[Lieu-dit] Le Port de Melandis

[LilasSweety]

Kerim regarda toute cette nasse de monde avec les yeux un peu désespéré d'un petit animal devant traverser un troupeau de prédateurs. Puis prenant son courage a deux mains il se décida a aviser un docker un peu moins occupé que les autres pour lui glisser d'une voix qu'il espérait forte et décidé :

- On m'a dis que trouver du travail pour deux bras solides ne devrait pas être compliqué par ici. Tu confirmes ?

[Taliesin]

-Ouaip, j'confirme, répondit le docker, un homme trapu à l'imposante musculature. Trouver du travail, c'est pas compliqué. Par contre, le garder, c'est une autre paire de manches, parce qu'il faut les avoir vraiment très solides, les bras...
Il pointa le doigt dans une direction.
-Si tu vas par-là pis qu'tu tournes à droite une fois sur le quai, tu tomberas vite sur le bureau de recrutement. Avec un peu d'chance, ils accepteront de te prendre à l'essai.

[LilasSweety]

Kerim fit un signe de tête avec un demi sourire. En attendant de trouver mieux, être assignée à une tache simple et avoir une raison d'interagir avec les gens ne serais vraiment pas trop. Devoir sans cesse gérer ces interactions multiples sans jamais vraiment savoir pourquoi les choses se produisait avait quelque chose d'exténuant. Et puis fazil c'étais surement arrêté ici pour se faire un peu d'argent ou trouver un guide ou un transport vers un refuge de son choix. Il suivit le chemin indiqué par le docker en guettant du regard la couleur de peau des gens qui l'environnait. Les peaux vertes comme lui étaient surement rare, un peu comme partout mais qu'en était-il des autres ?

[Taliesin]

La plupart des gens que voyait Kerim étaient des humains : bon nombre d'entre eux étaient similaires à ceux que l'on aurait pu croiser sur la Côte des Épées, région dont d'ailleurs leurs ancêtres étaient originaires ; un nombre non négligeable, cependant, avait des origines en d'autres parties de Toril, et l'on remarquait notamment le teint cuivré des habitants de Maztica. Pour compléter ce tableau, il fallait également mentionner les représentants d'autres races qui, s'ils s'avéraient minoritaires, n'étaient pas absents pour autant, loin s'en fallait : nains, elfes, drows, halfelins ou encore demi-orques complètaient la population d'une cité décidément fort cosmopolite, ce qui n'était au fond guère étonnant pour la capitale d'un empire.

[LilasSweety]

Kerim sourit. Les capitales avaient leurs avantages, la d'ou il venait cela manquait de visages différents. Fazil aura surement été heureux de pouvoir côtoyer des gens qui lui ressemblait davantage, il en avait toujours gardé une grande souffrance. Le docker lui avait dit à droite une fois sur le quai ? Allons y pour la droite. Un bureau de recrutement ? Elle ne savait même pas à quoi cela ressemblait. A l'instinct faute de mieux, c'étais surement la meilleure option.

[Taliesin]

Kerim repéra le bureau de recrutement avant même de voir l'écriteau qui en indiquait la présence : ce qui lui mit en effet la puce à l'oreille, ce fut la lfile d'individus patientant à côté d'une porte entrouverte. Il y avait là des femmes et des hommes d'âges et de constitutions diverses dont beaucoup, à en croire l'apparence et l'expression anxieuse, avaient un cruel besoin d'argent. L'arrivée d'un nouveau postulant, toutefois, ne parut guère les inquiéter, signe que le travail ne devait pas manquer...

[LilasSweety]

Kerim en profita pour observer le déroulement des opérations et peut être comprendre quel était une réaction normale dans ce genre de circonstance. Souvent il sentait ce sentiment envahissant en haut de la poitrine. Dans les files d'attente, quand il était interrogé ou surpris, quand il ne comprenait pas les enjeux d'une situation... Ses yeux s’attardèrent sur le tissu de la tunique devant lui et tentèrent de se focaliser dessus en attendant que les choses se déroulent.

