sombrer à nouveau.
Rêves indéfinissables, sans visages, sans trame, plombés par l'épuisement.
Puis elle finit par émerger et il faisait froid, sombre, et une odeur de fumée planait dans l'air. Il lui fallut quelques secondes pour retrouver ses marques, se souvenir de la veille, deviner l'abri silencieux autour d'elle, l'absence la plus totale de lumière. Le silence assourdissant. Juste sa respiration. Puis le mouvement du yack, quelque part au fond. La tempête s'était tue.
Etait-ce le jour, la nuit, impossible de le savoir sans ouvrir la porte.
Ce qui était certain, c'est que personne n'était revenu, l'alarme magique était restée muette. Il restait Kimik, Prince, Astrée, et des ruines vides autour d'eux.

[Voyageuse]

Elle mit quelques instants à émerger, puis se redressa subitement. Kalju. Kalju n'était pas rentré. Elle relâcha son souffle, et s'obligea au calme. Il avait dû trouver un abri quelque part dans le complexe, s'endormir... et il allait revenir. Ou peut-être qu'il ne savait plus comment revenir, et qu'il s'était perdu, mais dans ce cas, elle le retrouverait. La tempête s'était calmée, elle-même s'était reposée, et elle se sentait capable de passer des heures et des heures à scruter les moindres traces dans la neige. Elle le retrouverait. Elle excluait toute autre hypothèse de son esprit.

Elle incanta brièvement pour former une flamme dans sa main, retrouva sa lampe qu'elle alluma, et décida de prendre quelques minutes de plus pour faire un petit feu et s'offrir un thé. Un peu de chaleur serait bienvenue, pour réchauffer son corps comme son âme. La solitude, ici, était terriblement pesante. Si elle se laissait aller à songer à tous ces disparus... Elle frissonna. Non, elle refusait d'y songer. Elle allait retrouver Kalju, et ils chercheraient ensemble. Elle n'aurait jamais dû le laisser seul. Mais ce qui était fait était fait.
Elle se demandait, aussi, où diable avait bien pu passer Dimitri, mais elle ne se faisait pas vraiment de souci pour lui, présumant peut-être de ses capacités : il lui semblait apte à se défendre contre n'importe quoi.

Ce n'est qu'après avoir bu un thé chaud et réconfortant, et s'être convenablement équipée, qu'elle se décida à ouvrir la porte. Vu l'heure à laquelle elle s'était couchée, elle estimait qu'il devait faire jour depuis un moment déjà.

[Galathée]

Il faisait jour et, petit miracle, le ciel était bleu limpide. Il faisait par contre beaucoup plus froid que la veille, un froid à vous geler les joues. Le soleil se reflétait sur la neige, forçant Astrée à détourner les yeux. Elle savait, d'expérience, que sa peau risquait la brûlure de ces rayons détournés. Prince, par contre, serait certainement ravi. C'était un jour radieux.
Dans les allées sombres rehaussées d'un couvert blanc, il n'y avait plus aucune trace du passage de personne : ni celui de Kalju, bien sûr, mais davantage du sien.

[Voyageuse]

Elle réveilla Prince d'une caresse, sachant bien qu'elle allait contre sa tendance naturelle à hiberner. Mais après tout, il n'était pas réellement un écureuil. Et il adorait les journées ensoleillées. Puis, comme la veille, elle prit un seau de neige fraiche pour Kimik et lui laissa un peu de fourrage avant de sortir.

Elle s'avança au hasard, en direction d'un secteur qu'elle n'avait pas encore exploré. Elle remonta son écharpe jusqu'à ses yeux et abaissa sa capuche, pour s'abriter à la fois des reflets éblouissants et de la brûlure du soleil. Évidemment, ces précautions diminuaient son champ de vision, et elle finit par rechercher un juste équilibre.
La présence de la neige était, en un sens, une chance : si Kalju se déplaçait, tôt ou tard elle trouverait ses traces. Et sans le fracas de la tempête, il entendrait ses appels. Mais elle ne pouvait pas exclure totalement la possibilité qu'il gise, inconscient, quelque part... Et dans ce cas, il lui faudrait fouiller tous les abris, toutes les cachettes, pour espérer le découvrir.

Mais, décidée à rester optimiste, elle décida de commencer par l'appeler de toutes ses forces, depuis différents points du site. S'il était conscient, il répondrait.

