[Bâtiment] Une demeure modeste du quartier

[Voyageuse]

Description à compléter...
C'est une modeste demeure des bas quartiers, semblable à toutes celles qui l'enserrent, où vivent Max, Jeanne, et où on croie souvent leurs parents (le père de Max, la mère de Jeanne), leurs enfants et petits-enfants


En provenance de l'auberge du Bon Barde

RP : crise politique à Lumenis

Jordin fut introduit dans une pièce de vie de taille modeste, meublée chichement. Un bon feu brûlait dans l'âtre, réchauffant l'atmosphère, et une délicieuse odeur de soupe rappela à son estomac qu'il n'avait rien avalé de solide récemment.
Une femme d'âge mûr, petite et rondelette, ouvrit des yeux stupéfaits en l'apercevant.
" Oh... Bonjour...
- J'te présente Jordin. Il vient d'arriver en ville..."
- Ah...
- Jordin, j'te présente Jeanne."

[Vel Cheran]

Jordin s'avança, peu sûr de lui : il avait peur d'être un intrus dans cette maisonnée. Il bafouilla un "Bonjsoir" en réalisant au milieu de sa réponse qu'il était déjà tard.

"Je ne veux pas m'imposer, madame, je... j'ai sympathisé avec votre famille, et ils m'ont proposé de passer dîner, mais si cela vous dérange, je ne veux pas être une gêne."

Il ne sut pas quoi ajouter. Il réalisa que l'ambiance chaleureuse de la taverne l'avait, pendant un moment, ramené à une époque où il était à son aise en société, mais que toutes ses habitudes sociales ne lui étaient pas encore revenues.

[Voyageuse]

" Oh mais y'a pas d'souci, vous en faites pas !"
Elle avait un petit accent campagnard, au phrasé lent, accentuant certaines voyelles, qui détonnait dans la cité.
" J'ai d'quoi manger pour tout l'monde. C'est juste que d'habitude, y m'prévient en avance, alors j'ai été surprise... Mais assoyez-vous !"
Et elle s'en fut en trottinant vers un buffet de bois rustique au fond de la salle, d'où elle tira une assiette à soupe un peu ébréchée et un gobelet de métal qu'elle posa sur la table. Max et son père avaient déjà pris place, l'un en face de l'autre, et il se trouva installé à côté de l'aïeul, face à la maîtresse de maison.
" Aujourd'hui c'est soupe au chou, annonça-t-elle en se dirigeant vers une petite porte.
- Comme hier..., souffla Max, à voix suffisamment basse pour échapper aux oreilles de sa femme.
- Mais elle est très bonne sa soupe !", assura le grand-père.

Le retour de la cuisinière coupa court aux messes basses. Elle apportait une soupière de taille imposante, d'où s'échappait une odeur appétissante
" Les invités d'abord !, clama-t-elle. Servez-vous, m'sieur... Jordin. C'est p't'êt pas aussi fin que ce'que vous avez l'habitude, mais ça nourrit son homme ! Ah, mais faites pas votre timide, prenez-en plus que ça !"

[Vel Cheran]

Sur invitation de la Jeanne, Jordin remplit généreusement son assiette.

"J'ai l'habitude d'une nourriture simple et bonne, alors ne vous en faites pas, je n'ai pas des goûts de luxe !" la rassura-t-il en faisant honneur au repas. "Je viens d'un monastère du continent, où l'humilité est maître-mot. Je dirais même que j'ai l'habitude d'une nourriture simple tout court, les repas préparés par Frère Maurice et Sœur Henriette sont parfois un peu fades", ajouta-t-il en riant, tout en engloutissant sa soupe.

