[Lieu] Lameroy - cité naine ouverte

[Kasumi]

Dans le noir presque surnaturel du lieu, Pandor butta contre un objet lourd et massif. En tâtonnant il devina des formes régulières, un autel ou un meuble en pierre peut-être. Un subtil frôlement sur sa gauche le fit frisonner un instant mais rien d'horrible ne vint pour le moment mettre fin à son existence. La voix - bien plus distante et moins oppressante qu'auparavant - résonna alors dans son crâne :

- Un halfelin pas totalement dénué de courage ? Comme les deux autres... Incroyable !

[ZOLTAN]

Pandor n'en menait pas large mais son Papou et sa Mamou l'avaient bien élevé et il interrogea poliment la voix étrange :

- Bonjour Monsieur, je suis venu voir ce qui était arrivé à mon ami Rufie, je ne voulais pas vous importuner mais nous recherchons mes parents et c'est tout, je ne permettrai pas de vous déranger sans une bonne raison.

Il dégluti en attendant la réponse, et rangea à tâtons sa dague dans son fourreau. Il avait le sentiment qu'aucune arme ne serai nécessaire.

[Kasumi]

Un silence pesant s'installa pendant quelques secondes puis quelques chuchotis diffus se firent entendre en provenance de plusieurs sources indistinctes. La voix reprit, toujours menaçante mais peut-être aussi légèrement amusée :

- Que de bonnes manières ! On croirait entendre un paladin ou un barde ! Mais des s'il-vous-plait ne suffiront pas : tes parents et ton ami sont à moi maintenant. Qu'aurais-tu à offrir en échange de leur vie ? La tienne ? Même cela serait un mauvais marché pour moi.

[ZOLTAN]

Pandor réfléchi à toute vitesse malgré l’atmosphère oppressante, avec le retour de ses parents et de Rufie, ils trouveraient bien une astuce pour feinter l'entité maléfique et le faire revenir, il répondit donc en tenant son médaillon dans sa main :

- C'est d'accord, prenez moi contre leur retour à tous, ramenez les d'abord et je suis à vous.

[Kasumi]

Une hésitation se fit entendre dans le long silence qui suivit et Pandor eut ainsi pleinement l'occasion de mesurer le risque qu'il prenait et le sacrifice qu'il était sur le point de consentir si sa fidèle chance l'abandonnait.

- Pas si vite, petite créature courageuse. Qu'as-tu de plus que tes trois amis pour que j'accepte de les laisser ? Tu vas devenir mon esclave volontaire. C'est bien. Mais quels sont tes talents qui pourraient m'être utiles ? J'imagine que tu ne saurais même pas te battre pour tenir les intrus à l'écart... Ah, mais peut-être que tu pourrais attirer d'autres victimes à moi...

[ZOLTAN]

Pandor un peu vexé répondit vivement :

- D'abord je sais faire plein de choses, lancer des couteaux, faire des cabrioles, et aussi chanter ! et là il se mis à entonner du toute la force de ses poumons :

Il était un halfelin et ron ron ron petit patapon
il était un halfelin qui chantait des chansons ron ron qui chantait des chansons

Il fit un récital et ron ron ron petit patapon
Il fit un récital de toutes ses chansons ron ron de toutes ses chansons

Les gens qui l'écoutait et ron ron ron petit patapon
Les gens qui l'écoutait lui trouvait un petit air fripon ron ron un petit air fripon

Il fut interrompu par un hurlement de rage venu du fond des âges...

[Kasumi]

La créature était visiblement plus horrifiée par cette démonstration que Pandor ne l'avait été par ses propres tentatives.

- ASSEZ ! ASSEZ ! Arrête-ça tout de suite ! Je vois que tu t'y connais en tortures : ça pourra être utile.

Quand Pandor eut cessé le carnage auditif, elle reprit d'un ton plus patient :

- Très bien, approche de l'autel maintenant, je vais te marquer pour que tu entres à mon service.

La noirceur des lieux se dissipa juste assez pour que le halfelin puisse maintenant distinguer les contours de la forme qui l'avait bloqué plus tôt. Et flottant au-dessus, une silhouette fantomatique à l'allure cauchemardesque tendait une main griffue dans sa direction.