[Galathée]

S'orienter dans ce dédale, sous ce soleil éblouissant, apparut plus complexe qu'Astrée l'avait anticipé : tout se ressemblait et bientôt, elle recroisa ses propres traces, signe qu'elle tournait de temps à autres en rond. Elle déboucha à certains endroits qu'elle avait déjà visités la veille, ou alors elle le crut, peut-être, mais c'était difficile à dire car il avait alors fait nuit ou sombre. Il y avait peu de points de repère car les allées tournaient sans cesse, et la hauteur des vestiges masquait les montagnes alentours. S'il y avait une logique dans le tracé des ruines, elle ne l'avait pas comprise en l'observant du ciel (une vague structure éclatée autour du lac) et elle la comprenait encore moins en l'arpentant. D'autant que vu la quantité de neige, sa progression était lente, très lente, et quand il fut midi, elle n'avait encore rien trouvé, ni Kalju, ni Dimitri, ni signe de vie d'aucune sorte. Quant au silence de la montagne, il n'était troublé que par le souffle du vent, le cri des oiseaux et les pépiements de Prince qui, heureux sous le soleil, n'avait aucune envie de se geler les pattes et restait perché sur ses épaules, tantôt la gauche, tantôt la droite, et parfois la tête. Il n'aimait pas les lieux, c'était clair, mais sans doute était-ce assez naturel pour une créature de Lathandre perdue dans un labyrinthe drow.

[Voyageuse]

Astrée n'était pas du genre à renoncer, pas quand la vie d'une personne était potentiellement en jeu. Elle était consciente, cependant, de l'inefficacité de ses efforts, et cherchait désespérément un autre angle d'approche. Peut-être devrait-elle devenir loup ou panthère pour pouvoir utiliser son flair. Bien sûr, tout avait été enfoui sous la neige, mais si Kalju était présent quelque part, elle devrait sentir son odeur en passant à proximité. Et puis, elle se déplacerait plus efficacement sur la neige. Ou alors, il aurait fallu pouvoir être un oiseau. Elle aurait eu tôt fait de repérer d'éventuelles traces depuis les airs... ou pas, si ni Kalju, ni Dimitri, n'avaient foulé le sol depuis la nuit. Mais elle aurait pu voler jusqu'à l'île au milieu du lac et voir ce qui s'y tramait. Kalju était-il là-bas ? S'y serait-il rendu sans elle ? Dimitri, lui, avait pu avoir la même curiosité et les moyens de la satisfaire...

Elle sentit la faim la tenailler, et elle incanta pour se créer de nouvelles baies magiques. Elle en avala une, puis décida de rentrer à l'abri pour en proposer une autre à Kimik, et se faire un thé. Et prendre le temps de réfléchir. A défaut d'oiseau, après tout, elle pouvait avoir le concours d'une abeille : Prince pouvait profiter de la chaleur du soleil pour survoler les lieux, chercher des traces, et, s'il ne trouvait rien, peut-être aller jusqu'à l'île... Mais c'était à lui de juger si la température le permettait.

[Galathée]

La température n'était pas idéale, mais Prince pouvait puiser de l'énergie directement dans les rayons du soleil, tant qu'il s'attardait. Le vrai problème était le vent : la petite abeille ne pourrait le contrer, et vu la force de la bise, toute tentative de prendre un peu d'altitude l'exposait à un risque mortel. Il fallait qu'Astrée trouve une autre solution. Kimik devinait un peu nerveuse, et la druidesse devina aisément que l'animal avait envie de sortir se dégourdir les pattes. Vu l'agencement du site, circuler à dos de yack n'était d'ailleurs pas une si mauvaise idée, certainement moins fatigante que d'ouvrir seule des tranchées dans la neige. Mine de rien, quelques heures de marche rude, suivant des jours de montagne et des nuits glaciales, pesaient sur l'organisme de la jeune femme.

Merci de lancer un d100

[Voyageuse]

HRP : 99....