[Voyageuse]

La cuisinière haussa un sourcil.
" Vous êtes... un moine ? Un peu comme un clerc, alors ?"
Son visage s'était illuminé d'une ferveur touchante.
" C'est formidable, ça ! De quelle religion êtes-vous donc au service ? Lathandrite ?
- Non, Jeanne, c'est plus compliqué... Ils ont pas vraiment un dieu... f'in... j'crois qu'j'ai pas tout compris, avoua Max.
- J'comprends pas... Un monastère c'est bien des gens qui vivent pour la spiritualité, non ? Alors, un spirituel sans dieu, c'est quoi ?
- Ils ont pas les mêmes religions qu'nous, j'crois, là-bas d'où il vient...
- Bah vous soignez quand même les gens et vous priez, non ?"

[Vel Cheran]

"C'est une confusion assez fréquente : notre ordre de moines ne vénère officiellement aucun dieu particulier, il faut davantage voir notre monastère comme une école. Nous enseignons la méditation et l'exercice physique, martial notamment, dans le but d'être en paix avec soi-même et d'atteindre l'illumination. Bon, ça, c'est le discours officiel : Oghma et Ilmater sont les dieux les plus appréciés parmi nos membres, et Lathandre également dans une moindre mesure. Mais ces croyances relèvent de la sphère privée, chacun est libre de sa religion tant qu'elle n'interfère pas avec notre fonctionnement."

[Voyageuse]

" C't'un peu bizarre, ça. Méditer sans se consacrer à un dieu particulier...
- Moi je trouve ça plutôt bien. C'est un peu comme un temple ouvert à toutes les croyances, à tous les dieux, finalement. Une sorte de modèle de tolérance...
- Ça colle pas trop avec le prosélytisme habituel des dieux, remarqua l'aïeul avec un coup d'oeil appuyé à sa bru.
- Tout de suite les gros mots, Anatole... C'est pas qu'on est prosélytes, c'est qu'on a raison !, protesta Jeanne, piquée au vif.
- T'emballe pas, tu vois bien qu'il te cherche, comme d'hab !, fit Max, apaisant. La religion est un domaine presque aussi risqué que la politique, souffla-t-il à Jordin, suffisamment haut cependant pour que sa femme l'entende, et lui jette un regard noir.
- Oui, je plaisantais, je t'assure, assura son père en levant les mains en signe de reddition. Puis bon, tu vois, même là d'où vient Jordin, ils vénèrent Illmater.
- Et vous savez soigner les blessures et les maladies, comme les clercs ? Apaiser les maux ? questionna Jeanne, sa curiosité prenant très vite le pas sur sa vexation. Et même... Vous repoussez les non-morts ?"
Jordin la vit faire un geste rapide des doigts en disant ces mots, comme pour conjurer l'idée même d'une telle abomination.

[Vel Cheran]

Pendant leur prise de bec, le moine avait préféré piquer du nez dans son assiette et finir sa soupe. À la question de son hôtesse, il releva la tête.

"Hélas non, madame, nous n'avons pas ces talents. Nous connaissons quelques rudiments de médecine terrestre, mais rien qui ne relève des miracles dont font preuve les membres d'un clergé. Cela étant, le fait de connaître parfaitement son corps permet d'en contrôler chaque petit détail, et ainsi de guérir plus rapidement qu'un individu normal. On peut donc dire que l'on remplace notre absence de connexion divine par une certaine débrouillardise."

[Voyageuse]

" Mwouais..."
Elle eut une moue méprisante, pas vraiment convaincue.
" Et voilà, annonça Max théâtralement à Jordin, tu viens de baisser dans son estime !
- Meuh non !
- Tu as cru un moment que j'allais te ramener un clerc à la maison ?
- Rhooo... Mais non !
- Par contre, même si c'est pas un prêtre, il prendrait bien notre Jeannot dans son temple..."
Leur hôtesse manqua s'étrangler, mais Jordin ne put déterminer s'il s'agissait de rire ou de stupéfaction. Son époux lui donna une bonne claque dans le dos -ce qui ne semblait absolument pas nécessaire en réalité.
- Arrête donc tes bêtises... Mais vous semblez fatigué, M'sieur...," s'avisa-t-elle soudain, en le voyant piquer à nouveau du nez.