[ZOLTAN]

Pandor était impressionné mais n'approcha pas de l'autel, et une main sur son médaillon il dit :

- Vous ne les avez pas encore ramené ! J'attends que vous remplissiez votre part du marché avant de venir à vous.

Le petit air bravache ne sembla pas impressionner le monstre mais la main griffue s’arrêta.

[Kasumi]

Un rire caverneux émana de l'entité inquiétante comme si la bravoure de Pandor l'amusait, un phénomène curieux qui affectait la plupart des gens - et parmi les plus improbables - semblait-il. La créature reprit néanmoins aussitôt :

- Ainsi tu ne t'en remets pas à mon sens des convenances ? Qui pourrait te le reprocher ? Mais délivrer tes amis va me prendre du temps... Certains ne sont plus tout à fait aussi frais qu'à leur arrivée si tu vois ce que je veux dire.

Nouveau rire dément et la main s'approcha subrepticement du jeune halfelin.

[ZOLTAN]

Pandor regarda la main avec effroi lui passer à travers le corps, était-ce la main qui n'avait pas de substance ou lui qui n'en n'avait pas pour la main ?

Pareil chose lui était déjà arrivé lors de sortilèges agressifs lancés contre lui, mais auparavant c'était des humains qui opéraient, alors que là cette chose n'était pas humaine...
Il pensait alors qu'il avait eu de la chance ou que les autres étaient maladroit, cette fois cela ne pouvait être qu'une intervention extérieure qui l'avait aidé, Rufie peut-être ?

Il n'avait pas encore pensé que le pouvoir particulier de son médaillon était plus grand que la magie même divine.

L'entité poussa un cri de rage et Pandor tenta de se faire encore plus petit qu'il ne l'était déjà alors que la main griffue passait et repassait à travers lui sans succès.

[Kasumi]

La silhouette prit de l'ampleur comme si elle n'était composée que de jeux d'ombres. Pandor sentit une chaleur inhabituelle émaner de son médaillon et s'accroître à mesure des tentatives de son tourmenteur. Ayant atteint son paroxysme, elle dégagea une aura aveuglante qui illumina toute la pièce, révélant les détails d'un ancien lieu de culteau murs gravés et décorés de statues usées par le temps ou les déprédations.

Un nouveau cri de rage - terrible - et la créature s'était évanouie dans la lumière ambiante. Après avoir plissé les yeux, Pandor distingua trois statues au milieu de la pièce, l'une d'elle étant son ami en train de sourire. Les deux autres appartenant à deux halfelins plus âgés et enlacés dans une étreinte protectrice.

[ZOLTAN]

Pandor secoué cligna des yeux, il s'approcha lentement des statues ébahi de la tournure des événements.

- Ben me v'la bien !

Il toucha doucement les trois statues et appela "Charbon" mais l'oiseau ne se présenta pas.
Se grattant la tête pour mieux réfléchir, il pris son médaillon dans la main car il lui brûlait encore la poitrine et s'adressa à lui :

- C'est toi qui a fait tout ça ? Pas de réponse.

A tout hasard il toucha la statue à l'effigie de Rufie et il s'évanoui sous le choc qu'il ressenti alors que la statue se fissurait.

La pierre du médaillon avait détournée la formidable puissance nécessaire pour fissurer la statue, on ne pétrifie pas un dieu sans posséder un pouvoir immense, si Pandor avait touché l'autre statue le choc n'aurait peut-être pas été le même. La pierre dont les dieux ne pouvaient se servir avait encore utilisé son propre pouvoir inconnu.
La pierre avait encore une fois protégé ou soigné son possesseur comme elle l'avait toujours fait avec les disciples de Lathandre qui l'avaient utilisé pour augmenter leur pouvoir de guérison, le prêtre de Brandobaris à l'agonie qui avait fait graver le symbole de son dieu dessus, la mère de Pandor avec sa grossesse surprise et enfin ce dernier.

[Kasumi]

La suite aurait bien pu être un rêve - peut-être en était-ce un d'ailleurs, Pandor n'était pas assez conscient pour avoir les idées claires à ce sujet ou un autre. A peine pouvait-il se concentrer sur les images fugaces qui perçaient son horrible mal de tête et les myriades d'étoiles qui floutaient sa vue.