[Taliesin]

Des personnes sortaient régulièrement du bâtiment, certaines avec des mines soulagées, d'autres avec des airs déçus. Et au fur et à mesure de ces sorties, la file avançait.
Une bonne vingtaine de minutes plus tard, Kerim pouvait franchir la porte et pénétrer dans une salle relativement petite. Une demi-douzaine de candidats le séparaient encore d'un vaste bureau derrière lequel étaient installés deux employés : d'une part une femme de peut-être cinquante ans, le cheveux grisonnant et l'expression sévère, qui interrogeait les visiteurs ; d'autre part un homme plus jeune quoiqu'au crâne dégarni, qui cherchait apparemment leurs noms dans un épais registre.
Parmi les postulants présents dans la pièce, trois furent pris à l'essai, deux refusés pour cause de constitution trop chétive pour les tâches en cours, et un invité à s'en aller rapidement : visiblement, on avait trouvé des informations sur lui dans le registre et... elles n'étaient guère flatteuses.
Enfin, ce fut le tour de Kerim : la femme lui demanda d'avancer et de se présenter.

[LilasSweety]

Kerim s’avança d'un pas assuré. Avec son gabaris elle avait ses chances, c'étais le moins qu'on puisse dire.

- Bonjour je m'appelle kerim. Je ne suis pas marin mais je me suis longtemps occupé de bête assez robuste dans des forets épaisses. Le travail physique ne me fait pas peur et je sais me faire discrète si nécessaire.

Elle s’arrêta un instant comme si il avait raté quelque chose.

- Euh discret pardon, je voulais dire discret.

[Taliesin]

La femme fronça un instant les sourcils. Mais quoi que lui ait inspiré ce changement d'accord, elle n'en fit pas mention et recommença à observer Kerim des pieds à la tête, s'efforçant manifestement d'estimer ses capacités physiques.
-Vous venez d'arriver en ville ? demanda-t-elle finalement.
Son collègue, lui, avait déjà plongé le nez dans son registre.

[LilasSweety]

Kerim prit une profonde inspiration puis répondit.

- Oui tout a fait. J'ai voyagé loin pour venir jusqu'ici.Je ne connais pas.vos usages certes mais je suis attentif et travailleur. Je ferais ce qu'il faudra pour convenir au poste.

[Taliesin]

-Je préfère vous prévenir que le travail de docker n'a pas grand chose a voir avec le fait de s'occuper d'animaux au cœur de la forêt, reprit la femme après l'avoir à nouveau attentivement observé. Vous aurez à transporter de très lourdes charges depuis les navires jusqu'aux entrepôts, ou inversement, ce dans des délais souvent restreints ne permettant pas de lambiner et en veillant évidemment à ne rien abimer. Si vous êtes en retard, si vous manquez à l'appel, si vous provoquez du grabuge ou pire, de la casse, non seulement vous perdrez toute chance de travailler ici à nouveau mais, de surcroit, vous risquez des ennuis,

[LilasSweety]

Kerim regarda droit dans les yeux son interlocutrice tout le long qu'elle parlait en hochant la tête. Il se frotta les mains l'une contre l'autre avant de lancer :

- Très bien ça me va. Quand est-ce qu'on commence ?

[Taliesin]

-Quand j'aurai décidé si oui ou non je vous prends à l'essai, répliqua la femme, un peu sèchement.
Elle jeta un regard à son collègue, qui secoua la tête - il n'avait, forcément, rien trouvé dans le registre -, puis refit face à Kerim et, pensive, tambourina des doigts sur la table.
-Soit, fit-elle finalement.
Elle prit une plume, rédigea quelques mots rapides sur un morceau de papier et le tendit à Kerim.
-Présentez-vous dans une heure dans l'allée voisine : c'est là que se regroupera l'escouade d'Olaf. Donnez lui ça, il saura à quoi s'en tenir. Vous êtes pris à l'essai, ce qui signifie qu'au moindre manquement, vous serez remercié sans toucher le moindre salaire. Je ne saurais donc trop vous conseiller de faire du bon travail.