[Vel Cheran]

Jetant un œil par la fenêtre, il constata que le soleil était couché et hocha la tête.

"J'ai l'habitude de me lever aux aurores et de me coucher avec les poules", acquiesça-t-il en riant. "Mais ne vous inquiétez pas, je ne vais pas m'endormir sur place, j'arriverai à atteindre l'auberge ! Je confirme en tous cas ce que dit Max : nous accepterons tout le monde dans notre école, sans condition d'âge, de classe sociale ni de revenus. Seule la motivation de l'élève est requise."

[Voyageuse]

Ses hôtes échangèrent un regard.
" Ce serait pas une mauvaise chose, acquiesça Jeanne, d'un ton redevenu grave et sérieux. Si votre temple pouvait avoir une autre influence sur lui que certaines de ses fréquentations...
- Oui. Si ça peut lui permettre d'allier ses penchants pour l'action et le combat avec un peu de réflexion, je pense qu'il faudra l'encourager. Pas trop ouvetement, sinon il va se buter exactement sur le contraire...."
Jeanne soupira.
" C'est un bon garçon, dans le fond. Mais... Il a toujours été très sensible aux injustices... notamment sociales. C'est un peu de famille. Sauf que lui, dans son envie de changer le monde... je crois qu'il ne prend pas vraiment la bonne direction.

[Vel Cheran]

Le moine hocha la tête d'un air compréhensif.

"Il est parfois difficile de guider la jeunesse pour l'empêcher de s'égarer tout en lui accordant la liberté qu'elle réclame - et qu'elle mérite, même. J'avais aussi la tête remplie d'idéaux politiques à son âge, et ce n'étaient pas non plus les bons, mais il est difficile de s'en rendre compte sur le moment. Croyez bien que, lorsque l'école sera ouverte, je serai ravi de l'y accueillir s'il le veut bien."

Sur ces entrefaites, il se leva pour prendre congé.

"Je vous remercie pour votre hospitalité et pour l'accueil que vous avez réservé à un étranger un peu perdu", leur dit-il en inclinant le buste. "Je vous souhaite une bonne soirée, et j'espère que nous nous reverrons, pour une partie de dé ou un brin de conversation !"

[Voyageuse]

" Tout le plaisir était pour nous ! C'est toujours agréable de rencontrer de nouvelles têtes et de bavarder de choses et d'autres..."
Max se leva, ainsi que sa femme, pour le raccompagner à la porte. Son père était resté assis, et Jordin vit qu'il dodelinait de la tête, probablement sur le point de s'endormir.
" Et nous nous croiserons sûrement de temps à autre. Je suis de service sur les docks de bonne heure, mais on me libère en milieu d'après-midi, et je rejoins souvent votre auberge pour y jouer un peu... comme vous l'avez vu.
- Un peu trop régulièrement à mon goût, s'exclama Jeanne. Mais en même temps, faut bien garder un oeil sur l'père Anatole. Il y est parfois dès l'midi, pour l'apéro,
- Oui, bah... faut ben qu'il s'occupe à son âge. Mais vous serez le bienvenu si vous voulez vous joindre à nous à nouveau !, conclut Max en lui serrant la main sur le perron.

[Vel Cheran]

Jordin accepta sa poignée de main et, après un dernier salut de la tête, tourna les talons en direction du Bon Barde. La journée avait pris un tour inattendu et, il devait l'avouer, plutôt agréable. N'avait-il pas déjà un potentiel élève ?

Mais, en y réfléchissant, ce qui lui faisait le plus plaisir était surtout d'avoir rencontré des visages amicaux et accueillants, et ce relativement facilement. Pour quelqu'un qui vivait cloîtré depuis près de trente ans, c'était une assez bonne surprise. La vie n'était peut-être pas si compliquée que cela, tout compte fait.