Rufie était penché au-dessus de son corps recroquevillé à terre et lui souriait. La main de l'avatar divin s'approcha de sa poitrine comme l'avait fait celle de l'entité inconnue. Une voix diffuse souffla à son oreille, intemporelle comme celle du monstre. Mais malgré ces similitudes, Pandor sut que ces manifestations étaient cette fois amicales.

- Utilise le médaillon, sers-toi de ma force ! Pour la suite, elle saura te guider. Comme elle l'aurait voulu. Comme elle l'aurait dû.

[ZOLTAN]

- C'est bien toi Rufie ? T'est tout bizarre !

Pandor se releva et encore tout engourdi, s'approcha de la statue des deux autres halfelins et posa son médaillon dessus.
Cette fois ci, aidé par la force divine de son ami, il ne fut pas dérangé physiquement et les halfelins s'animèrent restant encore translucide.

- Bonjour, c'est quoi votre nom ? Moi c'est Pandor.

[Kasumi]

Les traits des deux halfelins lui étaient à la fois étrangers et intimement familiers. Ils semblèrent tout d'abord un peu perdus, comme groggy comme au réveil d'une sieste trop longue. Mais à l'évocation de son prénom, leurs visages s'animèrent d'une vive émotion, incontrôlée. L'homme en fut ébranlé, incapable de prononcer un son. La femme, en revanche s'approcha fébrilement de toute la vitesse permise par ses membres ankylosés.

- Pandor ?! Mon petit... Comment est-ce possible ?

[ZOLTAN]

Un peu surpris de la réaction de l'halfeline, il bredouilla :

- Euh oui, je suis un peu petit pour mon âge, mais qui êtes-vous, vous me connaissez ?

[Kasumi]

La halfeline ne répondit pas. Elle mit ses mains dans les siennes et le dévisagea, les yeux embués d'émotion. Quand elle eut repris ses esprits, sa réponse suscita une myriade d'autres questions :

- Comment peux-tu être si grand: j'ai du mal à penser que c'est vraiment toi, et pourtant je le sais... Mais tu étais encore tout bébé quand nous avons quitté la ville.

[ZOLTAN]

Pour Pandor ce fut un choc lorsqu'il compris que c'était sa mère qui lui tenait les mains, il regarda hagard son père qui s'était approché, et encore sa mère et encore son père et encore sa mère et fondit en larme. Sa mère le serra sur sa poitrine en lui caressant les cheveux, son père lui embrassa le front et les serra contre lui.

Comme personne ne s'exprimait à voix haute, Rufie les entoura de ses bras et les dirigea doucement vers la sortie du temple.

[Kasumi]

Au travers de ses yeux embués par l'émotion, Pandor constata que l'intérieur du temple avait perdu de sa noirceur et dévoilait progressivement des décors riants. Etait-ce un reflet de son humeur ? Une construction de son imagination ? Et à mesure qu'il avançait vers la sortie et qu'il réalisait la présence de ses parents à ses côtés, celle de son ami semblait de plus en plus floue. Alors qu'il allait le rattraper au moment d'atteindre la sortie, un rayon de soleil l'aveugla. Quand il eut plissé les yeux, Rufie avait disparu et une zone iridescente évoquant un portail se dressait sur le parvis du temple. Là, à la lumière du soleil, Pandor put se retourner vers les siensqui l'étreignirent à nouveau avec force.

[ZOLTAN]

- Je suis content de vous avoir retrouvé, et j'ai été bien aidé par Rufie et par le fantôme de Zizi Pan Pan.

Hésitant il examina ceux qu'il pensait être ses parents, mais comme ils ne lui avaient pas vraiment répondu en lui donnant leurs noms, il attendit qu'ils s'expriment enfin. Il était aussi un peu ennuyé que Rufie soit parti, les poney volants allaient beaucoup leur manquer.

[Kasumi]

Après l'avoir à nouveau serré dans ses bras, sa mère adressa une remarque étonnée à Pandor en regardant autour d'eux :

- Qui est ce Rufie ? Un ami à toi ?
- Tu as parlé aussi d'un fantôme ? J'espère qu'il n'y en a pas ici : quel lieu sinistre !

Comme pour illustrer cette remarque, les arbres dessinaient des ombres lugubres sur la petite clairière à la faveur du soleil déclinant où seul demeurait le portail, le corbeau et les trois halfelins. Nul trace de leurs montures magiques et la nuit de sinistre réputation tombait sur ce coin inconnu de la Haute-Forêt.

