[Ambre] Palais royal (Eleina)

[Vel Cheran]

En provenance du Mont Kolvir


Son architecture semblait en tous points identique à celle de Tir-Na-Nog'th, pour autant qu'Eleina pouvait en juger. Les flèches de nombreuses tours s'élançaient vers le ciel, dans une quasi-homogénéité de style : quelques unes semblaient en effet plus récentes que le reste. Il était toutefois difficile d'en distinguer les détails dans la seule clarté lunaire.

À peine avaient-ils franchi les portes qu'un palefrenier dans la force de l'âge s'avança avec plusieurs apprentis sous ses ordres. Ils les aidèrent à mettre pied et emmenèrent leurs montures à l'écurie, pendant qu'un majordome en livrée s'enquérit des besoins de la reine.

"Veuillez préparer une chambre pour la princesse Eleina, Georges", lui répondit-elle. "Je doute que le prince Bleys ait besoin d'une quelconque aide pour retrouver ses quartiers."

Avant que Bleys n'ait eu le temps de réagir, le majordome fit signe à Eleina de le suivre à l'intérieur du palais, vers l'escalier à double hélice qu'elle avait déjà pu contempler, dans le ciel, quelques heures plus tôt.

[Voyageuse]

Eleina resta un instant bouche bée. Ainsi, la Reine savait qui elle était ? Elle prit le parti d'en sourire largement.
" Ainsi, vos cartes vous donnent même le nom de vos invités ? fit-elle d'un ton léger. C'est rudement pratique !"
Elle jeta un coup d'oeil fugace à son père, se demandant comment il réagirait. Et elle prit un instant pour attendre la réponse de la Reine, si toutefois elle répondait, avant de suivre le majordome.

[Vel Cheran]

HRP : j'accélère un chouïa pour essayer de se caler avec une autre personne


Vialle eut un instant de surprise, avant qu'un sourire n'étire ses lèvres.

"Vous devez être fatiguée : c'est vous-même qui m'avez donné votre nom lorsque nous nous sommes rencontrées, dans la clairière."

Avant qu'Eleina ait eu le temps de répondre, elle leur souhaita bonne nuit et s'en fut vers ses appartements. Bleys haussa les épaules et arrêta le majordome d'un geste.

"Attendez un instant."

Il se mit à fouiller dans ses fontes et en sortit une enveloppe bombée, qu'il tendit à Eleina.

"Je n'ai pas de boîte un peu présentable, mais comme tu le sais j'ai été un peu pris de court", expliqua-t-il d'un air gêné. "Quoi qu'il en soit, ça te sera utile, avec ou sans fioritures. Allez, bonne nuit !" lança-t-il en s'éloignant avant qu'Eleina n'ait eu le temps de répondre.

[Voyageuse]

Helena avait effectivement dit son nom, mais pas qu'elle était princesse. Mais il était trop tard pour chercher à comprendre comment la reine l'avait identifiée. Elle la salua d'un signe et accepta la cadeau de son père sans hésiter. Il devait s'agir d'un jeu d'atouts. Elle verrait cela dans sa chambre, au calme et loin des yeux indiscrets.
Elle suivit donc le majordome d'un pas vif.

[Vel Cheran]

Les quartiers qui lui furent attribués étaient assez loin de l'entrée, et ils durent monter et descendre quelques escaliers et traverser plusieurs couloirs avant d'y parvenir. La porte d'entrée donnait sur un petit salon, où plusieurs sièges et meubles permettaient de recevoir des invités et de se restaurer. Une salle de bain et une chambre attenaient à la pièce. Georges jaugea Eleina du regard un instant, l'air songeur, avant de se diriger vers la sortie.

"Je vais faire le nécessaire pour que des vêtements à votre taille vous soient remis dans les plus brefs délais. Si cela vous convient, j'enverrai le tailleur demain pour prendre des mesures plus précises afin de vous en confectionner sur mesure. La salle de bain est parfaitement fonctionnelle, mais si vous avez le moindre souci, n'hésitez pas à appeler", ajouta-t-il en indiquant une cordelette qui disparaissait dans le plafond.

[Voyageuse]

Une suite princière avec une cordelette pour sonner un serviteur... Eleina ne savait trop si elle devait s'en amuser ou s'en offusquer. Ce genre de luxe et le mode de vie qui allait avec était à l'opposé de son éducation Utopienne et de ses convictions. D'un autre côté, lorsqu'on était accueilli en terre étrangère, il fallait bien se conformer aux moeurs locales.... y compris lorsque cette terre étrangère était censée être votre pays. Eleina n'arrivait toujours pas à s'habituer à cet état de fait.
Elle posa son sac dans sa chambre et fit le tour des lieux, s'intéressant en particulier à la salle d'eau -elle se demandait comment les choses fonctionnaient dans ce monde-ci. Mais avant de tester l'usage de la baignoire, elle décida de s'asseoir tout simplement dans le petit salon d'accueil et d'examiner le cadeau offert par son père.