[LilasSweety]

Cette femme devait être bien aigri pour parler ainsi à un autre être doué de vie et de conscience. L'agressivité était d'usage ici visiblement, il s'en accomoderait.

- Je m'efforcerais d'être à la hauteur madame.

Une heure dans l'allée voisine ? Il avait du temps à tuer, c'étais l'occasion de se familiariser avec le quartier et de peut être manger quelque chose. Cela faisait presque deux jours qu'il n'avait rien avalé.

[Taliesin]

Ce qui commençait à faire beaucoup.
Heureusement, les solutions pour se sustenter ne manquaient pas. Il y avait des tavernes, dans le port, et la vieille femme que Kerim avait croisée plus tôt dans une ruelle des bas quartiers lui avait parlé du Luménien Noyé, apparemment le rendez-vous privilégié des marins. Une autre solution consistait à se ravitailler auprès des marchands, donc certains ambulants, qui officiaient dans les parages et qui, eux non plus, ne faisaient pas défaut. Il y en avait justement un, d'ailleurs, plus loin dans la rue, qui vantait à qui voulait l'entendre les mérites de ses saucisses dans des petits pains et la modicité de leur prix, arguant continuellement qu'à ce prix-là, il se coupait un bras.

[LilasSweety]

Kerim se laissa porter par le marchand et son enthousiasme communicatif. Melandis était une cité étrange (mais est-ce que toutes les cités ne l'était pas ?) et voir un visage amical même si c'étais celui d'un marchand lui ferais surement le plus grand bien. Il se rapprocha de son étal d'un air curieux et un peu affamé il faut bien l'avouer.

[Taliesin]

Ravi de voir un client venir si directement à lui, le marchand ambulant réserva le meilleur des accueils à Kerim et ne fut pas long à lui vanter les incomparables mérites de ces saucisses dans des petits pains : réalisée à partir d'ingrédients de première qualité produits localement, cette recette originale de sa conception était, selon ses dires, aussi roborative que délicieuse tout en s'avérant excellente pour le teint, la ligne et... Excellente pour tout, en vérité. Absolument tout.
-Y compris pour votre bourse ! conclut-il avec emphase. Car c'est non pas cinq, non pas quatre, mais seulement trois pièces de cuivre le petit pain ! Et à ce prix-là, je me coupe un bras !

[LilasSweety]

Kerim était curieuse, il est vrai qu'elle ne connaissait pas grand chose de melandis et de ses environs.

- Des ingrédient produits localement ? Il y a donc des terres arables dans les environs ?

Elle se retint un instant comme si elle avait parlé trop vite.

- Oh mais excusez moi je vous embête peut être avec mes questions.

[Taliesin]

Gêné ? Pas vraiment : le marchand paraissait plutôt surpris et pour cause, ses clients devaient rarement lui poser des questions de ce type. Cependant, il ne fut pas long à se ressaisir, expliqua que non, Kerim ne l'embêtait pas, qu'il y avait effectivement des terres arables tout autour de Melandis mais aussi le long de la Houleuse, et que c'était de fermes établies sur lesdites terres que provenaient les ingrédients avec lesquels il cuisinait ses merveilleuses, incomparable, ineffables saucisses dans des petits pains.
-Quand je pense que malgré tout cela, je ne les vends que trois pièces de cuivre l'une, six les deux, neuf les trois... Ah ! A ces prix là, je me coupe vraiment un bras et vous devriez en profiter avant que je ne revienne à la raison !

[LilasSweety]

Kerim sourit, il y avait des coins de natures dans les environs cela le rassurait. Un peu de vie au milieu de ces territoires de briques et de glaises. Son ventre commencait à crier ce qui le rappela à la raison de sa présence ici :

- Ecoutez très bien allons y pour trois petits pains. Vous avez quelque chose pour les transporter ?