Astrée entraîna donc Kimik à l'extérieur de l'abri. Elle comprenait son besoin de respirer un peu d'air pur, de voir la lumière du soleil, et de se dégourdir les pattes. Et puis, circuler sur son dos la reposerait un moment. Elle regrettait qu'il n'y ait pas entre le yack et le génasi le même genre de lien qu'entre elle-même et Prince : Kimik aurait su la guider.
Elle reprit ses recherches, se dirigeant, au juger, vers de nouveaux secteurs. Elle comptait partir d'une nouvelle extrémité du site, puis se rapprocher peu à peu du lac. Une fois à proximité, elle trouverait peut-être une embarcation cachée dans les ruines. L'absence d'embarcation pouvait signifier que des personnes s'étaient rendues sur l'île et n'en étaient pas revenues, qu'il s'agisse des disparus, ou bien de Kalju.
Elle n'en oubliait pas pour autant son idée d'exploration aérienne. Outre une fouille attentive des ruines, elle levait de temps à autre les yeux vers le ciel, entre deux appels, au cas où un volatile ait l'idée de venir chercher un peu de nourriture par ici.

[Galathée]

Elle suivit sa progression, sans voir quoi que ce soit, jusqu'au bord du lac. Kimik ne paraissait pas particulièrement nerveuse, mais certainement déçue de ne pas trouver d'herbes à brouter. Elle arrachait de temps en temps un lichen gris du bord d'une pierre, mais sans grand appétit. Les ruminants avaient besoin de ruminer et les baies magiques d'Astrée, aussi roboratives soient-elles, n'avaient sûrement pas un effet similaire. Arrivée sur les rives, constituées d'une courte plage de galets gris sombre, Astrée observa l'île aux lueurs vertes sans voir le moindre de signe de vie, ni la trace d'une embarcation. Elle appela encore et, dans le silence qui suivit, entendit des pas derrière elle, le bruit de la neige qu'on fend.
" Dites-moi, les cris, c'est histoire d'alerter tout ce qu'il y a de maudit en ces lieux ?"
Dimitri avait décidé de se montrer.

[Voyageuse]

Astrée sursauta violemment, ayant perdu depuis longtemps tout espoir de voir apparaître le mercenaire.
Elle se retourna, se sentit rougir sous le reproche, mais le soulagement l'emporta et elle sentit la tension se relâcher dans tout son corps.
" Kalju a disparu depuis hier, expliqua-t-elle, bien inutilement. Je suis heureuse que vous soyez là..."
Elle ne s'expliquait pas n'avoir vu aucune trace le signalant. Mais c'était compréhensible, en y réfléchissant : il avait opté pour la discrétion, ce qu'elle-même aurait fait en semblable circonstances. Et ses cris le mettaient en danger. Mais elle avait pesé le pour et le contre ce matin, avant de lancer ses recherches : Kalju était là, quelque part, et l'urgence était de le retrouver, pas de se cacher d'un hypothétique danger.

[Galathée]

" Vous avez l'air surprise, dit Dimitri. Je vous ai dit que cet endroit était dangereux. Une vingtaine d'hommes, dont la moitié lourdement armés et bien entraînés, ont disparu dans le sang. Vous avez cru qu'un seul génasi, sans aucune compétence martiale, allait s'en sortir, à se balader dans les ruines ? Il a disparu et vous avez de la chance de ne pas avoir disparu, vous aussi. Pour l'heure. Vous feriez mieux de vous mettre en sécurité et d'arrêter de provoquer le destin."

[Voyageuse]

" Je n'abandonne pas un compagnon, répliqua-t-elle. Jamais. Il est probable qu'il se soit simplement perdu, ou qu'il ait fait une mauvaise chute dans la tempête. Sa disparition n'est pas forcément liée aux autres."
Elle soupira.
" Mais s'il était conscient, il aurait sans doute déjà répondu. Donc je reconnais qu'appeler ne sert plus à grand-chose, à part nous faire courir des risques. Dites-moi juste... Est-ce que vous l'avez aperçu dans les parages, hier ?"

[Galathée]

" Un moment, oui. Mais je n'ai pas passé mon temps à le suivre. Comme je vous l'ai expliqué, mon intention est d'attendre les renforts, pas de me faire capturer ou tuer et de leur donner du travail supplémentaire."
Il croisa les bras.
" Le génasi n'aurait pas d'ennuis si vous aviez bien voulu m'écouter... mais soit, n'y revenons pas. Vous avez à nouveau le choix. Mais vous ne l'aiderez pas en vous faisant prendre ou tuer. A l'heure qu'il est, soit il est mort, soit il est vivant, vos cris et vos rondes dans la neige n'y changeront rien. Croyez-moi, il n'est pas endormi dans une crevasse... Il a des problèmes bien plus critiques que ça."