[Vel Cheran]

En entrant dans la salle d'eau, elle fut immédiatement frappée par la modernité des installations : non seulement elle y trouva un lavabo et une baignoire en céramique, mais la tuyauterie et la robinetterie auraient au pire parut démodées à Utopia. Le contraste avec le style "Renaissance" du palais était saisissant.

Ouvrant le paquet offert par Bleys, Eleina ne fut pas surprise d'en extraire un jeu d'Atouts. Le style des dessins était différent de la carte que son père lui avait donnée avant son séjour à Tir-Na-Nog'th, mais elle reconnut quelques visages familiers : Fiona et Bleys, tout d'abord, mais aussi Vialle. Les quatre personnes qu'elle avait aperçues débattant avec Fiona dans le ciel avaient également leur Atout, et leur nom était indiqué en bas de chaque carte.

Grand et mince, le bras droit sectionné, la main gauche sur la garde de son épée, Bénédict la contemplait d'un air sévère. L'homme trapu qui se tenait à ses côtés se nommait Gérard, et avait un sourire franc sur le dessin. Juché sur un cheval gigantesque et vêtu là encore d'une tenue de chasse, Julian arborait le même sourire moqueur qu'Eleina avait remarqué quelques heures auparavant. Quant à la femme aux cheveux tressés et à l'air absent, ce ne pouvait être que Llewella, que l'artiste avait affublée d'une peau bleutée.

Sur la trentaine de cartes en sa possession, seulement deux représentaient des lieux : Ambre (plus exactement la salle du trône où elle était passée à Tir-Na-Nog'th) et un endroit nommé Col du Tiers, représentant un petit col montagneux.

Les deux dernières cartes du paquet étaient les seules n'indiquant aucun nom, mais Eleina n'eut aucun mal à y reconnaître ses parents adoptifs.

[Voyageuse]

Elle reprit en main le paquet d'atouts et les fit défiler à nouveau, dans l'espoir de reconnaître le jeune homme à la chemise noire et au gilet de cuir que la reine lui avait montré. Sans succès. Peut-être s'agissait-il du jeune homme qui avait été assassiné ? Après tout, il s'agissait là du souci principal des ambriens en ce moment. Elle avait compris qu'il était le fils de Bénédict, mais ne savait rien d'autre de lui. Et quel était le rapport avec sa tante Fiona ? On ne l'accusait tout de même pas du meurtre ?
Laissant ses pensées vagabonder d'hypothèse en incertitude, elle se décida finalement à défaire son sac -qui était en réalité presque vide : elle n'avait pas vraiment eu le temps de faire ses bagages ; mais au besoin elle saurait sans doute conjurer des vêtements. Quoique... on était censé lui en apporter ? Elle s'attendait au pire...
Elle regarda son katana d'un air songeur, et se demanda si elle devait l'arborer à la ceinture ou le laisser dans ses quartiers. Il faudrait qu'elle demande au majordome... Ou à son père, via un atout, peut-être. Bah, il n'y avait rien d'urgent, et elle avait d'abord grand besoin d'un bain pour se détendre....

[Vel Cheran]

La baignoire était parfaitement fonctionnelle, comme annoncé par le majordome. Comble du luxe dans un environnement pareil, il y avait de l'eau chaude.

Alors qu'elle laissait ses pensées dériver, Eleina repensa aux Atouts qu'elle venait de parcourir à la recherche du jeune homme à la chemise noire. En y repensant, l'un d'entre eux avait une petite ressemblance. L'âge et les vêtements ne correspondaient pas, mais peut-être était-ce bien lui.

En sortant de son bain, elle constata que des serviteurs avaient dû passer car des vêtements avaient été posés sur le lit. Il s'agissait majoritairement de robes assorties d'accessoires divers - y compris des jupons et un corset - mais également, sans doute mis là au cas où et manifestement plus masculin dans ces lieux : une chemise, un pourpoint, des hauts de chausses et une paire de bottes.

[Voyageuse]

Eleina observa les robes sans grande conviction. Sa préférence allait indéniablement à la tenue masculine. Mais peut-être était-ce mal vu en ces lieux. Elle hésita, désireuse de faire bonne figure, de ne pas choquer pour son arrivée. Elle prit le temps d'essayer toutes les tenues, par curiosité : elle n'avait pas souvent eu l'occasion d'enfiler une robe et était toujours curieuse de voir si ce genre de tenue lui allait -curiosité typiquement féminine, au fond.
Mais rien ne lui convenait vraiment dans ce genre de vêtements. C'était trop différent de ce à quoi elle était habituée.