[Taliesin]

-Bien sûr !
Sur ce, il tira de la besace qu'il portant en bandoulière un sachet de toile grossière, préleva trois petits pains sur leur présentoir et les glissa à l'intérieur avant de tendre le tout à Kerim :
-Cet élégant sac vous est bien sûr gracieusement offert par la maison ! annonça-t-il avec emphase, comme s'il s'agissait là d'une incroyable faveur.

[LilasSweety]

Élégant n'étais certes pas le terme mais le sac faisait chaud dans les mains à tenir. Il glissa les pièces de cuivre dans la main du commerçant et se rapprocha de la rive pour y déguster ses petits pains. L'eau et les nuages avaient ce coté apaisant qui le rassurait.

[Taliesin]

De nuages, il n'y en avait guère dans le ciel d'azur sans tache où le soleil, éblouissant, poursuivait l'ascension vers son zénith. Pour l'eau, en revanche, il en allait tout autrement car la Houleuse était un fleuve fort large. Fort tumultueux, aussi, à voir les remous agitant sa surface... Ce qui n'empêchait pas des bateaux de toutes tailles d'y voguer, depuis les barges à fond plat exclusivement cantonnées à la navigation fluviale jusqu'aux grands voiliers capables de traverser les plus vastes des océans. Et certains l'avaient assurément fait pour parvenir jusqu'ici, contribuant à la grande diversité que l'on croisait sur les étals et dans les rues de la capitale impériale. Diversité dont Kerim put à nouveau constater qu'elle s'exirimait à plein sur les quais bondés et dans leurs environs tout aussi animés.

[LilasSweety]

Elle était songeuse en observant les navires, son amoureux avait peut être accosté à bord de l'un deux, avec je ne sais quelle idée folle en tête... Le soleil l'observait, insolent et brûlant et elle se dit qu'elle pourrait rester des années dans cette ville sans jamais obtenir de réponses à ces inquiétudes. Pourvu qu'il n'ai pas fait de bêtise.

L'heure tournait. Il était temps de rejoindre les dockers.

[Taliesin]

Kerim put sans mal aucun rejoindre le point de ralliement indiqué par l'employée, à savoir l'allée se trouvant à côté du bureau de recrutement. Là, les membres de l'escouade avaient commencé à se rassembler : une demi-douzaine, pour l'heure, essentiellement des hommes. Tous le regardèrent approcher puis le saluèrent, qui d'un signe de la tête ou de la main, qui d'une parole. Pour autant, aucun ne chercha encore à débuter une conversation.

[LilasSweety]

Ne connaissant guère les usages et se rappelant de l'agressivité des personnes qui l'avait engagé, kerim imita les autres. Il attendit sous cette chaleur de plomb en laissant parfois son regard divaguer sur les oiseaux qui voletaient au dessus de leurs têtes.

[Taliesin]

Heureusement, l'attente ne fut pas très longue.
Rapidement, plusieurs autres personnes les rejoignirent, dont un homme de haute taille et de forte musculature, les épaules aussi carrées que le menton : son air patibulaire donnait envie de ne pas trop s'y frotter ou, au moins, de ne pas le contrarier...
-T'es qui, toi ? demanda-t-il sans ambages à Kerim sitôt qu'il l'eut remarqué.

[LilasSweety]

Kerim bomba le torse et joua des épaules. Ces concours de virilités auquel se prêtaient ses masculinités en mal d'amour la rendait toujours assez circonspecte.

- Kerim je suis nouveau ici. Nouveau en ville aussi. On m'a dit qu'il y avait toujours du travail dans le coin pour les bras motivés.

Il afficha un sourire qu'il espérait le plus naturel possible.

[Taliesin]

-Pas pour n'importe lesquels, répliqua l'homme.
L'air mécontent, il observa le reste du groupe.
-Personne lui a expliqué qu'on pouvait pas se pointer directement ici et qu'il fallait impérativement passer par le bureau de recrutement ?
-Ben, chef, comme il savait qu'on v'nait ici, j'ai pensé qu'il avait suivi la procédure... fit un homme trapu au visage buriné.