[Voyageuse]

La certitude qu'elle devinait dans les propos du mercenaire interpella Astrée.
" Qu'est-ce qui vous donne une telle conviction ? Qu'avez-vous vu, exactement ?"
Il lui semblait beaucoup trop sûr de ce qu'il avançait pour que ce soit juste un présupposé infondé.
" Est-ce en rapport avec l'île au milieu du lac ?"

[Galathée]

" Je n'en sais rien, Astrée. Ce que je sais, c'est que Kalju est un type assez pragmatique. Beaucoup plus que vous. Il aura rebroussé chemin quand le temps s'est détérioré. Et vu les circonstances, les derniers événements, le plus logique est qu'il a été surpris par le prédateur qui s'en est déjà pris aux autres. Et qui s'en prendra à nous si nous continuons à nous balader à découvert. Vous avez l'air de croire que vous êtes dans... je ne sais pas... un musée à ciel ouvert ?"
Il se tourna vers l'île.
" Et croyez bien que je n'ai aucune intention d'aller voir ce qui se passe sur cette île. Vous ne percevez pas la... souillure qui en émane ? C'est un endroit dangereux. Encore plus que ces ruines."

[Voyageuse]

Elle se sentait effectivement plus ou moins comme dans un musée à ciel ouvert. Après tout, le lieu était étudié depuis plusieurs années par les archéologues...
" Je ne sens pas la souillure émanant de l'île, avoua-t-elle, enfin, pas particulièrement. Mais j'ai senti une force que je n'ai pas su identifier, hier matin, en méditant. Quelque chose qui allait contre les forces de la Nature, il me semble. Je n'en sais pas plus. Ça dépasse mes compétences..."
Elle soupira.
" Est-ce que les archéologues y allaient, sur l'île ? Et est-ce que cette lumière verte était déjà présente les autres fois où vous êtes venus par là ?"

[Galathée]

" Vous semblez croire que je n'avais rien de mieux à faire que de passer mon temps ici ? s'étonna le mercenaire en secouant la tête. Je n'en sais rien, moi, ce que les archéologues étudiaient ! Des choses qu'ils auraient mieux fait de laisser tranquilles, manifestement. Mais oui, la lumière verte a toujours été là. Pas toujours exactement là, cela dit. L'île est parfois sous eau. Et parfois l'eau se retire complètement. Je ne sais pas s'ils y sont déjà allés. Ils n'y étaient pas, ou en tout cas pas tous, quand ils se sont faits prendre, ça, au moins, c'est sûr."

[Voyageuse]

Astrée acquiesça.
" Oui, je sais... Mais on aurait pu ensuite les amener là-bas... quel que soit ce "on", d'ailleurs."
Elle s'efforçait de réfléchir, mais sans parvenir à la moindre conclusion. Il ne lui semblait pas impossible que Kalju soit inconscient, quelque part, dans les ruines, et non pas victime du même sort que les autres disparus. Mais fouiller l'ensemble du site prendrait peut-être des jours.
" Vous n'avez jamais eu la curiosité de voir ce qui se tramait là-bas ? Par la voie des airs, je veux dire, en restant suffisamment loin..."

[Galathée]

Il la dévisagea, interdit.
" La voie des airs ? Je ne suis pas druide, je ne me métamorphose pas en aigle à ma convenance. Mais de ce que je sais, même depuis les hauteurs, on ne voit pas grand chose. L'éclat vert provient d'une source unique et rayonne trop fort pour qu'on puisse distinguer exactement sa forme et ce qui l'entoure. C'est une source magique, ancienne, peut-être élémentaire. Je n'en sais pas davantage. Comme je vous l'ai dit, je ne m'y suis jamais vraiment intéressé."

[Voyageuse]

Astrée rougit.
" Je croyais... Il me semblait... que vous aviez ramené Eyri et Prince en utilisant une créature ailée, que j'ai aperçue de loin. Et que vous auriez pu l'utiliser. Mais c'est vrai que les informations données par mon écureuil étaient un peu minces, je n'ai pas tout compris. D'ailleurs, je ne vous ai pas remercié... Merci de l'avoir ramené."
Peut-être avait-elle mal interprété les informations dont elle disposait ce soir-là ? Et qu'en réalité, Dimitri avait peut-être délivré Prince et Eyri d'un prédateur ailé?