Elle décida finalement d'aller dormir, et de faire son choix au réveil. Elle songea que la tenue masculine pouvait être retouchée, pour que la chemise devienne tunique, un peu plus longue, resserrée à la traille par sa ceinture-sabre... Oui, cela lui irait mieux, et c'était quelque chose qu'elle pouvait aisément conjurer à l'aide de ses pouvoirs.
Juste avant de s'endormir, elle reprit le paquet d'atouts, à la recherche de la carte qui lui évoquait le mystérieux jeune homme. Peut-être son nom était-il inscrit ?

[Vel Cheran]

La carte en question représentait une personne habillée différemment, et à l'apparence presque juvénile. Mais il y avait tout de même des ressemblances qui tenaient plus que du vague air de famille. Il était difficile d'être certaine qu'il s'agissait du même homme, mais il y avait de quoi le supposer. D'après la carte, il s'agissait de Delwin.

Après un repos qui lui parut sans doute trop court, Eleina fut réveillée par de légers coups répétés contre la porte d'entrée.

"Madame, il est bientôt neuf heures", fit une voix polie mais suffisamment forte pour être entendue de la chambre.

[Voyageuse]

Eleina, dont la conscience flottait à la limite entre le rêve et l'éveil, sursauta en entendant cette voix inconnue. D'ordinaire, c'était sa mère adoptive qui la réveillait les rares fois où elle trainait au lit.
" J'arrive !" répondit-elle machinalement.
Elle grimaça. Neuf heures, c'était un peu tard. Elle avait l'habitude de débuter la journée par un jogging aux petites heures... Mais les événements de la veille et l'heure tardive de leur arrivée avaient eu raison de ses résolutions habituelles.
Elle eut une pensée pour l'ombre qu'elle avait quittée, pour ses amis révolutionnaires en herbe, arrêtés et déportés. Elle ne pouvait pas grand-chose pour eux... quoique... désormais, elle pouvait voyager à travers les ombres, donc y retourner au besoin. Et, donc, les faire évader. Une ambrienne pouvait tout faire, non ? Certes, son père ne serait certainement pas d'accord. Il semblait réellement inquiet au sujet d'un danger de nature indéterminé. Elle ferait mieux d'en apprendre davantage à ce sujet avant de foncer tête baissée.
Elle s'étira, et se laissa souplement glisser au sol.
" Heu... Vous êtes encore là ? On est censé déjeuner où, dans ce palais ?"

[Vel Cheran]

HRP : j'étais persuadé que Vialle avait donné rendez-vous à Eleina à neuf heures dans les appartements royaux, mais on dirait que j'ai oublié...



"Où vous le désirez, Madame," répondit la servante, "mais Sa Majesté m'a demandé de vous transmettre son invitation à la rencontrer à neuf heures dans son petit salon, où vous pourrez vous restaurer en sa compagnie. C'est la raison pour laquelle je me suis permise de vous réveiller."

[Voyageuse]

" Oh... Z"auriez pu le dire avant... Je me dépêche !"
Elle considéra ses vêtements d'un oeil critique, et décida qu'elle ne se sentirait définitivement pas à l'aise dans ce genre de déguisement. Bien sûr, c'était certainement les tenues en vigueur par ici... mais elle avait besoin de pouvoir utiliser ses armes en cas de besoin -elle ne se demanda pas pourquoi elle en aurait besoin- et sa ceinture devait être accessible, à portée de main. Elle aurait pu l'utiliser pour serrer une robe à la taille, mais il lui fallait des vêtements dans lesquels elle pourrait bouger.
Elle opta donc pour le haut de chausses, la chemise et le pourpoint, et se concentra quelques instants pour allonger un peu ces derniers, leur donnant une allure de tunique qu'elle resserrerait à la taille à l'aide de la fameuse ceinture. Il ne lui restait plus qu'à suivre le serviteur... ou valet... ou majordome... ou... non, décidément, elle ignorait la façon d'appeler les serviteurs du palais.

[Vel Cheran]

La servante la précéda dans le couloir, empruntant en sens inverse le chemin suivi pendant la nuit. Le palais était de toute évidence bien plus animé ce matin que lors de son précédent passage, et elles croisèrent nombre de personnel de maison, les bras encombrés de linge ou de nourriture, voire même pour l'un d'entre eux d'outils de menuisier.

Après avoir monté et descendu plusieurs paliers, tourné et retourné dans d'autres couloirs, ils arrivèrent près d'appartements manifestement plus importants que les autres. Le majordome qui les avait accueillis quelques heures plus tôt et qui répondait au nom de Georges patientait devant la porte, et s'empressa d'aller les annoncer. Il revint aussitôt pour ouvrir la porte à Eleina, vers un petit salon à l'atmosphère chaleureuse. Une jeune femme à la longue chevelure rousse se tenait près de la reine ; un minuscule oiseau vert bleuté voletait joyeusement autour d'elles en chantant.