[Voyageuse]

La porte donnait directement dans la pièce principale, et, aussitôt entré, Jordin devina que l'atmosphère était grave. Et même tendue.
Il y avait là Max et son épouse Jeanne, qui l'avaient accueilli la veille, mais aussi l'un des deux fils de Max. C'était Jonathan, le plus jeune des deux, se souvint-il. Un membre des Foulards Blancs, aux idées politiques à l'opposé de celles de son frère aîné et de son père.
Il y avait enfin une femme d'un certain âge, à l'opulente chevelure grise.

" Anatole ?, s'étonna Jeanne.
- J'ai appris... qu'il y a eu un souci. Je... Marie, ça va ?
- Oui, oui... vous inquiétez pas tant, tous...
- Mais c'est normal qu'on s'inquiète ! Quand on voit que ces saletés d'Mélandiens s'en prennent à toi...
- Nan, c'était pas eux !"

Marie avait répondu d'un ton sec, presque agressif. Jeanne intervint aussitôt.
- Bon. Jon', ça suffit. On se calme, et... on s’assoit, déjà. Jordin ? Venez donc vous asseoir aussi...
- J'les connais tous, poursuivait Marie -qui était la seule personne de la pièce à être déjà assise. J'te dis qu'c'était pas l'un d'eux !
- Tu peux pas tous les connaître, y'en arrive tous les jours par bateaux entiers...
- Jon' !
- J'te dis que c'était pas un mélandien !"
Le ton montait, à nouveau.
" Asseyez-vous ! tonna Jeanne.

[Vel Cheran]

Jordin obéit sans broncher, dans l'espoir de calmer les esprits.

"J'ai croisé Anatole au Bon Barde", se justifia-t-il, "et j'ai voulu rendre service en l'accompagnant ici. Si je peux me rendre utile à quoi que ce soit..."

Il tenta de dévier un peu la conversation vers des sujets plus pragmatiques et s'adressa à Marie.

"Donc, vous n'êtes pas blessée ? Il y a de la casse à la boutique ? Je peux vous donner un coup de main pour remettre de l'ordre, si nécessaire", offrit-il tout en gardant un œil sur Jonathan.

[Voyageuse]

" Oh... Non je ne suis pas blessée... et c'est gentil de proposer votre aide... mais le rangement, c'est déjà fait. Y'a tes amis des Foulards Blancs qui s'en sont occupés", expliqua-t-elle d'un ton froid en se tournant vers Jonathan.
- Tu vois que ce sont des gens bien !
- Qu'est-ce qu'ils foutaient là-bas?, le coupa son père, fronçant les sourcils. Je trouve qu'on les trouve un peu trop souvent dans le coin lorsqu'il y a de la castagne...
- Seulement quand il s'agit de protéger des honnêtes citoyens contre les mélandiens, répliqua son fils avec passion.
- Jon', arrête ça tout de suite. On n'est pas là pour parler politique !
- Mais...
- Tais-toi donc !
- rhoo, ça va j'vous laisse avec vos certitudes tout-le-monde-il-est-beau-tout-le-monde-il-est-gentil..."
Jonathan se dirigea vers la porte d'entrée, attrapa sa veste au passage et claqua la porte. Personne ne chercha à le retenir, et Jeanne poussa un profond soupir à son départ.
- Je ne crois pas vous avoir déjà rencontré, intervint alors Marie en se tournant vers Jordin. Qui êtes-vous donc ?...."

[Vel Cheran]

"Je... c'est vrai, je suis nouveau par ici. Je suis arrivé du continent il y a quelques jours, et j'ai sympathisé avec votre père, vos frères et vos neveux... bref, avec votre famille, hier, autour d'une partie de Azar, et puis avec votre belle-sœur autour d'un bon dîner."

Il se frotta la nuque, soudain mal à l'aise.

"Désolé si je suis un peu trop intrusif, j'ai cru bien faire mais je réalise qu'on se connaît à peine et que je m'immisce chez vous, je... Je ne veux pas déranger."