[Galathée]

Il parut stupéfait.
" Moi ? Utiliser une créature ailée ? Mais qu'est-ce qui a pu vous donner une idée pareille ? Eyri a eu de la chance de se trouver sur mon chemin et votre écureuil était avec lui... Le griffon, puisque vous en parlez, était en train de manger le cerf. Et si vous m'aviez parlé de votre animal, je vous aurais expliqué que le cheval était la proie préférée des griffons. Il n'y en a d'ailleurs plus du tout dans la région. Quand votre bestiole s'est métamorphosée... C'est comme si vous aviez allumé un fanal dans la nuit noire. Les griffons ont un excellent odorat et un appétit à l'avenant. Le cerf d'Eyri en a fait les frais."

[Voyageuse]

Astrée baissa la tête avec une grimace. C'était la faute de Prince, et donc la sienne, si le cerf d'Eyri était mort. C'était dramatique, et l'elfe devait lui en vouloir terriblement. Évidemment, peut-être que cela n'aurait rien changé, que le griffon aurait attaqué le cerf tout de même. Elle ne le saurait jamais. Et c'était trop tard, de toute façon. Et c'était une chance que Dimitri se soit trouvé par là... mais elle sentait les remords lui plomber le coeur.
Elle reporta son attention sur l'île, enfouissant ses regrets au fond d'elle, et s'obligeant à se concentrer sur le problème immédiat. Mais sa voix manquait d'assurance lorsqu'elle reprit la parole.
" Pour en revenir à ce qui s'est passé ici... Vous avez pu explorer les lieux avant la neige. Est-ce que vous avez eu l'impression que les gens avaient été emmenés quelque part ?"

[Galathée]

" Astrée, je suis persuadé que ces gens ont été emmenés quelque part. Les vivants et les morts. Il n'y avait pas assez de sang pour qu'ils soient tous morts... mais suffisamment quand même pour qu'il y ait des pertes. Mais le fait qu'il n'en reste que des taches est la preuve, assez simple, qu'ils ont été emmenés. Maintenant, en anticipant votre question suivante, même si je savais par où... Je ne vous le dirais pas. Vous n'êtes pas de taille, et je n'ai nul désir de vous envoyer à la mort. A présent que vous avez décidé de rester, vous avez deux options : prendre votre mal en patience ou aller voir les yétis."

[Voyageuse]

Astrée eut un sourire narquois.
" Prendre mon mal en patience, cela signifierait attendre ici tranquillement que le prédateur en question revienne ?"
Elle secoua la tête.
" Écoutez... Je sais bien que je ne ferais pas le poids face à ceux qui ont emmené l'équipe d'archéologues. Je cherche juste à savoir... ce que c'est. Si c'est bien un prédateur venu des profondeurs. Mais je ne vais pas aller monter une expédition de secours à moi toute seule, rassurez-vous."
Sauf si elle était certaine de pouvoir le faire sans prendre trop de risques, sans doute.
" Par contre, il ne me semble pas totalement impossible que Kalju soit encore là, lui. Il disait que toutes les pierres avaient bougé, et il cherchait le centre du phénomène. Alors... J'espère qu'il n'a pas eu l'idée d'aller seul sur l'île. Est-ce qu'il y avait une barque pour y accéder ?"

[Galathée]

" Diantre, vous n'écoutez rien. A quoi cela servirait-il d'aller vous faire griller au centre de cette île, au juste ? Si Kalju y est allé, tant pis pour lui. Mais je doute qu'il ait été à ce point stupide."
Il haussa les épaules.
" Je ne sais pas s'il existe une barque. Mon conseil est de vous cacher et d'attendre. Pas de rester à pousser des cris au bord du lac, non, effectivement."

[Voyageuse]

" Cela dit, ça peut être un moyen efficace d'obtenir une réaction, et de voir de mes yeux s'il y a bien une horde de monstres sanguinaires là-dessous..."
Elle afficha un sourire narquois, puis reprit son sérieux.
" Ne faites donc pas cette tête. Je n'ai pas l'intention de jouer les appâts..."
Ou peut-être était-ce la solution ? Utiliser un appât pour faire sortir le monstre des ruines ? Mais elle n'avait aucune envie d'utiliser quelque créature que ce soit, Kimik compris, en guise d'appât.
" Et aucune envie non plus de me trouver face à un danger de ce genre..., poursuivit-elle, plus songeuse. Même si je peux toujours me transformer pour fuir, au pire... Vous, vous ne pouvez pas."