[ZOLTAN]

- Rufie est l'avatar de Brandobaris et voici son corbeau Charbon qui je l'espère pourra le contacter si besoin. Je ne pense pas que le fantôme de Pépé Zizi Pan Pan soit là mais le fait que l'espèce de monstre noir qui vous a retenu n'est surement pas loin m'inquiète plus, surtout qu'il va falloir se reposer et surtout manger. Gros soupir. J'ai gardé deux trois bricoles dans mon sac à bretelles mais on risque d'avoir faim pendant longtemps si on ne trouve pas de quoi partir d'ici. Abritons nous pour la nuit, c'est glacial dans ces montagnes sitôt la nuit venue.

Un bouquet d'arbres rabougris un peu à l'écart fit l'affaire, et peu après s'y être réfugié, un cri lugubre se fit entendre et tout assombri d'un seul coup.
Les trois halfelins se serrèrent les uns contre les autres et Charbon s'envola en criant "Attention c'est le monstre qui approche".
Pandor prit son amulette dans la main et dit à ses parents "Silence j'espère que l'amulette de Brandobaris va nous protéger".

[Kasumi]

Camper à l'improviste dans la Haute-forêt n'était jamais une bonne idée mais ce n'était pas tout à fait comme si on avait laissé le choix à Pandor et à sa famille. Le jeune halfelin serra l'amulette dans sa main avec l'énergie du désespoir quand une série de craquements convergea de toutes parts vers la position de leur campement de fortune. Le monstre des ruines avait des alliés - à moins que d'autres dangers aient simplement senti la présences de voyagurs vulnérables. Charbon s'envola de son épaule et se mit à décrire des cercles erratiques et pousser des cris paniqués, rajoutant à la confusion.

Soudain, un battement d'aile se fit entendre juste au-dessus des trois halfelins et une voix familière répondit aux espoirs du plus jeune d'entre eux :

- Vite, montez ! On sera un peu en surcharge mais il ne faut pas traîner ici.

[ZOLTAN]

Pandor ,une fois monté sur le poney volant hurla à Rufie venu à leur secours :

- Il est venu me chercher car il a tenu sa promesse mais j'ai pas trop envie d'être son esclave, filons !

Lentement dû à la surcharge, le poney s'éloigna de la clairière de la haute forêt, un peu plus loin on pouvait voir un cavalier s'approcher pour faire un arrêt pour la nuit sur le lieu qu'ils venaient de quitter, celui-ci s'appelait encore Fagor et était un fier justicier de Mélandis à la recherche des parents de Pandor.
Plus personne n'entendit parler de lui depuis.

[Kasumi]

Longtemps après avoir quitté les abords de l'ancien temple forestier, les hurlements de frustration - ou le vent traître d'altitude - se firent entendre aux oreilles de Pandor. Rufie, perché sur la seconde monture, les mena vers la cité naine. L'avatar divin devait estimer qu'il n'y avait pas grand danger à retourner se mêler à la population de la ville. Evidemment, il les fit se poser bien loin des murs de celle-ci : le but était tout de même de se fondre dans la masse avant de décider de la prochaine étape de leur voyage. Et maintenant que Pandor était tout proche d'obtenir les réponses à ses questions et bien plus encore, peut-être n'aurait-il plus besoin des services de son étrange guide.

[ZOLTAN]

Une fois pied à terre, les parents de Pandor qui connaissaient la cité naine toute proche demandèrent à Rufie de rejoindre leur précédent logis de toute urgence. Rufie leur indiqua le moyen le plus rapide pour cela mais ne les suivit pas, prétextant des obligations urgentes à régler.

Pandor à la remorque ils filèrent vers la cité. Il eut bon poser de multiples questions, ces parents lui répondaient par des injonctions au silence, et d'attendre d'être à leur précédent logis pour plus de sécurité. L'enthousiasme de Pandor lors de leurs retrouvailles déclina fortement, mais il découvrait l'autorité parentale injuste qui dérange tous les enfants du monde passé présent ou futur. Ils arrivèrent enfin à destination après de multiples démonstrations de discrétion et de furtivité propre aux halfelins.