[Voyageuse]

" Bah, vous êtes pas chez moi, sourit Marie. Vous êtes chez mon frère...
- Et pisqu'on vous a dit hier que vous étiez l'bienvenu, c'est pas pour changer d'avis aujourd'hui !, rétorqua Jeanne avec bonne humeur.
- Mais ça doit pas être confortable, d'arriver dans toute cette tension, ajouta gravement Max. On est désolés... Mais faut croire qu'on est condamnés aux brouilles politiques dans cette famille..."
Il jeta un regard éloquent vers son père et vers Marie. Puis lâcha un soupir.

" Max..., intervint Marie. Je vois bien que tu t'inquiètes pour Jon'... Mais tu sais, il finira peut-être par se rendre compte qu'il se trompe de voie...
- Hey, mais il n'a pas tout à fait tort, pourtant..., intervint Anatole.
- Oh, ça suffit papa, tu vas pas recommencer !, s'emporta Marie, ses yeux lançant des flammes. Arrête de l'encourager dans cette voie !
- Elle a raison, acquiesça Max, d'un ton plus calme. Jon' est très influençable. Il devient intolérant, il fréquente des gens violents, et ça va finir par mal tourner...
- Ces Foulards blancs commencent sérieusement à me courir sur le haricot, gronda Marie. Ils s'arrangent toujours pour incriminer les mélandiens à chaque fait divers... Et là, je sais que c'était pas eux. Pourtant je suis sûre de l'avoir déjà vu..."

[Vel Cheran]

Jordin accueillit la réponse de ses hôtes avec un sourire sincère. Il se pinça ensuite la lèvre inférieure, songeur.

"Peut-être que votre agresseur était déjà venu au magasin, pour repérer les lieux ?"

Il hésita, avant d'ajouter :

"Une autre hypothèse, à prendre avec des pincettes : ce pourrait aussi être quelqu'un qui tient à accuser les Mélandiens. Avez-vous déjà rencontré les amis de Jonathan ?"

[Voyageuse]

" Je... Pas trop, non. J'évite ce genre d'individu comme la peste. Mais j'ai pu les croiser à l'occasion, dans les rues, dans les bars..."
Elle soupira.
" Les foulards blancs cherchent toutes les occasions de discréditer les mélandiens, de monter les gens contre eux. Dès qu'il y a une agression ils s'arrangent pour les accuser ils prétendent qu'ils ont reconnu la voix, l'accent... Ils ont déjà fait arrêter des réfugiés, d'ailleurs, en les reconnaissant formellement devant les gardes. En général, ils n'avaient pas d'alibi, c'était parole contre parole, et vous devinez sans peine qui a pu convaincre les juges... Si ça se trouve, ils étaient innocents...
- Ne dis pas n'importe quoi, il y a eu enquête et jugement tout de même !
- J'y était, à deux de ces jugements. L'accusation ne reposait que sur le témoignage de ces maudits Blancs.
- Mais tu pars toujours du principe qu'ils mentent, protesta Anatole.
- Et toi tu pars du principe qu'ils sont honnêtes... Je t'assure que ce ne sont pas des enfants de choeur ! Moi je les imagine bien accuser à tort les immigrés. Et... je commence à me demander s'ils ne sont pas capables de simuler une attaque...

[Vel Cheran]

Jordin hocha la tête.

"Quoi qu'il en soit, sans preuves, nous ne pouvons nous réduire qu'à des conjectures. Mais tâchons de garder la tête froide et de n'accuser personne sur la seule base de soupçons."

Il tentait tant bien que mal de ne pas rajouter de l'eau au moulin de leurs discordes à propos des Mélandiens, mais son manque de connaissance du contexte le handicapait.

"J'ai beau ne pas être de la garde, j'aurais bien voulu jeter un œil aux lieux avant que tout ne soit remis en place. Votre agresseur aurait pu laisser tomber quelqu'indice compromettant... A-t-il dit quelque chose de particulier ? Désolé, je ne veux pas vous pousser à vous remémorer cet événement difficile..."

[Voyageuse]

" Bah... Je ne sais pas... Pourquoi pas ? Je peux toujours vous emmener là-bas, répondit Marie, hésitante. Je n'arrive plus trop à me rappeler la scène, je dois dire. Peut-être que ma mémoire sera plus fraiche sur place.
- Heu... tu es sûre qu'il n'y a pas de danger ?, s'inquiéta Max.
- Bien évidemment ! La garde est venue, déjà. Et de toute façon ils ont pris la caisse, y'a plus rien à voler, surtout qu'on vend pas grand-chose de valeur. Du fil, du tissu... Ils ont emmené un peu de soie tout de même. Heureusement qu'on était en période de creux, la caisse n'était pas trop pleine. Mais ils ont fait du dégât... Je crois que le patron a tout laissé en l'état, pour les gardes... Et puis il était trop dégoûté... et sa femme est sous le choc, elle tenait la boutique avec moi."
- Mais... à quoi ça va vous servir, d'y aller ? Si la garde a déjà fait l'enquête ? Ils vont p't'êt' même pas vous laisser entrer !

[Vel Cheran]

"J'ai cru comprendre que la garde ne faisait pas trop de zèle dans ce quartier de la ville. Alors, je me dis que je pourrais peut-être voir quelque chose qu'ils auraient négligé. Cela fait très longtemps que je n'ai plus exercé ce métier, mais on ne perd rien à essayer, non ?"

Il haussa les épaules.

"Au pire, ils ne nous laisseront pas rentrer, effectivement. Je pourrais toujours leur dire que je viens donner un coup de main pour ranger, on verra bien."

[Voyageuse]

Marie se leva.
" Alors, allons-y. De toute façon, ça coûte rien... Et puis je sens que j'ai manqué quelque chose, concernant l'agresseur. Peut-être que là-bas, ça me reviendra..."
Elle attrapa son manteau, posé négligemment sur une chaise.
" Heu... Tu es sûre que tu veux pas qu'on t'accompagne ?
- Non, non. Ce monsieur de tes amis semble dire qu'il a été garde, et vu son gabarit... j'ai confiance.
- Oh, y'a pas que son gabarit ! Jordin est un expert en combat !
- Oh..."
Elle le détailla des pieds à la tête avec une petite moue dubitative.
" Effectivement, vous avez un peu une carrure de soldat. Vous avez une épée, une armure, tout ça ?"

[Vel Cheran]

"Je me sers parfois d'un bâton, mais je l'ai laissé à l'auberge. Je fais partie d'un ordre de moines guerriers, où nous apprenons notamment à nous battre à mains nues et sans armure. Ma carrure me vient de là, en vérité."

Il se leva et s'étira.

"J'ai été garde dans ma jeunesse, il y a un bout de temps, et où j'étais justement affecté à des quartiers assez pauvres. Donc même si c'était dans une ville lointaine ayant une culture très différente de Luménis, ça pourra peut-être quand même s'avérer utile."

[Voyageuse]

" On ne sait jamais, oui... En tout cas, avec un tel garde du corps, je ne risque rien !"
Elle eut un sourire pétillant de malice, et lui prit le bras sans façons, l'entraînant vers la porte.
" Alors... Je vous emmène !
- Hum... Vous ne revenez pas trop tard, j'espère ? Sinon, on risque de s'inquiéter...
- S'inquiéter de quoi ? On n'aurait pas le droit de prendre un peu de bon temps ensemble ?
- Marie ! tu es incorrigible !"
Mais la répartie de sa soeur avait arraché un sourire à Max.
" Mais non, que vas-tu imaginer ? Allons... Après vous, garde du corps !"

Et elle l'entraîna dans les ruelles.